Chapitre 4 : Le Géant Invincible


Troisième Maison du Sanctuaire d'Héra

Un chevalier d'une taille qui paraissait gigantesque barrait la route des chevaliers. Cependant, sa cosmo-énergie était presque inexistante, tout du moins en apparence. Aucune aura ne s'échappait de lui. Cette impression est stupéfiante car celui-ci devait avoir non seulement une force terrible mais en plus la capacité de masquer sa propre force.

Les chevaliers d’Athéna, habitués à de tels usages démasquèrent instinctivement ce qu’ils considéraient comme une vulgaire manœuvre tactique. Ils considéraient cela comme une honte, qui bafouait la logique des combats et leur sincérité. Marine témoigna au nom de tous son dégoût :

- Dévoile tes capacités Sokan ! , ordonna t’elle. Aucun Chevalier digne de ce nom, ne cache son identité, bats-toi honnêtement !

Sokan parut surpris mais nullement décontenancé, presque ravi de cette remarque qui faisaient entrer ses adversaires dans son propre jeu.

Sur un ton ironique, il leur répondit :

- Je ne cache rien du tout, car telle est ma force !

Les chevaliers pensèrent alors que comme Troll de la Défaite dans l'Empire d'Hadès, ce nouvel adversaire ne serait pas une difficulté particulière à franchir.

Nachi, qui fourmillait du fait de son inactivité, jubilait :

- Malgré ton apparence, tu n'es qu'une grosse brute Sokan ! Je vais moi-même te corriger par les pouvoirs du loup !

Par la Griffure Mortelle du Loup ! (Dead Howling)

- Attends ! , dit Sokan en levant la main. Puisque je suis si faible, ais au moins la patience de subir mon humble attaque !

Nachi avait à peine eu le temps de se raviser que son ennemi avait pris les devants dans ce combat.
Il ne laissa le soin à personne de répondre, malgré les doutes des chevaliers les plus sages, comme Shiryu ou Hyoga.

- Mettez-vous en garde ! Méfiez-vous de lui.

Sokan se mit alors en position d'attaque, sa cosmo-énergie ne brillait pas plus particulièrement que quelques minutes plus tôt, mais après avoir effectué un mouvement de bras, il gronda de sa voix de surhomme :

- Que le pouvoir de Bételgeuse vous mystifie !

Il se produit alors quelque chose d'insensé :

- C'est bizarre, aucune énergie particulière n'est sortie de ses mains, nos armures sont intactes, on dirait que rien n'a changé ! , s'inquiéta Shun.
- Peut-être est-il réellement faible ? , se réjouit Geki a demi-mot.
- Attendez ! dit Jabu. J'ai des sensations bizarres. C'est comme si je ne maîtrisais plus aucune force !
- Moi aussi ! , s'inquiéta Ikki. Moi aussi je ne ressens plus rien. C'est comme si tous les pouvoirs du phénix m'avaient quitté !

Tous les chevaliers de bronze faisaient le même constat et se regardaient avec inquiétude. Un long silence s’emparait d’eux, les mystifiait, les effrayait.

- Ce n'est peut-être qu'une sensation, je vais lui envoyer la puissance de l'ours !

Meurs Sokan !

Par la Prise de l’Ours ! (Hanging Bear)

Et là, comme l’avaient annoncé les propres sensations des chevaliers, rien ne se passa, pas un coup ne se dirigea vers le chevalier d’Orion.

- Aucune force ne l'a attaqué. Nous sommes comme démunis de nos forces.
- Parfaitement Cygnus ! Ma seule attaque est celle de Bételgeuse, c'est pour cela que je ne possède pas une cosmo-énergie fantastique ! Vous avez été trop confiants et surtout trop bons et crédules en me laissant attaquer le premier. Je vous en remercie ! , ironisa le colosse. Maintenant, comme je suis le plus costaud, je vais vous écraser un à un comme des mouches.

Alors, il les attaqua tous d'une pluie de coups ininterrompue à laquelle les chevaliers ne pouvaient pas répondre, trop affaiblis par cette " paralysie " infligée par le colosse.

La situation devenait critique, les chevaliers gisaient tous à terre, et leurs armures commençaient à se morceler.

-Abandonnez chevaliers ! Plus vous vous relèverez, plus vous souffrirez ! Laissez vous faire et vous aurez une mort tranquille !

Les chevaliers d’Athéna ne se laissèrent pas pour autant compter comme défaits, et malgré leurs faiblesses, se ressaisirent peu à peu.

-Il faut l'attaquer ensemble, gémit Hyoga.

Les chevaliers se relevèrent tous, lentement, et se jetèrent sur lui, de toutes leurs forces restantes, mais avec trop de désespoir pour pouvoir réaliser un quelconque miracle face à cette situation imprévue et ingérable qui leur était imposée.

Alors qu'ils tentaient de le frapper à plusieurs, sans résultats, Sokan les repoussa facilement.

-Microbes ! Ricana t'il...Moi, j'ai encore ma faible cosmo-énergie, de simples coups de poing ne vont pas égratigner une armure d'un protecteur d'Héra ! Etant le plus fort physiquement, je vous répète que vous ne pourrez que m'effleurer ! Arrêtez de me chatouiller avec vos mains, et rendez-vous ! Acceptez mes coups sans résister et vous goûterez à une mort certaine mais apaisante pour vos souffrances physiques.

Il fit retentir une nouvelle pluie de coups sur chaque chevalier. Ils étaient à présent éparpillés à terre, aux quatre coins du temple. Ils agonisaient tous, sans pouvoir réellement manifester une quelconque révolte.

-Vous m'ennuyez, relevez vous maintenant ou taisez-vous à jamais !

Aucun chevalier ne put trouver la force intérieure de relever ce défi. Ils étaient comme paralysés...
C'était comme s'ils s'assoupissaient sans pouvoir se réveiller. Un sommeil non pas imposé par un sort, mais par un sentiment de vouloir se détacher de leurs détresses physiques, de leurs maux, de leurs douleurs.

Sokan constata son succès, s’attarda quelques instants à les surveiller, puis conclut :

-Bien, c'est terminé...

Il revêtit alors sa cape tombée à terre, et marcha vers la sortie de sa maison pour annoncer sa victoire à Héra, en récupérer ainsi les faveurs.

Alors, il aperçut un personnage étrange qui était en face de lui. Celui-ci approchait mais il ne pouvait pas le distinguer. Rien ne semblait pouvoir interrompre la progression de cet inconnu vers Sokan. On aurait dit un fantôme bien vivant.

- Qui es-tu ? Comment oses-tu pénétrer dans ma demeure ?

Il crût alors reconnaître un être familier...Un être qu’il côtoyait souvent sans réellement le connaître. Il tenta de l’interpeller :

- Serait-ce toi, Ranevski ?

Son apparence changea pourtant brusquement...pour ne plus ressembler au précédent personnage.

- Quel tour de magie me joues tu là ? Je n'ai pas envie de plaisanter... grogna t'il !

Sokan eut alors un terrible frisson.
Ce n'était pas celui qu'il pensait qui se présentait face à lui, mais un colosse à l'armure brillante. Quelqu’un dont il avait déjà entendu parler de part sa réputation. Un colosse vêtu d’une armure d’or étincelante.

-Je suis Aldébaran du Taureau, et je vais te châtier pour tes crimes.

Par la Grande Corne ! (Great Horn)

A peine Sokan eut-il le temps de se ressaisir de la surprise, que l'attaque arrivait vers lui.

- Mon Dieu ! Je suis perdu, pensa t-il en tentant de se mettre en position de défense avec ses mains.

Quelques secondes plus tard, il réalisa en écartant ses mains qu’il avait placé devant son corps et ses yeux, qu'aucun adversaire n'était face à lui, et qu'il n'avait aucune égratignure sur son corps ou son armure.

Il se posa de multiples questions :

- Qui donc a bien pu concevoir cette illusion ?

Il se retourna instinctivement derrière lui. Oui ! Il savait qui était capable de réaliser de telles supercheries qui contrôlent l’esprit ! Il en avait entendu parler. Comment avait-il pu l’oublier et ne pas faire le rapprochement avec ce chevalier qu’il avait vu auparavant dans son temple ?

- Phénix comment as-tu pu-t’en sort...

Mais Ikki était encore à terre, et ne pouvait pas être l'auteur de cette illusion terrifiante. Il resta bouche bée face à cette constatation. Lui qui avait cru déjouer le plan d’Ikki.

Cette histoire ne lui plaisait guère. Sokan commençait à perdre patience face à cet affront.

- Qu'est ce qui se passe ? Qui joue avec mes nerfs ? Sors de ta cachette petit plaisantin !

Mais rien ne changea dans l'environnement, si ce n'est dans l'esprit des chevaliers...
Une même voix résonnait dans leurs têtes, la voix de Kiki.

- Relevez-vous ! Si vous êtes des protecteurs d'Athéna vous devez combattre ! Je ne peux pas être là, car j'ai une mission à terminer. Continuez le combat pour Athéna, et je vous promets du soutien plus tard ! ... Relevez-vous !

Cet écho eu un effet magique puisque un à un, les chevaliers se relevèrent...

Sokan constata son échec mais restait confiant vis-à-vis de la situation à venir. Son succès ne demanderait que quelques minutes de plus avant de se dessiner.

- Je ne sais pas quel miracle vient de se produire mais ce que je sais, c'est que je vais y mettre fin !

Ces paroles n’eurent pas d’effet sur les chevaliers d’Athéna, totalement transcendés par les paroles réconfortantes de Kiki.

- Peut-être n'avons nous plus nos pouvoirs, mais nous aurons toujours notre volonté et notre courage Sokan ! dit Hyoga.

- J'ai peut-être une idée, dit Geki...

Il regarda alors Ban, et instinctivement, les deux chevaliers savaient ce qu'ils avaient à faire.
Ils se positionnèrent alors devant leurs compagnons.

- Laissons nous faire, dit Ban. Geki et moi-même sommes les plus costauds, et mêmes si vos pouvoirs sont 100 fois supérieurs aux nôtres, maintenant c'est à nous de faire jouer notre force physique, pour vous aider.
- Quoi ? De quoi parles-vous ? , s'inquiéta Nachi. Vous ne pensez tout de même pas à …

Le silence des deux plus grands des chevaliers donna raison au chevalier du Loup.
Ban ne put que confirmer à son ami son idée en disant :

- Continuez votre route, on s'occupe de lui.

Sokan, lui, prenait toute cette scène sur le ton de la rigolade. Il croyait deviner les plans de ses adversaires, mais ne s’en effrayait nullement.

- Vous n'espérez tout de même pas que je vais laisser passer vos camarades tout de même ? , ricana t’il.

Ban et Geki se mirent alors à courir et se jetèrent sur Sokan, avec leurs forces physiques et leur volonté, ils réussirent à le maîtriser, de telle sorte qu'il ne pouvait plus bouger.

- Allez-y mes amis, nous nous occupons de lui ! Put à peine dire Ban.

La prise tentée par les deux chevaliers sembla pouvoir fonctionner mais leurs amis hésitaient à les abandonner de la sorte. Ils ne savaient pas quelle issue pouvait avoir leur attitude.

- Mais vous ne tiendrez pas longtemps, il vous repoussera un jour, dit Jabu !
- Ne vous inquiétez pas, rien n'est impossible à un chevalier d'Athéna...partez ! Ordonna Geki.
- Partez si vous le désirer après tout, ricana Sokan, bien que prisonnier de Ban & Geki.
- Comment ? , s’interrogèrent tous les chevaliers. Tu nous permets de partir ?
- Bien sur, car de toute manière, vous serez obligés de revenir dans mon temple. N’oubliez pas que vous ne possédez plus d’énergie donc plus d’attaques. Votre seule solution est de me tuer. Je pense que vous n’irez pas plus loin que le seuil du quatrième temple sans vos forces ! Alors, partez si vous le désirer, mais je ne vous dis qu’une seule chose : A Bientôt !
- Ne l’écoutez pas ! dit Ban. Nous vous promettons que l’on s’occupera de son cas ! Poursuivez votre route sans le moindre doute quant au fait de retrouver vos pouvoirs.

Malgré leurs doutes et leur amitié envers leurs deux amis, ils n’avaient pas le choix. La situation était devenue idéale pour s’enfuir de la sorte. Non sans leur jeter un dernier regard avant de poursuivre leur route, les autres s'en allèrent alors, en laissant Geki et Ban accrochés férocement au chevalier d'Orion.

La situation s’éternisait et même doté de sa grande force, Sokan ne parvenait pas à se défaire de son étreinte, et s’énervait tout seul par son impuissance.

- Vous ne tiendrez pas longtemps, lâchez-moi, sales bêtes !

Tout à coup, le géant ressentit une chaleur qui commençait à le paralyser. Alors qu’il avait anéanti toutes les forces de ses adversaires, il commençait à ressentir une résistance non plus seulement défensive mais à présent active de leur part. Il ne pouvait plus du tout se mouvoir, et bien au contraire se retrouva comme figé et compressé par Ban & Geki.

- Que se passe t'il ? , s’inquiéta le protecteur d’Héra. Mais d’où vous procurez-vous cette force qui vous permet de me résister ?

Geki lui retourna une question car dorénavant c’était lui qui menait le combat comme il le souhaitait.

- Pourquoi ton attaque serait-elle invincible Sokan ? Ta paralysie n'est qu'un mirage, que nous allons briser.

Les cosmo-énergies des chevaliers du Lionnet et de l'Ours brillèrent alors comme jamais, et s'intensifiaient à des niveaux inconnus pour eux-mêmes...

Sokan comprit alors qu'avec sa maigre force intérieure, il ne pourrait rien faire pour contrer cette emprise. Sa dernière chance était de raisonner ses assaillants pour qu’ils stoppent leur prise et ainsi le libèrent, même s’il ne comptait nullement s’avouer vaincu et pacifique par la suite.

- Arrêtez, nous allons tous y rester !
- Nous n'allons pas te lâcher Sokan, tu vas payer tes crimes et ton attachement à Héra de ta vie. Les nôtres ne sont pas importantes, dit Ban. La seule chose qui compte réellement c’est la vie d’Athéna !

Alors que l'explosion des forces allaient se produire inévitablement, car les chevaliers eux-mêmes ne contrôlaient plus rien, Sokan résolut lui-même son énigme. Celle qui l’avait perturbé quelques minutes plus tôt. Ce fut comme un éclair dans son cerveau.

-Je sais qui a provoqué l'illusion !...Si c'est bien lui, nous sommes perdus...Héra va mourir ! Et tout le Sanctuaire de Samos s’inclinera.

Instantanément, les forces gigantesques explosèrent et les trois chevaliers tombèrent à terre. Dépourvus de vie, ils n’en avaient pas moins atteints un niveau supérieur de dépassement d’eux-mêmes. Rien n’avait pu leur résister et les empêcher de connaître la victoire.

C’était un premier signe de la révolte des Chevaliers d’Athéna, si petits face à la Grandeur du Sanctuaire d’Héra.
Cependant, ils devaient à présent mieux appréhender leur engagement. Après Ichi, ils étaient désormais trois à avoir trouvés la mort, en se sacrifiant pour leurs amis. Et tout ceci après seulement trois temples. Le Sanctuaire en comptait douze, tous mieux gardés les uns que les autres.


Seuil du Quatrième Temple

Les Chevaliers d’Athéna approchaient maintenant d’un nouveau temple, le quatrième du Sanctuaire, après de nombreuses marches gravies.

- Nous arrivons devant le prochain temple, dit Nachi... Mais je ressens à présent mes forces !

En effet, chaque chevalier ressentait à présent ses forces, et sa cosmo-énergie revenir dans leurs poings et leurs corps

- Moi aussi ! , dit Shiryu. J'ai le plein usage de mes forces !

Shun, lui, faisait l’amer constat de ce qui avait dû arriver dans le précédent temple. Il se retourna vers l’arrière.

- Les cosmo-énergies qui s'affrontaient dans la demeure de Sokan se sont dissipés, sanglota Shun...Le sortilège de Sokan est rompu….Mes nos amis, eux, ont dû y laisser la vie.

La tristesse ne put s’emparer des chevaliers d’Athéna que quelques instants avant que Marine n’y mette fin.

- Arrêtez ! Je regrette tout autant que vous leurs morts, mais nous devons continuer même si chacun de nous doit y laisser la vie !

Elle trouva alors en Ikki un allier de choix pour motiver ses troupes à se dépasser, sans se retourner.

-Oui, la maison de la Biche de Cérynie, le quatrième travail d'Hercule, nous attend ! dit Ikki.

Ils pénétrèrent alors dans cette maison, non sans craintes...

- C'est étrange elle me semble si vide, nota Shun.

Cette maison n'était pas du tout semblable aux précédentes, elle était comme plus gaie, moins apeurante. Ce n’était pas non plus un capharnaüm, afin de respecter une austérité caractéristique de tous les chevaliers.

- Non ! dit Marine, il y a quelqu'un plus loin.

Ils s'approchèrent, sur leurs gardes...

Le chevalier, en armure, face à eux, leur adressa la parole.

- Il vous reste environ dix-neuf heures, et vous n'êtes plus que 7, vous n'irez pas loin à ce rythme, et je mettrais particulièrement la touche finale à votre épopée.
- Cet homme est si ...étrange, nota Hyoga. Il nous réserve des surprises !

Chapitre précédent - Retour au sommaire

www.saintseiya.com
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.