Chapitre 4


Allongé sur le dos, Foghar regardait le plafond de sa cellule. Il n'avait pas peur. Il était juste très inquiet pour son Grand Guerrier. Lorsque les Kérès les avaient attaqués, Médéric l'avait protégé instinctivement. Les horribles oiseaux avaient alors frappé et griffé son ami avec leurs serres. Son dernier souvenir conscient avant que les Kérès ne l'enlèvent était le visage de son Grand Guerrier couvert de sang.

Il se força à penser à autre chose. Il était sûr qu'il allait bien. Ce n'était pas ce genre de blessures qui pouvaient avoir raison de Médéric. Il se détendit puis essaya de nouveau d'entrer en contact télépathique avec ses amis mais rien n'y fit. C'était étrange… Normalement, ils arrivaient à communiquer même s'il y avait une barrière créée par un dieu…

Foghar se concentra sur les bruits à l'extérieur de sa cellule. Personne ne venait. Après avoir parcourut mentalement les environs, il put conclure que personne ne l'observait. Il se mit à fixer le plafond intensément. Sa respiration se fit plus forte et s'accéléra. Une lumière dorée enveloppa tout son corps et un rictus de douleur déforma son beau visage.

- Earrach! appela-t-il mentalement.
- Mon frère? Que se passe-t-il?



Les chevaliers de l'Olympe semblaient complètement abattus. Il fallut quelques minutes à Iphitos pour retrouver ses esprits. Lorsqu'il prit enfin la parole, sa voix vibrait de colère.

- Il a osé poser la main sur Foghar! Elestre! cria-t-il.

Complètement désemparée, Elestre leva le visage vers Iphitos. Ermaion était aussi choqué que les chevaliers de l'Olympe mais il s'évertuait à consoler sa mère.

- Allez! Un peu de nerf, Elestre! reprit Iphitos d'une voix tranchante. Essaie de le localiser!
- Je vais t'aider, dit Hermès en s'avançant vers elle.

Elle se dégagea doucement des bras de son fils et prit les mains que lui tendait son ancien dieu. Hermès la tira vers lui pour la remettre sur pieds puis sans lâcher ses mains, ils disparurent.

Une dizaine de minutes plus tard, ils revinrent, le visage sombre.

- Je ne comprends pas pourquoi on ne les trouve pas, marmonna Hermès. Même si Arès l'a emmené dans une autre dimension, on aurait dû les localiser!

Derek n'avait pas compris grand chose à ce qui c'était passé. L'homme qui avait disparu était apparemment très important non seulement pour les chevaliers de l'Olympe mais aussi pour les anciens chevaliers d'Athéna. Apparemment, il leur était très difficile de concevoir qu'on fasse du mal à Foghar. Il regarda les personnes autour de lui d'un air sceptique. Puis il vit un point s'approcher.

- Quelqu'un vient, dit-il après quelques secondes.

Iphitos s'avança à sa hauteur et regarda dans la direction indiquée par Derek. Il s'agissait d'un homme en jean et tee-shirt noir. Il courrait rapidement vers eux, ses longs cheveux noirs flottants derrière lui.

- Tartare… murmura Iphitos.
- Et Camus, ajouta Hyôga en voyant son maître suivre de près le maître des Profondeurs.

Lorsqu'ils furent enfin à leur hauteur. Ils posèrent ses mains sur leurs genoux et tentèrent de reprendre leur souffle. Tartare se redressa enfin et parla à Iphitos.

- Foghar a appelé Earrach!
- Comment va-t-il? demanda immédiatement Médéric avec inquiétude.

Tartare lui lança un coup d'œil surprit. Depuis qu'il les connaissait, il avait toujours vu Foghar accroché à Médéric et Médéric essayant d'échapper à Foghar. Il n'aurait jamais cru qu'un homme comme l'ex-guerrier d'Arès puisse éprouver de l'affection pour quelqu'un comme Foghar.

- Euh… Il avait l'air assez bien. Ils n'ont pas pu parler longtemps parce que le lien était très mauvais.
- Il a pu dire où il était? demanda Ganymède.
- Non. Il est enfermé dans une cellule. Il a essayé de sortir mais il n'arrive pas à libérer son cosmos. Il a un peu exploré mentalement les lieux mais il n'a pas pu deviner où il était. Earrach a juste eu le temps de me mettre au courant avant de perdre connaissance. Je suis venu aussi vite que possible… accompagné d'un type têtu qui a voulu absolument venir…
- Rien n'aurait pu m'empêcher de venir… surtout après la crise d'Andy.
- Arf, s'étrangla Seiya.

Un bruit de porte qui s'ouvre à toutes volées retentit dans le temple et un jeune homme blond habillé à la mode de la Grèce antique apparu. Il avait une lyre à la main. Il avait des gestes gracieux mais son visage était assombri par la colère.

- Où est Foghar? demanda-t-il abruptement d'une voix tout de même mélodieuse. Cela fait dix minutes que je ne sens plus sa présence.
- Calme-toi, Apollon, intervient Zeus.
- Pourquoi le devrais-je? Que se passe-t-il Hermès?
- Arès a enlevé Foghar.
- Quoi? Ce… Cet… abruti a osé toucher à l'un de mes Artistes! - Apollon était hors de lui.
- Techniquement, intervient Hermès, ce n'est plus l'un de tes ar…
- Je t'ai pas sonné, hurla Apollon. Pourquoi?
- Parce que c'est à lui que notre père a confié le Triskel, répondit calmement Hermès.



Arès marcha dans les couloirs menant à la cellule où était enfermé Foghar, entouré par Deimos et Phobos. Il était très content de lui. Non seulement il avait pu s'échapper avec ses hommes sans se battre mais en plus, il avait en sa possession la seule personne qui pouvait lui donner ce qu'il désirait!

Deimos ouvrit la porte et Arès entra dans la cellule. Il regarda la frêle silhouette allongée par terre. Foghar n'avait pas bougé. Il regardait obstinément le plafond. Arès fit un signe à Deimos et celui-ci força l'elfe à se lever.

Arès le dévisagea. Il ne comprenait pas comment un être aussi fragile qu'un elfe avait pu devenir l'un des chevaliers de l'Olympe. Foghar tourna enfin les yeux vers le dieu de la guerre. Arès fit un pas en arrière de surprise. Ce regard n'avait rien à voir avec le regard doux d'un elfe. Il y lisait une grande combativité et aussi une profonde colère dirigée contre lui.

Arès se ressaisit. En fin de compte, il n'était pas aussi fragile qu'on aurait pu le penser. Il ne fallait pas oublié que son père était humain et qui plus est, un puissant chevalier. C'était mieux. Il y avait donc une chance qu'il survive quand ils commenceraient à s'occuper de lui.



- Ce n'est pas possible, répéta une nouvelle fois Tartare.
- Pourquoi? demanda Seiya avec entêtement. Tu as bien permis à Ermaion et Sorrento de retourner sur terre!
- Si je te permets d'y aller, tous les autres le voudront aussi et c'est hors de question.
- Mais Arès a enlevé Foghar! s'exclama Shun. C'est un dieu cruel! Qui sait ce qu'il est en train de lui faire!
- Euh…
- Je suis d'accord! intervint Shaka. Je ne pourrais pas retourner au Tartare sachant que Foghar est en danger.
- Moi non plus, renchérit Mû.
- Mais c'est du chantage! s'écria Tartare.
- Ce n'est que le temps de retrouver Foghar, répliqua Camus. Après nous retournerons dans ton royaume.
- Et puis, ajouta Iphitos, nous ne pourrons pas intervenir sans mettre en péril notre serment!
- Ah oui… ce satané serment - Tartare regarda Zeus qui détourna les yeux avec embarras - Bon d'accord! Mais seulement pour six d'entre vous!
- Pourquoi seulement six?! s'exclama Kiki.
- Parce que!
- Tu pourrais au moins permettre d'y aller à la moitié d'entre nous, intervient Ethan. On est seize! Donc la moitié c'est 8! De plus, si on compte Camus, ça fait 17… disons 18 pour simplifier les calculs… Donc, 9 d'entre nous…
- Oui, intervient Hiass, mais tout le problème consiste à choisir qui pourra rester. Et il y aura forcément des lésés!
- En effet, reprit Ethan, dans ce cas, le mieux est d'utiliser un système de tirage au sort…
- Effectivement! Mais un moyen où on ne peut tricher…
- La courte-paille?
- Cela me paraît la méthode la plus appropriée… bien qu'il y ait aussi le système de tirage classique d'un papier…
- Que quelqu'un les fasse taire! s'écrièrent Erik et Masque de Mort.
- Bon… d'accord pour 8 mais pas un de plus! répliqua Tartare - Ethan ouvrit la bouche - Et je veux pas de discussion à ce sujet! De plus, je veux que Geamhradh et Samhradh viennent avec vous! Et je vous interdis de tirer au flanc! Vous retournez dans le monde des vivants juste le temps de retrouver Foghar.
- Je viens aussi, intervient Apollon.
- Mais, s'écria Zeus, tu ne peux pas! Tu n'as pas de corps!
- Et alors? Ça n'empêche pas Hermès de retourner sur terre!
- Disons que je suis un cas particulier, mon cher frère, répliqua le dieu des voleurs.
- Et bien, j'en prendrais un s'il le faut mais je ne laisserais pas ce… cet… enfin, vous savez qui, toucher à l'un de mes Artistes - Hermès ouvrit la bouche - Je t'ai toujours pas sonné - Hermès referma la bouche!
- Si tu le désires, je veux bien te servir de réceptacle, dit timidement Shun.
- C'est hors de question! intervint Ikki.
- Je sais que tu t'inquiètes, Ikki mais, j'ai servi de corps à Hadès alors peut être pourrais-je servir de corps à Apollon, mais cette fois-ci de ma propre volonté.
- Je suis touché, répondit lentement Apollon. Mais je ne peux pas entrer dans ton corps parce que tu es mort!
- J'ai peut être une solution, intervient Elestre. Je reviens tout de suite.

La jeune fille disparut. Elle revient quelques minutes plus tard tenant un jeune homme par le bras. Celui-ci avait les cheveux en bataille et les yeux encore embués de sommeil. Il finit de boutonner sa chemise et la rentra dans son pantalon en baillant. Il était pied nu. Il regarda les personnes devant lui.

- C'est vache! Je suis en vacances moi! Et puis, ça fait à peine une demi-heure que je suis couché!
- Je vous présente Thierry.
- C'est un garde du Sanctuaire! s'exclama Maïol.

Le jeune homme bailla de nouveau. Il passa la main dans ses cheveux pour les démêler puis décida de laisser tomber. Il alla s'asseoir sur les marches du temple. Elestre lui présenta toutes les personnes présentes puis lui expliqua la situation.

- Donc, voilà, conclut-elle, Apollon a besoin d'un corps et je crois que tu…

La jeune femme fut interrompue par des ronflements sonores. Elle se retourna vers Thierry. Celui-ci avait la tête penchée en avant et dormait profondément.



La porte de la cellule s'ouvrit. Deux hommes traînèrent un autre à l'intérieur et l'y jetèrent sans ménagement. Couvert de plaies et d'ecchymoses, l'homme gémit en touchant le sol. Il se redressa avec difficulté se tenant le bras droit qui était cassé. La porte s'ouvrit de nouveau et un homme poussa un plateau sur lequel était posée une assiette contenant une mixture indéterminée et un verre d'eau croupie.

Lorsque la porte se fut refermée, il s'approcha du plateau. Ne regardant même pas le semblant de nourriture qu'on lui avait apporté, il plongea un doigt dans le verre d'eau. Sa main se mit à luire et l'eau devient translucide. Il déposa délicatement une goutte d'eau sur son bras cassé puis posa sa main toujours entourée d'une lumière dorée dessus. Après quelques secondes, il bougea doucement les doigts. Les os étaient maintenant ressoudés.

Ne pouvant pas voir les dégâts sur son visage, il décida de se concentrer sur les plaies de son corps et sur sa mâchoire douloureuse. Une fois qu'il eut fini, il replongea la main dans l'eau puis déposa une goutte sur son front. Il hocha la tête avec satisfaction. Il ne ressentait plus aucune douleur et sa migraine avait disparu.

Puis, il posa les yeux sur l'assiette. Il était à prévoir qu'il y aurait d'autres séances de tortures et il aurait besoin de toutes ses forces pour lutter. Mais il avait hérité des elfes leur estomac délicat. Il ne pouvait pas manger ce qu'on lui avait apporté. Purifier de l'eau était facile mais il ne pouvait pas modifier de la nourriture. Il passa la main au-dessus pour savoir ce que c'était. Puis il fronça les sourcils. C'était du bœuf. Au contraire des autres elfes, il n'était pas végétarien donc, ce n'était pas un problème. Ce qui le contrariait, c'était qu'il était drogué.

Il réfléchit un moment. Séparer la drogue de la nourriture devait être faisable. Il y avait également certains éléments ajoutés au bœuf qu'il ne digérait pas. Il prit la fourchette puis la trempa dans l'eau pour la laver. Délicatement, il repoussa la nourriture dans une moitié de l'assiette. Il trempa un doigt dans le verre et déposa une goutte d'eau sur la moitié vide de l'assiette. Lorsqu'elle fut propre, il plaça sa main au-dessus de la nourriture et elle se mit à luire. Lorsqu'il eut finit, la moitié propre de l'assiette ne contenait que très peu d'aliments. Il haussa les épaules d'un air résigné puis relava sa fourchette avant de manger.

Arès observait Foghar. L'elfe était plein de ressources! S'il se soignait toujours ainsi après les séances de tortures, il ne parlerait jamais. Il fallait l'épuiser moralement. Si ses souvenirs étaient justes, Foghar était à moitié humain donc comme chaque humain, il devait avoir des peurs secrètes. Il se tourna vers l'homme près de lui.

- Quand il sera endormi, essaie d'entrer dans son esprit.

Phobos eut un sourire cruel. Cela faisait longtemps qu'il attendait ça. Depuis qu'il n'allait plus sur les champs de bataille avec son père, il n'avait plus eu l'occasion de voir la peur sur le visage de ses victimes. Il regarda un moment le prisonnier. S'attaquer à un elfe était un défi intéressant!



Thierry suivait les chevaliers devant lui en traînant les pieds. Il se demanda une nouvelle fois comment elle avait réussi à lui faire accepter ce deal plus que douteux!

- Arrête de te plaindre! lui dit Apollon.
- Je voudrais bien t'y voir!
- Justement, j'y suis! Je te promets que je n'utiliserais pas ton corps sans ton consentement.
- Je suppose qu'il faut voir les choses du bon côté…
- Hum… Il y a quelque chose en toi de bizarre… Je vais voir ça…
- Eh! Attends! Touche à rien!
- Oui, oui,
répondit Apollon d'une voix distraite.

Thierry soupira en maudissant une nouvelle fois cette femme qui savait se montrer si convaincante.

Ils étaient enfin arrivés au Sanctuaire. Seiya regarda autour de lui avec intérêt. Ça n'avait pas beaucoup changé! Le chevalier d'or du Scorpion (Seiya croyait se souvenir qu'il s'appelait Thomas) désigna quelque chose derrière eux. Deux hommes à l'air frêle et au visage identique s'avancèrent. On aurait pu dire qu'il s'agissait de jumeaux si la couleur de leurs cheveux avaient été la même. En effet, l'un avait les cheveux blonds et l'autre les avait complètement noir.

- Salut vous deux! cria Ermaion.
- Bien le bonjour, mon ami, répondit l'homme aux cheveux noirs.
- Nous sommes navrés… dit le deuxième homme.
- Pourquoi donc, Samhradh? demanda Ganymède.

L'homme aux cheveux dorés désigna un homme derrière lui. Il ressemblait trait pour trait à Foghar mais ses yeux étaient verts.

- Malgré tout ce que vous puissiez me dire, commença-t-il, je ne resterai point les bras croisés tandis que mon frère est torturé!
- Voyons, Earrach! Rien ne dit que Foghar soit torturé, répondit doucement Shun.
- Nous sommes des quadruplés donc nous sommes étroitement liés mentalement, expliqua Geamhradh. Ceci est encore plus vrai pour notre jumeau direct…
- Ils torturent Foghar! s'écria Thierry puis il secoua la tête. Je croyais que tu me demanderais mon avis avant d'utiliser mon corps!



Kiki traînait des pieds, l'air renfrogné. Il lança un coup d'œil énervé à son ami.

- Tu peux m'expliquer pourquoi on a pas eu droit à un tirage au sort?
- Adresse-toi à Tartare pour toute réclamation, répliqua Ethan.
- Cesse de te plaindre Kiki, on est tous logé à la même enseigne, soupira Shiryu.

Les 9 chevaliers qui n'avaient pas été autorisés à retourner sur Terre marchaient de mauvaise grâce derrière Tartare.

- Moi, j'aimerais comprendre pourquoi Seiya a été autorisé à y aller! s'écria Hyôga. Parce que là, c'est nous qui allons supporter Andy!

La colonne s'arrêta et les chevaliers s'entre-regardèrent. Puis ils se tournèrent avec suspicion vers Tartare. Celui-ci se gratta la joue puis leur sourit de toutes ses dents.

- Ça sera sans doute très amusant, dit-il en commençant à courir poursuivi par 9 chevaliers en colère.



Athéna regarda timidement les trois elfes devant elle. Elle n'aurait jamais cru qu'elle puisse être aussi impressionnée par des êtres si frêles et délicats. Cependant, elle n'avait pas imaginé qu'ils soient aussi humain… à part leur fascinante beauté et leur façon de parler!

- Des elfes? dit de nouveau Richard d'un ton sceptique en regardant les trois hommes.
- Et oui! répondit Iphitos.
- Et vous cinq, vous êtes les chevaliers de l'Olympe?
- Exact.
- Et ceux là, continua Richard toujours aussi sceptique en désignant Seiya et ses amis, sont les chevaliers d'il y a 200 ans.
- Tout juste, Auguste.

Richard fit une grimace et lança un coup d'œil à Hiass qui pouffait de rire dans son coin. Il regarda de nouveau Iphitos avec suspicion.

- Vous n'avez pas l'impression de me prendre pour un idiot?! A la limite, je veux bien croire que vous soyez les chevaliers de l'Olympe mais le reste, c'est du n'importe quoi!
- Et pourquoi?
- Les elfes n'existent pas et les morts ne ressuscitent pas!
- T'es prêt à croire que cette jeune fille est Athéna, commença Iphitos en désignant la déesse, et que les jeunes gens près d'elle sont ses chevaliers mais pas que les elfes existent ni que les morts puissent ressusciter!
- Euh… C'est sûr que vu comme ça… - Richard regarda autour de lui - Je suis en train de passer pour un imbécile non?
- Pas du tout. Bien, veuillez-nous excuser, conclu Iphitos

Il fit signe aux autres chevaliers de l'Olympe de le suivre puis se tourna vers les frères de Foghar et les invita à les suivre aussi.

- Encore des cachotteries, soupira Masque de Mort.



Il était seul. Son père était mort, ses frères étaient partis et ses amis l'avaient abandonné. Les larmes lui vinrent aux yeux. Il n'y avait personne pour lui donner du réconfort. Une boule lui serra la gorge. Il respira lentement et profondément. Non, ce n'était pas possible. Ses amis viendraient bientôt. Ils devaient être très inquiets pour lui et ils devaient le chercher. Mais il ne parvint pas tout à fait à enlever ce sentiment d'abandon et ses larmes continuèrent à couler le long de ses joues…



Earrach fronça les sourcils. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Il sentit une boule se former dans sa gorge et sentit les larmes couler sur ses joues. Pourquoi se sentait-il aussi seul et abandonné? L'elfe cacha son visage dans ses mains et se mit à sangloter.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive? demanda doucement Shun.

Earrach ne parvient pas à s'expliquer. Il ne savait pas ce qui lui arrivait. Shun regarda les deux autres elfes et vit les larmes couler sur leurs joues.

- Que se passe-t-il? demanda Shun de plus en plus inquiet.

Geamhradh se força à respirer lentement et à refouler ses larmes.

- Quelqu'un attaque l'esprit de notre frère. Nous ressentons son sentiment d'abandon…

Il s'interrompit, sa voix étouffée par un sanglot. Shun regarda désespérément ses amis. Il devait y avoir un moyen de les aider.

- Ce doit être Phobos, intervient Médéric. Il a trouvé la plus profonde peur de Foghar et s'en sert pour amoindrir sa volonté.
- Est-ce que l'on peut aider Foghar à se défendre contre ces attaques? demanda Shun.
- Il faudrait protéger son esprit… répondit Erginos. Mais on n'arrive même pas à communiquer avec lui! On ne pourra jamais…
- Attends une minute, intervient Mû. Earrach peut communiquer avec son frère!
- Tu as vu dans quel état il est?!
- On peut commencer par protéger l'esprit d'Earrach, intervient Ermaion.
- Je m'en occupe, proposa Shaka.

L'ancien chevalier d'or de la Vierge s'assis dans une position de méditation puis se concentra. Peu à peu, les sanglots d'Earrach se calmèrent. Shun lui donna un mouchoir avec sollicitude que l'elfe accepta, reconnaissance. Earrach regarda Shaka, toujours concentré puis se mit dans la même position que lui. Il joignit son esprit à celui du chevalier de la Vierge.

Quelques minutes plus tard, Geamhradh et Samhradh cessèrent de pleurer. Ils relevèrent la tête en souriant puis séchèrent leurs larmes.

- Notre frère va beaucoup mieux, déclara Samhradh.



Arès regardait avec satisfaction l'elfe pleurer. Après quelques jours de tortures physiques et morales, Foghar serait près à lui dire tout ce qu'il voulait savoir. Et bientôt, il saurait où se trouvait le Triskel et comment le récupérer.

Arès regarda son fils, concentré sur l'attaque qu'il portait sur l'esprit de l'elfe. Tout serait bientôt fini. Il vit Phobos froncer les sourcils. Arès regarda de nouveau l'elfe. Celui-ci s'était mis à luire et ne pleurait plus. Il avait même un léger sourire aux lèvres. Son visage s'était détendu. Arès reporta les yeux sur son fils. Phobos semblait hors de lui.

- Quelqu'un intervient pour protéger son esprit.



- Ils ne tiendront pas longtemps comme ça, fit remarquer Ganymède.
- Nous pouvons prendre la place de notre frère lorsque ses forces l'auront abandonné, intervient Geamhradh.
- Et moi, je peux prendre la place de Shaka… ajouta Ganymède. Je crois qu'on pourra se débrouiller à cinq. Shaka et moi sommes plus résistant que les elfes et on tiendra plus longtemps.
- Pourquoi pas… dit Iphitos en haussant les épaules. Ça nous permettra de gagner un peu de temps. Mais il faut qu'on les localise maintenant… - Iphitos se tourna vers Elestre - Tu es sûr de ce que tu m'as dis, ma chérie?
- Bien sûr! Je ne me trompe jamais! Bon, c'est pas tout ça mais je dois faire un truc…
- Et quoi? demanda abruptement Médéric.
- Est-ce que je t'en pose des questions?! Allez viens toi, ajouta-t-elle en attrapant le bras de Hiass.
- Qu'est-ce qui se passe?
- Tu verras bien!
- Et il y a une raison particulière pour que ce soit moi?
- J'te trouve marrant!
- Cool! s'exclama Hiass. Au fait… j'aurais une question…
- Je t'en prie!
- Pourquoi certaines personnes t'appellent Dana et d'autres Elestre?
- Elestre est mon prénom et Dana mon surnom. C'est Iphitos qui me l'a donné. Il a tendance à raccourcir tous les prénoms de plus de 2 syllabes!
- Tu m'excuseras mais je vois pas en quoi "Dana" est le diminutif de "Elestre"!!
- C'est juste parce que je suis celte et que Dana est la déesse mère des celtes!
- Il est un peu tordu cet Iphitos.
- Tu peux pas savoir à quel point!



Arès fit un signe à Deimos pour qu'il cesse de frapper Foghar. Il voyait les lèvres de l'elfe bouger mais n'entendait rien. Il se pencha sur le visage de son prisonnier pour écouter ce qu'il disait. Puis il releva la tête, contrarié. Foghar parlait elfique. Il était peut être en train de dire ce qu'il voulait mais c'était impossible à savoir! Il fit signe à Phobos de s'approcher. Comprenant ce que son père attendait de lui, Phobos se concentra puis secoua la tête.

- Son esprit est toujours protégé…
- Très bien, déclara Arès, nous allons donc tuer les personnes qui le protègent… Ramenez-le à sa cellule.



Shaka et Samhradh s'étaient installés dans la maison de la Vierge. Pendant ce temps Ganymède et les deux autres elfes se reposaient. Le plus difficile, en dehors de la concentration, était de trouver des paroles rassurantes pour Foghar. Il était de plus en plus épuisé et plus le temps passait plus le lien avec lui s'amenuisait.

Samhradh avait trouvé un moyen de le garder en alerte. Il lui faisait réciter des poèmes qu'ils avaient appris au pays des elfes. Foghar leur avait dit, amusé, qu'Arès avait cru qu'il répondait à ses questions lorsqu'il s'était mis à parler tout haut. Il leur avait également appris que le dieu avait dit vouloir les empêcher de protéger son esprit et leur avait fait part de son inquiétude.

Shaka sentit une main se poser sur son épaule. Il attendit que Ganymède ait créé le lien pour se retirer. Il se leva lentement. Il était épuisé! Mais avant d'aller se reposer, il préférait prévenir Iphitos de ce que leur avait dit Foghar.



Une ombre se faufila jusqu'à la maison de la Vierge. Elle s'immobilisa, vérifiant que personne ne pouvait la voir. Satisfaite, elle pénétra dans la maison. A l'intérieur, un homme svelte aux cheveux noirs était assis, les yeux fermés. A côté de lui, un autre homme méditait. C'était donc eux qui contrariaient Arès! Elle allait s'en débarrasser. Les chevaliers d'Athéna l'avaient empêchée de ressusciter mais à présent, grâce à son maître Arès, elle allait se venger, elle, la déesse de la discorde, Eris!

Elle s'approcha des deux hommes puis leva la main au-dessus du plus vulnérable. Elle abaissa le bras et le sang coula. La douleur qu'elle ressentit fut intense. Son bras avait une grande blessure très profonde.

Alexie avait encore le bras levé par l'attaque qu'il venait de porter. A son côté, Iphitos s'avança avec nonchalance.

- J'adore quand Dana nous donne des infos! Elles sont toujours véridiques!
- C'est vrai, ajouta Erginos en passant la porte. Mais c'est curieux qu'elle aie réussi à s'infiltrer ici…
- J'aimerais savoir depuis combien de temps ça dure, dit alors Alexie, la voix remplie de colère.
- Suffit de lui demander… dit Médéric en s'avançant vers Eris, les yeux remplis de menaces.
- Eh! Oh! intervient Iphitos. Va pas la tuer! On a besoin de réponses et y'a plus rapide que ta méthode.
- Je sais… mais c'est beaucoup moins drôle…
- Médéric, mon ami… il faudra qu'on discute un jour de tes tendances meurtrières…

Eris fronça les sourcils. Ils étaient trop nombreux pour qu'elle puisse s'échapper. Elle regarda derrière elle et se vit entourée par les chevaliers d'Or. Elle leur sourit avec cruauté.

- Comment avez-vous pu? s'écria Thomas, pâle de rage.
- J'ai tout simplement fait comme un certain chevalier d'or avait fait avant moi! répondit calmement Eris. J'ai tué le Grand Pope et j'ai pris sa place!
- Comment faites-vous pour changer d'apparence? demanda Erginos avec intérêt.
- Vous voudriez bien le savoir!

Eris se mit à rire. Elle avait échoué mais jamais ils ne l'auront vivante! Elle leva la main pour se transpercer le cœur.

- Unbeweglich! cria une voix rauque.

Le geste d'Eris se suspendit. Elle ne pouvait plus bouger. Elle regarda Médéric qui pointait sa main sur elle. Elle connaissait cette attaque. C'était celle inventée par l'un des Berserkers d'Arès voilà plus de 5000 ans! Il était impossible de s'en libérer tant que celui qui l'avait lancée était concentré!

- Bien! s'exclama Iphitos. Nous avons quelques questions à te poser, Eris! Mais avant ça, laisse-moi te présenter quelques-uns des célèbres chevaliers divins d'Athéna! Oh! Mais suis-je bête… Vous vous connaissez déjà!

Iphitos avait un sourire cruel aux lèvres, chose assez rare chez lui. Seiya et ses frères pénétrèrent dans la maison, le visage fermé. Eris les reconnut immédiatement. Iphitos fit un signe à Shaka qui était derrière lui et celui-ci alla prendre la place de Ganymède. Ikki se rapprocha de l'ancien chevalier de Zeus. Ils échangèrent quelques mots puis lancèrent leurs attaques.

- L'Illusion de Lumière! cria Ganymède
- Par l'Illusion du Phénix!



Le lien était rompu. Phobos en fit part immédiatement à son père. Il s'empressa d'envoyer les ondes de peur vers l'elfe qui ne réagit pas. Phobos fronça les sourcils puis retenta son attaque sans plus de succès. Malgré sa concentration, il entendit son père lui demander d'essayer de lire dans la mémoire de Foghar. Ce n'était pas sa spécialité mais il le fit tout de même.

Après quelques tâtonnements, Phobos découvrit ce qu'Arès voulait. Le Triskel était bien à Annw, le pays des elfes. Et le seul moyen de s'y rendre c'était de créer un passage dans un lieu intermédiaire. Il n'y avait donc que deux solutions : l'Olympe ou le Tartare…



Elestre regarda le bouge devant elle. Elle fit la grimace puis soupira. Hiass regarda le bâtiment devant lui avant de reporter son regard sur Elestre.

- C'est quoi ce truc?
- Une taverne… et des plus mal-famées en plus!
- Et on vient faire quoi?
- Attend-toi à avoir un choc…

Sans plus d'explications, la jeune femme entra dans le bâtiment suivit par un Hiass suspicieux. L'endroit était enfumé et une odeur écœurante flottait dans l'air. Des cris et des insultes fusaient de toute part. La faible lumière leur permit de constater l'apparence plus que crasseuse des habitués.

- Ça me rappelle toute ma jeunesse! s'exclama Elestre avec enthousiasme.
- T'as eu une drôle d'enfance toi…

La jeune femme lui sourit puis se concentra sur la salle. Elle fit un tour d'horizon puis désigna un coin sombre au fond de la salle.

- Il est là…
- Qui?
- Euh… tu verras.

Elle alla dans la direction indiquée, suivie de près par Hiass. Sur la table où ils se dirigeaient, un homme était allongé, tenant un verre à la main et ronflant bruyamment. Son odeur, mélange de crasse, de fumée et d'alcool, frappa Hiass avant même d'arriver à la table. Il regarda Elestre s'approcher plus près puis prit son courage à deux mains et la rejoignit. La jeune femme secouait l'homme avec vigueur. Celui-ci grogna sans pour autant se réveiller. Hiass alla vers d'un tonneau d'eau et remplit un seau. L'eau était croupie mais il n'avait pas l'intention de la boire. Il retourna à la table et balança toute l'eau sur l'homme qui se leva d'un bond. Il les regarda un moment avec des yeux globuleux. Il avait les yeux d'un bleu pénétrant. Le reste de son visage était caché par ses longs cheveux noirs et sa barbe sale. Il se leva maladroitement, s'appuyant sur la table.

- Vous… vous avez pas le droit! J'suis un chevalier moi et j'vais vous casser la figure!

Ce disant, il balança son point en direction de Hiass et perdit l'équilibre, tombant lourdement à terre. Il attrapa la chaise puis la table pour se relever. Ses yeux se posèrent sur son verre vide, et il le regarda un moment avec frustration.

- Ça? C'est un chevalier? demanda Hiass.
- J'en ai bien peur…
- Ils m'ont volé mon armure, s'écria soudain l'homme. Je l'avais gagné! Mais le Grand Pope l'a donnée à un autre!
- C'est vrai ce qu'il dit?
- Oui… - Elestre attrapa l'homme par le bras - On doit le sortir d'ici.
- J'vois pas pourquoi mais bon, dit Hiass en attrapant l'autre bas de l'homme.

Ils le firent sortir. Elestre se dirigea vers l'autre bout de la rue vers une rivière et fit signe à Hiass de tout lâcher. Une fois plus ou moins dégrisé et un peu moins sale, l'homme les suivit dans un hôtel. Tandis qu'il marinait dans son bain, Hiass s'entretenait avec Elestre.

- Alors comme ça, le Grand Pope c'était pas le bon?
- Oui! C'était en fait Eris.
- Et moi qui le trouvais marrant… soupira Hiass. Et ça dure depuis combien de temps?
- Je ne sais pas exactement… - elle désigna la porte derrière laquelle l'homme prenait son bain - Il devait recevoir son armure il y a 4 ans donc ça dure depuis au moins ça.
- Et c'est qui exactement?
- Il s'appelle Vince… c'est le vrai chevalier d'Or de la Vierge…



Tartare écoutait d'une oreille discrète les récriminations de Canon. Il porta à sa bouche le cocktail qu'il s'était préparé puis après avoir bu une bonne rasade, il reposa le verre, en se disant qu'il devrait y mettre plus de rhum la prochaine fois. Il tourna la page de son magasine. Il leva les yeux sur Canon quand celui-ci s'arrêta au milieu d'une phrase. Les bras ballants, Canon affichait une grande lassitude. Tartare remarque alors, non sans amusement, l'apparition d'une bosse dans le dos de l'ancien chevalier.

- Bonjour Andy, salua Tartare avant de reboire une gorgée de son cocktail.
- Salut! s'exclama la jeune femme.
- Tu pourrais descendre? demanda Canon avec abattement.
- Il est où Seiya?
- On te l'a déjà expliqué… marmonna Canon.
- Je sais mais j'ai pas tout écouté, j'étais énervée!
- Tu devrais demander à Saga ma chère, intervient Tartare. Il te répondra avec plaisir!
- Ah…

La jeune fille lâcha le cou de Canon et s'en alla dans la direction désignée par le maître des lieus. Après un long silence, Canon se décida à prendre la parole.

- Merci, dit-il d'une voix bourrue.
- Ce fut un plaisir! répondit Tartare en souriant.

Tout en maugréant, Canon partit dans la direction opposée à celle qu'avait prise Andy.

- T'es pas sympa, Tartare! dit alors Kiki en mangeant un gâteau.
- J'aime beaucoup m'amuser…
- Je sais… mais Canon n'aime pas t'être redevable…
- Pourquoi crois-tu que je l'ai aidé?!
- C'est bien ce que je disais… t'es pas sympa!

Une jeune femme aux cheveux rouges s'avança vers eux avec hésitation.

- Salut Marine! s'écria Ethan.

La jeune femme lui lança un regard noir puis se plaça devant Tartare.

- Oui? demanda Tartare.
- Euh… c'est à propos d'Earrach…
- Earrach? Il n'est pas là apparemment… il est peut être parti au pays des Elfes…
- Et bien… en fait… euh… il a accompagné ses frères sur Terre…
- Quoi?!!! hurla Tartare en se levant d'un bond, renversant son verre.

Le ciel se voila et un grondement sourd se fit entendre.

- Et pourquoi l'avez-vous laissé partir? cria-t-il hors de lui.
- Je vois mal comment on aurait pu le retenir…
- Ce n'est pas une raison!
- Voyons! Son frère est en danger, il n'allait pas rester ici sans rien faire!
- Mais Earrach n'a rien du guerrier au contraire de ses frères! s'exclama Tartare avec désespoir.
- Geamhradh et Samhradh veilleront sur lui… ainsi que Iphitos et les autres! Ne t'en fais pas!

Tartare soupira puis s'assis en tailleur à côté de Kiki. Il mit ses coudes sur ses cuisses et posa sa tête dans ses mains. Un grondement lointain se fit entendre.

- Allons, calme-toi, dit Ethan en regardant le ciel avec inquiétude.

Tartare s'était relevé et semblait hors de lui.

- Ce n'était pas moi! Quelqu'un vient d'entrer dans mon royaume sans ma permission. Il vient de détruire l'entrée du puits…
- Tu sais qui c'est?
- Oh oui! Et il va regretter d'être venu!



Deimos regardait autour de lui avec agacement. Cet endroit était un vrai labyrinthe! Comment son père espérait-il qu'il trouve une entrée pour le pays des Elfes? Il était sûr que ce Foghar les avait roulés en disant qu'il ne pouvait pas emmener plus de deux personnes avec lui par les voies normales. Et comme Arès ne voulait envoyer plus de deux personnes pour cette mission… surtout accompagné d'un chevalier de l'Olympe qui retrouverait toutes ses capacités une fois sorti de sa prison… Alors Deimos cherchait un endroit où créer un passage… Le problème résidait dans les invocations mais Arès comptait sur Foghar.

Arès lui avait suggéré de demander à Tartare pour le lieu intermédiaire mais Deimos n'était pas trop favorable à cette solution. Son frère et lui avait déjà eut affaire au vieillard et ça n'était pas forcément un bon souvenir.

Il s'arrêta à côté d'un gros rocher. Il était déjà passé par-là! Cela faisait plus d'une heure qu'il tournait en rond?! Il entendit alors un bruit de pas. Il n'arrivait pas à savoir d'où venait le bruit. Il se retourna et sursauta en voyant le vieillard appuyé sur sa canne.

- Tu dois être vraiment suicidaire pour venir ici, commença le vieil homme. Non seulement tu as osé détruire le puits mais en plus… je ne t'aime pas du tout!
- Je suis chargé par le grand Arès…
- Lui non plus, je l'aime pas!
- Je cherche l'entrée du royaume des Elfes.
- N'est appelé "royaume" que les lieux qui ont un roi… ce qui n'est pas le cas de Awnn.
- Nous savons que cette entrée peut se faire ici et…
- Elle peut aussi se faire en Olympe! Le grand et courageux Arès aurait-il des raisons de ne pas vouloir s'y rendre?!

Deimos eut un sourire crispé.

- Je savais que c'était une erreur de venir au Tartare… De plus, si nous venons ici, tu n'hésiteras pas à nous attaquer.
- Ta perspicacité m'aveugle…
- Quand mon maître aura le Triskel, je lui suggérerai de te détruire…
- En parlant de destruction… comment envisages-tu de sortir d'ici en vie?
- Le plus simplement du monde… Nous détenons en notre pouvoir un elfe de tes amis, me semble-t-il.



Elestre, Hiass et Vince s'étaient arrêtés devant l'entrée du Sanctuaire. Les deux premiers essayaient de convaincre le chevalier de la Vierge de les y accompagner. Les bras croisés et avec un air têtu sur le visage, Vince refusait d'avancer.

- Il est hors de question que j'aille dans un lieu où j'ai été chassé aussi minablement…
- Mais puisqu'on te dit que le Grand Pope a été démasqué! s'exclama Hiass exaspéré d'avoir trouvé plus têtu que lui.
- Rien à foutre!

Elestre le regarda un moment. Une fois décrassé, rasé et peigné, Vince était un bel homme. Ses yeux d'un bleu pénétrant étaient soulignés par un léger hâle. Il avait attaché ses longs cheveux noirs en queue de cheval et portait des vêtements simples. Elle sourit un moment puis s'approcha de lui.

- Mais dis-moi… comment ce fait-il que le Grand Pope ait pu te reprendre ton armure?
- Euh… - Vince parut un moment gêner - Et si on rentrait au Sanctuaire?! Puisqu'on est là…
- Attends voir! s'exclama Hiass. Moi, j'aimerais bien savoir…
- Euh… C'est sans importance! On y va?

Vince regarda ses deux compagnons avec espoir puis voyant qu'il n'avait pas trop le choix, il soupira et s'expliqua.

- Ben… mon maître m'avait toujours dit que j'étais un nul et que jamais je ne gagnerais l'armure d'or de la Vierge. Comme je détestais ce vieux con, j'ai tout fait pour l'avoir et j'ai réussi. Alors le soir même, je me suis soûler pour fêter ça… quand je me suis réveillé le lendemain, mon armure m'avait été prise et tout le Sanctuaire ne parlait que d'un certain Siddartha, le chevalier d'or de la Vierge. J'ai voulu aller voir le Grand Pope mais on m'a foutu dehors! Voilà! Content?!
- Ceci est un comportement indigne d'un chevalier d'or, dit Hiass en prenant la voix d'Erik.
- Tu te fous de ma gueule?
- Un peu oui…

Vince ouvrit la bouche puis la referma.

- Après tout, t'as bien raison!
- Je crois que je l'aime bien finalement, avoua Hiass à Elestre.

Vince fouilla un moment dans ses poches puis sortit un petit flacon qu'il porta à sa bouche. Hiass attrapa rapidement le récipient, renversant quelques gouttes sur la main de Vince.

- Eh! Mais c'est à moi! se plaignit Vince.
- Oui ben, c'est pas bien de boire alors arrête!

Vince regarda sa main un moment et lécha l'alcool qui était dessus avant de suivre Elestre et Hiass, un air malheureux sur le visage. Ils firent quelques pas avant d'être alpagué par un garde.

- Vince? C'est bien toi? Tu me reconnais?

Le chevalier de la Vierge regarda l'homme un moment avec concentration puis son visage s'éclaira.

- Mais oui! J'te reconnais pas du tout!
- Ah… Je m'appelle Rick… j'étais disciple de maître Nioh avec toi.
- C'est comme ça qu'il s'appelait le vieux con?

Le garde parut complètement déboussolé. Elestre et Hiass entraînèrent Vince vers les maisons avant que celui-ci ne recommence à parler. Sur le seuil de la première maison, Vince s'arrêta.

- Eh! Oh! Minute! Hier encore j'étais ivre mort dans une taverne mal famée je sais plus où… Laissez-moi le temps de me préparer!
- Tu sais même pas où t'étais? demanda Hiass avec étonnement.
- Ben… Enfin peu importe! Laissez-moi une minute ou deux et je vous rejoins…

Elestre et Hiass se regardèrent puis haussèrent les épaules. Ils pénétrèrent dans la maison du Bélier puis attendirent Vince. Celui-ci les regarda partir puis, une fois qu'ils ne furent plus en vue, il se retourna et regarda le Sanctuaire.

- Quelle connerie, grogna-t-il - Il se pencha et regarda les autres maisons - Et merde! C'est vachement haut!

Il regarda subrepticement dans la maison du Bélier puis fouilla dans ses poches et en sorti un flacon qu'il porta à sa bouche. Il but une longue rasade puis reboucha la bouteille avant de la remettre dans sa poche.

- Et c'est parti! s'exclama-t-il en pénétrant dans la maison.

Ils mirent assez longtemps pour arriver à la maison de la Vierge où tous les autres chevaliers étaient rassemblés. En effet, avant de rentrer dans chaque maison, Vince demandait, à chaque fois, une minute seul devant la maison " pour se préparer ". Seul devant la maison de la Vierge, il resta un moment à contempler les murs de part et d'autres de l'entrée. Il se retourna vers le Sanctuaire et inspira bruyamment en écartant les bras puis refit face à la maison.

- Alors te voilà… T'es pas terrible finalement… Mais t'es à moi!

Vince sourit. Il avait retrouvé tout ce qu'on lui avait volé 4 années auparavant… et plus encore! Il sortit un autre flacon (ayant fini les 3 précédents) et commença à boire tout en entrant dans la maison de la Vierge.

- … Et ça fait 4 ans qu'il noie son chagrin, disait Hiass quand Vince pénétra à l'intérieur.

Tous les regards se braquèrent sur le nouveau venu qui buvait à une petite bouteille en métal, la tête en arrière. Hiass regarda celle qu'il avait subtilisée à Vince peu avant et soupira. Quand le chevalier de la Vierge eut fini son flacon, il le secoua un moment d'un air triste. Il leva la tête sur tous ces gens qui le regardait. Il émit un rot bruyant puis rangea sa bouteille dans une poche.

- Alors voilà Vince, intervient Elestre. C'est le chevalier d'or de la Vierge, le vrai.
- Tu plaisantes? demande Shaka.
- Euh… nan…

Shaka considéra un instant l'homme qui venait d'entrer et qui titubait légèrement. Il tourna la tête vers Elestre.

- Si! Tu plaisantes! l'accusa-t-il.
- Ben nan… je te jure!
- C'est pas possible! s'exclama Shaka avec une note de désespoir dans la voix.
- Désolée…

De leur côté, Seiya et Iphitos essayaient tant bien que mal de se retenir de rire. Ils avaient presque réussi lorsqu'ils entendirent la dernière phrase de Shaka et explosèrent d'un rire retentissant.

- Ce n'est pas drôle, leur dit Shaka d'un ton blessé.

Shaka remarqua alors le visage des personnes autour de lui. Les trois quarts essayaient tant bien que mal de dissimuler leur sourire. Shaka fronça les sourcils puis se retourna brusquement pour aller s'installer sur ce qui avait été sa stèle de méditation.

- C'est quoi le problème? demanda Vince en se grattant le ventre.
- Disons qu'ils ne sont pas habitués à un chevalier de la Vierge de ton genre, lui répondit Hiass en souriant.
- Ah… Ben faut bien un début à tout, dit-il en lorgnant la bouteille que le chevalier du Sagittaire tenait dans la main.
- Tu crois pas que t'as assez bu? répliqua Hiass en captant le regard de son vis-à-vis.

Vince grogna puis regarda autour de lui.

- Mon dieu que c'est lugubre…
- C'est ta maison… et puis c'est plus fonctionnel que confortable.
- Ouais… Et qu'est ce qui se passe maintenant?
- Nous allons faire le point de la situation, intervient Ganymède.



Il avait fallu un assez long moment pour que toute l'assemblée ait retrouvé son calme et son sérieux. Ganymède commença par rappeler les évènements qui s'étaient produits devant le Temple-Frontière de l'Olympe puis s'arrêta en voyant Vince regarder autour de lui.

- Tu cherches quelque chose? demanda-t-il avec une note d'agacement dans la voix.
- Ben ouais! répondit Vince en continuant de regarder autour de lui.
- Et quoi?
- Z'ont tous leur armure sauf moi! Elle est où la mienne?
- Je l'ai mise dans les appartements, intervient Shaka, suis-moi.

Il se leva et accompagna Vince. Il ferma la porte derrière lui. Les personnes restantes se regardèrent un moment puis se précipitèrent vers la porte. Milo, qui était arrivé en premier, colla son oreille sur la porte, imité bientôt par Hiass, Iphitos et Seiya, les autres ne pouvant plus approcher. L'ancien chevalier du Scorpion vit une ombre au-dessus de lui et leva la tête pour découvrir une personne au-dessus de lui. Il sursauta et fit un bond en arrière.

- Mais tu peux pas arrêter de faire ça! chuchota-t-il.
- J'ai fait quoi? demanda Elestre qui planait dans les airs.

Milo soupira puis voulut retourner à sa place lorsqu'il vit qu'elle lui avait été prise.

- Eh! s'écria-t-il.
- Chut! répliqua Théo, l'oreille collée sur la porte. Ça devient intéressant!
- On dirait que tu t'es fait avoir, dit Camus en souriant.
- Oh ça va!

Les espions se mirent alors à pouffer de rire.

- Il est impayable ce Vince, déclara Hiass.
- J'aimerais voir la tête de Shaka, ajouta Seiya.
- Mais qu'est ce qu'ils disent! s'écria Milo, énervé.
- Chut! lui répliqua-t-on.
- C'est assez amusant, dit alors Médéric.
- De quoi? demanda Milo.
- Ce que Shaka et Vince se disent…
- Comment tu le sais?!
- Iphy et Elestre nous font partager la conversation par télépathie…

Milo regarda vers la porte puis sourit. Il s'avança, attrapa Iphitos et l'envoya valser.

- Eh! s'écria Iphitos.
- T'as qu'à suivre par télépathie, répliqua Milo.
- T'étais vraiment obligé de lui dire? demanda Iphitos à Médéric.
- Ils sortent! prévint Elestre mais pas assez vite pour que les autres aient le temps de s'écarter.
- Je vous dérange pas? demanda Shaka.
- Ben si! s'exclama Milo! Vous pouvez pas recommencer? J'ai rien entendu moi!

Shaka sourit bien malgré lui. Ils se réinstallèrent au centre de la maison et Ganymède finit son exposé.

- Donc voilà…
- Très beau récit, Gany! applaudit Iphy.
- Merci… - il fronça les sourcils puis se tourna vers Erginos - Tu peux m'expliquer pourquoi je viens de faire ça alors que je suis plus le chef?
- Parce que, avoue-le, t'adores ça! répondit son ami.
- Pas faux. Bon, Iphy! A toi de bosser maintenant!

Le chevalier de l'Olympe se leva en maugréant.

- Tu t'en sortais très bien pourtant… Aussi bien qu'un comédien qui dit sa tirade devant les specta…
- Iphy!
- Bon d'accord! - Il se raclât la gorge - Bon, comme l'a dit Gany, Eris s'est faite passer pour le Grand Pope. Grâce à l'attaque combinée d'Ikki et de Gany, on a pu savoir une grande partie de ce qu'on voulait savoir… Oh! c'est joliment dit ça, faudrait que je le note pour…
- Iphy!
- Ça va, ça va!J'en étais où?
- A Eris en Grand Pope.
- Qu'est ce que je devais dire déjà?
- Tu le sais parfaitement… ne cherche pas à me faire continuer le discours! C'est toi le chef, assume!
- Mais j'ai rien demandé moi!! - Iphitos regarda le visage buté de Ganymède puis soupira - Donc… Eris a attaqué et tué le véritable Grand Pope il y a 5 ans alors qu'il était en voyage aux Cinq Pics.
- La salope! marmonna Vince.
- Chut! dit Ganymède en fixant Iphitos qui repris avec résignation.
- Ensuite, Arès a fait intervenir un homme, dont elle ne connaît pas l'identité, qui lui a donné l'apparence du Grand Pope ainsi que ses souvenirs. Elle nous a aussi révélé, et c'est surtout ça qui nous intéresse, où Arès se planque…
- Reste à savoir comment s'y rendre, intervient Erginos.
- C'est pas vraiment un problème…
- Ben si…
- Ah bon?
- Oui!
- En quoi?
- Les chevaliers ressuscités tout d'abord!
- Ah oui… problème…
- Eh oh! interrompit Seiya, c'est quoi le problème?

Tandis que Seiya protestait avec véhémence, Vince se pencha vers Hiass.

- C'est normal que j'ai rien compris?
- Je dois avouer ne pas avoir tout suivi…
- Et c'est où la planque d'Arès?
- Aucune idée!

Médéric se leva soudainement et se plaça devant Seiya.

- Tout doux! dit Seiya d'un ton peu assuré.
- Assis…

Sans discuter, Seiya s'exécuta.

- Excusez-moi, demanda Shun - Tous les regards se tournèrent vers lui - Lors de la guerre contre Cronos, vous aviez de nombreuses informations sur le camp adverse…
- Oui mais Médéric était notre espion, protesta Ganymède.
- Je sais! Je ne pensais pas à ça. Vous pouvez peut-être utiliser la technique qui vous permet de voir à distance les généraux de Cronos…
- Cette technique ne marche que si on est tous les six, interrompit Médéric.
- Ben en fait, commença Iphitos…
- Vous l'avez utilisée sans moi?! s'écria Médéric, hors de lui. Mais t'es malade! Te rends-tu compte, crème de crétin, que t'aurais pu tous les tuer?!
- C'était pas mon idée! se défendit Iphitos. C'est Foghar qui…
- Les absents ont toujours tort, c'est ça! hurla Médéric.

Iphitos se tut quelques secondes et dévisagea Médéric qui paraissait de plus en plus en colère.

- Ce n'est pas ma faute si tu n'as pas pu le protéger, dit calmement Iphitos.

Médéric le regarda avec surprise puis il baissa lentement la tête. Doucement Iphitos s'approcha de son ami et lui posa une main sur l'épaule. Il lui murmura quelques mots. L'ancien guerrier secoua la tête. Il passa une main sur son visage puis releva la tête.

- Ce n'est pas une mauvaise idée, intervient Erginos. En utilisant notre technique, on pourrait savoir ce qui vous attend…
- Comment ça "vous attend"? demanda Erik.
- On vous a déjà dit qu'on pouvait pas se battre contre des chevaliers d'Olympiens.
- Même s'ils ont enlevé l'un des vôtres?! s'exclama Estelle.
- Peu importe la raison, intervient Ganymède. Ce n'est pas l'envie qui nous manque mais… comment dire… on ne peut pas!
- Mais pourquoi?
- C'est un serment qu'on a fait, reprit Erginos. Même si on vous accompagnait, on ne pourrait pas faire grand chose… Arès sait parfaitement que Foghar ne peut pas lever la main contre lui ou l'un de ses chevaliers et il en profite.
- Vous nous avez bien attaqués, répliqua Masque de Mort.
- Ce n'est pas la même chose. On ne voulait pas vous tuer. Mais là, on est tellement en colère qu'on aura du mal à se maîtriser.
- Est-ce bien prudent de cesser la protection de l'esprit de Foghar? demanda soudainement Shun.
- Ne t'inquiète pas, répondit Elestre. Foghar n'a jamais vraiment été en danger à cause de ça… Et puis, une attaque ne marche pas deux fois non?! Bon, allons-y. Médy, ça va aller?
- Très bien!
- Attends une minute! s'écria Iphitos. Elle a le droit de t'appeler Médy et pas moi?!

Médéric frappa violemment Iphitos. Celui-ci s'écrasa contre le mur.

- Le jour où je réussirais à l'attraper, je le lui ferais payer, répondit-il d'une voix très calme. En attendant, je te suggère d'arrêter de m'appeler comme ça! Ça a tendance à me faire agir par pur réflexe…
- Aïe! Je sais… marmonna Iphitos en se relevant avec difficulté. Mais pourquoi c'est toujours moi qui prends! J'suis pas un puching ball moi!

Il jeta un regard autour de lui pour s'assurer que personne ne riait. Lorsqu'il vit Seiya se retenir difficilement, il se mit à bougonner.

- Arrête de te tenir les côtes, dit-il à Seiya d'un ton acide.
- Un peu de respect, je te prie! s'exclama Seiya en essayant de prendre un ton sérieux. Je suis ton maître après tout.
- Ne recommence pas avec ça! répliqua Iphitos.
- Et puis, si tu m'embêtes, je le dis à mon père!
- Oh! Qu'il m'énerve quand il fait ça… marmonna Iphitos.
- C'est quoi cette histoire? demanda Hiass à Mû.
- Seiya est la réincarnation de Persée, le maître d'Iphitos, murmura l'ancien chevalier du Bélier pour ne pas être entendu des autres. Et Zeus est le père de Persée…
- Bon, on y va? demanda Erginos.
- Non, répondit Iphitos.
- Pardon?
- Ce n'est pas la peine d'utiliser cette technique - Il se tourna vers Elestre - Dana, tu peux me rendre un service?

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Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.