Chapitre 7


Iphitos et Erginos entrèrent dans la maison du Cancer. L'ancien chevalier d'Athéna affichait une grande tristesse. Il posa une main sur l'épaule d'Erik.

- Je comprends ta colère… mais il ne faut pas poursuivre les deux autres Berserkers…

Le chevalier du Cancer le regarda avec étonnement. Il se tourna vers Erginos qui s'était raclé la gorge pour attirer son attention.

- En clair, il te dit d'aller à leur poursuite…
- Il ne vient pas de dire le contraire ?
- Oui… mais il part du principe que tous les chevaliers sont comme lui et qu'ils font l'inverse de ce qu'on leur demande…

Erik hocha la tête puis s'élança vers les escaliers avec détermination.

- Regardez qui j'ai trouvé ! s'exclama Hermès en entrant.

Sur ses talons, Aldébaran pénétrait à pas lents dans la maison. Il se dirigea vers les prochains escaliers quand Hermès l'arrêta.

- T'es vraiment dans un sale état…
- Essaies d'encaisser l'attaque de trois Berserkers en même temps et on en reparle, répliqua le chevalier du Taureau en poursuivant son chemin.
- Attends… j'ai quelque chose pour toi…

Tartare ferma doucement les yeux vitreux de Vik puis se releva. Il se dirigea vers l'endroit où Antéros avait laissé sa cape et prit celle-ci pour en recouvrir le corps du Général.

- A tout de suite… dit-il au cadavre dans un soupir.

Il tourna la tête vers les maisons supérieures.

- J'espère qu'il n'y en aura pas d'autres… Ces Olympiens… quels cons !
- Tu ne devais pas éviter de nous insulter, fit remarquer Hermès adossé à une colonne.
- Ce n'est pas parce que je collabore avec vous que je vous apprécie…
- Et voilà comment détruire plus de 50 000 ans d'amitié !
- Tu sais bien que je ne parlais pas de toi… d'ailleurs, je ne t'ai jamais considéré comme un Olympien…
- Je sais… répondit le dieu en souriant. Mais tâche de ne pas exprimer tes sentiments devant les autres… ils sont tous très soupe au lait !



Elestre frotta ses mains l'une contre l'autre d'un air satisfait en regardant les soldats d'Arès à ses pieds, tous assommés. Elle s'avança vers Foghar qui n'avait pas bougé d'un cil et lui toucha délicatement l'épaule. La barrière qui tenait l'elfe coupé du reste du monde se brisa. Foghar papillonna des yeux et regarda un moment son amie, complètement déboussolé. Puis son visage s'illumina d'un sourire.

- Elestre ! dit-il d'une voix faible.
- Hein ?
- Euh… Ma Messagère Céleste, je voulais dire…
- Ah ! ça va ?
- Je suis fatigué…
- Je m'en doute… pour m'avoir appelée par mon prénom !

Le visage de Foghar se fit méditatif.

- Dis-moi, ma douce amie, comment te sens-tu ?
- Pas trop mal pourquoi ?
- Et bien…
- Laisse-moi deviner… Y'a un Berserker derrière moi.
- C'est exact, répondit l'elfe d'une voix calme.
- Bon, je fais vite… Earrach a été enlevé par Arès.
- Quoi ?! s'écria Foghar, le regard s'embrasant de colère.
- Je sais… Bon, je vais m'occuper de l'autre là…

Elestre s'apprêta à se lever mais l'elfe la retint.

- Attends ! Pourrais-tu m'aider à partir ?

La jeune fille le regarda un moment.

- Tu penses réussir à en ressortir ?
- Oui, cela ira… enfin… si tu avais quelque chose à manger, cela serait parfait, ajouta Foghar tandis que son estomac se mettait à grogner.
- Bouge pas… j'en ai pour une seconde…

La jeune fille disparut. Le Berserker qui s'était posté devant la porte les bras croisés les décroisa prestement, recherchant nerveusement la jeune femme des yeux. Elle réapparut presque aussitôt, un sac à la main.

- Tu trouveras ton bonheur là dedans, dit-elle à son ami avant de se tourner vers le Berserker. Prêt ?

Foghar se mit sur ses pieds et passa le sac sur son épaule. Elestre tendit une main vers le Berserker et l'autre vers l'elfe. Tandis qu'une vive lumière aveuglait le chevalier d'Arès, Foghar disparaissait.

Le Berserker ouvrit rapidement les yeux et chercha Foghar sans le trouver. Son regard se reporta un moment sur la jeune fille qui s'étirait les bras et faisait craquer des os à divers endroits.

- Alors comme ça, j'ai l'immense honneur d'affronter Diomède, Berserker du Meurtre !
- Tu sais qui je suis ?
- Les Griffes Démoniaques et Syncope…
- Quoi ?! s'écria Diomède, abasourdie.
- Et il ne faudrait pas oublier ta petite dernière… Tu t'es finalement décidé pour le nom ?
- Comment sais-tu tout ça ?
- Bah ! C'est la routine ! Bien ! C'est quand tu veux ! A moins que tu n'abandonnes, bien sûr !
- Et puis quoi encore, fulmina Diomède en se mettant en position d'attaque.
- J'étais sûre que tu dirais ça, répliqua la jeune femme en souriant.



Ils le dévisageaient tous avec intérêt. Il les regarda rapidement puis détourna les yeux, se sentant rougir.

- Bonjour, dit-il d'un air gêné.

Un enfant aux cheveux roux s'avança vers lui puis se mit à sautiller sur place.

- C'était un super combat, s'écria-t-il en faisant une pirouette.
- Pas mal du tout, renchéri un jeune homme blond.

Voyant le visage de Vik devenir encore plus rouge, Sorrento s'avança vers lui.

- Ne t'inquiète pas, ils ne sont pas si impressionnant que ça quand on les connaît bien.
- Euh… c'est à dire que… vous êtes qui ?
- Ben… les héros de la guerre d'il y a 200 ans, s'écria Ethan.
- Ah ? Et bien enchanté tout le monde ! lâcha Vik, pas plus avancé qu'auparavant mais ne désirant vexer personne. Je m'appelle Viktoriano, ajouta-t-il.

Il y eut un silence durant lequel plusieurs chevaliers froncèrent les sourcils et d'autres se grattèrent la tête.

- Vikto-quoi? murmura Seiya à Andy.
- Viktoriano, répondit-elle distraitement, profitant que Shiryu avait l'attention détournée pour orienter le miroir afin d'avoir une meilleure vue.
- Mais vous pouvez m'appeler Vik, ajouta rapidement le nouveau venu.

Un soupir de soulagement parcourut les rangs. Shiryu se tourna vers le miroir puis fronça les sourcils avant de regarder Andy.

- Tu y as encore touché! lança-t-il d'un ton accusateur.
- C'est pas vrai!
- Il y a encore tes traces de doigts dessus!
- Ça m'étonnerait, j'ai utilisé mon pied…
- Ah! s'écria l'ancien chevalier du Dragon.
- Shun! appela la jeune fille.
- Non, non, non! supplia très vite Shiryu à voix basse.
- Que se passe-t-il, ma reine? demanda Shun en s'asseyant près d'eux.
- Rien, répondit Andy en lançant un coup d'œil espiègle à Shiryu. J'avais juste envie de profiter de ta présence…
- Et c'est avec plaisir que je vais rester près de toi!
- Dis, Shun, commença lentement Seiya, pour l'énième fois, je sais qu'Andy est le symbole de ta constellation mais tu pourrais arrêter le "ma reine"?!

Après avoir été présenté à tous les chevaliers encore au Tartare, Vik s'installa entre Ermaion et Sorrento. Il prit le verre qu'on lui tendit et sirota le cocktail de fruits tout en regardant avec intérêt le miroir dans lequel on voyait ce qui se passait au Sanctuaire.

- Tu n'as pas eu droit au discours de Tartare je crois, demanda Ermaion.
- Je n'ai pas eu cet honneur.
- Quel chanceux, murmura Seiya.

Ermaion jeta un coup d'œil vers l'ancien chevalier de Pégase en souriant.

- Je vais te faire un résumé alors. En gros, ici c'est le lieu de repos des héros décédés. Avant c'était les Champs-Élysées mais Seiya a tout détruit…
- Eh oh ! s'exclama le sus-nommé. J'y suis pour rien moi !
- … Tu peux rester ici autant de temps que tu le souhaites. Et le jour où tu voudras partir, tu n'auras qu'à demander à Tartare et celui-ci te fera réincarner.
- C'est pour ça que certains chevaliers d'Athéna, ceux d'Artémis et des autres ne sont pas là, expliqua Shiryu en enlevant une poussière sur le miroir. Ils arrivent dans la maison du Lion…



Ixion laissa derrière lui Oxylos sans regret et courut vers la maison suivante. Le Berserker à l'armure rouge le suivit des yeux sans sourciller avant de chercher du regard de chevalier du Lion. Un éclair d'une lumière dorée apparut et le corps d'Ixion se souleva du sol puis percuta Oxylos qu'il entraîna sur une colonne.

- Il ne me semble pas vous avoir invités, répliqua Estelle en regardant les deux hommes se relever.
- Je savais que les chevaliers d'Athéna manquaient d'honneur, marmonna Oxylos.
- Et c'est vous qui me parlez d'honneur ? s'amusa le chevalier du Lion. De plus, on est ici dans ma maison et j'y fais ce qu'il me plait. D'ailleurs, j'espère que le moment que vous passerez ici vous sera le plus désagréable possible. Vous apprécierez peut-être les Enfers, votre prochaine destination ! Qui sait ?!



Hiass était allongé sur le dos sur la stèle au centre de son temple. Il regardait intensément sa main. Puis se rendant compte que sa position était des plus inconfortables à cause des ailes de son armure, il entreprit de descendre de son piédestal. Après dix minutes, il s'arrêta, soufflant bruyamment.

- On dirait une tortue sur le dos, marmonna-t-il. Comment j'ai réussi à me mettre dans cette position moi ?

Il se tortilla un moment puis s'immobilisa en soupirant.

- Et pourquoi y'a que mon armure qu'a des ailes d'abord ! Bon, système D…

Il posta les mains de part et d'autre de sa tête puis tout en appuyant sur ses bras, il fit passer ses jambes au-dessus de sa tête. Il resta un moment dans la position du poirier sur sa stèle puis fit descendre ses jambes jusqu'à toucher le sol. Il garda les mains sur le piédestal.

- Ah… ça y est, j'me souviens comment j'ai atterri dans cette position…

Il resta un moment méditatif puis se redressa d'un bloc.

- Qu'est-ce que je m'ennuie ! Ils foutent quoi ces Berserkers ?! Faut que j'aille les chercher ou quoi ?



Elestre n'aimait pas particulièrement se battre. Mais sa fonction de chevalier divin ne lui donnait parfois pas le choix. Elle préférait largement les missions de reconnaissance et d'espionnage qui restaient aussi indispensables dans leur travail. Aussi, elle occupait Diomède le temps qu'un chevalier d'Athéna vienne prendre le relais et qu'elle puisse s'en tenir à un rôle d'observatrice.

Diomède était énervé à cause des paroles de cette femme. Mais sa colère s'accentua en constatant qu'elle ne se battait pas sérieusement. Elle esquivait tous ses coups et restait suffisamment près pour l'empêcher de lancer une attaque. Elle gardait sur le visage un air de profond ennui et lançait de temps en temps des coups d'œil vers la porte en marmonnant un :

" Qu'est-ce qu'ils foutent ? "

Diomède serra les dents… Lui, le Berserker du Meurtre se trouverait totalement impuissant devant cette femme ? Alors qu'elle n'était même pas particulièrement rapide !

- Vue ta vitesse, on dirait une mémé, lâcha-t-il exaspéré.

Le temps se suspendit un moment. Le silence fut complet. Puis des bruits de pas résonnèrent dans l'escalier…



Iphitos regardait avec attention l'horloge du zodiaque. La septième flamme était sur le point de s'éteindre et les Berserkers n'étaient pas encore sortis de la maison de Lion. Tartare le rejoignit et regarda dans la même direction que lui.

- Tu sais, ce n'est pas en la fixant qu'elle va s'éteindre plus vite !

Iphitos avait toujours les yeux braqués sur l'horloge et ne semblait pas avoir entendu le maître des Profondeurs. Tartare donna une claque sonore sur l'épaule du chevalier de l'Olympe puis levant la tête vers les flammes du zodiaque d'un air dégagé. Il se passa quelques secondes dans une immobilité totale…

- Aïe ! s'écria Iphitos en se tenant l'épaule.
- Que se passe-t-il ? demanda nonchalamment Tartare.
- Ben je sais pas… c'est comme si on m'avait frappé sur l'épaule !
- Qui aurait eu l'audace de te déranger durant l'examen minutieux de cette superbe horloge ?
- Je sais pas…
- T'as fini de te poser des questions existentielles, demanda Erginos en montant la dernière marche.
- Ben quelqu'un m'a frappé sur l'épaule…

Erginos regarda Tartare qui affichait un sourire innocent peu convaincant.

- Et je suppose que tu ne sais pas qui c'est…
- Ben non… Je me demande quand même, ajouta Iphy en braquant de nouveau ses yeux sur l'horloge.
- Oui ben, tu as eu deux heures pour y réfléchir ! Tu te demanderas une autre fois comment les flammes restent allumées quand il pleut ! s'exclama Erginos en lui prenant le bras et en l'entraînant vers les marches.
- Mais…
- Tu pourras toujours y réfléchir dans la salle du Grand Pope. Athéna veut nous parler.

Une fois les deux compères partis, Tartare regarda les flammes avec intérêt. Il ne s'était jamais posé la question en fait… voilà une bizarrerie qui aurait sa place dans sa collection privée ! Il faudrait qu'il négocie avec Athéna !

Sifflant d'un air satisfait, Tartare descendit les marches en cherchant l'endroit où il mettrait sa future acquisition… peut être entre sa fusée et son menhir…



Erik s'écrasa sur Oxylos qui lâcha un cri de douleur puis d'un bond, il se remit sur ses pieds. Ixion ne le regardait plus. Les yeux braqués sur la sortie de la maison, il paraissait contrarié de trouver Estelle entre lui et la porte.

- Tu es très forte, constata le Berserker d'un ton froid.
- N'est pas chevalier d'or qui veut, répondit Estelle en s'adossant au mur près de la sortie.
- Me laisses-tu sortir ?
- T'as vu la Vierge ? demanda Estelle avec candeur.

Ixion fronça les sourcils. Il y eu un raclement de gorge derrière lui et il se retourna pour voir Erik en position d'attaque.

- Tu n'es pas mort à ce que je vois…
- Ton ami a amorti ma chute, répondit Erik en désignant Oxylos qui râlait de douleur.
- Je n'ai pas d'amis… Je regrette que tu ne l'aies pas tué en tombant dessus d'ailleurs…

Les deux hommes s'élancèrent l'un contre l'autre. Evitant le poing du chevalier d'or, Ixion attrapa le bras de celui-ci et l'envoya vers le plafond. Il sauta pour le rejoindre, prit une seconde pour bien viser et frappa Erik qui alla s'écraser une fois de plus sur Oxylos qui était à présent totalement incrusté dans le sol.

Voyant que son compagnon ne se relevait pas, Estelle se redressa et défia le Berserker.

- Nous passons enfin aux choses sérieuses, dit Ixion avec satisfaction.



- Lâche-moi ! hurla Elestre en se tortillant dans les bras de Médéric.

Celui-ci essayait tant bien que mal de garder la jeune femme prisonnière. Elle essaya une nouvelle fois de se libérer puis leva brusquement les jambes et abattit ses talons sur les pieds de son compagnon. Sous le coup de la douleur, Médéric lâcha prise et elle en profita pour s'élancer sur Diomède.

- Ikki ! Attrape-la ! cria le chevalier de l'Olympe en sautillant.

Le Berserker à l'armure jaune pâlit et se ratatina sur lui-même. Rapidement, Ikki plaqua la jeune femme sur le sol, face contre terre et la maintint de tout son poids sur le sol.

- Je vais le tuer ! hurla-t-elle en tentant de se relever.
- Tu n'a pas le droit, répliqua Ikki en essayant d'attraper les bras qui le martelaient de coups. Médéric, dépêche-toi !

Le chevalier de l'Olympe arriva en boitillant puis posa la main sur la nuque d'Elestre.

- Je t'interdis de faire ça, cria la jeune femme. Je te le ferais…

Elle cessa de se débattre et les deux hommes soupirèrent de soulagement.

- Ça va ? demanda Ikki en s'asseyant sur le sol à côté d'Elestre.
- Elle m'a cassé plusieurs orteils, répondit Médéric en se laissant tomber de l'autre côté.
- Qu'est ce qu'on fait de lui ? se renseigna Ikki en désignant Diomède.
- Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais laissé Elestre continuer, répondit Médéric avec un sourire glacial.

Diomède se ratatina un peu plus sur lui-même. En moins de dix minutes, il avait vu sa vie défiler deux fois devant ses yeux. Il n'avait pourtant pas fait grand chose… Mais il était vrai qu'à présent, il se disait qu'il aurait mieux fait de rester avec Arès ou alors de laisser la jeune femme tranquille ou encore de prendre un congé maladie… Le tout était qu'il sentait très bien le reste de son corps tant la douleur dans la moindre parcelle de son être était intense, cadeau de la folle furieuse qui aurait probablement fini par le tuer après avoir cassé les rares os qu'elle n'avait pas encore réduit en miettes. A cet instant précis, Diomède regrettait de ne pas être un petit chef d'entreprise sans souci ou encore un employé voir même un chômeur… enfin n'importe quoi plutôt que là où il était. Il croisa le regard glacial de l'homme qui s'appelait Médéric et revit une nouvelle fois sa vie passer devant ses yeux. Elle était au bout de la troisième fois assez ennuyeuse en fait…

- Bah ! On laissera les chevaliers d'Athéna se débrouiller, annonça Médéric avec un geste vague de la main.

Les regards se tournèrent vers les trois corps qui gisaient non loin de là. Geamhradh, assis au milieu d'eux, leva la tête et rencontra deux paires d'yeux interrogateurs. Il pencha la tête sur le côté, cherchant à comprendre ce qu'on lui voulait.

- Ils vont être dans les vapes combien de temps ? demanda finalement Ikki.
- Hélas, je suis dans l'incapacité de le prédire, chevalier du Phénix. La Messagère Céleste a fait preuve d'une grande force lorsqu'elle les a assommés…
- Elle était énervée, c'est pour ça, répliqua Médéric.

Geamhradh haussa les épaules puis ses sourcils se froncèrent en regardant le chevalier de l'Olympe. Il se leva avec grâce et s'agenouilla près de lui. Il avança une main dorée vers la tête de Médéric puis descendit jusqu'à ses pieds pour réparer les os cassés.

- Merci, dit-il d'une voix neutre.

Des bruits de pas se firent entendre. Ikki et Médéric se levèrent d'un bond, prêts à tout. Des voix se firent entendre. Reconnaissant les voix de Théo et d'Arjuna, ils se rassirent et attendirent que les deux hommes aient passé la porte.

- Comment ça "C'est ta faute" ? disait le chevalier des Poissons. Je te signale que je leur ai demandé de revenir parce que notre amie aurait peut être envie de se défouler sur eux après qu'elle en ait fini avec le Berserker !
- Justement ! répliqua la voix d'Arjuna d'un ton sec. C'était ce qu'il fallait dire si on voulait qu'ils s'enfuient ! Mais c'est pas ce qu'on voulait !
- Je n'ai pas l'habitude de tuer quelqu'un qui ne souhaite pas se battre !
- Et c'est vous qui protégez la terre hein ?! Pas étonnant que vous êtes sans cesse attaqués avec des mentalités pareilles !

Les deux hommes cessèrent de parler en pénétrant dans le couloir de la prison où étaient leurs compagnons.

- Si j'ai bien entendu, les soldats d'Arès se sont enfuis ? demanda Médéric.
- J'en ai tué deux, répondit Arjuna. Pour toute réclamation, s'adresser à ce génie, ajouta-t-il en désignant Théo.
- Je m'insurge ! j'y suis pour rien si Elestre a pété un câble et qu'ils ont eu peur ! annonça le chevalier en réajustant ses lunettes.
- Bah ! Laissez tomber… ils vont sans doute déserter ou pisser dans leur froc la prochaine fois qu'ils verront Elestre…

Le silence s'installa. Au bout de quelques minutes, Médéric se releva puis épousseta le bas de son pantalon d'un air dégagé. Il regarda autour de lui, les mains sur les hanches.

- Mais merde ! Il est où Gany ?!



Arès regardait Earrach avec intérêt. Il était le portrait craché de l'autre. Bien sûr, le dieu ne remarqua pas que l'un avait les yeux d'un bleu vif alors que l'autre d'un vert profond ; ce genre de subtilité lui passait loin au-dessus de la tête. Il se tourna vers un homme aux cheveux noirs dont les yeux pétillaient d'intelligence. Il portait une simple tunique de velours vert foncé, une épée à la ceinture.

- On va en faire quoi de ça ? demanda l'Olympien en désignant l'elfe.
- Les elfes ont un profond sens de la famille… Ton prisonnier fera tout ce que l'on veut pour qu'il n'arrive rien à son frère.
- Son frère ?

Son vis-à-vis soupira de résignation. Arès n'était certes pas le dieu de l'intelligence, il le savait dès qu'il avait passé l'accord avec lui… mais voir à quel point ce n'était pas le cas le rendait mélancolique.

- Tu ne trouves pas la ressemblance frappante ?
- Mouais… répondit Arès d'un ton peu convaincu, persuadé que tous les elfes se ressemblaient de toute façon. Et on fait quoi là ?
- On attend que tes hommes nous ramènent le prisonnier.
- On peut pas tuer les chevaliers d'Athéna ?
- Les chevaliers de l'Olympe sont avec eux… répondit un autre homme perché sur un rocher. Ils ne vont pas tuer les Berserkers mais ils peuvent faire en sorte qu'ils aient besoin d'un fauteuil roulant pour le reste de leur vie… surtout depuis qu'ils savent que vous avez torturé Foghar…

Les yeux d'Earrach se posèrent sur l'homme, une lueur de reproche dans le regard.

- Quoi ? J'ai un bouton sur le nez ? demanda-t-il en se touchant avec précaution son appendice nasal.
- La ferme Tristan, répliqua le premier homme d'un ton sec.
- C'est le drame de ma vie… on m'empêche toujours de parler! J'invoque la liberté d'expression, continua-t-il en se levant et en tendant le bras comme un orateur. Je suis un homme et comme tel, j'ai le droit…

L'homme se tourna vers Tristan.

- Très bien, je me tais, dit rapidement le jeune homme en voyant le regard meurtrier de son vis à vis.



Estelle et Ixion se trouvaient au centre de la pièce, les mains jointes et le visage luisant de sueur sous l'effort pour ne pas reculer. Le chevalier du Lion sentait qu'elle ne tiendrait pas bien longtemps mais elle persévéra quand même. Elle vivante, jamais le Berserker ne passerait la porte de sa maison.

Erik se releva tant bien que mal. Il entendit un gémissement et regarda Oxylos qui était encore vivant.

- C'est increvable ces trucs là, murmura-t-il.

Puis, il regarda dans la direction d'Estelle. Elle semblait en difficulté… Ixion était d'une autre trempe qu'Antéros. Ce dernier utilisait la haine qu'on lui portait pour accroître son contrôle. Mais les attaques du Berserker à l'armure violette étaient plutôt d'ordre physique avec autre chose… mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Il épousseta son pantalon puis avança vers les deux adversaires d'un pas décidé. Il n'était pas dit que lui, Erik, chevalier d'or du Cancer perdrait… ou qu'il laisserait la victoire à une femme.

- Je… commença-t-il.

Estelle perdit sa concentration durant un millième de seconde. Cela suffit à Ixion pour prendre le dessus. Il déplaça légèrement son corps pour pouvoir déséquilibrer la jeune femme. Tandis qu'elle essayait de retrouver son aplomb, Ixion dégagea ses mains et la frappa violemment sous le menton qui la souleva du sol. Le Berserker mit ensuite ses mains l'une contre l'autre sur son front, paume vers l'avant, les jambes écartées et un sourire satisfait aux lèvres.

- Récrimination!

Estelle reçut l'attaque de plein fouet sans pouvoir rien faire. Elle percuta le plafond puis s'écrasa lourdement sur le sol, face contre terre.

Ixion regarda son œuvre un instant avant de se diriger vers la sortir.

- S'ils sont tous de cette trempe, ça va être plus facile que prévu… dit-t-il en riant.
- Eh! s'écria Erik en se plaçant devant lui. Il ne faudrait pas m'oub…

Sans s'arrêter, Ixion attrapa le visage du chevalier et l'écrasa sur le mur près de la porte. Erik s'affala sur le sol. Il lui fallut une seconde ou deux pour retrouver ses esprits. Il secoua la tête puis parvint à se lever. Il s'apprêta à poursuivre le Berserker quand un remord s'insinua en lui. Il se retourna et regarda le corps d'Estelle. Il hésita encore un moment avant de s'avancer vers elle. Si elle était morte, c'était de sa faute… comme le Général de Poséidon…

- J'arrive en renfort! retentit une lourde voix précédent l'arrivée d'Aldébaran.

Le chevalier du Taureau s'arrêta devant le tableau qui s'offrait à lui. Il regarda tour à tour Erik et le corps d'Estelle puis croisa les bras.

- Je le savais! Tu portes la poisse!
- Quoi? s'exclama Erik, déboussolé.
- Ose me dire que c'est pas de ta faute si elle est dans cet état?!

Erik fit une grimace et regarda Estelle avant de revenir sur Aldébaran, l'air désespéré.

- Donc, tu portes la poisse… ou sinon, t'es nul… ou alors un cas désespéré… ou encore…
- Bon ça va! s'écria Erik. J'ai compris.
- Assume mon pote!
- Dites… vous pouvez arrêter de parler aussi fort? gémit une faible voix.

Les deux hommes regardèrent le corps d'Estelle se relever. Elle bougea légèrement la tête avant de retomber.

- Ça vous dérangerait pas de m'aider? demanda-t-elle après quelques secondes.

Les deux hommes avancèrent et l'attrapèrent chacun par un bras.

- Doucement, dit-elle les dents serrées. J'ai mal partout! Et en plus, j'ai un horrible goût dans la bouche!

Les yeux des deux hommes étaient braqués là où elle se trouvait. Elle se retourna pour découvrir Oxylos.

- Il est bien mort cette fois, annonça Erik.
- Et il est mort heureux, ajouta Aldébaran.
- J'ai envie de vomir! s'exclama Estelle.

Après avoir soulagé les relents de son estomac, Estelle regarda l'état de sa maison en grimaçant.

- Bon! Allons-y! s'écria Aldébaran en se tournant vers la porte menant à la maison suivante.

Ces deux amis hochèrent la tête. Tandis qu'Aldébaran avançait à petits pas en se tenant les côtes, Estelle essayait de garder l'équilibre malgré son boitillement. Erik se tenait la tête en espérant que le sifflement de ses oreilles s'arrêterait avant que les autres arrivent à la première marche… ce qui lui laissait quand même un sacré bout de temps…



Ganymède fronça les sourcils. Il regarda autour de lui avec intérêt.

- Oh! Une Pteridium aquilinum! s'exclama-t-il en désignant une plante. Et là, une…
- Tu peux passer le cours de botanique pour passer à celui de géographie? demanda Anou avec colère.
- Moi, je vois qu'une fougère, murmura Derek en penchant la tête.
- Nous ne sommes pas perdus, répliqua Gany en haussant les épaules. C'en est une, ajouta-t-il à l'adresse du chevalier d'or.
- Je confirme, dit Thierry en s'asseyant sur une souche.
- Tu confirmes quoi? demandèrent Derek et Anou à l'unisson.
- La totalité de ce que vient dire Gany! C'est bien une fougère… plus précisément une fougère aigle dont le nom latin est…

Il s'interrompit en voyant le regard meurtrier du Général de Scylla.

- Et nous ne sommes pas perdus, ajouta-t-il rapidement.
- On est quoi alors?
- Il me semble que nous sommes guidés, annonça Samhradh d'un ton méditatif en sortant de derrière un arbre.
- C'est ce que j'allais dire, annonça Thierry en hochant la tête de satisfaction.
- Par qui?
- Ceci est une bonne question…
- C'est ce que j'allais dire aussi!

Ganymède s'avança un peu dans les bois puis fit signe à ses compagnons d'approcher en silence. Se penchant derrière l'épaule du chevalier de l'Olympe, ils purent distinguer des mouvements à la lisière de la forêt.

- Ils nous ont entendu? demanda nerveusement Anou.
- Je ne crois pas… Nous allons nous approcher en silence.

Les cinq hommes avancèrent à la queue leu leu en prenant soin de ne faire aucun bruit. Quand ils furent assez près, ils se tapirent derrière des fourrés et observèrent la scène devant eux.

Des soldats d'Arès reprenaient leur souffle avec difficulté comme s'ils avaient couru à toute vitesse. L'un d'eux lança un coup d'œil apeuré derrière lui.

- Je crois qu'ils ne nous suivent pas, souffla-t-il.

Ses compagnons se contentèrent d'un regard dans la même direction que leur confrère.

- Ils sont tous cinglés, ajouta le soldat.

Il y eut un assentiment général.

- Et si Arès apprend qu'on s'est enfuis, il va nous tuer…

Un frisson parcourut les hommes.

- Nous avons donc trois alternatives… Soit laisser les cinglés nous tuer, soit laisser Arès nous tuer ou alors…

Ils s'entre-regardèrent et acceptèrent la dernière solution avant même de l'avoir entendue.



Elestre se retourna pour serrer la cape qui lui servait d'oreiller dans ses bras puis poussa un soupir. Les chevaliers d'Athéna et de Poséidon se tournèrent vers elle.

- Elle va dormir encore longtemps? demanda Orien avec impatience.
- Oh oui, répondirent Ikki et Médéric en même temps, approuvés avec véhémence par Geamhradh.
- Je vous serais assez reconnaissant de parler moins fort, murmura Tanion.
- Ben pourquoi, demanda Théo en regardant autour de lui, soupçonneux.
- Parce que j'ai mal au crâne, lui répondit doucement le chevalier d'or des Gémeaux en plaçant ses doigts sur ses tempes.
- La gueule de bois hein! s'écria le chevalier des Poissons en claquant fortement l'épaule de Tanion.
- Et gnagnagna, et vas-y que je me moque, marmonna ce dernier.

Arjuna était assis face à Diomède et l'examinait avec des yeux calculateurs. Le Berserker, lui, faisait tout son possible pour ne pas croiser son regard. Il commençait à voir sa vie défiler pour la quatrième fois et il aurait préféré voir un meilleur film.

- On en fait quoi de lui? demanda le Général de Chrysaor.
- Je sais pas, répondit Médéric. Tu veux en faire quoi?
- Des tas de choses déplaisantes pour lui, dit Arjuna avec un sourire carnassier.

Ikki et Médéric se lancèrent dans un dialogue muet qui échappa totalement à leur compagnon… sauf peut être à Geamhradh s'il avait regardé dans leur direction.

- C'est une idée stupide, annonça Ikki en croisant les bas.
- Pas tant que ça! Tu la connais!
- On verra bien…

Médéric s'avança vers Diomède.

- Tu peux t'en aller!
- C'est vrai? s'écria Diomède en arrêtant le film de sa vie à ses 12 ans.
- C'est vrai? demanda Arjuna avec déception.
- Mais oui! répondit Médéric avec un sourire froid. Et si tu veux rejoindre Arès, tu peux aussi!
- Quoi? s'écrièrent les chevaliers d'Athéna.

Diomède se leva prestement puis retomba à terre en se tenant les côtes. Il se leva de nouveau mais avec précaution cette fois. Il passa près d'Arjuna, fit un grand détour pour éviter Elestre puis se dirigea vers la porte.

- Oh! Pendant que j'y pense, reprit Médéric en regardant ses ongles avec intérêt - Diomède se retourna - Comme notre ami est toujours prisonnier, il est clair que l'on va poursuivre Arès avec Elestre et les autres… Et, ajouta-t-il en appuyant chaque mot, elle est très rancunière…

Médéric lança au Berserker un sourire de prédateur. Celui-ci pâlit énormément. Il regarda dans la direction de la jeune fille puis dans celle de Médéric. Il passa de l'un à l'autre avant de se retourner et de sortir de la prison le plus vite possible. Il paraissait que Tombouctou était très bien à cette période de l'année…



Iphitos et Hermès étaient assis devant le trône du Grand Pope autour d'un damier.

- Et ça? J'ai le droit? demanda Iphitos.
- Non… Tu es vraiment nul aux échecs! Pourquoi t'obstiner?
- Parce que comme ça, Athéna arrêtera de me poser des questions débiles telles que "Poséidon a une petite amie?", murmura le chevalier de l'Olympe.
- C'est vrai que ces innombrables réincarnations ne l'ont pas arrangée, approuva Hermès à voix basse.
- Eh! Je te permets pas! C'est ma déesse quand même!
- Tu as du mal aussi avec la conjugaison…

Tandis qu'Iphitos cherchait ce que le dieu avait voulu dire, Hermès se leva puis s'étira avant de se tourner vers sa sœur qui, manifestement, s'ennuyait à mourir.

- Je vais aller à Hel pour prendre des nouvelles, annonça-t-il. Où est Poséidon?

Athéna désigna la pièce derrière elle, le visage morne. Ce n'était pas que cela l'intéressait particulièrement mais Hermès avait toujours été curieux, aussi alla-t-il dans la direction indiquée. Il y trouva Poséidon et Richard penchés sur une grande feuille de papier. Il s'avança silencieusement et jeta un coup d'œil.

- Et là, disait le dieu des Océans, j'ai renforcé les colonnes, au cas où quelqu'un se mettrait en tête de les détruire de nouveau!
- Vous devriez faire ces passages plus étroits, répondit Richard d'un ton d'expert en désignant un point sur la carte.
- Vous croyez?

Connaissant tout ce qu'il y avait à connaître sur l'architecture du Sanctuaire sous-marin, Hermès fit demi-tour et se dirigea vers la salle du Grand Pope. Et alors qu'il passait la porte, il disparut…



Le groupe de Ganymède avançait en silence, tous les sens en alerte. Ils arrivèrent près d'une clairière. Avec précaution, ils s'approchèrent et se tapirent derrière les arbres.

Un homme et une femme parlaient avec animation.

- Comment ça tu ne sais pas où il est? s'écria l'homme.
- Je ne suis pas ta gardienne de prison, répliqua la femme d'un ton revêche.

Elle avait de longs cheveux blancs ainsi que des yeux d'un bleu très pâle. Elle portait une longue robe noire et avait la peau cireuse des personnes malades. Elle regarda l'homme aux cheveux noirs avec détermination. Elle semblait le respecter mais il avait dépassé les bornes et elle n'acceptait plus ses ordres.

L'homme marcha un moment de long en large. Tout d'abord, il avait dû se colletiner un abruti qui n'arrivait pas à fermer sa bouche plus de trente secondes, ensuite, par la force des choses, il s'était allié avec un imbécile patenté qui était incapable de faire la différence entre enlever quelqu'un et torturer quelqu'un. Et alors qu'il pensait pouvoir trouver du soutien du côté de sa famille, il se rendait compte que ce n'était pas le cas! Tout d'abord, Fenrir qui refusait de bouger de peur d'abîmer son beau collier (il faudrait qu'il pense à lui expliquer que c'en n'était pas un), puis Jormungand qui ne voulait pas sortir par ce froid de peur que cela gèle le lustrage de ses écailles et maintenant Hel qui lui disait de partir de son royaume parce qu'ils faisaient trop de bruit et, en plus, elle faisait tout pour aider les chevaliers! Un comble! Il se massa un moment les tempes. Heureusement pour lui qu'il avait un QI largement au-dessus de celui de la plupart des dieux. Après quelques secondes, il redressa la tête. Il avait trouvé une solution. Finalement, ça ne changeait pas grand chose à son plan initial… mais ça le contrariait un peu quand même! Il se retourna vers la femme.

- Très bien! Nous partons dans vingt minutes.
- Cinq, annonça la femme.
- Dix!
- D'accord.

Tandis qu'elle s'éloignait, l'homme secoua la tête. C'était vraiment pas son jour! Si le Triskel n'en valait pas la peine, il massacrerait tous ceux qui seront près de lui! Parce que là, ras le bol! Et c'est d'un pas rageur qu'il s'éloigna de la clairière.

Ganymède attendit un moment avant de se retourner vers ses compagnons.

- Bien! Voilà qui confirme nos soupçons!
- Moi j'ai rien compris, annonça Anou.
- Pas grave.
- Mais…
- Samhradh, essaie de contacter l'un de tes frères pour les prévenir qu'on peut récupérer Foghar mais qu'on a que dix minutes.
- J'aimerais bien, mon ami, répondit l'elfe d'un ton contrit. Hélas, je ne parviens pas à me lier!
- Toujours pas? demanda Gany avec embarras.
- J'en ai bien peur.
- Bon, on va devoir se débrouiller tout seul alors…



Le tapis de la salle principale du palais de Tartare ondula puis se souleva, prenant la forme d'un corps humain. Les couleurs vives qui l'ornaient changèrent lentement. Des cheveux d'un noir d'ébène poussèrent jusque atteindre ce qui ressemblait maintenant à des pieds. D'un pas nonchalant et tout en s'étirant, le maître des lieux se dirigea vers son trône. Il se retourna vers la pièce qu'il engloba du regard puis s'affala lourdement dans son trône, passant négligemment une jambe par-dessus le bras du fauteuil. Il balança un moment sa jambe dans le vide puis émit un soupir bruyant. On frappa timidement à la porte qui s'ouvrit sans attendre de réponse.

- Y'a quelqu'un qui veut vous parler, vo'te majesté, dit un nain en entrant et en émettant ensuite un rot sonore.

Le visage de Tartare se rembrunit. Il aurait tout fait pour ne pas avoir de "valet" comme se désignait le nain. Ce dernier était plus qu'un pot de colle. Mais Earrach l'avait regardé avec son regard qui semblait attendre quelque chose et le maître des Profondeurs avait cédé. Et à présent, il avait à son service un Niebelung qui ne savait pas aligner deux phrases sans dire deux ou trois insultes.

- De qui s'agit-t-il? demanda finalement Tartare d'un ton las.
- Oh p'tain! J'lui ai pas demandé! Ça me troue le c…
- Oui bon, ça va! Fais le entrer, Andvari!
- Ok mec… euh… vo'te majesté, j'veux dire.

Le nain trottina jusque la porte et se mit à hurler.

- Oh! T'entres mais si tu fais chier sa majesté, j'te fracasse la tête! Foi de Niebelung!

Canon passa la porte qu'il entreprit de fermer malgré la résistance d'Andvari. Après avoir balancé un coup de pied au visage du nain, il rabattit prestement le battant de la porte et plaça la barre de fer. Puis, lentement, il se tourna vers Tartare.

- Je croyais que tu allais t'en débarrasser?

Le maître des lieux fit un geste vague de la main tandis qu'on entendait le Niebelung cogner vigoureusement à la porte.

- Où sont-ils? demanda abruptement le chevalier.
- Presque à la maison de la Vierge.
- Pas les Berserkers! Comme si ça pouvait m'intéresser!
- Dans la salle du Grand Pope en train d'éluder les questions d'Athéna, répondit Tartare après un moment de réflexion.
- … Tu te fous de moi ou quoi?
- C'est fort probable…
- J'vais te… commença Canon en s'avançant menaçant vers le trône.

Il s'arrêta en constatant que le martèlement de la porte avait cessé. Il se tourna vers la porte juste à temps pour l'éviter quand elle vola dans la pièce.

- Z'avez rien vo'te majesté, cria Andvari en entrant.
- Ma porte! s'étrangla Tartare.
- Ça s'arrange pas… murmura Canon en se redressant.



Hermès regardait autour de lui avec intérêt. Il n'avait jamais eu la mauvaise surprise de découvrir qu'il ne pouvait pas entrer quelque part comme il le souhaitait et de la façon qu'il voulait. Aussi se retrouver devant de Niflheim sans pouvoir y rentrer comme il le faisait d'habitude, ça l'intriguait… voir même, ça l'énervait. Il haussa les épaules puis revient dans la réalité. Il passa la brume marquant l'entrée du monde de Hel et revint dans une réalité alternative. Il regarda derrière lui. Comme c'était étrange… et intéressant! Il lui fallait à tout prix découvrir comment le maître des lieux parvenaient à faire ça! Et, bien sûr, trouver un moyen de le contourner!

Il regarda un moment autour de lui puis grimaça. C'était loin d'être un paysage de conte de fée. La terre noire que le vent soulevait, l'air sec et froid qui transperçait le corps et la forêt noire et inquiétante devant lui… Il n'y avait pas à dire, Hel avait un goût impeccable pour créer la bonne ambiance chez elle.

Hermès mit les mains sur les hanches. Premièrement, trouver pourquoi il ne peut pas traverser la brume comme il veut et comment faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Deuxièmement, aller aux nouvelles dès qu'il aurait deux secondes…

L'ordre de ses priorités posé, il se suspendit dans le vide puis croisa les jambes pour flotter vers la forêt en sifflotant un air entraînant.



Ganymède et ses compagnons arrivèrent près de l'endroit où Arès et ses complices se trouvaient. Foghar se tenait devant ces derniers, l'air furieux.

- Dites-moi où se trouve l'être de mon sang, vil dieu!
- J'comprend rien à ce qu'il baragouine, dit un Berserker.
- Il veut savoir où est son frère, annonça l'homme aux cheveux noirs d'un air las.
- En lieu sûr, l'elfe, annonça Arès en prenant un air digne.

L'homme aux cheveux noirs secoua la tête puis s'avança vers Foghar.

- Si tu nous apportes l'assistance que l'on souhaite, il ne lui sera rien fait.
- Je ne puis croire en votre parole, dieu fourbe, répliqua Foghar.
- Je vous donne ma parole! La parole de Loki est d'or, c'est bien connu.

Foghar sembla réfléchir un moment.

- Très bien, reprit l'elfe d'une voix forte, je vous conduirais à Awnn. Mais j'ai bien peur que nous ne puissions y aller si nombreux. Il vous faut trouver un autre moyen, ajouta-t-il en insistant sur les derniers mots.
- Ne t'en fais pas pour ça.

Loki, Arès et Foghar s'éloignèrent encadrés par six Berserkers.

Derek voulut s'avancer d'un pas mais Ganymède le retint.

- On ne les suit pas? On devait récupérer votre ami et les empêcher d'aller à Awnn!
- Je sais tout ça. Mais ils ont Earrach…
- C'est peut être l'autre… Geam-machin, répliqua Anou. Et d'après ce que j'ai compris, il sait se défendre!
- Foghar a dit "l'être de mon sang", expliqua Thierry. Il faisait donc référence à son jumeau direct.
- Et il a dit "Awnn", ajouta Ganymède. Appeler les choses par leur nom n'est pas dans ses habitudes… donc il veut qu'on trouve un moyen pour y aller…
- Ben, on a qu'à utiliser les autres elfes, dit le Général en haussant les épaules.
- J'ai peur que cela soit impossible, répondit Samhradh d'un air gêné.



Canon envoya voler le nain vers le mur le plus proche. Andvari se retourna et prit appui sur le mur pour s'élancer sur l'ancien chevalier qu'il attrapa au cou. Canon essaya de le décrocher mais la prise du Niebelung était légendaire.

Dans son coin, Tartare regardait sans intervenir. Il trouvait la situation très cocasse. Canon devait tout de même être content qu'Andvari n'ait pas sa hache avec lui.

- Tu vas me lâcher, ornement de jardin, hurla Canon en tâchant de se libérer.
- J'vais t'arracher la tête, s'pèse de ver de terre plein de merd…

Les cris avaient attiré Saga qui attendait son frère à l'extérieur. En voyant la scène, le chevalier se tourna vers Tartare en fronçant les sourcils.

- J'y suis strictement pour rien, se défendit le maître des Profondeurs.
- Tu pourrais intervenir…
- Je ne vois pas pourquoi je ferais cela! Je trouve cette situation très amusante.
- Elle le sera encore plus lorsque j'en aurais parlé à Elestre…

Tartare soupira et se leva lentement. Il toussota puis prit une pose censée symboliser la puissance. Il se concentra et appela le tonnerre avant de parler d'une voix forte et profonde.

- Cela suffit! Cessez ces simagrées de par-devant moi!

Andvari lâcha le cou de Canon et baissa la tête, penaud.

- Veillez à réparer vos méfaits, ajouta Tartare en désignant la porte.

Le Niebelung fit un semblant de révérence et s'empressa d'aller chercher les outils adéquats.

- Content? demanda le maître des Profondeurs en reprenant sa pause favorite sur son fauteuil.
- Oui, répondit Saga en souriant.
- Et ben pas nous, s'écria un Seiya trempé en entrant dans la pièce, suivi de tous les autres chevaliers, trempés eux aussi.



Hermès entra en souriant dans le couloir des cachots. Il vit alors la plupart des chevaliers présents en position de combat.

- Eh Oh! s'écria-t-il. On se calme les petits!

Ikki fit signe à ses compagnons de ne pas intervenir. Médéric s'avança.

- Qu'est-ce que tu fous là? demanda-t-il avec froideur.
- Toujours aussi aimable… Je suis là sur la demande d'Iphy.
- Mmmm… grogna le chevalier de l'Olympe.
- De plus, dois-je te rappeler que je suis l'un des dieux de l'Olympe? J'aimerais que faute de m'aimer, tu arrêtes de me parler ainsi…

Médéric lança un regard meurtrier à Hermès, les poings serrés. Le dieu sut qu'il ne devait pas en dire plus s'il tenait à garder ses dents intactes encore quelques siècles. Il se tourna résolument vers la jeune femme allongée sur le sol. Il s'agenouilla près d'elle et lui toucha doucement l'épaule. Elestre grogna et se retourna.

- Je crois qu'on va devoir la transporter… annonça Hermès en se relevant.
- On ne sait pas où est Gany, intervient Ikki sentant la fureur muette de Médéric et le malaise des chevaliers.
- Il nous attend dehors avec les autres.



Ixion voyait enfin le bout des escaliers. Il s'arrêta un moment et regarda derrière lui. C'était lui où ils étaient de plus en plus longs à mesure qu'il progressait? Il haussa les épaules et entra dans la maison de la Vierge. C'était Célaeno qui l'avait occupée mais maintenant que la harpye était morte elle était soit vide, soit gardée par un Général. Ça sera du tout cuit.

Il s'arrêta sur le seuil et marcha calmement vers le centre de la pièce. Assis sur une stèle, les deux jambes dans le vide, un homme en armure dorée regardait avec tristesse un flacon. Au bruit des pas du Berserker, Vince soupira et la posa à côté de lui. Il regarda Ixion qui s'était arrêté puis se mit sur pieds.

- Je te préviens tout de suite! J'ai pas bu une goutte d'alcool et je suis de très mauvaise humeur!

Chapitre précédent - Retour au sommaire

www.saintseiya.com
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.