Chapitre 4 : Le marché


Chacun partagea son être.
Le chant s'amplifia.

C'est alors que le cosmos de Seiya entra en éruption.

Non pas le cosmos immatériel, mais le réel. Il n'avait rien de commun avec la vibration qu'il émettait à l'état d'esprit.
Absolument rien.
En un instant, en une fraction de seconde, le temps d'un battement de cils, d'un battement de cœur, il était passé de rien à presque… tout.
Sa puissance irradiait, enveloppait, protégeait.
Chacune des personnes en vie ou en état de percevoir le phénomène s'immobilisa, saisie. Après un mouvement de recul bien compréhensible, les quatre chevaliers et leur déesse ne pouvaient détacher les yeux de cette douce tempête qui les environnait. Ils n'étaient pourtant pas loin de l'épicentre.
Car ce cosmos émanait du corps de Seiya. Ce corps prés duquel ils été agenouillés. Il en était le centre.
Leur deuxième sentiment, celui qui se fraya un passage à travers un total étonnement, fut de la crainte et de l'émerveillement.
Car c'était simplement prodigieux.
Le cosmos passait par toutes les nuances de bleu, une variété si infinie que Saori, encore sous le coup de la surprise, incapable de réaliser ce qu'elle était en train de vivre, se demanda distraitement si elle avait déjà vu une telle palette sur terre.
Le cosmos passa aussi par le noir, durant quelques secondes. Puis il regagna une teinte azurée, pure, belle et troublante.
Il était la pure et simple expression des sentiments de celui qui le générait.
Ça ne pouvait pas être. Seiya était mort.
Et pourtant cela était.
Chose encore plus incroyable, Shaka n'eu pas besoin de préciser quoi que ce soit à ses onze compagnons. Car d'un coup, ce cosmos leur donna la mesure de ce qui se passait prés d'eux. Et aussi de la démesure de ce à quoi ils étaient en train d'assister. Ils avaient immédiatement eu la perception de l'ensemble de l'Hadès.
Les chevaliers d'or n'en revenaient pas. C'était comme si leur vue, leurs sens leurs étaient rendus d'un seul coup. Ils pouvaient apprécier, évaluer.
Et ce n'était pourtant pas de leur fait

Ikki, Shiryu, Shun et Hyoga contemplaient, bouche bée, ce qui se passait autour d'eux. Ce cosmos tant de fois ressenti, tant de fois abattu et tant de fois ranimé, le voila qu'il palpitait autour d'eux plus brillant et plus solide qu'il ne l'avait sans aucun doute jamais été.
Il s'était mêlé sans heurs à celui qu'ils avaient généré, le soutenant sans pourtant l'entraver ni l'étouffer. Il était simplement devenu le sixième cosmos d'un tout.
Il leur communiquait sa force.
Du coup, Ikki et Hyoga laissèrent échapper leurs larmes sans s'en rendre compte. Vraiment impossible de retenir quoi que ce soit.
Ce qui se passait remplissait leur cœur de plénitude, mêlée de vagues de joie
Ils étaient totalement épuisés. Leurs jambes ne les soutinrent plus. Shiryu et Hyoga s'affaissèrent prés de Shun. Seul Ikki resta à genoux, les yeux fermés.
Il appréciait pleinement tout comme ses frères, la passionnante et infinie variété de cette énergie.
Il fut peut être le seul, avec Athéna, à ce demander comment ce qu'il voyait était possible. Les trois autres n'en avait cure. Ils étaient éblouis.

Athéna s'était redressé brusquement. Elle s'attendait à tout, mais ça, ça… A l'apparition de ce cosmos dont elle croyait connaître les moindres variations, son cœur avait raté un battement. Il entamait maintenant dans sa poitrine une sarabande effrénée, donnant sa propre version d'un chant d'émerveillement.
Elle aussi était éblouie. Elle croyait le connaître, ce cosmos. Elle l'avait tant de fois entouré, protégé, effleuré… Quelle erreur. Il donnait maintenant sa pleine mesure, doux, bienveillant, chaud, téméraire et si peu prévisible, tout compte fait.
Sa propre aura s'était harmonisée sans peine avec celle qui venait de naître.
Et tout comme Ikki, elle se demanda par quel miracle un phénomène avait pu se produire.
Car il défiait sans conteste chacune des lois terrestres.
Elle se sentait entourée, aimée, protégée, rassurée. Elle se sentait… libre.
Le coté ironique de ce sentiment, alors qu'ils étaient tous prisonniers des enfers, ne l'effleura pas une seule seconde.
Ce cosmos l'avait débarrassée de sa peur.
Elle était.
Brusquement, elle sentit une chose.
Elle et ses chevaliers étaient loin d'être seuls.
Il y avait quelqu'un d'autre. Plusieurs autres.

C'est ça, la mort d'un dieu ? C'est vraiment ça ? Mon mais, quelle blague, quelle vaste fumisterie. Si c'est ça, qu'on me retire immédiatement toute perception, tout rêve, tout cauchemar.
Car c'est un véritable cauchemar qui se déroule face à moi.
Je dois vraiment être mort. Ce genre de chose ne peut exister, c'est impossible. Non mais, on pourrait avoir des rêves un tant soit peu réalistes, tout de même !
Ah, non, tiens, j'ai encore mal.
Je ne dois pas être mort.
Mais par tous les dieux de l'Olympe, tous les humains, tous les damnés des Enfers, et les démons du tartare, que se passe t'il ici, à la fin ??????
Si j'avais su, j'aurais laissé Athéna tranquille, tiens !
Bon sang, il y a encore du nouveau !
Les vibrations de cet étrange cosmos m'ont fait entrevoir quelque chose de franchement pas clair.
Douze âmes errent par ici !!! Ça c'est encore plus dingue !
C'est vrai, non, ce n'est pas impossible. C'est peut être la chose la moins naturelle que j'ai vue depuis longtemps, mais c'est sans doute la plus compréhensible de tout ce qui a pu se dérouler ici durant les dix dernières minutes …
Attendez voir, j'ai dit douze ??

- Salut tout le monde !!

Ça, comme entrée en matière, c'était réussi. Indéniable. Inimitable, et volontairement inimité, on comprend pourquoi. Du Seiya tout craché !
La vibration générée s'adressait aux chevaliers d'or. Imperceptible des vivants.
Ayor, Ayoros, Shura, Milo et Aphrodite sursautèrent.
Dokho fronça ce qui lui tenait lieu de sourcils.
Camus, Shaka et Masque de Mort ne bronchèrent pas d'un pouce.
Mu, Saga et Aldébaran sourirent.

- Trêve de discours, j'ai peu de temps. Je vais vous faire repartir.
- Attends… !!
- Qu'est ce… ???
- Que… !?
- T'as dit quoi ???
- T'es malade ?!
- Ça veut dire quoi ???

Pour le coup, chacun fut d'accord pour réagir de la même façon. Par dans les même termes, d'accord, mais la réaction fut unanime.
D'un seul coup, ils furent tous en contact avec le cosmos. Non pas en surface, mais pleinement. Il les envahissait, les enveloppait, les emportait. C'eut le mérite de couper la parole à plus d'un.

- J'ai anesthésié vos corps. Shaka, Mu, je compte vous propulser tous ensemble dans les dimensions. A vous de découvrir comment vous en sortir. Et gare à l'atterrissage. Je vous demande simplement de rester en vie. Je sens que mon cosmos ne va pas tarder à lâcher.
- Attends…
- Adieu ! Protégez la Terre. Secondez Athéna. Comme vous l'avez toujours fait.

Puis ce fut un véritable ouragan qui se déchaîna. Simple vibration pour les vivants, il ployait pourtant les âmes et les dirigeait. Les soulevait, les réunifiait. Les sens récemment retrouvés des chevaliers d'or furent saturés en une fraction de seconde. On aurait dit qu'une force prodigieuse écrasait ce qui restait d'eux.
Il y eu comme un craquement.

A peine perçues, à peine disparues.
Je dois bien me rendre à l'évidence.
Shaka m'a dit qu'il faisait partie de la fratrie dorée. C'est donc bien qu'ils étaient encore présents.
Si je ne les sens plus, c'est donc…

Seiya s'épuisait. Propulser des âmes dans des corps, et les propulser eux dans les dimensions, c'est éreintant. Il avait piqué l'arcane à Saga au passage. Quand à savoir qui lui avait enseigné le réveil des corps… Peut être Hadès, en fait, à son corps défendant. En fait, les âmes et les corps ne demandaient qu'à être réunis. Ils n'auraient simplement pas du se trouver dans le même lieu en même temps.
Pas le temps.
Athéna
Ikki
Shiryu
Shun
Hyoga
Vite.

Les enfers se désagrégent.
Des blocs de roc se soulevèrent du sol, d'autres chutèrent de la voûte. Le vacarme et les chocs s'en vont croissants.
Les cinq vivants et par répercussion le sixième sont pour l'instant protégés par cet étrange cosmos.
Seiya se prépare à agir une seconde fois.
Son cosmos flamboie littéralement.
Comme la dernière flamme que jetterait une bougie.
Un papillon de l'immatériel va se brûler les ailes à vouloir entrer en contact avec les rayons lumineux du réel !

Je dois me dépêcher. Il me faut faire vraiment vite. Je dois les diriger correctement. Il faut qu'ils vivent. Il faut qu'elle vive.

- Attends.

Cette voix…
C'est lui !!! Comment ose t'il !!!

- Pas Andromède ni son frère.
- Quoi ?

Vite, vite. Pas de temps à perdre. Occupe toi seulement d'eux.

- Saori, Shiryu, Shun, Ikki, Hyoga

Ce murmure. Qu'il était doux à entendre au creux de chaque oreille. Ils étaient encore entre épuisement et émerveillement.
Ils étaient loin d'être prêts.
Mais qui le serait d'ailleurs dans cette situation ?
Seule Athéna serait capable de les ramener.
Si on lui donne l'impulsion pour partir d'ici. Pour s'arracher à ce lieu qui partait en lambeaux.

- Je vais vous faire partir. Athéna vous guidera, fit le murmure.
- Quoi ?
- Faites moi confiance.

Mais Athéna fut soudain saisie de doutes. Elle seule avait encore la capacité de réagir.

- Et toi ?
- Accrochez vous, répliqua Seiya, sans répondre à la question.
- Réponds, lança la déesse saisie de crainte.
- Je ne peux pas. Adieu !

Et le cosmos s'éleva, s'intensifia.

- Arrête, non, SEEEEIYAAAAAA…

Le cri de Saori fut noyé dans un maëlstrom de pensées, d'images, de bruit. Le fracas était insoutenable, la tempête était déchaînée.
Mais Seiya devina sans peine son sens.
Il ne s'attarda pas. Il ne pouvait pas s'attarder.
Les cinq corps de ses compagnons furent soulevés de terre. Il y eu de nouveau un craquement.
A l'instant ou Seiya allait les propulser dans le triangle dimensionnel crée, il réentendit la voix. Qui avait un ton nettement suppliant cette fois.

- Pas Andromède ni son frère.

En une fraction de seconde, il avait pénétré son esprit. Tout comme Shaka. Et ce qu'il y vit….
Et instinctivement, il obéit.
Allez savoir pourquoi.
Deux corps tombèrent sans douceur sur le sol prés de celui qui n'avait pas bougé. Les trois autres disparurent.
La faille se referma. Elle n'avait existé que le temps d'accomplir son office.
C'était fini. Ça n'avait pris qu'une dizaine de secondes, depuis que sa colère l'avait soulevé.
Mais il avait réussi.
Complètement.
Ce qui allait arriver maintenant n'était plus de son ressort.
Et le cosmos de Seiya passa du tout… à rien.

Par contre, deux têtes s'étaient tournées vers Hadès. Tellement ahuries que ça en chassait toute lassitude.

Eh, pour un effet final, c'est plutôt pas mal.
Deux temps, trois mouvements, et on en parle plus.
Là, pas la peine de le cacher, je suis éberlué. Je ne trouve pas de mots assez forts…
Les grains de sable ont décidément la vie dure. Ce chevalier Pégase n'aura dont jamais fini de provoquer ma curiosité ? Tout ça a duré, quoi… dix secondes ?
Et en dix seconde il a réussi à faire infléchir le destin de dix sept personnes.
Devrais-je dire de dix huit ?
Trêve de plaisanterie.
Vous vous demandez pourquoi, hein ? Allez, ne mentez pas. A qui d'autre pourrais je poser la question qu'a vous ? Pourquoi j'ai retenu ici Andromède et Phœnix ?
Vous voyez bien, vous êtes tout aussi curieux que moi. Le pourquoi de ma demande à ce Seiya ?
Parce que je sais maintenant ce qu'il me reste à faire. Et foi de dieu des enfers, c'est peut être la seule chose juste et bonne que j'aurais faite depuis des millénaires.
Enfin, du point de vue humain, s'entend.
Ça vous sidère, de tels mots dans ma bouche ?
Et bien pas autant que moi.
Attendez voir un peu de quoi il s'agit.

Ikki ne savait plus quoi penser. A la vérité, il n'était pas loin de ne plus penser du tout. La rapide séquence d'évènements qui venait de déferler sur lui et son frère n'avait pas encore réussi à s'enchaîner logiquement dans son esprit. Il y avait eu un cosmos, celui de Seiya, une voix, toujours celle de Seiya, une tornade pire que celle que Shun générait, la tornade nébulaire, dont Seiya était incontestablement la cause.
Mais en définitive, ils se retrouvaient au même endroit qu'auparavant, dans la même situation, à ceci prés que Shiryu, Hyoga et Athéna avait disparu dans une faille dimensionnelle à laquelle lui et son frère avait échappé à la dernière seconde sur injonction d'Hadès qui agonisait prés de là.
Ouf ! Oh, la tête !

- Mais qu'est ce qui s'est passé ? bredouilla Shun.

T'as de ces questions, petit frère…
Péniblement, Ikki lui décrivit ce que vous venez de lire, peut être pas tout à fait dans le bon ordre, mais l'esprit y était, il réussi même à faire plus court. Ça lui coûta un effort de s'exprimer à haute voix. Trouver les mots corrects était difficile, dans l'état d'hébétude où il était.
Puis ils s'avisèrent d'une chose.
Il n'y avait plus aucune trace du cosmos de Seiya.
Les deux frères se regardèrent.

- Oh non…, murmura Shun

Il était terrifié.

- Seiya, est ce que tu es encore là ? murmura Ikki. Seiya….

Seiya ne pouvait ni les entendre ni les voir, et pour cause ! Il était revenu à l'état d'esprit errant, sans plus aucun contact avec le réel.
Pensez vous qu'un esprit puisse ne plus avoir de force ? Et si oui, peut il être touché dans son essence ?
En tout cas, Seiya ne réagissait plus.
Il avait fini de se battre.
Il était prêt à disparaître. Il s'y était d'ailleurs préparé depuis qu'il avait fait exploser sa bulle de vie.
Ce n'était pas sans douleur ni regrets. Qu'il aurait pu exprimer s'il avait pu. Ils auraient eu des noms multiples, ses frères, Marine, …Seika….Saori. Et tant d'autres
Mais là, il était dans l'incapacité d'exprimer quoi que ce soit. Sa déesse et ses amis étaient en lieu sur, c'était suffisant.
Il attendait…

- Seiya…

Cette voix… Encore lui ???

- Je pense pouvoir communiquer avec toi, après ce que tu m'as fait. Car c'est à toi, sans nul doute, que je dois ce petit cadeau qui m'a permis de lire les pensées de tes amis, n'est ce pas ? Je ne sais pas comment tu t'y es pris, mais chapeau. Mais ce n'est pas fini. Alors fait l'effort de répondre. Je voudrais te proposer de faire effectivement ce que tu n'as pas manqué de lire dans mon esprit. J'en tiens pour preuve le fait que tu as retenu ces deux là ici.

Quoi, qu'est ce qu'il y a ?
Il était fatigué, si fatigué…
Il n'avait plus besoin de se battre, c'était fini… Il voulait la paix. Il avait accompli ce pour quoi il était venu.
C'était fini…
Fini…

…….
- Seiya…

On aurait dit la voix de, mais oui…il l'avait sur le bout de la langue ce nom… Shiryu, c'était ça…

- Seiya, ne pars pas…reste…

Ah, il en a de bonnes, Shiryu. Facile à dire…

- Seiya, nous comptons sur toi, il faut que tu reviennes...

Hyoga ? Mais que…

- Faites qu'il revienne… Seiya, reviens je t'en prie, Je veux te voir, je veux que tu me serre dans tes bras…

Seika ? Mais comment est ce poss…

- Alors, chevalier, tu n'as pas l'intention d'abandonner, j'espère ? Tu ne l'as pas fait alors que tu te battais contre moi, alors ne commences pas ici, tu veux bien ?

Saga ! Alors, toi aussi, tu…

- Chevalier, réveilles toi. Ne laisse pas la mort t'emporter, crées le miracle… Je veux te revoir, je dois te revoir, il le faut.

Athéna… Oh, Saori, Saori…je…
……..

- Je t'écoute, que me veux tu ?

Je le savais.
J'ai perdu mon huitième sens, le septième commence à avoir des ratés.
Mais je suis toujours capable d'être.
Et ma foi, comme diraient ces fichus chevaliers de bronze, avec sept sens, on peut encore faire des miracles.
Seiya m'as enfin répondu. Je me doutais bien que si j'avais ressenti la présence des chevaliers d'or tout à l'heure, je serais bien capable de mettre la main sur lui. Maintenant qu'il m'a montré de la manière la plus éclatante qui soit comment faire…
J'avoue que sur le coup, j'ai bien cru que son essence n'avait pas résisté à la décharge d'énergie qu'il lui a imposé. Et le revoilà.
J'ai eu ma dose de miracles pour aujourd'hui…

- Que penses tu de ma proposition ?

Seiya était stupéfait. Ainsi, leur ennemi avait sérieusement l'intention de se mettre à exécution.

- Y aura-t-il une contrepartie ?
- Non, aucune. Tu le sais, d'ailleurs. Je n'aurais pas été en mesure de te cacher quoi que ce soit tout à l'heure, quand tu as pénétré mon esprit.
- Tu ne vas sûrement pas te contenter de disparaître comme ça. Ça ne te ressemble pas. N'oublie pas que nous sommes venu ici te combattre. N'oublie pas la raison de ce combat, Hadès.
- Je le sais. Considère cela comme… et bien comme une réparation mineure.
- … Que t'est t'il arrivé… ? Que s'est il passé… ?
- Si tu me laisses faire, tes deux amis te raconteront.
- Tu me jures qu'ils resteront libres ?
- Tu as ma parole de dieu des morts.
- Mouais… la parole du dieu des morts, hein ?
- Trêve de discussion. Tu ne t'en rends sûrement pas compte, mais Ellision est en train de se détruire. Ça tourne au chaos, ici.
- Il va falloir que tu leur expliques.
- Je ne t'ai pas dit ? Il va falloir que tu le fasses. Je peux t'ouvrir un canal vers leur esprit. Mais penses tu que si c'est moi qui leur explique, ils accepteront ? Mieux vaut sincèrement que ce soit toi…
- Je… Je pense que tu as raison… Avant toute chose…Merci. Ça représente peu, mais merci…. Allons y
Hadès ne répondit pas. Seiya l'avait une fois de plus estomaqué. Comprenez qu'il ne puisse, ni ne veuille lui répondre. Il se contenta de lui ouvrir une voie entre le matériel et l'immatériel.

Shun et Ikki ne se préoccupaient nullement du désastre qui s'installait autour d'eux, Hadès s'en rendait bien compte. Pourtant la tourmente menaçait de plus en plus de les aspirer.
Non, leurs pensées étaient concentrées sur Seiya.
Hadès se demanda ce qui pouvait susciter une telle foi, un tel courage.
Et il su soudain qu'il avait un début de réponse.
Car après tout, qu'était il en train de faire, sinon d'être gagné par cette foi ?

- Ikki, Shun, vous m'entendez ?
- Hein ? C'est toi ? Oh seigneur, c'est bien toi ? J'ai cru que l'on t'avait définitivement perdu…
- Je suis encore là Shun. J'ai une chose à vous demander….de la part d'Hadès.
- Tu te fiches de nous, réagit alors Ikki.

Shun ne répondit pas tout de suite. Après un temps, il leva la tête pour dévisager Hadès. Ses yeux s'étaient durcis quelques secondes. Ikki pouvait lire sur le visage de son frère chacune des émotions qui le traversaient.
Hadès sentit ce regard inquisiteur posé sur lui. Il pouvait aussi lire les pensées de celui qu'il avait possédé quelques instants plus tôt. Il frissonna. Depuis qu'il avait été frappé à mort par Athéna, il ressenti véritablement ce qu'il avait infligé.
Et il baissa les yeux.
Puis les yeux de Shun reprirent leur douceur habituelle, nimbée de fatigue et d'épuisement. Il souffla :

- Explique nous

Alors Seiya le leur dit.
La stupeur eu le don de chasser quelque peu la fatigue.
Car c'était complètement fou.
Etait ce seulement possible ?
- Pourquoi nous ? Ikki regimbait.

Hadès intervint alors :

- Parce que vous représentez exactement ce que je n'ai jamais cherché à comprendre chez l'humain. A vous deux, vous résumez l'amour et la haine, la pureté et le crime, la douceur et la dureté. Non pas que je te considère toi, Ikki, comme le pire des criminels. Mais tu es passé par tout ça. Tu en es revenu. Et toi Shun, malgré ce que ton être te suppliait de faire, tu t'es battu, tu as vaincu tes adversaires. Tu représentes pour moi l'être le plus proche de moi… et ton frère une sorte d'antithèse. Je pense que vous englobez ce que je cherche depuis des millénaires à abattre. Il n'est que justice que ce soit vous deux qui deveniez mon réceptacle….si vous acceptez….

Ikki dit alors

- Seiya, tu lui fais confiance ?
- Oui…
- Je me doutais bien…. Moi aussi, j'aurais plutôt tendance à le croire.
- Il faut nous hâter. J'aurais bientôt perdu mon septième sens, et je ne pourrais plus communiquer avec vous, reprit Hadès.
- Septième sens ? Communiquer ? fit Ikki.
- Si vous acceptez, vous aurez toutes les explications voulues…
- Attends, tu nous propose quand même pas rien. Nous devrons purement et simplement " t'héberger " à nous deux.
- Je ne serais plus à même de tenter quoi que ce soit, si c'est ça qui vous inquiète. Je ne serais qu'une ombre, une chimère dans votre esprit. Aucune trace de ma personnalité ne viendra interférer avec la votre. En revanche, vous aurez accès à mes souvenirs, mon savoir,…ma puissance. Ils viendront non pas se mêler à votre être, mais s'y superposer.
- Et toi, que deviendra tu ? demanda Shun.
- Ça, c'est la grande inconnue, fit doucement Hadès. Je pense que je pourrais récupérer à travers votre existence et revenir d'ici quelques centaines d'années. Je ne serais pas anéanti, je pense, mais en tout cas bel et bien mort. Ce corps originel ne me sert plus à rien…Il va mourir.
- Et malgré ça, tu veux toujours le tenter ?
- Oui. Rien que pour éviter à ce royaume de partir en poussière. Sachez seulement qu'il y a plus que la mort d'un dieu qui se déroule ici.
- Quoi ?
- Vous comprendrez plus tard. Il faut vous décider. Vite.

Shun fut bizarrement le premier à réagir. Après ce qu'Hadès lui avait fait subir, cela ne manqua pas d'étonner son frère.

- Je suis d'accord.
- Bien. Et toi Ikki ? fit Hadès.

Ikki eu un mince sourire, celui empreint d'un certain cynisme, que ses frères connaissait si bien. La vie et ses coups de théâtre…
Son regard se riva à celui de son frère. Il y lu une confiance absolue.

- Bien. Comment compte tu t'y prendre ? dit il alors, sans quitter son frère des yeux.

Hadès se posait la question. Il avait à coté de lui deux corps absolument incapables de bouger, et un esprit qui ne résistait qu'avec la force de sa volonté. Lui-même avait des troubles de la vision, et s'acheminait à grands pas vers le néant.
Il savait que la possession n'était pas une affaire de cosmos, pour l'avoir maintes et maintes fois fait. C'était une question … " d'affinité ", oui, c'était le mot juste, avec le corps en question. Il fallait bien sur que celui-ci soit faible physiquement ou psychiquement pour écraser sa personnalité.
Mais il lui fallait employer maintenant une méthode plus proche de celle d'Athéna, qui elle, usait de la fusion avec la personnalité réceptacle.
Car il n'était pas question de possession.
Hadès comptait respecter sa part du marché.
Il commença à se concentrer.

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