Prologue 1 : Paris



SAORI


10/04/1987 Dans le temple d'Athéna.

Saori se concentrait. Elle sentait que ses chevaliers venaient d'arriver à destination. Ils allaient pouvoir se reposer des rudes batailles menées. Mais en réalité, elle les avait éloignés pour une autre raison. Elle s'apprêtait à faire une chose qu'ils n'auraient pas compris. Si elle s'était confiée à eux, ils auraient été capables de la faire fléchir. Maintenant, rien ne pouvait plus la séparer de sa destinée. Elle fit un triste sourire à Kiki qui pleurait. Il était le seul qui savait ce qui allait se passer.
Saori se dirigea vers sa chambre et se coucha sur son lit. Elle ferma les yeux puis entra en transe. Quand elle les ouvrit, elle se trouvait dans son subconscient sous forme d'esprit. Saori se mit en quête d'un endroit spécifique. Après un temps interminable, elle se trouva devant une reproduction psychique du temple. Elle s'avança jusqu'à l'entrée puis se mit à parler.

Saori : Déesse Athéna, moi Saori votre actuelle réincarnation souhaite avoir une audience avec vous.
Athéna : Entre sans crainte mon enfant, c'est avec plaisir que je te reçois.

Saori obtempéra. Elle se dirigea vers la salle du trône. Et là, elle la vit. Devant cette vision, Saori s'agenouilla.

Athéna : Relève toi mon enfant, tu es mon égale.
Saori : Athéna, si je suis venue vous voir, c'est parce que j'ai pris une grave décision. J'ai décidé de vous laisser disposer de mon corps.
Athéna : Te rends tu compte de ce que tu viens de dire ? Sais tu ce qui t'arrivera si j'accepte ?
Saori : Mon esprit se dissoudra et je mourrai.
Athéna : Et cela ne t'effraye pas ?
Saori : Cette idée me terrifie, mais je me dois de le faire. Le monde a besoin de vous Athéna, vos chevaliers ont besoin de leur déesse. Je ne suis que le dépositaire humain de votre puissance. Et je suis trop humaine pour pouvoir affronter ce qui arrive. Je risque de prendre de mauvaises décisions qui peuvent avoir de graves conséquences.
Athéna : N'aie crainte, ma sagesse te guidera.
Saori : Vous ne comprenez pas Athéna. J'ai déjà vécu trois guerres, je sens que mes nerfs vont lâcher. Même avec votre soutien je risque de craquer à n'importe quel moment. Pour le bien de l'humanité je vous demande d'accepter ma proposition. Les guerres d'hier ne sont rien face à ce qui nous attend et vous le savez. Prenez ce corps qui vous revient de droit et protégez nous des périls futurs.
Athéna : Saori Kido, je suis fière d'avoir habité ton corps. Je vais accéder à ta requête. L'humanité n'a pas à souffrir du grand respect que j'ai pour elle et qui m'a toujours empêché d'imposer ma volonté à mes réincarnations.

L'esprit de Saori ferma alors les yeux et s'éteignit dans les bras de la déesse.
Sur le lit, le corps de celle qui fût Saori Kido se réveilla. Cinq minutes s'étaient réellement écoulées depuis le moment où elle s'était couchée. Athéna était à présent
en pleine possession de ses moyens. Les guerres prochaines n'auront pas lieu avant plusieurs années, mais il fallait s'y préparer dès à présent. La déesse versa une larme pour rendre hommage au sacrifice de cette jeune fille qui n'avait que treize ans.


IKKI


11/04/1987 Dans un hôtel parisien.

Ikki venait de se réveiller. Il regarda le réveil, il indiquait sept heures du matin. Il leva la tête et vit que Shun dormait toujours dans son lit. Ikki décida de se lever. Il n'avait pas l'habitude de flemmarder au lit. D'ailleurs pour lui, il venait de faire une grasse matinée. Il s'habilla et s'apprêta à sortir. Mais pouvait-il laisser Shun seul ? Il était très fragile émotionnellement depuis leur retour des enfers. Il se mettait à sangloter pour un rien, il était redevenu le Shun fragile de l'orphelinat. Non, décidément, il ne valait mieux pas le quitter des yeux.

Une voix : Tu vas arrêter un peu de le materner !

Ikki se souvint de cette phrase que lui avait dite June quand il lui avait reproché de ne pas venir à Paris avec son frère. Il se rendait à présent compte à quel point elle avait raison. Shun avait besoin qu'on le laisse se débrouiller seul. Elle était partie s'entraîner non pas pour devenir plus forte, mais pour que Shun puisse se prendre en main. Ikki avait quand même du mal à accepter qu'un autre que lui sache comment aider son petit frère. Il décida finalement de partir, mais il laissa tout de même un mot pour que Shun ne s'inquiète pas trop.
Il s'apprêta à entrer dans le restaurant de l'hôtel pour se sustenter, mais il se ravisa en voyant le nombre de personnes déjà attablées. Ikki se sentait toujours mal en groupe. Il décida donc de sauter le petit déjeuner. Ce n'était pas la première fois qu'il le faisait et ce ne serait sûrement pas la dernière. Ikki décida donc de visiter la ville. C'était de toute façon le but du voyage. Arrivé dans la rue, il se demanda par quoi commencer. Il laissait les musées et les monuments aux autres ça ne le tentait pas. Les égouts peut être ou bien les catacombes, lui paraissaient plus originaux et intéressants.
Soudain, un cri de détresse le tira de ses pensées. En essayant de définir sa provenance, il vit un jeune homme courir dans sa direction avec un sac à main sous le bras. Il le stoppa d'un seul geste et le délesta du fruit de son larcin. La propriétaire du sac arriva vers Ikki essoufflée. C'était une sexagénaire avec des cheveux châtains et blancs. Elle n'était pas plus grande qu'Ikki. Il remarqua que cette dernière le regardait avec attention. Il lui rendit son bien et partit sans demander son reste.

Ikki : Pas la peine d'attendre de remerciements, je ne comprends pas un seul mot de français de toutes façons .
Femme : Attendez jeune homme ! Je ne vous ai même pas dit merci.

Ikki se retourna étonné.

Ikki : Vous parlez ma langue ?
Femme : J'ai eu un très bon professeur. Vous avez été très serviable, je ne sais pas comment vous prouver ma gratitude.

Ikki était troublé. Cette femme lui était plus reconnaissante pour avoir arrêté un simple voleur que Saori après lui avoir sauvé la vie. Son ventre se mit soudain à gargouiller. Ikki rougit un peu de honte.

Femme : Vous semblez avoir faim. Je vous offre votre déjeuner.

La femme indiqua une brasserie, elle était bondée. Ikki ne put s'empêcher de faire une grimace que la femme remarqua.

Femme : Vous n'avez pas l'air d'apprécier la foule. Me feriez-vous l'honneur de venir manger chez moi, j'habite à deux pas.

Ikki allait refuser mais c'était la première fois que quelqu'un était aussi prévenant à son égard (à l'exception de Shun bien sur) ; et puis la femme lui était plutôt sympathique. Il accepta donc l'offre. Durant le court trajet il apprit que son hôtesse s'appelait Jeanne et qu'elle était artiste peintre. Arrivé dans l'appartement, Ikki se mit à le scruter avec étonnement.

Jeanne : Quelque chose ne va pas ?
Ikki : Je pensait que la maison d'un peintre serait plus, disons colorée.
Jeanne : Je ne peints pas dans le salon. Par contre, si vous entriez dans mon atelier vous ne seriez pas déçu.

Jeanne demanda à Ikki de s'asseoir à la table puis elle se dirigea vers la cuisine. Ikki commençait à se demander ce qu'il faisait là. Cette femme l'avait mené par le bout du nez. Mais quelque chose chez elle l'attirait. Peut être cette façon de le materner. La vérité frappa Ikki au visage. Si il avait suivi Jeanne c'est qu' il voyait sa mère en elle.
Jeanne revint avec un bol de chocolat et deux croissants. Ikki était plutôt du genre café noir et biscottes mais il ne voulut pas faire de peine à son hôtesse. Pendant qu'il mangeait, il se rendit compte qu'elle le regardait avec une attention soutenue.

Ikki : Je ne voudrais pas me montrer brusque, mais je peux savoir ce que vous avez à me regarder comme ça ?
Jeanne : Excusez moi, mais vous ressemblez tellement à mon cher Mitsu.
Ikki : Qui était Mitsu ?
Jeanne : C'était mon amant, et accessoirement mon professeur de japonais.

Ikki s'arrêta soudainement de manger.

Ikki : Ce n'est pas possible, ce n'est qu'une coïncidence. Mitsu, ce ne serait pas le diminutif pour Mitsumasa ?
Jeanne : Je ne pensais pas que c'était un nom si courant.
Ikki : Mitsumasa n'est pas un prénom courant, surtout si je lui ressemble. Je dois absolument lever le doute. Son nom complet ne serait pas Mitsumassa Kido ?
Jeanne (surprise) : Comment le savez vous ?
Ikki : Je m'appelle Ikki, Ikki Kido. Mitsumassa était mon père.
Jeanne : Votre père ? Était ?
Ikki : Il est mort il y quelques années. Je n'ai moi même connu la vérité qu’il y a à peu près un an.
Jeanne : Ah le rustre, le salaud, le, le...
Ikki : Je ne comprends pas ce que vous dites mais j'ai une petite idée du sens de vos paroles. Si ça peut vous consoler, vous n'êtes pas la seule qu'il a séduite. A ma connaissance, vous êtes sa centième victime.
Jeanne : Combien dites vous ?
Ikki : Et ce n'est pas le pire. Il a eu des enfants avec ses autres aventures.
Jeanne : Ça ne m'étonne pas, je suis stérile. Je suppose que ce n'est pas facile de vivre avec une telle famille.

Ikki prit un air sombre.

Ikki : Nous ne sommes plus que dix. Quand nous étions petits, il nous a tous regroupés dans un orphelinat avant de nous éparpiller à travers le monde. Nous avons tous subi, à l'exception de ma demi-soeur, une éducation terrible qui a durée six ans. Sur les cents enfants qu'il a envoyés, seul dix sont revenus au Japon.
Jeanne : C'est horrible. Qu'est il arrivée à votre soeur ?
Ikki : Elle est toujours en vie. L'un de mes demi frère est mort récemment.
Jeanne : Toutes mes condoléances.

Ikki ne répondit rien et termina son petit déjeuner.

Jeanne : Je peux vous demandez un service ?
Ikki : Dites toujours.
Jeanne : Est ce que vous voudriez poser pour moi ? Vous avez une physionomie très intéressante.

Ikki trouva la proposition tentante et accepta. Quand il revint dans sa chambre le soir venu Shun était toujours dans son lit. Ikki poussa un soupir et se recoucha.

Il passa tout son séjour à servir de modèle à Jeanne. Le dernier jour en rentrant à l'hôtel il entendit des bruits étranges venant de la chambre de Shina mais il n'y fit pas attention. En entrant dans sa chambre il vit que Shun n'y était pas. Il fut soulagé de voir que son frère avait enfin décidé de se prendre en main. Il décida d'ouvrir le paquet que Jeanne lui avait remis. Elle avait dit que ça lui servirait à jouer aux fléchettes. Quand il eut fini de déballer son présent, il se rendit compte qu'il s’agissait d'un portrait de son père jeune. Ikki fit un sourire sarcastique et se coucha.


SEIKA (miho et les bronzes)


12/04/1987 Dans la chambre de Seika et Miho.

Seika sortit de la salle de bain, elle adorait prendre des douches chaudes le matin. Elle s'assit sur son lit et fit le point sur la journée précédente.

Seika : Je ne pensais que je m'amuserais autant. Je ne sais pas pourquoi mais je ne me sens plus triste d'avoir perdu mon frère. J'ai l'étrange impression qu'il reviendra. Il est trop têtu pour se laisser mourir. Dommage que Miho ne partage pas mon intuition. Elle est encore plus déprimée que Shun.

Quelle journée tout de même, Jabu a eu une excellente idée. Visiter la ville plutôt que ses monuments. Cherchez des endroits calmes et pittoresques. J'ai hâte que nous repartions en excursion. Nous avions drôle d'allure Miho et moi entourées de mes cinq demi frères. On nous prenait parfois pour des célébrités entourées de leurs gardes du corps. Je crois que je vais leur proposer de jouer avec ce quiproquo.

On frappa à la porte. Seika se leva et alla ouvrir. C'était Ichi.

Ichi : Bonjour Seika, je venais pour savoir si Miho avait aimé la journée d'hier ?
Seika : Elle ne s'est pas encore réveillée, je lui demanderais et te tiendrais au courant.
Ichi : Merci Seika.

Ichi partie en traînant le pas.

Seika : Je crois bien qu'il a un faible pour elle. Il ne l'a pas quittée du regard hier. Je le pleins, je ne pense pas qu'il ait une chance de lui plaire. Il est bien gentil mais son physique ingrat joue contre lui. D'ailleurs je ne pense pas qu'il se fasse aussi beaucoup d'illusions.

La journée fût comme la précédente à l'exception qu'ils s'amusèrent ,comme l'avait suggéré Seika, à se faire passer pour des gens importants. Jabu qui était le seul à connaître le français racontait à ceux qui le demandaient qu'il s'occupait de la sécurité, au choix : de stars de cinéma, de chanteuses à succès, il eu même le culot de faire passer les deux jeunes femmes pour les filles de l'empereur de Japon. Les parisiens les prenaient en photo ou demandaient des autographes quand ils ne s'inclinaient pas devant les fausses princesses. Ces supercheries avaient réussi à dérider Miho. Mais c'est Geki qui profitait le plus de la situation. Les enfants étaient attirés par son imposante stature et il posa souvent avec deux ou trois garnements sur les épaules. Jabu draguait les françaises quant à Nachi et Ban, ils faisaient des démonstrations de combats. Seul Ichi n'intéressait personne. Il faisait d'ailleurs tout pour rester en retrait car il ne voulait pas effrayer les enfants. Il était cependant
ravi quand Miho lui demandait de poser pour des photos avec lui à son bras. Quand la journée se termina, ils décidèrent de recommencer cette farce pendant toute la durée de leurs vacances.
A la fin du dernier jour, Seika surprit Miho poser un tendre baiser sur la joue d'Ichi. Quand cette dernière la rejoignit dans leur chambre, Seika lui demanda ce qu'il l'attirait chez son demi frère.

Miho : Tout dabord, il y a sa gentillesse, sans elle je n'aurais jamais pu remonter la pente. Et puis ses yeux noirs sont magnifiques, je pourrais les regarder des heures durant sans m'en lasser. Je ne pense pas être amoureuse de lui, mais avec le temps, qui sait ?
Seika : Tu me rassures, j'avais peur que tu ne joues avec ses sentiments.
Miho : Et puis si je m'engage avec lui, je suis sûre qu'aucune autre femme, chevalier ou déesse, ne voudra me le prendre.

Seika et Miho se mirent à rire et se couchèrent.


HYOGA


11/04/1987 Devant Notre Dame de Paris.

Hyoga se tenait devant l'imposant édifice l'air songeur.

Hyoga : Depuis combien de temps ne suis je plus allé prier ? Autant que je m'en souvienne, je n'ai plus mis les pieds dans une église depuis la mort de maman. Pourtant, je ne pense pas avoir perdu la foi. Mais en ai je encore le droit ? Après tout, je suis un serviteur d'Athéna, une déesse considérée comme païenne. De toutes façons, Cette cathédrale est plus un endroit touristique qu'un lieu de prières.
Une voix féminine : Je peux vous aider ?

Hyoga sursauta. Il se retourna pour voir son interlocutrice. C'était une gamine de treize ans à peine. Elle avait les cheveux roux avec une petite natte. Ses yeux pleins de malice étaient vairons blanc, vert. Elle affichait un large sourire qui montrait qu'elle avait fait exprès de surprendre Hyoga. Il remarqua qu'elle portait une croix autour du cou.

Hyoga : Elle pourra peut être me renseigner. Heureusement que Camu m'a appris le français. Je me posais des questions au sujet de la cathédrale et... Jeune fille : Je sais qui peut vous renseigner.

La jeune fille prit la main de Hyoga et le traîna dans l'édifice. Décontenancé, il se laissa faire. Elle le conduisit jusqu'à une petite porte et entra sans frapper. Un homme en soutane, probablement un prêtre, était assis à un bureau.

Jeune fille : Bonjour papa.
Prêtre : Laura, je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça. Je ne suis que ton oncle.
Laura : Pardon mon père.
Prêtre : Si tu continues, je vais t'envoyer chez les soeurs.
Laura : Désolée tonton.
Prêtre : C'est déjà mieux. Qu'est ce qui t'emmène ici ou plutôt qui m'emmènes tu ?
Laura : Ce jeune homme avait des questions sur la cathédrale et semblait troublé.
Prêtre : Je vois. Laisse nous seuls ma chérie.
Laura : D'accord p.. mon oncle.

Laura sortit et le prêtre ferma la porte derrière elle. Il s'adressa ensuite à Hyoga.

Prêtre : Je sais ce qui vous tracassait, vous vous demandiez si la cathédrale était encore un lieu de culte. Je sais aussi que vous êtes habité par un grand trouble et que vous hésitez à vous confier à Dieu.

Le prêtre se leva puis se dirigea vers la porte et l'ouvrit. Laura tomba par terre avec un sourire gêné. Le prêtre ne dit rien et se contenta de la regarder sévèrement.
Elle repartit.

Hyoga : C'est une enfant très dissipée.
Prêtre : Elle est insupportable mais elle est ma seule famille, alors je lui pardonne. Si nous en revenions à votre cas ?
Hyoga : Mon père, je ne sais si je suis à ma place ici. Même si j'ai eu au début une éducation chrétienne, j'appartiens en ce moment à un autre culte.
Prêtre : Je pensais que la chevalerie d'Athéna acceptait les autres religions.
Hyoga : Pardon ?
Prêtre : Vous semblez étonné que je connaisse votre ordre ? Sachez que le Sanctuaire a noué au fil du temps des relations avec les représentants des divers cultes. Je fais partie des rares élus à être dans le secret. Quant à savoir comment j'ai deviné, sachez que j'ai été formé pour ressentir la cosmoénergie chez les gens. Vous pouvez donc me parler sans crainte.

Hyoga semblait soulagé.

Hyoga : Mon père, pouvez vous me confesser ?
Prêtre : Mais bien sûr chevalier, avec joie.

Hyoga suivit le prêtre jusqu'au confessionnal. Une fois sa tache accomplit, le prêtre demanda à Hyoga de le suivre dans son bureau.

Prêtre : Chevalier, j'aurais une faveur à vous demander.
Hyoga : Bien sûr, que voulez vous ?
Prêtre : Voilà, Laura n'est pas ma seule famille, elle a un grand frère du nom de Nicolas. Il y a huit ans, il a découvert l'existence du Sanctuaire en m'aidant à ranger mon bureau. Il a décidé de devenir lui aussi chevalier. Pour sa soeur, il est simplement dans un monastère orthodoxe. Nous correspondions souvent. J'ai reçu sa dernière lettre il y a un peu plus de deux ans. Il me disait qu'il était devenu chevalier d'argent. Je n'ai plus eu de nouvelle depuis. L'auriez vous rencontré par hasard ?
Hyoga : Je suis désolé, je ne connais aucun chevalier qui porte ce nom.
Prêtre : Peut être le connaissez vous sans le savoir. Il avait prit un pseudonyme, il se fait appeler Misty.

Hyoga devint blême. Il avait en face de lui l'oncle de Misty du Lézard que Seiya avait tué au Japon. Le prêtre, en voyant sa réaction, comprit tout de suite qu'il était arrivé quelque chose de grave à son neveu. Hyoga décida tout de même de lui raconter toute l'histoire.

Prêtre : C'est bien triste, lui qui se faisait une joie de servir Athéna est mort pour un traître.
Hyoga : Mon père, si je puis faire quoi que ce soit, demandez moi.
Prêtre : Vous n'avez rien à vous reprocher, vous n'avez fait que votre devoir. La seule (seul) chose que je vous demande c'est de profiter de votre séjour à Paris.
Hyoga : Merci mon père.
Prêtre : Il y a peut être une petite chose que vous pouvez faire pour moi.
Hyoga : Quoi donc ?
Prêtre : Pourriez vous vous occuper de ma nièce ? Ce sont les vacances de Pâques (pâque), elle n'a pas beaucoup d'amis, et vous semblez lui plaire.
Hyoga : Mon père, après ce que vous m'avez dit, je ne pourrais jamais la regarder dans les yeux.
Prêtre : Considérez cela comme votre "pénitence" chevalier. Et puis je suis sur qu'elle arrivera à vous dérider. J'ai l'impression que vos combats vous on fait oublier le sens du mot joie.
Hyoga : Bien mon père.

Quand Hyoga sortit du bureau, Laura l'attendait devant la porte avec un grand sourire. Avait elle entendu toute la conversation ? Le chevalier du Cygne ne le saura probablement jamais. Il passa tout son séjour à accomplir la tache que le prêtre lui avait confiée. Hyoga réapprit à s'amuser aux cotés de l' énergique fillette, quant à Laura le sérieux de son compagnon commençait à déteindre sur elle. A la fin du dernier jour elle lui offrit sa natte en cadeau d'adieu et lui son rosaire de la croix du nord. Ils se promirent de s'écrire souvent.


MARINE


11/04/1987 Dans la chambre de Marine.

Marine était énervée. Elle avait passé une nuit effroyable. Elle n'avait cessé d'être dérangée par les bruits de la rue quand ce n'était pas les sanglots de Shina dans la chambre d'à coté. Non pas que l'hôtel soit mal isolé, mais ses sens aiguisés lui avaient empêché de trouver le sommeil. Elle décida donc de commencer la journée en s'achetant des boules Quiès. Marine s'habilla et mit son nouveau masque. Elle eut une pensée pour Mu, il l'avait confectionné sur la demande de Saori qui voulait assouplir la loi sur le visage des femmes chevaliers. En effet, ce masque ne lui recouvrait que la partie supérieure du visage, laissant sa bouche découverte. Elle pouvait à présent manger en public. Elle était la seule avec Shina à en bénéficier pour l'instant.
Ses courses terminées, Marine se promena dans un parc. Le cadre était plutôt joli, mais elle n'y prêtait guère attention. La dépression de Shina la préoccupait au plus haut point.

Marine : Comment une femme aussi solide que Shina peut être aussi touchée par la mort d'un homme. Bien sur, elle était amoureuse de Seiya, mais moi j'ai bien perdu Aïolia et bien que sa disparition me pèse, je ne suis pas aussi expansive qu'elle.

Marine s'assit sur un banc afin de mieux réfléchir. Elle se rendit compte alors de la différence fondamentale entre sa relation avec le chevalier du Lion et celle de Shina avec Seiya.

Marine : Nous nous aimions mutuellement Aïolia et moi, mais dans le cas de Shina c'était un amour à sens unique. Seiya n'éprouvait que de l'amitié pour elle. J'ai tout de même un peu honte de mon élève, même si il ne s'en est pas rendu compte, il a joué avec les sentiments de Shina.

Marine fût soudain tirée de ses réflexions par une main gantée qui venait de se tendre devant elle. Elle semblait tenir quelque chose, mais était vide. Marine leva la tête pour dévisager l'inconnu. C'était un homme qui approchait les vingt ans. Il avait les cheveux châtains coupés courts. Ses yeux étaient marrons mais son visage était peinturluré en blanc. C'était un mime, et il venait de lui "offrir" des fleurs. Marine décida d'entrer dans son jeu et fit semblant de les sentir. Le mime sourit puis continua son exhibition devant le petit public qui le regardait. Marine était impressionnée par la maîtrise du jeune homme. Elle connaissait très bien le sujet car son maître et prédécesseur Altair lui avait enseigné cet art afin d'avoir un contrôle parfait de son corps. Après quelques applaudissements, le mime se retourna à nouveau vers elle et exécuta le tour de la cage de verre. Cependant, quelque chose dans les gestes de ce dernier troublait Marine. Elle avait l'impression d'avoir déjà vu cette
figure. Et soudain tout devint clair, le mime venait de faire devant elle la constellation de l'Aigle. Mais comment pouvait il savoir qui elle était ? Le mime voyant son air décontenancé, ferma les yeux.

Marine : Ce n'est pas possible ! Ce cosmos, on dirait celui de... Silence ? C'est vraiment toi ?

Silence était l'autre élève d'Altair. Il s'était entraîné avec Marine pour devenir chevalier d'Athéna. Il avait pris ce surnom car il était muet. Cependant, il avait de grands pouvoirs télépathiques. Certains disaient qu'il était l'égal de Mu.

Mime : Tu en as mis du temps à me reconnaître.
Marine : C'est toi qui es méconnaissable avec ce maquillage. Je n'arrive toujours pas à croire que c'est toi. On ne s'est pas revu depuis ...
Silence : Que tu m'as battu et obtenu l'armure de l'Aigle.
Marine : Je me doutais que tu étais retourné dans ton pays, mais je ne pensais pas te trouver à Paris.
Silence : C'est vrais qu'on est assez loin de Marseille. Et toi, quel bon vent t'amène.

Marine raconta à Silence le déroulement de la dernière guerre.

Silence : Je suis désolé pour ton disciple Marine, et toute mes condoléances pour Aïolia.
Marine : Je t'en prie Silence, ne remue pas le couteau dans la plaie. Athéna nous a envoyé ici pour oublier.
Silence : Et tu penses y parvenir en visitant la ville ?
Marine : Je ne sais pas, jusqu'à présent j'évitais d'y penser, mais maintenant...
Silence : Et si tu m'accompagnais durant ton séjour ? On ferait un formidable duo.
Marine : C'est une idée à creuser Silence.
Silence : S'il te plaît Marine, appelle moi Marcel. C'est mon vrais nom.
Marine : Entendu Marcel, je serais ta partenaire jusqu'à la fin de la semaine.

Marine aida donc Marcel. Elle n'avait plus l'habitude de ce genre d'exercice, et rentrait tout les soir toute courbaturée. Le dernier jour fût assez épuisant. Quand Marine rentra le soir dans sa chambre, elle eu juste la force de mettre ses boules Quiès et s'endormit. Elle n'entendit donc pas le remue ménage dans la chambre d'à coté.


SHIRYU


16/04/1987 Dans la chambre de Shiryu et Shunreï.

Le soir était tombé, Shiryu était dans son lit et songeait à la semaine qui venait de s'écouler avec Shunreï. Ils avaient visité la ville main dans la main. Sans elle, il n'aurait jamais pu surmonter la perte de Doko et Seiya. Il était particulièrement fier de cette journée. Après avoir visité Montmartre, ils s’étaient promenés dans un parc. Était ce la journée particulièrement belle, les senteurs délicieuses des fleurs ou un tout autre facteur extérieur, mais ils eurent la subite envie de s'embrasser. Ce ne fût pas un de ces chastes baisers qu'ils se faisaient souvent, mais un baiser fougueux et passionné. Il leur fallut toute leur volonté pour ne pas aller plus loin devant les passants. Maintenant, la fièvre était passée. Shiryu se sentait même un peu honteux de s'être laissé emporter. Il entendit Shunreï sortir de la douche et se mit à l'imaginer nue. Il se gifla alors mentalement. Ce n'était pas une pensée digne d'un chevalier. Il allait éteindre la lumière quand il vit Shunreï s'approcher de lui.

Shiryu : Dieu quelle est belle les cheveux dénoués. Quelque chose ne va pas Shunreï ?

Shunreï ne dit rien et entra dans le lit du jeune homme.

Shiryu : Shunreï ! Qu'est ce que tu fais ? Tu as ton propre lit je te rappelle.
Shunreï : Comment peux tu me poser la question Shiryu ? Après ce qui s'est passé cet après-midi.
Shiryu : Shunreï, je ne sais pas si c'est bien de faire ça.
Shunreï : Je veux profiter de ce moment de paix Shiryu. Trop de fois j'ai cru te perdre. Si une nouvelle guerre éclatait, je m'en voudrais si tu mourais pour de bon sans que nos corps ne se soient connus.
Shiryu : Je te comprends Shunreï, mais pas maintenant. Je ne nie pas avoir envie de toi, mais j'ai encore de sombres pensées. Je veux que tout mon esprit soit focalisé sur toi lorsque nous le ferons.
Shunreï : Et qu'est ce qui te préoccupe plus que moi ?
Shiryu : C'est Shun qui m'inquiète. Il a passé toute la semaine dans sa chambre, n'en sortant que pour manger.
Shunreï : Je te comprends Shiryu, mais laisse moi au moins dormir à tes cotés, faisons comme si nous étions un vieux couple.

Shunreï se blottit contre le corps de Shiryu avant que celui-ci ne réponde à sa requête. Il décida cependant de laisser faire après tout, ce n'était pas désagréable de sentir son corps contre sa peau. Shiryu éteignit la lumière et s'endormit.

17/04/1987

Shiryu se réveilla en sueur. Il venait de faire un horrible cauchemar. Il pensa soudain à Shunreï, pourvu qu'il ne l'ait pas bousculée. Heureusement pour Shiryu, la jeune fille dormait à poings fermés sur le coté. Elle avait sans doute changé de position durant son sommeil. Shiryu regarda l'heure sur son réveil. Il était un peu plus de quatre heures du matin. Il essaya de se rendormir, mais il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Chaque fois qu'il fermait les yeux il avait peur de refaire son mauvais rêve. Il décida de marcher un peu dans le couloir pour se changer les idées. A peine eut il franchi le pas de la porte qu'il fût bousculé par quelqu'un. A cause de l'obscurité, il ne put voir ses traits mais il l'entendit sangloter durant sa course. Cette manière de pleurer n'était pas inconnue à Shiryu. Il savait qu'il venait de croiser Shun. Cependant le jeune homme semblait encore plus anéanti que d'habitude. Shiryu décida de le rattraper et lui demander ce qui n'allait pas. Quand Shun rentra dans sa chambre, Shiryu l'entendit de l'autre coté de la porte.

Shun : Oh June, qu'est ce que j'ai fait ? Pourquoi t'ai je trahi ? Comment pourrai je encore te regarder en face ? Oh June, pourquoi m'as tu laissé seul ?

Shiryu n'en croyait pas ses oreilles, si il avait bien compris, Shun venait de tromper June. Mais apparemment il en souffrait.

Shiryu : Comment a t'il put faire ça ? Il n'est quasiment jamais sorti de sa chambre. Ou alors, il a du tomber sur une serveuse qui a profité de son état pour le mettre dans son lit. C'est l'hypothèse la plus plausible. Je ne sais pas qui est le plus à plaindre, Shun qui regrette ce moment d'égarement, ou June qui vient d'être trompée ? Après tout, elle l'a bien cherché. Quelle idée de ne pas accompagner Shun. Bien sur Ikki m'a fait comprendre l'autre jour qu'elle l'avait fait pour qu'il se prenne en main, mais je commence à croire qu'elle avait peur que leur relation n'évolue trop vite, et elle a voulu mettre une distance entre eux deux. Comme moi avec Shunreï en fait.

Cette réflexion rappela à Shiryu son cauchemar, il avait vu Shunreï dans le lit d'un autre homme. Il fallait qu'il réagisse vite s'il ne voulait pas qu'il lui arrive la même chose qu'à June. Il courut alors dans sa chambre. Au moment de se mettre au lit, il vit l'heure. Ce n'était pas vraiment le moment pour faire ça. Et puis il n'allait tout de même pas réveiller Shunreï pour lui proposer ce qu'il avait lui même refusé quelques heures plus tôt. La lumière s'alluma soudain. Shunreï était parfaitement réveillée et semblait attendre Shiryu.

Shiryu : Allez Shiryu, c'est le moment ou jamais. Pense à cette pauvre June. Shunreï je...

La jeune femme ne lui laissa pas finir sa phrase et l'embrassa tendrement. Elle avait lu ses intentions dans son regard. Les deux amoureux se dévêtirent et s'enlacèrent tendrement.


SHINA


16/04/1987 Dans la chambre de Shina.

La journée tirait à sa fin, Shina tournait en rond dans sa chambre. Elle ne voulait pas sortir, mais s'ennuyait ferme. Elle savait que tous les autres avaient profité du voyage. Même Shun avait décidé de sortir aujourd'hui. Elle le savait car elle avait guetté les allées et venues de ses compagnons toute la semaine. Maintenant il était trop tard et elle regrettait de ne pas avoir réagi plus tôt.

Shina : A cette heure, seuls les bars sont encore ouverts. Les bars, ce n'est pas une mauvaise idée. Avec un peu de chance boire me permettra de l'oublier plus facilement. Et puis comme c'est le Sanctuaire qui régale, je ne vais pas y aller de main morte.

Shina mit pour la première fois son nouveau masque, sortit de l'hôtel et entra dans le premier bar venu. Elle décida de commencer doucement avec du vin, puis s'attaqua à des alcools plus forts. Après un grand nombre de verres, elle commença à perdre toute retenue et se mit à parler aussi fort quelle le pouvait. Le patron et les clients ne comprenaient rien car ses phrases contenaient un mélange d'italien et de grec ancien. Ils ne purent saisir qu'un mot qu'elle répétait souvent : "Seiya" .

Shina : Je ne me suis jamais sentie aussi bien de toute ma vie, je devrais prendre des cuites plus souvent.
Une voix : Shina ? Est ce que tout va bien ?
Shina : Ce n'est pas possible, je rêve, ça ne peut pas être lui. Seiya ! Tu es revenu.

17/04/1987

Shina venait de se réveiller. Elle regarda son réveil, il indiquait sept heures du matin. Elle se leva avec difficulté. Elle avait une sacrée gueule de bois.

Shina : Comment suis je arrivée dans ma chambre ? La dernière chose dont je me souvienne, c'est ce type dans le bar qui lui ressemblait.

Shina eut soudain une réminiscence de la veille. Elle se revoyait se jeter au cou de "Seiya". Il lui a proposé de la ramener. Le reste était encore confus. Elle se rappelait s'être écroulée à l'entrée de sa chambre. "Seiya" avait sans doute du la porter jusqu'à son lit. Après, c'était le trou noir.
Shina se dirigea vers la salle de bain pour se passer un peu d'eau fraîche sur le visage. Elle eut un nouveau flash. Elle se remémora s'être déshabillée et avoir embrassé "Seiya". Il l'avait repoussée mais elle l'avait immobilisé avec restriction, l'avait dévêtu, poussé sur le lit et...

Shina : Je n'ai quand même pas fait ça ! Ce ne doit être qu'un rêve, ça ne peut être qu'un rêve. Mais alors, pourquoi suis je nue alors que je dors habillée ? En plus j'étais sur le dos et la couverture était trop remontée. Réfléchis un peu Shina ! Tu étais saoule, tu n'avais pas toute ta tête. Il est normal que tu ne te sois pas couchée comme d'habitude.

Shina allait chercher ses affaires quand elle les vit bien pliées sur une chaise avec son masque dessus. Ça, ça n'était pas normal. Elle n'aurait jamais pu ranger ses affaires ainsi dans son état d'ébriété. D'ailleurs, même sobre, elle se serait contentée de les poser négligemment.

Shina : Par Athéna ! Je l'ai bien fait. Pauvre homme, je suis certaine que je n'ai pas arrêté de l'appeler Seiya. Je devais être vraiment ivre. En tous cas, ça devait être quelqu'un d'attentionné.

Shina allait faire son lit quand une vision la remplit d'effroi. Le drap était maculé de plusieurs taches de sang. Elle s'imagina tuant son amant d'infortune en réalisant qu'il ne s’agissait pas de Seiya. Elle se reprit cependant en se rappelant ses habits pliés. Et puis, il y avait trop peu de sang. Mais de là à savoir d'où il venait ?
Shina se souvint alors du court d'éducation sexuelle que lui avait prodigué Milo (pour le cas où elle souhaiterait fonder une famille). Ces taches de sang étaient la conséquence de la déchirure de son hymen. Il n'y avait plus de doute possible, elle avait bien fait l'amour cette nuit.

Shina : C'est étrange, je ne suis plus triste en pensant à Seiya. J'ai seulement l'impression d'avoir fini un travail commencé depuis longtemps. Ce pourrait il que mon attirance pour lui n'ai été que purement sexuelle ? Je ne vois pas d'autre explication possible. Dommage que je ne sache pas avec qui j'ai couché, je ne pourrai jamais le remercier d'avoir exorcisé mes démons. Mais Athéna m'en est témoin, je ne toucherai plus jamais une goutte d'alcool de ma vie.


SHUN


16/04/1987 Dans la chambre de Shun et Ikki

Shun venait d'entendre son frère sortir. Au début, il se demandait pourquoi il le laissait seul. Mais en voyant sa mine réjouie quand il revenait, il se disait que le bonheur d'Ikki, qui avait tant souffert, valait bien sa pesante solitude. Cependant, il se sentait moins triste aujourd'hui. Il avait bizarrement envie de sortir, de visiter cette immense cité étrangère. Mais l'idée de voir son reflet ne serait ce que dans une vitrine refroidit cette ardeur.

Shun : Et si je changeais de tête ? Je ne verrais plus Hades dans le miroir. Ce n'est pas une bonne idée. Je ne fais pas trop confiance à la chirurgie esthétique. Ce n'est pas naturel.

Shun soupira et poussa une mèche qui lui cachait la vue.

Shun : Peut être qu'une nouvelle coupe ferait l'affaire ? Et puis au moins ce n'est pas irréversible. C'est décidé ! Je vais chez un coiffeur et je visite la ville.

Shun sortit se l'hôtel et se mit à la recherche d'un salon de coiffure. Quand il en trouva un il fit comprendre au gérant dans un anglais approximatif, qu'il voulait un nouveau look, qu'il lui laissait carte blanche et que son prix serait le sien. Le travail dura à peu près une heure. A la fin Shun remercia le coiffeur sans même regarder sa nouvelle apparence. Il paya puis sortit pour visiter la ville.

La nuit tombait quand Shun rentrait à l'hôtel. Il avait passé une excellente journée et regrettait de n'avoir pas réagi plus tôt. Soudain, il entendit une voix familière. En cherchant sa provenance, il vit qu'elle venait d'un bar. Shun entra à l'intérieur pour vérifier. Le spectacle qu'il vit le fit rougir de honte. Shina était complètement ivre et divaguait.

Shun : Shina ? Est ce que tout va bien ?

La jeune femme regarda Shun avec des yeux ronds et se jeta à son cou.

Shina : Seiya ! tu es revenu.
Shun : Son état est pire que je ne le pensais. Elle me confond avec Seiya. Je ne peux pas la laisser se détruire ainsi. Je vais la ramener à l'hôtel.

Shun se dirigea vers le comptoir pour régler les consommations de Shina. Comme il y avait un miroir, il en profita pour voir sa nouvelle coupe. Ce qu'il vit le laissa interdit un moment. Il avait la même coiffure que Seiya. Hormis la couleur des cheveux, leurs visages étaient presque semblables. Il comprit mieux la confusion qu'avait fait Shina. Il paya et sortit en emmenant Shina.

Shun : Allez vient Shina, je te ramène.
Shina : Tout ce que tu voudras Seiya.

Pendant tout le trajet, Shina ne cessa de délirer en appelant Shun Seiya. Ce dernier avait du mal à empêcher son amie de trébucher. Arrivée devant sa porte, Shina s'écroula. Shun la prit dans ses bras puis la posa sur son lit. Il se dirigea ensuite vers les toilettes de la chambre pour se désaltérer au lavabo.

Shun : Elle était vraiment très amoureuse de Seiya. Elle n'a pas arrêté d'essayer de m'embrasser. Heureusement que June n'était pas là pour voir ça.

Quand il ressortit, il ne put esquiver Shina qui se jeta sur lui et l'embrassa sur la bouche. Par réflexe, Shun la repoussa brusquement.

Shina : Restriction !

A ces mots, Shun ne parvint plus à bouger. Il remarqua ensuite que Shina était complètement nue et qu'elle avait ôté son masque.

Shun : Athéna, qu'elle est belle !

Il devint complètement rouge et essaya de penser à autre chose.

Shun : Comment a t-elle pu m'immobiliser ? C'est un chevalier d'argent. Bien sur elle est beaucoup plus puissante que ses congénères, mais elle ne devrait pas être en mesure de maîtriser un chevalier divin. Surtout dans son état. En y réfléchissant bien, j'ai cru la voir entourée d'une aura dorée quand elle a lancé son attaque. Il est fort possible qu'elle ait le septième sens. Mais qu'est elle en train de me faire ? Elle me déshabille ! Je n'aime pas son regard. Il faut que je me concentre pour me dégager.
Shina : Je rêve de cet instant depuis tellement longtemps Seiya. Ce soir tu seras mien.
Shun : Elle est persuadée que je suis Seiya. Si je la repousse encore, c'est Seiya qu'elle verra refuser ses avances. Shina étant complètement esclave de ses pulsions, je n'ose imaginer sa réaction. Elle vient de me pousser sur le lit.
Shina : Tu vois Seiya, finalement tu vas le faire le cheval. Mais c'est moi qui t'enfourcherai la première, et pas cette salope de Saori.

Shun se mit à verser une larme au moment du coït.

Shun : June, je te demande pardon. Je peux repousser Shina mais je n'en n'ai pas le droit.

17/04/1987

Shina avait fini par s'endormir. Shun quant à lui était parfaitement réveillé. Il attendit un peu que la jeune femme s'endorme profondément et sortit du lit. Il se rhabilla et plia consciencieusement les affaires de Shina sur une chaise. Il remonta la couverture sur elle puis, machinalement, lui posa un baiser sur le front. Il sortit tout doucement de la chambre. Une fois dehors, il se mit à songer aux événements de cette nuit.

Shun : Je ne pensais pas que j'y prendrais autant de plaisir. J'ai fait des choses dont je ne me serais jamais cru capable. J'espère que lorsque je le ferais avec June ce sera au moins aussi bien. Athéna, June ! Mais qu'est ce que j'ai fait ?

Shun se mit à sangloter en courant vers sa chambre. Il ne remarqua pas qu'il venait de bousculer quelqu'un. Une fois à destination il s'adossa contre la porte et pensa tout haut.

Shun : Oh June, qu'est ce que j'ai fait ? Pourquoi t'ai je trahie ? Comment pourrais je encore te regarder en face ? Oh June, pourquoi m'as tu laissé seul ? Pourquoi ai je été si faible.

Shun se dirigea vers la salle de bain. Il s'aspergea le visage avec de l'eau froide.

Shun : J'ai l'impression de sentir encore l'odeur de sa peau, et j'ai toujours le goût de ses lèvres sur ma bouche. Mais qu'est ce qui m'arrive ? Tout ça à cause d'une coupe de cheveux.

Shun chercha le rasoir d'Ikki. Quand il le saisit, il hésita un instant puis se rasa la tête. Son travail fini, il se coucha en sanglotant de plus belle.


SHUNREÏ


17/04/1987 Dans un avion en partance pour la Grèce.

Shunreï dormait contre l'épaule de Shiryu. Elle rêvait de sa vie aux cinq pics avec Doko. Quand celui-ci l'entraînait à maîtriser ses dons de perception cosmique. Quand elle ne travaillait pas aux champs, elle méditait sous sa tutelle pour percevoir les cosmoénergies environnantes. Un jour le roshi lui présenta un jeune japonais. Elle fût subjuguée par la puissance endormie du garçon et ne put dire un mot. Doko voyant sa réaction en fit son disciple. Pendant l'entraînement de Shiryu, elle perfectionna ses dons. Doko lui assura même qu'elle deviendrait plus douée que lui. Elle ne comprit jamais l'utilité de ce pouvoir, mais grâce à lui elle pouvait savoir en permanence si Shiryu était en vie. Elle ne comptait plus les fois où elle défaillit en sentant son cosmos diminuer.
Shunreï se réveilla doucement. Elle sourit en voyant le visage de Shiryu, elle ne lui avait toujours pas parlé de son don.

Shunreï : Au fait Shiryu, j'ai pris une grande décision cette nuit.
Shiryu : Et qu'est ce donc ?
Shunreï : J'ai décidé de vivre avec toi au Sanctuaire.
Shiryu : Je te comprends Shunreï, après cette nuit j'aurais moi aussi du mal à vivre loin de toi.

Shunreï se rappela la nuit ou plutôt la matinée qu'ils avaient passée. Elle savait qu'elle devait cela à Shun et Shina. Elle avait senti leurs cosmos se lier. C'était une sensation assez étrange. Shiryu aussi avait du le percevoir dans son sommeil. Elle était certaine que c'était la cause de son cauchemar (il avait parlé pendant son mauvais rêve). Elle fit seulement semblant de dormir quand il se réveilla. Elle l'avait vu sortir de leur chambre et sentit ensuite son cosmos suivre celui de Shun.

Shunreï : Je ne pense pas que Shiryu sache avec qui Shun a passé la nuit. Tout ce qu'il sait c'est que Shun a trompé June. Et encore, tromper est un bien grand mot. Leur relation n'était que platonique. Je ne suis même pas sure qu'elle aime vraiment Shun. Si ça se trouve, cet entraînement n'est qu'une excuse pour le laisser tomber. Bien sur je ne connais pas assez June, mais si elle aimait réellement Shun elle serait venue avec lui ou lui aurait demandé de l'entraîner. Il y a quand même quelque choses de bizarre. Que Shun regrette ce qu'il a fait est parfaitement normal (quoi que je trouve exagéré de se couper les cheveux) ,mais que Shina ne lui adresse pas un regard après ce qui s'est passé entre eux. Cette femme n'aurait elle pas de coeur ? Je crois que je vais lui demander des explications.

Shunreï se leva et se dirigea vers le siège de Shina. Arrivée à sa hauteur elle fût prise à la gorge par l'odeur d'alcool que le chevalier dégageait.

Shunreï : Bonjour Shina, tu me sembles moins triste qu'à l'aller.
Shina : Effectivement Shunreï, j'ai fini par accepter la mort de Seiya. Il m'a fallu quelques verres en trop mais ça s'est avéré efficace. Et puis j'ai aussi ... fait un drôle de rêve avec lui. Je te passe les détails, tu es un peu trop jeune pour comprendre.
Shunreï : Tu serais étonnée de ce que je peux comprendre. Heureuse que tu ai pu te ressaisir.

Shunreï lança un regard noir en direction de Shun.

Shunreï : Je n'aurais jamais cru que Shun puisse faire une chose pareille. J'ai bien envie de lui dire ma façon de penser. Mais si je fais ça tout de suite, je risque d'éveiller les soupçons de Shiryu. Et puis je me trompe peut être sur le compte de Shun. Je vais d'abord aller voir comment les autres ont trouvé leur séjour.

Après avoir fait le tour de tous ses compagnons, Shunreï se dirigea vers Shun. Elle s'enquit d'abord du séjour d'Ikki puis lui demanda aimablement à parler à son frère. Ikki acquiesça.

Shunreï (tout bas) : Je sais ce qui s'est passez la nuit dernière Shun. Comment as tu pu faire ça ?
Shun (idem) : Si tu savais comme je regrette Shunreï, je ne pourrais jamais me pardonner d'avoir trompé June.
Shunreï (idem) : Je ne te parle pas de ça. Comment as tu pu abuser de Shina comme tu l'as fait ?
Shun (idem) : Mais je n'ai jamais...
Shunreï (idem) : Ne nie pas. Tu as profité de son état de faiblesse.
Shun (sanglotant) : Athéna, mais tu as raison, elle me prenait pour Seiya, je ne savais pas comment réagir, mais je n'aurais pas du. J'ai violé Shina.

Shunreï se rendit compte qu'elle venait de faire une gaffe. Shun n'avait en fait que subi les assauts de Shina qui n'était pas dans son état normal. Soudain une main l'agrippa. C'était Shiryu. Il la reconduisit à sa place mais la mit près du hublot.

Shiryu : Nous allons traverser une zone de turbulence.

En disant cela il avait montré Ikki du regard. Celui-ci avait les yeux injectés de sang. Il n'avait pas entendu la discussion mais il savait que c'était la cause du chagrin de Shun. Il allait se diriger vers Shunreï quand Shun s'interposa.

Shun (sanglotant) : Arrête Ikki, elle a essayé de me réconforter mais elle n'a pas choisi les bons mots.

Ikki se calma et se rassit à coté de son frère. Shunreï se sentait vraiment honteuse. Elle s’était mêlée de ce qui ne la regardait pas et cela aurait pu gravement dégénérer. Elle décida de s'excuser auprès de Shun une fois arrivée en Grèce.

Shunreï : Je vais essayer de lui faire comprendre qu'il a réagi comme il fallait et que ce qu'il a fait n'aura aucune conséquence dans le futur.

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Cette fiction est copyright Benjamin Gelbard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.