Chapitre 9 : Les tourments du vampire


Shun laissa derrière lui ses compagnons. Il ressentait, mêlée à une certaine crainte une confiance sans bornes en ses amis. Il savaient qu'ils reprendraient courage quelles que soient les douleurs qui les affligeaient. Il leur restait cependant peu de temps avant le coucher du soleil. Il continua d'avancer aussi vite que le lui permettaient ses blessures. Il gravissait maintenant un escalier carré qui devait le conduire au quatrième étage de la tour. Il fut rapidement bloqué par une porte qu'il poussa timidement. Face à lui s'étendait la salle où devait l'attendre son prochain adversaire. Elle était nettement plus haute que les salles précédentes. Elle était couverte par un dôme ou brillaient des myriades de petites étoiles. La salle possédait donc son propre ciel qui n'était jamais illuminé par le soleil. Au milieu se dressait une pyramide à degrés faiblement inclinée. Au sommet brûlait un feu qui crachait une épaisse fumée noire. C'est derrière ce foyer que Shun put voir celui qui devait être le gardien. Stoïque, le chevalier observait patiemment son ennemi s'approcher. Quand Shun eut gravi les premières marches, il leva lentement la main et enleva la cape noire qui le protégeait. Shun pût donc voir à quoi ressemblait son adversaire. Il était petit et svelte. Son teint halé par le soleil et ses yeux bridés trahissaient son origine. Sans doute était-il issu de quelque tribu indienne.

- Tu vas mourir sous mes coups comme bien d'autres avant toi.

Tout en proférant ces paroles terrifiantes, il arrivait à garder une certaine noblesse.

- Je suis Maya, le chevalier du vampire, le gardien de l'Amérique. Tu vas apprendre combien il est difficile de combattre un adversaire capable de contrer la moindre de tes attaques. J'ai pu admirer combien ta chaîne pouvait être efficace lors de ton combat contre Khepri. Malheureusement, elle n'a plus désormais le moindre secret pour moi. J'ai pu voir aussi avec quelle lâcheté Khepri s'est battu c'est pourquoi je lui ai accordé une fin digne d'un traître.

- Lâche, tu l'as frappé par derrière, sans lui laisser la moindre chance…répliqua Shun.
- Ses piètres attaques n'avaient plus aucun secret pour moi. Et comme disait un grand stratège chinois " Connais-toi, connais ton adversaire et la victoire t'appartiendra. " J'ai consacré ma vie à observer les attaques de bien des chevaliers. J'en ai vaincu dont la puissance était deux fois supérieure à la mienne. Tous m'avaient sous-estimé et aujourd'hui, il gisent quelque part sous tes pieds.

Shun regarda autour de lui, puis tendit l'oreille. L'écho de la voix de Maya n'était troublé par aucun bruit. Il allait donc devoir affronter seul un ennemi qui prétendait connaître ses points faibles.

- Ma chaîne nébuleuse ne manquera pas son but.

La chaîne monta à quelques mètres de haut, puis plongea en direction du chevalier du vampire. Alors qu'elle était sur le point de frapper sa cible, elle fut stoppée net par une force invisible.

- Tu possèdes là une arme bien puissante. Mais elle ne frappe que ceux qui sont animés par des sentiments de haine. C'est pour cette raison qu'elle ne m'a pas atteint. Vois-tu, des années de méditation m'ont permis de contrôler mes sentiments. Cela m'évite de laisser vivre des ennemis susceptibles de me frapper dans le dos un instant après dit-il en ricanant.

A ces mots, Shun sentit que sa chaîne lui serait inutile. Il devrait donc avoir recours a la tempête nébuleuse.
Une légère brise émanait du chevalier d'Andromède alors qu'il intensifiait son cosmos. Peu à peu, la brise se transformait en un vent d'une vitesse telle que Maya tenait difficilement en place.

- Retire-toi chevalier ou prépare-toi à affronter la tempête de la nébuleuse.

Maya ricana à nouveau. Visiblement, rien ne semblait ébranler sa confiance.

- Tempête de la nébuleuse.

L'air s'agita de plus en plus vite autour de Maya. La tempête, comme mue par une sorte de frénésie gagnait sans cesse de vitesse. Le chevalier du vampire concentrait toute son énergie en place. Soudain, il cessa son effort et fut emporté comme une feuille morte vers la voûte qu'il percuta avec fracas. Shun tomba à genoux, épuisé par les coups qu'il avait enduré et par l'énergie que ce combat lui avait coûté.
Tout a coup, il ressentit une force furtive se glisser derrière lui. Il tenta de se retourner mais sa tentative fut trop lente. Il sentit une griffe acérée plantée dans son cou. Une douleur intense lui fit savoir que son adversaire était bien plus terrible qu'il ne l'avait imaginé.

- Tu vas connaître la pire des agonies murmura Maya. Lorsque les crocs du vampire auront bu jusqu'à la dernière goutte de ton sang, j'offrirai ton cœur sur l'autel divin au sommet des marches.

Paralysé, tant par l'effroi que par la souffrance, Shun ne parvenait pas à se défaire de l'étreinte de son adversaire. Et pourtant il savait qu'il était peut-être le dernier à pouvoir libérer. Peu à peu, il sentait sa vigueur l'abandonner. Les griffes de Maya s'enfonçaient dans sa gorge avec une froideur qu'on ne rencontre que chez les morts. Des gouttes de sang coulaient le long du dos de Shun comme si elles préféraient prendre la fuite devant un adversaire trop redoutable. Le chevalier d'Andromède tenta une ultime occasion de se libérer. Mais cela n'eut pour effet que d'accroître la douleur qui l'accablait. Il sentit son corps échapper à son contrôle. Sa vue devenait floue, ses jambes ne pouvaient plus le soutenir. Il perdit connaissance.
Maya eut un regard triomphal. Il allait pouvoir ajouter cette victoire à son palmarès déjà brillant. Il saisit à deux mains le corps frêle de son adversaire. Il escalada lentement les marches qui le séparaient du sommet. Là, il posa le corps sur l'autel de pierre. Il leva la main et la plongea vers le cœur de Shun.

Un éclair orangé traversa la pièce et frappa Maya au poignet. Une forme métallique, semblable à une plume était profondément incrustée dans ses chairs.

Le chevalier du Phénix, auréolé d'un cosmos flamboyant se dressait devant le chevalier du vampire.

- Tu vas payer de ta vie le coup que tu allais porter.

Maya eût un rictus de mépris.

- Tous ceux qui ont eu la prétention de me vaincre reposent à quelques mètres sous tes pieds. Tu devrais plutôt me supplier d'épargner ta vie.

Pour toute réponse, Ikki se prépara à envoyer son adversaire par delà l'Achéron.
Son cosmos prit la forme d'un phénix incandescent, brûlant comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Cette fois, il ne s'agirait plus de terrasser un simple envoyé du Pope mais bien de venger son frère qui gisait à quelques pas de lui.

- Attends reprit Maya, si tu crois m'impressionner avec ton attaque ridicule. Je l'ai déjà dit à ton frère, je connais en profondeur tous les chevaliers de ce monde ainsi que leurs attaques.
- Il en est un que tu connais bien mal répondit Ikki.

Sur ces mots, il lança contre son adversaire l'illusion du Phénix.

Maya tituba puis commença à crier .

- Non, non !

Dans son délire, il revit les événements qui l'avaient conduit dans cette salle obscure.
Un enfant d'une dizaine d'années était couché dans une grotte, contemplant la vie agitée d'une nichée de chauve-souris. Ce devait être Maya. Il n'avait pas, à cet âge le même regard haineux. Au contraire, il était plutôt calme et bon. Et surtout, il était heureux.
Soudain, une jeune indienne, courut vers Maya.

- Les hommes blancs, ils viennent vers le village, il faut partir tout de suite.

Maya se leva et tendit l'oreille. Des hurlements se faisaient entendre. Ils provenaient de la vallée et peut-être du village.

- Ici, ils ne viendront pas nous chercher. Nous en sortirons demain.

Cette nuit là, Maya ne dormit pas. Il était trop tracassé par les événements. Il redoutait le pire. La rumeur courait qu'une poignée de ces hommes blancs cuirassés et chevauchant des bêtes inconnues avaient pillé des villages entiers en quête d'un métal jaune qui ne leur servait qu'a décorer leurs armes.
A l'aube, Maya et sa compagne sortirent de la grotte. Une odeur nauséabonde émanait du village. Lorsqu'ils arrivèrent sur le parvis de la première hutte, celle du chef du village, ils trouvèrent celui-ci décapité. C'était aussi le cas des deux cents habitants du village.
Horrifié, Maya jura sur le bûcher qui réduisait en cendres ses propres parents de leur accorder une vengeance digne d'eux.
Lorsqu'il devint chevalier, cent nonante neuf personnes, chevaliers ou simples mortels étaient tombés sous les coups de Maya, ivre de vengeance. Il n'en fallait plus qu'un seul pour achever son œuvre.

Maya reprit peu à peu ses esprits. Une haine incommensurable s'empara de son être. Il devait tuer son adversaire quitte à perdre la vie lorsque son funeste devoir serait accompli.

- Tu n'est pas un héros, chevalier dit Ikki, regarde ceux que tu as tué. De pauvres gens sans défense, de véritables représentants de la justice. Rien de ce que tu as fait ne mérite de louanges. Maintenant, c'est à mon tour de rendre justice.

Maya fit croître son cosmos. Lorsqu'il jugea qu'il avait atteint son apogée, il regarda Ikki droit dans les yeux.

- Mon ultime victime ne sera pas un innocent. Ainsi une fois dans ma vie j'aurai œuvré pour la justice.

Maya se projeta dans les airs. Un terrible fracas fit comprendre à Ikki que son adversaire avait fini par regretter ses actes. Une clef d'argent tomba au pied du chevalier du Phénix.
Il la saisit et prit la direction de leur ultime ennemi qui l'attendait, sachant que le destin de Babel allait bientôt se jouer.

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Cette fiction est copyright Vincent Lucic.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.