Chapitre 14 : Janus en renfort !


Dans les geôles au sous-sol du temple d'Apollon, là où Athéna dormait depuis plusieurs heures, endormie par la Flèche Divine d'Artémis, le Grand Pope venait de se sacrifier, du couteau offert par son ennemi Apollon, devant sa déesse à qui il jeta un dernier regard plein de chaleur avant de s'effondrer ,dans une mare de sang jaillie de sa gorge tranchée, pour ne plus jamais se relever. Jusqu'au bout, il n'avait pas douté un instant de la victoire de sa déesse sur le Dieu qu'il avait déjà combattu par le passé, et quittait ce monde serein, confiant en l'avenir.
Artémis, la sœur jumelle du Dieu, qui se tenait toujours là, depuis le début, silencieuse et impassible, s'adressa à son divin frère.

- Il est mort…il a donc accepté notre proposition sans hésiter…cet homme était vraiment d'une fidélité totale à sa déesse. C'est impressionnant.
- Que te prend-il, Artémis, d'avoir de la compassion pour un homme qui a été et qui reste notre ennemi ? Nous en sommes maintenant débarrassé pour de bon. Rien ni personne ne pourra plus jamais se mettre en travers de mon chemin, à moi, Apollon, le Dieu Soleil !
- Vous avez raison, mon frère, dit-elle. Ces chevaliers d'Athéna sont décidément bien stupides, et le Grand Pope lui-même n'a pas fait exception à cette règle. Croire jusqu'au bout que nous ressusciterions Athéna en échange de son propre sacrifice !
- Jamais nous ne ferons revenir Athéna à elle, quoi qu'il arrive…Elle dort profondément, et elle continuera à dormir…à jamais ! ! Ha ha ha ha ha ! !

Puis, regardant le Grand Pope, dont le visage apaisé confinait maintenant à la naïveté avec laquelle il avait offert sa vie devant lui, pour l'amour d'Athéna :

- Ivan des Gémeaux…par ta naïveté, te voilà enfin envoyé là où tu aurais déjà dû aller il y a 187 ans…tu m'as ainsi donné tout le temps de méditer ma revanche, et, maintenant, me voilà débarrassé de toi et de toute menace de subir à nouveau le même sort…Athéna et le Grand Pope…vous voilà réunis dans la tombe, pour toujours, jusqu'à la fin des temps !

Puis il s'adressa à nouveau à sa sœur.

- Artémis !
- Oui, mon divin frère.
- Je retourne à présent dans la Salle du Trône. Je te demande de rester ici, auprès d'Athéna, pour l'instant.
- Comment ? Vous me demandez de rester ? Mais, que va devenir mon Temple ?
- Tu y retourneras en temps et en heure. Pour l'instant, deux chevaliers d'Athéna, apparemment, sont encore en vie, et l'un d'entre eux se dirige à grande vitesse dans notre direction. Tant qu'ils n'ont pas tous été tués de la main des Phébus, ils peuvent venir jusqu'ici et tenter de reprendre le corps d'Athéna. Même s'ils ne peuvent rien en faire, je tiens à ce qu'Athéna reste ici.
- Soit, mais, que faites-vous de ce chevalier d'Athéna qui court vers nous ? Il va franchir mon Temple sans difficulté !
- Sois sans crainte, j'ai mandaté le Phébus de Mercure pour lui barrer la route, et j'ai entière confiance en lui.
- Le Phébus de Mercure ? Dans ce cas, nous n'avons rien à craindre…il risque même d'être surpris en le rencontrant, et en découvrant son identité !
- C'est là mon intention, et c'est exactement la même chose qui se passe avec cette Yoko, que nous avions rallié à nous…elle vient de terrasser le chevalier de l'Horloge, qui était le plus redoutable des sept chevaliers d'Athéna venus ici. Elle était certes moins puissante que lui, mais l'effet de surprise, face à elle, a fait perdre à l'Horloge tous ses moyens…ces chevaliers, aussi forts soient-ils, n'en restent pas moins de misérables humains, incapables de faire abstraction de leurs sentiments…
- C'est ce qui les conduira tous à leur perte ! Tous, sans exception…
- Bien, à présent, je m'en retourne trôner là où je dois être…mais, auparavant…

Apollon leva la main vers le cadavre du Grand Pope gisant à terre, à même le sol, juste à côté de sa déesse, et, du seul geste de sa main, son corps se souleva du sol, en lévitation, jusqu'à rester figé dans les airs. Apollon ne disait rien, et se contentait de regarder, d'un air impassible et nonchalant, le Grand Pope qu'il faisait léviter de la sorte. D'un seul coup, il fit passer sa main droite par-dessus la gauche et claqua des doigts. Un nuage de fumée se forma autour du Grand Pope jusqu'à le recouvrir et le masquer totalement à la vue d'Artémis et de son divin frère. Lorsque le nuage se dissipa, le Grand Pope avait totalement disparu.

Artémis : Mais…qu'avez-vous fait ? Où est passé le Grand Pope, frère ?
Apollon : Cela n'a aucune importance…allez, j'ai assez perdu de temps ici. A bientôt, Artémis.

Et Apollon se retourna et prit la direction de la Salle du Trône, tandis qu'Artémis restait aux côtés du corps d'Athéna.

*****

Khalid de la Licorne avait envoyé son Galop de la Licorne à Callisto avec toute la puissance dont son cosmos était capable, jusqu'à atteindre le septième sens et à le maîtriser parfaitement, et croyait bien en avoir enfin terminé avec son adversaire, mais il fut désespéré de voir le Phébus de Vénus se relever encore, d'autant plus que, au même moment, il sentit le cosmos du Grand Pope disparaître brusquement, encore plus brusquement que celui d'Athéna. Et cela venait de se passer tout près de là où il était, il en avait la certitude.

Khalid : Non…j'avais mis toute ma puissance dans cette dernière attaque…je n'en peux plus…et la cosmo-énergie du Grand Pope vient de disparaître…qu'est-ce que cela signifie ?
Callisto : Ha ha ha ha ha ! Tu as l'air surpris, chevalier. Que t'arrive t-il ? Tu trembles comme un agneau…Aurais-tu peur ? Mmm, je comprends, tu viens de sentir disparaître le cosmos de ton cher Grand Pope, et tu te demandes sans doute ce que cela signifie…
Khalid : Pourquoi ? ? Que sais-tu à ce sujet ? Parle !
Callisto : Je ne devrais peut-être même pas t'en parler, mais, puisque tu ne seras bientôt plus de ce monde…le Grand Pope est venu, en personne, offrir sa vie à Apollon, accompagnant ainsi Athéna dans son dernier voyage…avec Athéna morte, ton combat n'avait déjà plus de raison d'être…maintenant, avec à la fois Athéna et le Grand Pope dans la tombe, ce combat que tu me livres est de l'ordre de l'absurde…
Khalid : Non ! Ce n'est pas possible ! Tout ceci n'est qu'un mauvais rêve !…je vais me réveiller, et comprendre ce qui réellement passé ! !
Callisto : Quand comprendras-tu qu'il n'y a plus rien à comprendre, et que la seule issue pour toi est la mort ? Par la Prise de l'Ourse !

Khalid, qui n'avait plus d'armure et était déjà plus que blessé, se fracassa tout de son long contre les rochers de la paroi voisine, contre laquelle il menait combat, depuis le début. Par miracle, ou peut-être par la seule force de sa volonté, il était toujours en vie, et, bien que son corps était disloqué, la volonté de combattre lui traversait encore l'esprit. Sans doute, pour la dernière fois.

Khalid : Ces rochers, qui me blessent depuis tout à l'heure…tant pis, c'est sans doute la seule solution pour vaincre cette femme…peu importe que j'y laisse la vie, de toutes manières, si Athéna et le Grand Pope sont tous les deux morts…mais j'ai promis à mon maître Jason que je parviendrais au moins à abattre l'un des sept Phébus d'Apollon, et je tiendrai parole…
Callisto : Que rumines-tu, chevalier…Mais…tu te relèves encore !

Khalid fit alors brûler son cosmos de manière quasi désespérée. Il pouvait mourir et s'effondrer d'une seconde à l'autre, mais quelque chose le poussait à rester debout.

Callisto : Mais pourquoi ? ? Pourquoi n'acceptes-tu pas la mort, qui te tend les bras ? tu prolonges tes souffrances inutilement en faisant brûler ton cosmos de la sorte. Tu es ridicule. Mais…ohh ! !

Khalid venait d'attraper Callisto en lui agrippant ses bras sous ses épaules, et l'emmena dans les airs d'un bond prodigieux.

Callisto : Mais que fais-tu, chevalier de la Licorne ? Es-tu devenu fou ? ?
Khalid : Par le Galop de la Licorne !

Par cette dernière attaque, Khalid réussit à projeter Callisto avec elle en direction de la paroi de pierre abrupte près de laquelle ils se battaient depuis le début. Ils allaient s'écraser de tout leur poids sur les rochers, avec une violence inouïe, et Callisto comprit que c'était là ce que cherchait Khalid : se suicider en emmenant son adversaire avec lui. Aussi, bien que ce dernier tenait fermement Callisto, cette dernière se tourna dans le sens opposé au chevalier de la Licorne, afin que ce soit lui qui s'écrase contre la roche. Mais Khalid n'en avait plus cure, et se moquait de mourir le premier, et ce quelles qu'en soient les souffrances.
Le choc fut terriblement violent, et le corps tout entier de Khalid se brisa sous l'impact, à la fois par la roche et par le poids exercé sur lui par le Phébus de Vénus. Khalid mourut sur le coup, mais savait sa victoire certaine malgré tout. Au moment précis de l'impact contre la pierre, Callisto s'était séparée de l'étreinte des bras de Khalid, et tentait d'atterrir à terre, sans trop de dommages, quelques mètres plus bas, sans se soucier de son adversaire. Seulement, le choc de Khalid contre la pierre avait provoqué un début d'éboulement qui s'amplifia intensément en quelques secondes à peine. Callisto n'eut pas le temps de réagir et vit s'abattre sur elle plusieurs tonnes de pierres sous lesquelles elle disparut instantanément. Elle fut happée et tuée sur le coup à son tour. Un gigantesque fracas retentit à des hectomètres aux alentours. C'en était fini du combat entre Khalid de la Licorne et Callisto de l'Ourse ; il ne restait plus rien des deux chevaliers, si ce n'étaient des taches de sang visibles sur les pierres qui les ensevelissaient totalement, ainsi que quelques lambeaux de chair, de bras, de jambes ou d'on ne savait trop quoi, éparpillés ça et là, témoignant du carnage produit par l 'éboulement.

*****

Sanctuaire d'Athéna, la Chambre du Grand Pope

Un nuage de fumée s'était formé mystérieusement au beau milieu du tapis rouge qui recouvrait le sol de la Chambre du Grand Pope, sous les yeux ébahis de Siddartha de la Vierge, qui les ouvrit sous le choc, lui qui les gardait fermés habituellement. Que se passait-il ; le feu prenait-il dans la Maison du Grand Pope ? Il chercha des explications rationnelles à ce phénomène, jusqu'à ce que le nuage se dissipe totalement et que le corps sans vie du Grand Pope, Ivan des Gémeaux, apparaisse devant lui.

Siddartha : GRAND POPE ! ! !

Siddartha se précipita sur le corps du Grand Pope, ne pouvant croire qu'il était mort. Il dut se rendre à l'évidence, très rapidement. Des larmes de rage et de désespoir lui rougissaient les yeux et commençaient à perler sur ses joues.

Siddartha : Ainsi, nous n'avons rien pu faire…vous êtes mort pour rien…mais pourquoi ? ? Pourquoi, Grand Pope, aviez-vous refusé que j'aille à Delphes à votre place ? C'est moi qui aurait dû mourir…Je m'en voudrai maintenant chaque jour, jusqu'à la fin de ma vie…

Il pleura quelques longues minutes, puis se décida à faire honneur à sa fonction de Grand Pope, et à agir en conséquence. Il vit le casque et le masque du Grand Pope, qu'Apollon lui avait téléportés en même temps que le corps de leur ancien propriétaire, et il décida de les porter. Ce qui, dans un premier temps, lui permettrait de masquer les larmes qu'il avait encore du mal à contenir. Puis, s'étant rassis sur le Trône Sacré, il décida de faire porter le corps du Grand Pope dans un lieu plus approprié que la Chambre Sacrée.

- Baruch ! Appela t-il.

Personne ne répondit à son appel.

- Baruch ! Baruch, viens ici !

Mais Baruch, qui se trouvait habituellement toujours dans les appartements réservés aux domestiques et prêt à répondre à toutes les demandes du Pope quand celui-ci le souhaitait, n'était manifestement plus là. Siddartha ne faisait que s'enfoncer encore plus dans son désespoir.

- Athéna…puis le Grand Pope…et, maintenant, même Baruch…Il n'y a plus personne…plus personne ici, au Sanctuaire ! A quoi bon espérer encore ? Ce combat a t-il encore un sens ?

Puis il se souvint en pensée de l'homme qu'il avait envoyé à Delphes il y avait peu de temps, et l'interpella, à haute voix, dans la pièce, par un message télépathique.

- Janus, chevalier d'or des Gémeaux ! Tu es notre seul espoir !

*****

Doko

Depuis plus d'une heure, je courrais à toute allure à travers les sentiers du Sanctuaire de Delphes, vers la direction où j'avais ressenti des cosmos brûler violemment. Je ne pouvais guère me déplacer plus vite qu'à une fraction de la vitesse du son, tant ma route était parsemée d'obstacles, avec les parois montagneuses escarpées et les précipices abrupts dont je ne voyais pas le fond dans l'obscurité de la nuit. Je ne savais pas quelle heure il pouvait être à présent, sans doute l'aube était maintenant proche, et j'étais surpris de ne pas être plus fatigué que je ne l'étais réellement, après plus d'une journée sans sommeil.

Mais je savais que ce combat allait bientôt toucher à sa fin. Cinq Phébus avaient été tués, et cinq chevaliers d'Athéna avaient également laissé la vie dans la bataille. Même depuis le royaume de France où ce Géryon du Bœuf m'avait contraint à me rendre, j'avais senti s'éteindre le cosmos de mes compagnons d'armes. Arcanan du Corbeau…Tom du Lézard…Polydecte de Céphée…Neil du Lynx…et, depuis quelques instants, Khalid de la Licorne…que de valeureux chevaliers s'étaient sacrifiés pour la paix sur Terre, qui, du reste, était toujours menacée ! Il ne restait désormais plus que deux chevaliers, Adam de l'Horloge et moi-même, pour tenter de mettre un terme à cette bataille absurde. Mais le cosmos d'Adam avait considérablement faibli depuis quelques instants, à son tour, et je ne pouvais cesser de m'inquiéter. Etait-il encore en vie ? A qui avait-il eu affaire pour être vaincu aussi facilement, lui qui était réputé être l'un des plus puissants d'entre nous ? Il me fallait me dépêcher, pour le retrouver, lui, ainsi que les deux Phébus qui étaient encore en vie. Et pour connaître enfin la vérité. Qu'était-il arrivé à Athéna et au Grand Pope, pour que leurs cosmos s'éteignent comme ils s'étaient éteints ? Y avait-il encore un moyen d'arracher Athéna aux griffes de la mort ? J'étais le seul chevalier encore en vie capable de mener le combat ; c'était sur moi que tout reposait.

C'est donc taraudé par les doutes et l'incertitude que je me dépêchai de me diriger vers le lieu où je sentais encore deux puissants cosmos hostiles brûler intensément, deux cosmos qui ne pouvaient être que ceux de nos ennemis. Après de longues minutes de course angoissante à travers des sentiers montagneux sans fin, j'arrivai enfin à l'orée d'une forêt où j'aperçus un amas considérable de pierres et de rochers au pied d'une paroi rocheuse, qui me sembla issu d'un éboulement tout récent. Alors que je m'apprêtai à poursuivre mon chemin sans me soucier de quoi que ce soit, je vis des taches de sang sur les rochers, qui avaient coulé jusque sur le sol…et, sur celui-ci, j'eus la vision atroce de morceaux de chair arrachés et impossibles à identifier. Je vis également des restes d'armure brisée et je pus alors savoir de qui il s'agissait. Khalid de la Licorne. Quelle mort atroce avait-il subi ! Des larmes me montèrent aux yeux et je ne pus les retenir. Je m'arrêtai quelques secondes en recueillement sur ce lieu macabre, et priai pour le repos de son âme. Qu'Athéna te soit à jamais reconnaissante, Khalid. Tu as offert ta vie pour Athéna, pour vaincre le Mal. Et, en pensant cela, je jurai de tout faire pour combattre sans pitié Apollon et les deux Phébus encore en vie, pour mettre fin à ce combat sanguinolent et absurde. Trop de sang avait coulé, beaucoup trop. Il fallait en finir.

Il ne me fallait pas trop m'attarder et je m'enfonçai dans la petite forêt qui jouxtait le lieu de cette découverte sordide, en arrachant à toute vitesse, à mains nues, les branches qui me barraient le passage. Lorsque j'en sortis, je vis un temple se dresser au loin, en haut d'un immense escalier, dont l'entrée était puissamment éclairée par des torches. Etait-je enfin arrivé ? Etait-ce enfin le Temple d'Apollon ? Je fonçai et gravis l'escalier de l'entrée en montant les marches quatre par quatre. Je pénétrai alors dans le Temple. Non, ce n'était pas le Temple d'Apollon, et je pus m'en rendre compte par d'imposantes fresques murales sculptées à même la pierre des murs, qui représentaient des scènes de chasse. Mon vieux maître Anatol m'en avait déjà parlé. Le Temple d'Artémis, la déesse de la Chasse. Alors que je courais toujours à vive allure, un individu enroulé dans une cape apparut en travers de ma route et me força à m'arrêter. Il n'émettait aucun cosmos. Etait-ce Artémis ?

- Qui es-tu ? demandai-je.

L'individu ouvrit le capuchon qui lui enserrait la tête et je pus alors voir celle-ci. C'était un homme trapu, portant un masque, que je reconnaissait sans peine. L'un des hommes - clé du Sanctuaire d'Athéna.

- Baruch ? ? ? C'est bien vous, Baruch ? Mais, que faîtes-vous ici, à Delphes ?

C'était bien Baruch, l'homme de main du Grand Pope au Sanctuaire, son précieux bras droit qui le secondait dans de nombreuses tâches, et qui se tenait là devant moi. Que faisait-il là ? Pourquoi avait-il quitté le Sanctuaire ?

- Doko, le Grand Pope vient de mourir. Cette bataille contre Apollon n'a plus de raison d'être ; Athéna elle-même est vaincue, et il n'existe plus aucun moyen de la sauver. Il nous faut nous résigner à la défaite. Rentrons au Sanctuaire la tête haute.
- Mais, que dites-vous ? Vous avez perdu la raison ! ! Je suis un chevalier d'Athéna, et je lutterai jusqu'au bout pour la sauver et pour combattre Apollon ! Jamais je n'abandonnerai ! Et je n'accepterai pas de recevoir le moindre ordre émanant de vous !
- Dans ce cas, je vais devoir te combattre, Doko…

Comment Baruch pouvait-il me demander une telle chose ? Quelque chose ne tournait pas rond. Il est vrai que Baruch avait toujours été un homme des plus discrets au Sanctuaire, et que personne ne savait grand chose à son sujet. Il avait toujours été un des hommes de confiance du Grand Pope, et s'était toujours acquitté de ses différentes missions avec la plus grande réussite. Il avait mené avec la plus grande détermination son voyage à travers le monde, il y avait quatre ans de cela, pour recruter chacun des soixante-dix neuf guerriers qui avaient par la suite conquis l'une des 88 armures de chevaliers d'Athéna, et c'était en partie à lui que je devais d'être devenu chevalier de bronze du Dragon. Mais qui, en fait, était réellement cet homme ? Il portait un masque, comme le Grand Pope, et personne n'avait jamais vu son visage, pas même le Grand Pope. C'est alors que l'idée me vint à l'esprit. Ce n'était pas Baruch que j'avais en face de moi. Quelqu'un d'autre se cachait sous son masque.

- Tu n'es toujours pas décidé à renoncer, Doko ? Je te laisse une petite chance de retourner au Sanctuaire d'Athéna sur-le-champ, sans quoi je serai obligé de te tuer.
- Tu…tu n'es pas Baruch. Le vrai Baruch est la fidélité même incarnée ; il ne se permettrait jamais de quitter le Sanctuaire et de se dresser contre les chevaliers qu'il a lui-même appelés à venir protéger Athéna, il y a plus de quatre ans. Montre-toi, imposteur ! Qui es-tu ?
- Tiens-tu vraiment à le savoir, Doko ? Me répondit-il sur un ton totalement différent, qui le trahissait.
- Allez ! Ote ce masque et montre ton visage ! Ou je te l'arracherai moi-même !
- Très bien, comme tu voudras…Mais, avant…Armure sacrée, viens à moi !

Il leva un doigt au ciel, qui fit jaillir un rayon lumineux et fin. Je sentis alors un cosmos s'approcher, mais ce cosmos n'était pas humain. C'était une armure qui vibrait, qui raisonnait et s'approchait à toute vitesse. C'est alors que ce que je n'osais croire se produisit. Une aura dorée se forma autour de Baruch et s'éleva au-dessus de lui. D'une main, il arracha la cape qu'il portait et se retrouva torse nu. L'aura au-dessus de lui devint nette et apparut alors une armure dorée en forme d'arc ! Baruch était donc un chevalier ? ? L'armure se décomposa et tous les morceaux vinrent épouser harmonieusement chacune des parties de son corps. Lorsque ce fut fait, il porta enfin sa main à son visage et s'apprêta à arracher son masque après toutes ces années. Je sentais mon cœur se battre à se rompre à l'idée de connaître enfin le mystère de cet homme. Je poussai un cri à la vue de son visage, que je reconnaissais aisément. Impossible. Je le croyais mort depuis quatre ans !

- Je suis Moebius de l'Arc, Phébus de Mercure ! Et je vais t'abattre, Doko de Rozan !

*****

Janus

En me déplaçant à la vitesse de la lumière, j'arrivai au Sanctuaire de Delphes en un éclair, et je m'y engouffrai tête la première, sans perdre de temps, sans même savoir où je me dirigeais, mais déterminé à trouver Apollon et à l'abattre sur le champ, grâce aux précieuses explications que m'avait données Siddartha de la Vierge, par l'intermédiaire d'Hippolyte du Verseau. Tout de même, tout cela m'inquiétait. Le Grand Pope appelé par Apollon lui-même, le cosmos d'Athéna évanoui depuis plusieurs heures, et le nouveau Grand Pope par intérim, Siddartha, qui désobéissait à la déesse en demandant à l'un d'entre nous de quitter cette montagne sacrée que nous devions protéger à tout prix ! Pour demander à un chevalier d'or d'intervenir dans la bataille, c'est que, vraiment, la situation devait être désespérée. Athéna pouvait-elle vraiment être sauvée ? Grand Pope, Ivan des Gémeaux, mon maître…vous vous êtes sacrifié pour elle en croyant pouvoir l'arracher au maléfice d'Apollon et d'Artémis, et vous êtes tombé dans le piège odieux qu'il vous ont tendu, perdant ainsi la vie pour rien…je vous jure solennellement que je vengerai votre mort, et que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour abattre ce tyran qui menace la vie de l'humanité en ce moment, et qui a usurpé le nom même de Dieu par ses exactions.

Je traversai donc à toute vitesse la montagne du Sanctuaire, n'ayant cure des parois escarpées sur lesquelles je courais, et arrivai très vite devant l'entrée d'un gigantesque temple dressé en haut d'un escalier. Je sentais deux cosmos en train de s'affronter à l'intérieur, et fonçai pour les retrouver. Je reconnus Doko, le chevalier de bronze du Dragon, que j'avais eu l'occasion d'affronter il y a quelques jours, dans ma maison, lors de l'Epreuve d'Athéna, et que le Grand Pope m'avait contraint à laisser passer car j'avais, justement, utilisé contre lui cette technique interdite qu'il me fallait employer aujourd'hui même contre notre ennemi. Il combattait un chevalier à l'armure dorée qui était sans doute un Phébus d'Apollon, l'un des derniers encore en vie. Ce chevalier me parut étrangement familier, bien que je n'avais jamais vu son visage auparavant, comme si c'était quelqu'un que j'étais habitué à voir régulièrement au Sanctuaire, depuis des années. Mais qui ? ? Je pensai un moment à venir en aide à Doko, mais, malheureusement, ma mission était précise, et je n'avais pas une seule seconde à perdre. Je devais trouver Apollon et l'abattre sans délais. Je tentai donc de passer sans m'arrêter, mais, en me voyant, le Phébus eut une réaction très vive, comme surpris, et même contrarié, de me voir là. Il interrompit son combat avec Doko et tenta de me barrer la route.

- Janus des Gémeaux ! ! Toi ici ! ! Comment cela se peut-il ?
- Comment connais-tu mon nom, chevalier ? Et qui es-tu ?
- Tu n'iras nulle part, Janus ! Par la Flèche Satanique !
- Par l'Explosion Galactique !

J'avais immédiatement riposté à l'attaque du Phébus, qui alla s'encastrer dans un mur et perdit un instant connaissance. Doko, qui était aussi surpris que son adversaire de me rencontrer en ces lieux, prit néanmoins la parole.

- Janus, me dit-il, cet homme n'est autre que le Phébus de Mercure, l'un des chevaliers d'Apollon, qui a pris l'apparence de Baruch, l'homme de main du Grand Pope. Je n'ai pas le temps de t'expliquer davantage, mais je devine pourquoi tu es ici, et je remercie de tout cœur le Grand Pope par intérim de t'avoir envoyé en renfort. Dépêche-toi, le temps nous est compté. Le Temple d'Apollon est juste derrière celui-ci, tu n'en es plus très loin. Va, terrasse Apollon et sauve Athéna ! Je vais combattre le Phébus de Mercure pendant ce temps, et je te promets de le terrasser et de te rejoindre très vite.
- Très bien, je te laisse, Doko, fis-je sans une hésitation.

Je ne me retournai pas et laissai Doko à son combat, confiant en son issue. Mais voilà qui était pour le moins surprenant. Baruch, le fidèle homme de main du Grand Pope ! C'était donc lui que je n'arrivais pas à identifier en la personne de ce mystérieux Phébus de Mercure ! Ainsi, je commençais à comprendre le pourquoi de cette bataille…la vérité allait éclater, enfin. Et je n'en étais que plus pressé d'en finir.

Une fois sorti du temple, en effet, je pus apercevoir, directement, un deuxième temple se dresser au loin, sur la même route. Il n'y avait pas d'autre issue possible, la route s'achevait là ; c'était donc bien le temple d'Apollon. Je m'y engouffrai et ralentis un peu ma course. Il régnait, à l'intérieur, une impression de malaise et d'angoisse indescriptible. Comme si la mort s'était déjà emparée des lieux. Un long couloir était éclairé par des torches, et je supposais que, au bout de celui-ci, j'allais parvenir dans la Salle du Trône d'Apollon. Mais, peu avant de l'atteindre, je vis un homme gisant à terre, que je reconnus sans peine.

- Adam ! !

Adam, chevalier de l'Horloge, gisait à terre, évanoui depuis un certain moment semblait t-il. Adam, lui qui avait si brillamment combattu dans ma maison, lors de l'Epreuve d'Athéna, qui m'avait trompé par son attaque, moi, Janus, le maître des illusions…qui l'avait mis dans cet état, et vaincu si facilement ? Je n'allais pas tarder à en avoir la réponse. Un chevalier venait d'arriver sur les lieux. Vêtu d'une armure dorée brillant encore plus que la mienne, et qui laissait deviner la forme d'un animal félin. Un frisson effroyable me parcourut alors quand je vis son visage, éclairé par la lumière des torches.

- Eh bien, Janus, tu as l'air surpris de me voir ici…

J'étais quasi épouvanté par cette apparition. Ce que je redoutais le plus au monde se produisait sous mes yeux.

- Yoko ! ! !

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.