Chapitre 17 : Le fils d'Apollon


Un silence solennel régnait dans l'immensité de la pièce. L'austérité des lieux, tous de gris et de pierre, contrastait avec l'élégant et somptueux tapis de pourpre déroulé sur le sol, sur les grandes dalles de pierre symétriques. Au bout de ce tapis, un homme, habillé d'une robe sombre, était assis depuis un moment sur un trône doré, où l'on pouvait voir, en son sommet, un symbole solaire. Il scrutait, d'un regard froid et impassible, malgré un visage très doux, un autre homme, portant armure sur le dos, qui venait de monter les marches le séparant de lui. Pendant quelques secondes qui semblaient durer une éternité, il restait, face à lui, sans savoir que faire. Adam de l'Horloge touchait au but.

Apollon. Le Dieu Soleil, lui qui tentait de s'emparer au moment même du contrôle de la Terre par un réchauffement climatique sans précédent, était face à lui. Ce Dieu solaire et pourtant si froid, si inhumain, responsable de la mort de tant de valeureux guerriers. Jason du Bélier, Arcanan du Corbeau, le Grand Pope lui-même et tant d'autres…Lui, un chevalier d' argent, il était parvenu jusque là, avait traversé monts et vaux à travers le Sanctuaire de Delphes, avait échappé aux griffes de Yoko de la Panthère, et, maintenant, il était face à celui par qui ce conflit avait commencé. Un Dieu. Lui, un humain, allait affronter un Dieu. Quelle que fût l'armure qu'il portait sur ses épaules, et l'intensité à laquelle il parviendrait à élever son cosmos, le combat serait forcément qu'inégal. Et pourtant, il devait le faire, pour la paix dans le monde, pour Athéna, qui, bien qu'endormie, attendait certainement sa victoire. Doko du Dragon et Janus des Gémeaux se battaient, non loin de là, et il n'avait pas la moindre certitude quant à l'issue de leur combat. Aussi, à l'instant actuel, il était seul, seul pour combattre l'incombattable. Le destin et les derniers espoirs de l'humanité toute entière, étaient sur ses épaules.

Apollon : Qui es-tu ?

La question venait d'être lancée, froide, sèche, sans la moindre perception d'inquiétude. Un humain venait le déranger et il lui demandait son identité.

Adam : Je suis…

Il hésita un instant à la réponse qu'il allait formuler, puis se décida à faire abstraction de tout sentiment face à Apollon. Peu importe qu'il fût un Dieu, il était avant tout son adversaire, et rien d'autre.

Adam : Je suis Adam de l'Horloge, chevalier d'argent d'Athéna ! Et je viens te forcer à libérer Athéna, Apollon !

Apollon ne bougeait pas, l'expression de son visage était inchangée.

Adam : Je…je vais te forcer à sauver Athéna, et j'utiliserai la force, s'il le faut ! En garde, Apollon !

Adam ne se décidait pourtant pas à attaquer, paralysé par un sentiment d'inquiétude qu'il n'avait encore jamais ressenti face à aucun ennemi. Pour la première fois de sa vie, il avait peur. Un petit sourire amusé se dessina sur les lèvres d'Apollon.

Apollon : Eh bien, chevalier ? Qu'attends-tu ? Ne viens-tu pas de me dire que tu comptais utiliser la force ?
Adam : Je…je vais…par l'Evasion de l'Horloge !

Adam lança enfin son attaque sur Apollon. Il savait qu'il ne pouvait pas tuer le Dieu, et cela n'était nullement son intention. Il se souvenait des recommandations du Grand Pope Ivan avant qu'il ne parte, avec Athéna et les autres, du Sanctuaire pour se rendre à Delphes. Apollon, contrairement à d'autres dieux, ne se réincarnait pas dans le corps d'un humain à chaque résurrection. Il possédait son propre corps, sa propre enveloppe charnelle, originelle, qui sommeillait incessamment entre chaque Combat Sacré, et ressuscitait d'elle-même. Du moins lui fallait-il une aide extérieure pour le faire. Il ne se doutait pas du secret que Moebius avait révélé à Doko quelques instants plus tôt, mais il savait que son objectif n'était pas de se battre contre le Dieu sans raison, dans le vide. Seule Athéna était capable de tenir tête au Dieu, et, puisqu'elle avait été plongée dans un sommeil mystérieux depuis plusieurs heures, sa mission était donc d'obliger le Dieu à intervenir. Par un moyen ou un autre, il devait le contraindre à la réveiller.
Aussi, il lança contre Apollon " L'Evasion de l'Horloge ", dans l'espoir que, à force de ruse, il se résolve à libérer Athéna. Son attaque le fit se déplacer à grande vitesse dans la pièce, si vite qu'il semblait se démultiplier à l'œil nu. Chacune de ses apparences se mit alors à tournoyer autour du Trône où était assis Apollon, jusqu'à l'encercler parfaitement, puis à l'attaquer simultanément en lui envoyant des boules d'énergie. Même s'il ne parvenait pas à blesser Apollon, il l'obligerait à bouger pour se défendre. Les boules d'énergie volèrent donc en direction d'Apollon et se rapprochèrent de lui, sans qu'il ne se décide à bouger d'un millimètre. On aurait même dit que cette attaque l'ennuyait et il commençait à fermer les paupières. Il les rouvrit brusquement et toutes les boules d'énergie firent aussitôt demi-tour et repartirent vers leur envoyeur ! Adam réussit à les éviter de justesse et fit un saut périlleux pour se remettre en équilibre devant le Dieu, essoufflé et un peu déconcerté par tant de facilité.

Adam : Ta puissance est impressionnante, Apollon, mais je n'ai pas dit mon dernier mot !

Apollon ne réagissait pas et le regardait toujours avec le même regard impassible.

Adam : Eh bien, Apollon ? Tu ne dis rien ? Pourquoi ce silence ? Cacherais-tu ta peur ?
Apollon : Je n'ai même pas besoin d'ouvrir la bouche pour me débarrasser de toi…
Adam : Comment ? ?
Apollon : Que crois-tu pouvoir faire contre moi, misérable humain ? Je suis un Dieu. Si tu as perdu la mémoire, je vais très vite te la rafraîchir.
Adam : Peu m'importe que tu sois un Dieu, je ne te crains pas, Apollon ! Six de tes sept Phébus ont été tués, et ton armée sera bientôt totalement décimée ! Tous tes rêves de gloire seront anéantis, et nous te vaincrons !
Apollon : Tu m'ennuies…

Apollon cligna alors des yeux. Adam fut balayé par une rafale de vent extraordinaire et alla s'encastrer dans le mur près de la grande porte d'entrée de la Salle du Trône, au-delà des escaliers. Il se releva, remonta très vite les escaliers qui le séparaient du Dieu et se remit en position d'attaque face à lui.

Adam : Par l'Evasion de l'Horloge !

Adam avait la faculté de modifier l'apparence de chacune de ses attaques, de manière à toujours surprendre son adversaire sans lui laisser l'occasion de pouvoir analyser l'attaque. Il espérait que, même face à un Dieu, le résultat serait le même. Ainsi, il ralentit encore une fois le temps de manière à apparaître sous plusieurs apparences démultipliées, mais, cette fois, au lieu de simplement tournoyer autour du Dieu, il se mit à faire des sauts au-dessus de son trône, et à passer au-dessus de lui, à une vitesse qui paraissait être celle de la lumière en raison de la distorsion du temps qu'il avait produite. Les apparences d'Adam, qui étaient en fait un seul et même homme, allaient et venaient dans tous les sens, par-dessus, sur les côtés du Dieu, de manière désordonnée, afin de tromper la vision d'Apollon. Et chacune des apparences lança à nouveau une boule d'énergie. Cette fois, Apollon ne put se contenter de rester assis. Il se leva et fit un bouclier avec ses bras pour renvoyer, une fois de plus, les boules d'énergie à son leur propriétaire. Mais, cette fois, certaines arrivaient par au-dessus, au-dessous, et il dut sauter pour les éviter, avant de se rétablir un peu plus loin. Il y eut malgré tout une explosion. Adam avait détruit le Trône Sacré d'Apollon.

Apollon : Tu as détruit mon Trône, misérable ! Ma vengeance sera terrible ! !

Apollon sembla cette fois exprimer sur son visage tous les sentiments qu'il avait cachés jusqu'ici. Il leva un bras et tendit l'index vers Adam, qui fut une nouvelle fois projeté avec force vers l'arrière, plus violemment que la première fois. Il n'en démordit pas et se releva encore.

Apollon : Tu te relèves encore ? Très bien, chevalier…cette fois, tu ne pourras plus t'en remettre…

Il leva encore l'index, et, cette fois, déclencha une véritable tornade contre le chevalier de l'Horloge. Adam fut projeté avec une telle violence qu'il s'encastra profondément dans la pierre du mur et que des morceaux de celui-ci lui retombèrent dessus avec fracas. Son armure de l'Horloge se fissura et explosa en petits morceaux. Il n'avait maintenant plus de protection sur les épaules. Etalé sur les dalles du sol, face à Apollon, il saignait abondamment à divers endroits et commençait à sombrer dans l'inconscience.

Adam : Il est si fort…je ne peux rien faire contre lui…Apollon…un Dieu…même mon armure d'argent, pourtant réputée si solide, vient d'éclater comme du verre sous ses coups…n'y a t-il donc rien à faire ? Athéna, la Terre, sont-elles condamnées ? Je vais…je vais perdre connaissance…

Et Adam ferma les yeux, tandis que son sang se répandait sur le sol. Apollon se tenait toujours, sans bouger, face à lui.

*****

A quelques dizaines de mètres de là à peine, dans le long couloir de l'autre côté de la porte de la Salle du Trône, Doko et Janus venaient de ressentir l'affaiblissement subit du cosmos d'Adam de l'Horloge, mais ils n'avaient même pas le temps d'y penser. Aux côtés de Yoko de la Panthère, deux Phébus ressuscités venaient de faire leur réapparition, sous leurs yeux consternés. Doko parla à Janus .

Doko : Janus, je ne sais par quel miracle ces deux Phébus se tiennent face à nous alors qu'ils avaient pourtant été tués il y a quelques heures, mais le temps est plus à l'action qu'à la réflexion. Je te propose de nous séparer. Tu es sans doute assez fort pour combattre à la fois les deux Phébus ressuscités. Moi, je vais me tenir à l'écart avec Yoko, et je vais en finir avec elle.
Janus : Très bien, mais promets-moi seulement…de ne pas la tuer…

Doko eut un regard embarrassé pour Janus. Il ignorait comment allait se terminer le combat, et lui promettre une telle chose était sans doute impossible.

Doko : Je te le promets…

Les deux Phébus regardaient Doko et Janus discuter, et s'impatientaient.

Géryon : Eh bien, passons aux choses sérieuses, à présent ! Je vais vous frapper tous les deux en même temps, pour en finir plus vite ! Par la Charge du Bœuf !

L'attaque était à destination de Doko et Janus réunis, et Doko se posa devant avec son bouclier, qui absorba une partie de l'attaque. Pendant ce temps, Janus contre-attaqua avec son Explosion Galactique, que les deux Phébus prirent en même temps de plein fouet. Pendant qu'ils se relevaient et que Janus se postait face à eux pour leur indiquer qu'il comptait les combattre, Doko fuit vers un bout opposé du couloir où il avait déposé le corps de Yoko évanouie quelques instants auparavant. Il la retrouva alors qu'elle se relevait et osa espérer que le coup qu'il lui avait porté tout à l'heure lui avait permis de retrouver ses esprits.

Doko : Yoko ! Tu es debout, à nouveau ! Content de voir que tu n'as pas…
Yoko : Par les Griffes de la Panthère ! !
Doko : Aaaarggghh ! !

Doko fut surpris par cette nouvelle attaque à laquelle il ne s'attendait pas du tout et finit quelques mètres plus loin, par terre à son tour.

Doko : Yoko ! Tu n'as donc pas encore ouvert les yeux ! Faudra t-il que je te combatte encore et encore, jusqu'à ce que tu admettes que tu as été abusée par Apollon ?
Yoko : Je ne vois pas ce que j'ai à admettre, Doko ! Je suis ton adversaire et notre combat n'est pas fini ! Par les Griffes de la Panthère ! !
Doko : Pardonne-moi, Yoko…Par les Cent Dragons de Rozan ! ! !

Les deux attaques s'entrechoquèrent et celle de Doko était légèrement supérieure à celle de Yoko, qui fut balayée alors que Doko restait debout. Néanmoins, Yoko se releva, le regard empli de colère pour Doko.

Doko : Yoko, répond-moi maintenant…Dis-moi ce qui s'est passé avec Janus !
Yoko : Que cherches-tu à savoir ? Je ne suis disposée à répondre à aucune de tes questions !
Doko : Tu m'as toi-même dit, tout à l'heure, que, même si tu n'avais pas changé de camp, tu n'avais pas perdu la mémoire ! Alors je te demande de me répondre. De toutes manières, la vérité éclatera, tôt ou tard…
Yoko : Il ne s'est rien passé avec Janus des Gémeaux ! Je ne vois pas à quoi tu veux faire allusion !
Doko : Si, Yoko…pendant l'Epreuve d'Athéna…tu es parvenue jusque dans la Maison des Gémeaux…et, face à Janus, tu as perdu ton masque ! Et, pour une femme chevalier, il n'y a que deux alternatives possibles…haïr jusqu'à la mort celui qui l'a vue, ou…l'aimer !
Yoko : Où veux-tu en venir ?
Doko : Je l'ai compris en voyant Janus t'affronter tout à l'heure…lui, un chevalier d'or, l'un des êtres les plus puissants du monde, était incapable de te tenir tête. Parce qu'il était dévoré par les sentiments qu'il avait pour toi depuis ce jour-là…et que tu as toujours pour lui, toi aussi ! Que tu as enfoui au plus profond de toi, et qui vont rejaillir ! !

" Et qui vont rejaillir… "
" Et qui vont rejaillir… "

Yoko, à ces paroles, se sentit comme troublée. Elle ne répondit pas à Doko et son regard sembla comme ailleurs pendant un instant, les yeux grands ouverts dans le vide. Elle revoyait défiler tous ses souvenirs, des plus anciens aux plus récents. Elle sentait son cœur battre violemment.

Yoko : Des sentiments…Moi, Yoko, ai eu des sentiments pour un homme…il y a très peu de temps encore…

Qui suis-je… ?

Yoko…je m'appelle Yoko…je suis un Phébus…au service d'Apollon…depuis peu de temps…mais, en réalité, je suis, j'ai toujours été…

Quelqu'un d'autre ! !

Ce mensonge, pendant des années…un homme…j'avais fini par croire…que je l'étais…

Suis-je, moi aussi, un chevalier d'Athéna ? Ma mission…je dois tuer…je dois tuer…Doko…

Nooooooooooonnnnnnnnnnn ! ! ! !

Doko : Yoko ! Regarde-moi ! ! Tu es Yoko du Tigre, chevalier de bronze d'Athéna ! !

Yoko regarda alors fixement Doko et reprit son expression de colère et de rage, puis serra les poings.

Yoko : Tais-toi ! Je suis Yoko de la Panthère, Phébus de Mars ! Et je ne te laisserai pas semer davantage le trouble dans mon esprit ! ! Prend ça, Doko ! Que les Crocs de la Panthère te dévorent ! !
Doko : Aaaarrrgghhh ! !

*****

Quelques mètres plus loin, à l'autre bout du couloir, Janus des Gémeaux faisait face à Géryon du Bœuf et à Erymanthe du Sanglier, les Phébus de Jupiter et d'Uranus réunis. Il avait repris tous ses esprits et sa faiblesse face à Yoko semblait pour de bon oubliée.

Géryon du Bœuf : Nous avons pour mission de t'éliminer, et nous remplirons notre mission. Nous ramènerons ta tête à Apollon, comme il nous l'a demandé !
Janus : Vous avez la mission de m'éliminer ! Tiens donc ! Et comment comptez-vous vous y prendre ?
Erymanthe du Sanglier : Comme ça ! Par la Ruée du Sanglier !

Janus croisa les bras et les ramena vers lui. Sans bouger, il fit face à l'attaque d'Erymanthe et parvint à la contenir par la seule force de son cosmos. Il avait reculé un peu sous le choc, mais il tenait bon.

Erymanthe : Comment peux-tu contenir aussi facilement mon attaque ?
Janus : Cette attaque que tu m'as envoyée n'atteint même pas la vitesse de la lumière…je ne comprends pas comment Doko et les autres ont eu autant de mal à vous tuer, tout à l'heure. Mais répondez-moi, maintenant. Comment avez-vous fait pour ressusciter ?
Géryon : Tu ne le sauras jamais, car tu seras mort avant de ne pouvoir nous reposer la question ! Par la Charge du Bœuf !

Janus sauta par-dessus le Phébus de Jupiter qui se ruait sur lui à toute vitesse, tête en avant, et se rétablit là où il avait attaqué, inversant ainsi leurs positions. L'attaque de Géryon s'évanouit dans le vide.

Géryon : Comment as-tu pu éviter aussi facilement mon attaque ? ?
Janus : Comme tu le vois, j'ai subi ta nouvelle attaque, destinée à me tuer sans doute, et je ne suis toujours pas mort. Alors, je repose la question. Comment avez-vous pu revenir à la vie ?
Erymanthe : Très bien, je vais te répondre…C'est un Dieu qui nous a redonné vie, grâce à ses immenses pouvoirs, qui lui permettent de vaincre la mort…
Janus : Apollon ?
Erymanthe : Non, mieux que ça…le plus grand médecin que l'Histoire ait jamais connu, capable de tirer qui bon lui semble du sommeil de la Mort !
Janus : Comment ? ? Un médecin ?
Géryon : Oui…le fils d'Apollon…Asclépios, le Dieu de la Médecine !

*****

Adam de l'Horloge ne savait plus s'il était déjà mort ou s'il errait encore quelque part entre le monde des vivants et celui des Ténèbres. Il lui semblait avoir encore la perception d'un monde autour de lui. Il entendait faiblement le son délicat d'une sorte de harpe résonner dans ses oreilles. Un son d'une douceur et d'une sérénité inouïes, qui le transportait de bien-être. Oui, cela devait être cela. Il était mort, et quelqu'un lui jouait cette musique dans le Paradis !
Il ouvrit peu à peu les yeux. Un homme était assis sur un tabouret et jouait d'une sorte de petite harpe, une cithare sans doute. Mais cet homme n'était autre que…Apollon ! ! C'était Apollon, qui, depuis tout à l'heure, lui jouait de la musique, assis près de lui !

Apollon : Ainsi donc tu n'es pas encore mort, Horloge ? Laisse-toi bercer par la mélodie de ma cithare, qui t'emmènera sans douleur dans l'autre monde…Mais…que fais-tu ? ?

Adam n'avait que faire des recommandations d'Apollon, et, maintenant qu'il avait retrouvé ses esprits, il tentait de se remettre debout tout seul, face au Dieu, prêt à le combattre à nouveau. Son armure était en miettes et son corps portait de nombreuses plaies, mais son désir de combattre était plus fort que tout, et transcendait ses souffrances.

Adam : A…Apollon ! !
Apollon : Mais enfin, tu es fou ? Tu ne peux plus te battre !
Adam : Dis-moi…où…où est …Athéna ! !
Apollon : Je m'en doutais…Même si ton armure et ton corps sont brisés, la flamme de l'espoir brille toujours en toi…aussi, je vais éteindre pour de bon cette flamme, en te révélant la vérité. Athéna a été transpercée par la Flèche Divine d'Artémis, et plongée dans un sommeil éternel. Son corps, gardé par Artémis, repose dans les sous-sols de ce temple…Mais ne te fais aucune illusion. Ce sommeil est éternel, et Athéna n'en sortira jamais. Tu ferais mieux d'accepter la mort que je te propose, et tu rejoindras alors ta déesse très bientôt…En te forçant à rester debout grâce aux dernières forces qu'il te reste, tu t'infliges à toi-même de nombreuses souffrances inutiles…Mais…Oh ! ! !

Adam, à ses paroles, avait fait demi-tour, et marchait à présent, sans se retourner, vers un rideau suspendu à un mur de la salle du Trône, qui cachait un escalier menant aux sous-sols du Temple.

Apollon : Incroyable…il est plus mort que vif, et pourtant il essaie encore d'aller vers Athéna ! Mais c'est inutile, chevalier. Même si tu parviens jusqu'à elle, tu ne pourras rien faire pour la sauver. Personne ne peut la tirer de son sommeil éternel…
Adam : Personne…sauf toi ! !
Apollon : Hmm, tu es perspicace, chevalier de l'Horloge…celui qui a causé l'effet du sommeil d'Athéna est également capable de l'annuler, en effet. En l'occurrence, ce n'est pas moi mais Artémis qui a le pouvoir de réveiller Athéna aussi facilement qu'elle l'a transpercée de la Flèche Divine…Mais tu ne parviendras jamais jusqu'à elle ! Prend ça, et meurs !
Adam : Par la Compression du Temps ! !

Adam s'était retourné au moment où Apollon lui avait envoyé une nouvelle rafale d'énergie, et avait eu le réflexe de contre-attaquer. Dans un dernier sursaut, rassemblant toutes ses forces, il avait tenté de ruser en lui envoyant sa Compression du Temps, attaque capable de remonter le temps écoulé lors de l'envoi de n'importe quelle attaque et de renvoyer cette même attaque à son envoyeur. Ainsi, l'attaque d'Apollon stoppa net dans les airs et se figea. Adam envoya la deuxième attaque qui suivait cette première, le Rappel du Temps, et le rayon qu'Apollon lui avait envoyé se dirigea vers le Dieu en personne. Adam crut avoir gagné mais, arrivé à Apollon, le rayon stoppa net devant le visage du Dieu, sans que celui-ci n'ait rien fait, et fit un nouveau demi-tour, pour la deuxième fois, en direction d'Adam ! Cette fois, le chevalier de l'Horloge ne put rien faire pour l'éviter et il prit la rafale d'énergie dans le ventre, au niveau de l'estomac. Les yeux et la bouche grande ouverte, il s'écroula en un instant.

Apollon : Pauvre fou…si tu envoies une attaque contre un Dieu, elle t'est aussitôt renvoyée…ta technique de combat est étonnante, mais elle ne pourra jamais rien contre moi…à présent, tu as le destin que tu as toi-même choisi. Adieu, chevalier de l'Horloge.

*****

Doko venait de subir de plein fouet, par surprise, les Crocs de la Panthère de Yoko. Il ne savait plus quoi faire pour ramener Yoko à elle, et voyait bien qu'il n'y avait plus d'autre issue au combat que la mort de l'un d'entre eux. Ou alors peut-être restait-il tout de même une solution. Mais comment faire ?

Doko : Yoko, si tu ne veux pas entendre raison, alors laisse-moi au moins passer pour rejoindre Adam ! Je sens qu'il a besoin de toute mon aide, en ce moment, face à Apollon !
Yoko : Tu t'imagines que je vais te laisser passer ? Que n'ai-je cessé de te répéter, depuis le début de notre combat, Doko ? Je suis ton ennemie ! Mets-toi cela dans le crâne, une bonne fois pour toutes ! Et je dois te tuer ! Par les Griffes de la Panthère !
Doko : Tant pis, tu ne me laisses pas le chois…Par la Colère du Dragon !

Yoko connaissait cette technique à la perfection et les deux attaques s'annulèrent.

Doko : Emmène-moi auprès de ton maître, Yoko !
Yoko : Comment ?
Doko : Tu m'as très bien entendu ! ! Conduis-moi devant Apollon ! Je te l'ordonne !
Yoko : Je…je n'ai d'ordre à recevoir que d'Apollon lui-même ! Tais-toi, Doko !
Doko : Tu obéis à Apollon parce qu'il a manipulé ton esprit ! Viens avec moi auprès de lui et tu verras que j'ai raison, depuis le début !
Yoko : Je…ça suffit. Ce combat a assez duré, et ces conversations stupides également. Et, puisqu'il n'y a plus matière à discuter, finissons-en ! Par ta mort, Doko ! Que les Crocs de la Panthère te dévorent ! !

Doko regarda Yoko fondre vers lui et dut prendre une décision ferme en une fraction de secondes. La décision de l'issue qu'il voulait donner à ce combat, ô combien difficile à prendre. Yoko, malgré le mal qui l'habitait désormais, restait malgré tout son amie d'enfance, son compagnon d'entraînement, et l'attaquer lui déchirait profondément le cœur. Mais le sort d'Athéna et de l'humanité passait avant sa propre raison. Il n'avait plus le choix. Des larmes lui montèrent aux yeux.

Doko : Pardonne-moi, Yoko ! Adieu !

Et il se concentra et appela tout son cosmos à lui, toute la force du Dragon, avant de tout relâcher sur Yoko.

Doko : PAR LES CENT DRAGONS DE ROZAN ! ! !

Yoko fut littéralement balayée par l'attaque et alla se fracasser contre un épais mur de pierre, son armure de Phébus explosant en miettes sous l'impact.

*****

Janus venait d'entendre la formidable explosion des cosmos de Yoko et de Doko à l'autre bout du couloir et comprit que quelque chose de grave venait d'arriver; que Doko n'avait peut-être pas tenu la promesse qu'il lui avait faite. Mais il ne pouvait pas aller le rejoindre, les deux Phébus de Jupiter et d'Uranus le retenaient. Il devait en finir au plus vite avec ce combat. Mais l'effroi le gagnait, à présent. Même s'il parvenait à les tuer, Apollon disposait d'un nouvel instrument surpuissant pour les ramener indéfiniment à la vie. Son propre fils, Asclépios !

Géryon : Tu as peur, Janus ? Toi qui semblait si sûr de toi, il y a encore un instant, je lis un sentiment de crainte dans ton regard…
Janus : Comment…comment cet Asclépios a t-il pu intervenir ? Mon maître, le Grand Pope Ivan, qui avait participé à la dernière guerre contre Apollon il y a près de 2 siècles, ne m'avait jamais parlé de l'existence de ce Dieu !
Erymanthe : Oui, car, il y a deux siècles, Athéna n'avait pas laissé à Apollon le temps de le sortir de son sommeil séculaire…comme Apollon, Asclépios est un Dieu, qui possède son propre corps, et qui n'a pas besoin d'un corps d'emprunt pour ressusciter. Mais sa vie, tout comme celle d'Artémis, dépend de celle d'Apollon…il y a des siècles de cela, la dernière fois qu'il était revenu, il s'était endormi de lui-même lorsque Apollon avait été vaincu et enfermé dans une urne par Athéna…une seule personne pouvait sortir à nouveau Asclépios de ce sommeil : Apollon lui-même…Comme Athéna a déjà été vaincu il y a plusieurs heures, Apollon avait les mains libres, et a pu ramener, à l'aide d'Artémis, son fils à la vie…à présent, ta dernière chance de pouvoir tenir tête à Apollon n'est plus…maintenant qu'Asclépios est de retour, aucun des Phébus ne mourra plus…il ramènera systématiquement à la vie chacun d'entre nous que toi et les autres abattront…mais tu ne parviendras jamais à tuer qui que ce soit…nous allons te tuer, Janus des Gémeaux !
Géryon : Erymanthe, unissons nos deux cosmos face à lui !
Erymanthe : Oui ! Par la Ruée du Sanglier !
Géryon : Par la Charge du Bœuf !
Janus : Ils m'attaquent tous les deux en même temps…je ne sais pas si je parviendrai, cette fois, à résister à leurs attaques…aaaahhhh ! ! !

Janus s'envola sous le coup de l'attaque et vint s'écraser contre le plafond du Temple. Il perdit son casque sous l'impact, qui retomba à terre avant le chevalier des Gémeaux et vint choir devant les pieds de Géryon, qui se plut à le ramasser, tandis que Janus s'écrasait au sol à son tour.

Géryon : C'est le casque de l'armure d'or des Gémeaux…Apollon sera content que nous le lui présentions, en preuve de notre victoire contre le seul chevalier qui représentait vraiment une menace pour lui…
Janus : Venez d'abord m'enterrer avant de vous rendre devant Apollon…
Erymanthe : Quoi ? ?

Janus venait de se relever aisément, sous les yeux ébahis des Phébus. Ils l'avaient pourtant frappé avec toute la puissance de leurs cosmos réunis, et savaient que, contre un autre adversaire, la même attaque simultanée aurait déjà été mortelle depuis longtemps.

Géryon : Comment as-tu pu éviter si facilement nos plus puissantes attaques ? ?
Janus : Désolé, mais je suis l'un des douze chevaliers d'élite d'Athéna, et ce ne sont pas deux misérables combattants tels que vous qui pourrez m'empêcher d'accomplir la mission qui m'a été confiée. Vous avez déjà été tués une fois, par des chevaliers qui pourtant étaient largement inférieurs à moi, et je n'aurai aucun mal à faire aussi bien qu'eux…
Géryon : …Que tu crois ! Par la Charge du Bœuf ! !

Janus stoppa l'attaque sans bouger et balaya d'un geste le Phébus de Jupiter en l'envoyant s'écraser à nouveau contre un mur.

Janus : Une même attaque ne marche pas deux fois sur un chevalier d'or…que des chevaliers tels que vous, censés constituer la garde rapprochée d'un Dieu, ne le sachiez même pas, est vraiment lamentable…
Erymanthe : Comment oses-tu ?
Janus : Nous allons nous amuser un peu…Double Illusion ! !

Janus s'était dédouble et apparaissait maintenant en deux entités distinctes face aux deux Phébus.

Janus : Alors ? Parviendrez-vous à me retrouver ? Ou en quatre ?

Janus se dédoubla encore une deuxième fois, et apparut maintenant en quatre entités, chose qu'il n'avait encore jamais faite !

Janus : Allez ! Amusons-nous ! Venez !
Géryon : Garde ton arrogance et tes sarcasmes, Gémini ! Tant pis pour toi, tu l'auras voulu ! Par la Charge du Bœuf !
Erymanthe : Par la Ruée du Sanglier !

Les attaques de Géryon et d'Erymanthe avaient frappé deux des fausses apparences de Janus. Il en restait deux autres. Janus décida que l'amusement était maintenant terminé et il attaqua pour de bon cette fois.

Janus : Par l'Explosion Galactique ! ! !

Les Deux Phébus furent balayés comme des fétus de paille et leurs armures explosèrent en miettes. Ils moururent sur le coup, mais, alors que Janus croyait qu'ils allaient retomber sur le sol, ils disparurent dans un halo de lumière et s'évanouirent totalement dans les airs. Il ne restait plus rien d'eux.

Janus : Vos nouvelles vies n'étaient qu'illusoires et éphémères…vous voilà redevenues des ombres…quelle pitié.

Et il se remit à courir dans le couloir en direction de la porte de la Salle du Trône, pour y retrouver Yoko.

*****

Le combat entre Doko et Yoko était maintenant terminé. Yoko gisait à terre, dans une mare de sang, et Doko, comme hébété, regardait celle qu'il venait de frapper avec toute la puissance dont il était capable. Son amie d'enfance, son compagnon d'entraînement.

Doko : Yoko, mon amie, ma sœur…pardonne-moi. Je n'ai pas eu le choix…Notre vie de chevalier n'est pas facile, nous sommes sans cesse confrontés à des choix et des dilemmes…je vais aller vers Apollon sans me retourner. Je suis sûr que la mort ne voudra pas de toi et que tu te relèveras. Je souhaite seulement que le cosmos d'Athéna te guide et te permettre de te réconcilier avec celle que tu as été…au revoir, ou adieu, le destin en décidera…

Doko laissa Yoko et se dirigea vers la lourde porte qui marquait l'entrée de la Salle du Trône d'Apollon. Il la poussa et entra. La porte se referma toute seule derrière lui. Pendant ce temps, un homme accourait à grande vitesse vers le corps inanimé de Yoko.

Janus : Yokoooo ! !

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.