Chapitre 12 : Unions d'Armes


Aioros

Épiméthée ne me laissait pas le temps de respirer et notre corps à corps semblait ne jamais devoir prendre fin. Les coups m'arrivaient de toute part, et je lui rendais tout ce qu'il me donnait, mais encore aucun de nous deux n'avaient utilisé ses attaques secrètes. Je me demandais ce que nous attendions mais mon opposant paraissait prendre un malin plaisir à faire durer notre affrontement. Seulement, je n'avais pas la chance, comme lui, d'avoir des heures et des heures devant moi. Athéna m'attendait, et surtout, je devais venir en aide à Shun au plus vite car il était tombé sur un adversaire beaucoup trop puissant. Seul, il n'avait aucune possibilité de s'en sortir, et mon soutien arriverait sans doute à point.
Mais Épiméthée m'empêchait de réaliser le plan que j'étais entrain de concevoir et il m'entraînait toujours un peu plus loin, si bien que, au bout d'un moment, je n'arrivais même plus à apercevoir Andromède et son ennemi.
-Comme cela, me précisa le frère de Prométhée, je suis certain que tu ne seras pas distrait. Et puis tu commences à me fatiguer à ne jamais vouloir te fixer sur notre combat.
En un sens, il n'avait pas tort. Nous étions en guerre, et je n'arrivais pas à accorder toute mon attention à ce que je faisais. Les autres, même s'ils étaient mes amis, autour de moi, ne devaient plus compter.
Je respirais profondément, faisant le vide dans mon esprit. J'étais un chevalier d'Or et je devais donner l'exemple à Shun en ne me laissant plus déconcentrer. J'avais une mission à accomplir et je devais la réussir coûte que coûte.
-On dirait que tu sembles plus apte à te frotter à moi tout à coup... et peut-on savoir d'ou provient ce brusque changement?
-Ne cherche pas à comprendre, et contente-toi de m'imiter.
Épiméthée, je le méprisais pour deux raisons. Tout d'abord, il était un Berserker, ce qui aurait pu être une motivation largement suffisante. Ensuite, il avait enfermé la personne la plus intègre de toute l'histoire des hommes, le titan Prométhée. Mais je ne pouvais m'empêcher de me demander ou il avait gardé en captiver son frère sur Azura. Peut-être dans les temples des empereurs... enfin, le temps des questions viendrait plus tard.
Je voyais mon opposant s'arque bouter sur ses deux jambes en fermant les yeux. Cela ne présageait rien de bon à mon encontre, mais mieux valait que je subisse tout de suite l'un de ses coups pour mieux évaluer sa véritable puissance. Je n'avais pour l'instant pas vraiment conscience d'ou elle se situait puisque nous nous étions contentés jusqu'alors de corps à corps. Il ne me laissa pas une seconde de plus pour poursuivre le fil de ses pensées et hurla:
-Psychic Mastery!
J'arrêtais tout mouvement. J'étais complètement immobilisé. Que m'arrivait-il? Plus rien ne répondait... Je l'entendis éclater de rire. Pourtant, il ne se produisait rien dans mon corps. Je n'avais pas mal et... une idée me vain. Cette attaque, ne ressemblait-elle pas au Royal Demon Emperor Fist de Saga? Ce n'était pas impossible et je pensais avoir mis le doigt sur le problème. Mais alors, il n'existait aucun moyen de s'échapper de l'emprise de mon opposant et cela, je ne pouvais pas m'y résoudre. Pourtant, j'avais beau vouloir remuer même ne serait-ce qu'un cil, je n'y arrivais pas.
-Je suis désolé de te l'annoncer, mais tu ne peux exécuter aucun geste sans ma permission. Tu n'es plus qu'un gentil pantin entre mes doigts habiles et experts. Mais tu vas voir, je te tuerai vite et sans trop de douleur puisque de toute manière, ce n'est pas moi qui vais t'achever.
J'avais beau être entièrement sous son contrôle, je saisissais chaque mot qu'il prononçait et ce qu'il impliquait. Mais je devais faire fi de ses menaces et tenter de me concentrer. Je ne me rendis compte que plus tard que mon bras s'élevait tout seul en l'air, les doigts pointés vers ma poitrine, prêts à plonger dedans à tout instant, au plutôt, au moment qu'Épiméthée aurait choisi. A quel adversaire redoutable n'avais-je pas affaire!
-Tu vois, j'ai une manière de faire mourir beaucoup plus raffinée que l'on ne veut bien le croire Tu vas te suicider, te tuer tout seul. Mais, s'en aller dans l'autre monde de sa propre main, quoi de plus beau et de plus pratique? De cette manière, je n'ai jamais tué de mes propres mains quelqu'un de toute mon existence. Ce coup que j'ai inventé est un véritable don du ciel et il me permet tous les sarcasmes que je désire sur mes opposants, généralement pris de court par mon incroyable puissance. Et franchement, tu ne vaux pas mieux que les autres. Je m'attendais à quelque chose de mieux, à un combat spectaculaire.
A cette seconde précise, je m'administrais moi-même un coup de poing, qui, avec ma propre force, me projeta contre la paroi d'un ravin. Ma puissance était pour l'instant ma faiblesse car il s'en servait à mon encontre. Un filet de sang s'échappa de ma bouche, coulant sur mon menton, mais je ne pouvais pas l'essuyer. Ma mâchoire me faisait souffrir, mais je ne pouvais pas porter ma main jusqu'à elle. Une impression de frustration et de colère intense m'envahit. Je n'arrivais pas à croire que j'étais un simple pantin entre ses mains.
-Eh bien, Aioros, je ne te trouve plus très bavard? Que t'arriverait-il? Aurais-tu du mal à te servir de ta langue?
Il choisit cet instant pour se servir de moi comme d'un jouet amusant, et je commençais à me battre tout seul, me donnant coups de poing, de coude, de genoux, et de tout ce dont il voulait que je me serve. Ce combat était tellement inégale, que j'en étais aussi effaré que bouleversé. Mais qui m'arrivait-il? Ou était passé ma force et mon enthousiasme à toute épreuve?
Je me projetais moi-même contre les parois des montagnes et je sentis que du sang coulait le long de mon front puis de ma joue. Je souffrais terriblement car je n'avais aucun moyen d'amortir la moindre de mes chutes. Je ne devais décidément pas avoir fier allure dans cet état et j'étais heureux que nous nous soyons éloignés de Shun car cela lui éviterait de me voir en si mauvaise posture et de perdre toute confiance en lui-même. Seulement, je ne voulais pas admettre que tout espoir avait disparu alors que je m'enfonçais mon genoux dans mon abdomen.
Épiméthée éclata de rire mais je lui jetai un regard noir et mauvais. Il allait me le payer. Il contrôlait peut-être mon corps à partir de mon cerveau, mais j'avais toujours la possibilité de penser, et, par conséquent, de trouver une solution. J'étais Aioros, le chevalier d'Or du signe du Sagittaire et même mort, j'étais toujours venu en aide à Athéna. Ce n'est pas maintenant que j'étais vivant que j'allais lui faire faux-bond. Elle comptait sur ma puissance pour terrasser des êtres maléfiques comme mon ennemi et je devais autant que je le voulais la servir loyalement. Je devais jeter toutes mes forces dans ma délivrance et ne plus penser qu'à cela.
"Oh! Athéna, pensais-je, donnez moi la force, rien qu'une fois, je vous en prie. Laissez-moi de nouveau acquérir ma maîtrise de moi-même et je vous jure que je le terrasserai en votre nom et en celui de la justice. Permettez-moi de lui prouver que le bien ne peut pas être terrasser par le mal."
Je sentis soudainement ma cosmo-énergie s'enflammer sous les yeux exorbités de mon opposant. Il n'avait pourtant rien demander de tel pour moi et le réalisait alors que l'énergie dorée qui m'entourait, me réchauffait et me faisait redevenir moi-même ne cessait de s'accroître. J'avais l'impression que se tenait derrière moi ma déesse, qu'elle m'insufflait de nouveau le souffle de la vie, qu'elle me redonnait une seconde chance, une puissance encore plus dévastatrice que je ne possédais précédemment. Elle me prêtait sa propre énergie et encore quelque secondes, simplement quelques secondes et il goûterait à...
-Atomic Thunder Bolt! hurlais-je dans un grand mouvement de bras alors que je venais de faire sauter le bouclier de l'emprise qu'il exerçait sur moi.
Ce fut comme si un voile de verre éclatait en mille morceaux grâce à la décharge d'énergie incroyable que je lui envoyais et qui le propulsait à des mètres et des mètres en arrière. J'entendis résonner son cri de rage autant que de douleur et il resta à terre quelques instant, juste ce qu'il me fallait pour agiter mes bras et mes jambes à ma guise.
Je devais cette résurrection physique à mon cosmos ainsi qu'à Athéna et je fermais les yeux une fraction de secondes pour remercier la déesse. Malheureusement, je n'avais pas le temps d'en faire plus, mais je me jurais de lui parler dès l'instant ou je la reverrai et ou nous serions sortis d'Azura, car j'étais déjà certain que nous gagnerons et que nous serions tous en vie. Mon optimisme ferait ma force.
Épiméthée se releva très doucement, en tremblant de la tête au pied de fureur mais aussi et surtout de douleur. Il ne devait pas avoir pris beaucoup de coups dans sa vie et en plus, le mien avait été particulièrement dévastateur, ce qui expliquait son pitoyable état.
-Tu es le premier à avoir réussi à me toucher, mais ce n'est pas pour autant que notre affrontement s'achève maintenant. Au contraire, cela ne fait que commencer car tu es moins médiocre que je ne le pensais. En un sens c'est un bien car cela va me permettre de m'entraîner, ce qui n'est pas si souvent car il est rare que je me trouve des adversaires d'une valeur telle que la tienne. Tu ne m'égales certes pas, mais je dois avouer que je saurai m'en contenter.
Je ne rétorquais rien. J'avais compris qu'avec ce Berserker, mes mots ne servaient pas et qu'il valait mieux économiser la force que l'on aurait mis dans un discours pour la transposer dans une attaque. Et puis, je n'avais rien à lui dire. S'il savait que je le méprisais, et il en avait incontestablement la certitude, alors, il était au courant de tout ce qu'il y avoir à saisir de mes réflexions sur sa personne. L'histoire s'arrêtait là. J'allais venger des millions d'êtres humains et son frère et l'on n'entendrait plus jamais parler de cet homme, s'il en était vraiment un, avant plusieurs centaines d'années.
Ensuite, je devais me précipiter vers Shun, dont j'entendais les cris de douleurs résonnés contre tous les ravins. Mais je savais qu'il n'était pas le seul à souffrir et que Phaéton en prenait aussi pour son grade, ses hurlements se mêlant souvent à ceux du chevalier d'Andromède.
-Prépare toi à subir une nouvelle correction, serviteur d'Athéna. Je vais réutiliser sur toi mon attaque et cette fois-ci, on verra si tu peux t'en échapper aussi facilement car je vais déchaîner le triple de ma force! Psychic Mastery!
Je bondis en l'air, en criant:
-Idiot, une attaque ne fonctionne pas deux fois sur un chevalier de ma trempe!
J'atterris un pied sur sa mâchoire qui fit un bruit de craquement plus que désagréable. Il tomba en arrière alors que je me récupérais sur mes pieds. -J'espère que tu as autre chose à me proposer tout de même.
Je regrettais presque d'échanger plus de trois mots avec lui tant il me répugnait. Je devais me débarrasser au plus vite de lui. Il se releva fébrilement et murmura des paroles qui m'étaient inaudibles entre ses dents. Je n'avais de toute façon strictement aucune envie de les entendre.
-Soit Aioros, articula-t-il enfin de manière à ce que je puisse saisir chacun de ses mots. Si c'est ainsi que tu le prends, et bien tu vas le regretter très chèrement. Tu viens de te moquer impunément de moi et je ne crois pas que je vais pouvoir le supporter. Tu n'es qu'un misérable chevalier d'Athéna, alors que moi, je suis un Titan... mais comment oses-tu n'avoir que serait-ce même la prétention de me vaincre?
-Je n'ai jamais eu la prétention de quoi que se soit. Seulement, Épiméthée, je t'affirme ce dont je suis capable.
Je sentais que la tête commençait à me tourner et que je n'avais plus que quelques minutes devant moi. Depuis le début du combat, j'avais eu un corps à corps douloureux avec ce guerrier d'Arès et un encore pire avec moi-même. J'étais physiquement assez abîmé mais je pouvais encore parfaitement tenir debout.
-Memory Immobilisation! lâcha avec violence Épiméthée.
Une nouvelle attaque.
Je vérifiais rapidement que je pouvais toujours bouger mon corps et fut étonné de constater que rien ne s'était produit. Mais au moment ou je voulais tourner la tête, je sentis comme une aiguille empaler mon cerveau. La douleur fut si vive et aiguë que je me projetais à genoux, en portant mes mains à mes tempes et en serrant ma tête avec force. J'entendis le rire de mon ennemi résonner et accentuer encore la douleur que j'éprouvais. Je n'avais plus l'impression que mon esprit m'appartenait et... ma tête me brûlait, j'aurais pu m'arracher les cheveux si on m'avait dis que cela m'aurait été d'une quelconque utilité et surtout, m'aurait soulagé. Mais d'ou ce malade sortait-il ce coup? Et à quoi servait-il? A quoi allais-je encore être confronter?


Camus

Nous avions constaté que nous étions suivis mais avions décidé d'un commun et muet accord que nous ferions comme si nous n'étions au courant de rien, pour le tromper et lui faire croire qu'il pourrait nous prendre par surprise. Nous étions pourtant Shura, Ikki et moi-même sur nos gardes, prêts à envoyer l'une de nos attaques à n'importe quel instant. Car les chevaliers d'Athéna se doivent d'être toujours prêts.
Je n'avais aucun mal à simuler le calme et mon visage devait avoir ses traits d'impassibilité coutumiers alors que nous continuions à évoluer dans les relents putrides des marais. Je finissais par me demander quand le trajet prendrait fin. Je n'avais qu'une seule hâte, voir le palais de l'Empereur de cette partie de l'île se dévoiler à nos yeux et nous permettre de faire un bond en avant. Mais je saisissais aussi sans peine qu'il nous faudrait affronter d'autres personnages de la garde d'Arès si nous voulions que ce rêve se réalise.
Derrière nous, il y eut comme un bruit d'eau et de petites bulles percèrent à la surface, formant une longue ligne qui se confondait avec l'horizon. Je fis un signe du doigt pour montrer que nous n'étions décidément plus seul. Je vis les muscles d'Ikki se contracter alors que Shura décuplait sa concentration.
Pour ma part, je restais stoïque et indifférent en attendant que le Berserker veuille bien se montrer. Il ne procéderait certainement pas de la même manière que Leech, car celui-ci était la seule créature capable de respirer plusieurs minutes dans ces marécages écœurants et terriblement repoussants. Il ne nous restait donc plus qu'à garder un oeil sur tout ce qui nous entourait et...
Comme venue de nulle part, nous vîmes une silhouette s'élancer à la surface même de l'eau, courant dessus et en notre direction. J'adoptais immédiatement une position de défense et ressentis en moi comme un appel. Je ne savais pas pourquoi, mais j'eus soudainement la certitude qu'il s'agissait de mon opposant. Shura se devait d'attendre pour combattre l'empereur et Ikki, malgré son incroyable force, n'avait, j'en possédais l'intime conviction, pas la maîtrise nécessaire de lui-même pour affronter la personne qui se tenait devant nous.
La cuirasse de ce dernier, pour qui je me sentais tout désigné, luisait devant nous, nous aveuglant et nous éblouissant presque tant le rouge dont elle était faite était profond et puissant. Je n'en avais encore jamais rien vu de tel. C'était invraisemblable! Combien de personnes avait-il tué pour arriver à ce résultat? Je ne voulais pas même connaître la réponse à cette interrogation que je venais de formuler.
Notre ennemi se décida, après quelques secondes à nous toiser, à nous rejoindre dans l'eau boueuse des marais. Ses yeux étaient à peine visibles sous son casque mais je devinais qu'ils étaient du jaune le plus étincelant, un peu comme ceux d'un fauve. Il avait une peau extrêmement mate, et je constatais que ses longs cheveux ondulés étaient de couleurs blonds. Quel mélange peut harmonieux tout ceci formait! Il était à faire peur, non pas que les traits de son visage soient disgracieux et irréguliers, au contraire, mais il semblait que chaque élément de son visage était en décalage avec celui sur lequel on posait les yeux tout de suite après. Notre adversaire rentra donc, presque immédiatement, dans mes mauvaises grâces. Je n'étais d'habitude jamais quelqu'un à juger dès la première minute sur l'apparence, mais dans ce cas, je faisais une exception. De la physionomie de cet homme se dégageait une sorte de nervosité, d'impatience et de cruauté que je n'avais pas vu, ni chez Argus, ni chez Leech.
Il avait un air très spécial et son sourire à peine ébauché avec ses lèvres d'une finesse inquiétante tira un frisson vite réprimé à Ikki lui-même. Il n'était pourtant lui aussi pas homme à être impressionné facilement et pourtant, nous ne pouvions pas nous empêcher d'avoir envie de détourner les yeux face à cet inconnu. J'avais toujours mon masque d'impassibilité habituelle et notre ennemi ne devina rien de mes pensées, pas plus que celles de Shura qui paraissait ne pas même le détailler.
-Je me nomme Shura, chevalier d'Or du Capricorne. Voici Ikki, chevalier de Bronze du Phœnix et Camus, chevalier d'Or du Verseau.
Le berserker ricana sans esquisser le moindre mouvement.
-Qui se désigne pour être mon adversaire? Les trois en même temps peut-être?
Je fis instinctivement un pas en avant.
-Ne cherche plus. Je serai celui que tu devras combattre. Vous autre, partez en avant, déclarai-je. Le temps nous manque déjà.
Voyant mon air décidé et le ton d'ordre sur lequel j'avais parlé, Ikki et Shura n'échangèrent pas même un regard avant de s'éloigner en courant vers l'horizon. Le Berserker dont je ne connaissais toujours pas l'identité me toisa et j'en fis de même. Je sentais un curieux malaise en sa présence, car il ne me paraissait pas semblable aux autres chevaliers du dieu de la guerre. Il était comme... différent. Oui, car plus..., le mot s'imposa tout de suite à mon esprit comme une évidence, fou. Voilà ce qui se reflétait dans ses yeux, la folie.
-Tu es Camus du Verseau, c'est bien cela?
Je hochai la tête.
-Je me nomme Iphiclès, de la Prison.


Dohko

-Ne sentez vous rien? demandais-je alors que nous courrions entres les arbres noueux ou squelettiques qu'offraient les bois depuis un bon moment.
Shiryu et Nikè échangèrent un regard entendu. Nous étions traqués depuis déjà quelques minutes et j'étais persuadé que ce mystérieux assaillant n'allait plus tarder à se présenter. Il était, comme tout bon Berserker, probablement impatient de combattre quelqu'un.
Je laissais errer mon regard sur mon disciple. Il avait déjà conscience que cet opposant serait pour lui car Nikè était une déesse et devait concentrer son énergie au paroxysme pour nous octroyer la Victoire tandis que je devais me réserver à tout prix pour l'empereur dont le temple, je le sentais bien, était de plus en plus proche de nous.
Shiryu avait l'air calme et posé, comme à son habitude, comme je lui avais appris à être et à rester quelque soit les conditions dans lesquels il se trouvait.
-Très bien, dit-il. Je crois, maître, que vous feriez mieux d'emmener immédiatement la déesse Nikè avec vous et me laisser seul attendre ce berserker. Je sens qu'il arrive par derrière et que vous avez donc la voie libre. Ne vous inquiétez pas, je réussirais.
-Je n'ai jamais douté de toi, Shiryu, répliquai-je en posant ma main inoccupée, car je tenais de l'autre mon trident, seule arme me restant de mon armure, sur son épaule.
Mon disciple me gratifia d'un sourire alors que Nikè lui souhaitait bonne chance et lui faisait jurer d'être là lorsqu'il faudrait sortir d'Azura.
Je la trouvais d'ailleurs, alors que nous nous rapprochions inexorablement du temple d'Arès, de plus en plus nerveuse et silencieuse. Et mon sixième sens me sous-entendait clairement, qu'elle me cachait quelque chose. Mais je savais que si l'information avait été importante, elle n'aurait pas manqué de me la mentionner. Ou peut-être n'était-elle tout simplement elle-même pas certaine de ce qu'elle pensait et qu'elle ne voulait donc pas m'induire en erreur. Enfin, toujours était-il que je n'allais lui demander, pour l'instant, aucune précision sur ce qu'elle songeait.
Je savais, par expérience et parce que j'avais vécu de nombreux départs comme celui-ci, qu'il ne me fallait pas me retourner vers mon élève, ni même croiser son regard. Je n'avais plus rien à lui enseigner et il devait faire face seul à ce qui s'apprêtait à lui arriver. Continuer tout droit, regarder l'horizon, c'était la meilleure manière de lui prouver que j'avais confiance en lui. Cependant, je ne pouvais me retenir de penser que c'était peut-être la dernière fois ou nous nous voyions. La mort faisait partie de notre existence de chevalier, mais il était toujours difficile, même après 250 ans, de s'y accoutumer.
Les guerres contre Arès avaient toujours fait parti des plus sanglantes et des plus riches en victimes, et ce, depuis l'aube des jours. Je respirais profondément, tout en recommençant ma course. J'allais, comme à mon habitude, faire abstraction de toutes ces possibilités. Moi comme mon disciple, nous avions prêté serment de fidélité à Athéna et c'était la seule chose qui comptait.
J'étais habitué à cette manière de penser et il fallait faire tout ce qui était en notre pouvoir pour aider le genre humain.


Kanon

Bételgueuse pivota sur lui-même, cherchant des yeux la voix qui venait de le menacer. Il n'avait pas la moindre idée de qui il s'agissait, mais je remarquais bien qu'il n'y avait pas la plus petite lueur d'inquiétude dans son regard.
Je me tenais à présent juste derrière Seiya et je lui assenais d'une main un coup d'une violence inouïe derrière la nuque. Il se laissa couler à terre avec un grognement rauque de douleur, évanoui.
-Mais que t'a-t-il pris? J'avais entendu dire que les chevaliers d'Athéna s'entraidaient entre eux? Serait-ce un mensonge? interrogea Bételgueuse sans pour autant sembler intéresser par mes réponses.
-Je viens juste de presser un point vital de Seiya qui lui permettra de ne pas mourir. Il a perdu connaissance ce qui va nous permettre de combattre seuls, toi contre moi, sans aucun risque d'être dérangés. Cela te pose un problème ou peut-on commencer maintenant?
Bételgueuse haussa les épaules avant de faire teinter un rire amusé ou perçait aussi une note de fatalisme. Je n'en avais encore jamais entendu rien de tel et je restais quelques secondes sans réaction.
-Tu n'es pas de ceux qui perdent leur temps, n'est-ce pas? Mais à quoi bon chercher à courir lorsque l'issu est inévitable?
-Je t'en prie, rétorquai-je en me demandant si je n'allais pas m'évanouir car mes blessures étaient toujours là et que je tenais debout par miracle. Épargne moi tes discours. J'en ai entendu un échantillon alors que je m'approchais, à peu vive allure, je dois bien l'avouer, de toi et de Pégase et tout ce qu'ils m'ont appris... c'est que tu es de la race des perdants. Tu es un incapable, un incompétent qui ne peut même pas faire l'effort de discerner le faux du vrai, le juste du mauvais. Tu me fais pitié. Et je serai toi, je serai vexé d'entendre cela de la part d'un homme tel que moi, qui n'a pourtant rien fait, lui non plus, pour se diriger dans la bonne voie.
Bételgueuse resta interdit quelques instants avant d'esquisser un sourire et de passer une main fatiguée dans ses cheveux bouclés et bleu foncé.
-Tu ne serais pas Kanon des Gémeaux par hasard? Car si tel est le cas, je suis ravi de te rencontrer... l'homme qui a trompé les dieux. Qu'est-ce que cela fait-il de duper un dieu lui-même? Je demande cela par simple curiosité, mais tu n'es pas obligé de répondre si cela ne te fait pas envie.
Je commençais à comprendre pourquoi Seiya avait semblé si déstabilisé alors qu'il l'avait combattu.
-Le seul problème c'est que je le saurai quand même, puisque je lis dans les pensées...
Cette fois-ci, ce fut moi qui haussa les épaules.
-Je n'ai de toute manière rien à cacher, mon pauvre Bételgueuse et j'ai beaucoup plus de contrôle sur mon esprit que ce malheureux Pégase.
-Il était bien jeune. Remarque que ce n'est pas une excuse mais...
Il suspendit sa phrase en me regardant. Je le trouvais étrange, mais il y avait quelque chose de fascinant dans ses yeux d'un violet virant parfois au bleu pâle selon certains reflets. Ce n'était pas à un Berserker comme les autres auquel j'avais à faire. Rien ne lui importait, rien ne l'affectait. Je le savais en ayant surpris sa discussion avec Seiya. La mort elle-même n'avait aucune emprise sur lui. Mais cela ne m'impressionnait guère car il n'y avait rien d'admirable chez cet homme. Il n'était qu'un faible qui préférait ne pas faire l'effort de penser, ne prenait jamais de risques. Je méprisais ce genre d'attitude qui se voulait désinvolte mais qui était en réalité une solution de facilité.
-C'est cela que tu penses de moi, Kanon? Ce n'est guère glorieux... enfin, ce à quoi tu songes ou autre chose, cela n'a point d'importance car ton avis ne vaut rien, tout comme le mien d'ailleurs, je te rassure. Qui sommes-nous donc pour oser nous juger entre nous? Rien de plus que des êtres humains sans intérêt dont les dieux se servent durant les guerres et alors qu'ils n'ont que faire de nos inintéressante existences. Nous ne sommes que des jouets divins, mais c'est aussi bien comme cela.
Je chassais d'une main ses paroles, en priant pour ne pas perdre mon équilibre.
-Oh! Arrête tes beaux discours, par pitié! Tu es peut-être un pantin dans ce jeu sadique ou Arès nous entraîne tous, mais Athéna, elle, a la valeur des vies. C'est pour cela qu'elle est ici, parce que chaque personne compte, et mérite d'avoir une chance. Tes discours ne dénotent que la désillusion, le désenchantement... comment veux-tu arriver à quoi que se soit avec de pareilles idées? Avec des mots comme ceux que tu as prononcés, tu es un perdant, tu ne pourras jamais vaincre ton ennemi si tu penses de façon similaire alors qu'il t'attaque. Tu es ridicule.
J'éprouvais le désir de le secouer et visiblement, cela lui donnait envie de rire. Mais il m'était insupportable d'avoir à faire avec une personne comme ce dernier. Il ne méritait pas même d'être un Berserker, ce lâche qui n'avait d'opinion ni d'avis sur rien.
-Je pense qu'avant que je ne t'énerve trop, déclara Bételgueuse en réprimant un sourire en coin, nous devrions peut-être commencer à nous battre... car tu es bien ici pour cela ou je me trompe?
-Bien vu.
Le silence envahit le terrain boisé sur lequel nous nous trouvions. Un léger vent vint agiter les maigres branches des arbres qui nous entouraient et formaient un rideau autour de nous. Si j'avais eu vent du dialogue entre lui et Seiya, je n'avais malheureusement pas eu la chance de connaître ses attaques. Je savais seulement, que lorsque j'étais arrivé, Seiya était entrain de faire une hémorragie et que j'avais du presser son point vital avant qu'il ne soit trop tard. Peut-être mourrait-il, ou peut-être vivrait-il, en fait, tout dépendrait de sa propre volonté. Mais connaissant Pégase, je me doutais bien qu'il se relèverait, comme je l'avais moi-même fait auparavant, comme Mu, Aphrodite et les autres. Nous n'avions pas le choix et ne devions pas abandonner, quelque soit les souffrances que l'on nous faisait endurer.
Pour ma part, ma peau avait encore une teinte rouge vif et semblait écorchée, mais la douleur était moins aiguë que précédemment. J'avais aussi perdu beaucoup de sang et j'avais du mal à garder mon équilibre. Mais même dans de pareilles conditions, je ne me laisserai pas aller dans les bras de la Mort. Je ne retournerais dans l'Hadès que lorsque j'aurais été certain d'avoir accompli ma mission.
-Tu tiens à peine debout, mais enfin... si ton vœu est vraiment de m'affronter, je ne puis pas faire autrement, mais c'est à regret. Tu pourrais toujours rejoindre notre cause, si cela t'intéresse, et elle a déjà attiré ton intérêt une fois ce me semble. Alors qu'en dis-tu?
Bételgueuse était beaucoup plus fin qu'il n'y paraissait et il venait de m'insulter à mots couverts... c'est du moins ce que je croyais avant que je ne réalise qu'il pensait véritablement chaque syllabe de sa proposition. Je ne voyais nulle ironie et encore moins de sarcasme dans ses yeux, seulement de la sincérité. Était-il fou à ce point?
-Tu es le deuxième de la journée à songer que je suis fou. Mais pourquoi cela? Parce que je pense différemment? Parce que je n'ai pas un optimisme forcené et à toute épreuve? Si je ne songe pas comme toi, c'est parce que j'ai tort, c'est ce que tu penses. Ne te trouves-tu pas un peu intransigeant?
-Je suis en effet peut-être intransigeant sur bien des points mais en ce qui te concerne Bételgueuse, je te trouve ridicule. Tu as un réel talent pour embobiner tes adversaires et leur faire croire que tout ce que tu dis n'est que vérité, mais en réalité, tu ne profères que des mensonges. Tu finis vraiment par me fatiguer et je n'ai nullement envie de tenir avec toi des discours philosophiques sur ce que je suis, ou sur ce que tu souhaites. Je suis pressé figure-toi, car je n'ai pas le temps, comme toi, de me laisser couler dans des thèses étranges et sans aucun sens.
Je respirais profondément. Je devais rassembler en moi toutes les forces de mon cosmos et faire le vide dans mon esprit. Ce n'était pas très difficile, avec un certain entraînement, et de par ma qualité de chevalier d'Or, j'étais certain d'y parvenir.
-Adieu Bételgueuse! Par le triangle d'Or! criai-je.
-Protection Wall! répliqua Bételgueuse du tac au tac et sans faire le moindre mouvement pour éviter mon attaque qui se perdit dans les limbes de l'oubli.
Comment?! Comment avait-il réussi à détourner une attaque de cette puissance? C'était impossible, personne n'était capable de cela grâce à un simple mur pour se protéger! Il était peut-être plus puissant que je ne l'avais cru derrière ses dehors un peu fataliste et désillusionné.
-Regarde dans quel état tu es Kanon. Je n'osais pas te le dire, mais cela fait un bon quart d'heures que tu es agité de tremblements. Ce n'est pas comme cela que tu pourras me vaincre. Peut-être que si tu n'avais pas rencontrer ce cher Esculape avant de venir, tu aurais réussi à briser ma protection avec ton attaque, mais que veux-tu faire dans l'état ou tu te trouves? En plus, je crois que tu as rencontré une dizaine de soldats, ou je me trompe avant d'arriver jusqu'ici? Tu as largement fait plus que ta part durant cette bataille, tu ne crois pas? Tu pourrais peut-être t'arrêter et t'en aller. Si Athéna était aussi indulgente et généreuse que tu le dis, elle te laisserait un peu de repos.
Je fus secoué, non pas par des tremblements, mais par un rire sardonique qui brisa la voix calme et posée de Bételgueuse.
-Mais quand bien même elle m'ordonnerait de disparaître à jamais de l'île d'Azura, jamais je ne partirai! J'ai trop à faire pour me racheter et pour défendre les êtres humains et tant que j'aurais encore assez de forces pour tenir sur mes pieds, je combattrai les ennemis d'Athéna, est-ce bien clair?
-Parfaitement.
Un nouveau silence vint s'installer entre nous. Je devais réfléchir à comment le vaincre. Le problème était qu'il lisait dans mes pensées et qu'il était capable de tout deviner à l'avance. Et puis, j'avais beau camoufler mes réflexions, je devais reconnaître que mon ennemi avait raison sur un point, je n'étais pas vraiment en état de le vaincre. Cependant, je savais qu'aucune cause n'était perdue d'avance et je jetais un regard furtif vers Seiya qui ne bougeait pas d'un pouce. Était-il mort? J'en aurais été très étonné, mais il avait été rudement secoué par une des bottes secrètes de Bételgueuse.
-C'est à moi de te dire adieu à présent, Kanon. J'ai été heureux de te connaître. Peut-être que nous nous reverrons, mais en enfers... Mind Distortion!
L'attaque arriva de plein fouet sur moi et je ne pus regretter amèrement que trop tard de ne pas avoir assimiler sa technique alors que je l'avais écouté lorsqu'il parlait avec Pégase. J'étais alors trop fatigué, trop centré sur le fait que je devais arriver à leur hauteur le plus rapidement possible.
Je perdais soudainement tout contrôle, mon esprit n'avait plus aucune prise sur rien. La douleur qui semblait se tapir derrière mes yeux depuis un bon moment se réveilla subitement alors que je sentais comme quelque chose éclater à l'intérieur de ma tête.
Je devinais déjà de quoi il s'agissait. La fameuse hémorragie dont Seiya était victime. Mais le coup de Bételgueuse ne se contentait pas, dans mon cas, de me faire souffrir de nouveau, mais réveillait aussi toutes mes anciennes plaies. Les actions d'Esculape combinées au Mind Distortion me reléguait tout simplement à l'état de mort-vivant. Je sentais encore faiblement les battements de mon cœur dans ma poitrine, de plus en plus lents, alors que du sang me remontait dans ma bouche. Ce goût, je l'avais si souvent ressenti depuis le début de cette guerre sainte et pourtant, à chaque fois, j'avais l'impression que je ne m'y habituerais jamais.
Je sentis mes idées s'embrouiller, ma vision s'obscurcir, tout le paysage se mettre à trembler alors que mes genoux allaient céder d'une minute à l'autre. Je ne pouvais pas croire que j'allais être vaincu. Pas après tout le mal que je m'étais donné pour arriver jusque là, pas après avoir tuer un premier commandant, pas après avoir causer la perte de plusieurs gardes, ni après avoir sauvé la vie de Seiya. Cela ne pouvait, ni ne devait se terminer de cette façon. J'étais Kanon, des Gémeaux et je n'avais pas le droit de me laisser terrasser de cette manière absurde. Il me fallait faire quelque chose mais...
Je m'écroulais alors à terre, lâchant, par hasard, à la dernière seconde mon bouclier d'Orichalque sur lequel je me cognais avec force la tête, pressant un point précis derrière ma nuque, comme si le destin avait voulu, alors que je coulais sur le sol telle une poupée de chiffon, agir en ma faveur.


Aiolia

Masque de Mort allait-il mourir après s'être sacrifié pour me sauver? Je me tournais vers Fomalhaut.
Il m'avait ébahi tout à l'heure, de par son geste même si je ne m'étais pas attendu à moins de sa part. J'avais vu le visage d'Altaïr se mettre à grimacer alors qu'elle mourrait empalée sur l'une des épées de la Balance. Il avait été trop rapide pour qu'elle tente d'esquiver, et elle ne s'était de toute manière jamais attendue à ce qu'il agisse de cette façon. Mais comment pouvait-elle songer qu'un combattant d'Athéna pouvait renier définitivement sa déesse?
Le chevalier du Poisson Austral avait à cet instant choisi de redevenir ce qu'il n'avait finalement jamais vraiment cessé d'être : un chevalier d'Athéna. J'avais toujours senti, depuis le début de notre combat, qu'une partie de son esprit et de son cœur avait toujours été de notre côté et qu'il ne soutenait Arès que par résignation, parce qu'il avait fait ce choix dans un mouvement de colère et de révolte il y avait de cela bien des années. Mais je lui avais donné la possibilité de retrouver sa véritable essence, de reprendre la personnage qu'il était aux yeux de tous, un homme respecté et aux qualités de guerrier louées dans tout le Domaine Sacré depuis déjà bien longtemps. Lorsque l'on formulait ses vœux pour devenir un chevalier au service de la déesse Athéna, on ne pouvait jamais renier sa parole, quoiqu'il arrive, quelque soit les choix que l'on faisait par la suite, on restait, pour toujours à la base, un serviteur de la justice. Cette leçon, c'était Fomalhaut lui-même qui me l'avait apprise alors que je n'étais qu'un jeune garçon, et il venait de prouver une nouvelle fois qu'il était impossible de déroger à la règle.
Il se battait à présent à nos côtés et cela avait quelque chose de rassurant car il devait connaître un certain nombres de pièges que nous préparait le redoutable dieu de la Guerre. Mais je n'avais pour l'instant pas le loisir de lui poser toutes ces question et je me contentais de tourner vers lui un regard d'enfant comme je n'en avais pas eu depuis des années. Je savais que je pouvais lui faire pleinement confiance pour qu'il trouve une solution et j'étais tout prêt à lui apporter mon aide pour cela. Nous n'avions pas le droit de laisser le chevalier du Cancer s'approcher de plus en plus du gouffre des enfers. Après ce qu'il avait fait, il méritait vraiment de vivre.
-Il a été touché par les deux attaques d'Altaïr... c'est un miracle qu'il soit encore en vie et je ne me rappelais pas que les armures d'Or étaient solides à ce point, déclara Fomalhaut.
-C'est normal, nous les avait fait renaître récemment grâce à Héphaïstos et à notre propre sang. Elles sont virtuellement indestructibles.
Il hocha la tête en écoutant les propos que je lui tenais. D'après son expression, je devinais qu'il n'y avait sans doute plus grand chose à faire.
-Écoute... ton ami savait ce qu'il risquait en agissant comme il l'a fait et on ne peut rien pour l'aider. Seulement, il ne te reste plus qu'à tenter de le guérir en pressant ces points vitaux. Mais attention, ne confond pas avec son point étoilé, car les deux sont bien différents.
Fomalhaut avait le ton du professeur qui parlait à son élève.
-Si seulement je n'avais pas été aussi borné... murmura-t-il entre ses dents plus pour lui-même que pour moi. Enfin, il y a plus urgent. Bon, je vais le faire, ne t'inquiète pas. Je lui dois bien car si il est dans cet état, il est clair que c'est entièrement de ma faute. Si je n'avais pas été là, il aurait pu riposter face à Altaïr...
Le chevalier du Poisson Austral parlait avec rapidité tout en agissant avec cette efficacité que ma mémoire n'avait pu oublié. Il était toujours l'homme des situations urgentes, c'était ce que les autres chevaliers d'Argent disaient toujours de lui, je m'en rappelais à présent. Toutes les parties de l'armure du Cancer étaient maintenant disséminées autour de son propriétaire.
-Il faudra lui remettre tout de suite après, Aiolia, parce qu'il se peut bien qu'elle lui transmette de la force.
Il exécuta une série de geste rapide en touchant tour à tour plusieurs point du corps de Masque de Mort. Je le regardais faire sans souffler mot. J'avais l'impression de rajeunir de plusieurs années et la manière d'agir de Fomalhaut avait quelque chose de rassurant. Je savais qu'avec lui, mon compagnon avec plus de chance de survivre qu'avec n'importe qui d'autre. Le chevalier du Poisson Austral en avait tellement vu et il ne se laissait pas impressionner si facilement. J'avais du mal à croire qu'encore quelques minutes auparavant, il se trouvait du côté d'Arès.
Je jetai un coup en sa direction et surtout, m'attardais sur l'observation de sa cuirasse rouge vif. Il y avait aussi du sang emprisonné à l'intérieur et je n'osais pas saisir ce que cela signifiait.
-Ton armure...
-Aiolia, répliqua celui que j'avais toujours considéré comme mon professeur, je ne crois pas que ce soit le moment...
En effet, c'était inopportun mais l'envie de savoir me tenaillait.
-Je n'ai rien mis dans cette Cuirasse si c'est ce que tu veux savoir. Arès me l'a donné ainsi et il m'a dis que je n'aurais qu'à en rajouter avec les victimes que je ferai durant la guerre Sainte. S'il avait su qu'il parlait d'Altaïr à cet instant, ironisa Fomalhaut en secouant la tête et en palpant le pouls du chevalier du Cancer.
-Parce que tu as rencontré le dieu de la Guerre en personne?
-Oui, comme tous les commandants et plus encore comme tous les empereurs. Et cela me fait penser que j'ai quelque chose de capitale à vous apprendre, à toi et à ton ami.
Il releva Masque de Mort et passa l'un de ses bras inerte par-dessus ses épaules pour le transporter.
-On ne peut pas le laisser là et il nous faut pourtant partir vers le temple d'Arès. Il ne nous reste maintenant plus qu'à prier et souhaiter qu'il reste accroché à la vie. Mais puisqu'il est un chevalier d'Athéna, je ne crois pas qu'il soit de ceux qui abandonnent.


Aioros

Je venais d'être affecté par la "Memory Immobilisation". Je n'avais pas immédiatement compris en quoi consistait cette attaque. Elle n'arrêtait pas le corps de fonctionner, et l'esprit était toujours valide bien qu'un peu plus ralenti seulement... j'étais dans l'incapacité de me servir de ma mémoire. J'avais du mal à me rappeler même ce que je faisais là, dans ces ravins, couverts de blessures à entendre des hurlements venant de... de qui déjà?
Je connaissais cette voix qui criait, celle qui lui répondait aussi d'ailleurs mais il m'était impossible de les identifier. Pourtant, j'avais bien l'impression que cela avait de l'importance. Étais-je devenu amnésique? J'avais la sensation d'avoir perdu tous mes souvenirs. Qui étais-je exactement? Un chevalier, cela je me souvenais encore assez bien. Mais un combattant de qui? Et qui luttait pourquoi? Et surtout quelles étaient mes attaques? Je n'étais décidément pas en mesure de répondre à toutes ces interrogations.
-Et bien, Aioros, on perd la tête? ricana Épiméthée en s'approchant de moi.
J'étais comme incapable de me défendre, je m'en rendis bien compte alors qu'il me martelait la poitrine de coups de poing. Il allait beaucoup trop vite pour moi et je ne voyais pas même les mouvements qu'il exécutait, mais pour sa part, il exultait très visiblement.
-Tout à l'heure, tu t'es ri de moi car un même coup ne marche jamais deux fois... tu aurais mieux fait de te taire, pauvre niais. Voilà ce que tu dois subir à présent. Qu'est-ce que cela fait-il de ne même plus savoir qui l'on est et ou l'on se trouve? Tu ressembles maintenant à un pauvre gamin sans défense, sans ressource. C'est que tu me ferais presque pitié si je connaissais ce sentiment!
Mais de quoi me parlait-il? Que me voulait-il? Il me souleva de terre, m'attrapant par une cheville et me fis tournoyer à tout allure sans que j'ai même l'idée de me débattre. Sans me lâcher, il me cogna contre deux parois l'une face à l'autre, chacune leur tour. J'allais me briser en deux et la douleur était si aiguë que je tombais à terre, à demi-inconscient. Comment pouvais-je avoir la tête aussi solide, je n'en avais pas la moindre idée... mais je remerciais Zeus que ce soit le cas.
Tout devenait de plus en plus sombre et j'avais l'impression que je sortais peu à peu de mon corps, que je m'en échappais lentement, doucement, et que les attaques que je recevais de l'extérieur glissaient sur mon âme, ne m'atteignaient plus. Je comprenais ce qui m'arrivait, j'allais peu à peu me laisser couler dans le monde des Morts. Je n'avais pas d'autre choix que de retourner auprès d'Hadès de toute manière. Retourner? Mais pourquoi disais-je cela? Étais-je déjà mort une fois? Je ne saisissais pas le fil de mes propres pensées et j'avais l'impression de me débattre dans les liens qu'auraient tissé mon propre esprit. "Eh bien, Aioros, m'aurais-tu oublier?"
Une voix douce et posée résonnait dans mon esprit. Mais qui était capable de me contacter de cette façon. Qui hormis...
"Aurais-tu oublier celle pour qui tu n'as pas hésité à sacrifier ta vie? Chevalier du Sagittaire, ton adversaire peut te faire perdre la mémoire, mais il est une chose que l'on ne peut pas oublier, mon ami, notre cause. N'entends-tu pas les cris de douleur des millions de personnes qui comptent sur tout? Ne sens-tu pas les cosmos de tes frères qui t'accompagnent et tentent de t'insuffler la flamme du courage? Tu défends la justice, depuis toujours et tu la défendras jusqu'à ton dernier souffle, je le sais. Seulement, il n'est pas encore l'heure pour toi de partir. Alors, relève toi Aioros en mon nom et en celui des hommes."
Je sentais mes forces me revenir, la mémoire aussi du même coup. Je savais qu'à l'extérieur, mon corps était entrain de se couvrir de son propre sang et qu'il me fallait agir vite, très vite car quelque d'autre comptait sur moi.
Je sus que l'issu de ce combat allait se jouer dans les secondes qui allait suivre. Je n'avais qu'une chance de le vaincre : simuler que j'étais sur le point de mourir et le tuer au moment exact ou il croyait m'achever. Je devais le prendre par surprise, avec toute la rapidité dont j'étais capable et ce n'était tout de même pas peut dire. Le plan que je venais de concevoir était mon ultime chance. J'en avais conscience. Je rouvris alors soudainement mes paupières.
Le temps parut se suspendre et il me sembla que les gestes que je me mis à exécuter passaient au ralenti. J'élançais l'un de mes bras en arrière, vitesse lumière, je saisissais mon arme et une seule flèche car je n'avais pas le temps pour en prendre plus. Je voyais le visage d'Épiméthée se décomposer, perdre son sourire sardonique et reculer d'un pas. Je me projetai sur mes pieds, pour faire face debout à mon opposant et surtout je faisais partir la flèche dans sa direction, je la regardais fendre les quelques mètres de distance qui nous séparait. Celle-ci était guidée par Athéna et il me parut qu'elle aurait même pu transpercer le vent si elle l'avait voulu. J'entendis Épiméthée s'écrouler à terre, le cœur transpercer de ma redoutable arme.
-Aioros comment...
Il faisait un effort pour m'adresser ses paroles dans un dernier souffle.
-C'est la justice, berserker, Athéna, et peut-être ton frère, qui voulait être vengé.
Ce furent là les seuls adieux auxquels il eut droit. Il venait de mourir et je pouvais dire que je n'avais fait que rendre justice à Prométhée.


Seiya

Je bougeais un peu... cela signifiait donc que je n'étais pas mort? C'était la première bonne nouvelle que j'avais depuis le début de la Guerre Sainte! Mais comment avais-je fait pour résister au "Mind Distortion".
Je sentais encore du sang coulé sur mes narines et sur mes lèvres. Je devais avoir perdu connaissance depuis seulement quelques minutes puisqu'il n'était pas encore sec et ne formait pas de croûte. Mais cela n'expliquait toujours ma prodigieuse résistance à l'incroyable attaque de Bételgueuse. J'étais persuadé que je n'avais pas pu faire cela seul et je battis lentement des paupières, essayant de me rappeler ce que j'avais pris pour les dernières minutes de mon existence.
Je cherchais mon souffle pour prendre une respiration plus régulière. Au fait, ou était passé mon opposant? Était-il mort? Mais dans ce cas, qui l'avait achevé? Je me rendis rapidement compte que la situation était moins plaisante quand j'entendis le bruit de ces pas sous lesquels la terre sèche craquait. Il semblait qu'il s'éloignait, il devait probablement me croire mort.
Je sentis soudainement une personne bouger à côté de moi, imperceptiblement mais les vibrations de son cosmos, quoique extrêmement faibles ne faisaient aucun doute sur son identité. J'avais à côté de moi... Kanon des Gémeaux! Je l'avais cru entrain de sombrer vers le gouffre de l'enfer, mais il avait du se relever pour défendre, malgré son état, la justice et Athéna! Et dire que moi, j'avais failli me laisser couler dans le repos éternel alors que je n'avais pas même abattu un seul ennemi... je n'en avais nullement le droit! Je me devais de faire honneur à mes aînés en suivant leurs traces.
Je me rappelais subitement ce qui c'était passé, le violent coup que j'avais reçu derrière la tête... c'était le frère de Saga qui me l'avait administré pour que mon hémorragie s'arrête et maintenant, c'était lui que se trouvait à terre et qui paraissait succomber aux doigts glacées de la Faucheuse.
"Je me battrai pour toi, Kanon et pour mes frères aussi qui attendent cette Victoire", pensais-je alors qu'un long frémissement me parcourut et que je commençais à me remettre sur pieds.
Bételgueuse sursauta et me fit subitement face. Je devais être assez pathétique mais mon apparence n'avait véritablement aucune importance. Tout ce dont j'avais conscience, c'était qu'il fallait que j'accomplisse mon devoir, pour que ma mort, si tel était mon destin ou encore celui de Kanon, trouve une justification.
-Pégase! Tu n'es pas encore mort... avant, je jugeais que c'était du courage, mais maintenant, mais c'est de l'acharnement. N'as-tu pas envie de cesser ces luttes vaines? N'as-tu pas envie d'arrêter de défendre une cause qui risque de perdre et quand bien même elle gagnerait, qu'est-ce que cela te rapporterait, à part, peut-être, un prochain affrontement avec une autre divinité? Car si ce n'est pas Arès qui prend le contrôle de la Terre, dis-toi bien que ce sera un autre. Alors, est-ce que tu souhaites? Une existence en permanence faite de violents affrontements ou tu risques à chaque fois ta vie?
Il avait beau me faire ce discours avec une certaine animation, il ne semblait ni en colère, ni désabusé. Il émanait simplement de lui une certaine nonchalance, comme une indifférence qui aurait fait partie intégrante de son caractère comme c'était probablement le cas.
-Tu n'as vraiment rien compris, répliquai-je. Je ne compte pas, ma vie n'a aucune importance en comparaison des millions d'autres que je dois sauver. Si mes souffrances et même ma mort peuvent aider tout le genre humain, alors, toutes ces batailles que tu juges inutiles ont une raison, deviennent valables. Mes souffrances ne sont rien si elles peuvent aider Athéna. Bételgueuse, la question que tu devrais plutôt te poser, c'est pourquoi tu ne crois en rien? Question de facilité n'est-ce pas et bien je suis désolé, mais c'est la choix des lâches et donc certainement pas le mien! Par les météores de Pégase!
Bételgueuse fit un tel bond que je crus qu'il avait disparu dans les cieux mais j'entendis bientôt de nouveau son rire légèrement ironique.
-C'est inutile Seiya, tes discours comme tes attaques ne peuvent pas me toucher. Tu as des idées différentes des miennes, c'est ainsi, mais tu ne peux pas me traiter de lâche pour autant. Nous sommes simplement en désaccord, voilà tout et je ne réfute pas tes thèses de la même manière que tu envoies aux orties les miennes. Non, je respecte ta façon de voir car il est toujours intéressant de savoir ce que les gens pensent, foi de Bételgueuse puisque je suis le Berserker de la Pensée...
Il me sourit avec un certain amusement avant de griffer l'air d'une main ce qui eut pour effet de me projeter en arrière. C'était comme s'il m'avait giflé le visage à distance. Je me cognais de nouveau la tête contre le sol et ne put retenir un cri de douleur. J'espérais que mon hémorragie ne recommencerait pas suite au choc que je venais de subir. Mais je n'avais pas le droit de rester allongé sans rien faire et je me relevais immédiatement.
-Reste assis, Pégase, pour l'amour des dieux, ne viens pas me fatiguer! s'écria Bételgueuse avant que sa voix ne se casse soudainement.
Je regardais rapidement autour de moi et le vis aussi... Kanon! Kanon se relevait encore et toujours des coups qu'on lui avait administrés. Cela me fit l'effet escompté et je sentis le courage renaître de nouveau en moi. Il n'avait pas l'air encore de remarquer ma présence et pourtant, il se tourna vers moi. Je réalisais seulement à cet instant combien il avait l'air marqué et proche de la mort. Il n'avait probablement plus beaucoup de temps devant lui dans un tel état.
-Serais-tu immortel? demanda Bételgueuse avec surprise.
-Non, mais j'aimerais bien que se soit le cas, répliqua Kanon, qui ne se dépareillait jamais de sa superbe même dans les plus effroyables conditions.
Il était à demi-tourné vers notre ennemi commun et me fit de nouveau face.
-Enfin debout Pégase?!
-Et c'est grand dommage, intervint Bételgueuse avec un air légèrement contrit. Il aurait pu se laisser tranquillement couler dans les limbes de la mort, sans plus avoir à souffrir pour une cause qui ne compte pas vraiment finalement. Seiya, tu aurais mieux fait de rester à terre, sans bouger et d'attendre de partir définitivement dans l'autre monde. Toi aussi, Kanon d'ailleurs. Mais je vois que vous battre contre moi est d'une importance capitale pour vous, même si je me permets de vous rappeler que je peux vous laisser tels que vous êtes au premier signe d'abandon.
-L'abandon? m'écriais-je. Le repos? La tranquillité? Comment oses-tu employer tous ces mots! Comment pourrions-nous mourir le cœur léger et l'âme sereine alors qu'Arès est entrain de détruire la race humaine?! Bételgueuse tu n'es qu'un fou, au début je ne voulais pas le croire, mais maintenant, cela me semble limpide comme de l'eau de roche! Tu es fou, mais pas dans le sens ou je le croyais car tu n'as rien de sanguinaire ou de violent, seulement, ton esprit est malade. Je ne vois même pas...
Le chevalier des Gémeaux m'interrompit d'un signe du bras autoritaire que je l'avais déjà vu employer une fois ou deux au Sanctuaire, pour gourmander un enfant trop turbulent ou nerveux.
-Arrête, Seiya... tu n'as toujours pas compris qu'il se joue de toi? Qu'il te parle de cette façon désinvolte dans le seul but de te faire sortir de ta réserve et de pouvoir lire tes pensées avec encore plus de facilité et d'adresse? Son jeu est pourtant clair.
Je restais interdit quelques secondes, effleurant du regard Kanon puis Bételgueuse qui souriait impassiblement. Je ne saisissais pas vraiment la portée de ce que racontait mon compagnon. Le Berserker de la pensée m'aurait-il menti depuis le début? Tous ses discours auraient-ils été factices? Je ne pouvais pas croire que j'étais tombé aussi sottement dans un piège comme ce dernier et j'avais réellement l'impression que Bételgueuse pensait avec sincérité chaque mot prononcé.
Je me tournais vers lui d'un air dubitatif... de toute manière cela ne comptait pas. Je crois que mon regard se durcit car Kanon hocha lentement la tête.
-Tu as tort de penser cela Kanon, les opinions que je t'ai donné sont bel et bien celles que j'affectionne et que je possède... mais il est vrai que vous voir vous échauffer car vous êtes en parfait désaccord avec moi-même n'a décidément rien de déplaisant. Au contraire, je vous trouve même plutôt amusant...
Le chevalier Gemini hocha la tête en fronçant les sourcils. Il n'avait l'air que de croire à demi ce qu'on lui contait mais n'y accordait pas non plus grande attention.
-Très bien, lançais-je d'un ton incisif pour couper court aux réflexions de chaque. Je crois que ce combat a assez duré. Par le poing de Pégase!
J'avais hurlé la dernière phrase avec toute la conviction dont j'étais capable mais ce ne fut pas suffisant pour briser le mur de protection de notre ennemi.
Kanon m'observa une demi-seconde d'un oeil brillant et reporta toute son attention sur Bételgueuse qui paraissait troublé. Je devinais aisément que le chevalier des Gémeaux réussissait à camoufler dorénavant la moindre de ses pensées ce qui n'était pas vraiment mon cas, bien que je me contrôlais de mieux en mieux. Faire le vide... comme Shiryu l'aurait fait. Oui, mon ami y serait parvenu et je l'avais trop de fois vu méditer pour ne pas m'en rappeler.
J'inspirais profondément, me détachant du monde ou j'étais peu à peu.
-Seiya, comme tu l'auras remarqué, je suis en très mauvaise condition physique et je n'en ai probablement plus pour très longtemps, fit Kanon en ne lâchant pas de son regard d'aigle Bételgueuse. Alors écoute moi bien... une union d'armes ne serait pas de trop...
-C'est inutile, chantonna presque Bételgueuse. Mind Distortion!
Je crus que tout était bel et bien terminé car, même si une attaque ne peut pas fonctionner deux fois de suite sur un chevalier, un seconde coup aurait incontestablement rouvert ma plaie en me conduisant ainsi vers la mort. Cependant, alors que les éclatants rayons se dirigeaient vers moi, il y eut comme... une barrière. Je ne comprenais pas immédiatement et écarquillais les yeux avec tout l'étonnement dont j'étais capable.
Le bouclier de la Balance! Kanon!
J'avais l'impression de mieux respirer de nouveau. Que cette arme d'Orichalque soit bénite!
-Pégase! cria Kanon, rappelle toi ce que je t'ai dis, une union d'armes, voilà ce qu'il nous faut!
Je ne saisissais pas ce qu'il voulait me signifier, tout en comprenant clairement qu'il me fallait pourtant aller vite. Bételgueuse allait repasser à l'offensive d'une seconde à l'autre, et il fallait que mon esprit aille un peu plus vite même si ce qui l'avait précédemment endommagé l'en empêchait.
Une union d'armes? Kanon ne voulait pas que je pense de peur que notre opposant comprenne ce que nous allions faire. Il fallait que je le sente à l'instinct.
Je vis alors le chevalier des Gémeaux jeter à terre son bouclier et se tourner vers moi. Je me rapprochais de lui, sentant que c'était ce qu'il voulait que je fasse. Il avait très visiblement trouvé la solution pour que nous nous extirpions du piège ou nous étions tombés et je devais le suivre aveuglément. Kanon était à présent un homme à qui l'on pouvait faire confiance.
-Vous vous décidez enfin à abandonner? interrogea avec lassitude Bételgueuse.
Aucun de nous deux ne prit la peine de répondre.
Kanon saisit de sa main gauche l'une des miennes, et nos doigts s'enlacèrent pour ne former qu'un seul poing. Il le recouvrit ensuite de sa seconde main et je fis de même. Nous étions à présent presque coller l'un à l'autre et je sentais la force qui émanait encore de lui. Il était prodigieux, car, même après tout ce qu'il avait enduré, il réussissait à tenir debout et à brûler une énergie phénoménale... mais je n'oubliais pas que le cosmos était immortel.
Je décidais de me laisser guider par son initiative et d'aviser. Il tâcherait bien de me faire sentir ce que je devais faire. J'enflammais mon cosmos et bientôt, nous fûmes entourés de cosmos bleuté et doré en même temps. Nous n'étions plus deux individus bien distincts mais un seul et même chevalier tant nous nous sublimions et nous étions entrain de nous élever au paroxysme de notre puissance. Nous tendîmes nos bras au maximum, nos mains toujours aussi étroitement liées que nos énergies.
Alors, je compris que ce n'était plus qu'une question de secondes.
Kanon me jeta un coup d'œil en biais que je lui rendis et il me transmit sans rien penser tout ce qu'il y avait à savoir. J'étais trop concentré sur la seconde présente pour que Bételgueuse, qui nous regardait non sans une certaine appréhension, devine quelque chose.
"Oh! Athéna... pensais-je. Accorde-nous juste une seule fois la puissance nécessaire. Pour votre gloire et pour celle des hommes, faites que nous parvenions à bout de notre ennemi".
J'avais fermé les yeux une demi seconde et Bételgueuse avait eu le temps de prendre sa position d'attaque. Je sentis que derrière nous, une énergie divine se mêlait à la nôtre et...
-Mind Distortion!
-Pegasus Explosion!

Le hurlement de ses deux voix qui n'en avait plus formé qu'une sembla traverser les cieux, les scindant, résonnant dans les bois squelettiques et déserts.
On entendit plus rien ensuite, comme si tout s'était arrêté, que la nature elle-même s'était inclinée devant cette attaque.
Alors, le bruit de trois corps tombant contre le sol brisa pendant quelques secondes le silence de la nature.

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Cette fiction est copyright Caroline Mongas.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.