Chapitre 17 : Sons de la guerre ! Les ennemis se multiplient !


Les bruits de la guerre résonnaient à nouveau dans le Sanctuaire d'Athéna. Une fois de plus, des événements d'une importance capitale se déroulaient au pied de la montagne sur laquelle étaient bâties les douze Maisons du Zodiaque. Une petite assemblée s'était formée devant la toute première d'entre elles : la Maison du Bélier.

On pouvait y voir Kanon vêtu d'une armure d'écaille dorée qui faisait face à deux jeunes hommes à l'allure étrangement complémentaire. Légèrement en retrait, Sorrento s'affairait à mettre hors de danger les corps meurtris des deux malheureux chevaliers de bronze, balayés durant les premiers instants de la bataille.

L'un des deux envahisseurs, envoyés par Arès, prit la parole :

« Avant que nous ne luttions, j'aimerais éclaircir un point, Kanon » entama Phobos à la chevelure dorée, d'une voix grave et rocailleuse.

Il reprit : « Es-tu fidèle à Poséidon ou à Athéna ? Car tu es réputé être le nouveau chevalier des Gémeaux et voilà que tu portes ton ancienne armure d'écailles du Dragon des Mers... »

Un silence se fit, rempli par une bourrasque de vent. Kanon tourna la tête pour s'enquérir d'un coup d'œil de l'état de Nachi et d'Ichi.

« Bien que je n'ai pas à me justifier, sache que j'utilise les deux protections comme bon me semble » commença-t-il à lui répondre.

Il fixa à nouveau son attention sur l'homme à l'armure rouge et continua : « Selon la puissance de mes adversaires, je choisi celle qui me vêtira. Et chacun sait que les armures d'or d'Athéna sont plus résistantes et plus puissantes que les Ecailles de Poséidon... Tu en déduiras l'estime que je te porte, à toi et à ton ... camarade ».

Les traits du jeune homme blond se tordirent de colère tandis que son corps s'enveloppait d'une lueur rouge incandescente. Il s'avance d'un pas en direction de son ennemi et hurla en brandissant les bras vers le ciel : « Mon père ! Prête-moi la force d'écraser mon adversaire ! Que les chevaux de ton char de guerre thrace piétinent cet insolent ! »

Alors que Phobos terminait sa phrase, la terre commença à se craqueler à divers endroits autour de lui. Les impacts se démultiplièrent et comme s'ils étaient des traces causées par des sabots de chevaux invisibles, ils se dirigèrent à une vitesse ahurissante droit vers Kanon. Ce dernier fixa son attention sur un point perdu dans la poussière soulevée par ces fissures dans le sol et un instant après, un nuage l'engloutit en un bruit de hennissement infernal.

Kanon jaillit tout à coup du nuage droit vers le ciel et atterrit avec grâce sur le toit de la Maison du Bélier. A ses pieds, le nuage de poussière se dissipa. Phobos réapparu. Il était couvert de sueur et de terre. Ses cheveux emmêlés disparaissaient et apparaissaient au gré de la disposition des parties de son armure. Ses muscles des bras étaient saillants et ceux de sa gorge contractés à l'extrême. Son regard était fixe et vide. Il tourna brusquement la tête pour regarder celui qui se trouvait derrière lui : son frère, Déimos. Il marmonna des mots incohérents et tourna le reste de son corps vers son compagnon. Celui-ci lui jetait des regards inquiets et en hurlant, pointait Kanon du doigt : « Il est là ! Imbécile, tu te trompes de direction, il est là ! »

*

* *

Marine attendait dans la fraîcheur de l'ombre offerte par les murs de la Maison des Poissons. Sa peau était parcouru de léger frissons alors qu'assise en tailleur à même le sol, elle faisait face à l'entrée du temple. La tête baissée et les bras croisés, elle donnait une fausse impression de lassitude. Le chevalier d'argent tourna brusquement la tête sur sa droite et se releva en un clin d'œil.

« Shaina, c'est toi ? » demanda-t-elle d'un ton faussement inquiet.

« Oui, c'est moi » répondit la nouvelle venue en pénétrant dans ce qui fut la demeure d'Aphrodite.

« Shaina, qu'est-il arrivé à ton masque ?

- Disons qu'il a subi quelques dégâts lors d'un combat. Et puis, je ne désire plus le porter.

- Un combat ? Mais qui ? Et quelle est cette armure que tu portes ?

- Laisse tomber Marine, je te raconterai en chemin. Nous devons quitter le Sanctuaire et passer à notre tour à l'offensive. »

Durant ce dialogue, une grande expressivité s'était dégagée des traits de Shaina. Amusée au début, elle affichait désormais un visage profondément inquiet.

« Tu as senti comme moi le cosmos de Seiya ? » demanda la nouvelle Guerrière élémentaire.

« Oui, mais il a disparu brusquement. Je sais que Seiya est vivant mais je ne peux pas le localiser exactement. » acquiesça Marine avec un léger dépit dans la voix.

Puis un silence se fit. L'obscurité régnait dans cette Maison vide. Seule l'ouverture principale laissait entrer la lumière crue du soleil. Shaina commença à marcher dans le temple en caressant le mur de sa main droite. En longeant les parois lisses, elle atteignit l'arrière du temple, qui donnait sur les gigantesques marchent menant au palais du Pope. Elle s'arrêta brusquement et fixa les marches. Ses sourcils se froncèrent et elle se mordit le coin des lèvres.

Marine avait suivi de la tête tous les mouvements de son amie. Elle se dirigea vers elle et retira son masque. Elle posa sa main sur l'épaule de Shaina et lui parla doucement :

« Tu te souviens lorsque nous sommes allés faire forger nos masques ?

- Oui, j'ai l'impression que cela fait des centaines d'années.

- Te rappelles-tu ce serment que nous avions fait ?

- Mais il ne tient plus, il a été brisé lors de la mort de notre instructrice... Et nous sommes devenues ennemies alors.

- Et si nous oublions cette querelle ? Nous étions comme des sœurs à l'époque.

- C'est vrai.

- C'est pour ça que je vais te soutenir quoi qu'il advienne. Et que, comme toi, je renonce à porter ce masque. »

Shaina s'était tournée vers Marine tandis qu'elle prononçait ces derniers mots. Ses yeux s'emplirent de larmes en contemplant le doux visage souriant de Marine. Les deux jeunes femmes se sourirent mutuellement et tandis que Shaina prenait la main de son amie, elle chuchota :

« Oui, nous sommes comme des sœurs. »

*

* *

Algébia faisait les cents pas. Il marchait de long en large, comme un lion dans une cage. Quand il passait sous un rayon de soleil, son armure étincelait d'une noirceur divine et quand il regagnait l'ombre du temple, elle le rendait quasiment invisible. Le jeune homme se tapait nerveusement dans les mains et son regard traduisait son impatience. Il s'arrêta soudainement de marcher et ferma les yeux. Il reprit prestement sa marche vers l'arrière de la Maison du Lion. Le spectacle qui s'offrit à lui, un Sanctuaire baigné de soleil, lui fit cligner des yeux.

Il contempla successivement les sept autres Maisons du Zodiaque. Lorsque son regard se porta sur l'ultime temple, le dernier qui barrait la route des éventuels envahisseurs jusqu'au palais du Pope, il ferma à nouveau les yeux. Il marmonna quelques mots et se mit à courir en direction de la Maison de la Vierge.

Il apparut en courant dans le temple des Poissons et se mit instantanément en garde.

Marine et Shaina avait fait de même lorsque les bruits de pas précipités et un cosmos impressionnant s'étaient fait sentir. Marine baissa sa garde la première et posa une main sur le bras de son amie.

« Shaina, je te présente Algébia, le cadet d'Aiolia et Guerrier élémentaire au service d'Athéna. » commença-t-elle.

«En ce cas, nous sommes de la même caste. » annonça Shaina sous les regards surpris des deux autres. Elle reprit :

« Je suis la Guerrière élémentaire de la Terre. Et mon armure reconnaît la tienne comme sa sœur.

- Oui, mon armure me dit que tu es mon alliée. Aussi, je me réjouis car cette nouvelle est porteuse de grand espoir pour notre bataille. Je suppose que ton armure t'a dit qu'il était temps de passer à l'attaque à notre tour. »

Marine reprit la parole : « Mais que faire des ennemis qui sont aux portes du Sanctuaire ? »

Algébia se tourna vers elle et après une légère pause, il sourit en disant : « J'ai l'impression que tu sous-estime nos forces ainsi que celles de nos alliés. »

*

* *

« Cette attaque s'appelle l'Illusion Démoniaque » cria Kanon à l'attention de Déimos. Sa voix couvrait à peine la fureur qui provenait du nuage de poussière qui se dirigeait droit vers le jeune lieutenant pétrifié.

« Tant que la personne qui la subit ne fait pas ce que je lui ai ordonné, elle est sous mon contrôle. Ton ami s'est laissé aveuglé par sa fureur. Il n'a prit aucune précaution en osant m'attaquer. Et sa lenteur est pathétique. Mon attaque de l'Illusion Démoniaque n'a mis que quelques secondes avant de faire effet. »

Alors qu'il prenait conscience de la gravité de la situation, Déimos émit un gémissement de terreur. Il recula à petits pas et entreprit de fuir à grandes enjambées. Tandis qu'il tentait de fuir l'inévitable, il hurlait : « Phobos, Phobos, c'est moi ! ». Il était encore à portée de vue de Kanon quand il se fit engloutir par le nuage diabolique. Un long hurlement retentit et se répercuta sur les parois du Sanctuaire.

Kanon sauta au bas de la Maison du Bélier et rejoint Sorrento. Ce dernier fixa sévèrement le guerrier.

« Cette attaque est cruelle, Kanon » argua-t-il à l'encontre de son compagnon.

« Peu importe car la fin justifie les moyens. Ce sont des ennemis non seulement d'Athéna mais aussi de tout ce qui est vivant sur cette Terre. Maintenant, excuse-moi, je dois finir le travail commencé. » ajouta-t-il coupant brusquement la conversation.

Et le Dragon des Mers commença à marcher en direction du nuage de poussière qui commençait à s'estomper.

« Emmène plutôt les chevaliers de bronze dans le temple d'Athéna afin qu'elle leur prodigue des soins » ajouta-t-il en s'éloignant.

Sorrento ouvrit la bouche mais la referma aussitôt. Il secoua légèrement la tête de droite à gauche en poussant un léger soupir. Puis il porta sa flûte à sa bouche et souffla un air enchanteur. Les corps des deux chevaliers de bronze se soulevèrent du sol et flottèrent au côté du Général de Poséidon tandis que celui-ci gravissait les marches du la Maison du Bélier.

Au loin, des hurlements de douleur et des bruits de bataille retentissaient tandis que Kanon achevait son combat.

*

* *

« Le Sanctuaire de Zeus se situe dans les forêts de Dodone, au nord de la Grèce » dit calmement Algébia en continuant de marcher en tête du trio. « Toutefois, cette forêt est immense et on s'y perd facilement. »

Marine se porta à sa hauteur et le rassura : «Une fois arrivé à Stars' Hill, nous aurons les réponses à nos questions.»

« Je croyais que personne n'avait le droit d'y monter. » demanda Algébia interloqué.

« Depuis la bataille contre Hadès, Athéna m'en a assuré la garde. Je demeure dans le temple à son sommet et je garde les manuscrits divinatoires à l'abri des yeux... indiscrets » précisa le chevalier de l'Aigle, un sourire en coin.

Au pied de la montagne sacrée, naissait un escalier taillé à même le roc. Les trois chevaliers commencèrent à monter les premières marches quand un rire cristallin se fit entendre.

« Hi,hi,hi.... cette chère Marine. Te voilà enfin de retour.

- Qui est là ? » cria la jeune femme.

Instinctivement, les trois guerriers s'écartèrent pour se mettre en garde.

« Qui que tu sois, reprit Shaina, tu es dans le Sanctuaire d'Athéna. Tu n'as pas le droit d'être ici.

- Erreur jeune fille ! Hi,hi,hi,hi ! Ce mont est un lieu divinatoire, il est donc sous la garde d'Apollon et sous la mienne : Nomios, troisième éphèbe du Dieu de la divination ! »

Avec stupeur, les trois défenseurs d'Athéna se regardèrent. Un homme blond à l'armure bleutée et bardée de parties sombres apparut en surplomb, quelques marches devant eux. Marine murmura à l'attention de ses amis : « Passez, je l'empêcherai de vous suivre ! Shaina, je te confie ce joyau. Lui seul peut t'ouvrir les portes du temple. »

Un rubis flamboyant apparu dans la main de Marine. Il glissa dans celle de Shaina et alors les doigts des jeunes femmes s'effleurèrent, elles se jetèrent un regard rempli d'inquiétude mais décidé.

« Allons-y Shaina, hurla Algébia !

- Où crois-tu aller gamin ! Par la peste div...

- Par les météores ! »

Sans attendre que son ennemi ait fini son incantation, Marine avait projeté ses météores dans sa direction. La puissance et la rapidité de son coup avait forcé l'envahisseur à bondir par dessus elle et par dessus ses compagnons. Alors que ceux-ci poursuivaient leur route, Marine se retourna avec un sourire aux lèvres. Elle était désormais en surplomb et de ce fait, en meilleur position pour combattre.

« Tu crois que tu as gagné la partie parce que tu m'as retenu ici ? » dit Nomios d'un ton moqueur.

« Non seulement je t'ai retenu, mais tu vas ployer sous mes coups. Et je rejoindrais mes compagnons. » lui répondit fermement Marine afin de balayer le sourire narquois du visage de l'envoyé d'Apollon.

« Je vois ; à condition qu'ils soient toujours en vie ! Hi,hi,hi ! Mes compagnons attendent déjà tes amis dans les escaliers. Phoebus et Pythios sauront, chacun leur tour, leur faire ... mordre la poussière... Hi,hi,hi,hi ! ».

Le visage de Nomios apparaissait maintenant clairement à Marine. Des traits parfaits, des cheveux d'une blondeur éclatante. Ses yeux bleus très profonds étaient soulignés par des sourcils fournis mais très clairs. Elle remarqua également qu'il s'appuyait sur un bâton doré étincelant sous les rayons de l'astre solaire.

Et le premier coup vint de ce bâton. Nomios, fort de son allonge tenta de déstabiliser Marine en lui assénant un coup dans les chevilles. Mais elle n'eut qu'à effectuer un léger saut sur place pour esquiver.

Les deux combattants s'observaient. Le temps jouait pour Marine. Nomios fit tourner son bâton dorée dans ses mains et se propulsa dans les airs, son arme en avant. Il atterrit et son bâton se planta avec un grand fracas , dans la roche des escaliers. Il releva la tête prestement mais pas assez rapidement pour esquiver le coup de talon que Marine lui décocha dans le menton.

Nomios fut renvoyé quelques marches plus bas. Il se releva et essuya le sang qui coulait de sa mâchoire.

« Tu es décidément très rapide, Marine. » dit-il froidement. Tout amusement avait disparu de son visage. « Aussi, je dois utiliser mes véritable armes... Sais-tu qui était Nomios ? » demanda-t-il.

« Peu m'importe. » répondit Marine, toujours concentrée sur Nomios. Celui-ci reprit : « C'était un berger qui contrôlait les pestes dans les temps anciens. J'ai également ce don. Aussi, je te prédis une mort lente et douloureuse ». Les derniers mots avaient été prononcés lentement et articulés méticuleusement.

Marine fronça les sourcils. Elle serra les poings et attendit la prochaine de son adversaire.

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