Chapitre 4 : Le Choix du Châtiment Divin


Quelque part, un palais. Un immense palais de cristal. À l'intérieur, une vaste salle, toute aussi étincelante. Tout en ce lieu semble être d'une pureté sans égal : pas le moindre dégât, pas la moindre saleté... Une résidence digne d'un Dieu.
Nous retrouvons ici "l'humanoïde-fourmi" du conseil qui, ainsi vêtue d'une sorte de robe fendue, se révèle être une femme ! Elle se tient immobile au milieu de la pièce, semblant attendre quelqu'un d'important. Elle renvoie en arrière ses longs cheveux noirs qui cachaient son visage, dévoilant des yeux tout aussi noirs, mais, surtout, sur sa tempe droite se trouve un magnifique tatouage : une fourmi.

Pensive, elle fut surprise par une voix qui venait de derrière.

? : "Mais quelle surprise ! Je commençais à croire que tu t'étais faite capturer. Qu'as-tu donc bien pu faire sur Terre, pendant tout ce temps, Astria ? Tu sais que, de par notre rang de Guerrier Fourmi, tu es censée être discrète, mais également pointilleuse, et donc ponctuelle ?"

Celui qui venait de parler était de taille moyenne, également vêtu de noir et arborait aussi un tatouage de fourmi, mais lui l'avait sur la tempe gauche.

Astria : "Pardonne mon inexpérience, mon cher Toki, mais il semble que le temps sur Terre s'écoule différemment d'ici. Bonjour quand même..."

Toki : "Ah ah ah ! Ne sois donc pas vexée pour si peu, grande soeur ! Je suis content de te revoir. Alors, à quoi pensais-tu avant que je n'arrive ?"

Astria : "À la Terre... Si j'ai mis autant de temps pour revenir, c'est parce que je sentais... Je voulais rester pour... Oh ! Toki, mon frère, sais-tu ce que l'on dit sur nous et sur tous les autres Guerriers Terrestres ?"

Toki : "À propos de nos origines ?" Supposa-t-il d'un air gêné.
"Ecoute Astria : si, comme des misérables le prétendent, nous ne serions que des habitants de la Terre, "repêchés" dans la mort, par notre Seigneur, et bien je me demande bien comment nous posséderions nos pouvoirs ! À ce que je sache, les terriens ne se métamorphosent pas en quoi que ce soit, non, Astria ?"

Astria : "Astria... Rien que ce nom, il ne me va pas, il ne me correspond pas... Je peux sentir au fond de moi, que ce n'est pas le mien !"

Toki : "Tout cela est ridicule. La Terre est donc si belle, que tu veuilles croire à en être originaire ?!"

Après un silence, il reprit.

Toki : "Bon, je te laisse, je crois qu'un des deux seigneurs, ne va pas tarder. Tu étais en train de l'attendre ?"

Astria : "Oui, je dois lui faire mon rapport ; déjà que je ne suis pas en avance ! J'espère au moins que c'est le seigneur Dolan qui va me recevoir."

Toki : "Oui : lui ne tiendra pas compte de ton retard, mais si c'est l'autre... Enfin, c'est le moment de tester ta chance ! À bientôt, donc. Et tâche d'oublier ces racontars, tu es trop influençable, Astria."

Celui qui pense s'appeler Toki, salue d'une façon inconnue : d'un mouvement de bras, il trace une diagonale de haut en bas, dans l'air. Astria lui répond de la même façon, et il quitte alors les lieux.

La jeune Astria, aux cheveux noirs et au tatouage de fourmi, replonge alors encore plus fortement dans ses pensées. Elle garde les yeux fermés, durant quelques instants. Un bruit de pas se fait entendre. Astria ouvre brusquement les yeux. Ces bruits de pas viennent d'un grand escalier gris, un pas régulier et minutieux. Apparaît alors un être de grande taille, avec des cheveux dorés qui tombent sur les côtés de son visage doux. Il est habillé de telle façon qu'il inspirerait le respect à n'importe qui.
Alors qu'il pose pied à terre, la fille s'agenouille, et dit :

Astria : "Seigneur Dolan du Solstice. Guerrière Terrestre, de la fourmi au rapport."

Dolan : "Relève-toi guerrière ! Tu as bien un nom, n'est-ce pas ?"

Lui, on l'appelait Dolan, Dolan du Solstice. Il gardait en permanence les yeux fermés, si bien que personne ne pouvait se vanter de les avoir jamais vus. Il s'adressait à la guerrière avec une telle douceur dans la voix, que cela en perturbait Astria. Cette dernière se releva.

Astria : "Je... Oui, Seigneur, mon nom est Astria. Mais je ne suis pas digne d'être considérée comme une personne à vos yeux, Seigneur. Je ne suis qu'une espionne qui fait ce qu'elle peut pour vous servir."


Dolan semblait hermétique à l'humilité dont faisait preuve Astria. Il en paraissait cependant un peu désolé. Astria s'en rendait compte, et pensa :

Astria : "Mais quel genre de Divinité est-il donc pour être si respectueux et si agréable envers des êtres inférieurs à lui ?"

Dolan : "Je suis simplement différent du Seigneur d'Equinoxe. Mais tu sais, bien que mes pouvoirs me permettent de lire dans les esprits, je ne suis pas vraiment un Dieu, comme tu viens de le penser. Je ne suis qu'un Demi-Dieu, au service de notre maître Apollon, qui lui et un des douze plus grands Dieu de l'Olympe. Mais tout cela, tu dois le savoir. En revanche, ce que moi j'aimerais bien savoir, c'est ce que tu as pu nous rapporter comme informations de ton séjour sur Terre ! Je t'écoute, Astria."

Dolan avait beau faire preuve d'humilité, son pouvoir de lire dans les pensées était proprement terrifiant. Un tel don explique facilement le respect que tout le monde lui accorde. Astria, bien qu'intimidée raconta calmement ce qui se dit lors du Conseil et tout ce qu'elle a pu entendre d'intéressant sur Terre, concernant un sujet bien précis...

Dolan : "La Chevalerie d'Athéna... C'est vraiment ridicule : une Chevalerie réduite, fatiguée et amputée de ses meilleurs éléments. Quand je pense que Zeus, lui-même, a choisi un Dieu comme notre Maître Apollon pour se charger de punir Athéna..."

Astria : "C'était donc le but de ma mission ?"

Dolan : "C'est vrai, il est normal que tu ne sois pas au courant, puisque tu étais sur Terre. Sache qu'il y a peu, Zeus a réunit dix des douze Dieux Elus, et a désigné notre Maître pour punir Athéna. Cette dernière aurait outrepassé ses pouvoirs en étant impliquée dans plusieurs interminables Guerres Saintes, à plusieurs reprises. Les deux frères Divin de Zeus, Poseïdon et Hadès ont ainsi été vaincus par Athéna et ses Chevaliers, ce qui explique que sur les douze Dieux Elus de l'Olympe, il n'en reste plus que dix. Et bien qu'elle ne fasse que défendre son territoire, Zeus en a eu assez. Le dilemme de la possession de la Terre a créé trop de conflits, et cela aussi bien chez les Hommes que chez les Dieux... En tout cas, ce n'est pas à nous de juger si punir Athéna est juste ou non, du moment que Zeus en ait décidé ainsi. Aussi, la sanction sera certainement très rude !"

Astria : "Zeus aurait-il ordonné de tuer sa propre fille ? Où bien, pire : Effacer la terre, pour qu'elle ne soit plus l'origine de conflits ?"

Dolan : "Non. Je ne peux t'en dire plus pour le moment, mais sache qu'heureusement, il n'est pas question d'éliminer la Terre. Du moins pour l'heure...
Et n'oublie pas : Poseïdon et Hadès ont été vaincus par Athéna, mais surtout par ses Chevaliers, les Chevaliers d'Athéna.
Merci pour tes renseignements, Astria."

Astria : "Et quant à ce tournoi, Seigneur ?"

Astria était belle et bien présente le soir du 4 octobre, dans la maison du Cancer.

Dolan : "Je vais y réfléchir. Je pense qu'il serait bon de se contenter d'être spectateur, histoire de juger un peu de la valeur de nos futurs adversaires. Car oui, Astria, une guerre entre Apollon et Athéna est désormais inévitable. Et Zeus tout-puissant a parlé de "Châtiment Divin".

Après avoir appuyé sur ces deux mots, Dolan du Solstice partit par l'escalier où il était descendu. Astria, admira sa majestueuse carrure, enroulée dans une cape dorée comme le soleil. La jeune fille, de nouveau seule dans l'immense salle de Cristal faisait intérieurement le point dans sa tête.

Astria : "Me battre... Le "Châtiment Divin..."...La Terre... Les Chevaliers d'Athéna... Bon sang ! Si au moins je savais qui je suis ! Toujours ce maudit mur blanc qui m'empêche de voir mon passé !"

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CÔTE MÉDITERRANÉENNE DE LA GRÈCE. LE CAP SOUNION.

Ces récifs historiques sur lesquels la mer, d'un bleu aussi clair que le ciel, vient se reposer sont habituellement vides de touristes. Mais ce jour-là, deux étrangers contemplaient les flots et se laissaient rafraîchir de la chaleur omniprésente, grâce aux embruns de la Méditerranée. Ces deux jeunes gens, bien que n'étant pas Grecs ne sont pourtant pas ce que l'on pourrait appeler des touristes : Shiryu et Shun profitaient du paysage. Un moment d'accalmie bien précieux en temps de guerre, mais là, cela faisait déjà plus de six mois que la Guerre sainte contre Hadès dans les Enfers s'était achevée.

Shun : (Regardant le ciel aveuglant) "Tu penses qu'ils sont en train de comploter contre nous, là-haut ?"


Shiryu : "Plus j'y pense et plus je me dis que ce que nous avons fait aux Dieux est grave, très grave. Et plus particulièrement aux Enfers, rends-toi compte : là-bas, chaque Spectre, aussi misérable fut-il, avait un rôle, un but, un peu comme chaque animal en a un dans l'écosystème. Qu'avons-nous fait en les exterminant ? Nous avons détruit cet équilibre, et à ce niveau ce n'est plus un blasphème, c'est, c'est... c'est inqualifiable, Shun."

Shun : "Oui... Je me souviens d'un Spectre, Rune de Balrog, dont la fonction était de juger le mal que toute personne avait fait dans sa vie. Il décidait ensuite dans quel Enfer elles allaient atterrir. Ça doit être le Chaos, là-bas, maintenant qu'il n'y est plus."

Shiryu : "Il discernait le bien du mal ? Mais c'est mon rôle, celui du Chevalier de la Balance, ça ! Copieur !"

Shun : "Ah ah ah ! Tu as raison, et..."

À ce moment, une vague bien plus grande et puissante que les précédentes vint s'éclater sur les récifs, et de grandes lames de mer vinrent asperger nos deux amis de la tête aux pieds.

Shiryu : (Trempé et criant vers la mer) "Eh ! C'est encore un coup de Poseïdon, ça ! Tu n'en as pas eu assez, on dirait !"

Ils éclatèrent de rire pendant un bon moment.

? : "Ce n 'est pas très sérieux de se moquer des Dieux, vous savez ?"

Les deux Chevaliers de Bronze se retournèrent et se levèrent, toujours bien trempés, pour faire face au commandant Hyllos et à la femme Chevalier qui l'accompagnait. En la voyant, Shiryu put marmonner à Shun : "Tiens, voilà ta future belle-soeur."
Et bien sûr, ils éclatèrent de rire à nouveau, comme des enfants qu'ils étaient.

Hyllos et Colinis se regardaient, perplexes devant le comportement de ceux qui ont maintes fois défendu la Terre.

Shiryu finit quand même par reprendre son sérieux qui le caractérise et Shun n'eut pas trop de mal à se calmer.

Shiryu : "Hem. Des nouvelles, commandant ?"

Hyllos : "Oui, deux. Les préparatifs, et la mise en place du tournoi viennent d'être achevés. Aussi, tous les Chevaliers, devront être présents demain pour le tirage au sort."

Shun : "Tous ?"

Hyllos : "Oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, Athéna a non seulement accepté l'idée du Chevalier du Lynx, mais a en plus rendu ce tournoi obligatoire à tous les Chevaliers du Sanctuaire, et même moi le commandant, ou encore Colinis que voici, une des dernières femmes Chevaliers, sont tenus de se battre. Désolé Shun, je sais que tu as les combats en horreur et tuer, même un ennemi, t'est douloureux, mais c'est la décision d'Athéna. Shiryu, ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas et c'est ainsi. Je retourne au Sanctuaire. Colinis, explique-leur la deuxième nouvelle. À demain."

Shun : "On dirait qu'il a déjà bien cerné nos personnalités..." dit-il en regardant Hyllos s'éloigner. "Il a anticipé ta question avant même que tu n' ouvres la bouche."

Shiryu : "Mmh... La description qu'il a faite de toi n'était pas fausse non plus !"

Colinis : "Et, d'après ce que j'ai entendu, tu ne ressembles pas à ton frère !"

La belle Colinis était intervenue pour la première fois, et les Chevaliers purent constater que sa voix était à la mesure de sa beauté. Et Shun se dit que les mélodies du Général de la Sirène étaient à peine plus envoûtantes.

Shun : "Alors tu as rencontré Ikki ?"

Colinis : "Ainsi que Hyoga. Je tenais à vous connaître tous les quatre, vous qui avez entrevu la vérité sur le Sanctuaire, il y a longtemps maintenant, vous les vrais Chevaliers d'Athéna.

Shiryu : "Oui, et bien nous avons beau la connaître depuis longtemps maintenant, je n'arrive pas à la comprendre depuis qu'elle nous a convoqués au Sanctuaire."

Shun : "Il faut la comprendre, la perte de Seiya, et des Chevaliers d'Or a été aussi éprouvante pour elle que pour nous, peut-être même plus en ce qui concerne Seiya."

Shiryu : "Ce tournoi... Riche idée qu'a eue là ton ami Linkis, vraiment !"

Colinis : "Vous savez, Hyoga et Ikki sont plus qu'enthousiastes à l'idée qu'il y ait un peu d'action."

Shun : "Eh bien, pas moi !"

Colinis : (souriante) "Tu sais, moi non plus je ne ressemble pas à mon frère."

Shiryu : "Ah, tu as la chance d'avoir un frère. Est-il Chevalier lui aussi ?"

Colinis : "J'ai eu la chance... Et il était bien Chevalier, avant que tu ne le tues, Chevalier du Dragon."

À ces mots, Shiryu et Shun sursautèrent d'effroi et de surprise. Colinis avait dit cela tranquillement, avec un petit sourire.

Shiryu : "M.. .mais, je...qui...qui est-ce ?"

Colinis : "Allons, remets-toi, Chevalier. Tu ne faisais que ton devoir, je n'ai pas le droit de t'en vouloir pour cela. Car mon frère fut trompé par le grand Pope de l'époque, et croyait servir la justice. De plus, il t'a confié une partie de lui, avant de disparaître, je le sais, car Hyoga et Ikki m'ont raconté vos aventures dans les douze maisons : j'étais époustouflée, vous êtes vraiment des héros !"

Le ciel commençait à brunir, et une légère brise enveloppa les trois Chevaliers présents au Cap Sounion, ce jour-là. Shiryu ne disait plus rien, il pensait.

Colinis : "Mais venons-en au fait. La deuxième nouvelle à vous communiquer, c'est que Kiki aurait achevé une Armure d'Or ! Lui et Athéna n'ont rien divulgué pour le moment, mais il semble que le vainqueur du tournoi aura l'honneur de recevoir cette armure et de devenir ainsi le premier Chevalier d'Or de la nouvelle génération ! Et Kiki a insisté pour que vous alliez le voir, tous les quatre, il a besoin de vous, mais je ne sais pas en quoi."

Malgré cette nouvelle ahurissante, Shiryu n'écoutait qu'à moitié, gêné et en train de penser à ce qu'a dit le Chevalier de la Colombe.

Colinis : "Bien, voilà. J'ai été contente de faire votre connaissance. Nous nous voyons demain, donc. J'espère ne pas devoir me battre contre l'un de vous...."

La gracieuse Colinis tourna les talons, et une autre brise fit voler ses cheveux châtains pleins de soleil, alors qu'elle s'en allait.

Shun : "Shiryu..."

Shiryu : "Je comprends... -Il croyait servir la justice... et il m'a confié une partie de lui...- Attends-toi à une surprise, Shun. Cette fille est la soeur d'un Chevalier d'Or."

Shiryu leva des yeux pleins de tristesse vers le soleil couchant, et se tenant le bras droit : "Oui, c'est la petite soeur de Shura..."

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LE SOIR MÊME.

Autant les journées au Sanctuaire étaient presque suffocantes, autant les nuits, allumer un bon feu de bois était nécessaire pour ne pas attraper froid, même en cette soirée d'octobre. Parmi les maisons aux cheminées fumantes, celle de Marine, qui logeait et avait prit en charge la soeur de Seiya, désormais complètement orpheline. Seika, bien que n'étant pas encore majeure, n'avait pas d'autres endroits où aller, à part retourner au village voisin, mais rien d'intéressant ne l'y attendait.
Les deux femmes discutaient. Seika, très curieuse, demandait à ce que Marine lui conte le moindre détail sur son frère. L'entraînement qu'elle lui fit subir pendant 5 ans, ses combats, sa ténacité, son courage, ses pouvoirs.... En six mois, elle lui avait quasiment tout raconté, mais il y aurait tant eu à dire sur la courte vie du Chevalier Pégase.


La jolie Seika était confortablement assise par terre où était étendue une fourrure d'Ours offerte par Géki... Et Marine sur son lit, allongée sur le ventre, son masque posé sur la table de chevet. Car oui, les femmes Chevaliers, entre elles, se permettaient d'enlever leur masque, la loi étant de toutes façons de moins en moins suivie.

Marine : "C'est indéniable, Seika : tu me ressembles beaucoup, et cela bien que je sois plus âgée que toi.... Il n'est pas étonnant que Seiya ait cru te voir en moi..."

Seika : "Quand je pense à toutes ces années que nous avons ratées, alors que je me trouvais si près de lui... Mais ce qui me frustre le plus, c'est cette fichue amnésie qui n'a pas complètement disparu et grâce à laquelle je ne me souviens même plus de lui."

Marine : "Comme tu le sais, je ne possède aucune photo de lui. Cependant, en cherchant bien je peux sûrement te trouver ça ! Saorie doit bien avoir gardé, au Japon, les journaux relatant des "Galaxian Wars"... la photo de Seiya doit y être. Je me renseignerai à la fondation Graad, si tu veux."

Seika : "Oh, je te remercie, mais n'en fais pas une priorité, tu dois être préoccupée en ce moment avec cette histoire de Tournoi, non ?"

Marine se coucha sur le dos et croisa les jambes, les mains derrière la tête.

Marine : "Mmh, dans un sens, oui, puisque j'y participe également."

Seika : "Quoi, tu veux dire en tant que combattante ?"

Marine : (Elle acquiesce gravement) "Comme si accepter l'idée de cet idiot de Linkis n'étais pas déjà assez stupide, il faut en plus qu'Athéna rende ce Tournoi obligatoire à tous...et à toutes ! Tu te rends compte ? Je ne comprends pas ce qui se passe dans la tête de Saori. Elle qui a toujours, et à juste titre, détesté la violence gratuite... En fait, Seika, j'ai un mauvais pressentiment à propos de cette stupide manifestation ; je ne sais pas vraiment pourquoi... mais ce dont je suis certaine, c'est que Seiya n'aurait jamais accepté l'idée d'une telle manifestation ! Il avait déjà refusé de participer au "Galaxian Wars", dont je te parlais tout à l'heure, et s'il l'a fait c'était uniquement dans l'espoir que tu entendes parler de lui, ou que tu le voies."

Seika écoutait attentivement, puis elle répondît :

Seika : "Il a fait tant d'efforts pour moi... je ne trouves pas que j'en vaille la peine..."


Voyant Seika se morfondre ainsi, Marine s'assit sur le lit en la regardant.

Marine : "Je ne sais pas si ce que je vais te dire arrivera à te réconforter, mais je voudrais que tu saches que si Seiya a pu réaliser tant d'exploits, ce n'est pas grâce à mon entraînement, c'est grâce à la force qu'il puisait dans l'espoir de te retrouver. Ainsi, Seika, sans toi, sans ton souvenir, ton frère aurait été tué bien avant et le monde serait à la merci d'Hadès ou de Poseïdon.... tout cela pour dire que, dans un sens, tu fais toi aussi partie des sauveurs de l'Humanité..."

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À quelques centaines de mètres de chez Marine, sur la côte est du Sanctuaire. Dans une chapelle adossée à une colline, Saori, à genoux, prie de toute son âme. Ses pensées vont à son grand-père, aux grands Chevaliers disparus et plus particulièrement à Seiya, pour qui cette chapelle avait été spécialement construite. Son corps reposait dans un cercueil argenté que l'on pouvait apercevoir au fond de la chapelle.

Saori se recueille ainsi pendant plusieurs minutes, immobile, les mains jointes et les yeux clos. Quand soudain elle les ouvre brusquement, sans raison apparente. Elle retient sa respiration, comme si elle était en train d'écouter quelque chose, ou quelqu'un. Après un moment, son visage retrouve une expression sereine et elle referme les yeux, avec un léger sourire aux coins des lèvres.

À peine quelques instants plus tard, trois hommes et une femme arrivent dans la chapelle. Jabu, Nachi, Géki et Shina étaient quelque peu affolés.

Shina : "Athéna !"

Jabu : "Déesse, qu'est-ce que c'était ? Vous n'avez donc pas ressenti ?!"

Athéna se releva lentement de l'Autel, sans répondre. À ce moment, ce furent Hyllos et Hyoga qui arrivèrent.

Hyllos : "Shina ?"

Hyoga : "Jabu, Géki, Nachi ! Vous aussi vous l'avez ressenti ?"

Nachi : "Bien sûr ! Mais qu'est-ce que c'était que ça ?"

Shiryu : "Des mouvements de Cosmos... Plusieurs flux d'énergie cosmique intenses."


Les Chevaliers du Dragon, d'Andromède et du Phénix venaient d'arriver. Puis ce fut le tour de Marine et Seika.

Marine : "Vous êtes déjà tous là ? Alors, qu'a dit Athéna ? "

Hyllos : "Rien encore. On dirait qu'elle ne veut rien dire. Je ne comprends pas."

Les Chevaliers continuaient à arriver les uns après les autres. Parmi eux, Colinis et Linkis. en voyant arriver ce dernier, Hyllos pensa : "Au moins, il n'y est pour rien, c'est déjà ça..."

Hyoga : "Ces mouvements de Cosmos, je les ai ressentis si brusquement, comme des décharges électriques !"

Ikki : "C'est vrai que ce n'étaient pas des Cosmos ordinaires... non pas qu'ils furent extraordinairement puissants, mais plutôt étranges, voire irréels."

Ikki parlait tranquillement, prenant sa pose préférée, les bras croisés et adossé à un mur. C'était sûrement le moins nerveux de tous les Chevaliers présents. En apparence tout du moins. Ce qu'il avait dit avait interloqué Linkis qui s'interrogea : "Un vantard que ce Chevalier Phénix... il dit n'avoir pas trouvé ces cosmos extraordinaires... ils étaient pourtant surpuissants..."

Colinis : "Mais quelqu'un a-t-il pu repérer d'où ils provenaient ?"

Beaucoup de Chevaliers auraient certainement bien aimé pouvoir passer fièrement pour un Héros devant la belle Colinis.

Ikki : "Non, et je n'en suis pas fier..."

Shun : "Moi non plus... C'est d'autant plus étrange, qu'avec des Cosmo-Energies ordinaires, on les repère facilement. Ce qui prouve bien que celles-ci n'avaient rien d'ordinaire, comme le disait Ikki."

Shiryu avait passé tout le monde présent en revue et s'adressa au plus petit d'entre eux.

Shiryu : "Kiki ! Tu es le plus doué de nous tous en Psychokinesie, as-tu une idée ?"

Kiki : "Euh, je ne suis pas sûr, mais..."

Athéna qui n'avait encore rien dit, avait écouté les discussions jusqu'à présent. Elle interrompit les Chevaliers et coupa la parole à Kiki. Regardant toujours vers l'Autel, elle avait le dos tourné aux Chevaliers et dit simplement, d'un air presque agacé : "Ils venaient du Nord-Ouest de la Grèce."

Ces paroles coupèrent court aux réflexions des nombreux Chevaliers présents dans ce lieu. Linkis, le Chevalier aux cheveux orangés, parla le premier. : "Vous les avez donc bien ressentis, vous aussi Déesse ? Comment pouvez-vous être aussi précise, savez-vous de qui il s'agit ?

Athéna : "Non... je ne vois pas à qui ces Cosmos-énergies peuvent appartenir."

Hyoga : "Mais alors, que pouvez-vous nous dire ?"

Athéna : "Simplement qu'une autre Chevalerie est en train de se constituer, dans un autre Sanctuaire, quelque part dans ce pays."

Hyllos : "Une autre Chevalerie ? Mais je ne comprends pas, comment..."

Athéna : "Chevaliers, je vous conseille de ne plus penser à ce qui s'est passé ce soir. Votre préoccupation est d'être prêts pour le Grand Tournoi qui commence demain après-midi."

Shiryu : "Mais ! Comment... Athéna, c'est impossible, comment pouvons nous avoir l'esprit tranquille après ce que nous avons tous ressenti et ce que vous venez de nous dire ?! Il faut absolument annuler ce Tournoi sans intérêt et qu'on sache qui sont ces autres "Chevaliers."

Hyllos : "Oui, Shiryu a raison."

Athéna : "Non, Chevaliers ! J'ai raison. Et le tournoi aura lieu demain. Vous pouvez disposer."

Les Chevaliers ne trouvaient rien à répondre. Athéna n'était plus la même, jamais ils n'avaient entendu sa voix prendre une telle intonation, mi-arrogante, mi-autoritaire. alors le commandant Hyllos et les autres Chevaliers d'Argent s'en allèrent. Linkis ne manqua pas de manifester son enthousiasme quant au maintien du Tournoi.

Hyllos s'interrogea : "Pourquoi, mais pourquoi tient-il tant à se battre ? J'espère vraiment que ce n'est que de la fierté de sa part..."

Il observait le Chevalier du Lynx s'éloigner avec Colinis. Il haussa les épaules et se dit : "Il faudra que je pense à lui demander ce qu'elle peut bien lui trouver... Enfin."

Le Chevalier d'Argent de la Grande Ourse regagna alors ses quartiers.

Dans la chapelle étaient restés Shiryu, Hyoga, Ikki, Shun ainsi que Kiki. Ils attendaient que Saori rompe le silence pesant qui régnait dans ce lieu Saint.

Shiryu : "Saori..."

Athéna : "Chevaliers, ce que j'ai dit est valable pour vous aussi. Je vous prie de me laisser seule."

Un peu plus tard, tous les Chevaliers étaient partis, sauf Shiryu qui tardait à quitter les lieux. Un moment s'écoula et Saori prit la parole d'un air triste.

Athéna : "Shiryu...essayez de ne pas trop m'en vouloir. Je ne devrais pas vous traiter ainsi, après tout ce que vous avez fait pour moi. Mais je vous promets que vous comprendrez plus tard."

Shiryu : "Mmmh..." Il tourna les talons et rejoignit Kiki et ses frères.

Ikki : "Incompréhensible... c'est incompréhensible."

Hyoga : "Saori nous fait sa crise d'adolescence ou quoi ?!"

Shiryu : "Ne dramatise pas trop Ikki : elle vient de me confier qu'elle regrette de devoir se montrer si dure, et que nous devrions comprendre bientôt la raison de son comportement. Et toi Hyoga, tu devrais montrer un peu plus de respect envers elle !"

Hyoga : "En attendant, ce n'est pas elle qui montre l'exemple !"

Shun : "Bon, on pourrait en parler pendant des heures que nous n'avancerions pas plus. Je suis fatigué ; allons nous coucher et faisons ce qu'a dit Saori : n'y pensons plus pour le moment."

Hyoga : Mouais, je suis d'accord. Je vais aller astiquer mon armure Divine, moi !

Ikki : "Mmh... Je sens que la matinée de demain sera longue..."

Kiki : "Eh ! À propos d'armure... il faut que vous veniez me voir dans le temple du Bélier, demain avant le Tournoi."

Shiryu : "C'est vrai ! Colinis était venu nous prévenir !"

Hyoga : "Ah, ça ! On s'en souvient, n'est-ce pas Ikki ?"

Le Chevalier du Cygne put éviter de justesse un magistral revers de la main.

Shiryu : "Ca y est, oui ? Bon, Kiki tu disais que tu nous avais confectionné une Armure d'Or ? Mais, pour qui et... je veux dire, pourquoi tu as besoin de nous ?

Kiki : "Il s'agit bien d'une Armure... mais je n'ai jamais parlé d'Armure d'Or que je sache... Vous verrez bien demain ! Je vous attendrai, Salut !"

L' élève de Mu disparut instantanément, ce qui fit sursauter Shun.

Shiryu : "Oui, ça surprend au début..."

Hyoga : "Alors, à demain... Et, au fait ; si jamais je dois me battre contre l'un d'entre vous..."

Les trois Chevaliers de Bronze le regardaient, attendant ce qu'il allait dire. Hyoga se tourna vers eux et balança d'un air tellement glacé et grave que cela en était complètement ridicule : "Je serais sans pitié !"

Shiryu : "Pppfffftt..."

En fait, Shiryu, Ikki et Shun éclatèrent de rire ! La technique d'intimidation de Hyoga avait manifestement échoué, et plus personne ne le revit avant le lendemain.


Plus tard, ils se séparèrent et Shiryu, sur le chemin du retour, leva les yeux pour admirer le ciel et toutes les étoiles qui s'offraient à lui. Il chercha des yeux sa constellation, mais son attention fut détournée par une autre étoile : une étoile anormalement grosse et voyante ce soir-là... Il fronça les sourcils et essaya de se rappeler : quelque chose n'allait pas avec cet astre. Après quelques secondes, il sursauta : "L'étoile Polaire ! Elle a dévié !"

Fin du chapitre 4

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Cette fiction est copyright Steeve Mambrucchi.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.