Chapitre 2 : Le nouveau Sanctuaire


Assis sur le trône qui ornait la salle, le grand Pope se demandait :

Que se passe-t-il ?Tous ces évènements sont-ils des signes ?Ou bien ne sont-ce que de simples coïncidences ?

Les questions se multipliaient dans sa tête telle la poussière d’une étoile explosive .Depuis le temps où il fut nommé Pope, il ne s’était certainement jamais posé autant de questions .Il ressentit de l’inquiétude, mais en quoi pouvait-il bien être inquiet ?Après tout, n’était-il pas le maître d’un Sanctuaire pratiquement au grand complet, et n’était-il pas au service de la réincarnation d’Athéna, dont le cosmos atteignait l’ordre de l’inimaginable ? Et lui-même, n’était-il pas un de ces redoutables chevaliers d’Athéna ?

(Garde)Grand Pope ?
(Pope)Oui ?
(Garde)Les deux chevaliers que vous avez convoqué sont arrivés .
(Pope)Bien, qu’ils entrent.


Quelques instants plus tard, la gigantesque porte de la salle du grand Pope s’ouvrit très lentement .Deux silhouettes apparurent alors et semblaient avancer en ordre parfait .Au fur et à mesure qu’ils avançaient, le grand Pope eu le temps de distinguer deux armures de bronze assemblées sur deux corps apparemment jeunes, mais parfaitement musclés .L’une de ces deux armures rayonnait d’un gris argenté tellement éclatant que l’on aurait dit une armure d’or, quant à l’autre, elle possédait une vive couleur violet/pourpre .Arrivés à un certain endroit de la salle, ils se présentèrent :
Chevaliers Hyuda de la Coupe et Phredya de l’Oiseau de Paradis, pour servir Athéna, et vous-même, Grand Pope.
Les deux chevaliers s’agenouillèrent alors .Le grand pope put ressentir deux cosmos qui lui semblaient être particulièrement puissants .L’un des deux chevaliers avait une longue chevelure blonde et tombante, l’autre possédait également une longue chevelure, mais celle-ci était de couleur noire et attachée, ce qui lui faisait une sorte de longue queue qui apparemment suivait la trajectoire de sa colonne vertébrale .Le grand Pope savait que la plupart des chevaliers d’Athéna se laissait pousser les cheveux, afin de porter sur eux une marque de renonciation au passé .

(Pope)Chevaliers, tout comme moi, je suppose que vous êtes au courant des récents évènements dramatiques qui ont eu lieu de part et d’autre du monde .En effet, en Chine, un gigantesque raz-de-marée a fait plus de 200000 victimes il y a de cela une semaine, puis en Australie, un terrifiant tremblement de terre a causé la mort de plus de 30000 personnes, ainsi qu’en Colombie, où 17000 personnes ont péri suite à un terrible incendie qui a ravagé plus de la moitié de la forêt vierge .
(Hyuda)Oui, tout comme la pluie de météorites qui s’est abattue sur Rome, faisant environ 800000 victimes .
(Phredya)Et comme la le ravage qui a provoqué la fonte soudaine de toute la partie est du Groenland, entraînant plusieurs villages et provoquant ainsi d’innombrables disparitions .
(Pope)Exact, chevaliers .Je ne vous cache pas mon inquiétude vis-à-vis de tous ces évènements .
(Phredya)Qu’allez vous insinuez, grand Pope ?
(Pope)Eh bien, je commence sérieusement à me demander si tous ces évènements sont bien la cause de la nature ou …………d’autre chose .
(Phredya)Voudriez-vous dire que ……
(Pope)Oui, je pense en effet que toutes ces atrocités sont dû à la volonté de quelque chose ou de, qui sait, quelqu’un.


Les deux chevaliers restèrent ébahis quelques instants face à ces paroles .

(Hyuda)Mais, grand Pope, en quoi cela nous concerne-t-il ?
(Pope)Je vous ai convoqué car, sachez-le, je commence à craindre sérieusement pour la sécurité d’Athéna, aussi vais-je vous demander de vous occuper personnellement de sa garde rapprochée.
(Hyuda)Je vois ……
(Phredya)Entendu, grand Pope, nous partons sur le champ.


Ils s’en allèrent alors .Le grand Pope resta pensif, il eut le temps d’apercevoir à travers une des fentes qui ornait un mur les derniers rayons de soleil de la journée .

(Garde)Grand Pope ?
(Pope)Le soleil va bientôt se coucher, vous pouvez vous retirez .
(Garde)Bien, grand Pope.


Le grand Pope resta un moment immobile, puis se leva finalement et quitta la salle en s’aventurant dans le long couloir qui donnait une sortie directe sur la statue d’Athéna .De là, il put apercevoir un magnifique coucher de soleil, où les couleurs de feu se mélangeaient à celle du bleu azur profond que le ciel arborait très souvent au-dessus du Sanctuaire .

(Pope)De quoi ai-je donc si peur ?Pourquoi tous ces évènements étranges ?………

Tout compte fait, je crois bien que ma place n’était pas ici en tant que grand Pope, mais plutôt en tant que …

« CHEVALIER D’OR DE LA BALANCE »

(Pope)Hein ?!Qui va là ?
(Inconnu)Comment ?Vous ne me reconnaissez pas, grand Pope, ou plutôt devrais-je dire …DOKO DE LA BALANCE .
(Pope)Soit. Bas les masques.


Le grand Pope retira alors le heaume qui ornait la longue robe de soie blanche, c’est ainsi qu’en un instant , il redevint VRAIMENT Doko, chevalier d’or de la constellation de la balance .

(Doko)Allez, montre-toi.
(Inconnu)A vos ordres, grand Pope.


Une silhouette se dessina alors derrière une des nombreuses colonnes qui ornaient les anciennes ruines du temple d’Athéna .Doko n’eut aucun mal à la reconnaître .

(Doko)Mais tu es ……SORENTE …… !

Doko connaissait le visage du joueur de flûte, mais il connaissait surtout l’armure dans laquelle était dissimulé l’homme à la beauté surprenante qui se trouvait devant lui .

(Doko)Mais …cette armure ……c’est l’armure d’or des poissons !Alors tu serais donc …

« OUI, JE SUIS SORENTE DES POISSONS, POUR VOUS SERVIR, GRAND POPE »

Doko rabaissa sa garde .Sorente s’était agenouillé face à lui, mais Doko resta méfiant .

(Doko)Que fais-tu là, Sorente ?
(Sorente)Mon ancien maître, Julian Solo, m’a ordonné de me mettre à votre service.
(Doko)Et puis-je savoir de quel droit oses-tu porter cette armure ?Je ne me souviens pas t’en avoir donné l’autorisation .
(Sorente)Monsieur Solo était persuadé que vous accepteriez .
(Doko)Ben voyons …
(Sorente)Douteriez-vous de ma loyauté, grand Pope ?
(Doko)Hmmm…


Doko tourna le dos à Sorente .Il se mit à contempler la statue d’Athéna d’un air pensif .Plusieurs minutes passèrent .Sorente n’avait toujours pas relevé la tête .

(Doko)Entendu, je te nomme à l’instant même chevalier d’or de la constellation des Poissons, mais je me réserve le droit de te relever de tes fonctions, et ce à n’importe quel moment .
(Sorente)A vos ordres, grand Pope .Je vais donc rejoindre à l’instant la maison des Poissons.


Sorente disparut alors en une fraction de seconde .
Le ciel avait conservé sa fameuse couleur de flammes.
Doko resta pensif .Il ne put s’empêcher de penser aux paroles d’un ami qu’il avait autrefois connu .Doko se souvenait, c’était peu de temps après avoir obtenu l’armure d’or de la Balance, il avait décidé de rentrer au Sanctuaire en traversant l’Asie toute entière à pied .Il s’était arrêté au bout de quelques semaines de voyages dans un petit village du peuple Chan, à la frontière de la Thaïlande et du Laos .Doko se souvenait, c’était un jour de pluie ……

(Doko)Pourquoi fais-tu sans cesse la guerre, Wang-Thaï ?
(Wang-Thaï)Pourquoi poses-tu sans cesse des questions, Doko ?Est-ce la culture grecque qui t’a enseigné le fait de toujours poser des questions ?
(Doko)Non, elle m’a juste enseigné la volonté de toujours vouloir en savoir plus, mais est-ce vraiment un défaut ?
(Wang-Thaï)Ne m’as-tu pas dit qu’un de tes amis, originaire du Tibet, t’avait appris à accepter la roue du destin ?
(Doko)Il me l’a enseigné, c’est vrai .Mais je ne l’ai pas appris .Je dois être un mauvais élève .
(Wang-Thaï)C’est pourtant ton chef, qui t’a ordonné de revenir en Grèce avec cette armure d’or, n’est-ce pas ?Tu vois, tu lui a obéi au doigt et à l’œil, car c’était ton destin .
(Doko)Ce n’est pas pareil .
(Wang-Thaï)Ah non ?Et pourquoi cela ?
(Doko)Car j’ai et aurai toujours une dette envers le Sanctuaire .
(Wang-Thaï)Comment cela ?
(Doko)C’est sans importance aujourd’hui …


A cet instant, une jeune fille d’une beauté surprenante, que Doko avait remarqué dès son arrivée au village, entra dans la maison de bambou, fourra une pipe en bois et chauffa l’étui grâce aux flammes du petit feu de bois entouré de pierres .

(Wang-Thaï)Je t’aime bien, Doko .Tu es un garçon sage, généreux .Mais je ne sais pas si tu seras jamais un homme heureux .Tu es sûr de ne pas vouloir une pipe ?
(Doko)Non merci .L’opium donne des rêves agréables mais tue les sens .
(Wang-Thaï)C’est parfois un inconvénient, mais pour un homme comme moi, c’est un avantage plus qu’autre chose.


La jeune fille sortit .Wang-Thaï remarqua que Doko la suivait du regard .

(Wang-Thaï)Comment trouves-tu Meï-lung, Doko ?
(Doko) Elle est charmante .
(Wang-Thaï)C’est ma fille préférée .Si tu veux, je te la donne.


Dojo ne put s’empêcher de sourire .

(Doko)Est-elle vraiment ta fille ?Tu dis cela de tous les jeunes de ton clan .
(Wang-Thaï)Ils sont tous mes enfants, ne suis-je pas le maître ?


Le vieil homme approcha l’ustensile de bois de ses lèvres, puis l’écarta quelques secondes plus tard, afin de laisser s’extirper de ses narines et de sa bouche une longue trainée de fumée claire .

(Wang-Thaï)Je vais répondre à ta question, Doko .Sans la guerre, que serais-je ?Un misérable petit paysan de l’opium, un simple chef de village de la haute région du pays Chan, régnant sur deux vallées et 400 Meos pouilleux de l’ethnie Mhong .Tandis que grâce à le guerre, je suis un seigneur .J’ai droit de vie et de mort, on me craint, donc on me respecte .De plus, si je ne faisais pas la guerre, mes voisins auraient vite fait de s’emparer de mes champs de pavots .Il y a toujours eu la guerre dans le pays Chan, Doko .La guerre fait partie des traditions de l’opium .Sans la guerre, les peuples des hautes vallées ne seraient plus rien .Viens, je vais te montrer quelque chose.

Le vieillard tenta alors de se lever, non sans peine, il y parvint .Doko avait beaucoup de mal à croire que ce petit vieillard, dont le corps était rongé par la drogue, était le chef suprême d’un clan Chan, craint et respecté sur plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde .
Doko se leva à son tour. Malgré son jeune âge, il surpassait largement son hôte .Les deux hommes sortirent de la maison de bambou et s’aventurèrent sous la pluie battante .Ils traversèrent tout le village à pied, et arrivèrent finalement à l’endroit le plus reculé de la petite ville, là ou commençait le jungle .

(Wang-Thaï)Regarde, Doko .La jungle, sans routes, sans villes, sans police, avec ses propres lois : celles de l’opium et de la guerre .Regarde …

Doko remarqua alors la profonde fosse surveillée par un garde .Il n’avait jamais vu ni entendu parler de cette fosse auparavant .Doko se pencha, il lui fallu peu de temps pour apercevoir la silhouette recroquevillée d’un homme, dont le visage semblait marquer la maladie, la fatigue et le manque de sommeil .

(Doko)Mais……c’est un chinois !?
(Wang-Thaï)Un homme de ton pays, en effet .Il appartenait au clan de Tchang-Tu, ce chien que j’ai vaincu il y a une semaine , de l’autre côté de la rivière .Viens, il ne mérite pas que l’on s’intéresse davantage à lui .
(Doko)Tu as dit que c’était un chinois …Pourquoi est-il ton prisonnier ?
(Wang-Thaï)Tchang-Tu, que son corps pourrisse, ne se contentait pas de l’honnête commerce de l’opium à travers tout le pays Chan .Il faisait exporter sa marchandise vers Bangkok, Rangoon ou encore Pékin .Cet homme devait être un de ses commerçants .L’opium est un don des dieux qui nous est destiné,à nous, les Chan .Cet homme ne mérite donc aucune pitié .
(Doko)Que vas-tu lui faire ?
(Wang-Thaï)Oh, tout simplement l’empaler, après lui avoir arraché la langue, les ongles et les paupières et enduit le cuir chevelu de miel et de sucre pour attirer les insectes et les fourmis .Il devrait mettre environ 3 ou 4 jours à mourir.


Doko s’arrêta de marcher soudainement .Sa chevelure détrempée semblait marquer le désespoir qui régnait en lui .

(Doko)……Pourquoi ?……
(Wang-Thaï)Encore un pourquoi, ami ?
(Doko)Oui, pourquoi cette cruauté gratuite ?!!Je t’ai connu bon et généreux, Wang-Thaï .Alors, pourquoi ce plaisir de faire souffrir inutilement ?!
(Wang-Thaï)Ce n’est pas un plaisir, Doko, ni une inutilité .Si je n’agissais pas ainsi, mon peuple le prendrait comme une preuve de faiblesse .Et mes ennemis également .Cela fait partie de nos traditions, voilà tout .
(Doko)Désolé, Wang-Thaï, mais je ne suis pas d’accord .Si tu considères ce genre de pratique indigne comme un état de fait, sans chercher à y changer quoi que ce soit, c’est que ce n’est pas toi qui commande ton peuple, mais l’inverse !
(Wang-Thaï)Doko, toi qui pourrais être mon fils, ne sais-tu pas qu’un seigneur est toujours l’esclave de son peuple ?…Peut-être que toi aussi, un jour, tu seras roi, alors, tu comprendras.


Assis au pied de la statue d’Athéna, Doko contemplait toujours le ciel .Celui-ci avait laissé le bleu sombre de la nuit prendre place .Dojo ramassa le heaume du grand Pope et jeta un dernier regard vers le ciel maintenant étoilé .
Savait-il, à cet instant, que cette nuit allait être la plus terrible qu’ait connu le Sanctuaire ?

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Cette fiction est copyright Bisquay Axel.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.