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Qui aurait pu penser ca ? Qui aurait pu le croire ? Une telle ironie… le destin est parfois joueur, et il entraîne souvent les hommes sur des routes qu'ils ne soupçonnent guère… surtout ceux qui croient pouvoir braver impunément les lois divines. Pour eux le châtiment a été exemplaire. Eux qui se sont crus assez forts pour abattre un dieu… Ils ont disparu au fin fond des enfers. Vous me demanderez ou est l'ironie dans tout ça, et je vous répondrais qu'ils étaient plus près de leur but qu'ils ne le pensaient… ils étaient presque devenus des dieux, et aujourd'hui ils ne sont plus rien. Plus qu'une poussière balayée par les vents cosmiques, plus que quelques atomes égarés dans l'immensité de l'univers… les hommes qui en étaient autrefois constitués ne sont plus, et n'existent dorénavant que dans le souvenir de quelques personnes… échouer si près du but… Ils sont tel le coureur qui s'écroule à quelques mètres de l'arrivée : ils ont perdu au dernier moment. Oh bien sur, ils ont vaincu leur ennemi, mais est-ce suffisant ? Ou est la satisfaction de la victoire lorsque ceux qui ont vaincu ne sont plus ? Cette victoire a un arrière-goût de défaite… non, en fait elle n'a pas de goût du tout, puisque plus personne n'est là pour la goûter… Il reste bien sûr ceux qui ne sont pas partis, qui sont restés sur terre en espérant que les combattants vaincraient. Ils ont vaincu, mais à quel prix… Il aurait peut-être mieux valu qu'ils fussent défaits. La souffrance des survivants n'en aurait été que moins longue. Que va-t-elle devenir, cette fille qui vient de retrouver son frère après des années de séparation… pour le reperdre aussitôt ? La douleur restera gravée en elle jusqu'à son dernier soupir. Au moins s'ils avaient été vaincus, la mort qui l'aurait emportée peu après aurait été comme une délivrance… au lieu de ça, la vie sera un fardeau qu'elle devra porter encore jusqu'au crépuscule de ses jours… Et cette autre fille, à des milliers de kilomètres de là, qui pleure son amour qui l'a quittée pour aller lui sauver la vie ? Elle n'a que faire de sa vie s'il n'est pas à ses côtés pour la partager… et le pire c'est qu'ils n'ont même pas eu le temps de s'avouer leurs sentiments… L'ironie est ici omniprésente. Les autres n'ont laissé personne pour les pleurer. L'un a tué tous ses proches, les deux autres n'avaient chacun pour toute famille que celui qui reste… et ils sont morts ensembles. Désintégrés dans l'effondrement du monde des morts. Au moins ne laissent-ils personne avec l'âme déchirée comme ces deux filles, abandonnées l'une par son frère, l'autre par son amour… alors qu'elle venait déjà de perdre celui qui avait été comme un père pour elle… pourquoi le destin s'acharne-t-il toujours sur les mêmes personnes ? Une telle tragédie est trop dure pour ces deux petits cœurs, enfermés dans la poitrine de deux filles submergées par le chagrin, et qui doivent pourtant continuer de battre, alors qu'il leur serait si facile de s'arrêter… l'histoire est décidément trop dure avec ceux qui ne veulent que vivre heureux. Le bonheur serait-il une chimère ? Existe-t-il vraiment, ce bonheur auquel tout le monde aspire ? Ou n'est-il qu'une illusion inventée par les hommes pour se trouver un but ? S'il n'existe pas, il est inutile de lui courir après davantage. Autant s'arrêter et attendre que la mort vienne nous chercher, apportant ainsi l'oubli et la paix éternelle. Mais ce serait trop facile. Les hommes ont besoin de courir derrière leurs chimères, et quand bien même vous leur prouveriez qu'elles n'existent pas, ils continueraient à les poursuivre. C'est ce qui fait leur force. |