Chapitre 7 : L'Autel de la Victoire


Quelque part, dans un endroit impossible à situer, dans la pièce principale d'un grand temple de pierre…deux gargouilles marquaient le début d'un escalier en haut duquel quelqu'un était assis sur un trône. Un homme au visage assez jeune, aux cheveux noirs mi-longs, mais au visage en partie caché par un voile de tissu fin, suspendu au plafond. La pièce était sombre malgré des torches disposées régulièrement sur les murs. La pierre était très ancienne et de la poussière la recouvrait en de nombreux endroits. C'était comme si personne n'était venu là depuis des siècles. Pourtant, l'homme sur le trône était bien là. Son absence d'expression et son immobilité le faisaient presque fondre dans le décor.
Au fond de la pièce, à la base d'un long tapis pourpre, deux grandes portes grincèrent et s'ouvrirent lentement. Un pan de lumière balaya la pièce de la gauche vers la droite, donnant un peu plus de lumière à l'endroit. Au bout de la pièce, on voyait un voile transparent et le trône avec l'homme assis dessus…toujours sans réaction. L'endroit respirait la mort. Un homme, grand, imposant, et à l'armure noire comme l'ébène, avança à petits pas dans la pièce vers le début des marches. Le bruit de ses pieds sur le sol était le seul son audible.

Le chevalier (pensant): Nous y voici…il est là…assis majestueusement sur son trône…il est enfin de retour, après tant d'années, des siècles peut-être…
Je n'ai jamais ressenti une telle chose…ce jour est important…et, en même temps, la crainte m'envahit…il dégage une telle aura…c'est un privilège que j'ai d'être ici…

Il s'avança encore un peu, et arriva finalement au pied des marches. Il voyait le haut du trône, devant lui, et la silhouette de la tête apparaître…mais il ne pouvait voir le visage distinctement. Il resta immobile un instant, ne sachant que faire, que dire. Avait-il droit de gravir les marches et de franchir le voile ? Devait-il garder ses distances ? Attendre qu'il parle le premier ? La peur le fit frissonner. Sa vie toute entière dépendait désormais de cette personne…

- Recule un peu.
Le chevalier :

Il n'osa pas répondre et s'exécuta aussitôt. Il fit quelques pas en arrière et vit alors la totalité du trône avec l'homme, dans une longue robe impériale, assis dessus, qui venait de s'adresser à lui. Une voix morne, froide, comme surgie d'outre-tombe.

- Baisse la tête…oui…regarde le sol.
- Le chevalier (de la sueur sur le front): Ou…oui, majesté…
- Tu es Eaque, c'est cela ?
Eaque : Oui…je suis Eaque de Garuda, de l'étoile céleste de la supériorité…l'un des trois juges des Enfers…votre serviteur…
L'homme : Très bien…l'heure est venue pour nous de reprendre le combat…je viens de renaître pour de bon après un sommeil de près de deux siècles…les hostilités ont déjà commencé…je sens le Sanctuaire d'Athéna s'animer depuis plusieurs heures. Peux-tu me dire où en est le combat ?
Eaque : D'après mes informations…Rhadamanthe et les spectres qui l'ont suivi ont franchi la maison de la Vierge…et il leur reste un peu plus de six heures pour atteindre Athéna. Nous avons essuyé quelques pertes dans nos rangs…Mais, vous pouvez avoir confiance en Rhadamanthe, Athéna sera bientôt ici, devant vous, comme prévu.
L'homme : Bien…Je vais t'expliquer ta mission…garde la tête baissée. Tu es, avec Rhadamanthe et Minos, l'un des trois juges, par conséquent l'un des chefs de notre armée. Trente-cinq spectres sont à tes ordres. Tu vas rester dans ce monde pour l'instant, mais tu vas quitter le Giudecca et te diriger vers le Cocyte, avec dix spectres que tu choisiras toi-même.
Eaque : Comment ? Vers le Cocyte ?
L'homme : Oui. Le fleuve de l'Enfer, dans lequel vont ceux qui ont commis la faute la plus grave, celle de s'opposer à l'Empereur des Ténèbres. De nombreux chevaliers d'Athéna sont déjà morts et certains vont sans nulle doute rejoindre cet endroit…bien que ce soit théoriquement impossible, je crains que certains de ses chevaliers, parmi les plus puissants, ne réussissent à rester vivants dans ce fleuve. Ils seront toutefois bien diminués et je veux que tu achèves ces éventuels chevaliers.
Eaque : Mais cette crainte n'a pas lieu d'être, votre Majesté…personne ne peut atteindre les Enfers en vie, sauf ceux que vous aurez autorisé…
L'homme : Tu te trompes, il existe deux moyens de parvenir ici en vie. Bien que cela soit peu probable, je tiens à parer à toute éventualité, il en sera donc fait selon cette volonté. Tu vas donc te rendre en cet endroit. J'ai déjà demandé à Minos de partir sur terre, en Chine, pour y protéger les Cinq Pics.
Eaque : Protéger les Cinq Pics ? Puis-je me permettre de vous demander quels spectres l'ont accompagné, Majesté ?
L'homme : Tu le sais bien…les douze spectres du zodiaque sont les plus indiqués pour cela…malheureusement, deux d'entre eux manquent encore à l'appel. Mais ce sera bientôt une chose réglée.
Eaque : Très bien, je m'en vais de ce pas…(fait mine de se relever et de se tourner vers la sortie)
L'homme : Attends.
Eaque : Oui ?!
L'homme : Tu peux maintenant relever la tête…oui, n'aie pas peur, tu peux regarder dans ma direction…

Eaque trembla légèrement de tous ses membres, comme terrifié. Jamais, de toute sa vie, il n'avait ressenti une telle peur. Il n'avait pourtant pas grand-chose à craindre. Mais cet homme, cet être, si mystérieux, devant lui, dégageait une telle puissance, une telle présence rien qu'à la parole…il était bien là, revenu à la vie après un sommeil de près de deux siècles. Hadès, le dieu de la Mort, l'Empereur des Ténèbres !

Hadès : Tu es l'un de mes plus fidèles serviteurs. Par conséquent, tu es l'un des seuls à avoir le droit de me voir tel que je suis vraiment, et de me regarder dans les yeux. Je me dois de te montrer mon visage.

Et le voile de tissu s'écarta tout seul, comme par enchantement, en découvrant à la lumière des torches le trône et son occupant. Le visage du dieu apparut à Eaque. Un sourire s'esquissa sur son visage.

Eaque (des larmes de joie dans les yeux) : Vous êtes…vous êtes donc revenu parmi nous…
Hadès : Va, et accomplis la mission que je t'ai confiée. Je compte sur toi.

Le spectre s'en alla aussitôt, d'un pas décidé. Une petite minute après qu'il soit parti, la grande porte à doubles battants s'ouvrit à nouveau dans un grincement lugubre.

Hadès : Vas-y, tu peux entrer, Perséphone.


Sanctuaire, Grèce, temple de la Vierge

Cyd : Que la Fleur de Sang te déchire !!
Amitabha : Aaaaahhhhhh !!!

Le chevalier d'argent du Paon était projeté en arrière, du sang jaillissant de ses cuisses sous l'effet de l'attaque du spectre de la Mandragore, qu'il n'avait pu éviter. Le combat tournait à l'avantage de Cyd, et Amitabha, en se relevant, constata que ses épaulettes étaient fissurées.

Cyd : Tu as l'air de plus en plus fatigué…Je me trompe, ou tu réalises maintenant que tu n'a aucune chance de remporter ce combat ?
Amitabha : J'avoue que tu es plus puissant que ce que je pensais au début…mais, si tu étais si sûr de pouvoir me vaincre, je serais déjà mort depuis un moment…or, je ne le suis pas…et je viens même d'expédier un de tes compagnons dans l'autre monde…

Et, sans parler davantage, Amitabha se remit en position de méditation et s'éleva pour la seconde fois dans les airs en lévitant.

Cyd : J'ai déjà vu cette technique tout à l'heure et je ne me laisserai pas surprendre une nouvelle fois ! Je vais…mais…encore !?

Le spectre était immobilisé, alors qu'Amitabha reprenait la récitation d'un mantra bouddhique. Sa concentration était parfaite, il ne regardait plus son adversaire.

Cyd : Non…je ne vais pas me laisser faire…(il tente de bouger les bras) : Mais tu oublies que…je peux encore…t'attaquer…

Mais Amitabha ne répondait rien à cet avertissement, continuant son sermon. Cyd fit brûler son cosmos…

Cyd : Par le Regard Foudroyant !!

Sans bouger, le spectre de la Mandragore se contenta de fixer Amitabha du regard, et ce fut comme si ces yeux lui lançaient des éclairs foudroyants. Amitabha chuta du siège invisible sur lequel il semblait être assis, et un petit filet de sang jaillit de son visage, le renversant en arrière. Il tomba de tout son long sans pouvoir se rétablir.

Amitabha : Ahhgghh…encore…il a percé ma défense…(essuie le sang) Je ne peux rien faire…suis-je vaincu ?

Mais il se ravisa rapidement.

Amitabha : Non…je dois seulement envisager le combat d'une autre manière…Oublier tout ce qui s'est passé jusqu'à présent…faire le vide et chasser le doute de mon esprit…

Et il se remit de plus belle en position du Lotus, accroupi, et fit brûler une aura bleue clair, silencieuse mais non moins intensive.

Cyd : Encore ? Tu n'as donc pas compris que cette posture est inutile face à moi ? Oui, c'est ça, tu peux garder le silence et feindre de ne pas entendre ce que je te dis…mais, tu vas le regretter…

Le spectre de la Mandragore prit une expression de satisfaction. L'issue de ce combat ne faisait désormais aucun doute…il lui fallait abattre au plus vite son ennemi pour rejoindre ses compagnons et poursuivre la mission qui lui avait été confiée. Il lui suffisait de lui lancer à nouveau son attaque du Regard Foudroyant pour le terrasser, pour de bon, sachant qu'il était déjà blessé. Aussi il fit brûler son cosmos de toute la puissance dont il était capable. Jamais il ne s'était autant concentré sur sa cible. Il ne devait pas faillir. Devant lui, Amitabha était en lévitation, baigné dans une douce enveloppe bleutée, toujours imperturbable, malgré la menace qui grandissait, et les blessures subies dans la peau de ses membres, dans sa chair. Qui allait attaquer le premier ? Mais le chevalier du Paon allait-il seulement attaquer ?

Cyd : Cette fois, c'est fini pour toi !! Par le Regard Foudroyant !!
Amitabha (ouvre brusquement les yeux) : Par le Chant du Paon !!

Une explosion inhabituelle retentit avec fracas en dévastant les colonnes du temple les plus proches, en dégageant avec elle une curieuse odeur d'encens, apaisante. Cyd était certain de la réussite de son entreprise, mais le nuage de poussière qui lui recouvrait le visage, et lui chatouillait maintenant les narines, l'interloquait. Lorsque le nuage se dissipa, il vit un corps allongé de tout son long sur le sol. Le chevalier d'argent du Paon n'avait pas survécu à la déferlante de son ennemi. Son visage exprimait une sérénité qui contrastait avec les nombreuses meurtrissures infligées à son corps par les coups reçus. La mort lui était douce. Cyd ne put que ricaner devant la victoire qui lui avait paru si évidente.

Cyd : Quel imbécile…il s'est opposé à moi jusqu'au bout, alors qu'il savait très bien qu'il ne pouvait rien…Maintenant, je peux passer et rejoindre les autres…

Mais, en se mettant à courir, le spectre tomba en trébuchant et se tordit convulsivement de douleur, en posant une main sur son abdomen. Une douleur intense, insupportable, qui lui traversait le corps de part et d'autre…et un chant singulier d'oiseau qui lui remplissait les oreilles en résonnant dans sa tête.

Cyd : Aaaar…aaaahhhgggg…cette douleur…et ce chant…le chant du paon…il avait donc prévu de mourir…il savait qu'il ne pouvait me tuer…alors il s'est quasiment laissé abattre, en me laissant cette douleur en souvenir…mais ce visage, si serein…c'est à peine croy…aaaahhgggg !!!
- Eh ! Cyd !! Ca va ??

Un nouveau spectre, essoufflé, venait de pénétrer dans la maison de la Vierge, et ne pouvait que constater l'étendue des dégats : Alaman, spectre de Deep.

Cyd : Ce n'est rien…merci…viens, nous devons rejoindre les autres…aagh !!

En grimaçant toujours un peu plus, miné par cette douleur qui ne voulait pas partir, le spectre de la Mandragore, accompagné de son semblable, prit tant bien que mal la direction de la sortie de la Maison de la Vierge, laissant à terre le cadavre d'un chevalier apaisé, presque souriant. Car, comme l'a enseigné jadis le Bouddha, la mort n'est qu'une étape de plus dans la vie d'un homme.

Un peu plus haut, passées des centaines de marches d'escalier, un petit groupe de spectres pénétraient dans le septième des temples du Zodiaque, celui du signe de la Balance. L'un d'entre eux dirigeait les opérations.

Rhadamanthe : Nous voici dans la Maison de la Balance. Comme d'habitude, soyez sur vos gardes…je vais essayer de distraire le gardien de cet endroit et vous en profiterez pour passer. Ensuite, je l'abattrai rapidement et vous rejoindrai dans la maison suivante.
Diadalus (Gargouille) : Bien, seigneur Rhadamanthe.

Et le Juge des Enfers concentra une partie de sa formidable énergie dans le seul périmètre de son poing droit, qui se mit à briller et à faire étinceler son surplis tout d'ébène dans la lumière du jour qui transperçait le temple par son entrée.

Rhadamanthe : Encore un qui ne veut pas me montrer, mais ça ne marche pas longtemps avec moi !! Par la Terreur du Wyvern !!

Un éclair de lumière traversa de part en part le temple, en éclairant la faible obscurité qui le remplissait, et dévoila un objet massif posé sur le sol, auquel Rhadamanthe et ses hommes n'avaient pas prêté attention. Toujours aucun signe de vie à l'intérieur du Temple.

Samaka : Regardez !! Qu'est-ce que c'est que ça ?
Desmond : On dirait une table…
Rhadamanthe : Un autel…cette table est un autel, comme ceux qu'on utilise pour les sacrifices aux dieux…qu'est-ce que cela signifie…

Mais il ne leur fallut que quelques instants pour comprendre : l'autel se détacha en plusieurs morceaux…car il s'agissait d'une armure ! Les différentes parties vinrent s'assembler sur le corps d'un individu, qui apparut à la vue de tous comme par enchantement. Un homme jeune, aux cheveux roux et à la peau constellée de tâches de rousseur, le regard déterminé.

Rhadamanthe : Qui es-tu ?
Le chevalier : Je suis Pélops, chevalier d'argent de l'Autel, gardien de ce temple. Je vous prierais de vous présenter à votre tour…
Rhadamanthe : Je suis Rhadamanthe, l'un des trois Juges suprêmes des Enfers, et voici mes hommes.
Spectre 1 : Desmond de la Chauve-souris, de l'étoile terrestre de l'Obscurité !
Spectre 2 : Diadalus de la Gargouille, de l'étoile terrestre de la Résistance !
Spectre 3 : Samaka de la Harpie, de l'étoile terrestre de la Lamentation !
Pélops : Et je suppose que vous avez l'intention de franchir ce temple…
Rhadamanthe : Nous n'avons pas de temps à perdre, écarte-toi de là si tu ne veux pas mourir…
Pélops : Eh bien ! Passez-moi sur le corps si vous voulez passer…
Rhadamanthe : Comme tu voudras…mais, avant de te tuer, tu vas répondre à cette question : comment se fait-il que, à l'instar des temples précédents, ce soit encore un vulgaire chevalier d'argent ou même de bronze qui garde le passage ? Où est le chevalier d'or ?
Pélops : Il ne m'appartient pas de répondre à cette question…j'ai la mission de protéger ce temple, et je la remplirai…
Diadalus : S'il vous plaît, maître Rhadamanthe, laissez-moi m'occuper de lui pendant que vous continuez votre route ! Je vous promets d'en finir vite !
Rhadamanthe : Je pensais m'en occuper moi-même, mais, puisque tu y tiens, je te le laisse volontiers…
Diadalus : Merci, maître ! A tout à l'heure !

Mais le chevalier d'argent ne voulait pas se laisser faire sans agir ; les quatre spectres face à lui l'impressionnaient et il savait bien qu'il ne pourrait en venir à bout. Mais il ne devait rien en laisser paraître et tout faire pour ralentir leur progression. Il baissa les bras en croix sur son plastron et se concentra, alors que les trois spectres, Rhadamanthe, Desmond et Samaka, se précipitaient vers lui.

Samaka (à toute vitesse) : Ote-toi de là ! Par l'Envol de la Harpie !!
Rhadamanthe : Par la Prudence du Wyvern !!
Pélops : Je dois tenter tout mon possible…Par l'Offrande des Dieux !

Une sorte de liquide transparent jaillit des mains jointes de Pélops, et atteignirent les trois spectres au visage, puis le long du corps en dégoulinant. Bientôt, leur corps tout entier était recouvert d'un fluide visqueux qui les paralysait. Très vite, Rhadamanthe, nullement inquiet, se concentra et fit craquer le liquide qui le retenait.

Rhadamanthe : Rrrrrhhhhaaaaa !!! (le fluide éclate) Allez, venez, imbéciles ! (continue son chemin sans s'arrêter)
Samaka : Grr…je suis coincé…
Desmond : Le Vol de la Chauve-Souris !!

Desmond s'envola en faisant à son tour craquer le fluide qui le bloquait, et attrapa son compagnon de la main en l'emmenant avec lui. Les deux spectres disparurent quasiment dans les airs, près du plafond haut du temple qui s'arc-boutait en plusieurs voûtes jusqu'à la sortie. Rhadamanthe, lui, avait déjà disparu vers la prochaine maison.
Plus en arrière, le chevalier d'argent de l'Autel était allongé à terre, son casque déjà brisé, un petit filet de sang s'échappant de son front. Il se releva, quelque peu commotionné, devant un Diadalus de la Gargouille qui n'avait pas bougé.

Diadalus (bras croisés) : C'est tout ce dont tu es capable ? On ne peut pas dire que ce soit très efficace contre mes compagnons…
Pélops : Ne sois pas si sûr de toi, je risque de te surprendre…
Diadalus : Ah oui ? Voyons ça…
Pélops : L'Offrande des Dieux aura raison de ta défense à la prochaine attaque…
Diadalus : Tu m'as déjà donné l'occasion de voir cette attaque et de l'étudier tranquillement, je n'aurai donc aucun mal à l'éviter…
Pélops : Ah oui ? Reçois-la donc à nouveau ! Par l'Offrande des Dieux !!

Mais, alors que le spectre se positionnait pour éviter ce qu'il avait vu la dernière fois, la technique de combat de Pélops s'avéra différente. Ce n'était plus un fluide visqueux qui surgissait de ses mains jointes mais un nuage brun qui prit peu à peu la forme d'un animal. On aperçut bientôt un boeuf gras et vigoureux, qui armait ses cornes en direction du spectre…

Diadalus : Mais !! Qu'est-ce que cela signifie ? Cette bête fonce sur moi ? Aaarrghh !!

Le spectre fut renversé et alla s'écraser contre un mur du temple, son armure se fissurant à l'épaule gauche.

Diadalus : Grr…tu as abîmé mon surplis ! Tu vas me le payer !!
Pélops : Alors, tu es moins sûr de toi maintenant ?
Diadalus : Je vois…tu as le pouvoir de changer la forme de ton attaque à chaque fois, pour surprendre ton adversaire…mais je ne me laisserai plus avoir si facilement désormais…et à mon tour de te montrer de quoi je suis capable ! Que la Gargouille t'avale !!
Pélops : Cette statue…quel horrible visage…on dirait qu'elle grandit….aaahhhh !!

Pélops fut comme aspiré à l'intérieur de la gargouille de pierre qui apparaissait et ouvrait grand son horrible bouche. Il allait être dévoré et sectionné en morceaux s'il ne réagissait pas…

Pélops : Je ne peux pas me laisser tuer aussi facilement…Par l'Offrande des Dieux !!

Le chevalier de l'Autel réagit par son attaque qui se heurta à celle de Diadalus pour la contrer. Un nouvel avatar du cosmos du chevalier apparut et ce fut cette fois une coupe de liquide qui se forma. Une coupe qui se renversa et dévoila un liquide pourpre qui ressemblait à s'y méprendre à du vin. Lequel liquide fut aspiré par la Gargouille au lieu du chevalier, qui retomba à terre en s'écrasant.

Diadalus : Un liquide ? Du vin pour m'arrêter ? Stupide !
Pélops : Ce n'est pas du vin mais du nectar…la nourriture des dieux !!
Diadalus : Ce n'est pas ça qui….aaaahhh !!

Le spectre s'écrasa au sol et le combat tourna à l'avantage de Pélops, qui se redressa majestueusement et tenta de retrouver de sa prestance face à son adversaire, malgré une nouvelle fissure apparue sur le plastron de son armure d'argent.

Diadalus (se relève difficilement) : Aaah…tu avais donc raison…ça m'apprendra à avoir trop confiance…Mais je n'ai pas dit mon dernier mot…(se concentre) Tu vas goûter à ma plus puissante attaque !!
Pélops : Ce cosmos…il est puissant…bien plus que tout à l'heure…il a sublimé son aura…de quoi est-il encore capable ?
Diadalus : Par le Choc de la Pierre !!
Pélops (s'écrase contre un mur de pierre) : Aaaaahhhhh !!

Le chevalier s'écrasa au sol qui se tacha de rouge. Il ne bougeait déjà plus. Le spectre, néanmoins, restait sur ses gardes. Mais, alors qu'il tentait de diagnostiquer la mort ou non de son adversaire, deux voix se firent entendre dans l'entrée du temple de la Balance. Diadalus se retourna et vit deux spectres le rejoindre, tout deux blessés : Cyd de la Mandragore et Alaman de Deep.

Cyd : Te voilà…Les autres sont déjà plus loin ! Bon travail !
Alaman : Encore un en moins…plus que cinq après cette maison et nous aurons réussi…
Cyd : Ne restons pas là, viens avec nous et gagnons au plus vite la maison suivante !
- Pas si vite…

Contre toute attente, Pélops se releva et vit à présent les trois spectres devant lui, décidé à se battre.

Diadalus : Tu es donc encore en vie…
Pélops : Et je vais te vaincre !
Cyd : Avec nous trois face à toi, alors que Diadalus t'a déjà blessé ? Tu es inconscient ! Voyons un peu comment tu t'en sors face à moi ! Que la Fleur de Sang te Déchire !!
Pélops : Aaaaaaaahhhh !!!

Le chevalier s'envola à nouveau sans pouvoir réagir et vit un mur du temple s'abattre sur lui, tête la première, tandis qu'une écorchure au bras droit le faisait souffrir horriblement. Il se laissa retomber avec douleur.

Cyd : Bien fait pour toi, jeune insolent ! Alaman, achève-le !
Alaman : Avec plaisir…laisse-moi me concentrer pour savourer ce moment…
Diadalus : Ces chevaliers ne sont vraiment pas résistants…mais pourquoi les chevaliers d'or ont laissé leurs temples gardés par cette piétaille ? Où sont-ils passés ?
Cyd : En tout cas, s'ils ont tous ce niveau, nous en aurons vite fini avec les chevaliers d'argent…et nous atteindrons Athéna dans la dernière maison ! Notre victoire est certaine !
- Ha ha ha ha ha…

Le chevalier de l'Autel, allongé à terre, éclata d'un rire nerveux alors que ses blessures le faisaient toujours souffrir.

Diadalus : Qu'y a-t-il ? Pourquoi ris-tu alors que tu vas mourir ?
Pélops : Vous avez raison…nous autres, chevaliers d'argent, ne sommes pas de taille à nous mesurer aux spectres d'Hadès les plus puissants…et nous allons certainement laisser la vie dans cette bataille…mais vous oubliez l'essentiel…
Alaman (interromp sa concentration) : De quoi parles-tu ?

Au même moment, un bruit de consumation se fit entendre de l'extérieur…la flamme de la Balance venait de s'éteindre sur l'horloge pyrique.

Cyd : L'horloge de feu !! Il ne reste plus que cinq heures ! Nous avons du retard !
Pélops (se relève) : Quand bien même vous abattriez les derniers chevaliers qui gardent les maisons du zodiaque, vous ne parviendrez jamais au bout de votre périple…car le temps joue contre vous…

Et, de ses deux mains, il dessina une forme invisible dans le vide, qui devint une table à la lueur du jour. Un autel, qui rayonnait intensément.

Diadalus : Encore un autel ? Que fais-tu ?
Pélops : Voyez comme il brille…et regardez ce qui apparaît…une prédiction…

Sur l'autel se forma un nouvel objet…un sceptre apparut alors.

Diadalus : Que…qu'est-ce que c'est ?
Pélops : C'est le sceptre d'Athéna…le sceptre de Nikê, la déesse de la Victoire…s'il apparaît quand je forme l'autel, c'est que, des dieux qui s'affrontent en ce moment, Athéna a pris un avantage sur Hadès…vous n'irez donc pas au bout…la victoire est pour Athéna…
Cyd : Grrr…je ne sais ce que tout cela signifie, mais tu mens ! A présent, ça suffit ! Et, pour te prouver que tu t'es trompé, je vais finir ce que Diadalus a commencé ! (aux deux autres) Allez ! Vous deux, continuez votre route !
Alaman : Mais…tu es sûr, que, dans ton état…
Cyd : Ne discutez pas !! Allez !

Les deux spectres se mirent alors en route sans rien répondre ni même se retourner, et prirent la route de la sortie du temple. A leur grande surprise, Pélops de l'Autel les laissa passer sans même réagir ni tenter de les retenir, en se concentrant sur son seul adversaire du moment.

Cyd : Tu n'as pas essayé de retenir les deux autres ? Aurais-tu peur, chevalier ?
Pélops : Pfff…comment pourrais-je avoir peur d'un spectre qui, en plus d'être seul, a déjà été blessé par ses combats passés…
Cyd : Comment ?
Pélops : Tu as semble t-il vaincu Amitabha dans la maison de la Vierge, mais tu es fatigué par le combat que tu as mené…
Cyd : C'est ce que nous allons v…aaahh !!

Le spectre tomba à terre et mit sa main à son abdomen en grimaçant.

Cyd : Ca recommence…cette douleur lancinante…elle n'arrêtera donc jamais…
Pélops : Si, elle va s'arrêter, car tu vas mourir ! Par l'Offrande des Dieux !!
Cyd : Une jarre…mais que contient-elle ? Peu m'importe après tout…que la Fleur de Sang te déchire !!

Les deux attaques s'entrechoquèrent mais Pélops fut avantagé par la douleur de Cyd qui l'obligeait à baisser sa garde. Tous deux furent touchés par leurs attaques respectives, mais Cyd eut plus de mal à se relever.


En bas de la montagne

A l'entrée de la Maison du Bélier, alors que, dans le ciel, le soleil commençait à se coucher au loin, un homme encapuchonné venait de gravir les escaliers et pénétrait dans le temple. Il tenait de sa main gauche le haut du voile qui lui recouvrait entièrement la tête, sans laisser voir son visage. Il vit les ruines du temple, les colonnes de marbre entamées, les dalles du sol fissurées, qui témoignaient de la violence du combat mené. Au milieu du temple gisaient plusieurs cadavres, quelques spectres mais aussi le chevalier d'argent du Lézard, Iguana.

- Le combat a déjà commencé depuis un moment…les valeureux chevaliers d'argent ou de bronze ont donné leur vie…je ne dois pas gâcher la mienne…
- Halte ! Qui va là ?

Deux soldats de base du Grand Pope surgirent en bas des marches, alertés par le bruit dans la maison du Bélier. Ils aperçurent l'homme en capuchon et tentèrent de l'interpeller. Mais l'homme se sauva rapidement sur un côté du temple.

Soldat 1 : Un intrus s'est introduit dans la maison du Bélier ! Comment a-t-il fait pour passer sans que nous le voyions, alors que nous n'avons pas quitté notre poste ?
Soldat 2 : Pas de temps à perdre ! Rattrapons-le !

Mais l'homme était déjà loin…néanmoins, lorsqu'ils parvinrent sur le perron du temple, essoufflés après avoir gravi les marches quatre à quatre, ils virent la silhouette de l'intrus se mouvoir dans une route qui partait de la maison du Bélier et s'enfonçait dans la montagne.

Soldat 1 : Regarde ! Il s'enfuit, par une route secrète ! Mais comment peut-il connaître ce passage ? Même nous en ignorions l'existence !
Soldat 2 : Nous n'y arriverons pas tous seuls, appelons l'un des chevaliers de bronze de la réserve !

Le soldat joignit deux doigts à sa bouche et siffla ; aussitôt, un chevalier apparut en haut des marches, près d'eux : Pallas, chevalier de bronze de la Chevelure de Bérénice. Il fut très vite informé de la situation et aperçut la silhouette, qu'il se mit à courser dans la montagne.

Pallas : Reviens ici ! Tant pis, tu me forces à attaquer… Par l'Etreinte de la Chevelure !

Des serpents se détachèrent de l'armure de bronze du chevalier et se déroulèrent sur des dizaines de mètres, pareils à des chaînes qui atteignirent finalement l'individu encapuchonné. Mais celui-ci se contenta de contracter les muscles, si bien que les serpents éclatèrent d'un coup et lui permirent de continuer sa route. Cela ne découragea pas le chevalier de bronze qui se remit à courir vers lui.

L'homme : Bon, il semble que je n'aie pas le choix.

Et il s'arrêta net en attendant que Pallas le rejoigne.

Pallas : Tu t'es enfin décidé à te rendre ? Peut-être vas-tu enfin me dire qui tu es et ce que tu fais ici ! Personne ne peut pénétrer dans ces terres sacrées !
L'homme : Dis-moi où en es la bataille.
Pallas : Tu n'as pas répondu à ma question ! Et d'abord, comment peux-tu savoir qu'une bataille se déroule en ce moment en ces lieux ?
L'homme : Ne sois pas stupide, ne me force pas à t'affronter…
Pallas : A t'affronter ? Tu es donc un spectre de plus, venu en renfort ? Mais, dans ce cas, pourquoi te caches-tu sous cette toile ?
L'homme : Je ne peux te le dire, mais, je t'en prie, laisse-moi continuer ma route et, surtout, ne dis à personne que tu m'as vu !!
Pallas : Tu commences à m'agacer à ne rien vouloir me dire ! Tant pis pour toi ! Par l'Etreinte de la Chevelure !

Mais, à sa grande surprise, l'homme se contenta se lever une main pour saisir un des serpents, qu'il broya à mains nues !

Pallas : Mais… !! Qui es-tu ?? Et cette vitesse ! Pour que personne, parmi les chevaliers de bronze, n'ait perçu ta présence en bas des marches ! Tu…tu es un chevalier ?
L'homme : Je ne peux te répondre ; une dernière fois, laisse-moi ou je devrai te tuer, et je ne voudrais pas en arriver là !
Pallas : Impossible…je ne peux te laisser passer, même si je ne suis pas de taille à t'affronter…
L'homme : Pardonne-moi…

L'homme concentra alors une boule de lumière dans sa main, qui s'abattit sur le malheureux chevalier de bronze en brisant une partie de son épaule gauche. Mais ce dernier, en tombant, arracha le voile qui recouvrait l'inconnu, en dévoilant enfin son visage.

Pallas : Mais…c'est impossible !! Tu étais mort !!!
L'homme : C'est malin…(pensant) Et puis, après tout…non, je vais te laisser la vie sauve, tous les chevaliers d'Athéna sont précieux, même les plus faibles d'entre eux…j'ai besoin de vous tous pour mener à bien mon plan…
Pallas : Vas-tu enfin te décider à me révéler la raison de ta présence ici ? Tu es passé à l'ennemi ?? L'homme : Quelle idée ! Dans quel camp crois-tu que je suis depuis toujours ? Je vais te demander de me suivre…je pensais trouver Sion et les autres chevaliers d'or ici mais, apparemment, Athéna a adopté une stratégie différente…Nous devons la retrouver au plus vite ! Suis-moi, et je t'expliquerai tout en route ! Réunis une dizaine de chevaliers de bronze autour de toi, nous partons la rejoindre au plus vite !
Pallas : Mais je…je ne peux pas accepter !! Nous avons reçu ordre des chevaliers d'argent de protéger l'entrée du Sanctuaire !
L'homme : Très bien alors je vais tout t'expliquer depuis le début, et te convaincre de venir…écoute bien…


Maison de la Balance

Le chevalier d'argent de l'Autel se releva. Une des brassières de son armure avait explosé sous l'impact des coups reçus. Son adversaire gisait au sol, sans connaissance. Mais il ne se faisait pas de faux espoirs ; le spectre se remit en mouvement au bout de quelques instants.

Pélops : Tu es un spectre puissant…mais tu as déjà été blessé par Amitabha dans la maison de la Vierge…tes forces sont diminuées…
Cyd : Ne crie pas victoire…trop vite…j'ai déjà achevé ton compagnon, et je vais ajouter ton nom à ma liste…
Pélops : Encore faudrait-il que tu puisses te relever…
Cyd : Que crois-tu ? Il me suffit de bouger un peu les jambes…comme çaaaaaahhhhggghhhhhh !!!

Mais le spectre venait de se rappeler douloureusement le souvenir que la chevalier du Paon lui avait laissé en mourant : le chant du paon, qui résonnait dans ses oreilles avec un nouveau pic de douleur aiguë qui lui traversait l'échine à chaque cri de l'oiseau.

Cyd : Tu ne perds rien pour attendre ! Par le Regard Foudroyant !!
Pélops : Aaaahhhh !!

Cette nouvelle technique de combat surprit le chevalier de l'Autel, qui ne put rien faire pour l'éviter. Il vit la monstruosité de la Mandragore se former en aura face à lui, et son regard perçant le figer d'un éclair invisible…il ne pouvait plus rien faire, ni se défendre, ni attaquer…

Cyd : Maintenant, tu es à ma merci…meurs !!

Mais, au moment de le frapper à mains nues et, sans doute, de le tuer, le spectre s'écroula à nouveau, terrassé par la douleur. Ce fut le moment que Pélops choisit pour contre-attaquer.

Pélops : Par l'Offrande des Dieux !!

Un nuage de cosmo-énergie se forma et dévoila un nouvel artefact du pouvoir de Pélops : cette fois, un mouton apparut, ou plutôt un bélier, pareil à la toison d'or de la légende…l'animal baissa la tête, cornes toutes dressées vers l'ennemi, puis se rua sur lui. Cyd fut emporté dans un véritable tourbillon d'énergie qui le fit s'écraser sur un mur du temple, qui porta les traces de l'impact lorsque le spectre retomba au sol. Son surplis était en partie brisé et augmentait les blessures reçues. Malgré tout, le visage et les membres ensanglantés, Cyd se releva une nouvelle fois et fit brûler son cosmos de toute la force et la rage dont il était encore capable.

Pélops : Arrête, c'est inutile, tu as déjà perdu !! Rends-toi et tu auras la vie sauve !!
Cyd : Peu m'importe de mourir, puisque, de toutes façons, notre Empereur Hadès nous a promis à tous une vie éternelle pour les services rendus ! Et je ne mourrai pas seul, tu m'accompagneras dans ce voyage, qui pour toi sera le dernier !!
Pélops : Ah oui ? Comme c'est curieux…et tu crois vraiment qu'Hadès va respecter sa promesse et te donner l'éternité ?
Cyd : Comment ?
Pélops : Ce serait bien son genre de promettre des choses qu'il ne peut pas tenir, dans le seul but de motiver ses troupes…
Cyd : Comment oses-tu !! Espèce d'insolent !! Tu iras pourrir en Enfers pour avoir tenu de tels propos à l'égard d'un Dieu, à plus forte raison celui qui préside au monde des Ténèbres ! Reçois ma plus puissante attaque, sublimée au maximum ! Que la Fleur de Sang te déchire !!

Mais, malgré toute l'énergie déployée par le spectre et les ronces et pinces menaçantes de la Fleur de Mandragore, Pélops se contenta de joindre les deux mains comme pour lancer sa propre attaque, mais ce fut cette fois pour bloquer d'un coup l'attaque du spectre, et la contenir sans difficulté.

Cyd : Mais ! Comment as-tu pu ??
Pélops : Je te l'ai dit, tu as déjà été blessé par tes précédents combats, ainsi que par les coups que je viens de porter depuis que tu es entré ici…tu ne peux donc plus te battre avec toute ta puissance réelle, et tu es diminué…tu ne tiens debout que par la force de ta volonté…je sais que tu n'en peux plus, mais tu ne veux rien en laisser paraître…
Cyd : Grrr…et toi !! Tu ne peux pas rester devant moi aussi facilement, sans la moindre blessure !! Toi aussi, tu caches certainement ta fatigue !!
Pélops :
Cyd : Qu'y a-t-il, pourquoi me lances-tu ce regard, tu ne veux pas répondre ?
Pélops : Désormais, je me contenterai de bloquer tes coups, sans t'attaquer directement…sauf si tu m'y obliges…
Cyd : Tu es bien sûr de toi à ce que je vois ! Mais, malheureusement pour toi, j'ai encore des ressources…Que la Fleur de Sang te déchire !!

Ayant déjà vu cette attaque, Pélops se prépara à la contrer une nouvelle fois, sans même attaquer. Il joignit les deux mains en croix sur sa poitrine et se concentra en générant un halo de lumière qui l'enveloppait. L'attaque du spectre vint choir contre lui et son aura, où apparaissait la monstrueuse Mandragore, le fit disparaître de sa vue un instant. Lorsque la lumière se fit à nouveau, Pélops était à terre, la main sur son abdomen, d'où s'échappait un peu de sang.

Pélops : Il a quand même réussi…sa Fleur de Sang m'a atteint avec la force d'un couteau…il aurait donc retrouvé des forces…
Cyd : Oui, et prépare-toi car je vais maintenant passer à la vitesse supérieure !! Que la Fleur de Sang te déchire !!
Pélops : Quoi, encore ? Tant pis, je n'ai pas le choix…par l'Offrande d'Athéna !!

Des deux mains du chevalier de l'Autel levées vers le ciel, une nouvelle jarre apparut, remplie d'une boisson, ou plutôt d'un fluide mauve difficile à cerner. Du nectar ? Du vin ? Seul le chevalier le savait. Mais le liquide envahissait les lieux comme une traînée de poudre qui aurait changé d'état, et le spectre vit son attaque se heurter à la protection. Bientôt, celle-ci fit plus que protéger le chevalier d'argent et elle atteignit Cyd de plein fouet, qui tomba à terre. Son surplis commença à se briser sous l'impact des coups et les épaulettes éclatèrent en morceaux.

Cyd : Mon surplis ! Tu as brisé le surplis des Ténèbres !!
Pélops : Oui, et bientôt c'est ton corps que je vais briser, si tu continues !! Tu n'as plus de protection, et tes attaques sont vaines ! Rends-toi, et je ne te tuerai pas !!
Cyd : C'est une manie que vous avez tous…le chevalier du Paon disait la même chose, et il est pourtant mort !! Dans votre élan de bonté, vous vous prenez de compassion pour votre adversaire, et oubliez que nous sommes en guerre…je reconnais bien là Athéna et son amour ridicule pour l'humanité…il n'y a pas de place pour les sentiments !!
Pélops : Ce n'est pas de cela qu'il s'agit…je ne vois aucun intérêt de donner la mort quand une vie peut être épargnée…et cette vie sauve que je te propose te permettrait sans doute de réfléchir au bien fondé de la cause que tu défends…
Cyd : Assez parlé !! Tu vas mourir, puisque tu l'entends ainsi ! Par le Reg…AAAAhhhhh !!!!

La douleur se fit des plus vives et le spectre chuta à nouveau sur le sol. Le chant du paon résonnait dans ses oreilles comme jamais, si fort qu'il se mit les doigts dans ses oreilles pour tenter de ne plus l'entendre. Rien à faire. Un chant d'oiseau en apparence anodin, et qui pourtant s'avérait redoutable. Pélops semblait presque pouvoir l'entendre de son côté. Et pourtant, il restait immobile, regardant son adversaire se tordre de douleur à terre, sans bouger alors qu'il pouvait envisager de le tuer. Une hésitation lui vint. L'achever, là, sous ses yeux, il en avait l'occasion…Mais n'était-ce pas de la lâcheté ? Il se remémora son passé, son entraînement de chevalier, les paroles de l'ancien chevalier d'or de la Balance, et celles d'Athéna, qui lui avaient toujours enseigné de préférer la paix et la vie sauve à la mort lâche d'un adversaire. Laisser la vie, sur l'autel de la Victoire…et de la Paix. Mais là…quelle attitude adopter ? Après tout, il n'en avait plus pour longtemps…et le temps qui passait…il pouvait le retenir encore un moment…
Il se décida alors. Il tourna le dos au spectre, tordu de douleur au sol, et commença à marcher vers la sortie du temple, comme s'il l'ignorait. Mais le spectre, voyant cette réaction, ne l'entendait pas de cette oreille. Il attrapa une cheville de Pélops avant que celui-ci n'ait eu le temps de s'éloigner, et tenta de le faire tomber.

Pélops : Mais !! Que fais-tu ?
Cyd : Il ne faut jamais laisser un adversaire au sol avant de s'assurer qu'il est mort !! Par le Regard Foudroyant !!

Et le regard perçant de la mandragore apparut au chevalier. Pendant une fraction de seconde, il se rendit compte de son erreur. Le spectre allait reprendre du terrain sur lui s'il ne l'achevait pas. Et pourtant…il était désormais si affaibli…

Pélops : Tant pis, je vais devoir agir contre mes convictions…Athéna, pardonnez-moi !! Par l'Offrande des dieux !!

Une nouvelle et peut-être dernière fois, Pélops lança son attaque qui changea de forme et fit apparaître un veau sacrificiel dans le halo de son cosmos. Le spectre eut beau déployer toute sa force, il ne put que voir l'animal s'imposer à lui. Une étrange vision pour lui : le couteau sacrificiel, encore rouge du sang versé de la bête, semblait à présent se retourner contre lui. Il poussa un cri avant même d'être touché, effrayé par ce qui l'attendait.
Deux corps retombèrent sur le sol dans un grand fracas, puis le silence se fit. Pendant une bonne minute, les deux chevaliers ne bougeaient plus. Pélops avait lui aussi été touché par le Regard Foudroyant de la Mandragore. Finalement, épuisé et éraflé en plusieurs endroits de son corps et de son armure d'argent entamée, le chevalier de l'Autel se releva doucement. Il reprit ses esprits avant de jeter un regard à son adversaire.

Pélops : J'ai réussi…j'ai vaincu le spectre de la Mandragore…

Mais, contre toute attente, le spectre, malgré son surplis presque entièrement brisé, commença à bouger une main sur le sol, et à vouloir se relever lui aussi ! Il réussit à se mouvoir dans un râle difficilement audible. Sans prononcer une parole, le regard perçant dirigé vers son adversaire, il se remit en position de combat, comme pour attaquer encore et encore…mais, au moment de passer à l'action, il retomba à nouveau sur le sol, de tout son long, et cette fois n'en bougea plus, raide mort.
Pélops s'assura de la mort de Cyd et prit un instant pour évaluer les dégâts de son armure d'argent, et ses propres blessures. Il était déjà fatigué, malgré l'avantage qu'il avait eu pendant le combat, mais ne devait rien en laisser paraître.

Pélops : Ce n'est pas le moment de m'apitoyer sur mon sort…je dois me dépêcher de rejoindre les autres dans les maisons suivantes, pour les aider…

Et, regardant l'horloge pyrique où la flamme du Scorpion était déjà presque consumée, il prit la route de la sortie du temple où il était, lorsqu'une voix l'interrompit.

- Attends !! Pélops !
Pélops : Qui me parle ? Cette voix…c'est vous, Grand Pope, mon maître ?
Archinoald : Oui…j'ai senti le cosmos du spectre s'évanouir dans le temple de la Balance, et j'ai su que tu avais remporté le combat…je t'en félicite…mais tu ne dois pas venir rejoindre les autres…
Pélops : Comment ?? Mais, je ne peux pas rester là à ne rien faire, alors que je suis encore valide et capable de me battre !! D'autres spectres menacent encore le Sanctuaire, et les douze heures sont loin d'être écoulées…
Archinoald : C'est exact, mais ils ne sont plus que cinq à pouvoir encore me menacer…et, à part l'un d'entre eux, je ne crains guère les autres…nous devons avoir confiance dans les cinq chevaliers qui restent à protéger les dernières maisons. Et, en ce moment, Athéna a certainement besoin d'aide. C'est pourquoi, plutôt que de rester au Sanctuaire, je souhaite que tu partes immédiatement pour la Chine, afin de la rejoindre. Je compte sur toi. Surtout, sois discret pendant ton voyage, et ne te sers pas de ton cosmos tant que tu ne rencontres pas d'adversaire. Tu en connais l'enjeu.
Pélops : Je…très bien, Maître, il en sera fait comme vous le souhaitez. Au revoir, ou peut-être, adieu…

Et le chevalier fit demi-tour et courut vers l'entrée du temple de la Balance, prêt à partir accomplir sa nouvelle mission.

Au même instant, Rhadamanthe et deux autres spectres pénétrèrent dans la maison du Scorpion.

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.