Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal Ils étaient fatigués. Après la bataille, ils avaient suivit leur déesse comme des automates mal réglés. Trébuchant, ils marchaient vers la lumière. Mais ils étaient si las. Ils auraient voulu s'allonger près de leur frère et rester dans ce monde où tout s'écroulait autour d'eux… Mais ils suivaient leur déesse, oubliant leur tristesse, sans un regard en arrière, vers le frêle corps de cet être si cher qui avait donné sa vie pour sauver la jeune femme qu'ils suivaient. Ils n'avaient pas échangé un regard. Ils n'avaient pas prononcé un mot. Se soutenant parfois, ils marchaient sans se poser de questions, l'esprit complètement vidé. Et quand ils sentirent le vent frais souffler sur leurs visages ensanglantés, ils surent qu'ils étaient de retour. Ils ne se souvenaient ni du chemin ni du temps qu'ils leur avaient fallut pour revenir en ce lieu. Ils continuèrent à marcher sans rien voir de ce qui les entouraient. Ils entendirent des cris de joie et virent des gens se précipiter vers eux. Mais ils ne reconnurent pas les visages. Ils n'écoutèrent pas les mots qu'on leur disait. La jeune femme s'arrêta et se retourna vers eux, un sourire triste sur les lèvres et les yeux embués de larmes. Ils s'arrêtèrent, le regard vide puis les ténèbres les engloutirent. |