Premier Age Chapitre 12 : Une époque d'acier


J’ai compris ...

Note personnelle de Mr Kajiya, co-responsable du programme Kido


~ 1 ~


Et si tout était de ta faute ? Sans doute nous n’en serions pas là si tu m’avais laissé une liberté plus grande encore.
- Tes propos sont exagérés. Souviens-toi, lequel de nous deux à rompu l’équilibre ?
- Tu fais encore mention aux événements d’il y a 15 ans. Mais le passé est le passé. Tu as tes idées et j’ai les miennes. Je n’y peux rien, si je suis le plus fort. Mais sans toi, les derniers événements auraient sans doute été plus en notre faveur.
- Allons, tu n’es pas sérieux, si ? Vois comme tu as torturé cette pauvre femme.
- La néréide ? Pauvre fou, c’est à ces détails qu’on reconnaît les vainqueurs des perdants. Les informations de cette envoyée nous ont presque permis de vaincre l’ennemi sur son territoire.
- Mais à quel prix ? Le chevalier des Poissons est mort, celui du Capricorne, blessé à jamais. C’était un de tes favoris, et tu es en train de le perdre.
- Et toi, tu le gagnes. Pourquoi refuses-tu de comprendre que je cherche tout comme toi à protéger le Sanctuaire et ses chevaliers ? Des morts, il y en a, lorsque la guerre sévit. L’essentiel est de réduire au maximum ceux de notre camp.
- Comment oses-tu parler ainsi ?
Cette pauvre néréide ...
Cela ne te sera pas pardonné, sois-en sûr. Ainsi que le sort funeste du général de l’Hippocampe.
- Bian de l’Hippocampe ? Cet imbécile a eu ce qu’il méritait. Son compagnon était plus valeureux, aussi a-t-il survécu. Mais tant qu’on est sur les événements qui ont eu lieu dans la maison des Gémeaux, que dire de ton attitude face à Kanon ? Tu avais pourtant l’occasion de défendre ton Sanctuaire bien aimé, et tu laisses passer l’ennemi ? Sous le seul prétexte qu’il est de ton sang ? Ignores-tu qu’un ennemi vivant équivaut souvent à un ami mort ? Si tu avais combattu, peut-être n’aurait-il pas pu organiser cette embuscade contre les chevaliers face au temple de Poséidon. L’espoir aurait encore été permis.
- Je ne te permets pas de m’accuser ainsi. Dois-je rappeler qui de nous deux est responsable du fait que plusieurs maisons soient vides ? Lors de l’offensive, les généraux auraient pu ne pas même atteindre la maison du Taureau. Tu sais autant que moi quelle puissance possède le chevalier du Bélier. Vois également comment tu as encouragé le chevalier du Cancer dans sa décadence. Le malheureux aurait sans doute survécu à l’attaque mortelle du général de Chrysaor si son armure ne l’avait à ce point renié.
Tu es, toi, et toi seul, responsable de l’affaiblissement du Sanctuaire, qui a rendu possible son invasion par les forces de Poséidon, alors ne me reproche pas de n’avoir pas combattu celui-là même qui avait décidé d’exploiter cette faiblesse.
- Sois maudit ! Je n’aurais jamais dû accepter cette répartition des tâches dans la maison des Gémeaux. "Les généraux se divisent.", m’avais-tu dit. "Faisons-en autant". Peut-être est-ce parce que tu es mon autre visage, je t’ai alors laissé choisir, et voilà le résultat. Ce général de Scylla que tu as laissé passer, vois comment il a fait souffrir les chevaliers des Poissons et du Verseau !
- C’est amusant que tu dises cela. Sa vie t’a pourtant appartenue, l’espace d’un instant. C’était dans la maison du Lion. Aiolia du Lion s’apprêtait à lui donner le coup de grâce, et tu l’en as empêché. Si au moins tes motivations avaient été nobles ...
La vérité, c’est que l’arrivée de l’esprit de Poséidon t’a fait paniquer, et que l’anéantissement de l’offensive revêtait un caractère tellement urgent que tu en as été réduit à dépêcher le chevalier du Lion. Ainsi a-t-il laissé ce guerrier, Io, en vie.
- Reconnais quand même le caractère imprévisible de sa résurrection. Qui aurait cru qu’un tel homme puisse contenir un tel potentiel ? De plus, reconnaît que toi aussi tu paniquais. Mais le temps pressait. Poséidon était présent. C’était sa seule cosmoénergie, sa pensée divine, mais elle est tout de même parvenue jusqu’à la chambre d’Athéna. Ce qu’il y a vu, ou plutôt ce qu’il n’y a pas vu, a profondément affecté l’offensive elle-même. C’est alors qu’il a donné cet ordre de repli Mais une présence divine ennemie sur le Sanctuaire, c’était plus que nous ne pouvions affronter. Voilà pourquoi il fallait écraser les généraux. Deux généraux en vie, trois chevaliers pour les affronter. C’était gagné d’avance. Ensuite, nous aurions pu faire face à Poséidon. J’aurais sans doute agi autrement si j’avais deviné qu’il ordonnerait pareille retraite.
- Je ne te crois pas. Tes motivations étaient moins nobles que cela. La présence de l’esprit de Poséidon avait de quoi faire paniquer, mais les généraux avaient peu de chance de faire beaucoup plus de dégâts. Ils étaient dans la maison de la Vierge. Shaka n’est pas du genre à se laisser vaincre, et cela tu le savais. Tu t’es dévoilé en envoyant ainsi le chevalier du Capricorne. Tu sais que tu ne peux pas avoir de secrets pour moi. La vérité, c’est que Shura était le seul à qui tu pouvais ordonner l’assassinat de Kanon. Les autres chevaliers en auraient sans doute fait autant, mais tu prenais alors le risque que l’un d’eux reconnaisse notre visage en celui du général Dragon des Mers. Tu ne voulais à aucun prix semer plus de doutes qu’il n’y en avait déjà parmi les chevaliers d’or. Shura étant vaguement au courant de ton existence, lui au moins ne risquait pas de retenir son coup.
Ce qui nous ramène encore au même problème, qui est que tu prônes la force, mais que depuis ton heure le Sanctuaire est affaibli. Si Poséidon est une menace, c’est uniquement de ta faute.
- Tu n’aurais jamais obtenu seul les informations de la néréide. Au moment de la retraite des généraux, tu n’aurais pas pu, comme je l’ai fais, interdire leur poursuite, car tu n’aurais alors été qu’une proie, incapable d’agir, condamné à attendre la seconde frappe de Poséidon. C’est moi seul, moi et ces méthodes que tu critiques tant, qui a permis l’anéantissement des généraux de Poséidon. La perte d’un chevalier est une tragédie, mais regarde le résultat : nous avons l’avantage du nombre.
- C’est une théorie que nous allons pouvoir vérifier sans délais. Dois-je te rappeler que notre devoir nous appelle ? Il est temps d’y aller.
- ...
Tu as peur ?
- ...
Oui.
...
Et toi ?
- ...
Oui.
- Que notre destinée s’accomplisse.’


~ 2 ~


Un modeste garde s’inquiète.
Les gardes du Sanctuaire ont rarement joué un rôle déterminant lors des guerres Saintes. C’est en tout cas ce que se dit Déipylos, qui anxieusement regarde la vaste porte à double battant gardant l’entrée de la chambre du Grand Pope.
‘Je lui ai pourtant fait passer le message.’, se dit-il.
‘Je me doute qu’Athéna et lui doivent réfléchir à la manière la plus juste d’agir, mais je suis moins sûr que nos visiteurs fassent preuve d’une plus grande patience.’
Voilà pourtant bien plus d’une poignée de minutes que le message a été délivré, et Déipylos s’inquiète sur ce qu’il convient de faire.
Doit-il rappeler la situation au Grand Pope ?
Il est impossible que ce dernier ne considère pas pareille situation comme prioritaire. Dès lors, il devient inutile d’insister.
Revenir auprès des visiteurs ?
A cette pensée, les genoux du garde se mettent à trembler, comme s’ils allaient devoir échouer à supporter son poids. Des sueurs froides dégoulinent sur son visage, et une grande frayeur le prend.
L’homme secoue la tête. Attendre, voilà la meilleure chose à faire.
Pour lui, en tout cas.

Du bruit ...
‘Enfin !’
La porte s’ouvre. Déipylos ouvre grand les yeux. Va-t-il avoir le privilège de LA voir ?
Athéna réincarnée, la divine guerrière, dont même les chevaliers d’or ignorent tout ! Le privilège du Grand Pope serait accessible à lui ? Simple garde ?
Une vive émotion s’empare de son coeur ...
... et meurt aussitôt.
Ce n’est point la déesse, chaleureuse et bonne, qui vient d’ouvrir la porte, mais son ambassadeur, la plus grande autorité du Sanctuaire, le fabuleux Grand Pope.
Toujours vêtu de sa cape, de son heaume et de son masque, l’homme de pouvoir est presque effrayant.
Déipylos avale sa salive.
‘Quelle est cette déception ?’
Ce n’est pas de la déception. Alors peut-être est-ce ..
‘... de l’angoisse ? Pourquoi le Grand Pope m’effraie-t-il ? N’est-il pas le meilleur d’entre nous ?’
Déipylos essai de se persuader que cette sensation amère n’est que la déception de n’avoir pas aperçu la divine Athéna. Ce n’est qu’après s’être repris qu’il ose prendre la parole.
" Grand Pope ! "
Le visage masqué tombe sur lui.
" Grand Pope ..
Le divin Poséidon est à notre porte. Il est accompagné de deux généraux, et de sa servante la néréide. Il demande à voir Athéna sans délai, sans quoi il menace de tous nous détruire. Je vous implore de considérer sa requête.
- Comment te nommes-tu, garde ?
- Dé ... Déipylos ...
- Déipylos, ces mots, tu me les as déjà dits.
- C’est que ... "
Parler ainsi avec le Grand Pope ...
Quelque chose ... d’inhabituel ...
" C’est que ... Vous mettiez du temps. Je me suis inquiété.
- Ne doute pas, Déipylos. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. La divine Athéna ne sortira pas de sa chambre, aujourd’hui pas plus que depuis son arrivée. Elle m’a demandé de m’entretenir avec l’Ebranleur du Sol.
- C’est que ...
C’est qu’il a l’air ... tellement sérieux ...
- Déipylos, ne craint pas pour ta vie. Le Sanctuaire tout entier est là pour te protéger. Mais sache que viendra aussi pour toi le temps de protéger ce même Sanctuaire.
- Oui, Grand Pope. "
Le garde ne le réalise que maintenant, mais depuis le début, il s’est mis à genoux, et il fixe le sol. La silhouette énigmatique du Grand Pope enfin se met en marche, ses pas le guidant là où son devoir l’appelle.
Ainsi va-t-il s’entretenir avec le Seigneur des Océans.
Mais ses pas cessent, enfin. Comprenant que cette interruption lui est destinée, le garde se tourne, attendant les mots de vérité.
" Déipylos ?
- Grand ...
Grand Pope ?
- Sans doutes ne verras-tu jamais Athéna. Comme aucun d’entre nous. "
Et alors seulement, l’homme de pouvoir disparaît.
Seul reste un garde nommé Déipylos, celui-là même qui remue des pensées pleines d'amertume.
‘Comme aucun d’entre nous ? Grand Pope, cette remarque n’est pas valable pour vous ...’


~ 3 ~


" Cela suffit !
Nous faire attendre de la sorte relève du domaine de l’insulte. Ces chiens méritent une sanction que j’imagine sévère et sans délai !
- Calme-toi, Kanon. T’emporter ainsi, voilà qui ne te ressemble pas.
- Mm ... "
La parole divine a cet avantage qu’elle ne sait être contredite. Malgré le stress des derniers jours, et cette situation nouvelle qui le met très mal à l’aise, le général Dragon des Mers est toujours capable de le reconnaître.

Voilà un petit moment, quatre nouvelles silhouettes se sont présentées à l’entrée du Sanctuaire sacré. La terre divine d’Athéna n’aime pas être ainsi foulée, mais telle n’est pas la préoccupation de ceux qui commettent pareil sacrilège. Bien au contraire, parfois ...
C’était prévisible, mais l’escorte de Poséidon a été très loin d’être passée inaperçue. Certes la présence de la personne même de l’Ebranleur du Sol y était pour beaucoup, mais nul n’aurait su ignorer l’imposante et implacable apparence des deux généraux.
Kanon du Dragon des Mers, général en chef des marinas. Sorrento de la Sirène Maléfique, dont la sérénité ébranle jusqu’à ses adversaires. Ainsi réduit à ces deux seuls membres, l’ordre des généraux de Poséidon, l’élite guerrière qui aurait fait trembler Arès le sanglant lui-même, n’exprime plus la gloire qu’elle possédait il y a seulement quelques jours. Mais il est tout aussi vrai que nul ne saurait sortir indemne d’un assaut frontal des mythiques chevaliers d’or ...
Quant à la suivante du Seigneur des Océans, la fougueuse néréide, Thétis d’apparence humaine, elle semble bien pâle. La pauvre parait peiner à se maintenir debout, et à tout moment ses jambes menacent de céder sous son poids. Alors que les trois hommes qu’elle accompagne arborent fièrement la splendeur de leurs protections, étincelantes écailles ou noble armure divine, elle-même ne porte que de simples vêtements usés. Ainsi aurait-elle délaissé sa jolie armure couleur de sang ...
Quatre êtres ...

A l’instant l’un d’entre eux a fait mine de s’impatienter. Mais le général Kanon choisit finalement la voix de la sagesse, et décide de se contrôler.
Son attente va bientôt devoir prendre fin.


~~~~~


Cela ne fait guère que quelques minutes qu’un garde s’était présenté à eux et, bien que terrorisé par ce redoutable déploiement de force, s’était informé de leurs volontés.
" Nous désirons voir la divine Athéna. Sans faute, ici même, et sans délais. Votre survie à tous en dépend. "
Le garde, alors, avait balbutié des paroles simples sur un ton effroyablement bas, tout en fixant laborieusement le sol. Le pauvre était si pâle !
Il s’en était allé, enfin. Il n’aurait pas couru plus vite si le diable lui était apparu en personne. Il était partit. Selon lui, il n’était pas en son pouvoir de décider de la venue de la déesse, mais il ferait parvenir sans tarder le message au Grand Pope, seul habilité à s’entretenir avec la divinité.
Cela s’est passé il y a quelques instants, et enfin l’attente va prendre fin.
Une grande silhouette est finalement venue.

L’endroit est vaste, vierge de toute construction humaine. Le sol poussiéreux est pareil à des cendres, l’air chaud ferait suffoquer une salamandre, les pierres et autres rochers jonchant le sol donnent une impression d’éternité.
Foulant ce sol si tellement empreint des nombreuses souillures des temps passés et présents, les quatre hommes, ceux-là même qui d’ordinaire habitent les fonds sous-marins, font à présent face à l’énigmatique silhouette.
Vêtu de vêtements amples, portant un heaume rouge et masquant son visage derrière un masque mystérieux, l’apparition se tient là. Seule face à ces quatre ennemis, elle semble pourtant bien sûre d’elle. Peut-être est-ce un autre masque, d’une autre nature. Comme si masquer ses émotions faisait parti du personnage ...
" Est-ce là la divine Athéna ? ", s’interroge Sorrento, avec une manifeste appréhension.
Mais le doute ne dure pas. D’un ton calme et serein l’Ebranleur du Sol dévoile une vérité.
" Certes non !
Sirène Maléfique, tu n’es pas habitué à la divine Athéna, aussi vais-je t’instruire du fait suivant. Celui-là qui se tient inconsciemment face à nous n’a rien d’un dieu. En revanche, tu dois pouvoir deviner de qui il s'agit.
- Ce qui veut dire que c'est ... "
Une phrase qui ne se termine pas.
Mais hélas, il en est un pour qui la situation ne souffre d’aucune ambiguïté. Il faut imaginer l’instant immortel où le général Dragon des Mers dévisage le masque immuable de la silhouette, grande et fière. Les secondes s’écoulent lentement, alors que la tension s’accroît plus encore. Et les mots du général sont pleins de sens ...
" Le Grand Pope. Autrement dit ...
- Cela fait longtemps ... Kanon. "


~~~~~


" Cela fait longtemps ... Kanon.
- Saga ! "

Un moment qui durerait un instant.
Un moment qui durerait éternellement.
Sorrento est médusé ...
Semblable à deux immortels, ces êtres de légendes se tiennent tout droit, face à face. Ils ne se dévisageraient pas plus, si l’univers tout entier n’étaient qu’eux deux, et qu’eux deux étaient l’univers tout entier.
‘J’ai cru comprendre que le Grand Pope serait en fait le frère de Kanon.
Mais alors ...’
Sorrento, passif, ressent les émotions presque palpables des deux hommes. Il ne lit qu’ambiguïté ...
‘De la rivalité ?
Sans doute ... Cette relation aurait joué un rôle dans cette guerre ?
Qu’est-ce donc que ...’
Le général de la Sirène Maléfique ressent quelque chose de bien plus profondément enfoui.
‘De la fraternité ?
Peut-être ...’
L’un des regards meurtriers est masqué. Ainsi se présente toujours celui qui porte le titre de Grand Pope. Certes non, jamais il ne quitte des yeux le général, mais cela ne sait pas l’empêcher de lancer des mots agressifs.
" Visiteurs, Athéna, non, vous ne la verrez pas.
- Comment ?! "
Ainsi s’exclame Kanon. Il possède d’habitude une meilleure maîtrise de ses émotions, mais la tension accumulée ces derniers jours, la désagréable sensation de ne plus maîtriser la situation, et maintenant ce face-à-face pourtant prévisible ont altéré son contrôle sur lui-même.
" Sag ... Grand Pope, vous n’êtes pas en situation de nous dicter votre volonté. Amenez-nous Athéna, ici même et sans délai. Conduisez-nous à elle, ou subissez les conséquences. "
La maladroite tentative de Kanon de masquer sa familiarité avec l’homme d’autorité du Sanctuaire n’échappe pas au général de la Sirène Maléfique. Mais ses pensées amères sont rapidement subjuguées par une toute autre émotion.
La surprise ...
Tout commence par le ricanement discret d’un homme qui aurait une voix plutôt grave. La chose n’aurait en soi rien d’exceptionnelle, mais il est des contextes perturbant.
Ainsi, ce rire contenu se change en quelque chose de plus vif, peut-être un peu sournois, mais sans cruauté.
Tel est le rire divin, celui du Seigneur des Océans, Poséidon Ebranleur du Sol ...
Sorrento jette un coup d’oeil en direction du dieu réincarné et, dégageant son attention d’un homme au long passé, Kanon en fait autant. Nul ne remarque que la tête du Grand Pope a légèrement pivoté, probablement lui aussi est-il interloqué.
Seule Thétis, la néréide, n’exprime rien. Son regard semble, comme depuis le début, plongé dans le lointain ...
" Seigneur Poséidon ? Y a-t-il un problème ? "
Ainsi s’inquiète le général de la Sirène Maléfique. Et la réponse divine vient, ensuite. Mais pour la première fois, ce n’est à aucun marinas qu’il s’adresse.
" Grand Pope ! De quel pouvoir crois-tu disposer pour oser parler ainsi à un dieu ? Sache que ma volonté ne sait être désobéie. C’est aussi pour cette raison que je verrais Athéna, ici même et sans délai. Ton opinion personnelle n’a que peu d’importance.
- Hé hé hé ... "
Le Grand Pope semble ricaner intérieurement. Ainsi est la confiance de l’homme qui garde un atout dans sa manche, ou de celui qui sait ce que l’autre ignore.
" Poséidon ! Sois un dieu. Sois l’être le plus puissant de l’univers, que tu n’y changeras rien. Rien ni personne ne pourra faire en sorte qu’Athéna soit présente ici. Moi-même n’ai pas ce pouvoir.
Ignores-tu pourquoi ?
- Bien sûr que non, humain ! "
Le ton de la voix s’est durci, faisant sursauter la Sirène Maléfique.
" Grand Pope, ou qui que tu sois, es-tu simple d’esprit au point de croire pouvoir me leurrer ? De ton secret, je connais tout, mes décisions divines m’ont donné cet avantage.
- Hum ...
Je m’en doutais. Seul un aveugle n’aurait pas ressenti ta présence, ce jour là.
- Ce jour là ? "
Ainsi questionne la Sirène Maléfique. Et ainsi répond Kanon.
" Il fait allusion à l’offensive de nos forces sur le Sanctuaire, il y a quelques jours. L’esprit de Poséidon est parvenu jusqu’à nous, qui étions alors situés dans la maison de la Vierge, afin de nous donner l’ordre de la retraite.
Voyons, Sorrento, je ne t’apprends rien.
- C’est que ... "
Une hésitation.
" C’est que ... le Grand Pope et lui semblent parler de complètement autre chose ...
- Que ... "
Kanon jette un coup d’oeil à son seigneur et maître. C’est au tour de la divinité d’échanger un regard lourd de sens à l’autorité du Sanctuaire, le Grand Pope pareil à un dieu.
" Mes généraux eux-mêmes ignoraient tout du réel enjeu de cette offensive. "
Des yeux qui s’écarquillent. Ceux d’un général, celui du Dragon des Mers.
Ces lèvres bougent, mais les mots meurent à leurs frontières, tandis que de sombres sueurs froides commencent à perler à même la peau de son visage. L’homme qu’on appelle Kanon sent sa conscience faillir ... mais bien vite il se ressaisit. Avale-t-il sa salive une fois encore, et enfin il est capable.
" Seigneur Poséidon ? Peut-être avez-vous quelque chose à me dire, à moi, votre plus fidèle serviteur ? "
Le regard divin se pose un instant, un seul instant, sur le général. Un léger sourire flotte sur ses lèvres.
‘Il n’a plus rien à voir avec Julian Solo ...’, a le temps de se dire Kanon.
" Général Dragon des Mers, il est temps que tu connaisses la vérité. "
Sorrento écoute également avec attention.
" Voilà deux ans que mon esprit a commencé à investir ce corps. Je n’ai recouvré la totalité de mes souvenirs qu’il y a quelques jours, mais depuis bien longtemps déjà j’avais une quête. Un Graal, en quelque sorte. La divine Athéna ...
La déesse, je connais son existence réincarnée grâce à toi, Kanon. Mais rapidement les doutes sont apparus. Les doutes se sont transformé en craintes, en espoirs, en plusieurs autres émotions ambiguës. Et ce doute, c’est toi, Kanon, qui me l’a ôté.
- Moi ?
- Toi. Tu m’as, il y a quelques jours, informé de ton désir d’investir le Sanctuaire d’Athéna. Malgré mes doutes sur tes motivations, j’ai néanmoins donné mon accord. Veux-tu savoir pourquoi, Kanon ?
- Je ... "
A vrai dire, le général craint la vérité. Mais il n’est pas vraiment question pour lui de renoncer.
" Dites-moi, Majesté.
- Tu n’as jamais connu Athéna. Tu ignores tout de sa force, de ses réactions.
Cette divinité est d’une prévisibilité redoutable, et cela, je l’ai utilisé. En veillant à ce que les combats fassent rage au sein même des douze maisons, je m’assurais de son intervention. Je mettais tout en oeuvre pour que les affrontements soient des plus sanglants.
Pauvre déesse, a-t-elle le pouvoir de faire vaincre ses chevaliers, toujours doit-elle intervenir. Est-ce sous forme d’encouragements ? Est-ce sa seule présence ? Qu’importe. Elle est là, toujours. Les ennemis de ses chevaliers eux-mêmes ressentent souvent cette cosmoénergie pleine d’amour et de compassion. Combien d’entre eux sont tombés, pour avoir ainsi douté ?
Mais le doute devenait impossible. Accompagnant vos faits et gestes, j’ai eu largement l’occasion de constater que ...
... l’esprit d’Athéna ne protégeait pas ses chevaliers.
- Ce qui ne pouvait dire qu’une seule chose ...
- Cela devait devenir une totale certitude, ou bien tout cela n’aurait servi à rien. Alors que vous étiez dans la maison des Gémeaux, j’ai découvert un lien dimensionnel qui conduisait jusque dans la chambre du Grand Pope. Je profitais alors de ce passage pour aller m’assurer du fait.
Mais il n’y avait qu’une seule vérité. La chambre d’Athéna était belle et bien ...
- ... vide, c’est cela. "
Les derniers mots sont du Grand Pope lui-même. Le masque cache soigneusement son visage, ainsi est-il impossible de lire sur lui.
" Athéna n’est pas dans sa chambre, recevant mes visites, la garde des chevaliers d’or, l’adoration du Sanctuaire. Et si Athéna n’y est pas ... "
Hurlement de rire.
Un rire fou, atroce, celui d’un homme qui prendrait conscience d’une terrible vérité, quelque chose de prévisible ...
Le rire de Kanon. Sa voix, forte et agressive.
" Ha ha ha ! Ainsi tu as finalement franchi le pas ? Pauvre déesse !
T’es-tu sali les mains ? "
Mais le Grand Pope ne répond pas à la provocation ouverte. Toujours, il préfère écouter les paroles pleines de vérité du dieu réincarné. Mais ce dernier parle de tout autre chose ...
" J’avoue n’apprécier que modérément la façon dont ma servante a été accueillie ... "
Enfin, le Grand Pope, l’homme de pouvoir, exprime un semblant de crainte.
Le regard de Poséidon, il faut le voir ! Il n’exprime pas une haine sanglante, celle qu’adorent ceux du mal, mais il est tellement ... grave.
Les yeux sont sombres, intimidants, et parlent à leur façon de luire.
Mais il en faut plus que cela pour décourager un homme de la trempe du Grand Pope.
" Poséidon, quand la nature me montre une fleur, et que celle-ci plaît à mes yeux, je la cueille. Ainsi, je peux jouir de son éclat tout à loisir. Quant à la plante, si elle meurt, ce n’est que de la faute du créateur, qui m’a ainsi nargué avec une beauté irrésistible.
- Vous me semblez bien sûr de vous, Grand Pope. Ce n’était pas mon intention, mais peut-être vais-je vous tuer, finalement Ainsi, ma pauvre néréide, dont l’état est presque catatonique, prononcera-t-elle à nouveau quelques paroles ?
- Poséidon, vous n’y pouvez rien. Athéna ne se montrera pas. Elle ne le peut, puisqu’elle n’est plus.
- Changez de sujet, Grand Pope, si tel est votre désir. Mais alors faites-le bien, ou subissez ma colère.
Athéna, si, elle va venir. Ce n’est point toi qui l’amèneras, voilà tout. J’ai ordonné que vous me l’ameniez ? Quelle ironie ...
Comme si elle avait besoin d’un usurpateur pour exister.
- Comment ? "
Mais le Grand Pope n’a pas le temps de répondre à la provocation. Un pauvre garde tout intimidé, s’est approché de lui.
C’est attention, pour le Grand Pope qui l’écoute attentivement.
C’est satisfaction, pour le dieu, qui semble maîtriser la situation.
C’est surprise, pour deux généraux.
C’est le néant, pour la néréide.
Le garde a donné son message. Les mots du Grand Pope, enfin, sonnent tels une exclamation, pleins de surprise, pleins de sens.
" Comment ! Un hélicoptère ?! "


~ 4 ~


Quelque part dans les airs

" Mademoiselle ? "
Une hésitation ...
La demoiselle a l’air presque distraite, à présent.
Voilà juste un instant que l’hélicoptère est entré là où les vestiges du Sanctuaire étaient censé se trouver, et tous les occupants de l’étroit réceptacle jettent de frénétiques coup d’oeil un peu partout.
" Hum ...
Mademoiselle ? "
L’un d’entre eux est d’un certain âge, et souffre apparemment d’une désagréable calvitie. A son côté se tiens une douce jeune fille. Sa voix est de cristal ...
" Qu’y a-t-il, Tatsumi ?
- Mais enfin, Mademoiselle Kido, nous voilà à destination, et quelque chose diffère de nos prévisions.
- Je vois ...
Toi aussi tu trouves que l’endroit n’a rien d’une ruine désertique.
- Je vois des hommes. Tenez, voyez cet attroupement. "
L’homme désigne un groupe de personne au sol.
" Je me demande qui ils s ...
Mademoiselle ? "
Jolie jeune fille, elle semble tout à coup très concernée. Elle regarde avec passion ces quelques personnes réunies bien à l’écart de toute architecture. Enfin, elle part dans des mots très assurés.
" Ici !
Arrêtons-nous, je dois aller leur parler !
- Mademoiselle, ce n’est pas raisonnable. Nous ignorons tout d’eux. Nous pensions que le Sanctuaire sacré était abandonné, et, conformément à votre volonté, nous sommes venus vérifier cela. Ne serait-il pas plus sage de ne pas vous déplacer en personne ?
- Tatsumi, tu ignores tout de mes motivations. Et si nous n’avions pas prévu ce genre de situation, alors pourquoi nous ont-ils accompagnés ? "
A l’arrière de la cabine, trois ombres restent bien silencieuses. Elles n’en dégagent pas moins une certaine présence. Quelque chose d’intimidant ...
Ensuite, il y a le soupir d’un homme de main qu’on appelle Tatsumi.
" Très bien, mademoiselle.
Pilote ?
- Monsieur ?
- Posez-vous près d’ici, je vous prie.
- Le terrain est assez accidenté. Je vois en revanche une sorte d’arène, cela vous convient-ils ? "
Un homme qu’on appelle Tatsumi. Il regarde les lieux avec attention Alors, seulement, sa réponse vient.
" Ce sera parfait. "


~~~~~


Au sol

" Comment ! Un hélicoptère est sur le point de se poser dans l’arène ?! "

L’arène du Sanctuaire ...
Un vaste terrain poussiéreux au centre de vastes gradins. Nul doute que son rôle devait être grand, durant les temps mythologiques. A ce jour, sa fonction première est d’accepter les duels parfois mortels, ceux-là même qui désignent les perdants. Les autres repartent ensuite avec une armure.
Ainsi sont récompensés les meilleurs apprentis du Sanctuaire sacré d’Athéna, ceux qui gagnent renom et mérite auprès des multiples combats que tous espèrent et redoutent. A quelques distances du lieu, l’être le plus puissant du Sanctuaire, le magnifique Grand Pope, fait face à ses quatre visiteurs. Dieu, généraux, servante, les plus importants individus du Sanctuaire sous-marin de Poséidon sont ainsi rassemblés, fiers et invincibles, prêts à beaucoup pour atteindre leur objectif.
Objectif ...
Seul l’Ebranleur du Sol semble en avoir réellement connaissance, alors que le bourdonnement aigu d’un appareil monstrueux issu du fer, des sciences et de l’énergie passe au-dessus de leurs têtes.
L’appareil est finalement assez sobre. Un simple habitacle, une double paire de pales que la vitesse rend invisible.
De mémoire de chevalier, nul appareil volant n'a jamais osé profaner le ciel de cette terre sacrée. Celui-ci, pourtant, ne semble pas s'en inquiéter …
L’arène sert à présent pour l’atterrissage. L’hélicoptère occupe l’attention de tous les gardes, chevaliers et apprentis sur une distante conséquente. Pour les arrivants, la discrétion n’est pas une priorité.

" Il s’est posé dans l'arène. ", avance le Grand Pope, affirmant ainsi une chose pourtant évidente.
Même hors de vu, caché par les hauts gradins, la présence de l’hélicoptère reste perceptible. L’hélice violente met toujours ce temps-là pour cesser complètement son bourdonnement désagréable.
Le Grand Pope, les quatre visiteurs, tous restent silencieux. Quelque chose est sur le point de se produire.

Une vérité, encore ...
Ca commence par l’apparition vague de silhouettes anonymes, sortant de l’enceinte de l’arène. Nul ne parle, mais tous font un décompte silencieux.
‘Un ... Deux ... Trois ... Quatre ... Cinq.
Cinq vies.’
Cinq personnes, ainsi s’approchent à pas lents. Déjà sont-ils un peu plus près.
‘C’est curieux’, se dit le Grand Pope.
‘Nul ne les aurait guidés, et pourtant ils s’approchent de nous. S’ils nous cherchent, comment nous ont-ils trouvés ? Et sinon, quel est ce hasard ?’
Une jeune fille ...
La première chose le plus nettement perceptible est cette pureté éblouissante qui émane d’elle, cette innocence encore intacte qui semble circuler à travers sa personnalité toute entière, dont on devine qu’elle est emplie de ...
‘De compassion ?!
Mais alors ..!’
Ensuite seulement, son apparence physique attire l’attention. Une magnifique robe blanche d’une ampleur conséquente, un visage agréable, un regard serein, une longue chevelure ...
" Ainsi ... "
Poséidon, le premier, le dit.
" Ainsi entre en scène la divine Athéna. "
Et nul ne remet en cause la parole divine.
A coté d’une si noble apparition, c’est tout juste si on le remarque. Cet asiatique d’un âge intermédiaire semble nettement moins en confiance. Il jette des regards effrayés dans toutes les directions, et tient fermement un sabre en bambou dans ses mains. Sa tenue est d’ailleurs incontestablement celle d’un kendoka. Son crâne chauve lui donne un air assez grotesque.
Marchants sur leurs pas, trois autres silhouettes restent bien mystérieuses.

Le cortège est tout près, à présent. La rencontre va avoir lieu !
Et alors, s’élève une voix. Le timbre cristallin a quelque chose de profondément rassurant. L’absence totale d’agressivité impose une totale mise en confiance.
La divine Athéna prend la parole !
Ses mots, toutefois, ne sont que questions.
" Je crois qu’aujourd’hui sera une journée intéressante. Qu’en pensez-vous ...
... Poséidon ?


~~~~~


" Je crois qu’aujourd’hui sera une journée intéressante. Qu’en pensez-vous ...
... Poséidon ? "

L’immortel Poséidon rayonne de prestance divine. Il exprime un sourire plein d’affection.
" J’aurais dû m’en douter. Ce charisme exceptionnel qui avait convaincu Julian Solo lui-même ne pouvait vraisemblablement venir que d’une déesse.
- Je vous retourne la remarque. Cette ambition qui sommeillait en cet homme. Etait-ce sa destinée ? Ou bien l’expression d’une nature divine profondément enfouie dans son inconscient ?
- Je n’en sais rien. "
La jeune femme ferme les yeux.
" Si je me fie à la nostalgie que tu éveille en moi, je devine que tu n’es plus Julian.
- Toi, au moins, possède encore quelque chose de Saori. "
Tels sont leurs mots, aux dieux réunis, ennemis mortels depuis des temps immortels.
" Athéna, tout laisse à supposer que nos éveils respectifs sont nés lors de notre précédente rencontre. Ce soir-là ...
- Le passé n’est guère important. Je m’inquiète plus de l’avenir.
- Certes. "

Pas moins de huit personnes sont les témoins de la conversation divine. En ce jour chaud du Sanctuaire, et malgré des différents millénaires, aucune animosité ne vient troubler l’ambiance unique du moment immortel.

Kanon ...
‘C’est incroyable. Cela doit faire des siècles qu’ils ne se sont vus, et ils semblent se comprendre aussi bien que s’ils ne s’étaient quittés depuis.’

Sorrento ...
‘Une rencontre intéressante. Du bon peut ressortir de pareille confrontation.’

Thétis ...
‘...’

Grand Pope ...
‘Malédiction, cette gamine semble en effet être Athéna. J'avais presque fini par me convaincre qu'elle avait péri …'

Un kendoka ...
‘Le Programme Kido n’a pas été conçu pour cela , mademoiselle Saori aurait-elle perdu l’esprit ?’

Trois silhouettes anonymes ...
‘Allons-nous devoir les affronter ?’
‘Ils sont plus nombreux que nous.’
‘Attendons voir ...’

Nuls n’osant intervenir, les dieux réincarnés continuaient seuls.
" Poséidon, je suis venue ici en personne, croyant le Sanctuaire sacré abandonné. J’ignore de quoi sera fait demain, mais peut-être avez-vous une idée sur la question ?
C’est curieux, j’aurais imaginé une ambition plus agressive en vous. J’en ai la conviction intime, même si il y a quelques instants je peinais à me rappeler de vous.
- Hélas, les choses ici ne plairont à personne. Je crois toutefois être capable de m’exprimer pour vous tous, mais il y aura un problème. Mes marinas entendront mon autorité, mais l’usurpateur causera une difficulté majeure. J’ai finalement décidé de vous laisser la tâche de le ramener à la raison, voilà pourquoi j’ai attendu votre arrivée.
Athéna, je sens que la déesse en vous n’est pas totalement éveillée, aussi mes paroles vous sembleront pleines de mystères. Ecoutez-les, je vous pris, avec attention, et recevez-en un enseignement. Ensuite, vous serez seule, car quoi qu’il advienne, je ne me battrai pas pour vous.
- Mm ... "
La déesse détache son regard de celui du Seigneur des Océans, exprimant une vérité.
" Ton attitude, Poséidon. Tellement égoïste ... Je devine que notre rencontre n’est pas une coïncidence. Sans doute as-tu senti l'imminence de mon arrivée, et es-tu venu m'attendre ici. Et nous y voilà. "
La divine Athéna, alors, passe son regard des marinas à cet homme face à eux …
" J’ai pourtant le sentiment d’avoir raté quelque chose. Vous en savez plus long que moi, Poséidon, et vous me connaissez suffisamment pour faire des suppositions à mon sujet.
Je vous en prie, commencez.
- Soit ! "
Huit témoins d’une rencontre légendaire se raidissent, comprenant que les prochaines paroles leurs seront destinées.
Les longues paroles du Seigneur des Océans expriment le passé. Elles expriment le présent. Elles expriment l’avenir.


~~~~~


" Marinas, néréide, usurpateur, nous sortons enfin d’une guerre bien pathétique.
Masque de Mort du Cancer, Aphrodite des Poissons, ils sont morts au nom de la déesse qu’ils étaient censés honorer.
Bian de l’Hippocampe, Krishna de Chrysaor, Io de Charybde, Kasa du Lymnade, ils sont tombés en défendant ma cause.
Pauvres malheureux, hélas, leurs trépas horribles n’aura eu aucun sens car cette guerre n’était pas la leur. Chevaliers, généraux, ils ont juré la fidélité jusqu’à la mort, à leur déesse Athéna, ou à moi, Poséidon. Mourir pour nos causes, tel était leur devoir. Mais la guerre qui les a perdu n’était pas une guerre sainte, qui nous aurait opposé, elle et moi, au nom de nos idéaux.
Cette guerre fut celle d’un général et d’un usurpateur, frères de sang, qui cherchaient à assouvir leurs rêves de conquêtes et de supériorité sur l’autre.
Pauvres fous, tant de sang aura coulé !
Six guerriers de légendes sont tombés, et cela représente une perte effroyable.
Pas pour elle.
Pas pour moi.
Pour la Terre ...
Les combats doivent cesser. Tous, absolument et dès aujourd’hui, car chaque guerrier tué, chaque guerrier affaibli représente un espoir en moins.
Athéna, oui, sans doute nous affronterons-nous encore. Mais ce sera une autre époque, un autre siècle, et à la condition que quelqu’un soit encore là pour se souvenir de nous. En attendant, la chose la plus sage à faire, je vais l’ai dite, je la répète :
Ne nous affrontons pas.
Certains ne suivront pas ce conseil. L’usurpateur en eux ne le comprendra pas. Je comprends cela, il n'est pas donné à tout le monde d'être un dieu, et ainsi de connaître tout de la Terre et de ses ennemis. Un jour, vous comprendrez, et alors il vous faudra racheter vos erreurs. Souvenez-vous alors que la mort ne pardonne rien.
Divine Athéna, pour que l’espoir subsiste, vous serez obligée de faire face à l'adversité. Puissiez-vous une fois de plus accomplir un miracle. De votre réussite dépend la survie de l’espoir.
Suivants d’Athéna, je vous souhaite bon courage. Faite couler aussi peu de sang que possible, mais sachez préserver le vôtre.
Sorrento de la Sirène Maléfique, je te confie ma servante, la néréide Thétis. Veille sur elle comme tu veillerais sur ta propre soeur. Je te charge également d’assister Kanon, afin que le Sanctuaire sous-marin ne sombre à nouveau dans l’oubli.
Kanon du Dragon des Mers, tu es libre de te faire pardonner tes erreurs envers moi. Tu as ton propre avenir pour cela. Je te confie le Sanctuaire sous-marin, tâche de le rendre plus noble et plus digne. J’ai confiance en toi. Souviens-toi du chevalier du Taureau Je te confie également quelqu'un d'important. Fait en sorte que rien ne lui arrive. Si tu échoues, ta vie toute entière aura été un échec.
Sorrento de la Sirène Maléfique, encore, tu es un musicien hors pair. Sors donc ta flûte, et joue comme jamais tu n’as joué. Tes notes mettront un terme à mes recommandations.
Vous tous, qui m’écoutez, n’oubliez pas mon existence. "


~~~~~


La divine Athéna exprime un sourire où se mêlent satisfaction et tristesse. Voir son ennemi s’exprimer ainsi. Cela doit être une réminiscence inconsciente, car elle sait que la chose n’est pas son habitude.
C’est alors que s’envole la mélodie.
La mélodie, douce et pure. Les notes semblent atteindre le ciel tant elles sont belles. Sur un rythme lent, l’harmonie impose son rythme calme au sein de tous les êtres présents, apaisant colères, rivalités, craintes et angoisses.
Nul ici n’a jamais entendu pareille musique. Le général de la Sirène Maléfique n’était pas un guerrier. Lors des concerts où il jouait en tant que soliste, il avait plusieurs fois attiré l’attention. Contrairement à ses camarades, sa maîtrise n’était pas la meilleure. Mais elle était aimable, sa musique, tant il y mettait de coeur. L’émotion. L’émotion était ce qui rendait sa musique si passionnée, si envoûtante. Déjà, Sorrento utilisait sa musique pour apaiser ses propres émotions négatives, ainsi que celles de ceux qui l’écoutaient.
Le jour où il arriva au Sanctuaire de Poséidon, ses appréhensions étaient grandes. La compassion, la nostalgie et la sérénité étaient ses seules forces, celles qu’il exprimait avec sa flûte. Utiliser cette musique comme une arme, cette idée ne lui est venue qu'après. La maîtrise de sa cosmoénergie avait ensuite fait accroître encore sa maîtrise. Mais les mélodies ne servaient plus qu’à tuer ... Cela aussi, il l’accepta. Il avait embrassé le destin de Poséidon, et des sacrifices, il pouvait en faire.
En ce jour chaud du Sanctuaire sacré d’Athéna, Sorrento exprime tout cela en une mélodie qu’il improvisait avec une perfection et une émotion des plus grandes.
Quand les notes cessent, la réalité réapparaît, comme si l’espace d’un instant elle s’était écartée pour ne pas interrompre le moment prodigieux.
Tous, alors, se demandent qui osera briser l’ambiance merveilleuse ...

Le bruit est un applaudissement.
L’applaudissement est celui de Poséidon. Tous se tournent vers lui.
Une grande énergie se dégage. Il y a un mouvement, un bruit métallique.
" C’est son armure ! ", s’exclame l’homme qui accompagne la divine Athéna.
" Son armure quitte son corps ! "
Telle est la vérité. Semblant se mouvoir par une volonté propre, la protection divine, morceau par morceau, se détache du corps humain. Chaque partie de l’armure divine, ensuite, vient se ranger soigneusement, s’assemblant aux autres.
C’est terminé. L’armure a totalement dévêtu celui dont on dit qu’il est un dieu. Elle s’est posé à même le sol, et représente de par sa forme le buste divin de Poséidon. Le Trident divin est venu se placer dans la main droite de cet objet qui ressemblerait presque à une statue. Certains disent qu’ainsi assemblée, les armures sont sous une forme qu’ils appellent ‘totem’.
La protection divine s’est retirée de son propriétaire !

" Où suis-je ? "
Des mots simples. Tellement pleins de sens ...
" Qui êtes-vous ? "
C’est Kanon, le général Dragon des Mers d’apparence divine, qui attrape la main de l’homme désincarné.
" Ne vous inquiétez pas, Julian. J’assure votre sécurité. Je vais vous ramener chez vous. Après tout, nous n’en sommes pas si loin. "
Sorrento ferme les yeux. Il exprime une vérité.
" Ainsi Poséidon a jugé que cette époque n’était pas la sienne. Ainsi est-il volontairement retourné dans son sommeil divin. Son corps était celui de Julian Solo. L’âme de Julian Solo a donc retrouvé sa propriété.
J’ignore si vous, usurpateur, et vous, divine Athéna, allez écouter ses dernières paroles. Nous autres marinas, n’avons pas ce choix, nous suivrons donc sa volonté.
Athéna, j’aimerais vous dire adieu, mais ce serait mentir.
Au revoir, donc. "
Prenant une jeune femme vide de toute expression par le bras, le général s’éloigne. Disparaît, enfin. Le suivant de peu, Kanon. Emportant avec lui l’armure divine de Poséidon, et un Julian Solo un peu perdu, leurs pas rapidement les mettent hors de vue.
Il y a un instant de silence, durant lequel six personnes n’osent dire un mot.
Suite à quoi, la divine Athéna exprime des mots pleins de mélancolie.
" Poséidon est d’une sagesse inhabituelle. Il a compris que lutter nous desservirait à tous.
Vous, celui que Poséidon appelle 'usurpateur', qui que vous soyez, je voudrais à présent connaître votre opinion sur la question. C’est très important, vous comprenez. "
C’est un rire méchant. Un rire fou. Le ricanement de celui qui se prépare à ...
" Pauvre folle !
Athéna, Poséidon, qui sais-je d’autre, je n’ai nullement l’intention de vous laisser interférer avec mes plans ! "


~ 5 ~


" Pauvre folle !
Athéna, Poséidon, qui sais-je d’autre, je n’ai nullement l’intention de vous laisser interférer avec mes plans !
Ha ha ha !
Poséidon s’est retiré. Il a brisé l’équilibre.
Athéna ! Ainsi malgré mes soins tu es toujours vivante. Quelle femme de pouvoir tu aurais pu devenir ! Pauvre fille, te jeter ainsi dans la gueule du loup ...
Poséidon aura beau raconter je ne sais quels discours, la Terre m’appartiendra. De fait, tu deviens un obstacle de taille, et donc ma pire ennemie. Ce qui n’a pas été accompli il y a quinze ans le sera ici même, aujourd’hui. "
Ensuite, viens la folie. La volonté de tuer. La force de tuer.
Ainsi, le Grand Pope fait un pas en direction de la déesse ...
" 'Usurpateur', je ne comprends guère ce que vous êtes, mais je ne vois en vous qu’un homme qui souffre, et j’éprouve une sincère compassion à votre égard. Mais ça ne me fait pas moins désapprouver votre attitude. De plus, Poséidon semblait éprouver une inquiétude.
- Je sauverais la Terre de toutes menaces ! J’en ai la force ! Seul me manque ... "
De ce temps, l’homme de pouvoir avait encore réduit d’un pas la distance entre elle et lui. Mais sans doute vient-il de penser à quelque chose, le voilà qui semble frappé d’une révélation ...
" Maintenant que j’y pense, sans doute possèdes-tu un objet qui me revient de droit. Peut-être même deux ... "
Mais bien vite, à nouveau la force et l’hostilité réapparaît.
" Qu’importe ! Il ne me sera pas beaucoup plus dur de les retrouver sans toi.
Athéna, prépare-toi ! "

Depuis les temps mythologiques, le Grand Pope choisi son successeur parmi les chevaliers d’or. Le plus méritant d’entre eux reçoit cet honneur. Les critères de choix peuvent être la pureté de l’âme, ou encore la bonté, mais la force physique est également prise en compte : de par la position de sa chambre au sein du Sanctuaire, le Grand Pope est l’ultime défenseur d’Athéna !
Celui-ci serait-il un usurpateur, qu’il lui aurait fallu se débarrasser d’un adversaire des plus puissants. On peut facilement en déduire que celui-là qui se fait passer pour le Grand Pope, celui qui déjà se jette les mains en avant sur celle qu’il est censé protéger, n’est pas le moins habile ni le moins fort. Athéna ne peut pas comprendre cela, mais elle devine combien grande est cette puissance, à la vue de l’énergie déployée par son agresseur.
Ainsi, un homme de pouvoir, vêtu d’une large tunique et d’un heaume, portant un masque, lance son poing en avant, en direction d’une jeune fille incarnant l’Innocence. L’impact va avoir lieu ...

Un mouvement furtif ... quelque chose d’imprévu.
" Comment ! "
Le Grand Pope possède une vitesse d’exécution incomparable, aussi a-t-il parfaitement compris l’action. A l’instant où sa main allait heurter le visage pur d’une déesse réincarnée, sous le regard horrifié et impuissant d’un kendoka chauve, une silhouette s’est interposée. De son poing, l’individu vient de frapper le membre qui s’apprêtait à donner la mort, le déviant de sa trajectoire.
Les longs cheveux de la déesse sont soulevés par l’air déplacé par le mouvement. Elle-même, à aucun moment, n’a tenté quoi que ce soit pour éviter le poing mortel. Telle est sa confiance ...
A ses côtés, se tient celui à qui elle doit la vie.
C’est un jeune garçon. Sa chevelure châtain et son regard assuré lui donnent une allure de fauve. Mais la chose la plus remarquable en lui reste son vêtement. Par dessus un ensemble moulant orange, l’aspect incontestable d’une armure le rend pareil à un chevalier sacré.
‘On dirait des armures d’argent.’, se dit l’usurpateur.
‘Ce n’en sont pas, évidement ...’
" Toi ! Qui donc es-tu pour prendre le parti de protéger cette jeune fille ? Tu es jeune, il serait regrettable que quelque chose t’arrive. "
Le jeune garçon reste un instant silencieux. Son sourire laisse deviner une grande confiance en lui-même.
Ensuite, seulement, viens le temps des présentations.
" Qui que tu sois, tu me demandes qui je suis pour protéger celle que tu veux tuer. Mon identité, tu la veux ? Soit !
Je suis l’espoir ...
Un des trois guerrier du programme Kido. Un défenseur de la justice, protecteur d’Athéna, guerrier de l’humanité.
Je suis Daichi, chevalier d’acier du Petit Renard, de la Terre et des transports terrestres. Et si tu désires la toucher, il te faudra d’abord m’affronter ! "


~ 6 ~


" Je suis Daichi, chevalier d’acier du Petit Renard, de la Terre et des transports terrestres. Et si tu désires la toucher, il te faudra d’abord m’affronter ! "
Il n’est pas dans les habitudes du Grand Pope de rester interdit. Mais certaines situations savent s’imposer. Ainsi, les paroles de ce dénommé Daichi laisse l’usurpateur muet.
Mais même l’irrationnel sait redevenir rationnel. Le tout est de lui en laisser le temps. Ainsi, rapidement, le Grand Pope se trouve être à nouveau apte. Ses mots sont autant de questions.
" Tu dis être un ... chevalier d’acier ?
- Parfaitement ! "
Une autre voix !
Un autre guerrier. Celui-ci a un air moins sympathique. Sa chevelure mauve a quelque chose de malsain, une cicatrice souille sa joue droite, son sourire et son regard ont quelque chose de sournois. Son costume bleu est recouvert par une autre de ces armures étranges, bleue elle aussi.
" Je suis Ushia, chevalier d’acier de la Dorade, de l’Eau et des transports marins.
- C’était quoi, ça ? De l’humour ? ", s’exclame le Grand Pope, qui n’a pourtant pas l’air de vouloir en rire.
" Quant à moi ... ", affirme la troisième silhouette, exhibant son armure rouge avec un air un peu plus mature.
" Quant à moi, je suis le chevalier d’acier du Toucan, de l’air et des transports Aériens. Mon nom est Shô. Avec mes camarades Daichi et Ushia, nous sommes les chevaliers d'acier. "


~~~~~


A présent, les trois silhouettes forment une barrière. Derrière cette barrière, se trouve Athéna réincarnée, accompagnée d’un homme de main un peu lent mais fidèle. En face de cette barrière se trouve un homme de pouvoir stupéfait.
Ses mots n’ont encore rien de la mortelle agressivité qui va bientôt s’emparer d’eux.
" L’ordre des chevaliers d’acier ? Je ne comprends rien à ce que vous racontez. Qui êtes-vous donc ? "
Tels un seul homme, les trois jeunes garçons parlent, alors.
" Nous sommes les enfants de la technologie. Conçus pour rendre le monde meilleur.
- Nous sommes récemment devenus les protecteurs de la réincarnation de la divine Athéna.
- Nous sommes donc ses chevaliers. Les chevaliers d’acier ! "
Le Grand Pope n’est pourtant pas du genre à se laisser emporter, mais ...
" Foutaises !
Des gamins équipés de gadgets ne seront jamais de véritables chevaliers ! Vous n’avez pas le pouvoir de vous baptiser ainsi !
- Et pourtant, nous possédons des armures, et Athéna elle-même nous a accepté.
- Des armures ? C’est impossible. Seriez-vous des renégats venus de l’île de la Reine Morte ? "
Il y a un instant de silence. Un instant durant lequel le Grand Pope se maudit.
‘Aussi bien, ils ne connaissaient pas cette île. Cela me donne une raison de plus ...’
C’est Ushia de la Dorade qui repart avec des mots simples.
" Les armures de bronze, d’argent et d’or ont autrefois été créées par des hommes, guidés par une puissance divine. Qu’y a-t-il de surprenant à ce que d’autres y arrivent ? Nos armures d’acier sont les fruits de la science et de la technologie, et doivent bien valoir les mythiques armures sacrées.
- Des armures technologiques ?
- La technologie a enfin sa chance. Nous ferons entrer la chevalerie d’Athéna dans une époque d’acier. "
Le rire du Grand Pope. Le rire, et les mots.
" Pauvres fous ! Je me fiche bien de vos projets. Si vous protégez Athéna, cela me suffit pour que je vous ... tue. "
Alors, enfin, croît en l’homme de pouvoir la redoutable et invincible cosmoénergie.


~~~~~


" Mademoiselle, un combat va avoir lieu. Nous ferions mieux de laisser faire les chevaliers d’acier et de rejoindre l’hélicoptère.
- Non, Tatsumi. J’apprécie votre inquiétude à mon sujet, mais si ces jeunes garçons combattent en mon nom, je dois les assister. Je tiens à eux autant qu’à ma propre vie.
- Vous ne pouvez pas dire cela. S’ils échouent, vous mourrez.
- J’ai confiance en eux. "

Le cosmos du Grand Pope n’en finit pas de croître.
Les chevaliers d’aciers commencent à ressentir une vague inquiétude. Ils se souviennent de ce qu’on leur a dit, durant toutes ces années.
" Les chevaliers sacrés sont prodigieusement forts et prodigieusement rapides. "
Chaque jour que la vie leur a jusqu’ici donné, chacun d’entre eux s’était attaché à dépasser leurs limites, afin de devenir à leurs tours prodigieusement forts et prodigieusement rapides.
" Ainsi cette ‘cosmoénergie’ serait une chose réelle. ", avait un jour dit Shô. " Avec elle et nos armures d’acier, nous seront invincibles. Alors seulement, nous pourrons rendre le monde meilleur. "
C’était bien avant l’éveil d’Athéna en Saori Kido. La présence divine avait profondément bouleversé le programme Kido. Contrairement à certaines thèses, les guerriers auraient aussi un rôle à jouer.
Malgré cela, ces enfants que sont Daichi, Ushia et Shô ne doutaient pas de leurs capacités. Entourés d’humains normaux, ils semblaient invincibles.
Mais cet homme ...
Jamais ils n’avaient ressentit pareille puissance. Jamais ils n’en avaient soupçonné l’existence ...
" Il attaque ... "


~~~~~


Cet homme, l’usurpateur, est bien plus rapide encore, quand il le désire. C’est aussi car il ne croit pas aux forces de ses adversaires qu’il limite ainsi ses capacités. On dit que même un lion use de toute sa puissance pour tuer un rat. Un homme n’est pas un lion ...
L’assaut se trouve être un simple coup de poing porté au visage. La cible est le chevalier du Toucan. Il a été choisi, lui, car il se trouve entre les deux autres, et qu’il s’est présenté en dernier.
Mais les chevaliers d’acier possèdent bien des ressources. Ainsi, Shô, le Toucan, recule promptement, surprenant jusqu’au Grand Pope par sa vitesse insoupçonnée.
" Qu’est-ce que ... "
Le premier esquive, les deux autres attaquent. Ainsi, l’usurpateur se trouve pris entre deux feux. Ushia se jette sur lui dans un coup de pied sauté parfaitement exécuté, menaçant le visage masqué. Daichi, le troisième, vise son adversaire au ventre.
Ainsi menacé par deux attaques, et emporté par son élan, le Grand Pope se trouve être obligé de bondir en avant, évitant les deux attaques. Mais cela aussi faisait parti du piège. Posant le pied au sol, le Grand Pope voit un poing se jeter sur son visage. C’est Shô, encore. Ce dernier avait manifestement préparé cette contre-attaque dès le début, ainsi a-t-il pu accomplir cette manoeuvre difficile.
Mais le Grand Pope n’est pas le moins rapide. Sa vitesse d’exécution est légendaire, aussi n’a-t-il aucun mal à bloquer l’attaque avec la paume de sa main. Ainsi en contact, Shô fait quelque chose de surprenant. Une saisie. Son attaque ayant échoué, son poing s’ouvre, agrippant le poignet du Grand Pope. Il lui reste une main, alors, pour tenter encore une nouvelle attaque. La cible est le ventre. Alors seulement le Grand Pope réalise qu’il s’est laissé encerclé. Les deux autres enfants sont déjà sur une nouvelle offensive. Le premier exécutant un fauchage, le deuxième tentant un coup à la tête.
Etre ainsi la cible de trois attaques n’est pas dans les habitudes du Grand Pope.
‘Je suis le Grand Pope’, s’entent-il penser.
‘Ma vitesse est celle de la lumière, ma force celle d’un volcan.’
C’est alors que l’assaut prend fin. Le Grand Pope vient de sa main libre de balayer ces trois êtres qui s’acharnaient sur lui.
Tout cela avait duré à peine une seconde ...


~~~~~


L’impact est d’une violence absolue, les guerriers sont tous les trois projetés plusieurs mètres en arrière. Subir la charge d’un taureau en furie n’aurait pas été plus agréable ...

Il n’y a pas grand monde pour le voir, mais le sourire confiant de la divine Athéna vient de disparaître. Peut-être est-elle un peu moins sûre qu’il y a un instant.
A son côté, Tatsumi lui chuchote quelques mots.
" Mademoiselle, je vous prie de me pardonner. "
La déesse tourne la tête.
" Mademoiselle, j’ai promis à votre grand-père de vous protéger.
‘Protégez-là d’elle-même, s’il le faut.’ C’est ce qu’il m’a dit, alors.
C’est pourquoi vous allez me suivre, à présent. Nous attendrons les chevaliers d’acier dans l’hélicoptère. "
Sans doute reconnaît-elle la sagesse du propos, la divine Athéna acquiesce.

Trois enfants peinent à se relever. Leur exécuteur, un masque anonyme, s’en préoccupe.
" Chevaliers d’acier, ou quoi que vous soyez, recevez mes félicitations. Votre technique et votre coordination font de vous de véritables experts. Vous agissez de façon si synchronisée que j’ai été obligé d’utiliser un peu plus de ma puissance. Mais vous ne viendrez jamais à bout de moi. Vos mouvements sont exceptionnels, ce à quoi il faut ajouter que vous m’êtes supérieurs en nombre, et que vous êtes manifestement habitués à combattre ensemble. Mais il est une chose qui fait que je vous écraserais toujours. Je parle de cette différence fondamentale de puissance ...
Tout est question d’échelle. Qu’importe la technique, si la vitesse et la force ne suivent pas, c’est la défaite assurée. Et de ce côté là, je vous suis mille et mille fois supérieur.
- Foutaises ! "
Ainsi s’exclame le Petit Renard, crachant déjà quelques dents ensanglantées.
" Nous nous relevons, donc tu as tort !
- C’est vos armures, je suppose. Elles me font penser à des armures d’argent. Vous-même me faites penser à des chevaliers d’argent. Je vous ai attaqué à environs deux fois la vitesse du son, et cela s’est révélé insuffisant. J’évalue donc votre vitesse à approximativement deux à trois fois la vitesse du son. Cela correspond à peu prés au niveau d’un chevalier d’argent. De plus, j’ai ressenti un cosmos non négligeable en vous.
Je suis impressionné que la construction de telles armures soit possible. Je le suis plus encore qu’il soit possible pour de simples humains de développer un tel pouvoir sans l’aide d’anciens.
Mais le résultat est le même. Que voulez-vous que trois équivalents chevalier d’argent fasse à quelqu'un de la catégorie supérieure ? "
Les trois se sont enfin relevés. Ils sont meurtris. Leurs tuniques sont déchirées, laissant place à plusieurs plaies. Ushia saigne du nez.
Mais ils sont bel et bien vivant.
" Toi ! ", ainsi s’exclame Shô.
" Toi ! Tu dis nous être de loin supérieur. Nous pensons qu’il n’en est rien, et croyons encore à la victoire. C’est pourquoi nous nous battrons encore ! "
L’adolescent parle au pluriel, mais ses camarades acquissent.
Il faut du temps avant que le Grand Pope ne se décide. Intérieurement, il pèse le pour et le contre d’une décision délicate à prendre.
‘Ils ne sont pas un danger pour moi, mais je ne peux pas revêtir mon armure. Il n’est pas question pour eux de parvenir à me blesser, mais s’ils y parvenaient, je serais vulnérable. Athéna est en train de s’enfuir, il me faut en terminer rapidement. Leurs armures sont résistantes, j’aurais du mal à les briser facilement. Utiliser plus de pouvoir reviendrait à me dévoiler un peu plus. Un chevalier d’or pourrait ressentir mon cosmos, le reconnaître et faire les conclusions qui s’imposent.’
" Qu’est-ce qu’il fait ? "
Ainsi questionne Ushia.
" Il hésite. ", lui répond Shô.
C’est comme une accalmie. Mais le beau temps jamais ne dure, quand fait rage la tempête. Ainsi, un homme vient de s’affranchir de ses derniers doutes ...
" Chevaliers d’acier ...
- Eh ! On dirait que sa voix a changé !
- Chevaliers d’acier, vous ignorez tout de la véritable puissance. Tout ceci est de votre faute. "
L'homme fait un geste, puis ...


~~~~~


L’explosion d’un cosmos !
Quelque chose d’inimaginable !
" Qu’est-ce que c’est que ça ! ", s’exclame Daichi.
" On dirait que quelque chose va exploser ! "
La réponse muette du Grand Pope est celle du bourreau.
‘C’est le septième sens, gamin.’
Puis, une vie disparaît.
" Par l’Illusion Démoniaque ! "

" Il a disparu ! ", s’exclame Ushia.
" Je suis ici gamin. "
La voix vient de ...
" Daichi ! Il est derrière toi !
- C’est inutile.
- Qu’est-ce que ... "
Le Petit Renard n’a pas même esquissé un mouvement. Il reste là. Debout. Immobile.
L’instant dure une éternité ...
Enfin, le Grand Pope daigne faire un geste. Son doigt vient toucher cet adolescent, si beau dans son armure orange.
Le corps inconscient s’effondre à même le sol.
" DAICHI !! "
Ushia est bouleversé.
" Il est mort. "
La plate remarque de Shô tombe, implacable, comme le couperet d’une guillotine.
" Mort ? Comment pourrait-il être mort ?
- Toi aussi tu as ressentis cette puissance. Nous ne l’avons même pas vu se déplacer tant il a été rapide. Daichi n’a pas pu être plus vif. Voilà pourquoi je suppose qu’il est ... mort. "
Le dernier mot résonne dans un sanglot. Serait-ce ...
... des larmes ?
" Tu supposes. ", avance l’assassin, implacable.
" Mais tu supposes bien. L’Illusion Démoniaque me permet d’altérer la pensée de mes adversaires. Celle-ci, je l’ai purement détruite. Il n’y a pas d’armures pour cela.
- Daichi ... "
Ainsi se lamente Shô.
Peut-être est-il trop tard.

" Par l’Illusion Démoniaque. "
A nouveau, il disparaît.
Une pensée, celle de Shô.
‘Je suis encore en vie, c’était pour Ushia. Je n’ai toujours rien vu ...
Ushia ...’
" Ne m’enterre pas trop vite, Shô. "
Cette voix !
" Ushia ?!
- Hé hé ... "
Si le Grand Pope ne portait pas de masque, il froncerait manifestement les sourcils, comme très insatisfait.
" Ainsi, ce gamin a survécu à mon attaque ?
Quel est ce prodige ... "
La réponse ne tarde pas.
- Sache que la même technique ne fonctionne pas deux fois sur un chevalier d’acier.
- J’ai déjà entendu cela. Vous seriez de véritables chevaliers ?
- Tu as dis qu’aucune armure ne protégeait de ton Illusion Démoniaque. Tu faisais erreur. La mienne le peut. L’armure d’acier de la Dorade est équipée d’un brouilleur d’ondes mentales sur son casque. J’ai activé ce dernier avant ton attaque. Même si je ne l’ai pas vu venir, ma protection a été vaguement efficace.
Encore que ... "
Un vertige. Ushia pose un genou au sol ...
" Encore que pas complètement, j’ai l’impression "
Shô, le Toucan, ressent un vague espoir. Lui-même n’est pas équipé du brouilleur, mais au moins leur adversaire l’ignore-t-il. Sans doute ne tentera-t-il plus cette technique redoutable …
" Chevalier de la Dorade, c’est cela ? "
L’intéressé relève la tête.
" Tu dis que la même technique ne fonctionne pas deux fois sur toi ? Très bien. Je n’ai plus qu’à en utiliser une autre. "
Il faut entendre le hurlement de Shô ...
" Ushia ! Fais attention ! "
Il est un peu tard ...
" Another Dimension. "
Au moins cette technique n’a-t-elle pas la même vitesse d’exécution que le Poing Démoniaque. Pour ce qui est de l’esquive ...
Un phénomène étrange ...
C’est l’espace lui-même qui semble se déchirer. Le sol qui soutenait Ushia vient de disparaître, laissant la place à quelque chose d’indescriptible. Une sorte de non-espace, au-delà de toute compréhension.
La chose ne dure pas, certes non. Bien vite, la déchirure spatiale se referme, engloutissant un adolescent qui poussait un dernier hurlement.
" SHOOOOO ! "
Mais l’intéressé ne lui vint pas en aide. Il a déjà compris que la situation est perdue, et la résignation de perdre son ami, il l’a acceptée. Lui-même sent le désespoir le gagner. Au moins a-t-il une carte à jouer. Peut-être est-ce du bluff, lui-même n’en est pas sûr.
" Usurpateur ! Ce que t’as dit celui dont tu viens de prendre la vie était vrai.
- Je n’ai pas pris sa vie, gamin. Je l’ai projeté dans une autre dimension. La nuance, tu devrais l’apprécier. Les probabilités pour qu’il tombe en un lieu où il y a de l’oxygène sont de ... "
L’homme semble presque s’amuser de cette évaluation.
" Elles sont de ...
Bon, admettons que j’ai pris sa vie.
- La même technique ne marche pas deux fois sur un chevalier d’acier. Mon armure renferme un bouclier dimensionnel. Il peut aspirer et renvoyer toutes les attaques !
- Tu me fatigues, chevalier, ou quoi que tu sois. Avec tout ce temps perdu, Athéna est prête à s’enfuir. Reçois ma sanction.
- Que ... "
Puis.
" Galaxian Explosion ... "


~~~~~


Une minute plus tard

‘Maudits chevaliers d’acier. Ils ont permis à Athéna de s’enfuir. Pire, ils m’ont fait perdre mon sang froid. Ce Shô, je l’ai désintégré. Il ne doit rien en rester.
Que ...’
" !!! "
Un objet métallique traîne par terre. Il y en a plusieurs, en fait. Leur couleur rouge ne laisse aucun doute ...
‘Des morceaux de son armure d’acier. Ainsi, l’armure d’acier du Toucan n’a pas été complètement désintégrée par Galaxian Explosion. Je suis impressionné …’
Regardant le sol autour de lui, son regard tombe sur le corps lobotomisé du Petit Renard. Un sourire se dessine sur ses lèvres.
Ses derniers mots, c’est à voix basse qu’il les dit. Le bruit désagréable d’un hélicoptère en couvre la sonorité.
" Nous nous retrouverons, déesse Athéna. Je remuerais ciel et terre, j’y passerais un an s’il le faut, mais le jour viendra. Et alors, tu me rendras mon bien. Et tu mourras. "
Encore ce rire affreux. Celui-ci, pourtant, meurt au bout de ses lèvres, à peine quelques secondes plus tard.
La silhouette se prend la tête entre les mains, s’effondre à genoux. D’un geste, l’homme retire son masque. Ses yeux pleurent des larmes de sang.


Premier épilogue


Ainsi le divin Poséidon s’en est allé. Une partie de mon être est rassuré par cette tournure des événements. Ces derniers auraient très bien pu tourner en mon désavantage. Pendant quinze ans j’ai manipulé le Seigneur des Océans afin d’assouvir mes rêves de vengeance et de conquêtes.
Qu’y ai-je gagné ?
Certes, les choses auraient pu évoluer différemment, mais j’ai le sentiment que dès le départ ma stratégie était vouée à l’échec.
Plusieurs hommes sont morts.
Bian, Io, Krishna, Kasa, mais aussi Masque de Mort, Aphrodite, Moses, Dio, ainsi que les gardes du Sanctuaire d’Athéna. J’ai du sang sur les mains.
Je suis surpris que la chose provoque en moi un vague regret.
Ai-je été inconsciemment influencé par la présence de la divine Athéna ?
Sont-ce les derniers mots de Poséidon ?
‘Tu es libre de te faire pardonner tes erreurs envers moi.’, m’a-t-il dit.
‘Tu as ton propre avenir pour cela. J’ai confiance en toi. Souviens-toi du chevalier du Taureau.’
Le chevalier Aldébaran du Taureau.
Peut-être est-ce de sa faute, en fait.
Alors que le malheureux Bian l’affrontait, je n’ai pas hésité à autoriser Io à le frapper de dos. Le résultat avant les méthodes : une attitude peu glorieuse, j’en avais conscience. Malgré cela, j’ai interdis la mise à mort de ce chevalier. Le malheureux était à l’agonie. Il avait déjà perdu conscience, et allait probablement mourir rapidement. Mais il restait un ennemi, et en ce nom, il était de mon devoir de lui porter le coup de grâce. Je ne l’ai pas fait.
Tuer un adversaire en combat loyal est une chose que beaucoup de monde accepte. Faire preuve de lâcheté est une chose souvent condamnée. Achever un blessé ...
Donner cet ordre je n’ai pu m’y résoudre. J’en ignore la raison exacte. Mon instinct me l’a dicté Jusqu’alors, j’étais persuadé d’être un homme impitoyable. Mais ce jour-là, les événements se sont succédés. Je n’ai pas eu le temps d’y repenser. Jusqu’à aujourd’hui, et grâce à Poséidon.
Je réalise que j’ai profondément envie de me soumettre à ses dernières volontés. Et après tout, peut-être se réveillera-t-il à nouveau. Il vaudrait mieux pour moi que je puisse alors affronter son regard.
Poséidon avait raison. Cette guerre était la mienne et celle de Saga. En lançant l’offensive contre le Sanctuaire, j’espérais bien sûr prendre la vie d’Athéna, mais c’était un objectif secondaire. La vérité, c’est que c’était pour moi le meilleur moyen de faire ravaler sa fierté à mon frère. Je voulais également mener certaines personnes à la mort. Sorrento commençait à me regarder bizarrement, dernièrement, mais c’est Kasa du Lymnade qui me causait problème. Il était clair qu’il en savait beaucoup sur moi. Ce rapporteur aura sans doutes donné quelques informations à Poséidon. J’ai voulu sa mort, mais quand le chevalier de la Vierge la lui a donné, je ne me suis pas sentit mieux pour autant.
Quant à l’Ebranleur du Sol, c’était lui qui me manipulait. Ma suggestion pour l’offensive était basée sur l’affaiblissement du Sanctuaire. Mais avec la triste mort de Garn du Kraken, nous-même étions également affaiblis. Poséidon a fait mine de ne pas remarquer cette faille dans mon raisonnement, afin d’accomplir ses propres objectifs. Il a même envoyé sa servante, Thétis, procéder à une déclaration de guerre. Je pense qu’il a fait cela afin de mettre la pression sur le Sanctuaire, et faire en sorte qu’Athéna soit plus facilement repérable. Pauvre néréide, j’espère que Sorrento saura s’occuper d’elle ...
Poséidon, dans son ultime recommandation, a laissé sous-entendre qu’une nouvelle menace allait bientôt menacer la Terre. Que cela soit vrai, je verrais bien, alors, quelle sera mon attitude.
Et alors, ma destinée s’accomplira ...

Mémoire de Kanon du Dragon des Mers


Deuxième épilogue


" Voilà deux jours Mlle Kido et Tatsumi sont revenus. Le rapport de Tatsumi ne présage rien de bon. Mr Kajiya, pensez-vous que l’espoir demeure ?
- Mr Ninko, je ne sais trop quoi vous dire. Le programme Kido n’a pas été fait pour former des guerriers. Avoir des hommes forts faisait parti de nos objectifs, mais cela n’aurait pas du se passer ainsi. Les premiers prototypes d’armures d’acier étaient plutôt simples. C'étaient des armures de guerriers, mais ...
Ces pauvres enfants ...
Nous étions trop sûrs de nous. Nous les avons laissé croire qu’ils étaient invincibles. Ca les a tués. Il est évident que nous ne ferons plus cette erreur, mais se pose un autre problème. La deuxième génération d’armure a profité de notre plus grande expérience dans la gestion des concepts, et je pense qu’elles ne seront jamais obsolètes. Une éventuelle troisième génération ne la supplantera sans doute jamais. Le problème, c’est que cette deuxième génération n’a pas été prévue pour le combat. Les jeunes garçons qui la feront n’ont pas été préparés pour cela, et il est trop tard pour y remédier. La première génération était très imparfaite, mais elle était censée assister la seconde.
Maintenant, Shô, Daichi et Ushia sont morts.
- Mademoiselle Kido pense que le Sanctuaire aura une attitude hostile à notre égard. Que ferons-nous en cas d’attaque ?
- Il nous restera l’espoir. Et qui sait, peut-être finirons-nous par comprendre le Spécimen ?
- Nous n’y arriverons sans doute pas seuls.
- Je sais ... "

Discution entre Mr Ninko et Mr Kajiya, responsables du programme Kido

Fin du Premier Age

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Cette fiction est copyright Frédéric Ramirez et Gille Monchoux.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.