Premier Age : Interludes


La scène se passe dans l’espace agité du lieu de restauration d’un orphelinat.
La plupart de ces centres pèchent par l’étroitesse de leurs capacités, mais celui de la fondation Graad possède un potentiel impressionnant. C’est plusieurs dizaines d’adolescents qui animent l’ambiance sinon triste du lieu. Chambres, cours, et donc cantine. Par un hasard curieux, la plupart des enfants ont fêté leurs quinzièmes anniversaires durant les mois précédents. Les autres n’en sont pas bien loin ...

" Planquez-vous, les gars, ce soir c’est Hyoga qui apporte à manger ! "
Dans ce contexte, il est un groupe formé de ces orphelins qui se tient à l’écart. Sans doute ont-ils eux aussi quelque chose à fêter, n’importe quelle raison qui les pousserait à faire bande à part. Il est des personnes qui s’entendent bien. Certains appellent ce lien étrange et fraternel l’amitié.
Toujours est-il que le groupe se désintéresse de l’organisation monotone du repas. Sans doute ont-ils quelque autre plan.
" Paniquez pas, c’est ma maman qui l’a faite. "
Sur la table, l’un d’entre eux pose un large récipient. L’adolescent est blond. Il répond au nom de Hyoga. Ses mots sont comme émerveillés.
" Ma mère l’a faite, vous savez quelle cuisinière elle fait. Je me suis levé tôt, et déjà elle était à la tâche.
‘Tu déjeunes avec tes amis de l’orphelinat.’, m’a-t-elle dit. ‘Tu leur porteras mon amour maternel.’ "
Hyoga est le seul à posséder encore une mère. Il rend fréquemment visite à ses camarades. Les autres le chambrent parfois, mais tous pourtant doivent retenir une sorte de jalousie. Ils écoutent comme captivés les paroles du fils.
" Vous l’auriez vu ... C’était épique ! Les légumes recouvraient entièrement la table de la cuisine. Elle les attrapait un par un, les découpait avec son hachoir, les jetait dans la marmite ...
Quand elle a mit tout ça sur le feu, un parfum sensationnel a envahit toute la maison !
Cette soupe, croyez-moi, c’est la meilleur de tout le Japon. Voire du monde ! "
" A l’attaque ! ", s’exclame Seiya, un des meilleurs amis de Hyoga. Il s’assoit directement sur un des bancs, son assiette en face de lui, et piaffe d’impatience.
" Seiya ! Tu pourrais te montrer moins avide ! ".
Celui qui vient de parler possède une longue chevelure.
" Ce n’est pas grave, Shiryu. J’aime aussi cet enthousiasme. ", lui répond Hyoga.
" Au fait. ", interroge un quatrième adolescent.
" Vous n’auriez pas vu mon frère ?
- Shun ? Ma foi non. Tu t’inquiètes, Ikki ?
- Shun se fait toujours chahuter par les autres. Je dois toujours aller l’aider.
- Tu en parles comme si cela te causait un problème. Tu adores protéger ton petit frère. "
Sans dire un mot, Ikki se redresse. Il tourne la tête.
" Et voilà, j’en étais sûr ... "

" Shun, t’es rien qu’une chiffe molle !
- C’est vrai. Pauvre Shun, un incapable pareil.
- Vous me faites mal ... "
Un corps efféminé, un air vulnérable, Shun, le frère d’Ikki, s’est fait saisir par deux de ses camarades. Ceux-ci ne sont pas les plus vifs par l’esprit, mais ils ne sont jamais les derniers à s’en prendre aux faibles.
Peut-être est-ce parce qu’ils sont à l’autre bout de la salle, Ikki ne les voit que maintenant.
La scène se passe ensuite très vite ...
" VOUS !! LACHEZ MON FRERE IMMEDIATEMENT ! "
Sans même attendre de voir si les intéressés réagissent, ou même s’ils ont entendu l’avertissement verbal, l’aîné de Shun explose d’une colère effrayante. Sans doute veut-il utiliser la force, il attrape le premier objet qu’il trouve afin de s’en servir de projectile. L’objet en question contient une soupe encore fumante. Ikki arme son bras ...
Le blondinet bondit, comme si c’était à sa propre vie qu’on s’en prenait !
" IKKI ! NON ! "
Les autres sont plus discrets.
" Quel dommage, cette soupe a l’air si bonne. Quand Ikki fait quelque chose, mieux vaut ne pas essayer de l’en empêcher.
- JE M’EN FICHE ! S’il veut assommer ces imbéciles, il n’a qu’à lancer la table, ou te lancer toi, Seiya, mais jamais je ne le laisserais casser LA SOUPIERE DE MAMAN !! "
Ensuite, il y a un grand silence. L’animosité de l’impulsif Ikki est retombée. Malgré le brouhaha ambiant, le cri du coeur de Hyoga semble avoir traversé la salle : Shun sent son étreinte se desserrer.
Ikki, à qui il manquait moins d’une seconde pour propulser l’objet empli de liquide bouillant en direction des agresseurs de son frère, s’est interrompu juste à temps. Il tourne la tête et croise le regard de Hyoga.
" Tu me le refais ?
- Repose immédiatement LA SOUPIERE DE MAMAN !
- Hé hé ... "
Ikki ricane, posant le plat à nouveau en sûreté sur la table, jetant un coup d’oeil à son frère Shun qui vient de le rejoindre.
" Hyoga, tu as trouvé ton cri de guerre. Et tu as sauvé mon frère.
- De quoi tu parles ? "
Quelques adolescents vont bientôt goûter un plat divinement bon, mais seulement quant ils auront repris leurs souffles.


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Quelque part au fond de l’océan se tient un homme. Grande était sa destinée, grande fut sa fin.
Celui que l’on appelle "l’immortel" est aujourd’hui pris dans un épais bloc de glace, l’invincible Freezing Coffin de Camus le Blanc, chevalier d’or du Verseau au service d’Athéna.
L’immortel s’est effondré il y a quelques jours, vaincu par des adversaires redoutables, et non sans leur avoir causé maintes frayeurs. Et il aurait gagné, le brave, si hélas il n’avait pas subi cet handicap numérique, qui l’a poussé à affronté des ennemis en surnombre.
Alors qu’il ne lui restait qu’un souffle de vie, le sage Camus l’a emprisonné dans un cercueil de glace, enfermant son corps à une température si froide qu’il ne pourrait jamais trépasser. Ainsi ne frappera-t-il jamais les portes sinistres d’Hadès. Ainsi vivra-t-il éternellement.

Un jour, un jour proche, deux hommes se sont placés en face de lui, de son immortelle apparence. Ces deux hommes sont des plus valeureux, et un jour les muses conteront l’histoire de leurs vies. Mais aujourd’hui, ils se sentent impuissant. Leurs mots sont pleins d’amertumes.

" Kanon, on dirait que Io est enfermé dans une sorte de bloc de glace indestructible. Il ne semble pas être mort, crois-tu que nous pouvons le faire sortir de là ?
- Je n’en suis pas sûr, Sorrento. Si c’est là l’oeuvre d’un chevalier d’or, nous peinerons à briser ce cercueil froid, et mettrions par la même en péril la vie du général de Charybde.
- Io nous serait pourtant fort utile. Mes techniques de combats sont mentales. Malgré ma volonté, je doute d’arriver à convaincre la glace de quoi que ce soit. Quant à Io, il est inconscient. Se réveillerait-il, il serait le moins apte à briser sa prison. Qu’en penses-tu, Kanon ?
- Je possède en effet des techniques qui permettrait d’aider Io à revenir. Je pense à une en particulier. Mais je ne vais pas tenter de le faire.
- Pourquoi donc ?
- D’abord, c’est risqué. J’ai aujourd’hui beaucoup d’estime pour Io, et je le préfère ici et vivant qu’avec nous et mort. Ensuite, j’ai la conviction qu’il nous est impossible de le faire sortir. Comme si le faire était aller à l’encontre de l’ordre des choses. Une conviction irrationnelle.
Tu comprends cela, Sorrento ?
- Est-ce nécessaire ?
Quel dommage que Poséidon se soit retiré, il aurait sûrement pu faire quelque chose.
- Oui. Peut-être. "

Les deux marinas viennent parfois ici. Tantôt seuls. Tantôt à deux. Parfois pensifs. Parfois bavards. Souvent, l’un d’entre eux effleure le cercueil de glace de sa main. Son contact est plus solide que le plus solide des matériaux, et plus froid que l’eau des profondeurs des océans.
Pourtant, à chaque fois, ils s’éloignent, sans avoir rien fait. Vaincus, en quelques sortes.


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C’est un jeune garçon dans cette période étrange qu’est l’adolescence. Son nom est Shun.
Son regard innocent parcourt les étalages devant lui. La boutique de vêtement dans laquelle il se trouve n’est pourtant pas si désorganisée, mais il semble peiner à trouver quelque chose.
" Je peux vous aider, jeune homme ? "
C’est un responsable du magasin qui vient de lui adresser la parole.
" Euh ... oui. ", balbutie Shun.
" Je cherche une salopette.
- Quel genre ?
- Euh ... Ce genre. "
Un peu gêné, le jeune garçon explique qu’il aimerait une réplique du vêtement qu’il porte en ce moment même. Le responsable du magasin intériorise un sourire mauvais : il vient de comprendre son client. Lui-même n’est sans doute pas le plus honnête.
L’homme part chercher dans quelque rayon. Il a déjà trouvé l’objet convoité par le jeune garçon. Ils sont tous deux à la caisse, à présent. Shun ouvre son porte-monnaie.
" Combien ça fait ? "
L’homme annonce un nombre. Shun fronce les sourcils, mais sort quelques billets.
C’est alors que ...
" NOOOOOOOON !
- COMMENT ?! "
Tel un fauve surgissant en un éclair, un autre jeune garçon vient de surgir de nulle part, s’emparant des billets au moment où le commerçant allait les saisir. Il fait volte face. Shun est émerveillé.
" Mon frère !
- Shun, tu n’es qu’un imbécile, ce voleur allait te faire payer deux fois le prix.
- Oh ... "
Shun est ému.
" Je savais que tu viendrais.
- Allez, Shun, on y va, maintenant. "
Bras dessus, bras dessous, le couple fraternel décidément bien étrange quitte la boutique, laissant une somme jugée normale sur le comptoir, et un marchand stupéfait derrière.


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C’est une jeune fille. Maïra, c’est son prénom.
Il y a quelques temps, elle a postulé pour un travail dans une résidence de l’empire Solo. Sa surprise fut de taille, le jour de son entretien : Julian lui-même l’a reçue, assisté d’un joli garçon. Ce dernier s’était présenté fort courtoisement, et se nommait Sorrento.
Sans lui poser la moindre question, il l’avait prise par la main, et l’avait emmené dans une des chambres. Maïra était rouge de confusion, et hésitait à s’enfuir, jusqu’à ce qu’elle la vit.
Une jeune femme, belle, mais totalement inerte.
" Elle s’appelle Thétis. ", avait dit Sorrento.
" Je veille sur elle comme sur ma propre vie, comme si elle était ma soeur. Malheureusement, certaines activités me laisse un emploi du temps peu souple. J’arrive à la visiter une fois par jour, mais j’aimerais une personne qui puisse s’en occuper ... en permanence. "
Le beau jeune homme avait alors croisé le regard de Maïra.
" Qu’en pensez-vous ? "
Maïra s’était retrouvé totalement prise au dépourvu. Il lui avait bien fallu une minute pour se ressaisir. Elle s’était levée, alors. Se mettant juste en face de Thétis, elle lui avait pris la main, et lui avait parlé à voix basse, pendant quelques minutes. Puis, elle s’était tourné vers ce curieux Sorrento. Maïra avait parlé avec des mots tristes.
" Elle est catatonique. Je ne pourrais pas la soigner.
- Vous êtes engagée. "
Passé le choc de la surprise, Maïra s’est faite expliquée que les précédentes jeunes filles à avoir postulé à ce travail avaient ausculté Thétis. Elle était la première à lui avoir parlé, et cela suffisait.
Depuis ce jour, les semaines s’écoulent lentement. Maïra possède tout le confort de la résidence Solo. Sa seule préoccupation est de veiller sur Thétis, l’habiller, lui parler. Mais elle ne lui donne jamais à manger. Sorrento avait menti. Il vient en fait deux fois par jour, à l’heure du déjeuner, et à l’heure du dîner. Quand il aide sa ‘soeur’ à se nourrir, ses gestes sont d’une douceur infinie.
Ensuite, il saisit une jolie flûte, et sa mélodie ébranlerait le coeur du diable lui-même.


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" Alors, comment vont mes deux scientifiques ? "
Saori Kido fait une visite de routine. Deux hommes prennent son pas. Kajiya, Ninko, sont leurs noms.
" Mademoiselle ! Je vous trouve ravissante aujourd’hui !
- Quel flatteur vous faites, Mr Kajiya. Auriez-vous une requête à soumettre ?
- Vous me vexez, mademoiselle. Ce ne serait pas des manières.
- Un aveu d’échec, peut-être ? "
Mais la jeune fille sourit. Voilà quelques années que cet excentrique Kajiya a rejoint la fondation, et elle ne se lasse pas de sa façon d’être. Pour les questions sérieuses, elle préfère par contre s’adresser à Mr Ninko.
" Professeur ?
- Mademoiselle ...
- Où en est le projet ?
- Nous arrivons, mademoiselle. "
A présent, le groupe de trois personnes entre dans une salle assez, grande, et très éclairée.
" Ooooh ... "
La jeune fille est stupéfaite. Elle s’approche d’une structure contenant plusieurs objets bien curieux.
" Est-ce là la deuxième génération ?
- Certes, mademoiselle.
- Sont-elles terminées ? Elles sont magnifiques ...
- Vous exagérez, mademoiselle. Je les trouve rigoureusement laides comparées au Spécimen. Pour répondre à votre question, elles sont déjà opérationnelles. Nous corrigeons les derniers détails et bugs.
- Des bugs ?
- Oui. Un des modèles pourrait en contenir.
- Je vois. "
La jeune fille se tourne vers une autre personne.
" Mr Kajiya ? Que pensez-vous de l’évolution du programme Kido ?
- Nous sommes en bonne voie de réussite. La deuxième génération sera parfaite dans quelques mois à peine. Leurs porteurs seront prêts avant cette date.
- Bonne nouvelle, alors ?
- J’aurais sans doute été très optimiste s’il n’y avait eu le ... hum ... l’anecdote avec la première génération. "
Le visage de Saori devient très grave.
" Les premiers chevaliers d’acier ...
Faisons en sorte que cela ne se reproduise pas.
- Mademoiselle, espérer ne nous rendra pas plus fort.
- Si telle est votre opinion, il ne vous reste plus qu’à vous remettre au travail. "
La jeune fille prend congé, laissant deux hommes anxieux derrière elle.


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La Grèce, capitale mondiale du tourisme archéologique.
A quelques kilomètres des badauds, un messager s’entretient avec le Grand Pope, ultime autorité du Sanctuaire sacré d’Athéna.
" Hélicaon, fidèle serviteur, quelles nouvelles m’apportes-tu ?
- Grand Pope, l’enquête n’avance pas. Nous disposons de trop peu d’informations. Nous mettrons des décennies à retrouver une jeune fille à partir de la simple description physique que vous nous avait faite.
- Hélicaon, regarde-moi. "
Un homme relève la tête.
" Grand Pope ?
- Elle est jeune, et respire l’innocence. Elle possède une longue chevelure, et ses yeux brillent comme des saphirs. Elle possède également une puissance incommensurable. Sans doute vit-elle au Japon.
- Pardon, Grand Pope, d’insister, mais nous n’arriverons à rien tant que vous ne serez pas plus précis au sujet de cette prétendue puissance.
- Il vous faudra faire avec. "
Une hésitation. Un homme qui tarde à partir.
" Qui a-t-il, Hélicaon ?
- Grand Pope, les hommes peinent à comprendre la raison de cet acharnement. Si vous expliquiez vos motivations, alors peut-être ...
- Tais-toi, Hélicaon.
- Mais ...
- Doutez de moi encore une fois, et ce sont les chevaliers sacrés que j’enverrais. Est-ce ce que tu souhaites ?
- Je ...
Non, Grand Pope. "
L’entretien est terminé.
Un homme s’appelle Hélicaon. Il vient juste de réaliser que cette angoisse qu’il a en lui est quelque chose d’anormal.


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Infirmerie de l’orphelinat de la fondation Graad. Deux adolescents discutent.
" C’est quand même bête, Seiya, tomber ainsi du mur d’escalade.
- Shiryu, qu’est-ce que t’y connais, toi, à la témérité ?
- Depuis quand serait-ce une qualité ?
- Moi au moins n’ai-je pas besoin de porter des lunettes.
- Oh, ça va ... "
Deux adolescents se taquinent. Mais au fond, ils sont de bons amis.


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Deux ans. Julian Solo s’était absenté deux ans, laissant l’empire Solo sans chef, et sans instructions.
Je m’appelle Drésos, et j’étais hiérarchiquement assez proche de lui lors de sa disparition. Il fallait bien quelqu’un pour s’occuper des affaires en cours, aussi ai-je hérité de ses responsabilités. Ce n’était rien d’officiel, bien sûr. Après tout, le fils Solo allait bien réapparaître un jour.
En deux ans, j’étais devenu de fait une grande figure de l’empire Solo. De simple conseiller stratégique, j’avais artificiellement le pouvoir d’un directeur. Cela n’était pas sans peine, et je ne comptais pas mes heures, mais je crois que j’ai pris goût à tout cela.
Quand le fils Solo est revenu, mes sentiments étaient partagés. J’étais satisfait car en quelques sortes, l’avenir de la fondation Solo dépendait de lui. Mais renoncer au pouvoir que j’avais acquis, je m’attendais à ce que ce soit difficile.
J’avais tort. Cela s’est révélé insupportable.
Julian Solo souffre encore aujourd’hui d’une sorte d’amnésie, et personne ne sait ce qu’il a bien pu faire durant ces deux années, ni même où il était. En revanche, il a ramené d’on ne sait où un homme. Personne n’avait jamais entendu parler de ce Kanon auparavant, pourtant Julian l’a directement nommé à un poste clé, supérieur au mien. Il fut même chargé d’une large vague de recrutement au sein de la fondation. Kanon a lui-même reçu et sélectionné quelques centaines de personnes qu’il a placé à diverses positions, sans grandes responsabilités, géographiquement réparties sur tous les continents.
Depuis, ce Kanon se fait bien discret. Il place l’essentiel de son temps dieu seul sait où, n’apparaissant toujours qu’en présence de Julian.
Je crois que je ne l’aime pas. Je n’ai aucune raison précise de lui en vouloir, mais cette position de favori qui l’a vis à vis du fils Solo me parait artificielle. Louche, dirais-je ...


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La scène se passe dans l’espace agité du lieu de restauration d’un orphelinat.
Quelqu’un disait que la vie est une éternelle répétition, c’est ainsi qu’un groupe d’adolescents s’apprête à déguster la désormais célèbre soupe de la mère de Hyoga. C’en est presque devenu un rituel ...
" Dites, vous n’auriez pas vu Shun ?
- Tu as encore perdu ton frère, Ikki ? ", interroge Shiryu.
" Tu penses qu’il est encore en train de se faire maltraiter ?
- Hum ... "
Le regard du brave Ikki porte sur le reste de la salle.
" Ceux qui ont l’habitude de l’embêter sont ici.
- Tu t’inquiètes toujours, Ikki. ", et la phrase de Hyoga a quelque chose de rassurant.

C’est alors que, le plus discrètement du monde, une jeune demoiselle fait son entrée. Notre attablée la reconnaît au premier coup d’oeil.
" Regardez, c’est mademoiselle Kido ? "
La jeune fille se tient juste à l’entrée. La salle est grande, et il règne un certain brouhaha. Ses grands yeux parcourent le lieu. Cela lui arrive, parfois, de venir voir comment se passent les choses. Il est vrai que cet orphelinat appartient à son grand-père, et qu’elle en a désormais la responsabilité.
Un jeune garçon se place devant elle. Ils échangent des mots qu’il n’est pas possible de comprendre.
" C’est Jabu ! ", s’exclame Seiya. " Qu’est-ce qu’il nous prépare encore ? "
Seiya a raison de poser la question. Le doigt du dénommé Jabu pointe dans leur direction. Saori, les regarde, et s’avance vers eux.
" Et allez ... ", se lamente Hyoga. " C’est repartit. "
La jeune fille les a rejoint. Sans lui laisser le temps de dire un mot, Hyoga prend la parole.
" Mademoiselle, veuillez m’excuser. Je ne devrais pas être ici.
- Pardon ? "
Saori semble surprise.
" Ne t’inquiète pas Hyoga, ce n’est pas toi que je suis venu sermonner.
Ikki ? "
Un adolescent se tenait debout appuyé contre le mur, les bras croisés. Il fronce les sourcils, prêt à être vexé.
" Mademoiselle ?
- On me rapporte que tu as maltraité deux de tes camarades.
- Qui combat par le feu périt par le feu. "
Ikki fait parti de ceux qui ne craignent d’affronter la fille Kido. Les événements auraient pu mal tourner. Sans doute la demoiselle se serait-elle fâchée, si la conversation avait poursuivi. Mais à ce moment, un homme d’une quarantaine d’années l’avait rejoint, et lui avait glissé un mot à l’oreille.
Quand il eut terminé, Saori Kido s’inquiète.
" En Grèce, vous dites ?
- Oui, mademoiselle.
- Quand partons-nous ?
- Nous vous attendons.
- Bien. "
La jeune fille croise son regard avec celui d’Ikki. Sans doute ce malentendu devra attendre.
Saori et son suivant repartis, Seiya pousse un grand soupir de soulagement.
" Et bien, on a eu chaud ! "

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Cette fiction est copyright Frédéric Ramirez et Gille Monchoux.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.