Chapitre 2 : Réception


Seiya : " Quoi ? Saorie, tu n'es pas sérieuse ? Quitter le Sanctuaire ?"

La jeune fille regarda son Chevalier, l'air décidé.

" Je dois me rentre au Japon", dit elle. " La Fondation ne peut poursuivre son oeuvre sans moi ".

Saorie Kido avait fait de son héritage une organisation humanitaire, aidant les pays les plus défavorisés, apportant son soutien aux orphelinats et à toutes oeuvres de bienfaisance. La déesse ne pouvant intervenir directement dans les affaires des hommes, et la Fondations était la meilleure aide qu'elle pouvait apporter.

" Arimatsu Hayata, un vieil ami de mon Grand Père, m'a invité à une réception demain soir, pour parler de ce contrat permettant à la Fondation d'accéder au plan international. Sans son soutien, l'influence de l'organisation dans le monde serait vaine. Il est très important que je le rencontre. "

Deux semaines s'étaient écoulées depuis le Conseil. Les Chevaliers s'étaient tous pliés aux exigences du Grand Pope et montaient une garde vigilante jour et nuit. La sécurité d'Athéna passait avant tout. Et voila qu'elle annonçait qu'elle voulait quitter le Sanctuaire... Seiya s'indigna :

" Saorie ! " gémit-il. Tu ne peux PAS quitter la Grèce ! "
" Et pourquoi ?" fit la jeune fille, piquée. " Tu viendras avec moi ainsi que les autres. je ne cours aucun danger. N'oublis pas qu'aucune menace ne s'est encore déclarée, nous ne sommes pas en guerre ! "
" Mais... "
" Il n'y a pas de mais, Seiya. Préparons nous au départ. "

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Le Grand Pope avait assigné quatre Chevaliers d'or en plus de ceux de bronze pour assurer la sécurité d'Athéna. Ainsi, le lendemain, Mü, Camus, Milo et Shura quittèrent le Sanctuaire en compagnie de Saorie et des Bronzes, direction le Japon.

" Camus et Milo feront parti de la garde rapprochée d'Athéna avec Seiya et Hyoga", avait ordonné Dokho. " Je veux que Mü, qui possède de grands pouvoirs telekinesiques, sonde les environs du manoir Hayata, où notre déesse doit se rendre. En cas de danger, tu pourras très rapidement intervenir, même à distance. Shura, tu devras t'occuper d'assurer la garde dans la parc et en cas d'attaque, évitez qu'un seul des agresseurs ne puissent s'enfuir. Ikki, Shun et Shiryu patrouilleront avec toi. "

Les ordres avaient été suivis à la lettre. Saorie Kido s'était rendue dans le manoir avec ses quatre Chevaliers, sans leurs armures bien sur, pour passer le plus possible inaperçu. En cas de problème, le Chevalier du Bélier devait leur teleporter leurs urnes, mais avec ou sans armures, ils étaient capables d'assurer la protection de la déesse.
La réception était magnifique. Saorie aperçut tout de suite le maître de maison, Monsieur Arimatsu Hayata, qui vint l'accueillir un grand sourire aux lèvres. C'était un vieil homme à l'allure respectable, vêtu d'un riche kimono bleu nuit. Il dégageait une aura de bonté et de sagesse qui inspirèrent tout de suite confiance aux Chevaliers présents. Mais ils n'en restaient pas moins sur leurs gardes...
Laissant leur déesse auprès de leur hôte, ils se dispersèrent dans la pièce, ne perdant pas de vue celle qu'ils devaient protéger. Seiya et Hyoga se dirigèrent tout de suite vers le buffet, tandis que Camus, plus pragmatique, s'adossa contre un mur. Il perdit de vue Milo parmi les invités, qui avait décidé de sonder à l'aide de son cosmos les personnes présentes.
Le chevalier du Verseau regarda par la fenêtre, donnant sur un grand parc éclairé par les pales lueurs de la Lune. Il pouvait ressentir la cosmo-energie de Mü et les autres, restés à l'extérieur, veillant à qu'aucun ennemi potentiel ne pénètre dans le manoir. Rassuré, il reporta son attention sur Saorie, en pleine discussion avec Mr Hayata.

Seiya s'empiffrait, il n'y avait pas d'autre mot. A ses cotés, Hyoga le réprimandait gentiment, alors qu'il ne se gênait pas non plus, remarqua le jeune chevalier de Pégase. Le buffet était vraiment excellent, bien garni et appétissant. Finalement, il ne regrettait plus du tout d'être venu ! Il jeta un coup d'œil à Saorie, à quelques mètres d'eux, qui discutait animement avec le maître du manoir. Il lui rappelait Kido, ce vieux monsieur, en plus jeune peut-être. Ses cheveux n'étaient pas entièrement blancs, quelques mèches grises zébraient encore sa chevelure. Seiya soupira en voyant sa déesse et son hôte s'éloigner du buffet et se rendre dans un coin de la salle plus tranquille. Il les suivit, avec son compagnon, sans oublier sa coupe de champagne et ses toasts.

Hyoga regarda Seiya enfourner dans ce qui lui servait d'estomac tout ce qui lui passait à portée de main.

" J'espère que tu n'oublis pas notre mission", fit-il d'un air espiègle. " Nous devons surveiller Athéna, pas le buffet !"

D'ailleurs, celle ci s'éloignait de la pièce avec l'homme qui avait organisé la réception. Hyoga arracha son compagnon de la nourriture et les suivit dans un autre petit salon moins animé que la salle principale.

" Il n'y pas de toasts ici ", râla Seiya.

Le Chevalier du Cygne l'ignora, continuant sa surveillance discrète. Il pouvait voir de l'autre coté de la pièce son maître adossé près d'une fenêtre, l'air absorbé dans ses pensées. Un autre aurait pensé qu'il était en pleine méditation, ne faisant guère attention à ce qui se passait autour de lui. Hyoga sourit : lui savait que Camus déployait tout ses sens pour guetter le moindre danger.

Milo déambulait dans la pièce, slalomant entre les invités. Il 'y avait personne d'intéressant ici, leur cosmos était inexistante. Si danger il y avait, il ne viendrait sûrement pas de là. Le Chevalier du Scorpion fut tout de même étonné par le nombre de gardes présents dans le manoir. Quatre ou cinq stationnaient dans chaque pièce, camouflés dans leurs habits d'apparat, mais Milo n'avait aucune difficulté à les repérer. Ils ne présentaient aucune menace malgré leurs armes cachés dans leur veste, le chevalier pouvait s'en débarrasser en un clin d'œil. Mais cette sécurité excessive était étrange. Il comprit vite le manège de ces hommes : apparemment, c'était cette jeune fille, la bas, en noir, qui était leur centre d'attention. Assise près du feu, en robe de soirée, elle ne semblait nullement se sentir concernée par la garde dont elle était l'objet. Quelques jeunes hommes, invités d'Hayata, étaient venus la saluer, mais elle ne s'était contenté qu'un petit mouvement de la tête, sans daigner ouvrir la bouche.
Milo, sans cesser de surveiller les alentours, concentra toute son attention sur cette jeune fille qui dégageait une aura particulière...

Saorie était étonnée de la requête de son hôte. Que de surprise ce soir ! Ils avaient évoqué de bons souvenirs, avaient parlé de son Grand Père défunt... Puis Hayata lui avait assuré de son soutien total pour faire de la Fondation une organisation internationale, et Saorie, rassurée, avait cru que la partie était joué. Elle avait été profondément stupéfaite lorsque le vieil ami de son grand père avait tout à coup révélé qu'il connaissait son statut divin. Monsieur Kido le lui aurait révélé quelque temps avant sa mort, avait-il dit. Elle savait qu'elle pouvait lui faire confiance, sinon jamais elle ne se serait rendue à cette réception. Il garderait son secret. Mais sa surprise s'accrut quand son hôte la supplia de prendre sa nièce, Sliya, une jeune fille qu'il avait recueillit il y quelques mois, sous sa protection.
Elle était menacée, avait elle comprit. En tant que dirigeant de plusieurs grandes sociétés, Hayata avait sans doute grand nombre d'ennemi qui n'hésiterai pas à avoir recours à des moyens bas et immoraux pour parvenir à leurs fins. L'enlèvement de Sliya leur permettrait de mettre Hayata à leurs bottes, elle était sa seule parente encore en vie et sa seule héritière.
Saorie répugnait à accepter, elle ne pouvait se mêler à ce genre d'affaire, son statut divin l'en en empêchait. Mais Arimatsu Hayata était un vieil ami de son Grand Père, et, au nom de cette amitié, peut-être devrait-elle accorder ce qu'il lui demandait ?

" Vous devez savoir, Monsieur Hayata, que le Sanctuaire n'est pas l'endroit le plus sur", dit-elle finalement. "Nous sommes constamment menacés par des forces que vous ne pouvez comprendre, et je ne puis totalement assurer la sécurité de votre nièce, étant donnée que la mienne est aussi fortement compromise. "
" Je le sais bien, déesse Athéna", répondit le vieil homme. " Mais j'ai foi en vous, je sais que Sliya sera beaucoup plus en sécurité en Grèce avec vos Chevaliers qu'ici, au Manoir, où elle a faillit déjà être enlevée deux fois. Je vous supplie d'accéder à ma requête, Mademoiselle Kido ! "
" Soit !" fit la déesse. " Votre nièce rentrera alors avec nous, cette nuit, au Sanctuaire."
" Je vous en suis très extrêmement reconnaissant", déclara Hayata, heureux. " Je vais tout de suite vous la présenter. "

Il appela un serviteur et lui transmit ses ordres.

" Sliya est encore sous le choc de la mort de sa famille", confia le vieil homme. " Elle vivait en Chine avec elle, mais un accident leur a apporté la mort. Je lai recueillit ici, à Tokyo, mais depuis, elle refuse de parler. Elle ne rit plus, ne s'amuse plus comme avant et reste renfermée sur elle même. Mais c'est la seule famille qui me reste. "

Une jeune fille s'approcha d'eux. Saorie put la détailler : fine et élancée, Sliya possédait de long cheveux noirs que quelques mèches dorées venaient rehausser. Ses grands yeux bruns reflétaient calme et tranquillité, mais Athéna fut bouleversée par la peine profonde qui les voilaient. Elle l'a prit immédiatement sous son aile, car en la sondant, la déesse sentait son âme pure ravagée par la tristesse. " La vie vaut la peine d'être vécue..." lui souffla t-elle en son coeur.
Sliya s'arrêta un instant, percevant la voix de la déesse. Seuls ses yeux reflétèrent un instant sa surprise, mais très vite, son air impassible reprit le dessus.

" Mademoiselle Kido, voici ma nièce Sliya."

La jeune fille salua d'un signe de tête.

" Sliya", fit Hayata. " Tu connais l'identité de Mademoiselle Kido..."

La jeune fille acquiesça prudemment, sur ses gardes. La nouvelle tomba :

" Tu l'accompagneras en Grèce cette nuit."

Le vieil homme reçut en retour un regard de reproche de sa nièce qui lui fit mal au cœur.

" Il le faut", murmura t-il d'une voix douce.

Il la regarda droit dans les yeux, lui transmettant tout son amour et son affection, lui montrant la peine qu'il avait de se séparer d'elle. Sliya comprit, et accepta.
Saorie, qui avait assisté à l'échange, sourit, et plus que jamais, regretta la mort de son grand père.

Quel fut l'étonnement de Milo quand la fille qu'il surveillait se dirigea vers sa déesse ! Sur ses gardes, il s'était tout de suite rapproché, ainsi que Camus, intrigué par le manège de son compagnon. Leurs sens surdéveloppés leur permirent de suivre la conversation de la où ils étaient. Ainsi, elle était la nièce d'Hayata et les accompagnerait au Sanctuaire ! Athéna l'avait prise sous sa protection mais... était ce vraiment prudent ? Ils ne savaient rien d'elle. Milo se promit de monter garde vigilante à son encontre.
Ils quittèrent la réception quelques heures plus tard et regagnèrent l'aérodrome, en compagnie de la jeune fille. Les Chevaliers, étonnés par sa présence ne dirent rien, hormis Seiya, qui réclama des explications.
Athéna leur exposa la situation, tandis que la jeune fille restait de marbre. Cela ne lui plaisait pas de quitter le Manoir avec ces gens inconnus dans une Grèce lointaine. Elle aurait refusé de partir si son oncle n'avait pas tant insisté ! La mort ? Elle n'en avait pas peur...

" Nous arriverons au Sanctuaire dans quelques heures ", lui dit un jeune homme aux cheveux mauves, la tirant de ses pensées funèbres.

Sliya acquiesça d'un signe de tête.
Depuis combien de temps n'avait-elle pas entendu le son de sa voix, se demandait-elle. Elle s'était murée dans son silence dès sa sortie de l'hôpital, quand on lui avait annoncé la mort de sa famille. Pourquoi elle était en vie et les êtres les plus chers à son cœur non ? C'était injuste. Elle dénonçait cette injustice en se fermant au monde. Action inutile et vaine ? Sans doute. Mais elle n'en avait cure. Elle vivait son existence comme elle venait, passivement, sans chercher à atteindre ses buts ni essayer de prendre contrôle sur son destin. Elle n'en avait pas besoin.

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