Chapitre 2 : Premières victimes, premiers obstacles


Les premiers combats de la guerre sainte entre Arion et Athéna vont enfin débuter… Débuter, c'est le verbe juste, car nous ne sommes encore que dans la phase des premiers combats éliminatoires. C'est un peu comme une coupe de monde de football, les premiers matchs ne sont jamais les plus brillants, puis au fur et à mesure de l'avancé des batailles, les affrontements se font plus passionnants, plus indécis, plus acharnés, plus divins.

Jabu et ses amis… Oui, ce sont des chevaliers de bronze, du même rang que ceux qui ont terrassé le sanctuaire de Poséidon et ses généraux. Mais bon, ne faisons quand même pas la dramatique et ridicule erreur de les comparer, de comparer Jabu à Hyoga ou de comparer le chevalier de bronze du lion jouvenceau au chevalier de bronze de dragon. Nous ne sommes qu'aux préliminaires de cette guerre, alors ne rêvons pas.

En toute sincérité, je me serais bien passé de la présence de ces cinq clowns. Non pas qu'ils m'inquiètent, surtout pas. Mais voilà, je serais bien rentré plus vite dans le vif du sujet, avec un combat palpitant contre le brillant Mu du Bélier. Mais non, on va subir le pitoyable spectacle de cinq minables frustrés qui veulent faire preuve d'une bien inutile bravoure : est ce du courage que de se jeter en slip de bain dans un magma de lave ? Non, c'est de la connerie.

S'ils ne sont pas en maillot de plage (mais vu le temps qu'il fait au sanctuaire, mieux ne vaut pas se promener en caleçon), le résultat sera au moins aussi pitoyable pour eux. Ils espèrent ralentir des garçons comme mes camarades Kaba, Kamaté ou Nasser ? Ils osent émettre l'hypothèse de poser des problèmes aux anciens chevaliers d'argent Darko, Hristo ou Igor ? C'est Arion qui doit rigoler…

Mais non, le petit ne rit pas. Il ne pleure pas non plus remarquez, et c'est un progrès depuis les dernières batailles qu'il a eut à livrer. Mais son impassibilité et sa concentration ne le rendent pas franchement joyeux. Il parle très peu. Semble t'il inquiet ? Non, il n'en a pas l'air… Sûr de lui alors ? Même pas. Il est semblable à un coffre de plomb cachant un trésor inconnu. Le problème étant qu'on a perdu la clé…

Arion sait qu'il mène maintenant ce combat dont il a toujours rêvé. Et il veut le gagner ce match, c'est sa finale à lui qui débute. Ces premiers moucherons écrasés se dressera devant lui le premier des chevaliers d'or. Mais je lui fais confiance, il a largement les moyens de passer. Le Mu qui va se dresser devant lui n'est pas au summum de sa forme… Mais nous reparlerons à un autre moment de la situation particulière de ce sanctuaire défensivement bancal :on est jamais tellement brillant le lendemain de s'être vidé de son sang…

Enfin, les combats seront équilibrés, palpitant, et puis bon… Mon intérêt n'est pas forcément que toute la bande d'Arion survive… Quelques pertes parmi ses rangs, en plus de donner davantage d'attraits à cette guerre, arrangera mes affaires personnelles…

Mais nous nous étendrons sur ce vaste sujet le moment venu…


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C'est en ce lieu que, de mes mains glacées, j'ai donné la mort à mon Maître. Et pourtant, malgré la froideur de ce lieu où les murs suintent de l'humidité ambiante, malgré le flots de souvenirs morbides et tragiques qui m'habitent dés lors que je rentre dans cette ronde demeure, je m'y sens bien. C'est ici que l'être qui m'a tout appris et a fait de moi ce que je suis a vécu et a protégé Athéna. Ironie du destin, c'est également en ce lieu qu'il a cessé d'exister.

Mon devoir est de me montrer digne de lui, de me montrer digne de mon Maître Camus, le Chevalier d'Or du Verseau.

Je suis Hyoga, chevalier de bronze du Cygne, protecteur d'Athéna. Un nouveau conflit vient de débuter en cette enceinte sacrée. Enfin nouvelle… Il ne s'agit de rien de plus que de la poursuite de la guerre sainte contre l'Empereur Poséidon, affrontement où j'ai encore eu à donner la mort à un être cher en la personne de mon ami, le Général Isaack du Kraken, ajoutant par la même une ligne à un destin peu enviable… C'est Arion, le fils de Poséidon qui nous déclare à présent la guerre, et se prépare à atteindre la première maison du Zodiaque, gardée par le vénérable Mu, chevalier d'or du Bélier. Et pourtant, malgré l'apparente simplicité de cette bataille, je suis dans le même état de doute que tous mes amis ici présent. Je suis soucieux, interrogatif.

Que cache cette bataille ? Quel est ce danger latent qui plane au dessus de nos têtes ? Est-ce Arion qui nous effraie tant que ça ? Quel est son secret ? Le connaît il lui même ?

Beaucoup de questions… Le pire est sans doute que je ne sais pas d'où elles me viennent, d'où elles nous viennent… J'ai eu l'occasion de discuter avec nos confrères les chevaliers d'or, après le don de leur sang pour ressusciter nos armures détruites par les batailles nordiques et océaniques. Aldébaran a déjà eu l'occasion de croiser la route d'Arion et de ses hommes, et nous a parlé de sa force et de sa bravoure, de son potentiel qui était immense lorsqu'il l'avait rencontré il y a quelques mois. Mais voilà, notre sixième sens, sur-humainement développé, nous invite à nous méfier, à ne pas voir uniquement ce que les yeux ou la logique voudraient nous montrer, et donc fatalement nous cacher.

C'est en substance le message du divin Shaka, chevalier d'or de la Vierge.

- Un danger, bien visible, nous menace. Mais derrière cet écueil s'en cache un de bien plus redoutables…

Evidemment, Seiya ne pouvait pas rester silencieux après une telle remarque et a demandé plus d'explication à cet être que ces contemporains qualifient - à juste titre - d'homme le plus proche de Dieu. Ce dernier ne put répondre. Certes, ce qu'il ressentait, tous les chevaliers d'or le ressentait. Sans doute que leur éveil total au septième sens leur permet de percevoir des sensations… différentes. Mais il se trouve que si chacun est en train de se demander quel sera la cause de notre prochain tourment, un combat vient bel et bien de commencer, celui qui nous oppose aux armées d'Arion, fils de Poséidon.

Aldébaran nous avait parlé de trois chevaliers d'argent, dont un qui m'est proche. Pas que je le connaisse personnellement, mais nos avons eu des rencontres communes. Nous sommes tous deux liés avec Camus. Moi en tant qu'élève, lui en tant que compagnon d'entraînement. Camus parlait toujours très peu. Il était très froid, c'est le moins que l'on puisse dire. Mais pourtant, regarder ses yeux permettait souvent d'en savoir tellement plus que l'écoute de longs et pénibles discours. Un jour que nous nous battions avec Isaack, pour savoir qui de nous deux avait fait le plus de progrès, notre Maître bien aimé nous regardaient avec des yeux, comment dire, tendres et nostalgiques… Inhabituels. Comme si il se remémorait des moments heureux passés, par exemple à revivre la même scène quelques années plus tôt, en de pareils instants… Sans doute pensait-il à cette personne qu'Aldébaran nommait Darko, et qu'il qualifiait de plus doué des chevaliers d'argent de sa génération, de la constellation de la Petite Ourse.

Le destin m'a toujours été particulièrement généreux en ce qui concerne mes rencontres. Lorsque j'utilise le terme de généreux, c'est avec une pointe d'ironie tachée de larmes de sang. J'ai eu l'horrible privilège de voir ma mère mourir, pour me permettre de vivre… Je dois sans doute le total don de moi et de ma vie envers Athéna et les humains à ma mère qui m'a appris mieux que personne ce que le mot sacrifice voulait dire.

Ensuite, mes mains, coupables, ont donné la mort à mon Maître Camus, mon bien aimé Maître. Ce père que je n'ai pas eu. Si bien que j'ai vu mourir, par ma "faute", bien que je mette des guillemets à ce mots, mes deux parents. Originel et adoptif. Ensuite, pour continuer dans cette macabre métaphore familiale, je pourrais vertement m'accuser d'avoir assassiner celui qui fut mon frère alors que je m'épanouissais sous les augustes enseignements de notre Maître Camus. Isaack, Général du Kraken, aux ordres du père de celui qui nous assaille aujourd'hui…

Les combats ont déjà commencé. Je ne peux que louer le courage de mes frères qui se sont mis en première ligne pour ralentir et affaiblir les armées d'Arion. Jabu, Geki, Ichi, Nachi, Ban… Courage mes amis ! Nous avons chacun notre tâche à présent. Défendre Athéna, défendre le sanctuaire, et pour ma part, défendre la maison de mon défunt et bien aimé Maître. Je m'attellerai à cette tache sans faillir.

Je le dois pour Athéna et pour tous ceux à qui j'ai solennellement jurer de ne pas baisser les bras devant l'adversité et la dureté de notre mission. Je suis conscient que d'autre flot de sang seront déversés et que les larmes ne seront jamais taries. Saori nous a demandé qu'il n'y ait pas trop de morts inutiles, avec une pointe de désespoir dans sa voix… Les morts d'une guerre le sont toujours, inutiles. Mais dans ce nouvel affrontement, pour le bien de l'humanité, nous ne devrons pas tomber. Nous devons être ceux qui restent debout.

Justement parce que la terre ne sera pas tranquille après cette bataille… La guerre pour sa survie ne fera que continuer… Avant la prochaine étape. Et à celle ci, nous devrons toujours être présent, car sinon…

*
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Le deuxième acte de la Guerre opposant la Terre aux Mers et Océans vient de débuter sur le sol sacré du sanctuaire d'Athéna.

Les chevaliers de Bronze emmenés par Jabu ont tiré les premiers dans le but de retenir autant que possible les armées du fils de Poséidon, le terrible Arion, armée de sa divine épée et de sa haine farouche envers celle qu'il accuse de tous ces maux. Dans la mêlée des affrontements, Arion et cinq de ses compagnons sont parvenus à atteindre les marches des escaliers de marbre traversant les douze Maisons du Zodiaque en direction de la demeure sacrée d'Athéna. Arion, fils de Poséidon, ainsi que Igor, chevalier d'Argent du Toucan, Hristo, chevalier d'argent du Triangle Austral, Marino, lieutenant à l'écaille du requin, Trévor de la pieuvre et Kamaté de la chimère, tous les six convergent à présent vers leur premier écueil, la maison du divin Mu, chevalier d'Or du Bélier…

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- Ahhhhhh !!!!

Un chevalier qui s'écrase contre la falaise et qui s'écroule, comme terrassé par la charge venimeuse du plus terrible des serpents, le cobra. Le premier assaut fut d'une rare rapidité et brièveté. Le chevalier de bronze Ichi de l'hydre n'eut même pas le temps d'intensifier son cosmos qu'une charge lumineuse fonça sur lui et le projeta contre la falaise qui jouxte les abords de cette place centrale, point de départ des escaliers de marbre traversant les 12 maisons.

Comment décrire l'assaut ? C'est difficile tant ce fut soudain. Peut être est ce une des multiples facettes de cet impressionnant personnage qu'est Kaba, à l'armure du cobra et au service d'Arion. Il fixa, de ses yeux blancs profonds, son adversaire. Longuement, profondément. Et, sans que ce dernier ne puisse réagir, lui planta sa main dans son épaule… Le terrassant de son terrible venin.

Ichi est il mort ? Sans doute pas… Son cosmos spécial lui permet justement d'être un des chevaliers les plus résistants à tout type de poison. Mais force est de constater qu'en l'état actuel des choses, il est hors-service. Hors-service comme son ami Nachi du loup…

Quasiment tout aussi bref, tout aussi violent. Et le même résultat pour un déroulement similaire. Le pauvre chevalier de bronze du loup n'eut à peine le temps de voir deux traits de lumière vive foncer vers lui qu'il perdit connaissance, l'armure détruite et les os brisés. Non, lui non plus n'était pas mort mais c'était tout comme…

- Les poux, on les écrase, n'est ce pas Nasser, riait en découvrant de larges dents blanches carnassières le chevalier Kaba du Cobra… ?
- Et maintenant, demanda Nasser en guise de réponse et en faisant craquer ses poings qui venaient de terrasser le chevalier du loup ? On fait quoi ? On les extermine tous ?
- Ce sera rapide et amusant, répondit Kaba devant les trois chevaliers de bronze restants qui déglutissaient.
- Non ! Vous devez rejoindre Arion !

C'était la voix forte et imposante de Darko qui venait de donner cet ordre. Le chevalier d'argent de la petite ourse, chevalier d'Arion après avoir servi Athéna et Déméter, était probablement dans le même état d'émerveillement mêlée d'inquiétude que ses deux compagnons, Hossim du crocodile et Duncan du Loch Ness, restés aux arrières postes pour s'occuper de Jabu, Geki, Ban et les deux chevaliers de bronze qui viennent de tomber. Impressionné par la démonstration de puissance de Kaba et Nasser. Inquiet car finalement il ne connaît que très peu ces deux chevaliers, et leur force semble au moins aussi grande que leur cruauté et le mystère autour d'eux qui semblent autant s'épaissir que les nuages qui s'amoncèlent autour du sanctuaire.

Sous cette pluie qui vient de redoubler d'intensité, Nasser s'avança au niveau de Darko, le fixa droit dans les yeux. Il y a avait une demi-tête de différence entre les deux hommes qui se faisait face, sans parler de la différence de carrure, sérieusement au désavantage du guerrier arabe. On aurait guère pu mettre entre eux deux plus d'une feuille de papier. Puis, d'un sourire moqueur, Nasser répondit à Darko un "ouais" d'un ton extrêmement méprisant.

Etait ce le goût du combat qui rendait les deux énigmatiques compagnons aussi désagréables et méprisants ? Il n'empêche que sitôt dit, sitôt fait, les deux guerriers mystérieux disparaissaient en une traînée de lumière pour rejoindre Arion et laisser seuls les guerriers restants sur cette place où Athéna connu son chemin de croix, une flèche dorée plantée en plein cœur.

Jabu s'avança au niveau du chevalier d'argent de la petite ourse qui visiblement avait la maîtrise des opérations.

- Tu seras mon adversaire, lui lança fièrement le chevalier de bronze de la licorne.
- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, lui répondit son homologue en regardant en arrière plan le chevalier de bronze Géki, de la Grande Ourse.
- Que veux tu dire ?
- Que je ne te choisis pas comme adversaire !

Geki avait compris et s'avança au niveau de son ami. Pendant que Ban le Lionnet et Duncan du Loch Ness se fixaient d'un regard intimidant et hargneux, le courageux chevalier de l'ours posa fraternellement la main sur l'épaule de Jabu et lui demanda, d'une manière polie, de se retirer pour lui laisser le combat.

Les deux ours se faisaient face. Ils étaient sensiblement de la même taille, Darko demeurant peut être légèrement plus "maigre" (quel terme inapproprié…) que son adversaire, mais d'apparence plus mur, comme pouvait témoigner sa barbe de trois jours, aussi éternelle que ne l'était les montagnes entourant et protégeant le sanctuaire. Il était plus âgé, plus adulte, et son physique marqua également cette différence d'age entre le juvénile Geki et l'honorable Darko.

La cérémonie d'avant combat n'intéressait que très peu Ban qui se jeta tel une furie sur Duncan, ce dernier recevant une multitude de coups de poings de son adversaire. Il n'arrivait pas à esquiver et se contentait plutôt de contrer, de parer. En un mot de résister, de subir, car Ban voulait en finir vite.

Jabu n'eut pas non plus le temps d'entamer son combat face au dernier lieutenant restant, le courageux Hossim du crocodile, que, d'un grand cri et explosion de cosmos, Geki trancha net le silence solennel entre les deux ours pour empoigner la gorge de Darko de ses deux mains puissantes comme des broyeuses. Les os du cou, la trachée, tout semblait se craqueler, se tordre, s'écraser entre les mains puissantes du Grand Ours.

- Tu es ma proie, tu vas mourir, clama le chevalier de bronze qui avait pris rapidement l'ascendant sur le combat. La grande ourse sera toujours plus forte que la petite, qu'il soit de bronze, d'argent ou d'or ! Je vais vaincre, pour Athéna !!!!

Darko ne répondait pas. Il ne le pouvait pas. Et même on pourrait dire qu'il semblait souffrir. Sa peau palissait sous l'assaut d'une rare brutalité de son adversaire. Pendant ce temps, Ban continuait à rouer de coups sa victime, Jabu et Hossim regardaient toujours les deux combats, et Arion avec maintenant 7 compagnons s'approchaient de la maison du Bélier pour une première rencontre en face un chevalier d'or.

*
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- Mu, tu m'entends ?

Une voix forte et puissante qui résonnait dans l'esprit du brillant Mu de Jamir. Une voix voisine, amie. La voix d'Aldébaran, le chevalier d'or du Taureau, gardien de la deuxième maison du Zodiaque.

- Je t'entends très bien, mon ami… Que veux-tu me dire ? Sois rapide… Je ne serais pas seul pendant encore très longtemps…
- Je vais être bref et clair : ne prends pas de risques inutiles !
- (surpris) Qu'entends tu par "risques inutiles" ?
- Je vais te le dire… De nous tous, tu es sans aucun doute le chevalier d'or le plus éprouvé. Non seulement tu as fait, au même titre que nous, un don important de ton sang pour les armures des chevaliers de bronze, mais en outre, tu as utilisé ton cosmos pour les réparer. Tu y as mis beaucoup de temps et d'énergie…
- C'était mon travail et ma compétence, par conséquent…
- Par conséquent ne fais pas l'idiot et fais nous confiance ! N'ai pas l'objectif de tous les arrêter ! Tu en es incapable dans l'état dans lequel tu es !
- Mais toi Aldébaran, en es-tu réellement plus capable que moi ?

Un silence seulement troublée par la pluie incessante qui tombait de ce ciel ténébreux troublait le silence gêné et inquiets de deux chevaliers. Puis par l 'éclair grondant.

- Sincèrement, non ! Mais nous sommes 5 chevaliers d'or, et une fois de plus, nous compterons sur la bravoure des chevaliers de bronze…
- Aldébaran a raison, renchérit Milo de sa maison du Scorpion. Un chevalier debout sera toujours plus utile pour Athéna qu'un chevalier mort. Ne soyons pas présomptueux et orgueilleux…
- Si c'est Milo qui dit ça, ria de bon cœur Aldébaran… Tu vois Mu, même le prétentieux Milo t'invite à la prudence, ça devrait te convaincre, non ?

Milo, de sa maison, souriait également de bon cœur à la boutade de son ami. Un sourire important, avant de voir couler de nouveaux flots de sang. Aiolia, qui était silencieux jusque là, prit part dans cette conversation télépathique entre les différents demi-dieu dorés.

- Aldébaran et Milo ont parfaitement raison. Ne soyons pas idiots. Nos adversaires sont en pleines formes, nous non. On est plusieurs à protéger Athéna, formons une équipe soudée, plutôt que de vouloir jouer les héros tout seul…

Shaka ne prenait pas part à la conversation. L'homme le plus proche de Dieu était d'autant plus de l'avis que ses amis qu'il voyait derrière cette "simple" attaque sur la sanctuaire mené par le fils de Poséidon quelque chose de bien plus dangereux… De par son silence, il approuvait ses compagnons, mais il attendait une parole… Qui ne tarda pas à arriver…

- Mes jeunes amis… Je vois que vous êtes tous raisonnables, ça me fait bien plaisir de voir qu'Athéna peut compter sur des hommes aussi censés et courageux que vous…
- Vieux Maître, c'est vous ? interrogea Aiolia surpris par cette intervention soudaine…
- Alors, renchérit Aldébaran, il fait beau chez vous en Chine ou il temps est aussi déplorable qu'ici ???
- Aldébaran… soupira Mu.
- Le temps est aussi mauvais que la situation est grave, répondit le vieux chevalier d'or de la balance et Grand Pope des armées du sanctuaire. Et une fois de plus, la vie d'Athéna et du reste du monde va reposer entre vos mains et celle de ces courageux chevaliers de bronze… Tous les guerriers survivants sont entrés dans le combat. Regardez le courage de Jabu, de Geki, de Nachi, d'Ichi et de Ban. Ils se sont battus et se battent jusqu'à la mort… Mais en étant bien conscients de leurs limites… Ayez cette sagesse, ne sous-estimer pas vos adversaires ! Certains, parmi eux, sont redoutables… Laissez passez le gros de la troupe ennemi et faites confiance à celui derrière vous. Combattez ceux que vous pouvez combattre, sans vous opposer à plus puissants, en force ou en nombre. Et enfin, dés que vous sortez victorieux, allez rejoindre et prêtez main forte à vos camarades. Mais surtout, restez raisonnables et humbles !
- Je comprends… approuva Aiolia du Lion. Et ceux sont là de belles paroles.
- D'autant que n'oubliez pas une chose : en ce terrain, nous avons l'avantage ! Ne nous mettons pas inutilement en difficulté. Notre rôle et de protéger le sanctuaire et de défendre Athéna. Pas d'attaquer inconsciemment au risque de se faire inutilement et bêtement contrer.
- Défendre notre poste, réfléchit Milo avec un sourire confiant… Ce n'est pas que cela m'enchante, mais bon, cela me semble la meilleure des solutions…
- Alors tu as compris Mu, rajouta Aldébaran ? Tu n'es pas le moins réfléchit d'entre nous…
- Ca c'est bien vrai, confirma avec rire Milo !!!! Et tu es bien placé pour le dire Aldébaran !!

Le bonne humeur n'était pas factice. Finalement, les chevaliers d'or restaient confiants. Pas tant en leurs forces, mais plus en l'assurance de leur lien inébranlable. Ils ne sont pas seuls : ils forment, avec les courageux héros de bronze vainqueurs de Poséidon et d'Odin, une muraille infranchissable. Et ils se comporteront en tant que tel.

- Mu, continua amicalement et sérieusement Aldébaran, tu as compris ? On est tous là, derrière toi !
- J'ai compris, sourit avec assurance le chevalier du Bélier. Mais bon, Aldébaran, avant de nous avoir en face d'eux, encore faudrait il qu'ils passent leurs premiers obstacles…

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- Abandonne, chevalier Darko de la petite Ourse ! Traître ! Renégat qui a trahis Athéna ! Tu vas périr sous de la force de mes mains !!! QUE L'OURS TE TERRASSE !!!

Darko, la gorge prise dans la poigne féroce de son adversaire, voyait ses pieds décollés du sol. Il était autant la merci de Geki que Duncan l'était à celle de Ban, ce dernier, virevoltant, assenait coups sur coups à son infortuné opposant, jusqu'à ce que…

- Tu es un félon, un rénégat, renchérissait Géki ! Et je te faire payer pour ça…

Traître, renégat… Ces mots étaient autant de piques qui meurtrissaient bien plus que des coups le chevalier d'argent Darko de la Petite Ourse. Il ne put que difficilement articuler cette pénible phrase, non sans laisser couler une imperceptible larme :

- Tu… ne sais… pas ce que… tu dis…
- Oh que si ! Tu es un misérable ! Tu t'es rangé aux ordres de Poséidon !
- Non… répondit avec la même difficulté Darko, en commençant à ressembler ses quelques forces cosmique… Je me suis rangé… (un éclair) au service… (la pluie autour de lui et Geki se transformaient en neige) … de… (les mains de Geki devenaient de plus en plus blanches sous l'effet du givre) d'ARION !!!
- LOCH NESS LEGEND !!!

Un coup de poing parti de nulle part vint soudain contre-attaquer. Ban, trop occupé à porter ses multiples attaques, ne vit pas l'afflux de cosmos qui se concentrait au niveau du poing de Duncan. Et se dernier, dés qu'une minuscule brèche s'ouvrit, déclencha sa redoutable attaque, un poing d'une force terrifiante capable de séparer en deux les eaux du Loch Ness. Ban se vit projeter contre les escaliers de marbre, expulser par ce terrible monstre légendaire que le Serpent du Loch Ness…

Jabu et Hossim s'étaient jeté l'un sur l'autre. Mais le chevalier d'Athéna stoppa net sa course à la sensation de ce terrifiant déferlement d'énergie du lieutenant écossais. Hossim porta un coup que Jabu esquiva facilement, avant de se poser et d'observer la situation actuelle. Situation dramatique par ailleurs. Ban venait d'être vaincu par un retournement de situation aussi soudain qu'efficace. Pendant ce temps, Geki…

- Mais, (sa prise commençant à lâcher sous l'effet du froid)) qu'est ce que…
- (enveloppé de son cosmos violet et glacial) Je… Je vais te dire (premier violent coup de poings porté au thorax de Geki)… pourquoi… tu ne sais pas (deuxième coup de poing au niveau de l'estomac, qui fit cracher à Geki un filet de sang)… de quoi tu parles (troisième coup de poing, l'étau se desserre).. lorsque tu parles (quatrième coup de poing) de trahison !

Cinquième coup de poing, l'étau s'est complètement desserré, Darko est libre, et très en colère. Son cosmos ne cesse de croître…

- Moi et mes amis, nous savons ce que trahison veut dire (voyant Geki se tenir le ventre) Nous connaissons le poids de ce mot (Intensifia son cosmos glacial et violent) Nous savons ce que c'est d'être trahis par sa déesse, celle que tu es en train de servir (explosion de cosmos) PAR LA POUSSIERE DE DIAMANT !!!!

Ce n'était pas une simple vague de froid qui s'abattait sur l'infortuné chevalier de bronze de l'Ours, mais une rage, une colère glaciale. Darko y avait mis toute la puissance de son poing dans la plus basique de ses attaques. Sous le regard étonné de Jabu, qui voyait la parfaite reproduction de la technique d'un Hyoga observateur attentif du haut de sa 11eme maison dans cette attaque. La Petite d'ourse d'argent venait de battre la grande ourse de Bronze.

Jabu était seul contre trois. Plus le temps de réfléchir : l'ennemi le plus proche de lui était celui du Loch Ness, vainqueur difficile de Ban le lionnet, très bien. D'un saut de licorne, il se jeta sur Duncan et tenta une attaque de son poing. L'écossais évita l'attaque et contre-attaqua par son arcane qui avait déjà vaincu Ban :

- LOCH NESS LEGEND

Un coup de poing d'une violence rare s'abattit sur Jabu qui n'eut que le temps de mettre ses mains en opposition et d'intensifier son cosmos pour parer ce qui était parable. Le recul fut énorme, poussé par cet immense rayon d'énergie qui sortait du poing de Duncan. On aurait un gargantuesque serpent de mer qui fondait sur le japonais, mais ce dernier tenait bon.

Puis lorsque l'intensité du "Loch Ness Legend" se vit moins infernale, Jabu sorti du champs d'action pour contre-attaquer. Il avait concentrer tout son cosmos dans son poing, l'énergie mythologique de la Licorne se préparait à déferler sur l'animal mystérieux des lacs écossais. Mais le dernier protagoniste encore inactif de la scène surgit. Hossim du crocodile, provenant de nulle part, vint littéralement intercepter le chevalier de bronze de la Licorne et le bloquer contre la falaise. Ce dernier, encore sous l'effort de sa parade du poing de Duncan, ne parvenait à se dégager.

- Mais ! que…?
- Allez y ! cria Hossim, tentant de résister à la tentative de dégagement de Jabu. Duncan ! Darko ! Vous devez rejoindre Arion ! Vous devez l'épauler ! N'oubliez pas, nous devons… l'escorter… devant Athéna !
- Tu as raison, acquiesça un Darko troublé par son combat. Duncan, on y va ! Hossim, revient nous vite, mon ami…
- Non, cria Jabu !!!! Je ne vous laisserai (se débattant) pas partir !!!
- Allez y vite, supplia Hossim !!!! Je ne (se recevant un coup de genoux dans le ventre)… tiendrais pas (un deuxième coup de genoux, puis re-plaquant plus vivement son adversaire contre la falaise).. longtemps ! Je vous promets, je le vainc et je vous rejoins ! Je vous le promet !
- Sois prudent, fit Darko en signe d'adieu à un ami qu'il savait perdu à jamais…

Darko et Duncan attaquèrent à leur tour la montée des marches sous une pluie battante les la foudre qui saluait leur départ, sous les yeux d'un Hossim qui se doutait qu'il ne foulerait peut être jamais aucune de ces marches…

- YAHHHHHH !!!!

D'un effort sur-humain, Jabu parvint à se dégager. A présent, il était seul contre son adversaire. Geki, glacé, gisait à terre, aussi inconscient que ne l'était Ban. Nachi était aussi dans un sale état, et il n'y avait finalement que Ichi qui parvenait à se remettre du poison du cobra. Il était encore dans les vaps, mais il n'était pas mort. Aucun d'ailleurs n'était mort, mais il avait été vaincu à plates coutures….

Jabu était pensif, et le ciel noir clairsemé d'éclair rajoutait à la tension qui était la sienne. En face de lui, Hossim avait pris la position caractéristique du lieutenant du Nil : il avait, avec ses deux bras, formé la position de la mâchoire grande ouverte d'un crocodile affamé, prête à se refermée sur la licorne. Mais non, Jabu n'avait pas l'intention de se laisser gobé comme une vulgaire mouche. Il n'avait jamais eu l'occasion de montrer sa fidélité et sa bravoure à Athéna. Pour Saori, pour Seiya, cet éternel rival devenu modèle, il vaincra.

- En garde ! lança Jabu en prenant position en en intensifia son cosmos violet. Je vais te vaincre Hossim, et tu n'aurais jamais dû faire de promesse que tu ne pourras jamais tenir…
- Tu ne me vaincras pas si facilement…
- PAR LE GALOP DE LA LICORNE !!!
- QUE LES MACHOIRES du CROCODILE SE REFERMENT SUR TOI !!!!

Le jeune chevalier de bronze à l'armure violette, à l'instar de son camarade du lionnet, utilisa une technique de combat d'une rare brutalité. Il roua littéralement Hossim de multiples coups de pieds, de plus en plus rapides, de plus en plus violents. Ce dernier , en position d'attaque, ne put parer et encore moins esquiver la fulgurance des attaques de Jabu. Un coup de pieds dans le bas ventre, puis un deuxième au visage, puis trois, quatre, cinq… Des centaines, des milliers. C'était une pluie de pieds qui s'abattait sur le pauvre lieutenant du crocodile qui ne put que constater les dégâts et s'écrouler, éreinté et physiquement éprouvé par la violence de l'offensive d'un Jabu qui pensait bien avoir terminé ce combat.

En effet, devant lui se tenait, affalé à terre, gisant dans le sang et la poussière, son adversaire du Nil qui n'avait même pas eu le temps de décocher son attaque. Jabu fut plus rapide que lui, plus motivé, plus hargneux. Il vient de remporter son combat pense t'il, en jetant un rapide regard à ses amis qui ont mordu la poussière. Mais pas le temps de pleurer sur leur sort, Arion va arriver à la maison du Bélier, et il faut l'arrêter autant que possible.

Mais avant d'avoir atteint le début des marches des escaliers du Zodiaque, un cosmos furtif venait de ré-apparaître : celui d'un guerrier qui refuse de mourir.

*
**

- Penses tu qu'Hossim a une chance de survivre ? Sincèrement… ?
- Non.

Cette réponse abrupte sort de la bouche de Darko. Le vainqueur de son alter ego chevalier de bronze a l'esprit maussade. Il monte, avec son compagnon Duncan du Loch Ness, ces fameuses marches à toute allure pour rejoindre le gros de la troupe d'Arion. Et il est soucieux, très soucieux.

Il vient de se faire traiter de "traître", d'homme sans honneur. Lui qui a, plus que quiconque, le sentiment de s'être fait trahir et humilier, lui qui a vu le corps de son cher ami Tomislav de Lynx gisant inanimé, cette épée recueillie par Arion en plein cœur, lui qui s'est fait rejeté par Athéna, pour le seul motif d'avoir été fidèle à sa mission, à ses valeurs, les valeurs de paix et d'amour d'Athéna.

Et maintenant, un jeune blanc bec manipulé par celle qu'il a toujours servi loyalement et qui l'a laissé tomber le qualifie de "renégat" ? C'est dur. Et pourtant, il sait que ce n'est que le début. Il sait qu'il va affronter des chevaliers d'or qu'il a rencontré, qu'il a connu, qu'il a même fraternellement côtoyé. Et qui ont choisi de continuer à servir, sans se poser de question, une déesse qui a perdu ses valeurs pour se lover dans la facilité de l'ambition démesurée et arriviste, allant jusqu'à donner la mort à Déméter et à ses anciens chevaliers servants.

- Darko ? Darko, tu m'écoutes ?

Cela faisait quelques minutes que Duncan s'adressait au chevalier d'argent complètement perdu dans ses pensées. Ce dernier, comme se réveillant en sursaut, répondit d'une manière confuse.

- Euh… Oui, tu disais ?
- (continuant à gravir les marches au pied de course) Je te parlais d'Hossim, tu penses que…
- Hossim est un guerrier vaillant et courageux qui ne capitulera pas facilement. C'est un homme de grandes vertus, mais…
- Survivra t'il ?
- Je ne sais pas… Mais il se battra jusqu'au bout, c'est évident !

Darko pensait au combat de ce jeune lieutenant peu brillant mais extrêmement tenace contre le redoutable Syd de Myzar, guerrier divin d'Asgard. Certes, il n'avait pas assisté au combat (trop occupé à survivre face au terrible Tholl), mais il avait, comme chacun de ses compagnons, ressenti l'extraordinaire résistance de ce lieutenant du crocodile qui refusait de capituler, face à un des plus brillants guerrier d'Asgard.

Et maintenant encore, il se battra jusqu'au bout contre ce chevalier de bronze, sans doute aussi faible mais qui se bat avec la même rage et la même envie. Mais malgré son écaille réparée et ressuscitée par l'apport du sang divin d'Arion, arrivera t'il quand même à résister ?

- Regarde Darko ! Ils sont là…
- Ben oui, mais… ?

Darko et Duncan venaient de rejoindre Arion et sa bande. Mais ces derniers étaient arrêtés, à quelques encablures de la maison du Bélier, qui commençait à être visible. Mais il n'avançait pas. On pouvait voir Nasser à terre qui se relevait, en essuyant la poussière présente sur son poitrail et dans une rare colère, et Arion, calme, qui fixait ce qui semblait être un mur invisible…

*
**

- Mais quand vas tu te décider à mourir !? PAR LE GALOP DE LA LICORNE !!!

Pour la troisième fois depuis le début du combat, Hossim venait de mordre la poussière. Mais pour la troisième fois, il se relevait, difficilement certes, mais il se relevait… L'armure tenait bon, et le lieutenant du crocodile pouvait remercier Arion. Mais plus que tout, c'est son opiniâtreté qui est à louer.

- Tu… tu te lasseras avant moi, chevalier d'Athéna…
- C'est ce qu'on verra, répliqua enragé Jabu ! Je vais te terrasser, pour Athéna !! Par le Galop de la Licorne !!!!
- QUE LA MACHOIRE DU…

La coup de pied était porté à une vitesse dépassant largement celle du son et vint percuter le visage d'Hossim avec une immense brutalité. S'en suivit trois coups de pied, d'intensité moindres, au plexus, au bas-ventre et enfin au menton. Mais cette fois ci et au lieu de s'écrouler à terre, alors que Jabu arma sa jambe pour ce qu'il escomptait être la coup de grâce…

- … CROCOCILE SE REFERME SUR TOI !!!
- AHHHHHH !!!

La douleur de Jabu était immense. C'était comme une mâchoire d'acier qui venait de se refermer sur le tibia droit du pauvre chevalier de la Licorne. Les deux adversaires tombèrent simultanément, l'un roué de multiples coups, l'autre la jambe sanguinolente, le tibia et le péroné fracturés et l'armure complètement détruite à cette endroit là.

Le chevalier de la Licorne se tordait de douleur. La fracture, franche, était ouverte. La principale arme d'attaque de Jabu était inutilisable, et la douleur vivace, agonisante. Pendant ce temps, et pour la quatrième fois du combat, alors que la Licorne souffrait à terre, le crocodile se leva. Oh, il n'était pas en très grand état. L'armure n'était plus qu'un ramassis clairsemé de métal, et seule la pluie évitait à la poussière et au sang de rester trop longtemps accolé au corps anéanti du lieutenant égyptien.

- Tu m'avais dis que… (toussant une nouvelle gerbe de sang)… je n'attendrai jamais ces escaliers, et pourtant…
- Pourtant, fit Jabu en surmontant sa douleur et en reprenant appui sur sa jambe valide… Pourtant tu périras…Avant…
- Et je t'y aiderais !
- Ichi !

Le chevalier de l'hydre venait de se lever. Il avait du mal à tenir debout mais il avait apparemment réussi à vaincre le poison du cobra. Pourtant, de la plaie béante provenant du coup de Kaba, le sang ne cessait de s'écoulait. Mais il voulait rendre grâce à Athéna et se battre jusqu'au bout.

- Adieu lieutenant du crocodile !!! PAR L'HYDRE !!!
- LE CROCODILE !!!!

Ichi reçut de plein fouet les mâchoires du crocodile qui se refermèrent sur lui en bruit et fracas. Mais même si l'armure de bronze de l'hydre terminait broyée de cet affrontement, si le corps d'Ichi était meurtri et tomba inanimé sur ce sol pluvieux et boueux, trois dents venimeuses venaient d'être plantées dans l'épaule droite d'Hossim. Ce dernier supportait la douleur en regardant Jabu dans les yeux. Il souffrait un martyre, le poison ne tardant pas à se répandre dans son être meurtri.

Le chevalier de la Licorne, qui ne tenait plus que sur une jambe, la main contre la falaise l'aidant à ne pas tomber, voyait ce qu'il comparait à un surhomme. Hossim du crocodile n'était plus qu'un cadavre humain, et pourtant de ses yeux émanait une incroyable volonté de rester en vie. Il marchait en direction de ses marches, et Jabu, en opposition face à lui, se concentrait afin de porter sa dernière attaque.

- (se murmurant à lui même) Non… je ne dois pas lui laisser atteindre ses marches, je ne peux pas, je ne dois pas… (Hurlant à son adversaire) Hossim !! tu vas périr ici !!!
- C'est ce (kof kof)… que tu crois !! PAR LES MACHOIRES DU CROCODILE !!!
- UNICORN PARADISE !!!!!

Jabu venait de déclencher son ultime offensive. La corne de l'animal légendaire que représentait son armure possédait des pouvoir mystique. Dont celui de perturber les sens de l'adversaire. Des ondes qui parasitaient la bonne réception des informations auditives et visuelles par le cerveau.

Le venin de l'hydre, plus les ondes psychiques de la licorne, ça en était trop pour le malheureux lieutenant du Nil. Tout tournait autour de lui, les montagnes semblaient danser une ronde infernale. Il perdait l'équilibre, mais voulait rester debout. Non, je ne tomberais pas. Il posa un genou à terre, mais se repris, avant finalement de retomber de tout son poids à terre.

- Non, je survivrai… Je ne peux pas… Mourir…

Du sang coulait de sa bouche, et il ne voyait plus rien. Il venait de perdre l'usage de la vue, et le venin de l'hydre lui ota progressivement la capacité à percevoir les fonds. Il n'entendait plus, ne voyait plus, et avait un mal fou à rester debout. Il souffrait un martyre mais il se releva. Une dernière fois, car en face, Jabu, de sa dernière jambe valide…

- PAR LE GALOP DE LA LICORNE !!

Un seul coup de pied, violent, au niveau de l'estomac. Hossim cracha une dernière gerbe de sang et s'écroula. Jabu tomba violemment à terre, épuisé. De même que son courageux adversaire.

- Non…

Hossim est à terre. Ichi aussi, comme Geki, Nachi, Ban et Jabu. Mais il rampe. Son sang s'écoule de chacune de ses plaies béantes, et va se disperser au contact de cette pluie purifiante. Mais dans la boue, dans la souffrance, il rampe sur cette terre sainte, il rampe en pensant à Arion, à Asgard, à ses amis avec qui il a combattu sous la même bannière.

Il ne veut pas mourir, pas encore. Il sent cette aura divine d'Arion, si près mais tellement loin, trop loin maintenant. Il se sera battu pour lui, jusqu'au bout. Mais maintenant, il n'en peut plus. Encore quelques centimètres…

Puis il tend la main, une main qui vient s'affaler sur la première marche de ces escaliers d'Athéna.

- Finalement… Finalement j'y serais parvenus, à ces marches sacrées…

Ce fut les dernières paroles du lieutenant Hossim du crocodile qui ferma les yeux, pour toujours. Le lieutenant du Nil, première victime de cette nouvelle guerre Sainte…

*
**

- Hossim… Je te vengerai toi aussi…

L'impassible enfant divin vient de serrer le poing. Ses yeux regarde ce mur invisible qui l'empêche lui et sa troupe de passer. D'aller plus loin. De sa main, il frôle quelque chose d'invisible, mais bel et bien réel…

L'impulsif Nasser lança ses attaques physiques, ses boules de feu qui détruirait n'importe quelle montagne. Mais à part se voir renvoyer ses propres projectiles, rien ni fut. Marino, du requin, tenta de transpercer ce mur invisible en projetant son attaque, rapide et précise, mais le résultat fut le même.

- Laissez moi faire…

Kamaté vient de s'avancer, et personne n'ose l'arrêter. Arion le regarde, impassible, les yeux presque cachés par sa fine frange humidifier par la sueur et la pluie que ne cesse de tomber. Il regarde cet intimidant chevalier de la chimère, combattant sombre et mystérieux. Son visage asiatique, fermé et sévère, ajoute au caractère ombrageux de ce personnage à l'armure imposante, semblable à celle des anciens samouraïs, et composée des trois animaux mythologiques qui forment le personnage de légende de la chimère.

- La chimère est un animal légendaire composé de trois animaux, explique Kamaté, le bras droit levé vers ce ciel tumultueux et rassemblant tout son imposant cosmos. Le premier d'entre eux est le dragon, et c'est à lui que je dois ma défense infranchissable…

Hristo, le blanc chevalier d'argent du triangle austral, écoute son compagnon parler en observant ce mystérieux mur invisible qui semble incontournable et qui réfléchi toutes attaques, tous cosmos…

- Le deuxième animal est la chèvre, et elle me permet d'envoyer mes adversaires dans un monde, justement, chimérique… D'où l'on ne peut sortir que mort…

Un mur invisible qui renvoie toutes les attaques… Une défense parfaite qui devient un instrument de contre-attaque mortel… Hristo ne cesse de cogiter… Un mur invisible…

- Et le troisième animal est celui qui me donne une puissance offensive dévastatrice, le lion ! Et c'est lui qui va me permettre de traverser ce mur invisible !
- Arrête Kamaté ! Ce mur va te renvoyer tout ton cosmos, et on risque nous aussi d'y passer !

C'est Hristo qui venait de prendre la parole en s'interposant entre son compagnon et cette muraille de cristal. Mur de cristal, voilà ce qui a mis la puce à l'oreille de Hristo qui explique ce qui se passe à ses amis…

- Je possède dans mon arsenal une technique similaire, quoique dramatiquement moins perfectionnée, à ce mur invisible… Une protection infranchissable qui se révèle être un vecteur offensif redoutable en se servant du cosmos offensif de l'adversaire en le lui renvoyant de plein fouet… J'utilise, pour me défendre, une protection dont la philosophie est similaire : Le "sphérical wall". Et je ne connais, à part mon Maître Asselbank, personne capable de maîtriser un tel arcane…
- Excepté le chevalier d'Or du Bélier ! De son prénom Mu…

Darko donna abruptement une réponse que tout le monde devinait.

- Nous avons perdu suffisamment de temps…

Arion venait de parler. Il venait, pour la première fois depuis le début de la montée de ces marches divines, de mettre sa main droite sur le manche de cette épée divine qu'il avait fraternellement nommé "Perséphone", du nom de cette sœur mythologique bien-aimée. Il la sortit de son fourreau dorsal en intensifiant progressivement ce cosmos verdoyant qui tournoyait et faisait danser la pluie autour de lui.

- Je ne compte pas être freiner par un quelconque truc invisible avant même d'avoir franchi une maison, clama haut et fort le fils de Poséidon en explosant sa divine cosmo-énergie vert émeraude.

La pluie semblait tourbillonner autour d'Arion, ses fins cheveux bruns volant dans tous les sens. Son armure scintillait de mille feux, et son cosmos ne cessait de croître en un feu d'artifice lumineusement merveilleux, contrastant avec les ténébreux nuages noirs qui ne cessaient de gronder.

- Chevalier d'Or du Bélier, ton stratagème a échoué !!!! Et tu périras comme ce mur de papier !

Une armée de lynx tranchants déferlaient sur ce mur invisible. Ils étaient, pour les premiers, renvoyés. Mais Arion, en intensifiant encore toujours plus fort son immense cosmos, parvenait à parer cette contre-attaque. Et son cosmos ne cessait encore de croître, les lynx devenaient plus nombreux, la déferlante d'énergie de plus en plus puissante, le mur commençait à se fissurer sous l'effet de cette tornade grandissante…

Puis le coup final. Arion asséna un violent coup d'épée et le de cristal explosa, s'envolant en de multiples éclats de cristaux qui s'envolaient avec cette pluie qui dansait sous l'effet des réminiscences de la tornade d'Arion.

- Allons y mes amis !

Et la petite bande de reprendre sa route vers la première maison qui était à portée de vue, comme si cet obstacle n'avait jamais existé…

*
**

Le Chevalier d'or du Bélier était droit et fier, attendant l'armée d'Arion pour un combat qu'il supposait très dur. Il avait tenté de les arrêter autant que possible. Mais il se doutait bien qu'un Dieu déjouerait facilement ce stratagème… Arion, quel être bizarre. Une apparence assez frêle d'un adolescent qui semble avoir déjà beaucoup trop pleuré et pourtant une force qui ne souffre d'aucune contestation. Une puissance dévastatrice cachée dans un corps d'enfant…

Ca y est, Mu les voit. Ils sont donc à présent plus que 9 à accompagner Arion, aux avants postes. Fier et abrupt, son épée toujours majestueuse dans sa main droite. Il arrête sa course et s'avance maintenant en marchant. Puis il se poste droit, relève la tête… Il regarde le chevalier d'or du bélier droit dans les yeux, dans un silence à peine perturbé par le fracas de la pluie qui fouette le sol.

- Tu es donc le gardien de la première maison du Zodiaque, le chevalier d'or du Bélier…

La voix du fils de Poséidon était teintée d'un respect qui ne faisait aucun doute. La scène est magnifique, entre cet homme, divin dans son costume d'or et de lumière, et cet enfant beau comme un ange et puissant comme un démon. Autour d'eux, la pluie et les autres combattants ne sont plus qu'anecdotiques.

Arion regarde avec des yeux admiratifs et déterminés ce chevalier d'or. Aussi beau que le fier Shura, aussi rayonnant de puissance que le costaud Aldébaran. Et il ne parle pas, il le fixe, il le défie. Et il ressent en lui cette violente envie folle de se battre contre lui, de le vaincre et ainsi de commencer, enfin, à faire payer Athéna.

Mu reste digne et silencieux. Il sait qu'il ne pourra pas vaincre seul toute cette armée. Mais son rôle est clair : il doit défendre cette maison. Et que son adversaire soit un Dieu ou un simple humain, il combattra avec la même conscience et la même application.

- Chevalier d'Or du Bélier, je serais ton bourreau !

Devant les regards contemplatifs de son armée, Arion défia Mu en le pointant du bout de la lame de son épée. Sous les yeux soucieux et inquiets du chevalier d'argent Hristo du Triangle Austral, le premier combat entre un chevalier d'or et Arion allait avoir lieu.

Le sanctuaire retenait son souffle.

*
**

Que faire d'autre à part attendre maintenant ? Du haut de cette 11eme maison du Zodiaque, du haut de la maison du Verseau qui logeait il y a peu mon Maître Camus, je ne fais qu'observer la scène en attendant qu'elle se rapproche de moi.

Le premier des 5 chevaliers d'or rescapé se tient droit devant eux. L'extrêmement brillant Mu, chevalier d'or du Bélier. Cependant, malgré son immense pouvoir, j'ai peur pour lui, je suis inquiet. Inquiet pour lui, mais inquiet également et d'une manière générale pour tous les chevaliers d'or rescapés de cette bien inutile guerre civile.

Je caresse mon armure, et je remercie les chevaliers d'or de s'être sacrifié et mutilé pour avoir permit sa résurrection. Mais voilà, maintenant, le résultat est qu'ils vont devoir affronter une armée de jeunes prêts à tout pour terrasser Athéna sans la plénitude de leur moyen.

Maintenant, j'ai eu l'occasion d'observer, du haut de cette demeure élevée, la terrible technique du puissant Darko dont m'avait parlé Aldébaran. Et il avait raison, nous sommes très proche… C'est le moins que l'on puisse dire : à part Camus et Isaack, je ne connaissais personne capable de dompter la poussière de diamant. Mais la maîtrise de ce chevalier d'argent est, à mon goût, assez exceptionnelle. Non seulement le froid dégagé semble parfaitement respectable, suffisant en tout cas pour tenir en respect les chevaliers de bronze que nous sommes, mais il y ajoute à son attaque une brutalité et une force physique que je n'ai pas. C'est littéralement un coup de poing glacé qui a déferlé sur le pauvre Geki.

J'ai beau connaître la poussière de diamant, voilà une variante étonnante qui m'est proposée…

Je vais à présent sereinement attendre et prier. Prier que mes amis qui sont aussi fatigués que je ne le suis parviennent à vaincre leurs adversaires, prier pour que les valeurs que nous défendons sortent vainqueurs de cette guerre, et espérer que ces mauvais pressentiments ne soient pas fondés.

Isaack, sur cet œil que j'ai sacrifié pour te prouver mon amitié et ma reconnaissance éternelle, je te promets que je ne cesserai pas le combat. Maman, Camus, je serais digne de votre bravoure, je serais un digne défenseur d'Athéna !

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Cette fiction est copyright Fabien Chaffard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.