Chapitre 1 : Des nuages qui annoncent la tempête


Une nouvelle phase commence. Le deuxième acte d'une pièce dont je prends toujours autant de plaisir à regarder le déroulement et dont Arion est le personnage principal.

Enfin, personnage principal, c'était le cas pendant la première partie de notre histoire. C'était logique remarquez, vu la relative faiblesse et insignifiance des seconds rôles l'accompagnant. Poséidon fut vaincu, Dragon des Mers abandonné, Asgard terrassé, les Généraux tombés les uns après les autres, bref de bien pitoyables personnages.

Mais voilà, Athéna rentre en scène, accompagnée de toute sa troupe. Et la pièce de théâtre va changer de forme à présent. Du récital solitaire, nous allons délicieusement passer au concerto à deux mains entre un fils de Dieu et son ennemie éternelle. Un somptueux mano à mano qui va m'enchanter.

Bon, résumons rapidement la situation quand même. Où en sommes nous ? Poséidon a été vaincu à plate couture par les armées d'Athéna, par ces 5 simples chevaliers de bronze qui, après avoir retourné le sanctuaire d'Athéna et vaincu les chevaliers d'or, ont tour à tour repris le contrôle d'Asgard et renversé le Dieu des Mers. A ces simples chevaliers de bronze je ne peux tirer mon chapeau et les respecter comme il se doit.

De l'autre coté de la scène, Arion et ses 10 compagnons. Une troupe hétéroclite composée de 4 lieutenants de Poséidon, de 3 chevaliers d'argent anciennement d'Athéna, de Déméter, et de 3 guerriers aussi mystérieux (je ris) que puissants. Rapidement, leurs noms : Trévor, Hossim, Duncan, Marino, Darko, Igor, Hristo, Kaba, Nasser, Kamaté. Et tous un même but (ou presque) : faire arriver Arion devant Athéna pour que sa divine épée ramassée sur le corps de Tomislav puisse délicatement lui trancher la tête. Une intrigue finalement assez simple.

Le déroulement du film devrait être assez clair : 12 maisons à traverser chacune (ou presque…) gardée par un chevalier d'or. Ca ne devrait guère être compliqué comme scénario.

Bon, je crois que le décor est bien posé et qu'il ne me reste plus qu'à espérer qu'Arion arrive devant Athéna. Ensuite, ensuite… Ensuite on verra bien ce qu'il adviendra.


*
**

Me revoilà revenu à cet endroit où l'enfant que j'était a péri. Me revoilà au pied de ces marches où ma destinée s'est confondue à celle du monde, pour sauver celle à qui j'avais quelques instants auparavant fait don de ma vie, pour défendre cette cause tellement juste : l'amour de la terre et de ceux qui la peuplent. Mes yeux ne me permettent plus de m'abreuver de la beauté de ce lieu, certes, mais il reste à jamais gravé dans mon esprit, comme la montagne garde éternellement en elle les plaies du temps et qui s'abat sur elle.

Je suis pareil à ces montagnes qui entourent et protègent le sanctuaire d'Athéna. Silencieusement, je garde en mémoire toutes les stigmates qui ont jalonné mon histoire, mais je reste droit car je connais mieux que personne la dureté et l'importance de ma tâche. Mais si mes yeux ne voient plus, mon corps reste continuellement en alerte et ressens toute la gravité et la majesté de ce lieu divin. Même si le soleil est caché par des nuages sombres dont je sens leur moite tension, prêt à exploser à la moindre étincelle, ce lieu reste divin.

Sur cette place où je l'arrête quelques instants, je ressens toute la souffrance endurée par Saori, mon amie, ma Déesse. Je la revoie à terre, gisant de cette satanique flèche d'or plantée dans le cœur. Je l'imagine, et ressent toute cette énergie qu'elle n'a cessé de nous apporter, à mes frères et à moi, alors que la douzaine d'heures qui nous était imparti pour sauver la rédemptrice de la terre s'amenuisait irrémédiablement. Mais elle a survécu, pour nous, pour cette terre qu'elle aime tant.

Je suis Shiryu, chevalier de bronze du Dragon. Mon Vieux Maitre m'a demandé avec sa bonté et sa sagesse habituelle de me rendre au Sanctuaire où de terribles évènements se préparaient. Et à vrai dire, je n'en sais pas plus. Mais même si mon bon Maître que je chéris tant n'a pu me donner plus de détails, je savais qu'il disait vrai. Moi aussi je ressens cette tension que le climat semble mettre en exergue. Et les nuages gris qui convergent actuellement vers ce lieu sacré semblent accompagner une terrible menace inconnue, anonyme, mais bel et bien réelle. Mes cheveux et ma tunique blanche s'envolent sous l'effet de ce vent froid qui provient de je ne sais où pour amener la pluie, mais je tiens fermement la sangle de cette caisse de bronze qui porte mon armure. Je suis venu ici pour me battre…

Ces pensées qui voguent entre l'inquiétude du futur et la nostalgie de ce passé tragique mais oh combien fort et riche m'accompagnent alors que je monte pas à pas ces marches en direction de la maison du premier des gardiens d'Athéna. Mon ami, celui qui m'a toujours accompagné dans tous nos périples, celui qui depuis le début est resté fidèle à Athéna, le divin Mu, Chevalier d'Or du Bélier. Toujours présent à nos cotés depuis le début des combats, il a maintes fois ramené à la vie nos armures pourtant vouées aux gémonies des ténèbres. Et dernièrement encore, il n'a pas hésité, une seule seconde, à faire don, pareillement à ses compagnon chevaliers d'or, de son sang pour ressusciter nos habits de combats.


Ce don du sang doit être éprouvant même pour un chevalier d'or. Et pourtant, si la vue m'était toujours disponible, elle me permettrait d'apercevoir un homme proche du divin, flamboyant dans son habit de lumière dorée, resplendissant de puissance et de sagesse, qui semblait m'attendre sur le seuil de son auguste demeure qui ouvrait la porte vers le chemin de la demeure d'Athéna.

- Shiryu, je t'attendais…

L'invitation était franche et dépouillée de toute fioriture. Mu n'était pas du style à faire de grandes rondes verbales. Et d'autant que ce moment nécessitait de la justesse dans les gestes et propos, de la rapidité, en résumé de l'efficacité. Je passais devant lui et le dépassait pour franchir le seuil de sa maison. Je ne fus pas surpris par l'incroyable sérénité explosive de son cosmos et par la puissance de celui ci, mais le fait de le voir autant en alerte me confirma les propos de mon Maître et nos propre soupçon. Quelque chose de grave se trame.

- Shiryu… Soit prudent.

Tels étaient les mots de mon brillant ami. Je ne répondis rien, mais cela eut le même effet qu'une large et longue suite de mots tellement inutiles à de pareils instants. Mu savait que j'étais reconnaissant de se compassion, de son amitié, et que j'avais bien saisi son message : le combat va être rude et imminent.

Je ne vis pas les marches passée tant mon être tout entier était plus occupé par l'examen minutieux des alentours que par le réel exercice physique et monotone qui était de gravir ces escaliers divins. A vrai dire, j'étais tellement absorbé par mes pensées que le poids de la boite sacrée qui renfermait mon armure et que je portais sur le dos ne représentait rien pour moi. Si bien que je me trouvais déjà devant la deuxième demeure du Zodiaque. La maison du Taureau se tenait devant moi, droite et belle. Je me trouvais devant le seuil de cette demeure autant imposante que ne l'est son puissant et brave gardien, Aldébaran, chevalier d'or du Taureau. Un homme dont la force et la bravoure n'ont égal que son sens de l'honneur et la dévotion pour Athéna. Un homme d'honneur… Un homme, tout simplement. Reconnaissant de ses doutes, ses faiblesses, ses erreurs. Le don de son propre sang pour réparer nos armures, le don de sa vie pour Athéna… Un grand guerrier que je respecte.

- Shiryu…

La voix grave d'Aldébaran m'appelle. Il est au centre de se demeure, et je sens en lui un cosmos également prêt à dévaster toute la Grèce de ses cornes sur-humaines. Les bras sûrement croisés, lui aussi m'attendait.

- Shiryu, tes amis les chevaliers de bronze t'attendent…
- Aldébaran… Seiya, Shun, Hyoga et Ikki sont au palais d'Athéna ?
- Non, pas tous. Ikki est introuvable, mais tes trois autres compagnons t'attendent dans la salle centrale du Palais…

Ikki… Mes pensées auraient pu diverger en direction de cet ami tellement solitaire mais au combien sincère et précieux que la cinglante mise en garde l'herculéen gardien de cette demeure me remit dans la conversation :

- Tu ne connais pas son identité, jeune chevalier. Mais je l'ai déjà rencontré…
- Mais de qui parles-tu, Aldébaran ?
- Du fils du Dieu que vous avez vaincu pour sauver Athéna ! Vous croyez le combat fini, mais il ne fait que commencer… Chevalier du Dragon, sens tu à sa juste valeur le sens de ma phrase ?

Les mots restaient bloqués dans ma gorge. Une seule question m'assaillait, mes amis sont ils au courant ? Athéna connaît elle la portée de cette menace ? Aldébaran ne tarda pas à me répondre…

- Athéna est consciente de cette menace planante, chevalier du Dragon. Mais sache qu'elle partage un avis unanimement partagé au sein de notre confrérie de défenseur d'Athéna… Un avis que tu dois ressentir au plus profond de toi, jeune disciple du sage Dohko de la balance…
- Arion, fils de Poséidon… Mais…
- Mais tu as compris où je voulais en venir. Mais avant toutes choses, sache que la déjà seule menace du fils du Dieu des Océans est immense ! Je l'ai affronté, avec Shura ! Et il est très fort… Accompagné d'anciens chevaliers d'Athéna, mais très fort… Très très fort…
- Mais… (les mots ne parvenaient que difficilement à sortir..) Mais il n'est pas…
- Non. Et c'est ça le pire. Il n'est pas seul !

Poursuivre la discussion était inutile. Je franchissais la maison du Taureau avec deux certitudes. La première est que tout le sanctuaire mesure bien la portée de la terrible menace qui plane sur nos têtes. La deuxième est que des certitudes, nous n'en avons finalement aucune. Nous avons identifié un ennemi, mais est ce le bon ? Aldébaran en doute, j'ai le sentiment que Mu ne saisit pas non plus la totale portée de ce combat que nous aurons à livrer.

Saga, toi qui fut le gardien de la maison que je suis actuellement en train de traverser, sans doute aurais-tu pu nous éclairer notre obscur chemin. Tu es mort dans une stupide guerre, et tu nous manques. Ton aide, ta force et ton amour pour Athéna nous serait tellement utile. Saga, chevalier d'or des Gémeaux, mort… pour rien.

La pensée de cet homme tourmenté par des forces obscures et un profond dévouement pour la justice, l'être aux deux masques, aux deux faces opposées. Un homme d'amour et de haine. Saga, de nous tous, tu auras été celui qui a le plus souffert. C'est aussi à ta mémoire que nous nous battons, pour défendre la terre et celle que ton être libéré aurait tellement voulu protéger.

La Maison du Cancer se tient devant moi, forte et mystérieuse, comme l'amas d'étoiles composant la constellation, comme cet être qui portait son armure d'or et qui fut mon adversaire. Maintenant que je traverse cette demeure qui aurait pu être mon tombeau, je ne ressens plus qu'amour, justice et puissance chaude et forte. L'armure d'or du cancer, présente en place centrale, irradie de sa puissance divine ce lieu divin. Athéna a lavé de son aura tout le mal qui aura gangrené ce lieu de justice. Et même moi, qui fut promis à la mort la plus atroce, ne parvient pas à souffrir de ce vil sentiment de rancœur vis à vis de celui qui fut mon bourreau. Non, aussi bizarre cela puisse paraître (certains trouveront même ça scandaleux), je lui ai pardonné. Je caresse les murs de cette demeure. Les murs ont retrouvé leur sérénité et leur quiétude, cette maison est redevenue celle d'Athéna, celle des hommes, et il faudra que les adversaires de l'humanité soient très puissants pour de nouveau la traverser.

On ne reste jamais indifférent lorsque l'on enlève la vie à quelqu'un. Jamais, et c'est méritoire. Si on s'habitue à la mort, on devient soit même la mort. C'est sans doute ce qui est arrivé à cet homme qui se faisait appeler " Masque de Mort ". Mon Maître me répétait souvent cette phrase : " méfie toi quand tu regardes dans l'abysse, car l'abysse regarde aussi en toi ". Lorsqu'on combat le diable, faire toujours attention à ne pas devenir soit même le diable… Cet enseignement fait parti des préceptes et des valeurs que je m'impose toujours de respecter. Ne pas devenir celui que l'on combat, peut être est ce l'une des multiples facettes de ce que mon Vieux Maître appelle communément la sagesse.

Ne pas devenir plus vil que le démon que l'on combat. Cela ne risque pas d'arriver au magnifique guerrier qui m'attend sur la terrasse de sa majestueuse demeure. Le valeureux Aiola, Chevalier d'Or du signe du Lion. Tout en lui évoque force et honneur. En face d'un tel homme, le seul sentiment que l'on peut ressentir, outre l'admiration, c'est le respect.

- Shiryu, te voilà donc… Toi aussi tu as ressenti cette menace sournoise qui plane sur nos têtes…
- Je l'ai ressenti, mais… Arion…
- Oui, le fils de Poséidon, le fils du Dieu que vous avez vaincu. Il revient pour se venger… Mais… Il n'est pas seul.
- Je sais. Aldébaran aussi a ressenti toutes ces auras l'entourant. 10 en tout, dont…
- Dont des anciens guerriers d'Athéna… Aldébaran m'avait parlé de son affrontement, alors… (la gorge noué par de dur souvenir) alors qu'il était manipulé par le grand Pope… Par Saga…
- Aldébaran t'as parlé de son affrontement contre les armées d'Arion ?
- La seule chose qu'il m'a affirmé, il y a peu, c'est que Shura avait affronté Arion alors que lui avait affronté des anciens chevaliers d'Athéna… Mais nous aurons bientôt le temps de voir, Shiryu. Cours, Athéna t'attend, ne la fait pas patienter…
- Bon courage, mon ami…

Ainsi Shura avait affronté notre futur adversaire ? Shura, cet homme merveilleux, trompé, abusé par une foi qu'il avait dogmatique et totale. Elle lui fut fatale. Puisse Excalibur réalisé ton œuvre, beau guerrier d'Athéna.

Je ne cessais de penser à ce combat tragique qui coûta la vie à ce terrible guerrier à la lame aussi divine que l'armure. Mais le fronton angélique de cette sixième maison me ramena vite à la raison, car je devais franchir la maison de cet être mystérieux que certains qualifie sans crainte de Dieu. Le brillant Shaka de la Vierge.

Il était au centre de sa demeure. Mais pas dans cette habituelle position de méditation qui fait sa légende. Son cosmos irradiait tout l'espace clôt, mais il m'attendait lui aussi, debout, grand, divin. Je ne le voyais pas, mais sa beauté me paralysait presque. Cet homme que l'on dit le plus proche de Dieu…

- Ne perd pas de temps Shiryu…
- Shaka…

Nous étions ami à présent, nous étions compagnons sous la même bannière, mais pourtant, ce respect que j'éprouvais en face de lui était tel que je parvenais difficilement à parler. Il nous avait sans aucune retenue reconnus, nous les 5 modestes chevaliers de Bronze, comme ses égaux. Et pourtant, que de chemin à parcourir avant de l'égaler. Un modèle…

- Shiryu, tu connais la situation. Ou tout de moins tu la ressens ? Alors n'attend pas et fonce.
- Shaka… Peut être pourrais tu m'en dire plus ?
- Je ne te dirai rien de plus qu'Aldébaran, Mu et Aiola. Car je n'en sais pas plus. Sinon que ce combat ne sera pas le dernier… Mais tu le sais déjà. Shiryu, ne perd pas de temps.

Je ne répondis rien et me contentais de suivre son conseil, son injonction. Il avait raison, à quoi bon vouloir connaître le futur immédiat. Nous le serons bien assez tôt. Je sortais sans guère être plus avancé de la maison de la Vierge, notre vie faite de combat, de douleur et de larme n'est pas prête de s'apaiser, sinon un point remarquable chez cet être divin. Son calme était intact, et son cosmos résonnait d'une sérénité que l'on ne rencontre que chez les Dieux. Il venait de me donner peut être une des réponses que j'attendais. C'est que quel que soit le danger et la gravité de la menace, nous ne pouvions - nous devons - que vaincre. Et Shaka n'en doute pas. Ce n'est pas de la prétention ni de l'orgueil, c'est qu'il connaît peut être plus qu'il ne veut en dire nos adversaires, et qu'il maîtrise mieux que personne la situation. Shaka…

Mes pensées me conduisent fort logiquement de l'être le plus proche de Dieu à un de ceux qui s'en rapproche également considérablement. Et l'être pour qui, Athéna et mes frères mis à part, j'ai le plus d'affection, d'admiration, de respect, et disons le franchement, de l'amour. Mon Maître Dohko de la Balance.

Sa maison semble guérie des stigmates de la guerre civile dont elle fut l'objet. Ici, au centre de cette pièce où mon Vieux Maître m'a permis, m'a ordonné, de revêtir l'armure dont il était le porteur afin de sauver mon frère Hyoga de ce cercueil de glace dans lequel le brillant Camus l'avait emprisonné, je me souviens une fois de plus de ces terribles moment où l'amitié et la foi en notre cause ont vaincu l'impossibilité de notre situation.

Au fur et à mesure que les souvenirs de la montée de ces divines et tragiques marche se poursuivait, ma confiance allait crescendo. J'avais confiance non pas en ma force, mais en ma foi et en Athéna. Et à mes amis aussi. Comment imaginer qu'un homme, aussi puissant soit sa force et ses convictions, puisse d'abord franchir les maisons gardées par d'aussi brillants chevaliers ? Puis Athéna, comment imaginer qu'elle faillisse à sa tache ? Nous vaincrons.

C'est en substance le message que semble m'envoyer le fier et vaillant Milo du Scorpion, de par son cosmos aussi vif que tranchant. Il ne me parle, à quoi bon ? On s'est tous dit, sans les mots certes, mais sont ils vraiment indispensables en ce moment. Son cosmos est prêt à piquer, il attend ses adversaires. Je le dépasse, il ne dis rien. Mais je sais ce qu'il pense, car je pense la même chose…

Mu, Aldébaran, Aiola, Shaka, Milo… Quel homme, aussi puissant soit il, pourrait se débarrasser de tels combattants. Aioros, tu aurais voulu faire parti de cette armée de la liberté toi aussi… Tu en aurais été le chef, le porte drapeau, l'âme d'Athéna. Ton armure trône au milieu de cette maison vide qu'était ta demeure, mais de part sa présence et son rayonnement, elle prouve ce qui fait notre force : tu es toujours là, tu nous guide et continuera à nous guider. Même de part la mort, tu restes notre référence et notre modèle, notre guide.

Athéna m'attend, et pourtant je ne peux m'empêcher de redouter ce passage de la 10eme maison du Zodiaque. Ce pré où je suis mort un jour, mais où eu lieu ma renaissance, avec Excalibur dans ce bras droit, et l'acceptation totale de mon destin de chevalier.

Je passe le seuil de cette demeure, celle des Capricornes, celle de mon ami Shura. La statue d'Athéna, immense, n'a pas perdu de sa superbe. Elle trône toujours au milieu de cette immense salle, rappelant par la même la mémoire de celui qui se voulait le plus fidèle de ses sujets, et qui fut trompé, salit, et qui en est mort.

Je passe la main sur la surface froide de ce bloc de marbre. Je m'arrête quelque instant, pour me souvenir…

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Ils sont 10 à accompagner ce jeune enfant qui ouvre la route à cette armée de revanchards. Le ciel continue de gronder, la pluie ne tombe toujours pas, mais elle attend le signal du début des combats pour entrer en scène. Le soleil se couche, donnant à ce ciel un aspect encore plus lugubre, plus noir. Aussi noir que ne l'est en ce moment le cœur de cet enfant, Arion, fils de Poséidon et Déméter, dont le seul objectif est à présent de cicatriser ses blessures dans le sang impur de la déesse Athéna, responsable de la mort de sa mère Déméter et de la défaite de son père, le divin Poséidon.

La poing fermé, l'épée qu'il a fraternellement nommé Perséphone (ramassée sur la dépouille mortelle de son ancien ami et père adoptif Tomislav, chevalier d'argent du Lynx) dans son fourreau dorsal, le regard humide et déterminé, Arion avance et conduit ces troupes vers une victoire qu'il espère. Pourtant, il sait que ses hommes, ses guerriers, ses amis, ne sortiront pas tous vainqueurs de ces combats. Arion le sait, car il a déjà affronter les chevaliers d'Or, en la personne du chevalier d'or du Capricorne à la divine Excalibur. Et à l'époque, la défaite fut totale. Une humiliation qui lui a fait prendre conscience de ses faiblesses. La déroute d'Asgard finissant d'éveiller totalement l'enfant à ce rang divin.

Mais à présent, il tient sa revanche. Vis à vis de ce dénommé Shura, mais, d'une manière générale, vis à vis d'Athéna et vis à vis de son destin. Il n'est pas seul. Ses amis originels de toujours, protecteurs de Déméter et habitant de ce chaleureux village Ukrainien de Gertazé, les frères Igor, chevalier d'argent du Toucan à l'armure bleue et le blanc Hristo du Triangle Austral accompagnent fraternellement le puissant et redoutable Darko de la petite ourse, à l'armure aussi sombre que ne l'est son regard et son éternelle barbe de trois jours.

Ils ne sont pas seuls à accompagner le fils de Poséidon, et à lui avoir offert leur vie. D'abord, les anciens lieutenants du vaincus Poséidon. Guerriers peu brillants, méprisés par les puissants généraux des mers, mais dont le courage et la bravoure font honneur à leur écaille et imposent un respect franc et sincère. Un anglais au cœur aussi pur que le bleu de son regard, Trévor de la pieuvre, gardien de la Mer du Nord. L'accompagnent le valeureux Hossim, gardien du Nil et titulaire de l'écaille du crocodile, le vaillant Marino du requin et gardien du Golfe de Mexique, et le combatif Duncan du Loch Ness, titulaire de la mystérieuse écaille du Dragon sommeillant dans ce lac. Enfin, pour compléter cette courageuse armée, les trois mystérieux mais non moins puissant Kamaté de la chimère, Kaba du Cobra et Nasser du Fennec.

Ils suivent Arion quasiment depuis le début, ont survécu au charnier enneigé d'Asgard, se sont fait plus ou moins exclure du sanctuaire sous-marin par Dragon des Mers, mais ils restent debout, fidèle à Arion, et prêt à rendre au Royaume des mers son lustre passé. Dans le sang d'Athéna.

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- Seiya, mais cesse donc de tourner en rond… Ca devient pénible à la fin…

La plainte provenait de ce charmant garçon blond dont la chaleur de son cœur était inversement proportionnel à la froideur glaciale de son cosmos. Hyoga, chevalier de bronze du cygne, vainqueur des Généraux de Poséidon, des guerriers divins d'Asgard et des chevaliers d'Or, suppliait, pour ne pas dire ordonnait, à son ami de cesser de bouger dans tous les sens. Cette scène se déroulait dans une des nombreuses salles du palais du Grand Pope, cette fameuse "treizième maison" qui n'est rien de plus que le palais d'Athéna, concluant de manière somptueuse cet escalier de marbre traversant les célèbres 12 Maisons du Zodiaque.

Mais non, Seiya, le courageux chevalier de bronze de Pégase, ne pouvait s'arrêter. Dire qu'il était inquiet ou énervé était un pléonasme. Dans son éternel jean bleu usé et T-shirt rouge dans un état au moins aussi déplorable, il ne cessait de tourner en rond, tel un lion en cage affamé et impatient d'en découdre. Hyoga, son ami; son frère d'arme et de sang, restait quand à lui assit, les bras croisé, quasiment les yeux fermés. Prêt d'une fenêtre donnant sur ce paysage que la climat et les éclairs éparses rendait apocalyptique, il se voulait calme. Se vouloir simplement, car la tension ambiante ne pouvait le laisser indifférent.

- Hyoga a raison, Seiya… Calme toi voyons, ça ne sert à rien…

La voie douce de Shun, jeune enfant qui possède pourtant le terrible titre de chevalier de bronze d'Andromède, appuyé contre un mur merveilleusement tapissé et les bras le long du corps, voulait également essayer de calmer Seiya. Son attitude rajoutait à cette atmosphère tendue, et chacun voulait essayer de rester calme, serein. Difficile, lorsque même le temps apporte son lot de stress par d'intermittent coup de semonce.

- Vous me faites rire, clamait le jeune chevalier de Pégase en ne cessant sa marche frénétique et en agitant chaotiquement les bras. Vous me faites rire… Rester calme, alors qu'on ne sait pas ce qui se trame, alors qu'on ne sait pas où ton frère Shun (ce dernier baissa tristement les yeux), alors que Shiryu n'est toujours pas là, alors que le temps est pourri comme un hiver en Bretagne, alors que, d'après les quelques sources que nous avons, un nouvel adversaire est en train de se préparer à frapper sur le sanctuaire ! Et vous voulez qu'on reste calme !
- Seiya, Shun a raison, ça ne sert à rien de s'énerver, fit la chaude voie du Russe Hyoga. (Ses yeux bleus fixant Seiya avec détermination) Mu, avec l'aide des chevaliers d'Or, nous a réparé nos armures détruites dans le sanctuaire de Poséidon, et nous sommes suffisamment reposés de nos périples Asgardiens et Méditerranéens pour aborder ce nouveau combat avec confiance… Même si…
- Même si, comme tu viens de le faire merveilleusement remarquer, les chevaliers d'or ont de nouveau eu à faire don de leur sang pour réparer nos armures !

La remarque, cinglante, de l'énergique Seiya replongea le trio dans un mutisme inquiétant. Oui, les chevaliers d'or ont à nouveau eu besoin de faire don de plus de la moitié de leur sang pour ressusciter (mon dieu que le terme est juste) les armures de bronzes totalement détruites lors des affrontements en Asgard et contre les Généraux. Ils sont affaiblis, c'est une évidence. Mu, Aldébaran, Aiola, Shaka et Milo, tous ont fait couler leur essence vitale sur ces 5 armures de bronzes en lambeau. Même sur celle du Phénix, pourtant immortelle mais tellement mal en point.

Sont ils suffisamment remis de ce dur travail ? Personne n'en sait rien. Perdre la moitié de son sang n'est pas une mince affaire, même pour des demi-Dieux. Cet effort qui a eu lieu il y a peu leur laissera t'il encore des traces ? Aucun des trois frères présents dans ce salon ne peut répondre, mais cet crainte est bel est bien présente.

- Je comprends ta crainte vis à vis des chevaliers d'or, reprit timidement mais fermement Shun, mais ils sont suffisamment puissant pour qu'on puisse leur faire confiance. Ils vaincront, c'est évident !
- Mais ils vaincront QUI ?

Une nouvelle question de la part de Seiya qui installa un nouveau silence aussi pesant que cette atmosphère tendue. Un éclair illumina la silhouette de Hyoga, qui prit la parole, de sa voix toujours monocorde dénuée d'émotion :

- Nous vaincrons nos adversaires… Aldébaran nous a parlé d'Arion, fils de Poséidon qui, il est vrai, nous n'avons pas rencontré, et bien nous lui ferons déposer les armes si il pose la main sur Athéna. (regard de nouveau froid et déterminé) Nous ne savons pas réellement qui sont nos adversaires, mais dès l'instant où ils en attentent à la vie d'Athéna, ils deviennent nos ennemis, et en ce sens…
- Tu as raison, répondit beaucoup plus calmement Seiya qui s'appuya contre un mur mitoyen à celui de Shun, en face de Hyoga et de la fenêtre, les bras croisés derrière sa tête. Tu as raison Hyoga, qu'importe qui ils sont, ils restent nos ennemis en ayant une attitude belliqueuse envers le sanctuaire. Mais quand même, je trouve bizarre qu'Arion… Enfin, nous verrons bien… (fermant les yeux, entendant un nouveau grondement de tonnerre qui déchira le ciel en faisant suite à l'éclair qui l'illumina quelques instant auparavant) Mais quand est ce qu'il va pleuvoir… ?

*
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Que faisait Athéna pendant ce temps ?

Elle demeurait seule dans cette immense salle du Grand Pope où eu lieu l'affrontement final entre le vaillant Seiya et le pauvre Saga. Elle y pense, en marchant sur cet immense tapis central qui semble infini. Devant elle le trône, derrière la Grande Porte, autour de multiples dorures et autres marques de richesse marquant l'immense solennité de ce lieu particulier où tant d'évènements se sont déroulés.

Et puis du passé on passe de brutalement au présent avant d'anticiper le futur. Et entre ces mots, une constante, un adjectif commun : tragique. Car ce qu'elle ressent, ce n'est rien de bien différent que les sensations obscures et les pressentiments dramatiques qu'ont chacun de ses amis et chevaliers. Elle aussi a discuté avec les chevaliers d'or. Elle les a trouvé fatigué par l'effort qu'ils ont accepté de faire : donner leur sang pour leurs jeunes frères de bronzes qui l'ont protégé contre Poséidon lors de ce double combat où tant de braves hommes sont tombés. Mais elle les a trouvé déterminé et prêt à livrer une nouvelle bataille dans laquelle ils veulent avoir leur place.

Elle est certes un déesse, son aura est celui d'une déesse, sa puissance est celle d'une déesse, mais son corps et son esprit restent celui d'une jeune fille, d'une enfant qui connaît déjà trop bien la vie, ainsi que la mort. Alors oui, elle a pleuré souvent depuis la fin de ces batailles. Elle repense à ces valeureux guerriers divins, tous morts pour une cause qu'ils croyaient juste, tous trompés comme le fut Shura, Camus et ses autres brillants chevaliers d'or. Morts pour rien finalement. Pour une guerre qui n'avait aucune raison d'avoir lieu. Mort pour rien, c'est terrible comme constat.

Elle en veut à Poséidon d'une certaines manières. Non pas d'avoir mené une guerre contre elle et ses armées, c'est la règle du jeu qui veut ça. Mais d'avoir impliqué des innocents dans ses envies de conquêtes. Pourquoi l'amant de la sœur d'Hilda est mort : pour rien. Pourquoi le brillant et courageux Siegfried est mort ? Pour rien. Pourquoi 5 autres garçons, aussi vaillants et fidèles les uns que les autres sont morts ? Pour rien. Sinon pour assouvir les envies de Poséidon dont ils furent les jouets.

Et maintenant son fils… Un jeune enfant nommé Arion, fils de son amie "mythologique" Déméter. Accompagné de 10 jeunes guerriers, dont 3 des siens… Des déserteurs diront certains, mais… non. Athéna voit qu'une nouvelle bataille se prépare, car elle les sent. Ils sont à quelques pas du bas des escaliers. Et ils veulent venger Poséidon. C'est enfin ce qu'elle pense.

Elle a donné des consignes à ces chevaliers, ou plutôt leur a fait une requête. Qu'il y ait le moins de morts possibles. Que cette guerre ne soit pas à l'origine d'un charnier inutilement sanglant. Mais bien évidemment que ses chevaliers survivent par tous les moyens. Elle s'est longuement entretenue avec ses proches chevaliers de bronze, enfin les trois actuellement présent auprès d'elle. Bien sur qu'elle les aime. Elle sait que Shiryu est à deux maisons de son palais, mais où est Ikki ? C'est plus fort qu'elle, elle s'en inquiète. Alors qu'elle sait très bien qu'elle ne devrait pas pourtant. Ikki est comme le phénix, un solitaire qui revient toujours, car la loyauté, la fidélité et l'honneur ne sont pas des vertus dont il est dépourvu. Enfin…

Ca y est, ils sont là. Arion et ses compagnons sont arrivés sur cette fameuse cour, au pied des escaliers, où elle gisait il y a quelque semaine une flèche dorée en plein cœur. Elle se crispe, et décide d'aller rejoindre Seiya et ses compagnons dans ce salon. Elle sait qu'ils les ont ressenti aussi, car tous les cosmos des chevaliers présents en ce lieu saint se sont mis en vibrer en harmonie au même moment. Un éclair furieux, le plus violent depuis le début de ce mauvais temps, transperce le ciel pour donner le coup d'envoi.

Et la pluie qui commence enfin à tomber…

*
**

- Il y a 12 maisons à traverser. Chacune gardée par un chevalier d'or, ou du moins ce qu'il reste de cette guerre civile…

Darko terminait ses explications alors que ce tenait devant eux, fiers et majestueux, les escaliers ouvrant le domaine sacrée. A ses cotés, Arion écoutait consciencieusement tel un chef des armées qui écoute les conclusions du long travail fait par son conseiller le plus proche, son ami. Puis Darko se tourna vers ses 9 autres compagnons de bataille.

- Je vous rappelle notre but : Arion doit arriver devant Athéna ! (le poing serré) Et coûte que coûte ! (la voix plus calme, comme serrée) Nous ne nous reverrons peut être jamais… Alors bonne chance.

Darko se prépara à courir alors qu'une voix l'arrêta.

- Attendez mes amis…
- Arion, mais que…
- (le visage bas, les cheveux mouillés de la fine pluie lui retombant sur le visage, le regard triste) Merci. Je tiens, à tous, à vous dire merci. Car quoi qu'il arrive, je sais que vous m'aurez été fidèle jusqu'au bout.

Toute l'assistance était médusée et écoutait religieusement les dernières paroles de leur guide. Dernières paroles qu'ils entendraient sans doute, car aucun n'avait l'audace d'espérer survivre…

- Merci d'avoir été là depuis le début. Je vous suis redevable d'une chose : gagner ! Nous vaincrons Athéna, je vous le jure !
- Abruti…

Une voix sarcastique brisa l'atmosphère silencieuse de recueillement.

- Qui a osé ? grogna Darko

Seul un nouveau tonnerre brisait le silence tendu qui faisait suite à l'injonction forte du chevalier d'argent de la petite ourse. C'est alors que, derrière eux, arrivèrent cinq jeunes garçons masqués par une sombre pénombre. Seul un éclair illumina brièvement leur jeune visage et leur légère et modeste armure de bronze…

- Moi ! Je suis Jabu, Chevalier de Bronze de la licorne !
- Et moi, je suis Nachi, chevalier de bronze du loup, pour Athéna !
- Je suis Ichi, Chevalier de Bronze de la constellation de l'hydre, et je vous empêcherai de poser un seul de vos misérables pieds sur une de ces marches sacrées !
- Je suis Ban du Lionnet !
- Je suis Geki, chevalier de bronze de l'Ours, et vous devrez passer sur mon corps !

*
**

- Ca y est, ils sont là !

Seiya avait bondi tel un fauve. Il les avait senti. Tout le sanctuaire les avait senti d'ailleurs, ce qui fut confirmé par l'arrivé de Saori dans cette salle. Elle fut le centre de tous les regards inquiets des trois jeunes garçons qui attendirent la parole sacrée de leur amie et déesse. Les yeux de la jeune fille croisait ceux du jeune chevalier de bronze de Pégase, héros à de très nombreuses reprises déjà.

- Seiya… (ravalant sa salive) Je vous en prie, soyez prudent…

Une âme de déesse dans un corps et un cœur de jeune fille, voilà qui était Athéna. Certes, une nouvelle bataille dont la paix sur terre était l'enjeu allait débuter, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à ces amis courageux et loyaux envers elle. Mais la parole de Hyoga, accompagnée du cri tranchant du ciel qui fait tomber la foudre divine, brisa une nouvelle fois ces silences qui n'ont plus lieu d'être, la bataille étant commencée.

- Saori, j'ai senti que Jabu et les autres chevaliers de bronze les ont intercepté…
- C'est de la folie, commenta Shun. Ils vont se faire massacrer !
- Saori, coupa Seiya, où est Marine ?

Saori recevait les multiples questions angoissées de ses compagnons, mais sans pouvoir y répondre…

- Seiya, pour Marine, je ne sais pas… Elle a complètement disparu depuis notre retour de chez Poséidon… Et Shina…

Un grand silence troublé par le tonnerre incessant. Seiya baissa les yeux, revoyant cette femme qui lui avait avoué son amour déraisonnable frappé par la flèche que lui même avait envoyé sur Poséidon…

- Co… Comment va t'elle ? Demanda timidement le jeune garçon au T-shirt rouge..
- Elle est toujours alitée, répondit gênée Saori… Elle a du mal à se remettre…
- Saori, coupa Hyoga, nous ne pouvons rester là à discuter ! Jabu et les autres nous attendent, et…
- Hyoga, vous ne devez pas descendre !

Cette voix… Une voix forte et déterminée, mais pourtant emplie d'une sérénité troublante en de pareils instants. Shaka, de la sixième maison du zodiaque, venait de faire entendre sa voix à tout le sanctuaire…

- Seiya, Hyoga, Shun, Shiryu… Nous, les chevaliers d'or, protégerons nos maison. Et nous ne les laisserons pas passer, je vous le garantis. Votre rôle est de protéger Athéna… Rester derrière nous, vous serez les derniers remparts, les protecteurs d'Athéna que vous avez toujours été…
- Mais, Shaka, vous êtes encore blessés de l'effort que vous venez tous de faire, répondit sèchement et violemment Seiya.
- Espèce d'abruti !

La voix du puissant Aldébaran résonnait dans l'atmosphère. De sa maison, il cherchait également à communiquer avec les chevaliers de bronze…

- Parce que tu penses que nous sommes trop vieux ou trop usé pour chasser cette vermine de notre terre sainte (rire franc et apaisant) ? Tu es vexant et insolent…
- Mais, cherchait à répondre Seiya… Aldébaran, tu…
- (redevenant sérieux et grave) Je dois faire mon travail, qui est celui de tous les chevaliers d'or : rendre notre maison infranchissable, et je réaliserai cette mission, comme mes amis ! Votre rôle à vous est de protéger Athéna, pas de vous jeter tête première contre le mur !
- Aldébaran et Shaka ont raison, fit une voix très connu provenant de la maison du Capricorne et appartenant au sage disciple du chevalier d'or de la Balance…
- Shiryu, firent les trois garçons en écho !
- Mes amis, je reste dans la demeure du brave Shura, pour la défendre. Nous serons les derniers remparts au cas où les chevaliers d'or échouent ! Défendez les dernières maison, protégeons Athéna !
- Mais de toute manière, ajouta Hyoga d'une voix apaisante, les chevaliers d'or ne nous laisserons que des miettes… Je m'en vais garder la maison de mon feu Maître Camus…
- Et moi, je vais garder la dernière maison du Zodiaque, fit Shun le regard déterminé et le poing serré !
- Quant à moi…
- Non Seiya !

Le chevalier de bronze de Pégase ne put finir sa phrase qu'il fut coupé par sa déesse… Ses yeux étaient brillants… Elle posa sa main sur l'épaule à Seiya et lui dis :

- Seiya, reste ici.

Les deux autres chevaliers ne répondirent rien. Il trouvait cette requête parfaitement logique et normale. Ainsi Seiya serait le dernier rempart à franchir, l'ultime gardien d'Athéna. Il s'occuperait de la "treizième" maison du Zodiaque…

- D'accord…

La réponse était aussi claire et limpide que ne l'était la pluie qui commençait maintenant à tomber de manière continue.

- Maintenant, il ne nous reste plus qu'à espérer que nos amis, Jabu et les autres ne tombent pas, commenta tristement Shun… Et que les chevaliers d'or…
- Allez Shun, ne perdons pas de temps !

Hyoga tira Shun par la manche, laissant seuls Seiya et Saori, pour aller rejoindre leurs positions. Et laisser seul quelques instants Athéna et son chevalier protecteur le plus fidèle…

*
**

- Nous serons vos adversaires !

Jabu, le fier chevalier de bronze de la Licorne, s'était mis en avant du groupe de 5 courageux guerriers de bronzes. Non, ce n'était pas pure prétention ou envie de se faire voir, il n'en était plus là… Le courageux chevalier de bronze de la licorne, pas spécialement brillant ni fantastiquement intelligent, avait évolué. Il avait vu Seiya et ses compagnons risquer leurs vies pour sauver celle à qui il avait juré fidélité, pour défendre cette si belle cause. Il en a été touché et atteint. Maintenant, il a l'occasion de montrer ce qu'il vaut. Il défendra Athéna jusqu'au bout !

Derrière lui, ses quatre compagnons sont dans le même état d'esprit. A une différence peut être, c'est qu'ils ne sont pas certain de survivre, bien au contraire. Arion, cet être jeune et beau qui se tient en avant, une épée dorée dans son dos, est un Dieu. Et autour de lui, ses 10 chevaliers sont brillants.

- Des chevaliers de bronze, c'est une plaisanterie ? lança fièrement Darko.

Ce dernier ne méprisait pas ses adversaires, malgré le ton volontairement moqueur qu'il mettait dans sa voix. Un ton intimidant qui se voulait supérieur et sur de lui. C'était de bonne guerre… Mais pourtant, lui le chevalier d'argent que beaucoup qualifiait comme le plus brillant de sa génération, lui le compagnon d'entraînement de celui qui deviendra le chevalier d'or du Verseau, lui l'ami du puissant Saga des Gémeaux au destin tragique, lui qui s'est fait rejeté par Athéna et Poséidon, lui qui est resté en vie de manière miraculeuse lors de la bataille d'Asgard, sait mieux que personne que mésestimer son adversaire est le premier écueil qui mène à la défaite. Alors il joue le dur, il intimide, montre que ces 5 chevaliers de bronze ne l'impressionne nullement…

D'ailleurs, il regarde autour de lui. Arion est impassible. Ni inquiet, ni sûr de lui, il est concentré. Puis ses deux compagnons Igor et Hristo. Eux aussi furent les "bénéficiaires" de cette aide divine sans laquelle ils ajouteraient de nouveaux corps sans vie sur le champs de bataille nordique. Eux aussi sont concentrés, mais ils semblent sereins. Les trois mystérieux Kaba, Nasser et Kamaté sourient. Ce n'est pas de la confiance en soi mais du mépris vis à vis de leur adversaire. Ils sont amusés, bon, très bien… Puis les lieutenants…

Eux sont sans doute les moins brillants du groupe. Ils le savent d'ailleurs. Mais malgré leur légitime inquiétude en face d'une mort qu'ils savent proches quand bien même leur loyauté envers Arion les obligera à retarder autant que possible cette morbide échéance, ils sont debout et font face à leurs adversaires.

- Je serais votre adversaire, lança avec ce même ton confiant Darko de la petite Ourse !
- Et tu comptes nous vaincre seul, défia Jabu ? Toi, l'ancien chevalier d'Athéna Darko de la Petite Ourse ?

Silence bref. L'éclair tombant à proximité de la scène relança la discussion.

- Donc tu me connais… c'est bien, on gagnera ainsi du temps, sourit avec une pointe de dépit le chevalier de la Petite Ourse…
- Nous vous connaissons tous les trois, Darko, Igor, et Hristo, continua fièrement Jabu. Aldébaran nous a parlé de vous et de votre affrontement il y a quelques mois…

A l'évocation de ce combat, Darko se crispa. Il se souvient avoir été ridiculiser par ce colosse d'or. Un rapide regard en direction de ses deux compagnons d'infortune pour s'informer de leurs sentiments. Ils s'étaient également raidis. Igor repensant sans doute à son Maître mort sous les coups de ces deux demi-dieu de Capricorne et du Taureau.

Kaba s'avança au niveau de Darko.

- Je pense qu'il est préférable que nous les affrontions tous ici, pour les éliminer rapidement et une bonne fois pour toute. Ne traînons pas en face de simples poux.
- C'est toi qui nous traite de poux ? fit sèchement Ichi de l'Hydre.
- Oui, répondit Nasser de Fennec qui s'était avancé aux avants-postes. Vous êtes des poux, et les poux, on les élimine en les écrasant.
- Tu vas voir si vous pouvez vraiment nous écraser !

C'était Nachi du Loup qui venait de parler. Mais avant même qu'il ai eu le temps d'ajouter un mot, il vit (ou plutôt entraperçu) deux formes flous qui fonçaient sur son ami de l'hydre et lui même. Kaba et Nasser, sous l'œil attentif d'Arion qui ne disait rien, étaient passés à l'attaque. Deux jets de lumière foncèrent en direction des deux amis de bronze, qui eurent la vivacité nécessaire de se jeter sur le coté et d'esquiver ainsi les deux attaques.

- Vous êtes des poux, des misérables poux !

Nasser était en colère de voir que son adversaire avait réussi à éviter son coup. Kaba, quant à lui, souriait de dents blanches carnassières qui contrastait avec sa peau noire et ses yeux blancs. Il savait qu'il allait donner la mort et il était heureux.

Pendant ce temps, profitant de l'attaque, Jabu et ses deux autres comparses, d'un saut majestueux, se mirent sur les premières marches de l'escaliers sacrés. En opposition entre cette cour peuplée de l'armée d'Arion et la première maison du chevalier du Bélier, qui regardait calmement l'affrontement.

- Nous ne vous laisserons pas passer, lança Jabu !

Arion n'avait pas bougé d'un nanomètre. Son épée était toujours rangée dans son fourreau, et son attitude restait renfermé et sombre, mais ses sens divins étaient tous en éveil et soudain, il leva la tête brusquement et, le visage mouillé par la pluie dégoulinant de ses fins cheveux bruns et son regard enflammé, clama :

- Allons y, ne traînons pas ! Darko, Kaba, Nasser, Hossim et Duncan, occupez vous de ces chevaliers d'Athéna !
- Eh là, attendez, mais…

Jabu ne put pas finir sa phrase que le divin garçon explosa son cosmos vert émeraude, et c'était une véritable tempête d'eau qui se déchaîna sur Jabu, Geki et Ban qui leur bloquait le passage. Pas puissante mais surprenante, si bien que lorsque le vent s'arrêta, Jabu, en se retournant vivement, eut la mauvaise surprise de voir Arion accompagné de 5 de ses compagnons filer en direction de la maison de Mu. Ce dernier, qui contemplait la scène, prit son casque et, calmement, le mit.

- Bon, on fait quoi maintenant ? On les tue tous ?

La question, posée avec ironie, était l'œuvre du carnnivore Nasser du Fennec. Apparemment, son adversaire désigné était Nachi du Loup, ils étaient face à face, et ce sera très bien comme ça. Le pauvre chevalier de bronze était suffisamment compétent pour avoir pu jauger son adversaire à sa juste valeur. Ce qui expliqua que les gouttes d'eau dégoulinant le long de son visage n'étaient pas toutes dues à cette pluies qui ne cessait de tomber, doucement mais régulièrement.

- L'idée me plait, répondit de ses carnassières incisives le chevalier mystérieux à l'armure jaune et noire du cobra…
- Ne perdons pas de temps ! clama Darko, qui se comportait en chef de ce groupe de 5… Et rejoignons vite Arion et nos compagnons !
- Vous ne rejoindrez personne, sinon le royaume des morts, répondit avec fougue le costaud chevalier de bronze de l'ours en se jetant sur son homologue en armure d'argent.

Mais Géki ne fut pas le seul à attaquer. 10 cosmos explosèrent simultanément, en même temps qu'un éclair plus lumineux et plus bruyant que les précédents, donnant le coup d'envoi officiel de la deuxième partie de la guerre sainte contre les armées de Poséidon.

- Reviens vite Darko…

A quelques marches d'escaliers au dessus, Arion vient de filer avec 5 de ses compagnons. Mais il espère qu'il ne sera pas séparer de son ami Darko pendant trop longtemps…

*
**

Hyoga et Shun sont partis rejoindre les maisons du Verseau et des Poissons. Rien de très original en fin de compte : les chevaliers rescapés s'en vont défendre les "postes de gardes divins" vacants. Certes, Shun n'est pas plus du poisson que Shiryu est du Capricorne, mais en ce moment, ce sont des considérations dont un peu tout le sanctuaire d'Athéna se fout.

Et Seiya, l'habituel fer de lance d'Athéna, sera donc le dernier rempart d'une défense solidement organisée.

Seiya n'est toujours pas sorti de ce salon où il est avec son amie Saori. Car ce n'est pas avec Athéna qu'il est en ce moment… La différence se voit juste dans les regards échangés non pas entre une déesse et son chevalier mais entre deux amis que les différents évènements de la vie n'ont cessé de rapprocher.

- Seiya, soit prudent…

De sa voix cristalline et profondément émue, Saori s'inquiète. Et ce n'est pas le regard aussi tendre que déterminé de son compagnon qui la rassure.

- Ne t'inquiète pas, je ne compte pas mourir. Et mes amis non plus…
- Mais nous ne connaissons rien de nos adversaires… Nous ne savons pas ce qu'ils veulent, ni…
- Ecoute Saori, c'est notre destinée qui veut ça. Combien de fois sommes nous sortis vainqueurs de combats dont aujourd'hui encore nous ne connaissons pas la raison d'être ? Combien de fois avons-nous vaincu des adversaires dont nous ne savions rien ? Et nous sommes toujours là. (lui prenant délicatement la main) J'ai confiance en mes frères, j'ai confiance en les chevaliers d'or, j'ai confiance en Jabu et les autres, ils vaincront ! (les regard devenant plus vague) Et j'ai confiance en le retour de Marine…
- (voix lascive) Seiya…
- Je dois y aller, fit Seiya avec le regard redevenant déterminé et combatif. Et en suivant les conseils sages et avisés du puissant Shaka de la Vierge, je me tiendrai en dernier rempart. (Poing serré et tremblant) ce n'est pas que cette position de dernier défenseur m'enchante, mais bon… Et nous vaincrons nos adversaires, une fois de plus !
- Seiya, ne meurs pas, je t'en prie, conclue la douce et tendre Saori en regardant son fidèle ami et chevalier partir en direction de l'entrée de ce Palais divin, pour la défendre elle et le monde qu'elle protège.

Saori était extrêmement triste, gênée, peinée. Une nouvelle fois ses amis, ses compagnons, Seiya, vont risquer leur vie car elle est la cible divine de personnes qui en attentent à sa vie. A cause d'elle… Pour un combat qui n'est pas encore fini. La guerre Sainte entre la Terre et la Mer.

C'est la dernière fois, elle se le promet. La dernière fois qu'elle met en danger la vie de ses chevaliers de bronze, la vie de ces 5 frères qu'ils ont déjà risquer en Asgard, dans les mers et ici même alors qu'elle gisait sans vie au pied de ces marches. La dernière fois… Encore faut il qu'il demeure en vie cette fois encore, en face de la colère du fils du Dieu des Océans…

En ce moment, ce n'est pas Athéna mais Saori qui parle et qui a peur. Elle prie pour que ses amis reviennent vivant. Puis elle se ravise : prier qui ? Elle est Athéna, et à ce moment même où cette pensée lui vint à l'esprit, elle se reprend et son cosmos explose et se diffuse au sein de tout le sanctuaire.

Une lumière dorée qui émane de son corps et s'échappe de son palais pour descendre un a un les marches des escaliers, traverser les 12 maisons et encourager ses fiers chevaliers. Jusqu'au bout de la Chine où coulent des cascades, on ressent son immense cosmos chaud, bienveillant, et puissant comme la déesse de la guerre.

- Athéna…

Chacun des 5 chevaliers d'or restants en vie dans le sanctuaire ressent au plus profond de lui l'appel de sa déesse qui les encourage. Leur cosmos s'allient à celui d'Athéna, ils sont prêts. Comme les chevaliers de bronze, ces combattants de l'impossible, qui ont à livrer ce nouveau combat contre un adversaire enragé.

Jabu vient lui aussi de ressentir le cosmos de sa déesse. Comme ses compagnons; il s'en empreigne et s'en nourrit, pour être plus grand, pour être plus fort.

- Saori, non… Athéna… Je ne vous décevrai pas. QUE LA LICORNE TERRASSE MON ENNEMI (tous poings devant), YAHHHHHH !

La guerre Sainte contre Arion est commencée. Sous une pluie qui joue le rôle de témoin impartial et qui lavera le sang de ces nouvelles et inévitables victimes.

*
**

La violence des premiers assauts m'ont vite tiré de ma méditation, de mes rêveries plutôt devrais-je avoir l'honnêteté de dire.

Je suis Shiryu, chevalier de Bronze du Dragon, disciple du vénéré chevalier d'or de la Balance, et je me trouve maintenant en train de défendre la Maison du chevalier d'Or du Capricorne qui fut mon tragique adversaire et qui reste un de mes guides à présent. En face de la statue d'Athéna que tu chérissais tant, et sur mon bras droit qui recèle à présent cette épée divine d'Excalibur dont tu m'as fait don, je te jure de rendre ta demeure infranchissable !

Arion, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a commencé sa montée des marches. Mes amis, mes frères, Jabu, Ban, Geki, Ichi et Nachi ont tiré les premiers. J'ai extrêmement peur pour eux, mais je sais qu'ils vaincront. Enfin, je sais, j'espère plutôt. Ceux sont de valeureux combattants qui ont le courage des meilleurs, mais leurs adversaires sont redoutables et très puissants.

Mon Vieux Maître m'avait parlé de quatre chevaliers d'argent. Dont un terriblement puissant et très proche des chevaliers d'or, tant par l'amitié que par la force. Darko de la petite ourse… Puis Aldébaran nous avait raconté son affrontement en face d'eux, et avait reconnu leur bravoure. Puis il y a les guerriers rescapés de Poséidon. Non, ce sera dur pour Jabu et mes amis. Résistez, tenez bon, mais je vous en prie, ne mourrez pas !

Pour Athéna, vous devez vivre, et faire votre devoir de Chevalier.

Le Dragon que je suis attend de pied ferme nos adversaires. Venez, je suis prêt, pour la gloire d'Athéna !

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Cette fiction est copyright Fabien Chaffard.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.