Chapitre 8 : Nouveaux horizons


* Un nouveau général…

"Dort-il enfin ?"

Sorrente s'inquiète pour son jeune élève, Sion a du mal à s'endormir depuis qu'il sait ce qui arrive à son demi-frère. Il est très soucieux, et Sorrente et Thétis le comprennent.
Au bout d'un moment, Sorrente décide d'entrer dans sa chambre pour parler un peu avec lui. Mais il trouva son élève enfin endormi, le trident à côté de lui dans le lit. Sorrente eut peur qu'il ne se blesse avec, et voulut le lui enlever, mais Sion s'y cramponnait tellement qu'il ne le put. Il se contenta alors de le couvrir, et ressortit…
Thétis dit:

"Il dort ?
-Oui, avec son trident dans le lit…
-Alors c'est pire que ce que nous pensions…il a vraiment peur…que faire ?
-Laissons-le pour l'instant…il parlera quand il en aura envie…"

Un peu plus tard dans la nuit, un petit vent entre par la fenêtre ouverte de Sion, et fait bouger ses cheveux. Il s'éveille, regarde autour de lui d'un air ahuri, et va refermer les yeux quand quelque chose au fond de lui, cette petite voix qui est son intuition, lui commande de ne pas se rendormir tout de suite. Il se lève, le trident à la main, et demande:

"Qui est là ?"

Mais rien ne lui répond pour l'instant. Il regarde alors par sa fenêtre, et voit quelque chose qui brille, là, au bout du cap. Sion enfile sa tunique d'entraînement posée près de son lit, et, nouant sa ceinture, sort pour aller voir de quoi il s'agit. Il ne se sépare pas de son trident…
Ce qui brille tant, c'est une armure verte, mais qu'il sent nettement être de nature marine. Une jeune fille est agenouillée là, son cosmos irradie d'elle, manifestement elle l'attend. Sion se redresse, tâchant de faire preuve d'autorité, et demande:

"Qui êtes-vous ?
-Je suis une de vos plus fidèles servantes, maître Sion…pardonnez-moi de troubler ainsi votre précieux sommeil, mais ce que j'ai à vous dire et à vous donner ne souffre aucun retard…"

Tiens, elle connaissait son nom…Il dit:

"Qui êtes-vous ? je croyais que les Marinas avaient été décimés…
-Pas tous, Majesté (encore !)…moi, j'ai survécu à la bataille, comme beaucoup d'entre nous, je veux dire de moindre importance…Je suis la gardienne du sceau sacré de Poseidon…
-Le sceau sacré ?
-Oui, il vous revient de droit et vous aidera dans votre quête pour sauver Sa Majesté Triton…"

Oh, cette débauche de 'maître' et 'Majesté'…Sion avait du mal à s'y habituer. Surtout quand il pensait que 'Sa Majesté', c'était lui…et sa sœur, bien sûr.
Elle resta agenouillée, et dit:

"Je suis Illia de Charybde…mon frère jumeau, Io de Scylla, était le général gardien du Pilier du Pacifique Sud autrefois…"

Charybde…Scylla…Il aurait pu faire le rapprochement tout seul. Et encore des jumeaux, décidément…
Sion la regarda de plus près…Elle avait la même couleur de cheveux que son frère jumeau, mais des yeux bleus magnifiques, bleus comme la mer profonde. Elle lui tendit un coffret:

"Ceci est le sceau sacré, Majesté…"

Sion prit le coffret et l'ouvrit…dedans, au milieu d'un écrin de velours, reposait un lourd sceau d'argent frappé du trident…Sion referma le coffret et dit:

"Je te remercie d'être venue me le remettre…
-Tous les Marinas et moi sommes avec vous et nous espérons votre victoire…"

Soudain, Thétis et Sorrente sortirent. Illia les salua avec déférence. Thétis lui dit:

"Ca fait bien longtemps…
-Oui, maître…"

Thétis dit à Sion:

"Je l'ai entraînée moi-même autrefois…"

Sion dit à Sorrente:

"Elle est venue me remettre le sceau sacré de Poseidon…"

Sorrente fut surpris, car il avait toujours cru que l'existence de ce sceau était une légende. Mais l'objet dans le coffret démentait cette rumeur…
Illia sourit et dit :

" Je dois m'en retourner maintenant, Majesté…tous mes vœux sont avec vous ! "

Et, d'un geste preste, elle plongea dans la mer….
Sion resta là, un peu ahuri, et regarda Thétis :

" Sais-tu qui elle est ?
-Oui…comme elle te l'a dit, elle est la sœur jumelle du général Io de Scylla…comme c'est la coutume quand il y a des faux jumeaux, on entraîne les deux et c'est le garçon qui devient général, car il n'est pas d'usage que les filles soient des généraux…bien que cela se soit déjà vu…

A la mort du titulaire, c'est donc l'autre qui devient général à sa place…

-Veux-tu dire que… ?
-Oui…par la mort de son frère pendant la bataille du Sanctuaire sous-marin, Illia de Charybde est donc devenue de plein droit l'un de tes généraux…
-Le sait-elle ? elle n'en a pas paru consciente…
-Je ne sais pas ; je n'ai pas eu le temps de lui apprendre ça… "

Sorrente acheva :

" Au titre de général du Pacifique Sud, elle est donc comme moi affectée à ta protection…Thétis, il va falloir que tu la retrouves… "
-Bien sûr…je dois lui parler de toute façon… "

Sion se redressa :

" Retrouve-la, et surtout informe-la bien que je ne lui veux aucun mal… "

Sorrente termina :

" Thétis, vas-y, Sion, retourne te coucher immédiatement…tu as besoin de repos… "

Sion ne parvint pas à se rendormir tout de suite. Il laissa son esprit vagabonder, en fixant le coffret remis par Illia de Charybde. Qui lui avait donné l'ordre ? son père ? peut-être…d'après ce qu'il en savait, les dieux étaient omniscients, et il était fort possible qu'il ait appris ses projets. Mais alors Arès aussi…cette idée lui fit froid dans le dos…comment pourrait-il affronter un dieu de plein exercice seul ? Malgré son sang divin, Sion était très conscient de ses limites.
Il finit par s'endormir d'un sommeil agité, et ne se réveilla qu'au lever du jour. Le petit déjeuner, pris en compagnie d'un Sorrente taciturne, fut vite expédié…Puis Sion se retrouva sur le plateau désolé du Cap, devant la maison, mais ni lui ni Sorrente n'avaient encore prononcé un seul mot de la journée…
Thétis n'avait pas encore reparu, et ne reparut pas avant le soir, en compagnie d'Illia. Celle-ci, visiblement encore ébahie, portait l'écaille de son frère jumeau, et s'inclina devant Sion :

" Majesté, je ferai mon possible pour vous protéger…
-Je sais, Illia…
-Puis-je solliciter de garder mon titre ? Scylla me rappelle trop mon frère, et c'est la seule chose qui me différencie vraiment de lui…
-Accordé… "

Sion sourit à Illia, et celle-ci leva la tête vers lui…Sion dit :

" Relève-toi, général du Pacifique Sud…Sorrente, Thétis, allouez-lui une chambre, puis elle dînera avec nous…. "

Sion avait donné ses ordres….Thétis emmena Illia dans une chambre encore inoccupée, et Sorrente resta avec Sion. Sion sourit :

" Je sens qu'on peut lui faire confiance…
-Il est vrai que tu as un sens très aiguisé de ce genre de choses… "

Et Sorrente sourit à son élève…

* Importantes révélations, ou la mission de Shaina…


Le Sanctuaire…

Athena, assise par terre, attendait son maître…Celle-ci venait de la réveiller, il était cinq heures du matin, le jour n'était pas encore levé. Athena, très vite prête, en profita pour jeter un coup d'œil en bas. La mer était d'un noir d'encre, malgré les quelques lumières de bateaux qui se dirigeaient vers le Pirée en passant par le Cap Sounion. Elle chercha du regard le Cap, point de lumière là-bas encore, ce paresseux de Sion devait encore dormir ! Elle rit à cette idée…Pourtant, par le lien qu'elle avait avec lui, elle savait qu'il s'était passé quelque chose cette nuit, mais ne pouvait dire précisément quoi. Mais, par dessus tout cela, elle sentait confusément la peur de Sion. Sion avait peur, peur du combat qu'il devrait livrer contre le monstre marin pour sauver Triton. Elle donnerait le peu de force marine qu'elle avait pour qu'il triomphe, même si elle devait pour cela partiellement se drainer.
Aphelia de l'Octant, son maître, l'appela alors :

" Déjà prête ? Bon, suis-moi, nous sortons du Sanctuaire aujourd'hui… "

Etonnée, Athena suivit son maître pendant une heure jusqu'à un cirque rocheux. Elle se tourna vers elle, et dit :

" Bien…puisque tu retiens tes pouvoirs, pour une raison que je ne sais pas encore, j'ai donc décidé de t'emmener dans un endroit où tu serais seule…ce qui se passera ici ne regardera que toi et moi, je te jure… "

Athena sourit à son maître, et dit :

" Alors, que dois-je faire ?
-Détruire entièrement la paroi en face de toi… "

Athena respira un grand coup. Que fallait-il faire ? Elle décida de se fier à son instinct, tant pis…
Mère, père, aidez-moi, supplia-t-elle silencieusement.
Puis elle se concentra, et envoya une énorme boule d'énergie qui pulvérisa la falaise. Aphélia de l'Octant resta muette un bon moment, puis finit par dire :

" Par Athena…d'où tiens-tu cela ?
-Il y a des antécédents dans la famille….je n'y peux rien, c'est comme ça… "

Mais elle se refusa à dire autre chose…Aphélia la ramena au Sanctuaire, pensant la trouver épuisée, mais Athena n'avait utilisé là qu'une petite partie de ses capacités, et elle ne se sentait pas fatiguée. Aphélia de l'Octant tint sa parole, mais, depuis un petit moment, Shaina d'Ophiucus, la supérieure des entraîneurs, s'intéressait au cas d'Athena. Bien sûr, sa parenté avec Mû de Jamir pouvait justifier son état de développement très avancé, mais cela ne justifiait pas tout, loin de là. Et, en plus du pouvoir d'Athena, elle sentait aussi un pouvoir qui lui était connu, qu'elle avait déjà rencontré, mais elle ne pouvait pas très bien se rappeler où.
Elle décida alors d'en parler à la déesse. Shaina était l'une des seules qui ait connu les dernières guerres de très près, et la déesse l'appréciait et lui faisait confiance.
Dès que les doubles portes d'or de la salle d'Athena se furent refermées sur elle, Shaina attendit que la déesse lui signifie de se relever et dit :

" J'ai un problème avec une des élèves du camp, vous la connaissez je crois : son nom est Athena…
-La nièce de Mû ? bien sûr….quel est le problème ?
-Eh bien, je m'intéresse à son cas depuis un petit moment…cette gamine est trop puissante pour avoir onze ans, il y a chez elle quelque chose qui n'est pas clair… "

La déesse, malgré son maintien, sentit une sueur lui couler dans le dos. Elle avait oublié ce détail …et, bien qu'Athena fît ce qu'elle pût pour retenir ses pouvoirs, Shaina avait beaucoup d'expérience et remarquait tout de suite ce qui ne collait pas. Que fallait-il faire ? Fallait-il tout dire à Shaina, trahir le secret de Mû et des jumeaux ? Elle la savait fidèle, forte et digne de confiance…et peut-être serait-ce mieux pour Athena d'avoir une alliée dans le camp d'entraînement, bien qu'elle la sût capable de se défendre par elle-même ?
Athena releva la tête, et dit à Shaina :

" Bien…ce que tu vas entendre là relève du secret le plus absolu, s'il devait être divulgué cela menacerait la vie d'Athena et de plusieurs autres personnes…Tu répondras de ce secret sur ta vie… "

Sans hésitation, comme tout ce qu'elle faisait, Shaina dit :

" Je le jure sur ma vie et mon honneur… "

Alors Athena commença son récit :

" Athena, que tu connais, et son frère jumeau Sion, que tu as déjà rencontré, sont les enfants de Mû de Jamir et de Poseidon…non, ne m'interromps pas…Ils ont onze ans, mais leur sang divin les fait grandir plus vite…et, comme tu l'auras compris seule, Mû est une femme…Mais cela est un secret, et doit le rester…le fait que les enfants soient les enfants de Poseidon est dû à un rayon lancé par celui-ci à la fin de la bataille…Je les ai séparés à la naissance, Sion avait trop de pouvoir marin à mon goût, mais ils sont tellement liés qu'ils se sont retrouvés quand ils se sont éveillés, à six ans. Athena, l'aînée, qui avait une aura terrestre, je l'avais laissée à Mû, qui l'a élevée à Jamir.
Depuis, tout s'est précipité, il y a eu la guerre d'Hermès, Sion a failli mourir, ils se sont tous les deux battus très courageusement…leur père s'est alors manifesté, et a désigné Sion comme son héritier…Athena, elle, a très peu de pouvoir marin, et c'est pour cela que j'ai voulu la mettre au milieu de ses congénères. Voilà, tu en sais autant que moi… "

Shaina resta un grand instant silencieuse, assimilant tout ce qui venait d'être dit. Puis elle dit :

" Je comprends alors pourquoi elle retient ses pouvoirs….à pleine puissance, ils seraient destructeurs !
-Oui, elle le sait, elle en a eu très tôt…mais elle a tendance a vouloir tout le temps se sacrifier pour son jumeau, de huit minutes plus jeune…Mais elle a une très riche personnalité, tu le verras tout de suite en parlant avec elle…
-Je vais le faire…mais comment dois-je m'adresser à elle ?
-Normalement…Mû leur a donné une très simple éducation, et Athena oublie très souvent le sang divin qui coule dans ses veines…Sion ne le peut pas vraiment, vu que son père lui a donné son trident, et qu'il subit un entraînement spécial…
-C'est lui que j'ai vu une fois en montant ici avec Athena…il était accompagné du général Sorrente de la Sirène…
-Oui, c'est lui…
-Alors je comprends mieux pourquoi j'ai pensé à Julian Solo en le voyant…il lui ressemble beaucoup…
-Oui…Sorrente l'entraîne et assure sa protection, avec Thétis…
-Ah, Thétis…je m'en souviens bien…elle était très forte…
-Et elle l'est toujours… "

La déesse sourit, et dit :

" Vu que tu es la supérieure des entraîneurs, je te charge de veiller sur Athena…s'il se passe quoi que que ce soit, règle-le dans la mesure de tes moyens….je te charge aussi, en plus d'Aphélia de l'Octant, de veiller sur ses progrès…
-Avec plaisir… "

Et Shaina s'inclina…la déesse ajouta :

" Préviens-moi immédiatement s'il se passe quelque chose d'inhabituel… "

Shaina s'inclina simplement, et sortit de la pièce, encore abasourdie…Elle avait parmi ses élèves quelque peu ordinaires une demi-déesse. Il est vrai que, physiquement, Athena était très normale, malgré sa croissance accélérée. Une fois de retour au camp, elle donna congé à Aphélia de l'Octant, et emmena Athena dans son bureau. Elle la jaugea plus attentivement : Athena commençait à maigrir, et elle avait les traits tirés et le teint terne ...puis elle dit :

" Je viens de voir la déesse…elle m'a tout raconté, et m'a chargé de veiller sur toi… "

Athena, quelque peu étonnée, ne broncha tout de même pas…Pourquoi la déesse avait-elle résolu de dévoiler son existence à Shaina ? Celle-ci continua :

" Tu dois essayer de maintenir tes pouvoirs là où ils sont, les retenir t'épuisera, tu l'es déjà je pense…cela je vais te l'apprendre, n'aie crainte…
-Je le fais déjà…je ne veux faire de mal à personne…
-Je le comprends bien…dès demain, nous y consacrerons deux heures par jour… "

Athena la remercia poliment, et Shaina dit :

" J'ai combattu ton père autrefois, je l'ai même eu personnellement en face de moi…quand j'ai vu ton jumeau, il me l'a rappelé immédiatement…tu possèdes un peu de sa force, je savais que je la connaissais mais je ne pouvais pas dire où je l'avais rencontrée…
-Je sais, Thétis me l'a raconté une fois…elle vous tient en haute estime, vous savez…
-Tu la salueras pour moi…
-Bien sûr, je demanderai à Sion de le faire, ce n'est pas bien difficile, par télépathie…nous sommes liés comme de vrais jumeaux, c'est un peu déroutant au début mais on s'y habitue…C'est Saga qui me l'a dit…
-Je n'en doute pas… "

Et Shaina sourit…Athena sourit elle aussi, conquise par sa gentillesse. Puis elle sortit, attendue par son maître à qui elle expliqua que maître Shaina s'était enquérie de ses progrès. Aphélia de l'Octant n'y vit rien de mal, et pressa son élève de retourner à son entraînement…


* Pour sauver Triton…

Le Cap Sounion…

Sion, assis, regardait la mer se briser sur les rochers, en bas…Il ne bougeait pas, regardant les petites gouttelettes d'eau s'éparpiller. Il pensa au combat qui l'attendait. Thétis venait de trouver l'endroit dans un de ses rouleaux cartographiant le fond de la mer, et Sion se préparait. Il serra son trident jusqu'à ce que les jointures de ses mains blanchissent. Sorrente lui avait toujours dit que l'issue du combat ne dépendait pas toujours de la force de son adversaire, mais de son intelligence. Son expérience du combat était quelque peu limitée, mais il vaincrait. Pour cela, il devrait comprendre comment utiliser le sceau sacré de Poseidon dans la bataille, et serra le petit coffret sous son bras…
Sorrente l'appela :

" Tu es prêt ?
-Oui…
-N'oublie pas ce que je t'ai dit, je ne pourrai pas t'aider cette fois…tu devras combattre seul…et surtout sois conscient d'une chose : tes pouvoirs sont relativement récents encore, ne donne tout ce que tu as qu'en dernier recours…vu ?
-Oui, compris… "

Illia de Charybde, vêtue de son armure de marina simple et non de général, s'approcha et dit :

" Le monstre que vous allez affronter est particulièrement redoutable, vous devrez être plus malin que lui pour le vaincre…mais les Esprits de la mer vous aideront, si vous savez les trouver… "

Et sur ces mots sibyllins, elle le laissa….Sion demanda :

" Qu'a-t-elle voulu dire ?
-Tu le verras par toi-même le moment venu….allons, il est temps maintenant… "

Sion cramponna son trident, et hocha la tête d'un air résolu. Il ferma les yeux, respira un grand coup et dit :

" Je suis prêt… "

C'était surtout pour s'en convaincre lui-même. Illia lui sourit, mais c'était essentiellement pour lui donner du courage.
Pourtant Sion était grand et impressionnant, du haut de ses 1,79 m et de ses 63 kgs. Bientôt il dépasserait Mû…Plus grand et plus lourd que sa sœur, il avait maintenant sa conformation d'adulte…
Il fit un signe à Sorrente, et celui-ci l'entoura d'une bulle d'air…L'heure du combat avait sonné.

Le Sanctuaire…

Athena s'arrêta en plein entraînement, le front en sueur…ça y est, l'heure avait sonné, et Sion partait combattre pour sauver leur demi-frère. Mais le lien entre eux lui transmettait ses émotions, très fortes, tellement fortes qu'elle ne pouvait se focaliser sur autre chose. Son maître remarqua son 'absence' et demanda :

" Ca ne va pas, Athena ?
-Si, maître… "

Shaina passait par là, et comprit immédiatement qu'Athena avait un problème. Elle dit à Aphélia :

" Je vais m'en charger… "

Puis, une fois seules, elle demanda à Athena :

" Qu'est-ce qu'il y a ?
-Sion va combattre pour sauver notre demi-frère Triton d'un sortilège…et ses émotions sont tellement fortes qu'elles obnubilent mon jugement…
-Tu dois pouvoir 'débrancher' temporairement le lien, sinon cela va te rendre folle…
-Mais je ne saurai pas s'il est en danger !
-Mais si, puisque cela fait partie de ton intuition, et ne recourt pas à tes pouvoirs télépathiques…Alors ne t'inquiète pas… "

Et Shaina sourit…

Mû, elle aussi, avait senti que Sion partait combattre et risquait sa vie. Elle tenta de fermer son esprit à cette idée pour ne pas devenir folle d'inquiétude…Quand les jumeaux étaient nés, elle ne s'était pas sentie mère tout de suite, elle ne se sentait mère que maintenant, maintenant qu'ils lui échappaient pour vivre leur vie d'adulte. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que ces petits, au départ une mission un peu particulière, étaient devenus une part d'elle-même…elle leur avait donné son énergie, son éducation, et, à sa façon, son amour, et maintenant ils étaient quasiment adultes. Mais savoir Sion en danger fouaillait ses entrailles jusqu'au plus profond d'elle-même…elle avait déjà ressenti cela lors de la guerre d'Hermès, mais elle n'avait pas eu le loisir d'analyser cette sensation du fait de ses propres blessures. Maintenant il lui semblait que le cordon qui l'avait liée à Sion pendant six mois n'avait pas été tranché à la naissance, et elle ressentait toutes ses peurs et ses hésitations. Elle eut l'idée de l'encourager, mais ne le fit pas : c'était une épreuve pour lui, il devait s'en sortir tout seul…Et, même si elle devait souffrir le martyre jusqu'au dénouement de cette affaire, elle ne l'aiderait d'aucune façon…
Cela constituerait une épreuve formatrice pour Sion, même s'il avait déjà affronté bien pire…
Baissant la tête sur l'armure à réparer, elle se remit à l'ouvrage courageusement…

Sion, dans sa bulle d'air, était emmené par Thétis et Sorrente sur le lieu où habitait le monstre qui retenait le coquillage dont Triton avait besoin. Le monstre lui-même n'effrayait pas vraiment Sion, Arès l'effrayait plus…ce dieu de la guerre insupportable et malfaisant était responsable de beaucoup de désolations sur Terre, accompagné d'Eris, la Discorde, et des jumeaux terribles Deimos et Phobos, la Terreur et la Crainte.
Sion finit par voir enfin ce lieu, à l'odeur de soufre insupportable, situé près d'un volcan sous-marin qui crachait ses vapeurs sulfureuses alentours. Quelques bulles d'air sortaient d'une grotte noire et obscure…
Sion sentit une sueur froide lui vriller la colonne vertébrale…Sorrente le laissa et dit :

" Je suis à côté, mais je n'interviendrai pas, je ne le peux pas… "

Et il laissa Sion dans sa bulle seul devant l'entrée de la grotte. Il pria son père de l'assister, et continua résolument vers l'entrée, le trident à la main, droit et fier…Il appela le monstre d'une voix forte :

" Eh, gros plein de soupe ! tu n'as même pas le courage de m'affronter, moi, le descendant des empereurs des Sept Mers ? "

Mais il ne bougea pas…Alors Sion leva son trident, un rai de lumière se refléta dedans et aveugla le monstre, qui sortit de l'ombre…Alors Sion, sautant de côté, put voir qu'il s'agissait d'une énorme anguille, mais datant de l'époque préhistorique, mesurant presque dix mètres de long et pourvue d'épines empoisonnées sur tout le corps…ce ne serait pas une partie de plaisir…Il sauta en arrière, et resta là, sur la défensive.
Le monstre lui fit face, et Sion vit qu'il était pourvu d'une triple rangées de dents acérées…C'était vraiment un énorme serpent de mer, manifestement très vieux et de très mauvaise humeur.
Sion tourna autour de lui, le jaugeant. Il ne savait pas comment le tuer, ni même l'emplacement de ses points vitaux et de son cœur. Cette bestiole semblait couverte d'écailles plus solides que le simple vêtement de tissu de Sion…que faire ? Ah, si seulement il avait été un général des Mers, couvert lui aussi d'écailles…Comment allait-il résister ? De plus, il ne pouvait pas lancer de rayons avec le trident, il ne savait pas comment faire…
La bestiole regardait cette petite chose qui osait l'interpeller…Sion réfléchit très vite…et résolut d'essayer d'abord de confondre le monstre…il se mit à diriger sa bulle de ci, de là…le monstre essaya de le croquer plusieurs fois, mais n'y parvint pas…Sion, plus petit, était plus rapide…
Ce fut là qu'il se rappela la phrase de son professeur : la force de l'adversaire ne signifie pas forcément qu'il est intelligent…
Il se rappela un fait divers qui lui était arrivé dans son enfance : il devait avoir trois ans, ses camarades de Rodorio plus âgés avaient capturé un serpent, et, lui ayant enlevé les crochets, avaient réussi à lui faire mordre sa propre queue.
Voilà, là était la solution !! ce qui fonctionnait avec un serpent de quelques centimètres devait fonctionner avec ce monstre de dix mètres…Il mit son trident devant lui, et l'agita pour attirer le monstre derrière lui…
Puis, se plaçant derrière la queue du serpent, il enfonça violemment le trident entre deux écailles. Le monstre réagit comme il l'avait prévu, et planta ses crocs dans sa propre queue. Il hurla, et Sion se recula très vite, attendant qu'il tombe…mais il ne tomba pas, semblant immunisé à son propre poison. Sion sentit encore une sueur froide lui couler le long de la colonne vertébrale. Comment faire alors ? Il prit le coffret donné par Illia, et se demanda comment cette chose pourrait bien l'aider…Après tout ce n'était qu'un sceau. Mais, quand il le sortit et le toucha, il se sentit rempli d'énergie…d'où venait-elle ?
Il décida de tenter sa chance…Il toucha le sceau, et ensuite prit son trident. Il ferma les yeux, et oublia tout, le monde extérieur, pour ne se concentrer que sur son objectif. Il pointa son trident sur le monstre, et, à son grand étonnement, quelque chose en sortit, un rayon bleu clair qui jaillit des trois pointes dorées. Le monstre se mit à hurler en le recevant, et Sion se concentra, ajoutant sa propre énergie au rayon, de toutes ses forces. Il donna tout ce qu'il avait, et, la dernière chose qu'il vit avant de tomber, ce furent les derniers soubresauts du monstre…avant de s'évanouir tout à fait, il se traîna devant le monstre calciné, et saisit le fameux coquillage…
Sorrente arriva immédiatement, et le ramena à la surface. Sion semblait dormir, il avait usé toute son énergie…Sorrente lui avait bien dit de ne le faire qu'en dernier recours…Il ramena vite Sion chez lui, et l'allongea sur son lit. Il respirait régulièrement, il n'y avait donc pas d'inquiétude à avoir...
Thétis et Illia demandèrent :

" Comment il s'en est tiré ?
-Il a compris la valeur du sceau…c'est essentiel…pour le reste il a fait preuve de ruse…
-Et alors ?
-Eh bien je crois qu'il dort…je lui avais dit de ne pas user toute son énergie, il va m'entendre quand il se réveillera… "

Thétis dit :

" Il a fait ce qui lui semblait le plus logique à faire…il avait ses raisons, nous les entendrons quand il reprendra conscience… "

Illia, elle, ne dit rien…Sion serrait toujours contre lui son trident, le sceau, et le coquillage était posé près de lui. Thétis recouvrit Sion de sa couverture, et tout le monde laissa Sion reposer…

Quand elle sut la nouvelle, Athena tomba à genoux, puis se mit à courir vers la maison de sa mère. Son maître en fut surprise, mais Shaina lui dit de ne pas faire attention, Athena venait d'apprendre que son frère jumeau se trouvait dans un état grave…c'est du moins ce qu'elle supposait.
Mais Athena savait que son frère était vivant, c'était tout ce qui comptait…
Sa mère elle aussi le savait, et la mère et la fille restèrent là, à se regarder, avant de tomber dans les bras l'une de l'autre.
Tout le monde avait eu très peur que Sion ne s'en sorte pas vivant…Mais manifestement il était plus résistant que ce qu'il voulait bien montrer…

Sion dormit quatre jours entiers, veillé par ses marinas à tour de rôle. Au matin du cinquième jour, il ouvrit les yeux, et regarda autour de lui. Il reconnut sa chambre, son trident et surtout Sorrente, assis à côté de son lit.

" Ah, enfin ! tu en as mis du temps ! " grommela celui-ci.

Mais Sion sentait du soulagement dans sa voix. Sion se frotta les yeux et demanda :

" Je suis resté combien de temps endormi ?
-Quatre jours ! je t'avais bien dit de ne pas utiliser toute ton énergie !
-C'était ça ou je ne pouvais rien faire !! "

Sion avait élevé la voix, mais il dit ensuite :

" Tu vas aller chercher Triton, vite et discrètement, je n'ai pas envie d'avoir de problèmes… "

Sorrente obtempéra…et revint vingt minutes plus tard en disant :

" Il t'attend en bas de la falaise… "

Sion se leva alors et dit :

" Allons-y… "

Triton l'attendait, et Sion lui dit :

" Tiens, tu pourras enfin vivre normalement… "

Il remplit le coquillage d'eau de mer, et le tendit a Triton en disant :

" Bois… "

Celui-ci s'exécuta, et une aura bleue l'entoura, aveuglant Sion. Quand il rouvrit les yeux, Triton avait des jambes. Il se tenait debout sur les rochers, ravi…

" Tu m'as sauvé, Sion…comment pourrai-je un jour te remercier ?
-Je ne veux rien…je veux juste que tu viennes me rendre visite de temps en temps…
-Pas de problèmes… "

Et les deux frères se serrèrent la main. Sion se sentait satisfait d'avoir aidé son frère…
Triton dit alors :

" Je vais aller porter la nouvelle à ma mère…
-Vas-y… "

Et Sion sourit en voyant son frère plonger prestement dans l'eau…Sa tête rejaillit, et il dit :

" Merci pour tout, Sion… "

Sion resta là, et se maintint à un rocher…Sorrente lui demanda :

" Ca va ?
-Oui, parfaitement bien…je voudrais aller au Sanctuaire d'Athena maintenant…
-Demain…ta mère et ta sœur ont dû apporter la nouvelle de ta survie à la déesse…viens te restaurer et boire une tasse de thé, tu es déjà assez maigre comme ça pour ne pas avoir en plus à maigrir… "

Sion acquiesca à ce que disait son professeur, et remonta vers sa petite maison. Thétis et Illia avaient préparé une collation légère, et du thé…Sion, malgré ses quatre jours de semi-coma, n'avait pas très faim, mais Thétis l'obligea à manger quelques gâteaux. Pire que sa mère, elle le trouvait beaucoup trop maigre et tentait de le faire grossir un peu…

Le Sanctuaire…

Athena esquiva prestement le coup que son maître lui porta, et retomba en arrière…Aphélia dit :

" Tu as gagné de la vitesse, c'est très bien… "

Puis elle l'attaqua de front, et Athena parvint à parer ses attaques et à les lui retourner. Aphélia sauta en l'air, puis retomba quelques mètres derrière.

" Tu as cependant encore beaucoup à apprendre… "

Athena sourit…Depuis qu'elle savait Sion sauvé, vivant et hors de danger, elle avait pu se consacrer exclusivement à son entraînement, à la grande satisfaction de son maître. De temps à autre, elle recevait la visite de l'un ou l'autre chevalier d'or, y compris sa mère…
Sion était venu au Sanctuaire quatre jours auparavant, mais elle ne l'avait pas vu…sa mère lui avait confirmé qu'il paraissait bien…
Tout était maintenant très calme, rien de vraiment extraordinaire ne se déroulait que la routine de son entraînement quotidien….pourtant, Athena, dotée d'un léger don de prescience, savait que quelque chose allait bientôt se passer, mais elle ne pouvait pas en déterminer la teneur, ce qui voulait dire qu'il n'était pas pour le lendemain…
Sans pouvoir préciser, elle décida d'attendre et de voir, peut-être un signe viendrait…

* Le retour de l'ennemi…

Athena, ce matin-là, en se levant, sentit nettement une sorte de lourdeur dans l'air...
Tout en faisant vite sa toilette, elle réfléchit, mais ne trouva rien de bien précis à attribuer à cette impression persistante. Le jour n'était pas encore levé dehors, et elle put profiter de cette fraîcheur bienvenue après la moiteur de la nuit.
Depuis trois mois maintenant que Sion avait sauvé Triton, elle avait encore progressé, aux dires de son professeur. Elle se sentait aussi moins épuisée depuis que Shaina lui apprenait à retenir ses pouvoirs…Elle avait retrouvé un peu de sa bonne mine, et commençait elle aussi à avoir le teint qui tournait sérieusement au caramel bien cuit.
Elle regarda encore les lumières sur la mer, là en bas. Respirant un grand coup, elle courut vers la porte. D'autres filles étaient déjà là, attendant leurs maîtres…elles n'adressèrent pas la parole à Athena, considérée comme quelqu'un d'une force supérieure, mais lui sourirent néanmoins…
Mais, en plus de son maître, Athena eut la surprise de voir arriver Aiolia. Elle lui sourit, s'inclina pour le décorum, et demanda :

" Je ne pensais pas te voir ici…
-Je devais me lever tôt ce matin, alors je suis venu voir comment tu te portais…
-Mais très bien, comme tu le vois…l'entraînement va commencer…
-Je sais…et Sion ?
-Il va bien…mais Sorrente lui a durci son entraînement, par ordre de notre père…
-Pauvre Sion !
-Il l'a mérité d'après lui…moi je ne veux pas savoir le fin mot de l'histoire… "

Et elle lui sourit…
Aiolia dit:

" C'est à toi de t'entraîner maintenant...bonne journée !
-Merci...amitiés à ton frère !
-Il en sera ravi... "

Athena salua son maître, et celle-ci lui demanda:

" Tu sembles bien connaître ce chevalier d'or...
-Oui...je l'ai vu souvent étant petite... "

Aphélia ne s'étonna pas. Elle savait qu'Athena avait fréquenté des chevaliers d'or autrefois...
Athena oublia cette curieuse impression ressentie le matin pendant tout le reste de la journée, mais, vers vingt heures, elle la ressentit à nouveau. Mais elle était incapable de lui donner une identité...
Vers deux heures du matin, quelque chose la réveilla, et elle vit son médaillon briller d'une lueur bleue qu'elle connaissait bien. Elle courut dehors pour éviter de réveiller tout le dortoir...le Sanctuaire était silencieux autour d'elle, mais elle sentait cette impression très proche d'elle...
Le médaillon brillait toujours...Soudain apparut devant Athena la source de toute cette agitation:

" Nereus ! " souffla Athena.

Nereus bien en forme semblait-il...Il dit:

" Content de me voir ? je ne suis pas mort, malgré ce que vous m'avez tous fait la dernière fois ! et je vous aurai ! "

Athena se mit en garde:

" Nous étions des enfants ! nous avons gagné en force, en pouvoir...tu ne toucheras pas à mon frère, jamais, où c'est à moi que tu auras affaire ! "

Nereus lança un rayon sur Athena, qui l'esquiva prestement...Elle sauta en arrière, et retomba...Nereus ricana:

" Tu as gagné en force, petite, je le sens même si je ne t'ai jamais directement rencontrée...tu n'as pas encore appelé ta chère maman au secours ?
-Non...je me débrouillerai sans elle... "

Le médaillon d'Athena continuait à briller...Nereus continua à ricaner:

" Sans ton père, tu n'es rien...sans ton frère non plus...après tout, tu es l'aînée et te voilà en seconde zone ! "

Athena sentait très bien qu'il essayait de la destabiliser, mais elle se redressa et dit:

" Je suis l'aînée, je dois donc protéger Sion...et le débarrasser de monstres comme toi ! "

Bien sûr, toute cette agitation avait réveillé tout le camp, et les filles et leurs maîtres sortaient...Athena savait cependant qu'elle n'avait pas le choix, il fallait le vaincre afin qu'il ne s'attaque pas à Sion. Et, pour cela, elle se moquait des conséquences.
Aphelia de l'Octant s'avança, et dit:

" Laisse, Athena, ce n'est pas à toi de...
-Si, justement...ce monstre a enlevé mon frère jumeau quand nous avions neuf ans, il faut s'en débarrasser, sinon c'est lui qui nous tuera ! je suis la seule à pouvoir le faire... "

Le médaillon brillait toujours...Shaina fit reculer les autres filles, et les fit mettre à l'abri. Seule Aphélia resta...
Nereus riait, d'un rire de dément, et il lança encore une boule d'énergie, trop rapide cette fois pour Athena qui alla mordre la poussière...Elle se releva, et dit:

" Par le nom de mon père, je jure que tu ne m'auras pas aussi facilement ! "

Mû était arrivée entretemps, et observait le combat, prête à intervenir pour aider sa fille...mais celle-ci lui fit comprendre qu'elle s'en sortirait seule. Elle voulait venger son frère...
Athena vit encore une autre boule d'énergie partir...mais qui ne l'atteignit pas. Quelqu'un ou quelque chose l'avait renvoyée...Quand la clarté aveuglante s'éteignit, Athena vit clairement son frère jumeau, Sion, tenant son trident dans la main. Il ne tremblait pas, l'air déterminé, la mâchoire tremblante de rage. Sa voix grave retentit:

" Ca suffit ! Tu as assez fait de mal à ma famille... "

Il se tourna vers sa soeur:

" Recule-toi, Athena...tu en as assez fait... "

Mais Athena ne se recula pas beaucoup...Son maître vint à côté d'elle, et demanda:

" N'est-ce pas le trident de Poseidon qu'il tient là ?
-Si, très exactement... "

Mais elle n'en dit pas plus...Sion faisait face à Nereus, résolu...Il était presque aussi grand que lui, et son aura bleu clair le grandissait encore.
Sion ferma les yeux, mais les rouvrit presque aussitôt: le miracle du rayon lançé par le monstre marin ne pourrait pas se renouveler. Nereus ricana:

" Tu es ridicule, Sion, vraiment...tu n'es qu'une pâle doublure ! "

Sion évita le rayon qu'il lança, mais vit tout de suite qu'il devrait passer à des moyens plus radicaux. Alors, faisant confiance à son instinct, il projeta son trident de toutes ses forces vers Nereus, qui le recut dans la poitrine. Mais il se téléporta tout de suite, laissant tomber le trident poissé de sang vert.

" Oh, il est vivant ! " pesta Sion.

Il reprit son trident en main, un peu dégoûté, et se retint de le ficher dans le sol, car il savait très bien que cela pourrait provoquer un énorme tremblement de terre.
Athena s'approcha de son frère:

" Mais toi tu es vivant aussi, et c'est ça l'essentiel...où est Sorrente ?
-Il n'a pas eu le temps de réagir...j'ai senti Nereus, et je me suis téléporté instinctivement... "

Et il sourit à sa soeur. Mû arriva alors:

" Sion, tu n'as rien ?
-Non, non... "

Et il sourit à sa mère pour la rassurer. Mû s'intéressa ensuite à sa fille:

" Et toi ?
-Non, je n'ai rien...que quelques bleus... "

Athena prit ensuite son frère par le bras et dit à son maître:

" Maître, laissez-moi vous présenter mon frère jumeau, Sion...
-Enchantée... "

Les présentations furent interrompues par l'arrivée de la déesse elle-même. Elle demanda à Sion:

" Que s'est-il passé ?
-Nereus... "

Ce seul mot en disait plus long que toutes les explications qu'il aurait pu donner. Il montra le bout de son trident:

" Mais je l'ai blessé, il sera facile à Thétis et Illia de le retrouver... "

Pendant que Shaina faisait rentrer tout le monde dans les baraquements, la déesse emmena Mû et ses jumeaux dans sa salle. Athena dit:

" Déesse Athena, je revendique l'entière responsabilité de mes actes...
-Tu as fait ce qu'il y avait à faire...
-Mais le camp ? tout le monde va me poser des questions !
-Shaina a déjà ses ordres, n'aie crainte... "

Sion dit:

" C'est moi qui pose problème, n'est-ce pas ?
-Je ne dirais pas ça...mais il est vrai que ton apparition soudaine pose certaines questions...
-Nereus est mon affaire, je ne pouvais pas le laisser mettre en danger le Sanctuaire et la vie de ma soeur. "

Sion était très résolu, mais très posé, il défendait calmement son point de vue...En lui la déesse retrouvait certains des traits charmeurs et tenaces de son père, qu'elle avait connu autrefois...Sion continua:

" Si vous estimez que je dois être puni pour avoir fait cela, alors je me soumets à votre punition, quelle qu'elle soit... "

La déesse dit:

" Tu ne mérites en rien une punition, Sion, tu as fait ce qui te semblait juste...et tu as sauvé le Sanctuaire... "

Sion s'inclina en signe d'acceptation...La déesse dit alors:

" Allez tous vous coucher, la nuit ne sera plus longue et une longue journée vous attend demain...Athena, tu as l'autorisation de dormir chez ta mère, tu ne vas pas retourner au camp à cette heure...Sion, tu peux rester si tu veux...
-Non, je dois retourner au Cap, sinon Sorrente, Thétis et Illia s'inquiéteront...Je ne vous ai pas encore dit qu'un nouveau général avait fait son apparition, Illia de Charybde, général du Pacifique Sud...
-Alors rentre vite...A bientôt, Sion... "

Mû demanda à son fils dès qu'ils furent rentrés:

" Cette Illia te protège, alors ?
-Oui...et elle s'acquitte très bien de sa tâche, rassure-toi...je me porte très bien...à bientôt, maman... "

Et Sion s'évanouit dans la nuit...Mû dit à sa fille:

" Viens, allons essayer de terminer notre nuit... "

Et elle lui sourit...
Bien sûr, les questions ne manquèrent pas, mais, grâce aux ordres de la déesse, Athena n'eut pas de problèmes. Mais Aphélia lui posa la question et voulut savoir pourquoi son frère jumeau possédait le trident de Poseidon...Athena lui expliqua alors que son frère jumeau, contrairement à elle, était né marina et que c'était pour cette raison. Aphélia voulut en savoir plus mais Athena lui dit d'un air mystérieux qu'elle ne le pouvait...
Sion, lui, eut droit à des remontrances en règle de la part de Sorrente pour être sorti tout seul en pleine nuit, mais quand il lui expliqua pourquoi, Sorrente passa de la fureur inquiète à la perplexité la plus totale...il était sûr d'avoir tué Nereus la dernière fois qu'il l'avait combattu...alors que signifiait son retour ?
Cet incident finit par être oublié, au grand plaisir d'Athena, qui ne souhaitait pas attirer sur elle l'attention. A Shaina, elle dit toute la vérité, et celle-ci assura que, la prochaine fois qu'il aurait l'idée de venir là, elle saurait le recevoir...
Quelques mois passèrent, calmes et routiniers. Sion commença à apprendre ses rôles d'héritier, apprit à passer en revue les marinas sérieusement, à tenir assis sur son trône des heures durant pendant qu'ils lui prêtaient hommage...quand il interrogea Sorrente sur l'intérêt de tout cela, celui-ci lui répondit que les ordres venaient de son père, qui avait décidé qu'il était temps pour lui de commençer à assumer ses devoirs d'héritier du trône. Alors Sion obéit, ne voulant pas indisposer son tout-puissant père...
Et, un soir, environ quatre mois après l'incident au Sanctuaire, celui-ci se manifesta 'en chair et en os'. Devant un Sion étonné et des marinas agenouillés, il dit:

" Tu as fait de grands progrès, Sion, c'est très bien, j'ai donc une mission à te confier...depuis quelques semaines, j'ai remarqué que les glaces recommencaient à fondre, sans que j'y sois pour quelque chose...avec ta soeur, tu vas te rendre au royaume d'Asgard, et tu iras interroger la princesse Hilda à ce sujet...tu feras aussi ta petite enquête personnelle, Hilda t'aidera, n'aie crainte, ainsi que ta soeur jumelle...prends ce parchemin, et remets-le à la déesse Athena, je lui relate le fonds du problème et lui demande de libérer Athena de ses obligations pendant quelques temps...cet autre parchemin est pour Hilda, je sais très bien que j'ai fait autrefois des choses pas très reluisantes et très graves, et elle me déteste, mais je lui demande de te loger et de t'aider...
Je te fais confiance, Sion, je sais que tu y arriveras...j'ai besoin des Marinas et des deux généraux, aussi Athena et toi irez seuls à Asgard, vous savez assez bien vous protéger vous-mêmes...explique bien cela à ta mère, je la sais très inquiète quand tu n'es pas protégé...
-Comptez sur moi, père... "

Les yeux bleu-vert océan de Poseidon s'illuminèrent, et il dit:

" Je sais, Sion...Prends soin de toi, mon fils, et salue bien ta soeur pour moi... "

Puis il disparut, laissant Sion interloqué, les deux parchemins en main. Sorrente se releva et dit:

" Asgard...je te souhaite bon courage, Sion...j'y suis déjà allé autrefois, pendant cette guerre fratricide...
-Laquelle ?
-Notre maître, gouverné par Canon des Gémeaux, avait déclenché une guerre là-bas entre le Sanctuaire d'Athena et les Guerriers Divins en utilisant l'anneau des Nibelungen pour contrôler Hilda...ils sont tous morts...
-Oh, et il me demande d'aller là-bas ? nous allons nous faire écharper !
-Les temps ont changé, Sion...
-Mais le ressentiment reste toujours, je le sais... "

Et Sorrente se rappela Siegfried, le beau et courageux Siegfried, qui s'était sacrifié sous les yeux de la femme qu'il aimait...A ce souvenir, ses yeux se remplirent de larmes, qu'il essuya d'un geste rageur. S'il avait su ! Il reprit:

" Ce sont des choses qui se sont passées bien avant que vous ne veniez au monde, ta soeur et toi...tu ne dois pas t'inquiéter, tu verras, Hilda et sa soeur Freya sont bonnes et gentilles... "

Sion décida de leur envoyer une lettre avant de venir, afin de les prévenir, et partit immédiatement pour la Sanctuaire. La déesse lut attentivement la missive de Poseidon, et, comprenant la gravité de la situation, accepta de libérer Athena le temps qu'il faudrait...Elle envoya immédiatement quelqu'un au camp lui porter l'ordre...
Sion passa rendre visite à sa mère, lui expliqua tout, et lui dit de ne pas s'inquiéter...Mû accepta de faire confiance à son fils cadet...
Puis Sion s'assit à la table de sa mère, en attendant qu'Athena n'arrive il commença à écrire la lettre qu'il voulait envoyer à Hilda...Il la libella en ces termes:

Cap Sounion,


Princesse Hilda,

Par la présente, je sollicite pour ma soeur jumelle Athena et moi-même, Sion de Jamir, l'entrée sur votre sol et le gîte en votre palais...
Je tenais à vous écrire cette lettre pour vous prévenir de notre arrivée dans les plus brefs délais, ainsi que pour vous avertir que nous sommes les enfants de Poseidon, qui vous fit tant de mal jadis. Mais c'est lui-même qui nous confie la mission de voir et d'enquêter sur la fonte des glaces que vous n'avez pas dû manquer de remarquer...en signe de ma bonne foi, et pour éviter tout problème, je vous remettrai mon trident en arrivant...
Nous savons très bien Athena et moi ce que notre père vous fit jadis, mais nous vous adjurons de nous accorder au moins le gîte et le couvert...si cela peut vous rassurer, sachez que notre mère est un des chevaliers d'or d'Athena, et que nous devons la vie à la déesse elle-même...

En vous remerciant d'avance, je vous envoie nos plus sincères salutations.

Athena et Sion de Jamir


Sion avait rédigé la lettre en grec, la relut et la trouva bien. Comme Athena arrivait, elle la lut aussi, et apposa sa signature en bas. Mû dit à ses enfants:

" Le froid d'Asgard est bien plus important que celui de Jamir, je sais que vous êtes habitués, mais prenez tout de même des vêtements chauds...et faites bien attention surtout...
-Tout ira bien, maman... "

Sion chargea un marina de porter la lettre, et attendit la réponse...Illia, dès qu'elle vit Athena, ne cessa plus de lui donner du 'Majesté' comme elle le faisait à Sion, l'énervant prodigieusement. Thétis prit les choses en main, et trouva pour les jumeaux des tuniques à manches longues et des pantalons plus épais.
Au bout de trois jours, la réponse d'Hilda arriva, elle acceptait de les recevoir...Sion chargea donc son sac sur son dos, dit au revoir à ses marinas et, suivi de sa soeur, se mit en route pour le royaume d'Asgard...

* Remontée vers le Nord, ou Athena et Sion à Asgard...

La première chose qui frappa les jumeaux, quand les étoiles de la téléportation se furent dispersées, ce fut l'intense tristesse qui se dégageait de ce paysage neigeux. Sion fut immédiatement saisi par le froid qui se dégageait, et se drapa dans son châle en disant:

" La réputation de ce pays n'est pas usurpée, brrrrr ! "

Son teint caramel devenait plus pâle, et il commença à avancer dans la neige, vers le palais...
Athena, recroquevillée elle aussi sous son châle, suivit son frère. Sion présenta le laissez-passer d'Hilda aux gardes de l'entrée et pénétra dans un grand corridor éclairé. Un garde les précéda et les conduisit dans la salle du trône, où se trouvait Hilda...
Sion, quelque peu intimidé, inclina la tête et dit:

" Je suis ravi vous connaître, princesse...je suis Sion de Jamir, et voici ma soeur aînée Athena... "

Hilda sourit, et répondit:

" Je suis ravie de vous connaître également... "

Sion posa son trident par terre, et dit:

" Comme je vous l'ai promis, il est en votre contrôle pour la durée de notre séjour...mais ne le touchez pas... "

Hilda plut tout de suite à Sion, et Athena sourit elle aussi. Hilda dit alors:

" Je dois avouer que j'étais sceptique, mais mon neveu Camus, qui se trouve actuellement ici, m'a dit qu'il vous connaissait et que vous lui aviez sauvé la vie lors de la guerre d'Hermès...
-Camus est ici ? nous serons ravis de le revoir... "

Hilda dit alors:

" Il va falloir m'en dire plus sur cette histoire...j'ai remarqué la fonte des glaces, mais, ayant interrogé le Seigneur Odin, il n'en est rien ressorti...
-C'est pour cela que notre père nous envoie...il n'est pas responsable et veut savoir ce qui se passe...il estime que nous sommes assez grands pour faire des missions maintenant...
-Quel âge avez-vous ?
-Onze ans...mais nous paraissons plus...je vous expliquerai... "

Hilda dit en souriant:

" Je vous ai fait préparer des chambres, allez vous rafraîchir et vous nous rejoindrez plus tard au salon...je voudrais vous présenter aux membres de ma famille qui ne vous connaissent pas encore... "

Une servante accompagna les jumeaux chacun dans une chambre. Sion, frigorifié, enfila une tunique à manches longues, et un pantalon plus épais. Il ajusta sa ceinture à la plaque d'argent frappée du trident, disciplina ses cheveux et les plis de son châle. Puis, satisfait, il s'en alla frapper à la porte de sa soeur.

" Entrez ! " lui répondit-elle.

Athena finissait de brosser ses longs cheveux violets, elle aussi avait revêtu une tunique à manches longues, et elle achevait d'ajuster son pantalon...Elle refit ensuite sa natte plus serrée...
Sion put alors voir combien elle ressemblait à leur mère.

" Je suis prête ! " dit-elle alors.

Une servante les attendait, et les emmena dans un dédale de grands couloirs froids jusqu'à une porte, qu'elle ouvrit. Elle les pria d'entrer...
Sion et Athena pénétrèrent dans une grande salle...un feu brûlait dans l'âtre, et quelques personnes, dont Hilda, étaient rassemblées là. Petit Camus sourit en les voyant, et les jumeaux lui rendirent son sourire.
Hilda vint jusqu'à eux, et prit Camus avec elle. Celui-ci dit:

" Je suis content de voir que vous allez bien...
-Nous sommes contents de te voir aussi... "

Hilda les pria d'avancer, et commença:

" Voici mon beau-frère, Alexer de Blue Graad, ma soeur cadette Freya, son épouse, leur fils aîné Hagen, ainsi que Camus du Verseau, que je suppose que vous connaissez... "

Sion les salua tous, et dit:

" Oui, en effet...pendant la guerre d'Hermès nous nous sommes brièvement rencontrés... "

Tout le monde s'assit dans les fauteuils qui attendaient là, et Camus s'arrangea pour s'asseoir à côté des jumeaux. Il demanda:

" Vous allez bien ?
-Oui...et toi, ton entraînement ?
-Il progresse... "

Les jumeaux se sentaient quelque peu intimidés, et Hilda s'efforça de les mettre à l'aise en leur demandant:

" Eh bien, qu'y-a-t-il de neuf au Sanctuaire ? "

Ce fut Athena qui répondit:

" Rien de vraiment neuf... "

Camus du Verseau demanda:

" Et comment se porte votre mère ?
-Elle va bien...toujours des armures à réparer, elle ne manque pas d'ouvrage...
-Vous lui transmettrez mes meilleures salutations...
-Nous n'y manquerons pas... "

Athena sourit à Freya et dit:

" Félicitations...il reste combien de temps ?
-Trois mois... "

Elle était encadrée par Hagen et Alexer, qui voulaient tout le temps l'aider...ce qui la faisait rire. Hilda demanda alors à Sion:

" Alors, que vous a dit votre père ? en sait-il plus que nous ?
-Non, justement...vous savez, il ne peut pas beaucoup se manifester, parce qu'il est retenu par le sceau d'Athena, il ne le fait que dans des occasions vraiment graves...et là, il ne sait rien, et cette montée des eaux l'inquiète beaucoup je crois...il m'a dit de faire mon enquête avec vous...il ne vous aurait pas dérangée si ça n'avait pas été grave, il sait ce qu'il vous a fait... "

Sion faisait une tête si funèbre qu'Hilda lui dit:

" Nous savons ce qui s'est passé, ne t'inquiète pas...tu n'es pas responsable... "

Athena intervint:

" Notre père s'est amendé, nous sommes cette amendement... "

Hilda sourit gentiment:

" Allons, pas de tristesse ici...raconte-moi ce que tu sais, Sion...
-Je vous ai tout dit déjà...j'ai demandé à nos généraux, ils n'ont non plus aucune explication à fournir...je suis perdu ! "

Elle continua:

" S'il y avait quelque chose de particulier dans la mer, pourrais-tu le sentir ?
-Oui, et le trident réagirait...or là il ne réagit pas...le pendentif de ma soeur réagirait aussi...je ne comprends strictement rien... "

Alexer dit alors:

" Est-ce que ce pourrait être quelque chose d'extérieur à la mer ?
-Sans doute...dans ce cas-là mes pouvoirs ne me serviraient à rien... "

Le pauvre garçon se creusait si fort le cerveau que sa soeur jumelle lui dit sur un ton moqueur:

" Eh, arrête, Sion...tu as déjà de la fumée qui sort de tes oreilles !! "

Cette boutade détendit l'atmosphère...Hagen regarda Sion plus attentivement et dit:

" Je n'en vois pas moi... "

Freya sourit doucement et dit:

" C'est une expression, mon chéri... "

Alexer demanda alors:

" Vous êtes jumeaux, c'est ça ?
-Oui...
-Lequel de vous deux est l'aîné ? "

Athena sourit:

" Moi...Sion a huit minutes de moins que moi... "

Justement, Sion tendait à Hilda le parchemin écrit par leur père:

" Notre père a écrit cela pour vous... "

Hilda le prit, le lut attentivement et dit:

" Il n'avait pas à s'inquiéter, je ne m'attaque pas aux enfants... "

Sion essaya de faire un sourire mal assuré...
Hilda dit:

" Je n'ai pas pour habitude de juger les gens d'après leurs ascendances...ce qui m'intéresse, c'est vous, et non pas votre père...jamais je ne vous jugerais sur ce que votre père a fait... "

Et elle sourit, de son sourire si plein de bonté. Sion se sentit alors mieux à l'aise...Hilda dit:

" Reposez-vous, nous commencerons l'enquête demain... "

Freya demanda à Sion:

" Tu as un entraînement spécial ?
-Oui...je vis dans une maison au Cap Sounion, près d'Athènes, et je suis protégé en permanence par deux généraux des Mers et une marina...
-Ce n'est pas trop difficile ?
-Parfois...mais, vu que je suis l'héritier de mon père, ces mesures sont nécessaires... "

Et Freya demanda ensuite à Athena:

" Et toi ? tu vis avec ton frère ?
-Non, je suis entraînée au Sanctuaire...je n'ai quasiment aucun pouvoir marin, mon aura est double...mais les généraux des Mers me protégeraient s'il y avait lieu... "

Les jumeaux passèrent une excellente soirée, puis allèrent se coucher. Quand ils se levèrent, le lendemain matin, une servante ouvrit leurs rideaux. La tempête avait cessé et tout était recouvert de neige brillante...Sion courut à la fenêtre, comme il le faisait quand il était à Jamir l'hiver...
La servante s'enquit de ce qu'il souhaitait pour le petit déjeuner, puis le laissa aller dans l'immense salle de bains. Sion s'installa dans un bon bain chaud, puis s'habilla et disciplina ses boucles bleues.
Le trident de sa ceinture avait été doré par une plaque d'or récemment...
Puis la servante lui apporta son petit déjeuner, qu'il voulut prendre devant la fenêtre. Le paysage le fascinait complètement...
Puis, son petit déjeuner achevé, il sortit de sa chambre et alla frapper à celle de sa soeur. Athena était elle aussi installée devant la fenêtre, elle lisait, installée dans un fauteuil. Elle sourit à son frère:

" Bien dormi ?
-Comme un loir. Et toi ?
-Très bien. Ca fait du bien de dormir seule parfois, sans être dix dans une pièce... "

Athena était elle aussi passée par la salle de bains, ses cheveux violets étaient propres et bien disciplinés.
Puis tous deux descendirent à la salle principale. Seul Hagen s'y trouvait...Il leur sourit et dit:

" Je vous attendais...Ca vous dirait de visiter un peu les environs ? si le climat ne vous rebute pas... "

Athena sourit:

" J'ai été élevée dans l'Himalaya, à 6000 m...alors le froid ne me fait pas trop peur... "

L'enfant sourit...
Les jumeaux se couvrirent, et suivirent Hagen...il les emmena près de la cascade gelée où Fenrir s'entraînait, puis les conduisit près de la mer...Sion dit, l'air grave:

" Ca continue... "

Il ferma les yeux...les rouvrit au bout de quelques minutes et dit:

" Je ne sens rien...rien du tout... "

Le temps passait...Hagen dit:

" Venez, rentrons...il va être l'heure du repas... "

Chemin faisant, Sion demanda à Hagen:

" Tu t'entraînes déjà ?
-Oui...je veux être un guerrier divin... "

Le temps à Asgard était rythmé par le soleil, qui n'apparaissait même pas l'hiver...dans ce cas, les gens nés sur ce sol si dur avaient tous une horloge interne...Pourtant, Sion était fasciné par toute cette neige et cette glace, pureté si éphémère que pouvait faire disparaître le moindre rayon de soleil un peu chaud...Athena, elle, n'avait d'yeux que pour les montagnes qu'elle devinait là-bas, au loin...elle avait été élevée en montagne, et en gardait toujours une secrète nostalgie...
Quand ils rentrèrent, ils trouvèrent Freya, assise dans son fauteuil au coin du feu, la main sur son ventre proéminent. Hagen embrassa sa mère et demanda:

" Où est papa ?
-Il est parti avec Camus du Verseau et ton cousin, ils reviendront ce soir... "

Elle sourit aux jumeaux:

" Votre repos a-t-il été bon ?
-Parfait, merci... " répondit Sion.

Hilda sortit alors de son bureau, et sourit elle aussi aux jumeaux:

" Hagen vous a emmené visiter les environs ? et avez-vous pris un bon repos ?
-Oui, tout a très bien été...Votre pays est magnifique...il me rappelle l'Himalaya où ma mère m'a élevée... "

C'était cette fois Athena qui avait répondu...Hilda convia tout le monde à partager le repas de midi, puis rentra à nouveau dans son bureau, laissant les jumeaux en compagnie d'Hagen et de sa mère. Freya dit:

" Que comptez-vous faire cet après-midi ? "

Sion avait l'intention de commencer son enquête, et, pour cela, il avait besoin de son trident. Il s'en alla donc le demander à Hilda, et lui détailla le moyen qu'il allait utiliser. Hilda écouta soigneusement tout ce que Sion lui dit, et dit:

" D'accord...j'espère que cela marchera...
-Le trident me servira à la fois de catalyseur et de protection...votre royaume ne craindra rien, s'il y a surcharge ou attaque c'est le trident qui l'encaissera... "

Sion était sûr de lui, et exposa ensuite son idée à sa soeur. Athena dit:

" A deux nous pourrons mieux encaisser le choc, s'il y a choc...
-Tu le supporteras ?
-Oui...j'ai survécu à pire déjà... "

Et Athena sourit...
Sion se sentait totalement sécurisé, et se rendit compte que la présence familière de son trident lui avait manqué. Il n'était pas seulement le symbole éclatant de la royauté des Sept Mers, mais aussi un objet qui était la présence de son père à ses côtés...Il le saisit en main avec un soupir d'aise, et se dirigea résolument vers la mer, en bas du palais. Puis, arrivé là-bas, il se retourna, et vit l'énorme statue d'Odin, forme glacée veillant à jamais sur Asgard...Il frissonna, et regarda les flots bleu-verts de la mer. De temps en temps, des icebergs continuaient à se casser...Sion réfléchit alors...Thétis lui avait appris une formule, mais elle lui avait dit de ne pas l'utiliser à la légère...Sion estimait que ce n'était pas à la légère cette fois...Athena prit le trident en main, et son médaillon se mit à briller...Sion ferma les yeux et prononça:

" Dieux des abysses et des profondeurs cachées, forces immémoriales de l'océan, moi, Sion, qui suis votre maître, vous ordonne de m'obéir... "

La mer se mit à bouger, et un tourbillon se forma devant l'éperon rocheux où se trouvaient les jumeaux. Athena continua, aidée par télépathie par son frère, continua:

" Moi, Athena, qui porte en moi le sang des empereurs sacrés, je vous ordonne de nous révéler qui est l'auteur de ces perturbations... "

Malgré la puissance dégagée par les deux jumeaux, rien ne se produisit. Sion resta là, médusé:

" Ce n'est pas possible !! Thétis a dit que jamais personne ne prendrait le risque de contrer cette formule ! "

Athena, pragmatique, comme toujours, ajouta:

" Mais manifestement quelque chose ou quelqu'un le fait, Sion...Allons, viens, rentrons... "

Et elle saisit son frère par le bras...
Sion ne prononça pas un mot pendant tout le retour...Il s'enferma dans sa chambre. Hilda demanda à Athena:

" Il va bien ?
-Oui...mais, quand il échoue dans quelque chose, il doute toujours de ses propres capacités...ce n'est pas grave, il va réfléchir un peu et revenir dans quelques heures...j'ai l'habitude...
-Tu sembles très bien le connaître...comme si vous étiez de vrais jumeaux...
-Nous sommes liés, c'est vrai...et j'ai l'habitude de ses réactions... "

Hilda dit:

" Que veux-tu faire ? Freya et Hagen se reposent, et personne d'autre n'est là...
-Je ne sais pas vraiment...mais je dois avouer que je ne comprends pas pourquoi la formule n'a pas marché...Thétis ne se trompe jamais, habituellement, et Sion a une très bonne mémoire...Ma mère me dit toujours qu'il n'y a jamais de problème qui n'ait pas de cause, à nous de la trouver...Alors je vais méditer aussi, me reposer, et je trouverai peut-être... "

Hilda sourit, et rentra dans son bureau...Cette petite lui plaisait, elle avait un caractère bien trempé...Son sang divin ne la rendait pas prétentieuse, au contraire, elle était très simple...Sion aussi, même si elle sentait qu'il était nettement plus stressé, sans doute le fait qu'il soit l'héritier de son père...
En fait, Sion, une fois rentré dans sa chambre, était tombé dans un sommeil lourd...Avoir échoué ne le souciait tout de même pas autant, mais il ne voulait pas inquiéter sa soeur...Il avait besoin de recharger ses accus, et, ayant laissé à nouveau son trident sous la garde d'Hilda, la seule solution pour lui était de dormir un peu...Quand il s'éveilla, le ciel était sombre, une fin d'après-midi à Asgard, la nuit allait tomber sous peu. Il mit un peu d'ordre dans ses vêtements, ses cheveux, et redescendit dans la grande salle. Freya se trouvait là avec son fils, et jouait aux dames avec lui. Elle sourit à Sion:

" Tu te sens mieux ?
-Oui... "

Manifestement Freya l'avait percé à jour. Il sourit et dit:

" J'avais juste besoin de me reposer, invoquer cette formule demande beaucoup d'énergie...mais je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé...
-Peut-être que tout te paraîtra clair plus tard ... ", lui dit Freya avec un sourire.

Athena, elle, avait fini par s'endormir en méditant. Se réveillant un peu plus tard, elle se dit avec un sourire que son maître l'aurait déjà punie pour s'être endormie en méditant. Elle descendit elle aussi dans la grande salle. Sion se trouvait là, il était assis, en train de lire tranquillement. Athena sourit à Freya et Hagen, et s'assit à côté de son frère.

" Fini ta crise ? " lui demanda-t-elle.

Sion sourit et dit:

" Oui...mais je ne comprends pas encore...il y a une explication, elle n'est pas loin, je le sens... "

Il eut une mimique ennuyée, mais sourit:

" En tout cas, nous avons tout de même réussi à invoquer cette formule sans nous tromper...c'est déjà ça... "

C'est alors qu'Alexer, petit Camus et Camus du Verseau entrèrent dans la pièce. Petit Camus semblait épuisé, ses vêtements étaient en lambeaux et on y voyait des taches de sang. Il salua le monde, et sortit de la pièce. Ni Alexer ni Camus ne disaient rien.
Les jumeaux sentaient que quelque chose s'était passé, l'atmosphère s'épaississait à chaque seconde. Heureusement, le majordome annonça le dîner. Celui-ci fut silencieux, et, quand tout le monde eut fini, tous se retirèrent dans leurs quartiers. Sion, lui, descendit aux cuisines et demanda un petit encas pour Camus. Puis il alla frapper à sa porte. Un bruit lui répondit...Sion entra, et vit Camus dans son fauteuil. Il désinfectait ses plaies...Sion, horrifié, dit:

" Qu'est-ce qui s'est passé ? "

Camus releva la tête, et Sion vit qu'un peu de sang avait séché sur son front. Camus dit:

" Oh rien...ce sont les aléas de l'entraînement...
-Il y a entraînement et brutalité...Sorrente m'entraîne mais je ne suis jamais dans un état pareil ! "

Avec une certaine réticence, Camus expliqua qu'il n'avait pas assez vite esquivé une attaque lançée par son maître, et était tombé au fond d'un ravin.
Sion, sans plus rien dire, posa sa main sur le bras de Camus, puis il ferma les yeux. Les rouvrant, il dit:

" Tu n'as rien de grave, heureusement...
-Comment le sais-tu ?
-Ma mère a de grands pouvoirs de guérison, elle peut soigner n'importe quoi...j'ai hérité d'un peu de ses pouvoirs, et elle m'a appris à m'en servir...c'est pour ça que je peux dire que tu n'as rien, même pas un traumatisme crânien...tu es un miraculé... "

Sion se concentra, et la plupart des blessures de Camus disparurent. Sion sourit:

" Là ça ira mieux...repose-toi maintenant, et mange... "

Sion songea en sortant de la chambre que décidément Camus avait beaucoup de courage, il le fallait avec un professeur pareil...
Cette nuit-là, Sion eut un cauchemar. Il se vit debout, ses pieds étaient glaçés, son trident à la main. Il entendit un rire qu'il connaissait, sans pouvoir mettre un nom dessus. Puis il vit un rayon bleu, et se réveilla...Il se leva précipitamment, et alluma la lumière...Il alla à la fenêtre, et tira les rideaux. Le jour pointait derrière les montagnes. Il devait être cinq ou six heures du matin...
Manifestement son rêve était prémonitoire, mais qu'est-ce qu'il signifiait ?
Il enfila sa tunique, et fit une brève toilette matinale...Alors qu'il passait la main dans ses cheveux bleus, il essaya de trouver une signification à son rêve....
Un peu plus tard dans la matinée, il descendit pour le petit déjeuner. Mais, à cette heure matinale, peu étaient ceux qui étaient là...Hilda l'était, elle se levait toujours très tôt pour remplir ses devoirs...Sion lui demanda:

" Est-ce possible de sortir aujourd'hui ? Je voudrais aller voir seul le niveau des eaux...il y a quelque chose qui s'en échappe, mais je n'arrive toujours pas à savoir quoi...si je suis seul j'y arriverai peut-être...
-Faites attention alors, les tempêtes de neige se lèvent vite en cette saison... "

Sion sourit:

" Si c'est une tempête de mer, je ne la crains pas...mais une tempête de neige, ce serait plus difficile... "

Athena arrivait, encore à moitié endormie...Sion lui sourit et dit:

" Alors, paresseuse ? c'est à cette heure-ci que tu te lèves ? "

Athena, se frotta les yeux et dit:

" M'en moque ! mais bonjour quand même, petit frère... "

Il haissait quand elle l'appelait petit frère, il n'avait après tout que 8 minutes de moins qu'elle...
Elle s'assit près de lui, et entama son petit déjeuner de bon coeur...Sion lui dit:

" Je vais aller au bord de la mer tout a l'heure, voir où en est la fonte des glaces...
-Je viens avec toi...
-Non, j'y vais seul...je me concentrerai mieux...je ne serai pas long... "

Athena hocha juste la tête...après tout, son jumeau était assez grand pour savoir ce qu'il faisait.
Il commençait à se faire tard dans la matinée quand Sion sortit...Il s'était bien emmitouflé, avait mis une tunique aux manches longues mais retenue à la taille par sa ceinture qui ne le quittait jamais. C'était le seul signe distinctif qu'il avait, à part le médaillon offert par Thétis, portant son prénom gravé. Il portait par dessus tout ça un épais manteau, et des chaussures chaudes...
Il marcha un bon moment jusqu'au bord de mer...il se sentit revigoré à sa proximité. Sion resta immobile sur la falaise, seuls ses yeux bougeaient. Il ferma ensuite les yeux, continua son scan...mais il ne trouva rien. Alors il resta là, immobile, un grand moment, tâchant de se concentrer sur chaque iceberg présent sur la mer...
Il ne sentit pas la tempête se lever...s'en rendant compte, il se mit à courir, courir dans la direction du palais...la tempête devint de plus en plus violente, Sion ne voyait pas où il allait...puis tout devint noir...

D'un jumeau à un autre jumeau...

Au palais, Athena s'inquiéta bien évidemment du sort de son frère. Mais, comme elle le dit à Hilda, elle sentait qu'il était vivant. Hilda dit:

" Il est peut-être tombé à la mer...
-Ce serait la meilleure chose pour lui...il y serait en sécurité parmi les Marinas... "

Et elle décida d'attendre...Après tout, tant qu'elle sentait que Sion était vivant, et elle conserverait l'espoir jusqu'au bout...
La première chose que Sion comprit, dans un brouillard épais, fut ces quelques mots:

" Maître, il a bougé, il va se réveiller...que devons-nous faire ? vous avez vu sa ceinture...
-Ne t'inquiète pas Nanny, prend soin de lui...je serai dans la grande salle... "

Sion sentait son corps douloureux, et sa tête lui faisait un mal horrible. Où était-il ? la dernière chose dont il se souvenait était cette tempête...
Il bougea légèrement, et entreprit d'ouvrir les yeux, ce qui fut laborieux tant il lui semblait que ses paupières pesaient du plomb.
Quand il finit par y arriver, il s'assit dans son lit, et regarda autour de lui. La vieille servante assise à son chevet dit:

" Ah, vous êtes enfin réveillé...vous l'avez échappé belle dans la tempête... "

Sion, gêné, remonta son drap sur son torse nu. Puis il demanda, recollant ses idées:

" Combien de temps ai-je dormi ? Et où suis-je ?
-Six heures...mais vous devriez encore vous reposer...vous êtes en sécurité...
-Je vais bien...je voudrais remercier la personne qui m'a sauvé... "

La servante lui amena ses vêtements qui avaient séché devant le feu, l'aida à les enfiler et, silencieusement, le conduisit à travers de longs couloirs jusqu'au salon. Sion vit qu'il s'agissait indéniablement d'une demeure noble...
La servante ouvrit une grande porte, s'inclina et fit entrer Sion. La salle n'était éclairée que par quelques lanternes accrochées au mur, et par le feu qui brûlait dans l'âtre. Un fauteuil se trouvait devant le feu, et quelqu'un y était assis. Une voix lui dit:

" Approchez, je vous en prie... "

Sion, intimidé, s'executa et avança jusqu'au feu. La personne se leva alors...Il s'agissait d'un homme, environ la trentaine, un peu plus grand que lui, avec des cheveux verts coupés courts et des yeux mordorés magnifiques. Ses traits marqués attestaient sa grande expérience de l'existence, malgré son jeune âge....Il sourit légèrement, tendit la main et dit:

" Bienvenue chez moi...
-Vous m'avez sauvé la vie...je vous remercie...
-Je ne pouvais pas vous laisser périr...vous n'avez pas l'habitude de notre climat, cela se voit...
-C'est vrai...je n'ai pas vu venir la tempête... "

L'homme indiqua un siège à côté du sien, et Sion s'y assit...L'homme demanda:

" Qu'est-ce qu'un garçon du sud comme vous vient faire dans nos contrées inhospitalières ?
-Je suis en mission, en quelque sorte... "

L'homme écarquilla les yeux, attendit un instant et dit:

" Je sens qu'il s'exhale de vous une puissance énorme...Etes-vous un chevalier d'Athena ?
-Non... "

Sion se demandait comment cet homme pouvait bien sentir son aura...et, utilisant son sixième sens, il vit derrière lui un tigre blanc. L'homme dit alors:

" Oh, je manque à tous mes devoirs...mon nom est Bud, je suis le propriétaire de cette maison...
-Je m'appelle Sion...enchanté de vous connaître... "

L'évidence frappa Sion comme la foudre : cet homme, par un hasard extraordinaire, se trouvait être un guerrier divin survivant...mais sa mère lui avait dit qu'ils étaient tous morts. Cela était peu plausible, mais il avait senti son aura tout de suite, seul un guerrier divin le pouvait...
Il se passa la main sur le front...:

" Vous êtes...euh....
-Un Guerrier Divin, oui...mais vous, qui êtes-vous, je sens votre pouvoir... "

Sion hésita, puis décida de lui faire confiance...il dit:

" Je suis le fils de Poseidon et d'un chevalier sacré d'Athena... "

Les yeux de Bud s'ouvrirent démesurément...mais il crut Sion, il sentait qu'il ne mentait pas. Le visage de Sion restait grave...Sion continua:

" Oui, ma soeur jumelle et moi sommes venus ici sur ordre de notre père afin d'essayer de voir ce qui provoque la fonte des glaces...
-Vous avez une soeur jumelle ?
-Oui, elle est mon aînée, elle s'appelle Athena...elle est restée au palais... "

Une grande tristesse passa dans les yeux de Bud, surprenant Sion. Il resta silencieux un bon moment...Sion baissa la tête, croyant avoir dit quelque chose qu'il le fallait pas, et masqua de sa main le trident gravé sur sa ceinture. Bud vit son geste et lui dit:

" Vous n'y êtes pour rien...Voyez-vous, j'avais un frère jumeau autrefois, il est décédé pendant la guerre contre le Sanctuaire...Vous avez bien de la chance d'avoir votre soeur jumelle...
-Je le sais, Athena ne cesse de me protéger depuis que nous nous sommes retrouvés...la déesse Athena m'avait fait élever ailleurs, car mon aura était marine, je n'ai connu ma soeur qu'à l'âge de six ans...depuis, elle veut toujours me protéger, fût-ce au mépris de sa propre vie... "

Bud esquissa un léger sourire:

" Alors protégez-la à votre tour, quand le temps sera venu... "

Sion sourit...seul un autre jumeau pouvait le comprendre aussi bien. Il dit à Bud:

" Je suis sûr que, d'où qu'il soit, votre frère veille sur vous... "

Bud hocha la tête, et dit:

" Partagerez-vous mon repas ? vous ne pouvez sortir tant que la tempête ne s'est pas calmée...
-Avec grand plaisir... "

Bien que les deux aient une différence d'âge conséquente, environ dix-sept ans, ils s'entendaient à merveilles. Sion, bien qu'il n'eût pas encore douze ans, était très mûr pour son âge, et pouvait aisément soutenir une conversation...Bud, qui ne recevait pas beaucoup de visites et était assez renfermé du fait de son enfance difficile et des événements survenus lors de la bataille d'Asgard, trouvait cet adolescent intéressant. Et Sion était heureux de trouver enfin quelqu'un qui comprenne si bien ce qu'il ressentait depuis si longtemps...
Dès que la tempête se calma, Bud raccompagna Sion au palais, où il avait ses entrées comme Guerrier Divin, officiel à présent, ainsi que comme noble. Il salua Hilda avec beaucoup de déférence...Sion le remercia une seconde fois, et Bud reprit son cheval pour rentrer. Athena, rassurée sur le sort de son frère, se reposait...

Sion resta dans le salon, avec Hilda...Celle-ci dit:

" C'est un miracle que vous ayez survécu...heureusement que Bud se trouvait là...
-Oui, en effet...il m'a de plus semblé très intéressant...vous avez connu son frère jumeau ? "

Le visage d'Hilda pâlit impercetiblement, mais elle dit:

" Oui, j'ai bien connu Syd...il était Guerrier Divin de Zeta lors de la dernière guerre...la tradition d'Asgard veut que, lorsque naissent des jumeaux, l'on n'en garde qu'un seul...problème de nourriture...Bud a donc été abandonné alors que son frère jumeau était élevé près de leur parents. Du coup, devenu lui aussi Guerrier Divin, j'en ai fait l'ombre de son jumeau...mais lui seul a survécu... "

Cela semblait remuer au fond d'Hilda une émotion indicible. Sion la ressentit très fort, comprenant la souffrance du pauvre Bud obligé de suivre son jumeau sans que celui-ci connaisse son existence, aussi fort que lui mais condamné à l'ombre...Alcor et Mizar était double...c'était donc leur destin.
Elle demanda ensuite:

" Vous voulez vous reposer ?
-Non, je vais bien...cette histoire me bouleverse, elle me rappelle la mienne et celle d'Athena...comme je comprends Bud ! je ne sais pas comment je réagirais si ma soeur était morte et que je restais seul au monde... "

Il secoua la tête et dit:

" Revenons à la fonte des glaces...je n'y comprends toujours rien, c'est à devenir fou... "

D'un geste rageur, il repoussa les mèches de cheveux qui retombaient sur son front. Hilda lui dit:

" Cela ne nous menace pas pour l'instant gravement...
-Je sais, mais cela me fait toujours douter de mes propres pouvoirs...c'est dans mon caractère... "

Sion avait une remarquable connaissance de lui-même pour un enfant de cet âge. Il était cependant bien plus grand qu'Hilda, qui ne dépassait pas le mètre soixante-cinq.
Bien qu'il se sentît bien, Sion avait cependant besoin de se reposer...il regagna alors sa chambre, s'étendit sur son lit et ne tarda pas à s'endormir. Etant en pleine croissance, il avait souvent besoin de se reposer, et taisait soigneusement ses articulations douloureuses à ceux qui le gardaient, à sa soeur et à sa mère. Son corps avait du mal à suivre sa croissance exponentielle...
Quand il se réveilla, il expliqua ce qui lui était arrivé à sa soeur jumelle. Il la rassura sur sa santé et lui demanda comment elle se portait. Athena s'était inquiétée, il le sentait, mais, comme à chaque fois, elle n'en laissait rien paraître. Elle le protégeait toujours, s'oubliant elle-même à son profit, et se laissant enterrer au Sanctuaire alors que lui recevait une éducation de prince. Elle valait bien mieux que cela, il le savait, elle était aussi forte que lui, même si elle n'avait pas le même type de pouvoirs. Pourtant, elle vivait dans son ombre...princesse des Sept Mers au même titre que lui, elle ne méritait pas un tel sort. Cette fois, ce serait à lui de la protéger, et il verrait, au retour en Grèce, ce qu'il pourrait faire pour qu'elle ait une vie plus digne d'elle. Il en parlerait à la déesse et à sa mère. Athena méritait qu'on s'occupe d'elle aussi...Il n'avait pas besoin d'Illia et de Thétis en même temps, il insisterait que l'une d'elles veille sur Athena, vu que lui était gardé en permanence il estimait qu'Athena avait droit à la même chose. Même si il était l'héritier déclaré, elle avait droit aux mêmes égards que lui, ils étaient du même sang.
Réfléchissant ainsi, seul, assis devant le feu, il s'assoupit...et rêva. Il entendit un rire, qu'il connaissait déjà, des paroles confuses...
Se réveillant brusquement, comme secoué par un choc électrique, il resta debout devant le feu et hurla:

" Nereus !!!! "

Ce cri attira Athena, qui n'était pas loin, et Hilda, qui se trouvait dans son bureau. Athena secoua son frère:

" Qu'est-ce qu'il y a ?
-Nereus...c'est lui...
-Tu es sûr ?
-Oui...je viens d'avoir un songe, où j'ai reconnu son rire... "

Il avait du mal à parler, sa voix était saccadée. Il se tourna vers Hilda:

" Il était dieu de la mer avant notre père...depuis que je suis enfant il veut me déposséder de mon pouvoir...nous l'avons affronté il y a peu de temps, mais je ne l'ai que blessé...il veut encore se venger, mais je ne peux accepter que ce soit aux dépends de votre royaume et de l'humanité entière...je dois l'arrêter, c'est mon devoir...qu'il me nuise à moi ne me dérange pas, mais je ne peux pas le laisser s'en prendre à d'autres personnes... "

Athena s'interposa:

" Je t'interdis d'y aller seul...s'il t'arrivait quelque chose maman ne me pardonnerait jamais...
-C'est de ne rien faire qu'elle ne me pardonnerait pas...Cette fois je dois agir seul, tu n'as pas eu mon entraînement, Athena, tu n'es pas en mesure de maîtriser le maniement des forces marines...moi je le peux, je l'ai appris... "

Il s'avançait un peu, Thétis ayant seulement commençé à lui enseigner cela depuis peu de temps. Mais il fallait absolument que l'argument tienne, convainque Athena surtout. Cette fois, elle ne risquerait pas sa vie.
Il crut très fort en cet argument, et Athena accepta...Mais il dit:

" Je ne peux pas cependant dire pour l'instant où il se trouve... "

Il avança vers Hilda, et dit:

" Je dois le provoquer pour qu'il se montre...mais ne vous inquiétez pas, je le combattrai suffisamment au large pour que votre royaume ne soit pas touché... "

Il se redressa et posa la main sur sa plaque de ceinture:

" Sur ce que je possède de plus cher, l'insigne sacré de mon père, je vous jure que votre royaume n'aura rien... "

Hilda eut la bonne réaction, et, au lieu de rire de ce gamin quelque peu pénétré de son importance, elle dit:

" Je te fais confiance... "

Il était vrai aussi que ce n'était pas un adolescent ordinaire. Et elle lui faisait confiance, entièrement...sur les épaules de cet adolescent en pleine croissance reposait le destin de son royaume, et partiellement du monde.
Sans mot dire, elle l'emmena dans son bureau et lui indiqua son trident. Sion le prit et dit:

" Je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour nous...veillez sur ma soeur, je vous en prie...
-Oui, comptez sur moi...faites attention à vous... "

Sion sortit de la pièce, jeta un regard sûr à sa soeur et sortit du palais. Il marcha jusqu'à la mer, et appela d'une voix forte:

" Nereus ! ne te cache plus, je sais que c'est toi...cette fois nous combattrons à la loyale !! "

En signe de défi, il leva son trident...Le fils de l'Empereur des Mers était en colère, des éclairs sortaient des pointes de son trident et balayaient la surface de la mer...sa partie divine ressortait, et gare à celui qui était l'objet de sa vindicte !

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Cette fiction est copyright Anne-Laure Perrin.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.