Chapitre 3


Bon, me voilà partis à la recherche d'un petit ayant normalement un cosmos assez fort pour devenir le grand chevalier : Mu. Ceci ne devrait pas être trop difficile, non? D'ailleurs, comme je l'ai déjà dit, je respecte Mu, et vu que lors de son vivant c'était quelqu'un d'assez effacé, aucun problème donc. C'est un petit assez caractéristique.

J'avais enfin retrouvé un semblant de bonne humeur, contente de me retrouver loin de là, à des kilomètres d'années d'ici alors qu'une guerre sanguinaire, morbide, violente a lieu, et que peut-être, avec de la chance, Athéna et Hermès vont s'entre-tuer, comme ça moi, j'aurais pas besoin de démissionner. Pourtant… si je ramène les douze Ors, alors que Athéna est déjà morte, je crois que je perdrais mes cheveux. Elle n'a pas intérêt à crever avant qu'elle m'ait récompensée, car moi je me casse pas le… pour rien, quand même!

Ce qui me fait penser qu'on n'avait pas parlé de récompense. Bravo Flo, c'est comme ça que t'assures tes affaires? Comment vas-tu faire plus tard? T'es un cas désespéré. Bon, quand j'aurais trouvé tous les petiots on parlera de tout ça.

Donc voyons voir, quand je l'aurai trouvé je lui refile le bracelet, et puis tout ce qu'il faut, c'est que je passe au prochain sur la liste. Bon, je suis toujours aussi perplexe sur la finalité de ma mission, mais d'après Athéna, cela ramènera ses héros. Au fond ce que j'ai à faire ce n'est pas grand-chose. Le plus dure c'est de les trouver.

De ce que je sais, c'est que je ne suis pas la seule à être à la recherche du petit Mu. D'après les super dossiers super rempli d'Athéna, il paraîtrait que le chevalier de la Boussole a été envoyé par Shion pour chercher Mu. Tout ce qu'il faut que je fasse, c'est de me débarrasser de la fioriture avant qu'intervienne ce chevalier à la noix.

J'arrive dans un petit village du Tibet. Pas la peine de mentionner que j'étais une bien étrange attraction pour les gens, mais ils ne semblent pas avoir quelque chose à en faire. C'était tant mieux. Bon, où est l'office du tourisme de ces moines? Toutes les maisons se ressemblaient, et bien sûr, personne ne pouvait me comprendre.

C'est seulement vers la fin de la journée, quand j'étais poursuivis par une bande de clodos voulant me détrousser, que je me suis réfugiée dans la première maison ouverte.

Je reprends mon souffle. La salle est grande et éclairée. Au moins une douzaine de pairs d'yeux me fixent, des monstres. Oh non. Ma chance semblait revenir mais là, ça ne va pas. Encore une fois, des gosses de cinq ans environ ont le regard braqué sur moi. Je plisse les yeux. Y'en a combien? Ils sont tous identiques. Impossible de les différencier. Tous ont le crâne rasé, le même air calme et figé, le dos tellement droit que c'en aurait rendu ma mère heureuse après tous ces efforts infructueux avec moi. Bref, on n'est pas là pour ça.

Ces gosses étaient assis à des pupitres. Leur regard se dirige vers une personne à côté de moi que je n'ai pas remarqué. C'était un homme à l'air du Dalaï-lama tenant une craie sur un tableau noir. Bien, j'ai trouvé l'école, t'es la meilleure Flo! Bon, maintenant faut faire attention à ce qu'on dit. Faut d'abord dire quelque chose en premier lieu:

- Euh, kalima.

Tout le monde me regarde, de grands yeux. Bon, parle pas grec ici. Je m'en doutais un peu, mais fallait essayer.

- Sabar el Khreyr.

Toujours rien. L'arabe c'est peut-être pas leur truc. Bon, essayons autre chose.

- Hello, Guten Tag, bonjour.

Rien. Le russe, le japonais, le guinéen. Rien ne va. Soit ils sont sourds ou alors incultes ces gens. Comment moi je fais alors, hein? Comment retrouver des gens si personne n'est coopératif? Parce que si toute une classe avec son professeur n'arrivent pas à me sortir un mot compréhensible, je peux rien faire.

Ah, tiens si, le prof commence à frapper le tableau avec sa craie. Ah je comprends, mônsieur n'est pas prof de lettres, il ne peut donc pas me renseigner. Je peux me vanter de dire que j'ai trouvé un endroit encore plus exaspérant que le Sanctuaire d'Athéna. Bon, j'allais secouer ce pruneau pour un minimum d'information quand la porte s'ouvre si soudainement et violemment qu'elle me percute en plein nez. Elle m'écrase contre le mur que j'en ai la respiration coupée.

- Hé!! Te déranges pas surtout!

J'arrive à m'en sortir, le nez explosé, en sang, et une jolie bosse s'annonçant sur le front. Heureusement qu'il n'y a pas de poigné à la porte sinon je l'aurais reçue dans la gorge, et heureusement que je ne suis pas encore trop en rogne sinon je lui aurais casser la boîte crânienne sans faire la connaissance de ce nouveau personnage. Je ne sais pas si c'est parce qu'il m'a flanqué un coup de porte mémorable, mais dès que je l'ai vu il m'a aussitôt déplu.

C'est un occidental, bien sûr, des cheveux roux. J'ai un haut le cœur en reconnaissant le type que j'avais envoyé aux Oies. Mais… il semble ne pas me reconnaître. C'est sûr, vu la façon dont il m'a arrangé le portrait… En fait, c'est la même personne, sans l'être. Bref, le fait est qu'il est là, alors que je l'ai envoyé à Triffouillis les Oies. Je vais tout de suite remettre les choses en ordre quand il commence à parler avec le prof illettré.

Le rouquin, qui soit dit en passant porte une armure abominable, engage une grande conversation mondaine avec le type. Les deux s'agitent, et je suis souvent pointé du doigt. Super. Le tibétain reste néanmoins plus calme que mon homologue qui monte le ton à chaque mot.

- Hé! On se calme! Je décide d'intervenir.

Il ne m'avance à rien de rester ici comme une imbécile, et j'ai autre chose à faire. Le rouquin semble me voir pour la première fois. C'est la meilleur! Il m'écrase comme un vulgaire insecte avec la porte, et il ne s'en rend même pas compte.

- Qui es-tu?

Chapeau pointu!
Il me dévisage et il est surpris de me voir dans une armure qui lui est inconnu. Je souris en pensant à ce que je vais lui faire.

- Oh, je vous en pris, continuez, mais en silence, ceci est une salle de classe, ris-je.
- Vous ne répondez pas à ma question!

Il devrait avoir l'habitude depuis le temps.

- Vous êtes bien le chevalier de la Boussole? Un chevalier de cette, euh, d'Athéna, non?

Il plisse les yeux, menaçant, ses sourcils lui tombant presque sur les yeux tellement ils sont épais.

- Vous savez, l'épilation pour garçon c'est à la mode, même sur le visage. Vous devriez essayer.

Il n'est pas content, et irresponsable comme il est, il fait exploser un maigre cosmos. C'est ça un chevalier confectionné chez Athéna? Je ne suis pas surprise.

- Je me rends compte que le Grand Pope avait raison de m'envoyer, fis-je, nonchalamment.

Je joue gros, mais faut bien. J'ai passé toute ma journée à chercher cet endroit, mais trop tard, le gros lard a eu le besoin de se mettre sur ma route. Bien sûr, le type ne comprend pas ce que je dis.

- Qu'est-ce que le Grand Pope a à faire avec ça?

Je toussote. En effet, qu'est-ce que tu viens faire là, Shion?

- Ben, il a voulu que tu sois supervisé, pour voir comment allait se dérouler la mission. Alors me voilà.

C'est bête comme bonjour. Le chevalier se redresse de toute sa hauteur, il semble indigné par ce que je viens de dire. J'espère que ce n'est pas son frère ou son homme de main, sinon, ça ne va pas.

- Le Grand Pope n'a pas confiance en moi?

Je hausse les épaules.

- Et il a confiance en vous?

Pareil.

-Alors vous êtes là pour m'accompagner?
- Je ne vous ai pas demandé de me faire un briefing. Alors allez chercher le gosse, que je dise le moins possible de mal sur vous!

Non mais. C'est quoi ça?

- Alors comment cela se fait-il que vous soyez là avant moi?

Silence. Réfléchit, réfléchit vite, allez Flo. Je regarde la salle, essayant de trouver la réponse quelque part ici. Mais oui, c'est tout simple!

- Vous êtes en retard.

Il fronce les sourcils.

- Vous auriez du arriver ici en même temps que moi, mais non, continue-je. Vous avez fait quoi sur le chemin? Hein? Qu'est-ce que vous répondez?

Rien de plus idiot que d'inverser les rôles. L'autre ne dit rien de plus que la salle qui est silencieuse alors que nous réglons nos comptes devant elle. Sont bien ces petits tibétains. Le chevalier se tourne vers l'instit et lui dit quelque mot. Peu de temps après, le moine sort une des têtes chauves du rang. Tout semble dans l'ordre…

- Hé, rouquin, c'est quoi son nom?
- J'en ai rien à en blairer.

Je lui accroche l'épaule.

- Demande lui son nom, TOUT DE SUITE!

Il est hors de question que je me fasse frire une nouvelle fois par Athéna si je lui ramène des petits rien du tout au lieu du bon. Le type n'aime pas mon attitude. Il obéit quand même.

Je me rends compte que quelque chose ne va pas dans son attitude. Je reste sur place perplexe. Ce type n'a pas l'air de remarquer quelque chose anormal avec mon histoire, et moi à mon tour je trouve ça étrange qu'il ne remarque rien.

- Il dit s'appeler Huaxing.

Huaxing? Ce n'est pas plutôt un nom chinois? Bon, c'est juste la frontière à côté, et avec les problèmes qu'ils ont avec la Chine... Je regarde le petit. Avec sa tête rasée je ne peux pas certifier la couleur de sa pilosité. Et puis on m'a jamais dit si 'Mu' était un nom d'empreint ou pas.

Nous sortons tous les trois jusqu'à ce que nous soyons assez loin du village, sur une plate-forme surplombant une chute pas très agréable à pratiquer. Et puis le soleil commence à plomber grave. Je suis assez contente d'avoir trouver le môme si vite avec si peu d'épines. En effet, je trouve même cela assez louche, et le rouquin put la magouille.

Je sais, je suis pareille.

Curieusement un marchand de boisson passe juste à côté de nous. Ahhh, c'est inespéré. J'arrête le vendeur et lui demande un Coca. Bien entendu, le type est assez commerçant pour savoir ce que cela veut dire.

Je bois quelque gorgés et laisse le reste à Huaxing. Je fais face au chevalier qui n'a encore rien dit. Allons, tirons lui les vers du nez à celui-là :

- Tu n'es pas un chevalier d'Athéna.

Le fourbe feint la confusion.

- Mais bien sûr que si, de qui d'autre pourrai-je bien dépendre?

On se le demande. Des types si stupides et mauvais comédien ne peuvent qu'être made in Athena's Sanctuary, cela va de soit. Très bien, s'il voulait me voler mon petit Mu, j'allais lui en faire voir de toutes les couleurs. Il est hors de question que le futur très puissant chevalier du Bélier tombe dans de mauvaises mains. Quoiqu'il serait peut-être plus intelligent de l'amener chez Hermès…

Je repousse le petit bout de futur chevalier derrière moi, et me mets en garde face à l'imposteur. C'est-à-dire une position comme ont les escrimeurs, sans l'épée bien sûr.

- Si tu dépendais d'Athéna, charlatan de chevalier, sache que chaque femme doit porter un masque! Et que toi tu ne t'en ais même pas rendu compte!

Et toi alors Flo? Il est où ton masque?

- Aha! Toi non plus alors tu ne fais pas partie de la chevalerie d'Athéna, vu que tu ne portes pas de masque! Chevalier escroc!

Bien au moins les choses sont claires. Aucun de nous deux ne travail pour Athéna. Alors qu'est-ce que Mu vient faire là-dedans? Je le regarde qui se saoul au Coca, se fichant éperdument du combat meurtrier qui va prendre place. J'espère qu'il ne va pas tout boire. Ce sont tous des inconscients ses gosses, et je m'y connais.

- Pour qui travailles-tu alors, imposteur? Demande-je.
- Pour Hermès. Et toi?

Çç^^!:;!>< Hermès?? Je suis complètement prise au dépourvu.

- Moi? Ben… aussi… pour Hermès. J'étais, heu, je suis le chevalier des Déplacements.

J'ai le grand sourire aux lèvres, fière de mon titre. Je ne mens pas, je suis quand même au fond toujours un chevalier du dieu des transactions. L'autre n'a pas l'air de penser comme moi, d'ailleurs sa réplique ne se fait pas attendre, réplique, qui plus est, devient monotone au fil de mes péripéties:

- Espion!!

Tiens donc.

- C'est moi, le chevalier des Déplacements! Annonce-t-il.
- Quoi?

Je ne peux pas me retenir. C'est à ce bougre fêlé que j'hérite mon armure? Armure qui n'est pas du tout conforme à la mienne, qui elle est d'une majesté irréprochable, alors que la sienne est peinte d'une couleur jaune canari atroce !!

Il ne peut y avoir que deux raisons logiques.
1. Soit Hermès a décidé de refaire la déco de son armée, et a eu un sursaut d'imagination incroyable mais indispensable pour mon armure.
2. Ou alors, et raison peut-être un peu plus plausible, il ment, me faisant passer pour le traître.

Quoi qu'il en soit j'effectue une mission de la plus haute importance pour Athéna et qu'il le veuille ou non, je suis quand même un chevalier d'Hermès, et en plus j'ai toujours mon nez qui saigne, na!

Je suis donc dans le vrai (comme d'habitude), et lui dans le tort.

- Très bien, provoque l'autre, je t'ordonne de me donner cet enfant tout de suite!

Et puis quoi encore. Je me suis suffisamment casser le dos (et le nez…) pour le trouver, alors pas question de le refiler au premier type louche au coin de rue.

Devant mon objection il fait appel à son attaque, je réponds de la même manière, espérant que je n'aurai pas le même problème que j'ai eu la dernière fois, sur la soi-disant île du Sanctuaire.

- Par le Typhon Zéphyrin!!!
- Par le Typhon Zéphyrin!!!

J'y crois pas!! C'est réellement mon ancêtre! Cette cloche est le chevalier portant l'armure équivalente à la mienne, à quelques détails près.

Dès que nos attaques se sont dites 'bonjour, je vais te casser la gueule', je suis balayé telle un cerf-volant vers le précipice, emportant avec moi un petit tibétain, s'agrippant lui-même à une bouteille en verre de Coca. Le petit monstre a tout bu! Et moi alors? C'est moi qui me dépense pour ce petit Barthez et voilà qu'il n'est même pas reconnaissant.

Je le prends sous mon bras et prie pour avoir un atterrissage clément. Attention, nous allons bientôt…

BOUOUOUOUM!!!

Avec une réception au sol digne d'Air France…

VOUIIIIIIIIIIIIII!!!

…puis dans un rebondissement, j'effectue un vol plané digne du saut de l'ange…

BANG!!!

…sans oublier que dans le processus je me suis prise la bouteille de soda que l'autre infernal a lâcher, et qui s'envole un peu plus loin se fracasser…

- YOUPIIIIII!!!

… tandis que le passager se croit au Parc Astérix…

PLOUF!!!

… nous nous ramassons, enfin, dans une mare, pleines de cailloux, le nez le premier. Enfin, pour ceux qui ont toujours le leur.

- OUINNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN!!!

Commence donc les hurlements du bébé de six ans. Pas croyable ça. Je fais tout pour lui rendre sa journée agréable, et lui il a toujours quelque chose à redire. Vraiment, il y a des jours, faut vraiment attacher ses nerfs à la ceinture. Je l'examine pour voir ce qui ne va pas. Je ne crois pas qu'Athéna serait contente si je lui ramène des enfants estropiés. Pourtant, alors qu'il geint, je ne vois rien de grave. Je fronce les sourcils. C'était quoi cet enfant qui pleure au premier bobo. Je pleins son maître qui risque d'avoir les oreilles écorchées. Pourtant, dans ses lamentations, Huaxing marmonne quelque chose.

- CoOUINNNNNNN….la…..laOUINNNNNNN.
- Quoi ? Arrête de chialer, salle gosse, et dit moi ce que tu veux !!!

Jamais je ne deviendrais le maître d'un enfant, car Hermès risquerait de se retrouver avec plus de morts que de chevaliers. Ah tiens, il semble se calmer.

- La, snif… snif.
- Quoi, 'la' ?
- Sniff, co, sniff la.
- Hein? Lacola ? C'est quoi ça ?

C'était du charabia, mais soudain, TILT !

- Ahhhhhhh, cola, c'est ça ?

L'enfant semble ravi, les yeux tout brillant de bonheur…

ou de pleurs.

- D'accord, je vais te la chercher ta bouteille. Mais qu'elle idée de l'avoir lâcher pendant notre retirement ? Allons, sortons déjà de cette marre avant qu'un crocodile nous prennent lui aussi pour du cola.

Je suis trempée, et dans mon armure je ne veux même pas savoir de quoi j'ai l'air. Elle va sûrement rouiller.

Je décide de m'en débarrasser; pas la peine de se déplacer dans une piscine. Avec des signes je crois me faire comprendre du gosse que je vais chercher sa bouteille de cola. Mais avec la chute qu'elle a faite, il ne doit pas en rester grand-chose.

Traversant un paysage sec de rochers aiguisés et de végétation basse, je fais une petite marche. Bah, au pire des cas je retrouverai le marchand pour lui en racheter une autre. Seul risque: tomber sur l'autre taré qui se prend pour moi.

Au loin j'entends des bruits camouflés et des hoquets à peine contenus. Quoi? Le gosse m'a suivit jusqu'ici? Je me dirige vers le bruit bien trop familier à mon goût de pleurs de bébé. Pourquoi ne font-ils que pleurer ses bambins? Dans les quatre coins du monde, ils sont tous pareils. Un 'ouin' par-ci parce qu'il a soif, un 'snif' par là parce qu'il a mal, un 'hiiiii' strident parce qu'il a peur. C'est insupportable.

Je suis donc là où je crois avoir entendu des gémissements d'alités. Pourtant je ne vois rien, et n'entends rien. Peut-être est-ce l'heure pour moi d'avoir des lunettes. Comment ils font les chevaliers quand ils ont la vue qui baisse ?

Et puis quand je m'apprête à faire demi-tour, crispé de perdre mon temps de la sorte, mon regard s'effondre sur un drôle d'animal rose. Un bébé sourie? Je me penche, ma curiosité éveillée sans oser toucher. La bestiole tourne brutalement son regard vers moi, regard tout aussi rose, mais tout le reste de la figure est rouge carmin… non rouge sanguin. Que dis-je? C'est du sang! Sur toute sa figure, et qui couvrait son front telle une couverture gluante.

Et avant que je ne puisse dire quoique ce soit, cette chose prit ses jambes à son cou et détalle comme un lapin. Peut-être était-ce après tout un bébé lapin… pourtant j'ai pas vu de pompon derrière.

Déconcerté par ce mouvement et avec tout l'air qu'a remué ce nouveau petit diable croisant ma route, je perds pied et me retrouve à balancer les bras dans les airs comme un oiseau manchot pour ne pas me ramasser sur le dos. Rien à faire. Dans un nouveau 'plouf', ma vue perd l'horizontal pour prendre la verticale, et le soleil me transperce les pupilles. Par tous les diables sur cette planète, j'allais devoir tous les croisé pour rencontrer enfin une quiétude bien mérité, ou quoi? Quelle idée aussi de s'être mis au service d'un dieu tel que Hermès, et en plus, là, j'avais des circonstances atténuantes, ne sachant pas à quel point il pouvait être incorrigible et incroyablement maigre alors qu'il mange des chocolats à tout bout de champs, mais quand j'ai eu un semblant de chance pour travailler pour quelqu'un d'autre, il a fallu que je tombe sur un autre démon: Athéna. Démon des démons. Déesse démoniaque ayant avalé d'un coup ma chance.

Je me relève de la flaque de boue qui me glue les cheveux ensemble, ainsi que mes vêtements à ma peau, et m'apprête à me tirer d'ici. Tout en le faisant, je ne peux retenir un cri de surprise, pour ne pas dire de mal. Ma main a rougi de mon propre sang, une entaille tout à travers. Je me suis coupée. Rien de grave, cela arrive. Et pourquoi me suis-je coupée? Voyons voir. Oh, oui, voilà tout un nid de verts scintillant au soleil d'une couleur sombre et profonde. Du sang, le mien, mais pas que le mien. Le martyr que j'ai croisé et qui est la cause de mon petit malheur actuel est aussi tombé dans le piège machiavélique de cette bouteille de coca dispersé en petit morceau. Oh bah, c'est la vie, on n'y peut rien, n'est-ce pas?

Me relevant enfin, j'entreprends de faire marche arrière, pestant contre ces gens qui polluent les dernières parcelles de nature qui nous restent. Y'a vraiment des inconscients. Et puis tant pis pour mon petit Mu qui m'attend avec sa bouteille.

J'arrive là où je l'ai laissé, mais je ne suis, hélas, pas encore au bout de mes surprises. Le tibétain avait plongé dans la marre de boue qui avait servi de piste d'écrasement, et il est entrain d'y jouer, comme le gosse qu'il est. Mais ce n'est pas possible! Je ne peux pas amener à Athéna un enfant ressemblant à un goujat, non? De la tête au pied on aurait dit un nègre du Bénin. Comment faire comprendre à une personne de six ans que je suis en train de lui garantir son avenir! Et plus j'y pense, plus j'appréhende ma rencontre avec les dix autres futurs guerriers.

- Malheureux! Si tu veux pas être scalper sort de là tout de suite!!!

Huaxing, soudain très effrayé par l'apparition de mon cosmos en proi à de l'énervement sort d'un coup de sa baignade et je vois des larmes recommencer à rouler. Bien, au moins son visage aura un semblant de propreté. Je m'approche plus calmement que ce que je ressens.

- Allez, viens que je te nettoie un peu, dis-je lentement.

Bien sûr Huaxing ne comprend rien de ce que je dis, mais au ton de ma voix il sait quand quelque chose ne va pas. Je lui enlève son uniforme d'école, qui n'est qu'une longue robe brune. Je la retrousse, et nettoie mon garnement.

Il est évident que tous ces détails n'ont aucun intérêt, mais pourtant si. Parce que peu à peu que j'essuie la boue sèche de la peau, et quand j'arrive au niveau de la taille, j'ai un haut le cœur tellement haut que je tombe une nouvelle fois à terre. Une habitude, je vois. Toute tremblante, je ne sais pas quoi dire. J'avais en face de moi un… une… enfin, vous comprenez. Ce n'est pas Mu… n'est-ce pas? Trop surprise je reste bouche bée devant cet enfant qui me regarde avec de grands yeux interrogatifs. Mais je suis une imbécile! Une imbécile finie, il n'y a pas pire que moi. Je suis tellement idiote, que je me demande même pourquoi on m'a confié cette mission, j'aurais pu resté chez moi, laissant le travail être fait par les grosses têtes. Lentement je m'assoie par terre, et regarde Huaxing avec pitié.

- Tu sais que c'est dommage que tu ne sois pas un garçon, toi. Un beau garçon avec de beaux cheveux soyeux et deux petits points sur le front. Parce que sinon, tu aurais été parfaite pour le boulot. Mais non, je perds mon temps, comme d'habitude.

J'étais vraiment très en colère contre moi-même de ne pas avoir fait attention que mon présumé héro national n'avait pas deux petits points tout choux sur son front.

- Allez, je te ramène chez toi. Au point où j'en suis…

Je rhabille la fille, et je lui laisse prendre les devants, pour qu'elle me montre le chemin. Elle m'amène jusqu'à une petite maison accueillante, et Huaxing m'invite à la suivre dedans. Nous sommes bien chez elle. Là je rencontre les parents et les grands-parents et les arrière grands-parents.

Je ne compte pas m'éterniser chez eux quand un terrible bruit de bête blessée retentie. C'en est tellement terrifiant que je saute dans le placard à balai. Il fait noir ici, et c'est plein de toiles d'araignées, et sûrement qu'il a des cafards qui grouillent à mes pieds. Et je sens quelque chose monter le long de ma jambe…

- AHHHHHHHHHHHHHHH!!!!!

C'est horrible, je sors en trombe du placard, cassant la porte. C'est une bébête qui monte, qui monte, qui monte, jusqu'à…

- Enlevez moi ça!!!!!!!!! Aidez-moi!!!!!!!

Mauvaise idée, tout le monde s'y met: la mémé avec ses chaussures, le pépé avec sa canne, l'arrière mémé avec son torchon, et l'arrière pépé, qui est du genre Tortue Géniale de Dragon Ball, qui lui se sert plus de ses mains… mais pas pour m'aider. Et me voilà tabassé par des vieux grigous. Cela m'a marqué, sur tout le corps. Surtout les coups de savates.

- Suffi! Pervers!!! Pas touche. Allez, shou! Shou!

On ne peut jamais compter sur les autres pour nous aider pour de petits problèmes, qui prennent après des dimensions phénoménales. Les vieux gâteux ne sont pas trop dure à convaincre, car dès qu'ils voient ma jambe coloriée par une traîné de sang c'est la grande frayeur. Allons-y, mettons des boules quiès, prêts? Go:

- AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH Du SANG, AU SECOURE, C'EST UN VAMPIRE!!!!!!!! AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHhhhhhhhh…

Mouais, c'est peut-être mieux q'un traître ou qu'un espion, non? Nous avons enfin un peu de calme après le départ précipité des ancêtres. Va falloir une pelle…

Enfin un peu d'intimité. J'enlève mon t-shirt tout noir de boue et vaseux de bave de crapaud… on regarde pas non plus! Oui, vous, les lecteurs. Je suis désolée pour cet interlude qui n'a rien à voir avec ma mission (qui n'est pas prête de se terminer, hélas), mais là, je ne peux rien faire (pas ma faute si l'auteur à absolument voulu qu'une bébête vienne se réfugier dans mon corsage…).

Et donc à l'endroit convenu, je me retrouve avec une vieille connaissance: le petit démons des bouteilles de coca cassés. Il tremble de peur, et est tout dégoulinant de sang. Menu comme un chaton rose je le prends dans la paume de ma main. Et le dépose sur la table. Je remets mes vêtements (chose importante), pour me rendre compte que le machin rose a disparu… non, il est sous la table. Il est tombé? Pourtant j'ai rien vu, rien entendu… Je me baisse et tends la mains pour l'attraper, et niak! J'y crois pas, il m'a mordu! Ce sale sacripant a osé me mordre! Moi! Flo Chevalier d'… je ne sais plus quoi! Non, mais c'est pas vrai! Je plonge telle une professionnelle et fends sur lui, mais agil comme il est, il esquive facilement et je me ramasse sur la planche en bois pleine de termites. Ahh, j'en ai partout! Dans les cheveux, dans les habits, dans la bouche et les oreilles!

- Assez!

Je brûle mon cosmos rageur, et crame les méchants insectes.

- TOI! Pointai-je au farfadet hilare.

Et puis je me décontracte, fais demi-tour pour aller chercher ailleurs.

- J'ai encore Mu à trouver, mais je te préviens que quand j'aurais fini ma mission, et si je ne suis pas morte, tu passeras un sale quart d'heure, croque-mitaine!
- Mu?

Je me retourne. Non.

- Mumumumumu mu, s'exerce-t-il.
- Nononononnon! Tais-toi!

Il continue de plus belle. Il ne veut pas se taire.

- Pour qui te prends-tu, hein (- Mu? Il me répond), tu sais au moins c'est qui ce Mu, pauvre cloche? C'est un très beau et fort chevalier avec de très beau yeux et de très beaux cheveux li…la…?

Lui aussi d'ailleurs. Et même qu'il en a plein partout des cheveux, d'un rose… très… rose. Oui, rose, mais pas violet. Je m'approche quand même de lui. Il ne bouge pas.

- Mumumumumu… continue-t-il, comme si c'était une chanson digne de Pink.

Je lui relève ses cheveux crades, et collés par tout le sang qu'il continue à verser, mais cela ne semble pas le gêner, il prend son bain littéralement dedans, et découvre un front........... plein de sang, forcément. Mais d'où vient tout ce sang? Je me demande.

Je prends un torchon de sur la table, et décide de lui éponger le front. L'animal se laisse faire, souriant gentiment. Sa peau de nacre apparaît de dessous les couches rouges, et je découvre enfin la source de tout ce vernis vermillon. J'effleure les blessures, le patient recommence à crier et à pleurer.

Je comprends, il s'est fait empaler par deux morceaux de verres aiguisés. Un peu plus vers le bas, il aurait perdu ses yeux. Non, en fait c'est un vrai forgeur de verre! Il en a plein partout! Sur tout le visage, on dirait un hérisson. Bon, va falloir jouer au chirurgien, car je ne peux pas laisser cette pauvre bestiole comme ça. Aller, je le déshabille. Tiens, mais c'est un humain? Cette boule de cheveux rose est un garçon?... Tellement petit. Il a quel âge?

- Tu as quel âge?
- Mu!
- Oui, je sais, mais tu habites où?
- Mu!

Arg, il ne veut pas démordre de son 'mu'. Bon, je l'allonge sur la table d'opération, et je m'occupe déjà à lui dégager les yeux pour pas qu'il se les blesse, si ce n'est pas déjà fait. Je grimace, le verre à entailler tous ses sourcils…! Mais! C'est réellement Mu!!!

- Pourquoi tu me l'as pas dit! Imbécile!
- Mu?
- Oui, oui, Mu! C'est toi! Je t'ai enfin trouvé! Quelle chance.

Et je l'étreins, tellement je suis contente! Le chevalier d'Or du Bélier, c'est moi qui l'ai trouvé, et en plus, c'est moi qui l'ai nommé! Quel honneur. Quelle journée magnifique. Je vais lui demander un autographe… heu, après m'être occupé de lui.

Alors je lui souris, je lui parle, je lui débarrasse de tout ces morceaux de verre avec précaution, manquerait plus que je l'abîme. Ah, il est merveilleux, il est adorable, il se laisse faire.

- Mais qu'est-ce qui t'es arrivé? Tu as reçu une bouteille de coca sur la tête ou quoi?

A côté il y a Huaxing avec ses parents qui tremblent dès qu'il me voit entrer dans la pièce d'à côté. Je ne pense pas qu'ils osent sortir après tout le boucan de tout à l'heure. Je fais signe à Huaxing que j'aurais besoin d'un peigne. Elle me sort une fourchette. Bien, si c'est tout ce qu'elle a.

Alors je brosse mon petit Mu, je lui fait des tresse, je le bichonne, je le poudre, je l'habille, et je lui scotche la bouche, parce que des 'mumumu' à tout bout de champ, y'en a marre.

Je le regarde, enfin propre et présentable pour rencontrer son maître. Son maître, snif… pourquoi ne peut-il pas se ranger chez Hermès? Bon, j'avais eu beau le saupoudrer de farine, il avait toujours deux cicatrices circulaires qu'avaient fait les deux bouts de verres.

Allons-y, direction le bercail. Je le prends sous mon bras, et hops, au Sanctuaire d'Her… non, d'Athéna.

Souriante, je sors avec ma trouvaille, après avoir dit au revoir à Huaxing et ses parents. Ils sont soudain très gentil avec moi…

Je me téléporte vers la Grèce, et plus précisément sur cette petite île inconnue, et qui pour le bien de l'humanité doit le rester. Sinon, le monde deviendrait fou. J'ai la manie d'atterrir sur la plage, à des kilomètres du palais du Grand Pope. Je regarde Mu, qui semble soudain très émerveillé.

- Dis donc, Mu? Tu ne pourrais pas nous emmener dans ton futur temple?

Et ensemble, nous commençons notre lente ascension, à pied. Mais je la termine avec l'enfant sur les épaules. Tout le monde semble être en grande effervescence. Que ce passe-t-il encore? Je me tortille dans une foule formée tout autour de l'Arène. Heureusement personne ne fait attention à moi, je n'aimerai pas me retrouver pourchassée par une bande de machos voulant m'épingler parce qu'ils ont posé leurs yeux sur le plus beau visage qui soit, alors qu'ils ne doivent qu'endurer le regard d'Athéna même. Et quel regard! Pire que le bouclier de la méduse.

Bon, dans les Arènes, il y a un drôle de type en toge rouge. Le Grand Pope. Il fait une annonce:

- Chevaliers, chevaliè… euh, chevaliers. Comme vous le savez tous, ceci est mon CCCCième anniversaire et des poussières, alors étant de bonne humeur, j'offre un pins "Vote for Shion" pour celui qui m'apportera un élève digne de moi. Vous avez jusqu'à vingt heures, car après je dois aller faire un tour à Holly W… Star Hill, le monde des stars, non, je veux dire la colline des stars… étoiles. Voilà, je vais y arriver quand même!

Grand enthousiasme, tout le monde est sous adrénaline. Ca frappe des mains, hurle de joie, c'est la fête. Le banquet est mis en place. Pas cool ça, parce que moi qui veux passer inaperçue, comme me l'avait recommandée Athéna… Je souris, tiens penser à Athéna me rend de la bonne humeur. Je la vois bien, sur le trône du Grand Pope, priant tous les dieux qu'elle connaisse pour me prier de faire au plus vite. Mais qu'elle ne s'inquiète pas! J'ai déjà trouvé Mu, il ne me reste plus que dix. Onze en comptant le vieux pépé, mais je ne sais pas si c'est une bonne idée, parce que âgé comme il l'est, il ne faudrait pas le brusquer, alors je suppose qu'il vaut mieux ne pas l'embêter.

Bon, j'en suis pas encore là.

- Allez, viens Mu, allons te présenter à ton maî… EH!!! MU???

Il a…. mon dieu, il n'est plus là! Ohhhhhhhhhh noooooooooooooooooooon. C'est pas vrai!! Où est-il? Arg, c'est ta faute Athéna! Il faut juste que je pense à toi, pour que ma chance me fuit! Je suis allergique à toi.

Et voilà maintenant que Mu cavale tout seul au milieu d'une fête. Je regarde frénétiquement partout, sous les chaises, et les tables et les nappes, sous les armures, mais rien. Et il est tellement petit qu'il peut être n'importe où, à cavaler à droite, à gauche, j'espère qu'il ne va pas faire de mauvaises rencontres. Et au fond j'ai un peu peur qu'on se rende compte que je sois un fille, vu que cela entraînerait toute une série de questions indésirables, et là, on parlera de moi dans tous les archives du Sanctuaire, disant qu'après avoir vu mon immense beauté, les chevaliers d'Athéna ont décidé de virer leur déesse, et de me prendre à sa place. Place non enviable, faut dire, car même si je me retrouvais à régner sur tout un tas de mecs bien virils, je trouve que mon destin serait plus intéressant si je ne me faisait pas tué par Saga, non? Non, assurément.

A la recherche de Mu. Je garde profil bas, pour voir s'il n'est pas dans les jambes des gens. Ca parle, braille, se saoul… moi aussi cela me tente, mais la panique commence à s'emparer de moi. Où est-il bon sang! Partout où il y a un peu de chahut je me retourne pour voir ce qui se passe, mais ce n'est rien. Et puis, soudain, je le retrouve! Petite boule rose, traînant sur le sol, se déplaçant à une vitesse ahurissante. Puis il se cache sous une table, et en ressort de l'autre côté. Je commence à le courser. Il ne fallait surtout pas qu'un de ses ivrognes le prenne pour de la barbe à papa!

J'accélère le pas, tout en faisant attention de ne pas me faire remarquer. Pourtant de derrière moi j'entends des gens assez mécontents. Je baisse la tête, ramène mes cheveux sur le visage, et essaye d'avoir l'allure la plus masculine possible. Pas chose facile, surtout que j'ai toujours était une piètre comédienne.

Je suis Mu telle un pro, avec mes yeux tels des radars… la cible est en mouvement constant, et est dure à garder dans le champ de vision. Il saute sur une table! Et commence à se remplir les mains de gâteaux sec, et à mon grand désespoir de vouloir passer inaperçu, il les balance en l'air, comme un tas de confettis! Je décide d'intervenir. Je saute par-dessus tout le monde, j'atterris sur la table où le petit garnement est. La table s'écroule sous mon impacte. Là, je suis bien sûr l'attraction numéro un. Tout le monde doit avoir le nez tourné vers moi. Mais, chose positif, j'ai Mu avec moi. Je perds pas mon temps, et décide de prendre le large, et me réfugier sous la nappe, prenant au passage quelques petites tartelettes. D'en haut j'entends pleins d'exclamation:

- C'était un lapin rose?!
- Oui, mais l'autre, c'était quoi?

Un chevalier d'Hermès! A votre avis!

Puis, soudain le drap s'envole, nous laissant à découvert. Pris d'une panique irraisonnée, le petit tibétain s'échappe de ma prise et court, court, à droite, à gauche, manquant à chaque fois de se marcher sur ses cheveux nettement trop long, dont les tresse se sont défaites. Tout le monde, moi comprise suivons le parcourt effréné de la curiosité qui s'engage au milieu de l'Arène et… le malheureux!! Il allait droit vers le Grand Pope!

Je saute en l'air, court frénétiquement, complètement paniquée, renversant tout et n'importe quoi, sur mon passage je me reçoit même ce gâteau pleins de sucre blanc en pleine figure. Je me dégage quand même les yeux juste à temps pour voir mon protégé se faufiler sous la robe du chef suprême du Sanctuaire, qui lui a les yeux rivés sur la folle qui fonce vers lui. Je m'arrête à temps, pour ne pas le renverser. Ouf.

- Vous voulez…? Questionna l'homme masqué.
- Je, je, sous, là… enfin, je balbutie, essoufflée.

Formidable Flo! Tu sais très bien parler.

- Oui, demanda quand même ce Grand Pope avec infiniment de patience.

Je me reprends.

- J'ai un élève pour vous.

Il hausse un sourcils disant "Oui?"

Je vais lui répondre avec diplomatie, leur montrant qu'il n'y a pas que ces foutus chevaliers qui peuvent être doué, et ouvre la bouche:

- …

Je me suis arrêté dans mon élan. Mon œil a capté cette boule de poile sous la robe de soirée rouge du Grand Pope, montant vers le haut du torse. Eh ben, il aime bien ces endroits, le petit bélier!

Le visage du Grand Pope se modifie: "…???". Mu a décidé de grimper plus haut, et va sortir par le haut col. Comment fait-il, pour ne pas le sentir? Mais sans avoir le temps de trouver une quelconque réponse, je saute sur le Grand Pope, si vite que personne ne voit rien. Et à la gorge du Grand Pope, je lui secoue la robe comme un prunier pour faire descendre Mu. Il tombe en effet, mais s'accroche à un pli intérieur en dernière ressource. Ah non! Cela ne se passera pas comme ça!

Alors, je lâche Shion, soulève son ample robe, et m'aventure dessous. C'était mémorable, je dois dire. En un coup de pied j'y suis éjectée, mais mon animal est dans les bras.

- Espion!! Traître!! Charlatan! Imposteur!

C'est bon, c'est bon.

- C'EST BON!!

On aura compris à la fin!

Je baisse la tête, essayant de mettre mes cheveux sur mes yeux. Ca va barder. Les yeux hermétiquement fermés j'attends que les foudres du Sanctuaire me prennent comme parabole. Pourtant il n'y a qu'un silence de mort. Surprise j'ouvre doucement un œil… Le Grand Pope ne semble pas s'intéresser à moi mais à la bête rose qu'il y a mes pieds.

- Qu'est-ce? Demande-t-il.

C'est à moi qu'il parle? Silence. Ben oui, il paraît.

- Euh, je vous présente Mu.

Je fais ma voix bien grave et gutturale pour essayer de ne pas me faire démasquer, bien que c'est ce qu'il me manque: un masque. Mais je ne semble pas en avoir trop besoin, car toutes les personnes n'ont d'yeux que pour le petit être aux yeux immenses qui regarde un peu timidement. Puis les gens froncent les sourcils:

- C'est quoi?
-Euh… comment dire, je réponds. C'est un humain. C'est vrai qu'il est extrêmement petit, mais aussi très intelligent. Mais ne vous inquiété pas, il va grandir et devenir extrêment puissant, mais surtout très beau.
- C'est étrange, il n'a pas de sourcils…
- Laissez moi voir, ordonne soudainement le Grand Pope très intéressé.

On lui apporte Mu. Il prend l'enfant dans ses mains, et commence à faire un examen chirurgical, le tournant dans tous les sens, l'examinant sous toutes les coutures, lui ouvrant la bouche pour examiner sa récente mais dangereuse dentition. Son regard se pose enfin sur moi.

- Qui es-tu? Où l'as-tu trouvé?

… Hors Service.

- Moi? Au Tibet. Je suis…

Bon, je n'ai pas vraiment beaucoup de choix. Et puis, faut surtout gagner la confiance du Grand Pope pour pouvoir donner le bracelet à Mu. J'aurais dû lui donner bien avant…

- Je m'appelle Flo… rent. Voilà! Florent.
- Florent?
- Oui! Je crie. Chevalier d'Arg… Bron… de la Boussole!

Sueur froide. Bon sang! Il est de quel rang le chevalier de la Boussole! Le silence semble se prolonger. J'ai les jambes en coton. Pitié, que le chevalier de la Boussole ne soit pas présent.

Le silence continue. Quand soudain…

- Mu! Crie le futur chevalier.

Sursaut de tout le monde:

- Mu??
- Oui, c'est son nom, je leur dis.
- C'est bon, annonce Shion. Je le prends. D'ailleurs, j'ai pas le temps de faire autrement. Bon au revoir tout le monde. Travaillez bien surtout.

Je m'approche de Shion qui me colle un autocollant sur mon armure (que j'ai récupéré bien sûr avant de venir ici), mais avant qu'il ne parte je lui tire discrètement sur sa manche de son ample robe:

- Est-ce que je peux dire un dernier adieu à Mu?
- Bon, dépêche-toi!

Je sors le cadeau d'Athéna, et lui passe la chaîne autour du poignet, y faisant un nœud.

- C'est un porte-bonheur, dis-je à Shion. Faites qu'il ne quitte jamais ce truc, cela pourrait lui sauver la vie. C'est très sérieux.

Je passe ma main dans les longs cheveux que j'avais si bien tressé, mais de nouveau emmêlés. Niak! Ah! Il m'a encore mordu! Sale bête!

Le Grand Pope s'éclipse avec son nouvel élève. Ouf, je suis passée à ça de la catastrophe. Mais le premier volet de ma mission est réussit. Le reste n'est pas de ma responsabilité. Allons, voilà un douzième de fait, c'est bientôt fini.

Alors que je m'éclipse moi aussi vers la plage, laissant les chevaliers d'Athéna se saouler comme des porcs, je trébuche dans le noir sur une forme tout aussi noire.

- Hips! Eh, attention hips! Marche… où. Pas n'importe moi! Cavalier hips! Bouzolle.

Héé? Répète un peu. Bouzole? Boussole! Je lui prends les épaules et secoue le type:

- Quoi?! Tu es le chevalier de la Boussole! Réponds-moi!
- Lâche! Hips! C'est moaaaaa…

Mon ventre se contracte, et je jette des regards inquièts autour de moi. Mes yeux brillent étrangement, et avec le moin de bruit possible, je brise le cou du type. J'aurais bien voulu ne pas en arriver là…

Je prends le type sur mon dos. Dirai qu'il est ivre mort… Et puis j'ai cette irritante envie d'enlever cet autocollant scotché sur mon dos…

Sur la plage, les pied dans l'eau je disparais. Une drôle de chanson me trotte dans la tête:

Il était un p'tit Mu
Et ron et ton, petit patapon
Il était un p'tit Mu
Qu'avait deux points sur le front, ronron
Qu'avait deux points sur le front…


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Cette fiction est copyright Marianne Dumarché.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.