Chapitre 13 : Traverser les flammes de l'Enfer


Asgard

Freya


Un homme de grande taille tout de noir vêtu s'était présenté au palais. Il s'était présenté comme Hadès le dieu des Enfers.
En temps normal je l'aurais sans doute pris pour un déséquilibré mais avec tous les évènements qui s'étaient succédés ces dernières heures…
Cependant il n'y avait pas que ça : les yeux de cet homme reflétaient une tristesse sans limite et pourtant il y avait tant de profondeur dans ce regard que l'on aurait voulu s'y noyer.
Bien que je ne possède pas une once de cosmos j'avais tout de suite senti chez cet homme une puissance formidable : dehors battait une tempête terrible et il s'était avancé nullement incommodé par le temps vêtu d'une tunique noire sur laquelle brillaient des épaulettes d'or massif. Sur son passage les éléments avaient calmé leur furie et même le vent battant s'était transformé en ronronnement.
Son port noble avait tout de suite imposé le respect aux gardes du palais qui avaient beaucoup hésité avant de me prévenir de peur de manquer de respect à cette personne illustre.
Quand je m'étais présentée devant lui il avait posé sur moi son regard d'une tristesse insondable.
Après un moment de silence il m'avait pris le menton et s'était adressé à moi d'une voix très calme :

- Vous êtes la princesse Freya n'est-ce pas ?
- Oui… Je veux dire oui votre majesté.
- Vous avez vécu des évènements terribles.
- Oui…
- Malgré ce que vous avez vécu, on lit dans vos yeux, derrière la tristesse, tout l'espoir que vous portez encore en l'humanité. Vous croyez toujours en l'amour n'est-ce pas ?
- …
- Dites-moi cet amour vous a-t-il rendu heureuse ?

Je repensai à cet instant aux années de bonheur que j'avais connues en compagnie de Hilda et de Hagen.

- Oui certainement.
- Mais n'est-ce pas l'amour qui a poussé Hagen à lever la main sur vous, n'est-ce pas l'amour qu'il avait pour vous qui l'a poussé à se mesurer au chevalier du Cygne ? Et finalement n'est-ce pas votre amour qui l'a tué ?

Je sens les larmes me monter aux yeux. Cette question n'a cessé de me hanter depuis la mort de Hagen. Je n'ai cessé de me demander si je n'avais pas été la cause de la mort de mes amis en prenant le parti d'Athéna.

- Je sais tout cela. Mais l'amour n'est pas que tristesse, il y a aussi la chaleur. Et n'est-ce pas le rêve de tout homme qui croit en l'amour de mourir pour lui ?

Hadès ne parut nullement déstabilisé par ma réponse, il avait plutôt l'air amusé à vrai dire.

- C'est bien ce que je pensais.
- Quoi donc ?
- Vous êtes bien un de ces êtres humains qui toute leur vie portent le fardeau de l'amour, le fardeau de la tristesse.

Hadès s'avança dans la cour du palais et énonça ses ordres sans se retourner :

- Je souhaite me retrouver seul en présence de l'armure d'Odin. Que personne ne vienne me déranger.

D'un pas noble il se dirigea vers la salle principale du palais. Les portes se refermèrent d'elles-mêmes derrière lui.
Malgré l'interdiction qu'il venait d'énoncer en termes clairs je le suivis, fascinée que j'étais par le charisme de ce personnage.
Me faufilant jusqu'à la salle du trône j'entrebâillai une porte pour pouvoir observer ce personnage. Il semblait en discussion avec lui-même.

Salle du trône

" Comment as-tu osé ? "
Hadès se tenait assis avec l'armure d'Odin posée juste en face de lui. Dans l'armure d'Odin Hadès contemplait le reflet du seigneur Odin lui-même.

- Comment as-tu osé utiliser mes pouvoirs pour venir en aide à tes guerriers ?

Une voix différente de celle d'Hadès s'éleva dans la pièce, celle d'un homme d'âge mûr qui avait passé toute sa vie à hurler ses ordres sur les champs de bataille.

- Je ne pouvais pas laisser Bud et Hilda mourir ainsi.

Hadès ne réagit pas. Odin se sentit obligé de poursuivre.

- Nos plans en auraient été grandement perturbés.
- " Nos " plans dis-tu ? Ne seraient-ce pas plutôt tes projets qui auraient été perturbés par la disparition de Bud et Hilda ?
- Que veux-tu insinuer ?

L'expression d'Hadès se durcissait au fur et à mesure qu'il parlait, son cosmos augmentait de plus en plus tandis que l'armure d'Odin émettait des vibrations hostiles.

- Quelles étaient tes véritables intentions quand tu as accepté d'accueillir mon âme dans ton corps ? Etait-ce par pure bonté d'âme ? Voulais-tu ressusciter ? Ou alors désirais-tu te servir de mes pouvoirs pour assouvir tes ambitions personnelles ?
- Comment peux-tu ?! Sans moi ton âme n'aurait jamais pu échapper au néant !
- Oui c'est vrai. Mais aujourd'hui tu ne m'es plus indispensable.
- Comment ça ?
- Odin, peux-tu seulement imaginer le fossé qui sépare nos deux cosmos ? Il me suffirait de pousser le mien à son paroxysme pour que ton âme disparaisse et que ce corps soit tout à fait mien.

Le cosmos d'Odin parut vaciller comme une flamme qui menace de s'éteindre sous la force du vent. L'armure d'Odin cessa de vibrer.

- Oui, je peux mesurer ce fossé…

Hadès sourit.

- Alors maintenant que les choses sont claires tu vas me dire quelle était ta véritable intention en envoyant Bud et Hilda dans le Niffheim.
- Bien. Si tu veux le savoir mon intention est double.
- Je t'écoute.
- Hormis mon désir de faire revenir les guerriers divins j'ai d'autres projets. Dans le Niffheim, derrière le mur de feu se trouve un objet qui m'est très précieux. On l'appelle l'œil de Wotan.
- L'œil de Wotan ?
- Oui, Wotan est le nom que je porte pour les peuples Germaniques. Cet œil est le mien. Il y a longtemps j'ai rencontré un géant du nom de Mimir. Il gardait la fontaine de la sagesse. Il m'a appris qu'en m'abreuvant à cette fontaine j'aurais plus de pouvoir que tous les autres dieux nordiques.
- Je vois.
- Celui qui boit à cette fontaine acquiert la connaissance des mots du pouvoir. Les mots du pouvoir sont des incantations très puissantes que seul celui qui a bu à la fontaine de la sagesse pouvait maîtriser. Mais toute chose a un prix.
- Ton œil.
- Exact. Celui qui acquiert la connaissance doit renoncer au moins partiellement à la lumière de ce monde. C'est ce que j'ai fait en m'arrachant moi-même mon œil droit. Cette infirmité m'a empêché de déployer toute ma puissance par la suite.
- Et si tu le retrouvais…
- Je retrouverais ainsi toute ma force d'antan.
- C'est pour te réapproprier cet artefact que tu as accepté de recevoir mon âme dans ton corps ?
- Oui, mais ce n'est pas la seule raison.
- Je t'écoute.
- Hadès, as-tu vu Asgard ? Qu'en as-tu pensé ?
- Eh bien c'est un royaume moyenâgeux, froid, le climat y est hostile à toute forme de vie. On y voit par-ci par-là les traces d'un glorieux passé, mais le vent du temps a soufflé sur Asgard et ses habitants ont l'air d'avoir oublié la grande époque des Ases. J'ajoute que les guerres continuelles ont appauvri le royaume, profitant à certains héros comme ce Volkel…
- Et ses habitants ? Les as-tu vus ?

Hadès hésita un peu avant de répondre, qu'étaient ces chétives créatures pour un dieu ? Oui il avait vu les asgardiens et ce qu'il avait vu ne l'avait guère réjoui : il les avait vu plier sous le vent glacial et la neige. Hadès n'aimait pas la pauvreté, comme la plupart des dieux il appréciait la dévotion des hommes mais il n'aimait pas s'occuper de leurs problèmes.

- Ils sont pauvres…
- Oui mais as-tu vu la lueur qui anime encore leurs yeux.
- Une lueur ?
- Oui la lueur de l'espoir. Les asgardiens pensent que de leurs souffrances dépend l'équilibre du monde et ils en sont fiers. Malgré leurs souffrances ils continuent à me rendre grâce de les protéger, moi Odin.
- Tu as dit " ils pensent " seraient-ils dans l'erreur ?
- Oui, c'est exact. Les asgardiens pensent qu'Asgard a toujours été un pays pauvre et gelé où les faibles sont le jouet des puissants, mais il n'en a pas toujours été ainsi.
- Comment ça ?
- Comme l'a dit Svaja, Asgard a été gelée volontairement par les derniers dieux au moyen des mots du pouvoir pour éviter que les géants ne s'en emparent.
- Tu veux dire que…
- Oui tu l'as deviné. Depuis des siècles le peuple d'Asgard me prie pour que je continue à geler les pôles de façon à ce que la calotte glaciaire retienne le débit des océans. Mais c'est totalement faux !
- Comment ça ?
- Asgard se trouve au nord de la Norvège, le cercle polaire se trouve plus à l'ouest. Si je continue à geler les pôles c'est pour une toute autre raison.
- Laquelle ?
- Les géants ne sont pas tous morts. Ils se sont endormis sur les plaines et la neige qui les a recouverts a fait d'eux des montagnes. Après la glaciation d'Asgard leur volonté s'est éteinte d'elle-même. Mais si les glaces qui ont été créées par les mots du pouvoir venaient à fondre les géants se réveilleraient et ce serait la fin d'Asgard. Mais si je retrouvais l'œil de Wotan je pourrais récupérer ma puissance passée et écraser les géants !

Hadès se leva brutalement de son trône. C'était plus qu'il ne pouvait en entendre. L'armure d'Odin émit des vibrations apaisantes. Après avoir arpenté la pièce de long en large pour se calmer Hadès se rassit et jeta un regard noir à l'armure d'Odin.

- Qu'est-ce que cela apporterait à ton peuple ?
- Eh bien, si je retrouvais toute ma puissance je pourrais faire retrouver à Asgard sa grandeur passée et briser le sort jeté par les mots du pouvoir de sorte que le peuple d'Asgard pourrait vivre enfin dans un pays plus clément. Dans les yeux des gens d'Asgard j'ai vu l'avenir de cette époque.

Hadès ne répondit pas tout de suite. Ses mains se crispèrent sur les accoudoirs du trône si fort qu'il parut sur le point de les briser.

- Ainsi tu m'as permis de survivre pour aider des… hommes ?!!
- Oui et alors ?
- Et alors ?! -Hadès semblait exploser de colère- pour qui me prends-tu ? Je suis Hadès seigneur des Enfers, l'une des trois premières personnes à s'être éveillée au Big Will ! Mon pouvoir ne doit servir que moi et personne d'autre ! Et sûrement pas ces stupides hommes qui sont tous coupables !

Odin ne répondit pas. Pour la première fois Hadès lui avait livré le fond de sa pensée sans ambages.

- Pourquoi hais-tu tellement les hommes ?
- Je ne les hais pas au sens où tu l'entends. Pendant longtemps leur sort m'était totalement indifférent. J'attendais patiemment qu'ils viennent me rejoindre et je les laissais entre les mains de mes juges qui les envoyaient dans l'Enfer qui leur convient ou aux Asphodèles dans le meilleur des cas. Mais un jour j'ai réalisé que les choses avaient changé. Les morts qui venaient en Enfer reconnaissaient de moins en moins souvent leurs fautes. Sur Terre les hommes oubliaient de donner leur part aux dieux et protestaient quand ils voyaient que nos plats étaient mieux garnis que les leurs. Les hommes ne savent pas se contenter de ce qu'ils ont. Toute chose qu'un homme voit, il la veut pour lui. Par exemple il ne viendrait jamais à l'idée d'un dieu d'attraper un oiseau au vol pour le mettre dans une cage, c'est ce que ferait un homme. En fait les hommes n'ont aucun respect, je ne les hais pas pour cela, ça aurait plus tendance à me rendre triste pour eux. Mais en fin de compte les hommes, malgré leur soif de tout posséder ne sont pas heureux.
- Alors ?
- Alors il vaut mieux mourir !

Odin ne répondit pas tout de suite, ce que disait Hadès évoquait chez lui des résonances profondes. Il se ressaisit toutefois.

- Cesse de mentir Hadès.
- Comment ?
- Tu sais très bien que ce que t'a dit Athéna était vrai : les hommes quels qu'ils soient ont de l'amour en eux et pour cet amour ils peuvent déplacer des montagnes. Tu me dis que les hommes sont stupides, je te réponds qu'ils ne sont tout simplement pas des dieux.
- Quelle impertinence !

Le cosmos d'Hadès augmentait de plus en plus mais cette fois il était rempli de haine.

- Non je ne m'arrêterai pas ! Au fond tu sais très bien que les hommes ne sont pas si mauvais que tu le dis, seulement tu refuses de te l'avouer car tout dieu que tu es tu ignores l'amour et ignorer quelque chose que de simples hommes connaissent t'est insupportable !
- Je t'ordonne de te taire !
- Non ! Il est grand temps que tu regardes la vérité en face ! Parce que tu ne connais pas l'amour et que les hommes le connaissent, tu les as persécutés. En fait, tu détestes les humains parce qu'ils remplissent ton cœur de haine et ça tu ne peux le supporter, toi qui te veux pur !
- Tais-toi ! Je te hais !
- Hais-moi tant que tu veux ! Mais tant que tu menaceras l'humanité tu me trouveras en face de toi pour te faire obstacle !

N'y tenant plus Hadès se retourna et envoya un flux d'énergie sur l'armure d'Odin. Un flash lumineux suivit mais l'armure d'Odin était intacte.

- Comment ?!
- Les attaques d'un lâche qui se ment à lui-même ne pourront jamais endommager l'armure où j'ai stocké tout mon cosmos.
- Je ne peux y croire.
- Si tu avais déployé tout ton cosmos contre cette armure il n'en serait pas resté une miette mais comment veux-tu déchaîner toute la puissance de ton cosmos lorsque ton cœur est partagé ? Tu es comme Saga : ta puissance est incommensurable mais tant que ton cosmos reflètera le doute qui habite ton esprit tu ne pourras pas en déchaîner toute la puissance. Regarde les choses en face : si Athéna et ses chevaliers ont eu raison de toi c'est parce que leur foi dans l'humanité a dépassé ta propre foi dans tes idéaux ! Le plus grand ennemi du guerrier c'est le doute. Admets donc qu'au moment où Athéna et les siens t'ont terrassé le doute s'est insinué en ton esprit.

La voix d'Odin se fit plus dure.

- Il est grand temps que tu regardes la réalité en face. Prépare-toi !

Un rayon de couleur bleue partit de l'armure d'Odin et atteignit Hadès en plein front, sous le choc celui-ci pencha la tête en arrière en serrant les dents.
Hadès porta instinctivement la main à son front, aucune goutte de sang, il sourit. Visiblement Odin avait tenté de l'agresser par une incantation et celle-ci avait échoué.

Un sourire sardonique passa sur les lèvres du dieu ténébreux.

- Ainsi c'est donc ça ce coup si terrible qui devait m'ouvrir les yeux ? Pfff c'est pathétique Odin : même en me poussant à bout tu es incapable d'atteindre mon cerveau… Est-ce donc là la puissance des mots du pouvoir pour lesquels tu as donné ton œil droit ? Pfff même la force d'un dieu ne suffit pas pour me vaincre !

Le cosmos d'Hadès s'intensifia à son paroxysme ! Le ciel se couvrit de nuages sombres, au dehors le soleil disparaissait presque complètement, les animaux se blottissaient dans leur tanière pressentant instinctivement le danger. Son cosmos s'éleva si haut que même les chevaliers dans leur sanctuaire de pierre le ressentirent ! Les éléments avaient repris leur furie car tout annonçait que le cosmos noir, le cosmos des ténèbres avait refait son apparition sur Terre !

Hadès : Odin, te souviens-tu de ce que je t'ai dit ? Qu'il me suffirait d'accroître mon cosmos à son paroxysme pour me débarrasser de toi ?
Odin : Arrête fou que tu es ! Tu ne sais pas ce que tu vas déclencher !!
Hadès : Oh si je le sais ! Avec ta disparition ce corps devient complètement mien !

Le cosmos qui environnait l'armure d'Odin s'intensifia et l'aura du vieux guerrier portant fièrement l'épée de Balmung apparut, une cosmo énergie bleutée envahit toute la pièce.

Le cosmos d'Hadès s'éleva, son cosmos était aussi noir que son cœur en cet instant, l'aura d'un homme doté de 6 ailes comme les archanges apparut derrière lui.

Son cosmos s'intensifia de plus en plus au point que l'aura d'Odin disparut complètement derrière celle de l'archange tenant l'épée des illusions.

Hadès : Odin !! Tu vas comprendre que l'amour ne rend pas plus fort et qu'il vaut mieux mourir ! Disparais de ce monde !!

Ce fut alors comme si le Big Bang s'était reproduit dans le royaume d'Asgard ! L'énergie produite par l'explosion souffla entièrement le palais faisant trembler les colonnes millénaires sur leurs bases. Hadès se tenait debout au milieu de ce spectacle apocalyptique, hébété comme surpris par la puissance qu'il avait été capable de déployer. Son regard n'exprimait pas le contentement, il paraissait surpris que cela ait été si facile… si rapide… de se débarrasser d'un dieu…

Hadès : Odin tu as quitté ce monde sans laisser une seule trace de toi… (Hadès porta la main à son œil droit) … même les marques du destin se sont effacées… Adieu seigneur d'Asgard je me souviendrai de ton nom…
Adieu sage Odin.

Hadès s'assit dans son trône et lâcha avec désabusement : " c'est donc vrai… l'amour n'est qu'une chimère créée pour rassurer et ceux qui y croient envers et contre tout finissent toujours par mourir… Ainsi Athéna… Ainsi Odin… En fin de compte il ne reste plus que les ténèbres… il ne reste plus que Dieu… il ne reste plus que moi… Finalement la seule chose qui peut apaiser les âmes en peine, la seule chose qui puisse mettre fin à cet enfer d'émotions qu'est la vie c'est… c'est la MORT !! "

Hadès sourit avec sérénité, maintenant que la voix d'Odin ne le perturbait plus et qu'il était de nouveau maître du corps qu'il occupait il se sentait réconcilié avec lui-même.
Jamais il n'avait été aussi sûr de lui et de ses idées, certain que la vie n'était qu'une vallée de larmes et l'amour une illusion, finalement c'était rendre service aux hommes que de mettre fin à la tourmente des émotions dans laquelle ils se débattaient.
Oui la mort est le dénouement inéluctable de la vie, une fatalité… Tout homme dès sa naissance est destiné à mourir et comparée à l'éternité qu'il est destiné à passer dans l'au-delà la vie ne dure que l'espace d'un battement de cil.

Son esprit vagabonda un peu, se fixant parfois sur des figures familières… Il n'y avait nulle personne capable de lui contester la domination sur cette planète : Poséidon était enfermé, Athéna réduite à l'impuissance, quant aux autres dieux… Beaucoup d'entre eux étaient tellement tiraillés par leurs émotions qu'ils en étaient devenus presque aussi stupides que les humains… De toute façon si certains faisaient mine de résister…
Il pensa alors à Arès et un sourire amusé passa sur ses lèvres, ce dieu si capricieux et instable était son allié depuis les temps mythiques, c'était quand même très pratique d'avoir une telle machine à tuer de son côté pour un dieu qui n'aimait pas la violence…

A force de passer sur des visages familiers son esprit se fixa sur Pandore. Sa petite sœur… il avait beau essayer de le nier, il l'aimait… Il y avait quelque chose en elle qui lui rappelait l'insouciance mais aussi le charisme d'une déesse blonde qui avait été son épouse, celle pour qui il avait défié l'Olympe… Mais tout cela appartenait au passé maintenant mais Pandore elle…
Comprendrait-elle son entreprise de domination de la Terre ? L'approuverait-elle ? Dans un premier temps sans doute pas… Mais ne disait-on pas que patience et longueur de temps faisaient plus que force ni que rage ?
Et du temps il en avait… il en avait tellement… Oui Pandore comprendrait… et si elle ne comprenait pas il lui construirait un monde dont elle serait la reine, oui un royaume merveilleux sans aucun problème…ainsi elle ne perdrait pas son innocence ni son insouciance… Car ces deux qualités lui étaient tellement nécessaires pour réchauffer son cœur à lui qui avait sacrifié tout sentiment pour accroître son cosmos au dessus de celui de tous les autres dieux.

Quant à Asgard… Qu'allait-il pouvoir en faire ? Les habitants de ce royaume ne le gênaient pas et les guerriers divins pouvaient se révéler utiles… Enfin, à supposer que Bud et Hilda reviennent vivants du royaume de Hell…
Où en étaient-ils d'ailleurs ces deux-là ? Ils devaient se diriger vers le mur de feu mais cette fois Odin ne serait plus là pour les aider…

Ce fut le moment que la princesse Freya choisit pour s'étaler sur le dallage de la salle du Trône. Elle n'avait pas saisi un traître mot du dialogue télépathique entre Odin et Hadès et n'avait pas compris pourquoi celui-ci avait intensifié son cosmos, mais la curiosité la rongeait au point de la faire se pencher un peu trop sur une porte aux gonds trop bien huilés…
Bien que surpris par cette entrée peu théâtrale, Hadès, la surprise passée se dégagea de son trône et vint à sa rencontre pour lui tendre une main secourable.
Freya accepta la main que lui offrait Hadès et se releva en se massant les coudes et les lombaires. Puis se reprenant, elle fit une gracieuse révérence et articula :

- Veuillez pardonner cette intrusion, votre majesté.

Hadès, prenant conscience du comique de la situation ne put retenir un rire. Freya partit du même rire franc, se tournant elle-même en dérision.
Hadès s'arrêta le premier : il lui semblait entendre la voix d'Odin lui murmurer que c'était la première fois depuis longtemps qu'il riait de bon cœur, et avec une mortelle qui plus est, mais non c'était impossible, Odin n'était plus de ce monde… à moins que… NON c'était tout à fait impensable !
Freya s'interrompit elle aussi, songeant qu'elle était venue pour une raison précise.

- Hum ! votre majesté… Si je me suis permis de venir vous trouver c'est…
- Parce que vous étiez inquiète pour votre sœur et que vous vouliez que je vous donne de ses nouvelles.
- Oui… Oui c'est cela.

Hadès fit quelques passes magiques, une boule d'énergie se forma entre ses mains. Cette boule était transparente mais avait la consistance de l'eau. Elle refléta d'abord l'entrée du Niffheim pour ensuite s'arrêter sur le corps d'Holder puis celui de Svaja et enfin Freya put apercevoir le visage familier d'Hilda.
Celle-ci courait.
Freya s'en inquiéta.

- Que fait-elle ?
- Elle court vers Bud pour le prévenir contre le mur de feu. Derrière ce mur se trouvent les âmes des guerriers divins.
- Ont-ils une chance de le traverser sans y laisser la vie ?
- Sauf à s'éveiller au 8ème sens aucune.
- Mais vous allez les aider n'est-ce pas ?
- Non, cette fois Odin ne troublera pas le cours des évènements !
- Mais vous ?

Au lieu de répondre Hadès lui tourna le dos et se dirigea vers le trône. Il s'y assit.

- Je vais me reposer un peu ici, réveillez-moi quand ils auront échoué…

Ses paupières se fermèrent sur ses yeux d'un vert troublant mais si le sommeil envahit son corps, son cosmos lui ne cessa d'accompagner les guerriers divins dans leur quête.


Près du mur de feu

Bud


Je ressens le cosmos de la princesse Hilda, étrangement il y a quelque chose de différent en elle…
Comme si l'esprit combatif d'un guerrier divin imprégnait son cosmos, il a dû se passer quelque chose mais quoi ?
Au fond quelle importance ? Ma priorité est de retrouver Syd et de ramener son âme sur Terre. Pourtant j'hésite, voilà plus d'une heure que je suis arrivé là et je ne parviens pas à me décider à franchir ce mur de flammes incandescentes qui me barre la route.
Avant de mourir Holder a tenu à me mettre en garde contre un " mur de feu ", pourquoi je n'en sais rien mais j'ai suffisamment d'estime pour cet homme pour prendre ses avertissements au sérieux. Je sais très bien que je n'aurais rien à craindre s'il s'agissait d'un brasier ordinaire : le 7ème sens, l'ultime cosmos me permet de maîtriser totalement mon corps, de simples flammes ne me feraient pas plus mal que les ailes du Phénix et pourtant…
Je n'arrive pas à comprendre… Toutes les légendes que j'ai entendues dans mon enfance sur le Niffheim font état d'un lieu horrible où les personnes qui ont fait le mal souffrent atrocement et depuis que je suis entré dans cet endroit je n'ai pas vu un seul mort ordinaire, on dirait que tout a été préparé pour nous attirer dans un piège…
La princesse Hilda est encore loin, je ne vais pas gaspiller plus de temps à l'attendre, d'ici quelques heures tous les démons de Hell seront à mes trousses, je n'ai plus le temps d'attendre.
Je me tourne vers le mur de feu et concentre ma cosmo énergie à son paroxysme. Si quelque chose peut éteindre ces flammes c'est bien mon comos.
" Par les griffes du tire noir "
De mon poing s'échappe un million de coups à la seconde, mes coups de griffe entrouvrent les flammes qui vacillent comme soufflées par un ouragan… puis se reforment.

- Comment ?!

Les flammes s'enroulent, tout le brasier semble se replier sur lui-même. Derrière le mur j'aperçois une forme qui n'a rien d'humaine. C'est Hell !
Elle est conforme aux récits que les anciens font d'elles : son corps est couvert par une légère tunique, son visage est divisé en deux parties : une partie blanche et une partie noire, ses yeux ont la couleur de la partie opposée à celle dans laquelle ils se trouvent, le bas de son corps est entièrement caché par des flammes.
L'image de Hell se dissipe, les flammes se reforment en un flash lumineux. Mon attaque a été complètement absorbée mais j'ai le pressentiment qu'elle va se retourner contre moi.
Cette intuition est justifiée, un flash lumineux m'aveugle et je sens mes propres griffes me percer de part en part. Je laisse échapper un hurlement de douleur quand mes griffes me transpercent l'épaule au point où Holder m'a blessé.
Une voix
" Bud "
Cette voix est celle de la princesse Hilda.
Elle accourt vers moi puis arrivée à ma hauteur s'agenouille auprès de moi.

- Bud ça va ?

La princesse Hilda n'est plus la jeune fille fragile que j'ai connue, elle n'est pas non plus cette femme ambitieuse et manipulatrice qui me montait contre mon frère dans le but de dominer le monde alors d'où lui vient cette armure étincelante et ce cosmos qui l'entoure ?

- Ce ne sont que des égratignures, rassurez-vous… Mais vous que vous est-il arrivé ?
- C'est une longue histoire, disons simplement que le seigneur Odin m'a donné une nouvelle arme pour défendre la justice.

Je sens que sa réponse coupe court à toute discussion. Quoiqu'il en soit ma priorité reste le mur de feu.

- Princesse, écartez-vous. Je vais écraser cet obstacle.
- Attends Bud, si tu parles du mur de feu tu dois savoir que ce mur n'est pas ordinaire.
- Je sais, j'ai constaté de mes yeux que le cosmos de Hell le protège.
- Ce n'est pas tout.
- Comment ça ?
- Ecoute Bud, avant de venir j'ai eu une conversation avec une ancienne compagne d'armes passée au service de Hell, elle m'a confié que lorsque l'on traverse le mur de feux on perd la maîtrise de ses sens psychiques, autrement dit la volonté.
- Mais alors.
- Oui tu l'as compris : si nous nous engouffrons dans ce mur nous en ressortirons à l'état de pantins, nous aurons perdu toute volonté et nous serons alors aussi inoffensifs que de simples morts. Si nous ne prenons pas le temps de la réflexion nous ne serons d'aucune aide à nos amis.

Bud se leva et essuya le sang qui coulait sur son front. Il sourit, son regard exprimait une détermination sans bornes.

- Pft, je m'en doutais… Je me doutais bien que je devrais perdre la vie dans cette bataille.

Les dernières paroles de Bud glacèrent Hilda d'effroi. Comment pouvait-il parler ainsi, comme si tout était déjà fini.

- Ne dis pas des choses pareilles Bud.
- Princesse Hilda, comme moi vous avez accepté dès le début l'idée de mourir. D'après ce que vous venez de me dire, pour traverser ces flammes il faut que mon cosmos dépasse celui de Hell, ne serait-ce qu'une seconde.
- Oui c'est bien ça. Je pense que comme nous sommes vivants nous disposons déjà d'un avantage par rapport aux morts ordinaires. Si nous parvenons à hisser notre cosmos au-dessus de celui que Hell a concentré dans cette barrière nous parviendrons sans doute à passer sans être inquiétés.
- Pft, je ne suis pas fou au point de penser que je peux défaire un dieu à moi seul… Mais en sacrifiant ma vie peut-être parviendrez-vous à franchir ce mur et accomplir la volonté d'Odin.
- Mais si tu meurs, je serai seule pour affronter Hell quand il me faudra sortir d'ici.
- Quand on sert la juste cause, on n'est jamais seul, Odin vous aidera probablement à sortir de cet Enfer si c'est pour accomplir sa volonté… Il n'en fera pas de même pour moi, je ne suis qu'une ombre, je suis… sacrifiable.

Le désabusement se lut dans les yeux de Bud, au fond il cherchait plus à expier ses fautes envers son frère que la victoire.
Une lueur sauvage passa dans les yeux de Bud.

- Princesse écartez-vous, il n'y a plus de questions à se poser ! Je vais attaquer de toutes mes forces et je parviendrai bien à occuper Hell suffisamment pour que son cosmos ne vous barre plus le passage.
- Attends Bud il y a forcément une autre solution.
- La réponse se trouve toujours dans le cosmos ! " Par les griffes du Tigre Noir ".

Cette fois Bud se projeta littéralement contre le mur de feu dans l'intention d'en éteindre les flammes. Il s'en approcha à la vitesse de la lumière et quand il le toucha les flammes s'écartèrent.
Le cosmos de Hell redevint visible, Bud portait maintenant ses coups contre Hell elle-même.
Des rayons de lumière provenant du choc de ces deux cosmos fusaient dans toute la pièce obligeant Hilda à baisser les yeux.

Hell : Ce guerrier divin pense pouvoir hausser son cosmos au-dessus du mien pour permettre à sa comparse de passer, me croit-il si stupide ?
Hell intensifia son cosmos alors que le poing de Bud se trouvait maintenant à quelques centimètres de son abdomen.
" Personne ne violera mon domaine, disparais guerrier divin ! "
Les cheveux de Hell se soulevèrent comme les cheveux de Svaja un peu avant. Chacun des coups de griffe que Bud portait contre Hell lui était aussitôt renvoyé.
Bud sentit son armure divine se fissurer sous l'impact des coups qui lui étaient renvoyés.
Plusieurs fois il fut repoussé mais à chaque fois il revint à la charge.
A chaque fois tous ses coups lui étaient renvoyés par le cosmos protecteur de Hell.
Son entêtement finit par l'agacer.
" Ce n'est pas la peine plus tu brûleras ton cosmos et plus sa force te frappera "
Bud continua à faire pleuvoir des coups sur Hell, malgré la déflagration Bud avançait de plus en plus vers Hell et son poing n'était plus retenu que par le seul cosmos de cette dernière.
Les flammes s'étaient presque entièrement dissipées et le cosmos de Hell était maintenant totalement orienté vers Bud.
Hilda comprit que c'était là sa seule chance de franchir le mur de feu.
S'approchant du mur elle s'apprêtait à s'y élancer quand regardant Bud elle fut prise par des sentiments contradictoires.
Je suis une guerrière au service d'Odin, mon devoir est d'accomplir sa volonté…
C'est grâce à Bud que nous sommes arrivés là, je ne peux pas le laisser sacrifier sa vie…
C'est ma seule chance de sauver Siegfried… Que dirais-je à Syd ?

Hilda regardait toujours Bud, il éprouvait manifestement des difficultés grandissantes à contrer le cosmos de Hell. Celle-ci intensifia son cosmos contre Bud.
Celui-ci lança un appel désespéré à Hilda en s'accrochant au cosmos de Hell.
" Princesse Hilda ! Je vous en prie, traversez le mur de feu !"
Puis voyant que celle-ci hésitait toujours.
" Je vous en supplie ! Ne gaspillez pas ma vie ! "
L'argument dut porter car Hilda se mit en position de sauter face au mur de feu.
Bud sourit en pensant " c'est mieux ainsi "
Hilda dit pour Bud " Je ne te laisserai pas gaspiller ta vie "
Hilda se retourna alors vers Hell et se mit en position d'attaque.
" Meurs Hell ! Pour Svaja ! Par la Charge fantastique des Walkyries !! "
Hilda fonça sur le cosmos de Hell, fendant les flammes à la vitesse de la lumière à tel point que même Bud fut incapable de voir son attaque, lorsqu'elle réapparut, elle se tenait devant Hell, ses paumes enfoncées dans l'abdomen de cette dernière.
A la grande surprise d'Hilda le cosmos de Hell sembla se disloquer sous le choc de l'explosion d'énergie.
Bud et Hilda furent projetés à plusieurs dizaines de mètres par la déflagration.
Hilda se releva la première et se pencha sur Bud pour s'assurer que celui-ci allait bien.

- Bud ça va ?

Bud serrait les dents autant par douleur que pour ne pas laisser échapper toute sa rage.

- Pauvre idiote, tu as laissé échapper notre seule chance de remplir notre mission.

Hilda fut un peu choquée de ce que Bud passes ainsi du vouvoiement au tutoiement mais en même temps elle se sentait plus proche de lui.

- Non tu as tort !! Jamais la victoire n'a été aussi proche ! N'as-tu pas senti le cosmos de Hell décliner quand nous l'avons frappée ? Sais-tu ce que cela veut dire ? Nous avons une chance même infime de la détruire car nous sommes vivants et tant que la flamme de la vie brûlera en nous il nous restera l'espoir !

Bud se releva, il ne s'attendait pas à un tel discours de la part d'une princesse qu'il avait toujours jugée trop fragile et trop sensible. Il toisa un moment Hilda de ses yeux de prédateur.

- Tu me proposes de continuer à la frapper jusqu'à ce que e mur cède sous nos coups ? Pourtant tu as pu constater à quel point cette déesse est puissante, son cosmos ne ressemble à rien de ce que j'ai connu auparavant…

Un court silence suivit que Bud finit par interrompre, un pâle sourire passant sur ses lèvres.

- Si ma vie peut permettre de détruire Hell j'en suis ravi ! Princesse, tu n'es pas née pour combattre et pourtant tu ne perds pas espoir je t'admire pour ça !

Hilda était trop émue pour répondre aussi se contenta-t-elle de serrer la main que Bud lui tendait et de prononcer ce refrain qui est celui des combattants qui n'ont plus rien à perdre.
" Que nos vies s'embrasent ! Que notre cosmos s'enflamme à l'infini ! Cosmos toi qui ne fais plus qu'un en cet instant frappe Hell d'un grand coup !! "

Et ils s'élancèrent de nouveau vers le mur de feu à la vitesse de la lumière !
" Par la charge fantastique des Walkyries !! "
" La Griffe du Tigre Noir !! "

Leurs cosmos vinrent frapper le mur de feu avec une violence inouïe, les flammes parurent vaciller comme une bougie soufflée par le vent et alors un cri de douleur retentit ! Hell, déesse de l'Enfer avait été touchée !!

Hell qui contrairement aux apparences se trouvait physiquement devant eux venait de sortir de l'état de léthargie où l'avaient plongé l'impact des attaques d'Hilda et Bud. Portant la main à son abdomen elle l'en retira tachée de sang.
Un peu hébétée elle se ressaisit pourtant assez vite et son râle fut entendu par les guerriers divins protecteurs d'Asgard.

" Argh, ces hommes, aussi nombreux soient-ils à unir leur force ils ne détruiront pas une déesse ! "
Son cosmos s'éleva alors dans des proportions effrayantes et les attaques de Bud et Hilda leur furent renvoyées !

Hell : En continuant à m'attaquer vous ne trouverez que ma haine !! Tenez faites connaissance avec le déchireur d'âmes ! " Soul Tearing !! "

Des milliers d'âmes s'échappèrent alors du cosmos de Hell, c'étaient des cadavres tuméfiés des âmes qui ne pouvant trouver le repos erraient entre les mondes et déversaient leur rancune sur tout ce qui passait !

Hell : Ames défuntes attaquez cette femme qui porte l'anneau des Nibelungen et son ignoble serviteur ! Ils sont les responsables de toutes les guerres, de toutes vos souffrances, le fait qu'elle porte l'anneau le prouve !! Déchirez-les !!

Mues par une haine irascible pour la famille des Nibelungen les âmes défuntes se jetèrent littéralement sur Hilda et Bud qui n'avaient pas eu le temps de se remettre des blessures infligées par Hell.
Mais il n'y avait pas que ça : aucun des deux n'avait le courage de s'en prendre avec conviction à ces âmes défuntes depuis les temps mythiques qui croyaient venger la mort des leurs en les agressant !
Les morts saisissaient sauvagement toutes les parties non protégées des corps des guerriers divins et y plongeaient férocement leurs dents comme s'il se fût agi de viande fraîche !!

Quand Hilda et Bud se décidèrent à passer à l'offensive il était déjà trop tard car Hell dont le rire macabre résonnait sur les parois de la grotte utilisait déjà son cosmos pour neutraliser les leurs.
Et tandis que les secondes passaient avec une lenteur angoissante les défenseurs d'Asgard s'enfonçaient de plus en plus dans la défaite !

Asgard

" Votre majesté !! votre majesté !! "

La voix angoissée de Freya qui suivait le cours des évènements dérangea Hadès qui pourtant ne faisait que simuler l'endormissement.

- Je sais… les derniers guerriers divins prennent la voie de la défaite…
- Vous devez faire quelque chose !

Le regard noir de colère qu'Hadès lança à Freya la fit reculer. Sa voix s'éleva, courroucée.

- Ces idiots n'ont vaincu que grâce à l'aide d'Odin ! Maintenant qu'ils sont seuls ils s'acheminent vers la défaite… Pfff pourquoi les aiderais-je alors que cet échec est la preuve flagrante de leur incompétence ?

Au regard d'Hadès Freya comprit qu'il était inutile de continuer à discuter mais la lueur de son regard n'en devint pas rageuse pour autant et ce fut sur le ton de la supplication qu'elle s'adressa à Hadès.

- Je vous en prie… vous en avez le pouvoir aidez-les…

Le regard de Freya était si pur et si suppliant qu'Hadès détourna les yeux. Ce regard… il lui faisait penser à celui d'Athéna… à celui de Pandore mais il y avait autre chose… une image profondément enfouie dans sa mémoire… celle d'une jeune fille qui le suppliait… et cette jeune fille avait les yeux du même vert que eux de Freya et les cheveux du même bleu pâle qu'Hilda…
Les images se succédaient dans son esprit et lui rappelaient une scène qu'il ne voulait pas revoir…

" S'il te plaît… " Cette voix n'était plus celle de Freya, c'était celle… d'une autre personne… la seule personne qu'il ait aimée… " les vrais dieux ne doivent parler que d'amour et de paix "… Cette voix c'était celle d'Athéna… " Il est des hommes qui ne vivent pas que pour eux-mêmes ! " cette voix était celle d'Odin !

Toutes ces voix qui étaient autant de réminiscences du passé se liguaient pour lui rappeler une scène qu'il ne voulait pas revoir !

Elle était là, à genoux devant lui, ses yeux verts se noyaient dans les siens mais ils étaient emplis de larmes…

- Laisse-moi partir…Hadès, si tu m'aimes laisse-moi partir…l'équilibre du monde dépend de ta décision … car si tu refuses il y aura une guerre terrible…
- Mon amour je ferai cent guerres pour te garder auprès de moi !
- Les vrais dieux ne doivent parler que de paix et d'amour Hadès alors je t'en prie si tu m'aimes laisse-moi partir. Il en va de l'avenir de l'humanité.
- Je me fiche des hommes ! Ce sont des êtres stupides !
- Peut-être mais eux aussi ont de l'amour, qu'ils soient bons ou mauvais ils ont de l'amour en eux, ils ne méritent pas de souffrir ! Je t'en prie Hadès si tu m'aimes laisse-moi partir.
- Est-ce au nom des hommes que tu me demandes de perdre ?!
- Oui, au nom des hommes et au nom de ce sentiment que tu possèdes : l'amour. S'il te plaît…



Hadès prononça à haute voix devant Freya ces paroles qui dataient de plusieurs millénaires " Au nom des hommes et au nom de l'amour qu'ils portent en eux "

Hadès se retourna vers Freya qui le suppliait toujours.

- S'il vous plaît ! Sauvez-les… Au nom de l'amour qu'il portent en eux !

Hadès répéta ces mots si troublants qui étaient ceux de sa bien aimée que Freya reprenait plus de mille ans après. " Au nom de l'amour "
Un moment il parut fléchir, hésiter comme si ces arguments l'avaient vraiment touché, les voix de Freya et de sa bien aimée se mêlaient en une sorte de mélopée qui menaçait de le submerger.
Il se souvint alors de la réponse qu'il avait faite à sa bien aimée qui le suppliait de le laisser partir…

Eh bien pars ! Pars tout de suite et ne reviens jamais ! Si c'est au nom de l'amour que tu me quittes alors je ne veux plus de l'amour ! et si ces hommes vénèrent l'amour alors je les détruirai ! Car Dieu n'a pas besoin de cet amour ridicule, seul compte d'être puissant !!

Hadès se leva brutalement et allait répondre de façon cinglante à Freya quand une aura sombre l'entoura.
- Qu'est-ce que ?!

Une voix familière s'éleva : " Pfff… tu ne trouves pas que tu m'as enterré un peu vite tout à l'heure ? "
Hadès : Comment ?! C'est toi Odin ? Mais c'est impossible ! Tu es mort !!

"Pfff, ce que tu as vu tout à l'heure n'était qu'une illusion. J'espère au moins que la scène de ma mort t'a plue car celle qui vient promet d'être moins agréable Pfff… Prépare toi car la véritable illusion commence maintenant ! "

Hadès se retourna en entendant un bruit venant du fond de la salle.
Les lourdes portes d'airain n'avaient pas bougé et pourtant il sentait un cosmos. Hadès ferma les yeux, quand il les rouvrit les cinq chevaliers divins se tenaient devant lui !
Il reconnaissait les visages des impertinents qui avaient osé le défier et plus particulièrement ceux de Seiya et de Shun tous deux revêtus de leurs kamuis. Il eut un geste de recul.
Soudain, au moment où il s'y attendait le moins apparurent de nouveaux cosmos, leurs armures étaient aussi sombres que les étoiles qui les protégeaient. Ces cosmos étaient au nombre de 108, Hadès reconnut ses spectres parmi lesquels Rhadamanthe, Minos et Eaque.
Sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers puis il éclata d'un rire sarcastique, il allait pouvoir écraser ses ennemis.
Pourtant au lieu d'engager le combat ses spectres se retournèrent dans sa direction en intensifiant leurs cosmos de façon menaçante. La peur s'empara de lui.

- Non, je suis votre maître, celui que vous devez servir et protéger !

Seiya fit un pas en avant dans la direction d'Hadès, son cosmos brillait de mille feux, les rangs des spectres s'ouvrirent sur son passage. Arrivé à distance raisonnable d'Hadès il articula avec un sourire confiant aux lèvres.
" Pourquoi serviraient-ils un dieu qui les considère comme des esclaves ? Tu as passé ton existence à juger les autres, à ton tour maintenant d'être jugé pour tes crimes. "
Dans un geste d'autodéfense Hadès rassembla son cosmos dans ses mains et le libéra sur ses opposants.
Les rayons qu'il projetait ne semblaient pas les toucher, pire ils avançaient droit vers lui. Hadès porta son bras devant son visage pour parer le coup qu'il s'attendait à voir partir.
Rien, pas un bruit.
Quand il rouvrit les yeux tous ses opposants semblaient avoir disparu, évanouis et pourtant au fond de la pièce il sentait un cosmos familier approcher.
Les lourdes portes d'airain coulissèrent, une lumière aveuglante s'en échappa. Hadès se couvrit le visage pour protéger ses yeux de cette lumière qu'il détestait.
La lumière se dissipa partiellement.
Hadès put distinguer deux formes humaines. Il s'agissait des deux êtres qu'il détestait le plus au monde : Athéna et Seiya.
Athéna était revêtue de sa kamui et tenait à la main droite le sceptre de la victoire. Seiya tenait la main de sa déesse, son sourire était toujours aussi confiant. Arrivée à une distance respectueuse Athéna lâcha la main de Seiya et continua seule.

- Hadès tu ne mérites pas le titre de dieu que tu revendiques car tu as commis des crimes envers l'humanité.

Hadès recula. Comment Athéna pouvait-elle se tenir devant lui ainsi armée alors que lui n'était même pas dans son véritable corps ?

- Parce que tu ignores l'amour tu es inapte à juger les hommes, le temps est venu pour toi de disparaître.

Athéna baissa les yeux, dans son regard Hadès ne lisait aucune haine mais bien plutôt de la compassion, pire de la pitié.
Hadès recula, la peur s'emparant de lui, cette scène elle n'avait cessé de hanter ses nuits depuis la disparition d'Elision, comment pouvait-elle se jouer maintenant ?
Athéna le fixa de ses yeux scintillants de larmes.

- Hadès, j'aurais voulu que tu comprennes ton erreur : que rejeter l'amour n'est pas ce qui fera de toi le dieu suprême mais maintenant il est trop tard. Le coup que je vais te porter te sera fatal. Si tu viens à renaître un jour je ne souhaite qu'une chose : avoir réussi à graver l'amour dans ton cœur. Adieu !

Athéna concentra son cosmos et lança son sceptre en direction d'Hadès. Celui-ci, tétanisé ne put éviter l'attaque.
Hadès rouvrit les yeux. Il était toujours assis dans son trône, les portes d'airain étaient toujours fermées. Pourtant il ne pouvait croire qu'il avait rêvé. Sa respiration était de plus en plus irrégulière et douloureuse.
La voix d'Odin vint briser le silence.

- Alors qu'est-ce que cela fait de voir la mort en face pour le dieu qui se croit le maître de cette fatalité ?
- C'était donc une illusion !?
- Oui, exact mais si ton cosmos n'avait pas été affaibli par la haine qui l'habite, jamais je n'aurais pu t'atteindre.

Hadès s'arrêta. Il sentait à quel point les paroles d'Odin reflétaient la vérité. Il ne pouvait nier que son cosmos avait faibli au moment critique parce que les mots d'Athéna l'avaient troublé. Ce qu'il se bornait jusque là à qualifier d'impertinence était en fait la foi des chevaliers, l'amour.
L'amour… Comment ce sentiment que seuls les humains connaissaient pouvait-il le faire douter ?

Hadès revint à la réalité grâce à la voix de Freya qui ne cessait de le supplier.

- Votre majesté sauvez les je vous en prie… S'il vous faut une vie prenez la mienne !

Ce fut alors le tour d'Odin d'intervenir.

- Hadès, moi Odin t'en supplie, sauve les vies de Bud et Hilda ! Si tu ne le fais pas pour moi fais-le au moins pour cette personne que tu gardes en ton cœur… Je t'en supplie, moi Odin, seigneur d'Asgard ! Si tu le fais je te promets de quitter ce corps !

Hadès : Freya… Odin… ils sont prêts à me donner leur vie pour que j'aide des humains… Qu'est-ce qui les pousse à faire cela ? Est-ce leur foi dans l'avenir ? Est-ce… l'amour ? Athéna disait que l'amour était la plus grande des forces ! Aurait-elle raison ? Argh je ne sais plus ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas ! Me serais-je trompé depuis le début ! Je dois faire quelque chose sans quoi je vais devenir fou !

Retrouvant sa sérénité légendaire Hadès se redressa et intensifia son cosmos. Le palais se remplit d'un cosmos noir et Freya se demanda si le dieu ténébreux ne voulait pas anéantir Asgard.
Les yeux d'Hadès étaient entièrement cachés par son opulente chevelure de sorte qu'il était impossible d'en deviner l'expression.
Il s'approcha alors de Freya et avança sa main vers elle, la jeune fille s'attendait à ce qu'Hadès prenne sa vie aussi offrit-elle son cou au seigneur ténébreux pou que celui-ci consacre le rituel de sacrifice.
La main d'Hadès se posa sur Freya et ce fut d'une voix inexpressive qu'il dit : " Princesse je refuse votre offrande "

Il leva alors le bras vers le plafond et libéra une énergie d'une puissance phénoménale ! Le rayon ainsi projeté déchira la voûte du palais et déchira le ciel avant d'atteindre la Grande Ourse sur laquelle il ricocha et se dirigea vers… le Niffheim !!

" Hell, où que tu te trouves cette attaque te frappera !! "

Dans la sphère d'énergie Freya put voir l'impact du rayon sur le Niffheim qui s'illumina d'une lumière aveuglante brûlant toutes les âmes défuntes qui se trouvaient à proximité du mur de feu. Hilda et Bud furent sauvés de la mort par le cosmos protecteur d'Hadès.

Hell : Non ce n'est pas possible ! Aucun mortel n'est assez puissant pour m'attaquer dans mon domaine d'aussi loin ! Ce ne sont pas des dieux pourtant !!

Le cosmos grandit encore obligeant Hell à faire retraite.

Hell : Je dois partir sans quoi je risque d'être blessée !!

Le cosmos de Hell se dissipa mais pas le mur de feu, Hilda et Bud quand ils sortirent de leur inconscience purent se rendre compte qu'aucune âme défunte ne leur bloquait le passage !

Freya était éperdue de reconnaissance et tout en essayant vainement de retenir ses larmes se retourna pour remercier Hadès.

- Majesté je…

Elle s'interrompit tout d'un coup : même si les yeux du dieu des ombres étaient encore cachés par ses cheveux elle aperçut un éclat de diamant sur la joue albâtre d'Hadès, c'était… une larme ! Hadès ne chercha pas à se détourner mais l'arrêta d'un geste.

- Non ! Surtout ne me remerciez pas ! Je ne les ai pas aidés pour vous ni pour Odin !
- Alors pourquoi ?
- Parce que le doute ne saurait exister dans l'esprit d'un dieu et surtout pour…
- Pour ?

Hadès se rassit dans son trône. L'unique larme qu'il avait versée atteignit son menton et tomba sur la paume de sa main. Il lâcha alors dans un murmure :

Pour toi Perséphone mon amour…

Et Odin de conclure : " maintenant guerriers divins il vous faudra trouver seuls la voie pour traverser le mur de feu. "


*
* *

Niffheim

Hilda et Bud achevaient de se relever, ils n'avaient pas conscience de l'intervention d'Hadès car étaient évanouis à ce moment. Hilda fixait le mur de feu comme une énigme dont elle voulait découvrir la clé. L'échec de leurs offensives successives l'avait en effet convaincu que ce mur ne pouvait être traversé grâce à la force physique. Bud se préparait à lancer une nouvelle attaque quand Hilda l'en empêcha en prenant le ton impérieux qui convenait à la représentante terrestre d'Odin.

" Arrête tout de suite ! "

Bud stoppa son offensive et c'est en croyant rêver éveillé qu'il entendit Hilda énoncer : " Je sais comment traverser le mur de feu ".

Un silence suivit.

- Ecoute Bud, lorsque j'ai touché Hell j'ai bien senti que ce que je frappais était bien physique.
- Vous… Tu veux dire qu'elle aurait projeté son cosmos ici pour nous empêcher de passer.
- Exactement mais je suis sûr qu'elle a été blessée.
- Mais alors nous pouvons passer.
- Je n'en suis pas sûre.
- Comment ça ?
- Ecoute Bud, pendant que nous attaquions Bud je me suis souvenu d'une légende concernant le mur de feu. Il est dit que dans les temps mythiques Siegfried, le tueur de dragons se rendit dans un lieu inaccessible pour y trouver la walkyrie Brunehilde que son meilleur ami voulait épouser. Il est dit qu'elle était prisonnière d'un sortilège d'Odin et enfermée dans un lieu protégé par un cercle de feu, exacte réplique de celui qui protège le domaine de Hell.
- Et alors ?
- Alors Siegfried enfourcha son cheval et franchit le mur de feu.
- Comment a-t-il fait ?
- Il a oublié la présence du mur pour se concentrer sur son objectif. Tu ne comprends pas Bud ? Pour franchir le mur de feu il faut s'éveiller au 8ème sens, le sens qui permet la maîtrise totale de l'esprit. Nous avons fait l'erreur de nous concentrer sur le mur et sur le cosmos de Hell alors que nous aurions dû nous concentrer sur notre objectif : l'autre côté du mur. C'est en faisant abstraction du physique que nous nous éveillerons au 8ème sens.

En cet instant Bud était transi d'admiration pour Hilda. Il n'en perdait pas pour autant de vue son objectif.
Se relevant il adressa un regard complice à Hilda.

- Hilda, grâce à toi nous allons pouvoir accomplir notre mission. Allez, pour ceux que nous aimons !
- Que s'éveille le 8ème sens !

Bud et Hilda foncèrent main dans la main vers le mur de feu toujours protégé par le cosmos de Hell.
Celle-ci poussa un cri en comprenant que Bud et Hilda avaient percé son secret. Ceux-ci s'engouffrèrent d'un coup dans les flammes qui se dissipèrent instantanément.

Asgard

Hadès hocha la tête puis sourit à Freya.

- Votre sœur a été formidable.
- Cela veut dire qu'ils sont vivants ! Dit Freya qui joignit ses mains et commença à sautiller sur place, incapable de contenir sa joie.
- Oui ils sont vivants et leur brillance dans cette épreuve mérite bien une petite aide.

Hadès tourna la tête vers l'armure d'Odin.
" Tu avais raison Odin, c'est dans les yeux de personnes comme Bud et Hilda que l'on peut voir l'avenir de notre époque "
" Tu peux être fier de tes guerriers "

Freya par curiosité demanda :

- Mais comment ont-ils fait pour s'éveiller au 8ème sens si facilement ? Je croyais que c'était impossible…

Hadès sourit et murmura : " ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait ".

Derrière le mur de feu

Hilda


Vous êtes-vous déjà demandé ce qu'on voit de la mort quand on lui enlève son masque ? Eh bien c'est d'une platitude étonnante mais quand on démasque la mort on tombe sur un autre masque : il n'y a rien derrière la mort que ce qu'elle nous montre déjà. C'est pour cette raison que j'ai été assez déçue de découvrir ce qui se trouvait derrière le mur de feu. Derrière ce mur se trouve le secret le mieux caché de Hell. Et ce secret c'est qu'il n'y a rien de plus avant ce mur qu'après lui. Quand j'étais petite, Mère me disait que de l'autre côté de ce mur se trouvait le paradis, elle me disait que c'était un paradis un peu particulier qui consistait en une clairière où l'on s'ébattait librement. Toutefois il y avait une contrepartie : on passait son temps à s'amuser mais si on s'éloignait un temps soit peu de cette clairière pour rejoindre les alentours on tombait dans l'Enfer. Balivernes…
C'est assez pitoyable quand on y réfléchit bien : tout ce que Hell voulait cacher c'est qu'elle n'a justement pas l'intelligence nécessaire pour créer quelque chose de nouveau, autrement dit un paradis.
Pour cette raison il n'existe rien de comparable à Elysion dans l'Enfer de Hell : après le Niffheim et le Muspellsheim il n'y a plus rien qu'une pâle répétition de ce qui se trouve déjà de l'autre côté, Hell a sans doute honte de ne pas en être capable, c'est pour cela qu'est le mur de feu : pour cacher combien elle est pitoyable.
En y réfléchissant, je crois qu'elle ne nous pardonnera jamais à Bud et à moi de l'avoir percée à jour.
Me détachant de la contemplation de cet Enfer pitoyable j'entrepris de retrouver les guerriers divins pour lesquels nous étions venus jusque là.
Bud s'était réveillé lui aussi et avait entrepris de rechercher Syd.
Je m'approchai de lui.

- Bud, nous devons mettre nos efforts en commun pour retrouver nos amis.

Bud avait du mal à contenir sa fébrilité, ses yeux étaient embués de larmes.

- Pardonne-moi Hilda mais j'ai tant attendu le moment de retrouver mon frère. C'était il y a si peu de temps et cela me semble déjà si loin. Je me souviens de ses dernières paroles quand…

Il aurait pu dire " quand il a donné sa vie pour me donner un avenir " mais il ne le fit pas. La plaie était encore trop récente et j'appréhendais le moment de leurs retrouvailles car ce que Svaja m'avait dit de l'état des morts une fois qu'ils avaient passé le mur de feu ne m'avait guère rassurée. Moi-même je ne pouvais m'empêcher de penser à Siegfried et de prier Odin qu'il ne soit pas devenu un de ces pantins que Svaja m'avait décrit.
Je me repris toutefois.

- Ecoute Bud. Nous devrions tenter de repérer la trace du cosmos de nos amis au lieu de chercher à l'aveuglette.

Bud acquiesça. Je fermai les yeux en me concentrant pour repérer l'emprunte du cosmos de Siegfried parmi ceux des morts et NON ! Ce n'est pas possible !
J'ouvris les yeux et me tournai vers Bud.

- Le morts qui sont ici n'émettent aucun cosmos, c'est impossible !
- En effet, tout ce que je peux ressentir c'est l'aura de Hell. Hum, au fond c'est logique.
- Comment ça ?
- Les hommes quand ils meurent perdent la maîtrise de leur corps, donc de leurs sens physiques. Ensuite ils sont absorbés et emmenés jusqu'en Enfer par le dieu qui régit leur pays. Passé les portes de l'Enfer ils sont totalement soumis au cosmos de Hell…
- Mais et nous ?
- Le 8ème sens doit nous permettre de rester autonomes même dans les Enfers, c'est la maîtrise totale de l'esprit. Aucun des morts qui est ici ne semble s'y être éveillé, il est donc normal qu'ils ne soient plus que des pantins entre les mains de Hell.
- Mais alors nous ne retrouverons jamais nos amis ! Sans leur cosmos nous ne pourrons jamais les différencier des autres morts !

Bud me tourna le dos. Ses épaules se mirent à trembler, il s'agenouilla puis frappa le sol de toutes ses forces.

- Argh ! Nous nous sommes battus comme des fous ! Je ne peux pas croire qu'on ait fait tout ça pour rien !
- Bud…

Je posai ma main sur son épaule dans un geste que je voulais apaisant. Bud se releva et rugit en direction du ciel.
" Odin, Hadès !! Pourquoi nous avoir permis d'aller si loin si c'était pour ne jamais revoir ceux que nous aimons ? Etes-vous donc si cruels ? "
Bud fondit en larmes, sous sa cuirasse de guerrier se cachait un cœur sensible que l'amour fraternel occupait tout entier.
Bien que partageant son désespoir je tentai de le réconforter, ce qui n'était pas chose facile du fait de cette interminable complainte des morts.
Une voix nous sortit de notre léthargie.
" Princesse Hilda ? "
C'était plus un appel qu'une question. Je me retournai brusquement, caressant l'espoir que l'homme qui venait de parler était Siegfried.
L'homme qui se tenait devant moi était de petite taille, ses mains très fines trahissaient son appartenance à l'aristocratie. Il nous regardait de ses yeux verts brillants comme des émeraudes sous ses cheveux roses.

- Albérich ?!

C'était bien la dernière personne que j'aurais voulu voir en ce lieu. Il me répondit d'un sourire sarcastique.

- Pour vous servir, princesse. Mais qui est cet homme blessé à côté de vous, son visage ressemble à celui de Syd et quelle est cette armure que vous portez ?
- Bud est le frère jumeau de Syd, quant à cette armure c'est une longue histoire.
- Le frère jumeau de Syd, voilà une information intéressante.

Je retins une grimace de dégoût en pensant que cet homme était toujours aussi avide de pouvoir sur ses semblables de sa mort que de son vivant. Mais au fond de moi je sais que si Albérich a mal tourné, c'est à cause de moi, si j'avais été plus forte…

- Albérich… Comment se fait-il que tu sois… enfin que tu ne sois pas…
- Que je ne sois pas comme eux ? Dit-il en désignant d'un geste ample les morts qui erraient sans but en criant leur solitude à intervalles réguliers.
- Oui.
- C'est une information qui a un prix, êtes-vous prête à le payer ?

Bud s'était relevé, à la dernière remarque d'Albérich il fonça sur lui et l'empoigna brutalement.

- Ordure ! Même en Enfer la seule chose qui compte à tes yeux c'est le pouvoir sur les autres ! Dis-moi où se trouve Syd ou je te mets en pièces.

Albérich toisa Bud d'un regard noir de colère.

- Vous les guerriers croyez toujours que vous avez le droit de vous montrer violents avec les gens moins pourvus en muscles ! Quand apprendrez-vous à utiliser votre cerveau ?

Bud qui visiblement ne s'attendait pas à semblable répartie desserra son étreinte.
Albérich en profita pour enchaîner tout en se massant le cou.
- Nous essayons tous d'exister et de survivre d'une façon ou d'une autre. L'enfer est un endroit horrible où l'on erre tout le temps sans but et sans notion du temps, avoir du pouvoir c'est ma raison d'être ici.

Bud sentit que malgré tout le mal qu'il pouvait penser d'Albérich celui-ci méritait son respect car il avait connu plus de souffrances que n'importe lequel d'entre nous et cela ne l'avait pas rendu fou.
J'en profitai pour reprendre la parole.

- Albérich, y en a-t-il d'autres comme toi ?
- Vous voulez dire d'autres qui ne soient pas complètement soumis au cosmos de Hell ?
- Oui.

Dans ses yeux verts je lus pour la première fois la tristesse.

- Non, malheureusement ce n'est qu'une question de temps. Je les ai vus sombrer dans la folie les uns après les autres… Siegfried a été le dernier à succomber mais en fin de compte ils ont tous été réduits à l'état de pantins. Moi-même n'aurais pas été capable de résister à l'attraction du cosmos de Hell sans cet objet.

Albérich passa la main dans ses cheveux et en retira un objet de forme ovale, une pierre, non un saphir. Cet objet avait la taille d'un œil et dégageait une lumière aveuglante.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Je n'en sais rien. Quand nous sommes arrivés ici nous avons vu des morts rassemblés autour d'une caverne d'où s'échappait une étrange lumière. Pour une raison inconnue les morts qui étaient touchés par cette lumière retrouvaient une certaine lucidité. Dans la caverne nous avons trouvé ce saphir. Nous avons compris que cet objet était magique et qu'il nous raccrochait encore au monde des vivants et nous nous sommes relayés pour le garder contre les autres morts qui concentraient ce qui leur restait de volonté pour nous le dérober.

La voix d'Albérich se fit plus mélancolique.

- Au fur et à mesure le cosmos de Hell a fini par annihiler nos volontés… Syd fut le premier à céder, dans ses instants de lucidité il parlait sans cesse d'un frère contre lequel il aurait eu des torts graves. Ce fut ensuite le tour de Thol puis de Hagen… Pour finir, je me suis retrouvé seul. Leur amour du monde des vivants et d'Asgard les a fait sombrer dans les abîmes du désespoir… Moi j'ai survécu en faisant croire aux morts que j'étais le seul à pouvoir contrôler les pouvoirs de ce saphir. Vous voyez : le pouvoir ne fait pas que corrompre, il permet de survivre.

Albérich s'arrêta. Je compris que sans le savoir qu'Albérich avait mis la main sur un artefact d'une valeur inestimable : l'œil de Wotan.
Pour l'heure il me fallait apprendre où se trouvaient les autres guerriers divins.

- Albérich je t'en prie où sont les autres ?

Albérich eut un sourire désabusé.
- Je ne les ai pas quittés d'une semelle depuis que Hell les a en son pouvoir. J'espérais qu'ensemble on trouverait un moyen de sortir d'ici mais je vois bien que c'est fini, d'ailleurs je suppose que vous aussi ne tarderez pas à tomber sous l'emprise de Hell.

Bud prit la parole.

- Tu te trompes : pour venir ici nous nous sommes éveillés au 8ème sens, désormais Hell ne peut plus rien contre nous sauf si elle décide de nous attaquer physiquement.
- Le 8ème sens ?
- Oui, le sens qui permet la maîtrise totale de l'esprit.
- Intéressant mais cela ne nous servira à rien.
- Comment ?
- Comme vous êtes maintenant éveillés au 8ème sens vous pourrez sans doute sortir d'ici mais il n'en va pas de même pour nous : nous sommes morts, si nous tentions de sortir d'ici le cosmos de Hell nous en empêcherait et dans notre état nous ne pourrons pas nous opposer à elle. Il faudrait que le cosmos d'un dieu nous protège pour pouvoir sortir d'ici.

Bud sourit pour lui-même.

- Le cosmos d'un dieu… Mais nous en avons deux.

Albérich parut étonné.

- Comment ça ?
- Ce serait trop long à expliquer. Disons simplement que Hadès et Odin sont vivants et de notre côté. Pour l'instant l'important est de retrouver nos compagnons.
- Très bien je vais les ramener, ils ne résisteront pas à l'attrait de ce saphir.


Albérich, Hilda et Bud passèrent plusieurs heures à la recherche des guerriers divins. Finalement le rayonnement de l'œil de Wotan les attira naturellement vers eux.
Le cœur d'Hilda se souleva d'allégresse en retrouvant le visage familier de Siegfried, quelle ne fut pas sa déception quand elle ne vit dans ses yeux que la solitude et l'avidité pour l'œil de Wotan. Syd ne reconnut même pas Bud, cela faisait trop longtemps qu'il était en Enfer, le cosmos de Hell avait annihilé sa volonté.
Leurs émotions passées Bud, Hilda et Albérich se dirigèrent vers le mur de feu suivis par 6 zombies qui avaient porté les noms brillants de Thol, Fenryl, Hagen, Mime, Syd et Siegfried.
Hilda et Bud parvenaient mal à cacher leur tristesse mais à l'approche du mur de feu Albérich put constater que cette tristesse s'était transformée en colère contre Hell qui déformait leurs bouches en un rictus haineux.

Hell : Je ne peux y croire ! Ces misérables serviteurs d'Odin ont réussi à défaire mes meilleurs guerriers, ils ont pénétré en Enfer et m'ont blessée. Et le pire c'est qu'ils ont percé à jour mon secret le mieux gardé : que le paradis n'existe pas.
S'ils sortent d'ici les peuplades des contrées nordiques cesseront de croire en moi et les Ases (tribu des dieux rassemblée autour d'Odin) retrouveront leur splendeur tandis que les Vanes (tribu des géants rassemblée autour de Hell et Loki) tomberont dans l'oubli !
Non ! Je ne le permettrai pas ! Depuis le Ragnarok je règne sans partage sur le monde des Enfers dans l'hémisphère sud, je ne permettrai pas que Odin reconstruise son Walhalla et puisse me disputer la suprématie sur le monde des morts ! Je ne le permettrai pas !
D'ailleurs je n'ai plus le choix : je vais devoir m'attaquer physiquement aux serviteurs d'Odin, pourvu qu'Hadès n'intervienne pas.

Les guerriers divins s'approchaient de plus en plus du mur de feu. Arrivés à une distance convenable Albérich prit la parole.

- Ecoutez. Si nous étions encore vivants il nous suffirait de nous éveiller au 8ème sens pour pouvoir traverser ce mur mais comme nous sommes morts nos âmes ne pourront s'échapper de cet endroit maudit tant que le cosmos de Hell nous barrera le passage.

Une lueur vengeresse passa dans les yeux de Bud.

- Alors nous allons écraser ce cosmos. Nous l'avons déjà fait une fois, il nous suffira de recommencer.

Sans attendre Bud se mit en position devant le mur de feu.
Son cosmos s'intensifia à son paroxysme, gelant l'air autour d'eux, l'univers tout entier sembla se replier derrière lui.
Hilda l'imita, son cosmos s'éleva et derrière elle apparut l'image d'une fougueuse Walkyrie montée sur une jument blanche.
Des icebergs se formèrent derrière Bud puis explosèrent tandis qu'une boule se formait à l'emplacement de son saphir d'Odin.
Ce ne fut alors qu'un cri.
" Pour Syd et pour Holder ! Que l'orbe bleue déferle sur toi Hell ! "
" Pour Siegfried et pour Svaja ! Subis la charge fantastique des Walkyries ! "
L'orbe bleue déferla sur le mur de feu tandis que Hilda se rua avec une telle vitesse contre le cosmos de Hell que son image disparut dans le flux de son attaque.
Deux cosmos surpuissants touchèrent le mur de feu dans un fracas tonitruant.
Sous l'impact du coup le mur de feu s'évapora totalement et l'Enfer tout entier trembla.
Le cosmos de Hell ne leur barrait plus la route.
Albérich n'en croyait pas ses yeux.

- Hell… son cosmos s'est dissipé ! Nous avons réussi !

Albérich se rua vers la sortie mais quand il l'atteignit, il fut repoussé par un cosmos d'une puissance incommensurable.
Il se releva sans peine.

- Pfu, si j'avais encore un corps il aurait été disloqué. Mais qu'est-ce que cela veut dire ? J'ai bien senti l'extinction de son cosmos pourtant.

Hilda et Bud comprirent ce qui venait de se passer : Hell avait décidé d'intervenir physiquement pour les empêcher de rejoindre le monde des vivants.

Hell se matérialisa devant eux. Elle n'était pas moins effrayante que l'aura que projetait son cosmos : son visage était toujours divisé en deux parties et dans ses yeux sans pupilles on pouvait lire une cruauté sans bornes.
Hell fit un pas vers les rescapés de la bataille d'Asgard.

- Misérables, vous pouvez vous vanter de m'avoir mise hors de moi ! Je ne vous laisserai jamais regagner le monde des vivants et y raconter ce que vous avez vu ici.

Bud se jeta sur Hell.

- Alors arrête-nous de tes propres mains ! " Que les griffes du tigre noir te déchirent ! "

Hell fit un écart pour éviter l'attaque et saisit Bud à la gorge de ses ongles griffus.

- Jamais un insecte comme toi ne m'a mis dans un tel état. Ta fin servira d'exemple !

Hell leva sa main libre dans l'intention manifeste de décapiter Bud.
" Par la charge fantastique des Walkyries " L'attaque de Hilda se brisa sur le cosmos de Hell comme une vague sur les rochers.
Hell écumait de fureur.

- Comment osez-vous lever la main sur moi ? Larves que vous êtes ! Quand la Terre sera de nouveau aux Vanes vous me supplierez de bien vouloir vous prendre à mon service !

Bud se défit de l'étreinte de Hell et lui porta un violent coup de poing à l'abdomen.

- Je ne reçois mes ordres que du seigneur Odin.

Hell fit exploser son cosmos, Bud et Hilda furent projetés au loin.

- Vous allez payer votre crime d'avoir pénétré dans mon domaine ! Disparaissez ! Judgement !

Plusieurs colonnes de lumière tombèrent du ciel, deux d'entre elles entourèrent Bud et Hilda, la troisième entoura Hell.
Celle-ci souriait.

- Le judgement est une attaque psychique : elle consiste à appeler le jugement du ciel pour déterminer l'issue d'un combat ! Celui ou ceux qui sont désignés comme coupables voient leur âme sortir de leur corps et exploser en mille morceaux de sorte qu'ils ne pourront plus jamais ressusciter. Parce que vous m'avez agressée dans mon domaine le droit est de mon côté, préparez-vous à disparaître.

Hilda et Bud tombèrent à genoux. Dans leurs oreilles résonnait une musique macabre qui attirait leurs âmes en dehors de leurs corps.

- Si ça continue comme ça on va tous se faire tuer…

Hell jubilait : " Que disparaisse avec vous la race maudite des Ases ! "
Des cris de souffrance, le rire macabre de Hell puis plus rien, le silence, le sommeil.
Une voix.
" Il suffit. La partie est finie déesse Hell, reconnaissez votre défaite "
Un homme de grande taille se tenait derrière Hell. Ses cheveux et ses yeux sans pupilles brillaient comme de l'or et dans son front on pouvait voir un signe en forme d'étoile.

Bud et Hilda retirèrent leurs mains de leurs oreilles et relevèrent la tête.

- Qui es-tu ?

L'inconnu se tenait toujours derrière Hell, son cosmos était effroyable mais il se dégageait de lui un grand calme voire une certaine nonchalance.

- Vous avez raison, je manque à toutes mes obligations. Je me présente : mon nom est Hypnos, dieu immortel au service d'Hadès, je commande au sommeil.

Bud et Hilda étaient stupéfaits.

- Hypnos.
- Sa majesté Hadès nous vient donc en aide.

Hypnos sourit.

- Vous pouvez vous vanter d'être les premiers humains depuis Orphée à avoir fait vibrer son cœur par vos exploits.

Hell se sentait prise au piège mais refusait de croire ce que ses oreilles lui apprenaient.

- Hadès ? Ainsi le grand Hadès prend le parti de simples hommes contre ses semblables. Pfff je savais bien que le cosmos que j'avais ressenti était trop puissant pour être celui d'Odin. Comment as-tu fait pour venir ici précisément à ce moment ?
- La préparation, tout est dans la préparation : on observe le déroulement des évènements et on intervient quand le suspens est à son comble.

Dans un élan d'orgueil Hell osa.

- As-tu été envoyé pour me tuer Hypnos ?
- Notre majesté n'aime pas les combats mais sachez que s'il avait voulu votre mort vous ne seriez déjà plus de ce monde.
- Je n'ai donc rien à craindre.
- Je ne suis là que pour m'assurer que vous reconnaîtrez loyalement votre défaite et laisserez ces braves retourner sur Terre.
- Et si je ne consens pas à cette humiliation ?

Hypnos se pencha très près au point que sa bouche touchait presque l'oreille de Hell tandis que son cosmos s'intensifiait de façon effroyable.

- Si tel était le cas, je me verrais dans l'obligation de prendre votre vie ici-même.

Hell hésitait. D'un côté il y avait l'humiliation d'être ainsi prise au piège et de l'autre son envie de vivre était aussi grande que son cosmos était macabre.
Hypnos se crut obligé d'ajouter quelque chose pour la convaincre de se rendre :
- Si vous mourez ici toute votre œuvre s'écroulera avec vous et votre souvenir s'effacera bientôt de la mémoire des hommes. Réfléchissez : si vous combattez ici vous perdrez. Même avec votre cosmos vous ne pourrez l'empoter sur un dieu et deux guerriers divins. Vous avez le choix entre une humiliation passagère et la destruction totale. C'est la honte ou la mort, à vous de choisir.

Hell pensa à son père Loki qui lui répétait sans cesse que la fin justifiait les moyens. Ne s'était-il pas lui même allié aux dieux d'Asgard pour semer la discorde entre eux ? N'avait-il pas décimé des clans entiers de sa propre race, les géants, pour leur complaire ?
Non décidément cette humiliation n'était rien en comparaison des sombres desseins qui étaient les siens et que sa mort aurait gravement compromis. Et puis tout simplement la mort lui faisait peur car elle ne savait absolument pas à quoi pouvait ressembler la mort pour un dieu ou plutôt si elle en avait une vague idée : le néant, la destruction totale, non, décidément elle ne voulait pas finir comme cela.

- Soit Hypnos, moi Hell reconnais ma défaite et vous accorde le libre passage.

Hypnos sourit, il était visiblement soulagé de ne pas avoir eu à faire couler le sang en ce lieu. Pourtant un doute persistait en son esprit et cette pensée lui était insupportable.

- Quelles belles paroles mais deux précautions valent mieux qu'une n'est-ce pas ?

Hypnos saisit le poignet droit de Hell, approcha sa bouche très près de son oreille et murmura si bas que sa voix était presque un murmure : " Eternal Drowsiness "

Hell eut l'impression que Hypnos avait relâché la pression qu'il exerçait sur elle, d'un coup elle ne sentit plus le sol sous ses pieds tandis que la voix d'Hypnos réveillait dans son cerveau des sensations oubliées, elle avait l'impression que son âme s'échappait de son corps pour s'envoler vers un paradis sans douleur et sans souffrance.
Les yeux de Hell se fermèrent comme des rideaux sur une pièce de théâtre, Hypnos accompagna doucement la chute de son corps vers le sol et la laissa allongée là, un sourire de contentement planant sur ses lèvres.
Albérich qui pourtant s'y connaissait quand il s'agissait d'offrir le sommeil éternel à ses ennemis ne put retenir un sifflement admiratif.

- C'est incroyable ! Vous l'avez… sans même porter un coup !

Hypnos se retourna vers Albérich.

- Je ne suis pas de ceux qui prennent plaisir à donner la mort. Je lui ai juste offert un long et paisible sommeil.
- Mais cela veut dire que…
- Oui, un jour le Big Will se réveillera et elle aura l'impression que cette bataille n'était qu'un songe d'une nuit d'été.

Hypnos se retourna vers Hilda et Bud.

- Maintenant que le cosmos de Hell ne nous barre plus la route nous allons pouvoir quitter cet endroit.
- Mais Siegfried et les autres ?
- Maintenant que le cosmos de Hell a cessé d'agir ce n'est plus qu'une question d'heures avant qu'ils ne retrouvent leur lucidité.
- Mais pour leur résurrection ?
- Ne vous inquiétez pas : à la minute où ils traverseront les portes du Niffheim dans l'autre sens leurs âmes ne feront plus qu'un avec leurs corps. Non en fait c'est bien plutôt leur âme qui redeviendra leur corps. Mais il suffit pour le moment je vous expliquerai plus tard les mystères de la vie et de la mort pour les âmes mortelles, pour l'heure nous ne devons pas faire attendre sa majesté Hadès qui se trouve actuellement à Asgard.

Tous comprirent qu'il n'était plus nécessaire de discuter et emboîtèrent le pas à Hypnos.
Ce jour-là les morts qui erraient dans le Niffheim eurent le privilège d'assister à la dernière étape de la quête de résurrection des légendaires détenteurs des armures des conquérants : les guerriers divins.

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Cette fiction est copyright Diego Jimenez.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.