Hypnos, Hilda et les autres guerriers divins s'acheminaient rapidement vers la sortie du Niffheim, c'était un voyage assez long car la téléportation ne pouvait fonctionner dans le domaine d'un autre dieu. Peu à peu les guerriers divins morts au combat retrouvaient une certaine lucidité qui était autant due à l'extinction du cosmos de Hell qu'à l'aura de l'œil de Wotan qu'Albérich tenait encore dans sa main. Taraudé par la curiosité Mime qui était celui des guerriers divins qui avait retrouvé le plus de lucidité sortit de sa réserve habituelle et s'enhardit jusqu'à marcher aux côtés d'Hypnos, ce qui lui était rendu facile par l'absence d'Hilda et Bud qui se trouvaient respectivement aux côtés de Siegfried et Syd. Le guerrier divin de Venetasch questionna Hypnos sur toutes sortes de choses et plus particulièrement sur les évènements qui s'étaient produits depuis la bataille d'Asgard. Hypnos répondit à toutes ses questions avec amabilité et sans mettre entre eux la distance qu'on met habituellement entre un dieu et un homme. Il lui conta la fin de la bataille d'Asgard, la défaite de Poséidon puis la guerre sainte que les chevaliers d'Athéna avaient dû livrer contre Hadès, il fut assez évasif sur les projets d'Hadès concernant la Terre car son maître ne l'avait jamais réellement tenu informé de l'évolution de ses états d'âme. Contre toute attente Mime ne fut nullement choqué par le récit d'Hypnos, les souffrances qu'auraient pu endurer les hommes à cause de l'Ultime Eclipse lui étaient assez indifférentes, au fond il se demandait si la Terre toute entière ne se serait pas ainsi transformée en Asgard et il voyait une certaine justice dans cette évolution. Et puis surtout Mime avait conservé ce formidable don de lire dans le cœur des hommes et il voyait bien qu'il n'y avait rien de mauvais dans Hypnos, sa répugnance à donner la mort suffisait à lui prouver qu'il n'était pas un monstre. Quant à Hadès… Mime avait des doutes sur ce personnage. D'après ce que lui en avait dit Hypnos le seigneur des Enfers était mû par un profond dégoût des hommes mais dans toutes ses actions il n'était jamais sanguinaire ou emporté à l'inverse de Poséidon. Et puis Mime sentait l'emprunte d'Hadès dans le cosmos d'Hypnos, un cosmos sombre mais qui reflétait la tristesse qui étreignait le cœur de son maître, un cosmos teinté de larmes… Mime ne connaissait que trop bien le poids du fardeau de la tristesse, de la douleur, ce fardeau il l'avait porté pendant des années après s'être rendu responsable de la mort de Volkel. Il ressentait ainsi pour Hypnos une sorte de sympathie spontanée. De son côté Hypnos, sans avoir une affection excessive pour les êtres humains, ne les détestait point. S'il avait choisi il y avait de cela très longtemps de rallier la cause d'Hadès c'était par instinct de survie : il s'était rendu compte comme d'autres dieux avant lui que la dévotion des hommes diminuait sans cesse, en fait plus Athéna protégeait les hommes contre le juste courroux des dieux plus les dieux tombaient dans l'oubli… L'oubli… Cela Hypnos ne pouvait l'accepter, pas plus que Thanatos. Il avait compris que les hommes ne respectaient plus les dieux car ils ne les craignaient plus vraiment… Quelle solution adopter alors ? Il avait été tenté de rejoindre le camp d'Athéna mais celle-ci n'avait que faire du respect des hommes, ses temples tombaient en ruines, ses autels étaient de plus en plus vides et l'île sacrée serait bientôt le seul vestige de sa puissance. Hadès, lui, proposait de restaurer la puissance des dieux, non pas détruire les hommes mais les rééduquer, leur réapprendre le respect. A quoi bon être puissants si ce n'est pas pour dominer ? Ce raisonnement Hypnos le suivait et l'acceptait très bien mais il sentait que son maître ne détestait pas les hommes, il ne les voyait pas non plus comme des esclaves ou de la vermine à l'instar de Poséidon, non, il se sentait concerné par eux, il était triste pour eux… Il était triste de constater que les hommes étaient incapables de vivre heureux, même après avoir tué les dieux auxquels ils devaient le respect, les hommes n'étaient pas heureux, ils ne parvenaient jamais à trouver le bonheur en fait ils ne savaient pas se contenter de ce qu'ils avaient. A quoi bon continuer à vivre ainsi ? Les hommes devaient être repris en main par quelqu'un d'assez divin pour attirer leur respect et d'assez humain pour ne pas régner en tyran, cette personne, Hypnos l'avait toujours cru c'était Hadès et c'était pour cela qu'il avait choisi de lier son destin au sien. Les guerriers divins et Mime en particulier symbolisaient quelque chose qu'il appréciait particulièrement : des hommes respectueux et dévoués. Il avait beaucoup apprécié que Bud et Hilda partent risquer leur vie dans cette contée perdue qu'était le Niffheim pour satisfaire au désir du seigneur Odin. De plus Mime s'était adressé à lui avec tout le respect qu'un mortel devait à un dieu, il ne l'avait pas interrogé outre mesure sur ses motivations, il était un dieu, un être qui possédait une expérience inestimable et cela suffisait à motiver son respect. De plus son tempérament lui plaisait, il aimait son détachement et son air rêveur derrière lequel il discernait une certaine mélancolie, Mime n'était pas un homme emporté et pour cette seule raison il lui plaisait. Au bout d'un temps assez long, en tout cas trop long au goût d'Hypnos qui plus que toute chose ne voulait pas faire attendre sa majesté Hadès, ils parvinrent à la sortie du tunnel sous-marin par lequel Hilda et Bud s'étaient engouffrés. Hypnos hocha alors la tête d'un air satisfait. - Hum, je ne sens plus les vibrations de l'aura de Hell, cela signifie que nous sommes maintenant assez loin du Niffheim pour pouvoir nous téléporter jusqu'à Asgard. Hypnos fit signe aux autres guerriers divins de se rassembler autour de lui de façon à effectuer la téléportation, à ce moment Hilda se précipita plus qu'elle ne s'avança vers lui. - Attendez ! Hypnos fut surpris, quelle raison pouvait-elle avoir de vouloir rester plus longtemps dans ce lieu maudit qu'était le Niffheim ? Il se força toutefois à faire preuve de diplomatie. - Oui princesse ? Qu'y a-t-il pour votre service ? Hilda fit une révérence gracieuse. - Seigneur Hypnos, nous avons quelques obligations à remplir avant de pouvoir nous en retourner en Asgard. - Hum, s'il s'agit de dire une prière pour le repos des guerriers victimes de l'ambition de Hell ce souci vous honore mais laissez-moi vous donner ce conseil : il vaudrait mieux que cette prière soit courte car le temps de sa majesté Hadès est précieux et si vous le lui volez, vous, moi pourrions subir son juste courroux. - Il ne s'agit pas de cela. - De quoi s'agit-il alors ? - Lorsque nous cherchions l'entrée du Niffheim nous avons fait la connaissance d'un géant nommé Aegir qui nous a montrés le chemin et nous a invités à partager son souper à notre retour. Hypnos était perplexe : d'un côté il n'avait pas été mis au courant de cette invitation, d'un autre côté ce géant leur avait montré le chemin et il aurait été de la dernière impolitesse de dédaigner son offre. - Eh bien il me semble que cette invitation ne concerne que Bud et vous-même, il serait donc logique que vous vous y rendiez tous deux pendant que je ramène vos compagnons à Asgard. Un éclair de colère passa dans les yeux d'Hilda, comment un dieu pouvait-il autant manquer de savoir-vivre ? De plus elle n'avait pas entièrement confiance en lui et aurait préféré que ce soit un envoyé d'Odin et non d'Hadès qui vienne chercher les guerriers divins. - Vous vous égarez seigneur Hypnos il me semble. Bud et moi sommes venus dans ce lieu maudit où nous avons dû prendre la vie de personnes qui n'avaient pas de mauvaises intentions pour sauver nos amis et maintenant vous nous demandez de les abandonner entre vos mains ! Sachez que nous ne rentrerons pas à Asgard sans eux. Hypnos fut surpris de rencontrer une telle résistance chez elle, il comprenait tout à fait la justification des arguments de la princesse Hilda mais ce souper modifiait dangereusement les plans de son maître à l'endroit des guerriers divins. Il se souvenait encore des paroles d'Hadès : " Hypnos. Hilda et Bud ont accompli leur quête mais ils sont toujours en grand péril. Rends-toi dans le Niffheim et ramène Hell à la raison par la force si nécessaire puis ramène les guerriers divins à Asgard, cela devant le moins de témoins possibles. " - Ecoutez Princesse, moins il y aura de personnes au courant de la résurrection des guerriers divins mieux cela vaudra pour vous comme pour moi. - Je comprends votre point de vue mais en tant que représentante terrestre d'Odin je me dois aux devoirs qu'exige ma charge et j'irai voir Aegir même sans vous. Hilda fixa Hypnos droit dans les yeux, s'efforçant de ne pas être troublée par leur couleur d'or puis avança à pas lents vers lui. Au moment de le dépasser elle fit volte face pour intimer l'ordre aux guerriers divins de la suivre. Seuls Mime et Albérich ne l'imitèrent pas. Hypnos dut se rendre à l'évidence : il n'avait pas d'autre choix que de satisfaire au désir de la princesse Hilda. Il n'osait même pas imaginer la contrariété de sa majesté Hadès s'il lui ramenait une garde incomplète. Hypnos se retourna vers Hilda, son regard était si perçant qu'elle ne put retenir un mouvement de recul. Hypnos fit un pas en avant, Siegfried, pressentant le danger l'imita, mais Hypnos passa côté d'Hilda sans lui accorder un regard puis sans se retourner il articula : " Venez guerriers d'Odin allons répondre à l'invitation du géant Aegir. " Et tous lui emboîtèrent le pas. Au moment de sortir définitivement du Niffheim Hypnos se retourna vers les guerriers divins et les apostrophant familièrement comme s'il énonçait un fait banal : - Ah oui, j'oubliais. A la minute où vous avez franchi les limites du Niffheim vous êtes revenus à la vie. Tous les auditeurs à part Hilda et Bud scrutaient leurs corps en essayant d'y trouver une trace familière qui leur prouverait qu'ils étaient bien vivants. - Mais alors cela veut dire que… - Oui, vos âmes ne font maintenant plus qu'une avec vos corps. Je comprends votre étonnement mais gardez à l'esprit que les âmes des mortels sont physiques car elles ne sont pas immortelles comme celles des dieux, vous avez dû vous en rendre compte d'après les souffrances que vous avez subies dans le Niffheim. Pour ce qui est de l'absence de blessures sur votre corps, cela relève pour un dieu du tour de passe- passe. Hypnos perçut un geste de la part de Mime qu'il prit pour un geste de gratitude. - Non, ne me remerciez surtout pas. Je n'ai fait qu'obéir aux ordres de sa majesté et puis… et puis quand vous connaîtrez votre destin, peut-être serez-vous moins empressés à me remercier. Grotte d'Aegir Aegir était resté prostré depuis le départ de Bud et Hilda, des rides commençaient à strier son front, signe de l'inquiétude qui le rongeait. Il regardait fixement un objet qui se trouvait en face de lui, un chaudron, le chaudron d'Aegir. Ce chaudron existait depuis les temps mythiques et comme la plupart des objets qui furent forgées en ce temps il possédait des pouvoirs magiques. Aegir tentait de se concentrer sur Bud et Hilda mais son esprit errait vers son chaudron, celui-ci dégoulinait d'une substance rougeâtre et la vapeur qu'il dégageait donnait à penser que quelque agréable mets y cuisait en ce moment. Aegir fronça les sourcils puis secoua son auguste tête faisant ainsi tomber quelques étoiles de mer collées à sa chevelure, il ne devait pas respirer les vapeurs que dégageaient son propre chaudron sans quoi il n'aurait plus aucune chance de pouvoir mener son plan à bien. Il repensait à sa vie qui avait été longue comme le fait un homme qui se prépare à la mort… la mort… Il l'avait vue de très près lors de cette terrible bataille qui avait opposé les Ases aux Vanes il y avait de cela très longtemps. En ce temps là il pouvait se permettre de se montrer assez insouciant, il partageait son temps entre l'éducation de ses filles et la réception de ses invités parmi lesquels le vieux Njord dieu de la mer. Njord, le dieu de la mer… Cela faisait bien longtemps qu'il ne l'avait plus vu, il supposait que lui aussi avait été emporté dans cette grande tourmente qu'avait été le Ragnarok. Le Ragnarok ! Aegir sentait une douleur lui nouer l'estomac à la seule pensée de ce nom maudit, jamais il n'aurait pensé qu'un tel carnage fût possible ! Lui un géant, un membre de la tribu des Vanes aurait dû combattre les Ases (les dieux) de toutes ses forces mais il ne l'avait pas fait et les conséquences en avaient été catastrophiques ! A cause de sa neutralité dans le conflit aucun des deux camps n'avait pu l'emporter et en désespoir de cause les Ases survivants avaient dû se résoudre à glacer la quasi totalité de l'Ygdrasil pour que ce dernier ne tombe pas entre les mains des géants. Parce qu'il était resté neutre, parce que lui et les siens n'avaient prêté main forte à aucun camp le monde de la surface était devenu un enfer glacé et les Géants s'étaient endormis à jamais sur le flanc des montagnes. Parce qu'il n'était pas intervenu, mais le pouvait-il ? Il avait toujours été l'ami des dieux sans être l'ennemi des Géants dont il était issu, jamais il n'aurait imaginé que la rivalité entre les dieux et les Géants, les Ases et les Vanes aurait pu les pousser aussi loin et pourtant… Depuis lors il vivait reclus au fond des océans, honteux de son inaction, tentant de se soustraire aux regards des derniers survivants des Ases et des Vanes. Pendant longtemps il avait cru que la tension était retombée : après le Ragnarok Hell avait docilement accepté la domination d'Hadès, le seul et unique maître du monde souterrain. Hadès… Bien qu'il ne l'ait jamais rencontré Aegir connaissait sa formidable puissance, il était un des trois premiers êtres éveillés au Big Will, après l'avoir emporté sur les Titans il avait imposé sa loi à toutes les divinités des autres panthéons qui prétendaient gouverner le monde souterrain à sa place. Ce fut d'abord le tour d'Osiris, celui-ci avait été pardonné après sa défaite, Hadès lui avait permis de superviser le jugement des âmes égyptiennes et même de conserver une sorte d'Enfer personnel qui se réduisait maintenant à la 2ème prison gardée par l'un de ses anciens serviteurs, Pharaon du Sphinx, mais même ainsi il était vassal d'Hadès. Pour Hell les choses avaient été un peu différentes : Hadès l'avait emporté une fois de plus mais, conscient de l'engorgement des Enfers et des difficultés d'organisation des juges il lui avait permis de garder un domaine propre en échange de son allégeance et surtout il avait exigé que l'âme d'Odin et son corps restent à Elysion de façon à pouvoir le ressusciter si l'envie lui prenait un jour de restaurer la puissance des Ases. Bien qu'il ne fût pas au courant de la guerre sainte qu'Athéna avait menée contre Hadès Aegir était certain qu'en secret Hell tentait de reconstituer sa puissance au mépris des accords passés et son objectif ne pouvait être que la destruction des derniers avatars des Ases : les guerriers divins qui défendaient toujours le royaume d'Asgard. Il était maintenant confronté à un choix difficile : Bud lui avait appris, assez imprudemment d'ailleurs, qu'Odin était revenu à la vie. D'un autre côté il savait que le réveil d'Odin entraînerait sans doute celui des Géants, une guerre allait sans doute éclater et il lui fallait choisir son camp car cette fois il s'était juré de ne pas manquer à son devoir. Qui choisir ? Hell ? Sa puissance s'accroissait très vite, de nombreux dieux dont Svaja et Holder avaient rejoint ses rangs, de plus les Géants se rallieraient sans doute à elles en cas de conflit. D'un autre côté il était sûr qu'Hadès opposerait son veto à toute guerre menée à son insu par l'un de ses vassaux mais était-il en état d'intervenir ? Odin ? Des Ases il ne restait que les guerriers divins et les récentes nouvelles qu'il avait eues d'eux lui laissaient penser qu'ils avaient été décimés. Odin avait peut-être ressuscité mais sans son œil et surtout sans l'aide d'Hadès il ne tiendrait pas longtemps. Aegir en était maintenant totalement convaincu : il devait rallier le camp de Hell et pour lui donner un gage de bonne foi il allait lui livrer Hilda, Bud et leurs éventuels compagnons sur un plateau. Son regard se posa alors sur son chaudron, grâce à lui il allait offrir aux guerriers divins un sommeil éternel. Lorsque Hypnos, Hilda et leurs compagnons arrivèrent à l'entrée de la grotte sous-marine d'Aegir ils furent accueillis par Ran la ravisseuse, ainsi nommée parce qu'elle piégeait les navires dans ses filets. Son éclatante beauté surprit puis enchanta les plus viriles des guerriers divins, Bud se força à lui faire bon visage et Hilda la pria poliment de les conduire en présence d'Aegir mais négligea de lui présenter ses compagnons et en premier lieu Hypnos. Ils trouvèrent donc Aegir assis dans son trône, tenant toujours son épée dentelée d'une main ferme tandis que son buste était recouvert d'une armure d'écaille de couleur dorée qui même si elle ne pouvait être comparée à celles des généraux du point de vue de la stylisation lui donnait fière allure. Il ne parut pas de prime abord surpris de voir Bud et Hilda revenir du Niffheim en si grande compagnie et fit bon accueil aux guerriers divins mais il s'arrêta devant Hypnos. - Je ne reconnais pas le signe qui orne votre front comme étant celui d'Odin. Comment avez-vous dit que vous vous appeliez ? Hypnos resta impassible mais aucun sourire ne passa sur ses lèvres. - Je n'ai rien dit. Aegir hésita entre la colère et l'amusement. - Vous avez raison mais j'aimerais connaître la nature de la marque que vous portez au front. - C'est une information qui a un prix mais pour l'instant sachez seulement ceci : le maître que je sers a laissé ce signe sur mon front le jour où il a fait de mon frère et de moi-même des dieux. - Des dieux ? Aegir parut très étonné. Il existait certes des dieux dans le panthéon scandinave mais presque tous n'étaient que des hommes éveillés au 7ème sens qui s'étaient fait passer pour des dieux aux yeux de leurs semblables. Si cet homme avait été originaire du Nord il n'aurait pas été inquiet mais cet homme semblait venir du Sud et il en savait suffisamment sur le panthéon grec pour savoir que ne pouvaient se nommer " dieux " que les êtres s'étant éveillés au 9ème sens. D'autre part cet homme étrange avait dit que quelqu'un avait fait de lui un dieu et ce pouvoir n'appartenait qu'aux dieux majeurs qu'étaient Poséidon, Zeus et Hadès. Se pourrait-il que ? Non cela ne se pouvait. Chassant ces mauvaises pensées de son esprit Aegir fit son meilleur visage à ses invités et les emmena courtoisement à l'intérieur de sa grotte sous-marine. Cet endroit était émergé mais l'humidité ambiante était perceptible pour tous, les guerriers divins furent émerveillés par le décor de la grotte : on y voyait des reliques de l'ancien temps, des mâts de bateaux vikings, des ceintures à boucle, des armes en or massif… Même pour les guerriers divins qui vivaient à Asgard dans un contexte un peu intemporel cet endroit était merveilleux, on se serait cru avant le Ragnarok. Hilda ouvrit la bouche pour demander d'où venaient toutes ces merveilles mais le regard noir que lui lança Hypnos lui fit se rappeler la légende de Ran la ravisseuse de bateaux. Aegir prit la parole une fois que tous ses hôtes furent confortablement installés. - Mes amis, vous ne pouvez deviner à quel point le fait de recevoir de nobles seigneurs au service d'Odin comble mon cœur d'allégresse. Je lève donc mon verre à Odin seigneur d'Asgard et à notre amitié. Un silence parcourut l'assemblée puis Hilda se décida à prendre la parole. - Hum nous n'avons pas de verre pour trinquer avec vous. - La tradition, princesse, veut que l'hôte lève sa coupe en premier à la santé de ses invités puis qu'il attende que ses invités aient rempli la leur et qu'ils la vident à sa santé. N'hésitez pas, remplissez vos coupes dans ce chaudron. N'ayant rien mangé depuis plusieurs jours les guerriers divins prirent tous une coupe puis attendirent que les gracieuses filles d'Aegir viennent les servir. Quelque peu réticent le géant Tholl se laissa convaincre par un sourire enjôleur de l'une des sirènes, il en fut de même pour Hagen et Siegfried. Fenryl vida sa coupe si vite et si goulûment qu'on eut dit que c'était la première fois qu'il se servait de cet ustensile. Bud, agacé par les avances d'une Sirène avala également le contenu de sa coupe de façon à ne pas être tenté de frapper une des filles de son hôte. Hilda leva la sienne à la santé " d'Aegir le généreux géant des mers symbole de la nouvelle entente entre les Ases et les géants ", Albérich, diplomate l'imita avec un sourire. A la fin il n'y eut plus que Hypnos et Mime qui n'avaient pas touché à leur coupe, Aegir s'en étonnant leur en fit la remarque. - Eh bien mes seigneurs, voulez-vous insulter votre hôte en refusant son hospitalité ? Mime ne répondit pas mais il regardait intensément la belle Ran qui se tenait face à lui et ce qu'il voyait dans ses yeux ne semblait pas le contenter. Hypnos prit la parole. - Le maître que je sers m'a un jour parlé des Ases et de leurs coutumes. Il avait fait référence à un chaudron magique en perpétuelle ébullition bien qu'il se trouve sous les océans. Il me conta que jadis le dieu Njord aimait à oublier ses soucis dans la boisson qu'offrait ce chaudron, il pouvait ainsi dormir pendant des jours et des jours sans se réveiller et quand il le faisait il avait l'impression que cela n'avait duré qu'une minute. Il me conta aussi qu'aucune force au monde ne pouvait réveiller Njord quand il se laissait prendre au piège du chaudron magique, seul son meilleur ami pouvait le faire car il était le détenteur des pouvoirs du chaudron… Aegir tentait de conserver son calme mais des sueurs froides coulaient dans son dos et il ne parvenait pas à masquer le tremblement de son échine. - Votre maître sait apparemment beaucoup de choses, vous a t-il dit qui était cette personne qui pouvait contrôler le chaudron ? Hypnos eut un sourire ironique. - Non il ne l'a pas dit mais cela eût été inutile… Le nom d'Aegir le géant des mers était bien connu en Asgard avant que les Ases ne disparaissent. Hilda, Bud et les autres guerriers divins manquèrent de s'étrangler de surprise, tous regardaient leurs coupes comme s'il se fût agi d'un serpent prêt à mordre, leur regard se posa ensuite sur les sirènes. Ces dernières souriaient mais la flamme qui éclairait leurs yeux brillait d'un éclat inquiétant. Ran ouvrit la bouche et un son mélodieux en sortit, les sirènes reprirent en chœur. Subitement les guerriers divins eurent l'impression que leurs paupières devenaient plus lourdes puis qu'une force irrésistible les plaquait au sol. Hilda parce qu'elle était une femme fut la dernière à succomber au sort des sirènes mais bientôt, malgré ses efforts elle sentit les ténèbres l'entourer, elle se tourna alors vers Hypnos et lui dit en tendant la main vers lui dans un geste de supplication : - Sa majesté, vous devez avertir sa… maj … esté. La main blanche d'Hilda retomba inerte sur le sol. Hypnos ne lui accorda pas un regard. - Vous vous êtes laissés prendre à un piège grossier, ne comptez pas sur moi pour déranger sa majesté pour un événement aussi trivial. Mime n'avait rien dit mais il sentait qu'une bataille allait avoir lieu et il se sentait incapable de la livrer sans sa lyre enchantée. Il s tourna alors vers Hypnos. - Seigneur, vous ne comptez pas… vous battre en ces lieux. Je veux dire seul face à autant d'ennemis. Hypnos resta stoïque, il ne portait aucune protection mais rien dans son attitude ni son maintien n'indiquait qu'il se sentait en danger. Il regarda Mime de ses yeux couleur d'or puis ouvrit la doublure de sa longue toge, il en sortit une lyre. - Tiens Mime, cette lyre a appartenu au chevalier Orphée, sa majesté n'a pas voulu que nous nous en débarrassions dans le Cocyte et elle fait partie des objets que ce bon Egée a pu sauver de la destruction. Mime saisit la lyre avec délicatesse, elle était comme neuve, avec un tel instrument il se sentait moins vulnérable. Hypnos se retourna alors vers Aegir. - Eh bien qu'attendons-nous géant ? - Je voudrais connaître ton nom. Hypnos ne laissa aucune émotion transparaître sur son visage. - D'accord mais en échange de ta vie. Aegir n'eut aucun mouvement de recul, il ordonna d'un geste à sa femme et à ses filles de s'éloigner et de s'occuper de Mime. - Je vais corriger moi-même ce dieu impudent. Mime s'éloigna suivi de très près par les sirènes. Hypnos et Aegir se retrouvèrent seuls face à face. Aegir fut le premier à rompre le silence. - Allons mon cher dieu, dansons ensemble ! Hypnos Aegir se précipita sur moi avec une vivacité inattendue chez un homme de sa corpulence, saisissant sa lourde épée dentelée à deux mains il commença à attaquer. Je pris mon temps pour éviter ses coups car je voulais estimer à quelle vitesse il les portait. Ses coups partaient très vite au point que n'importe quelle mortel aurait eu l'impression de voir non pas une lame d'épée fendre l'air mais des millions à la seconde. Nul doute n'était permis : ce géant maîtrisait la vitesse de la lumière, il ne s'agissait donc pas de le sous-estimer comme nous autres avions trop tendance à le faire avec des ennemis d'un rang inférieur car même pour un dieu il n'existe pas de vitesse plus grande que celle de la lumière. J'observais l'attaque d'Aegir, c'étaient des assauts purement physiques portés à un intervalle identique, il fallait donc que je parvienne à anticiper ses mouvements pour détourner son attaque. Jusque là j'avais utilisé la vitesse de la lumière pour reculer toujours plus en arrière vers la sortie de la grotte, de cette façon ses coups d'épée m'arrivaient en atténuée et je disposais de plus de temps pour les parer. Au bout d'un moment je me retrouvai dos au mur, c'est à dire que je ne pouvais plus reculer davantage sans me retrouver dans la mer. Aegir marqua un temps d'arrêt pour savourer cet instant de plénitude. - Eh bien seigneur dieu on dirait que ta force n'est pas si redoutable que ça et je pourrai bientôt offrir votre tête à mes futurs maîtres. - Qu'est-ce qui te fait croire que le combat est achevé ? Aegir sourit, ce qui eut pour effet de rouvrir les cicatrices que sa barbe dissimulait. - Tu as des tics au moment d'esquiver, je les ai tous repérés, c'est la fin ! " Aegir Scale Sword ! " Il me sembla à ce moment que l'épée d'Aegir soulevait autour d'elle une vague déferlante, très bonne tactique mais malheureusement pour lui je suis tout à fait capable de discerner le tracé de cette attaque même si elle est portée à la vitesse de la lumière. Jusque là j'avais toujours esquivé par un mouvement de coté vers la droite, cette fois j'esquivai en me jetant sur la gauche. L'épée d'Aegir ne frappa que l'air. Maintenant !! Cet inconscient avait laissé un angle mort dans sa défense en anticipant que je parerais par la droite, il me fallait en profiter ! J'envoyai alors mon poing vers le flanc gauche d'Aegir, imprudemment dégarni et y fit exploser mon cosmos. Aegir fut projeté à une dizaine de mètres avant de s'encastrer dans la paroi de la grotte. Il se releva péniblement en essuyant le sang qui coulait de ses lèvres et en se massant les côtes. Il tourna alors vers moi un regard rempli de haine mais où je distinguais aussi de l'excitation. - Comment ? - C'est très simple : j'ai évité ton attaque 8 fois de la même manière de sorte qu'au neuvième assaut tu as anticipé une esquive de même nature et laissé un angle mort dans ta défense, il m'a alors suffi de me déplacer vers la gauche et de vous frapper au niveau de cet angle mort. Aegir se releva lentement puis hocha la tête. - Très bien, j'ai honte de ma stupidité, accepte mes excuses dieu du sud car tu es un adversaire de valeur. Je ne bougeai pas d'un cil, qu'attendait-il de moi au juste ? Il avait commis une erreur qui aurait pu lui coûter la vie mais c'est en reconnaissant ses erreurs que le guerrier devient plus fort. Aegir releva la tête. - J'ai toutefois une question à te poser. Tu aurais pu me tuer à ce moment et pourtant tu t'es contenté de me blesser, pourquoi ? Serait-ce de la pitié ou alors hésiterais-tu à frapper de toutes tes forces au moment fatidique ? Je haussai les épaules. - Il y a sans doute un peu des deux mais retiens bien ceci toutefois : où que je me trouve j'obéis toujours à la volonté du même maître et ce maître n'aime pas les combats inutiles. Ecoute Aegir, la blessure que je t'ai infligée prouve que tu ne connais pas parfaitement le 7ème sens, ta défaite ne fait aucun doute et tu le sais, relâche Hilda et les autres et restons-en là. Le géant parut hésiter, dans ses yeux passaient des images de batailles qui avaient eu lieu dans les temps anciens, le massacre des géants, la glaciation d'Asgard… Tout ça à cause de lui ! Non l'histoire ne pouvait se répéter ! - Ecoute-moi bien dieu du sud ! Je suis Aegir le géant des Mers du Nord et par une fois déjà j'ai manqué à mon devoir envers ma race mais cela ne se reproduira plus ! Je ne connais pas l'issue de ce combat mais je peux t'assurer que ce soir l'un de nous deux sera mort ! Je retirai alors la main que je lui avais tendue, mon regard se fit plus dur. - Très bien, j'ai voulu te laisser la vie sauve car tu as été mon hôte… Soit, tu as choisi la mort et c'est moi qui te la donnerai bien que je n'y prenne aucun plaisir. Aegir recula, la malice pétillait dans ses yeux. Arrivé à proximité de son chaudron magique il reprit la parole. - Pfff. Cesse de me sous-estimer, crois-tu que je vous aie fait venir ici pour subir une défaite ? Tu vois ce chaudron magique ? La substance dont il est rempli est hallucinogène, quiconque la respire tombe dans un profond sommeil. Aegir donna un violent coup de pied dans le chaudron, aussitôt son contenu commença à se déverser tandis que des vapeurs toxiques s'en dégageaient. - Je suis la seule personne à être immunisé contre ses effets, bientôt le sommeil t'emportera et je pourrai te porter le coup de grâce. Une épaisse fumée rouge recouvrit toute la caverne. - Alors que penses-tu de ça dieu du sud ? Avant que la fumée ne me recouvre entièrement j'ai le temps d'articuler. - Pauvre imbécile que tu es, si seulement tu savais à qui tu as affaire. A ce moment la fumée nous recouvrit complètement et je compris à quel point j'avais tort. Les sirènes avaient entraîné Mime assez loin dans la grotte d'Aegir de sorte qu'il ne ressentait plus la présence d'Hypnos que par les vibrations de son cosmos. Au bout d'un moment les sirènes arrêtèrent leur fuite, Mime put ainsi évaluer leur nombre : elles étaient bien une douzaine et se ressemblaient toutes. La plus âgée d'entre elles s'avança vers lui, de sa personne se dégageaient une grâce et une majesté peu communes, on devinait sans peine qu'elle avait dû faire des ravages parmi les divinités marines du temps d'avant le Ragnarok. Elle tendit vers Mime ses deux mains d'une blancheur immaculée et lui décocha un sourire des plus charmeurs. - Je me présente, je suis Ran l'épouse d'Aegir et d'aucuns marins me surnommaient dans les temps anciens " la ravisseuse ". Et toi beau guerrier divin nous diras-tu ton nom ? Mime n'avait jamais aimé la violence des batailles et cette courtoise invitation lui laissait quelque espoir de trouver pacifiquement un terrain d'entente. - Mon nom est Mime de Venetash, fils de Volkel et depuis peu de temps je suis à nouveau le guerrier divin d'Eta. Mime rabattit une mèche de ses magnifiques cheveux blonds de sorte que les sirènes purent admirer son regard écarlate si troublant, elles en furent visiblement très émoustillées. Ran prit une pose théâtrale, passant sa main sur son front en s'efforçant de ne pas regarder son adversaire, il semblait même à Mime que des larmes perlaient à ses yeux. - Ah quel destin tragique qui nous oblige à affronter un guerrier si charmant et si courtois, la guerre est affaire d'hommes, les femmes ne devraient pas y être mêlées, ne crois-tu pas ? Mime ne répondit pas mais il commença à pincer les cordes de la lyre qui avait il y a peu appartenu à Orphée. Ran en profita pour reprendre. - Que dirais-tu de te détendre avec nous tandis que ton compagnon divin et mon époux règlent leurs comptes ? Son sourire était encore plus charmeur que la première fois. Mime ne répondit pas mais ses mains commencèrent à courir le long de sa lyre enchantée, la musique qui en sortait était à la fois douce et mélancolique. La voix de Mime, toujours aussi cristalline, s'éleva alors parfaitement en accord avec sa musique. - Soyez certaine belle dame que rien ne me ferait plus plaisir que d'arrêter les hostilités et je vous laisserais partir de bon cœur si vous ne m'empêchiez pas de prêter main forte à mon compagnon. La voix de Ran se durcit. - Tu sais bien que cela m'est impossible, mon devoir d'épouse est de prêter assistance à Aegir s'il se trouve en péril, comment pourrait-il en être autrement ? Toutefois je suis prête à t'offrir le libre passage si tu renonces à porter main forte à ton compagnon. Mime émit un petit rire moqueur, il pinça alors une corde de sa lyre et… Disparut à la vue des sirènes. Celles-ci étaient un peu éberluées : où était-il passé ? Mime ne tarda pas à réapparaître : il se trouvait sur un rocher de corail, toujours à jouer de la lyre, puis un autre Mime apparut en un autre endroit, puis un autre adossé à une paroi rocheuse puis encore un autre et un autre… Les sirènes ne savaient plus quoi penser mais la musique de Mime continuait à peupler leurs oreilles. Mime ouvrit les yeux et tous ses doubles le firent à l'unisson, quand il prit la parole il sembla aux sirènes que sa voix venait de tous les recoins de la caverne à la fois. - Ecoutez-moi bien Ran. Combattre n'est ni ce que j'aime ni ce que je désire, c'est juste ce que je fais car tel est le devoir d'un guerrier divin. Et aujourd'hui en m'éloignant volontairement de mon compagnon vous êtes devenues mes ennemies et mon devoir est de vous faire face sans pitié. Les sirènes furent stupéfaites : comment des paroles aussi dures pouvaient-elles être prononcées aussi doucement ? La plupart d'entre elles sentaient leurs paupières s'alourdir sous l'effet de la musique de Mime tandis qu'au dehors le tumulte de l'océan s'était calmé, on n'entendait même plus le bruit de la respiration des poissons. Mime continuait de parler tandis que sa musique devenait de plus en plus envoûtante et que les sirènes étaient maintenant incapables de distinguer ce qui était réel de ce qui ne l'était pas. - Vous ne manquez pas de courage pour vous opposer à moi surtout quand on connaît la différence entre nos forces respectives. Plusieurs sirènes, se ressaisissant ôtèrent leurs mains de leurs oreilles et fixant l'image de Mime la plus proche d'elles se jetaient dessus avec la furie des vagues. Chacune d'elles en intensifiant son cosmos se transformait en vague et s'abattait avec une violence peu commune sur ce qu'elle pensait être Mime. Les vagues fracassèrent plusieurs pans de la grotte mais la voix de Mime ne reflétait aucune douleur. Au bout d'un moment Ran fit signe à ses filles de se rassembler autour d'elle. - Ecoutez : nous ne pouvons continuer à l'attaquer ainsi de façon désordonnée, il nous faut absolument le frapper à tous les endroits où il peut se trouver. Mime qui avait l'oreille fine leur répondit en riant. - Tous vos efforts seront vains, vous aurez beau me frapper avec toute la force de vos cosmos le Stringer Requiem ralentira tellement vos coups que je n'aurai aucun mal à les éviter. - Ah oui ? C'est ce qu'on va voir ! Godess Tears !! A ce moment les sirènes émirent un cri strident et toute la grotte fut emplie d'eau, comme si l'océan y avait pénétré et y déchaînait sa furie. En vérité ce n'étaient plus des vagues mais des mini-cyclones qui se formaient dans la grotte. Toutes les illusions de Mime furent touchées par les Godess Tears. Quand le tumulte des vagues se fut calmé les sirènes cessèrent de chanter et reprirent leur forme initiale. Ran sourit, personne n'aurait pu échapper à la violence de cette attaque, personne !! Les sirènes se mirent elles aussi à sourire. Les plus jeunes d'entre elles baissèrent alors leur garde, c'est ce qui leur fut fatal. Venant de nulle part, Mime apparut juste derrière elles, il tendit ses mains dans leur direction. Aussitôt des rayons de lumière découpèrent l'espace dans lequel elles se trouvaient et avant qu'elles n'aient pu comprendre ce qui leur arrivait elles se retrouvèrent encastrées dans la paroi rocheuse puis retombèrent lourdement à terre, tout à fait incapables de bouger. Trois sirènes étaient maintenant hors de combat. Mime fut alors visible aux autres sirènes, son visage était défiguré par la douleur : du sang coulait le long de son front indiquant que sa boîte crânienne avait dû être touchée. Ran n'en revenait pas. - Co… Comment ? Mime lui jeta un regard sombre. - Je dois dire que les effets des Godess Tears m'ont surpris, je ne pensais pas qu'il vous serait possible de frapper autant de points différents toutefois cette attaque n'atteint pas la vitesse de la lumière et les effets du Stringer Requiem m'ont permis d'en atténuer les effets. Il porta alors la main à son front et considéra froidement le sang qui la maculait. - Je n'ai pu éviter de subir une blessure légère cependant. Ce fut ma première et dernière erreur car je ne vous permettrai pas de recommencer cette attaque et comme le nombre est votre force. Mime tendit la main vers Ran, il enflamma son cosmos et lança plusieurs rayons de lumière, Ran fut la seule assez prompte à réagir, les autres sirènes furent fauchées par les rayons de Mime. Il ne restait plus que Ran et Mime debout dans cette grotte, Ran contemplait ses enfants avec une douleur visible, aucune d'elles n'était morte mais elles avaient plus souffert en cette bataille qu'en toute leur vie. Mime prit alors la parole. - Consentez-vous à me donner le libre passage ? Vous n'êtes pas de taille contre moi et sans vos filles vous n'avez plus aucune chance de me vaincre, cessons là cet affrontement avant que le sang ne coule davantage. Ran ne répondit rien, une lueur sauvage passa dans ces yeux mais s'éteignit aussitôt, on aurait dit que tout son courage s'était échappé d'elle en une seconde. Mime sourit, il avança à pas lents dans la direction du lieu d'affrontement entre Aegir et Hypnos. Alors qu'il avait dépassé Ran de quelques pas il sentit un cosmos agressif exploser derrière lui, il n'eut que le temps de se jeter sur le côté pour éviter. La roche de corail à côté de lui était fendue en de multiples endroits et son propre bras gauche avait été blessé par l'attaque de Ran. Celle-ci se tenait devant Mime, une lueur sauvage brillait à nouveau dans ses yeux. - Mime !!! Pour ce que tu as fait subir à mes filles je te déchirerai avec les mailles de mon filet !!! Mime se releva tranquillement, il épousseta les cailloux qui souillaient son habit blanc puis fit face à Ran. - Je lis dans vos yeux une détermination sans faille. C'est bien dommage mais puisque vous m'y forcez je vais vous donner le repos éternel, vous avez choisi votre mort. Ran émit un rugissement de rage, elle utilisa à nouveau les mailles de son filet pour écorcher Mime. Celui-ci regarda l'attaque arriver puis au dernier moment pinça une corde de sa lyre, se rendant ainsi invisible aux yeux de Ran. Il réapparut derrière son dos et lui dit 'une voix tellement basse que c'en était presqu'un murmure : " vos attaques sont trop lentes, avec une elle technique vous ne pouvez me vaincre ". Sa main glissa alors sur les cordes de sa lyre. - Ouverture. Les cordes de la lyre s'allongèrent et s'enroulèrent autour de Ran avant qu'elle n'ait pu faire un geste de défense, le stringer requiem avait commencé. Hypnos Je réalisais de plus en plus à quel point je m'étais fourvoyé en pensant que les pouvoirs du chaudron magique n'auraient pas d'effet sur moi. Les pouvoirs de ce chaudron n'étaient pas seulement liés au sommeil, il provoquait chez celui qui inhalait ses vapeurs des effets semblables à ceux de la drogue. J'avais ainsi de plus en plus de mal à respirer et quand je le faisais c'était comme si je respirais un air empoisonné qui me faisait perdre la notion de la distance. Aegir était pourtant surpris par ma résistance. - Comment se fait-il que tu ne dormes pas ? Les vapeurs hallucinogènes de ce chaudron provoquent le sommeil instantané chez n'importe qui. Je répondis entre deux toussotements. - Il se trouve que le sommeil est mon domaine. Mais ne t'attends pas à ce que je t'en dise plus, je ne te révélerais mon nom qu'en échange de ta vie. Aegir fronça les sourcils. - Ton inconscience dépasse l'entendement ! Ne vois-tu pas que personne à part moi ne peut conserver la maîtrise de ses sens et de son esprit dans cet espace ? Il m'a fallu des siècles d'entraînement pour m'y habituer mais je ne le regrette pas : grâce à ce chaudron j'ai pu venir à bout de tous ceux qui en voulaient à ma vie. Il dit vrai, je ne peux garder une lucidité totale dans cet environnement, il me faudrait plusieurs heures pour m'y habituer. Aegir en profita pour attaquer. - Voyons si tu es toujours aussi bon à l'esquive ! Aegir's scale sword ! Cette fois c'est comme si je voyais un millier d'épées déferler sur moi, en temps normal ça ne me poserait pas de problème mais dans cet environnement je suis incapable d'estimer exactement ma position par rapport à Aegir. En désespoir de cause je fais un écart sur la gauche, seuls quelques uns de ses coups m'atteignent. Aegir sourit en voyant mon sang couler. - Tu as mal lu. Cette fois je te mets au défi de trouver un angle mort dans ma technique ! Les coups pleuvent de partout, je n'ai d'autre choix que de les éviter en reculant toujours plus. Je recule toujours mais à un moment donné je me cogne contre un pilier qui se trouve derrière moi, j'évite de justesse un coup d'Aegir qui visait ma tête. Je recule encore et me cogne à un autre pilier. - Quel est cet endroit ? Aegir sourit. - Intriguant n'est-ce pas ? Ces piliers de pierre sont disposés dans cette salle de la même façon que les étoiles de la Grande Ourse dans le ciel. - La Grande Ourse ? - Exactement ! Dans notre mythologie la Grande Ourse protège les guerriers d'Odin, les dispensateurs de la mort ! Tu comprends maintenant : tu auras beau reculer pour parer mes coups tu te heurteras inéluctablement à ces piliers de pierre qui forment les angles morts de cette salle et comme je sais exactement où ils sont disposés tu n'as aucune chance de t'échapper ! Aegir lève son épée. Je n'ai plus aucune chance de lui échapper, cette fois c'est la fin. - Meurs sous les étoiles de la Grande Ourse, serviteur d'Odin !! L'épée d'Aegir s'abaisse pendant un temps qui me semble infiniment long. Comment ? Il me prend pour un serviteur d'Odin ? Moi Hypnos, le dieu du sommeil ?! Je pense alors à sa majesté Hadès, le dieu suprême, il a fait de moi ce que je suis maintenant. Si je l'appelle maintenant pour sauver ma vie je ne serai plus digne de lui. Je me rappelle les paroles qu'il m'adressa un jour. " Ecoute-moi bien Hypnos, si j'ai fait de toi un dieu c'est pour que tu sois complètement libre de ton destin, seul les mortels appellent au secours alors souviens-toi de ceci : ceux qui m'appellent à l'aide n'en sont pas dignes. Si jamais tu m'appelais à l'aide je ne te considérerais plus comme un dieu. " Ainsi avait parlé sa majesté Hadès, à n'importe qui d'autre que Thanatos et moi-même ces paroles auraient pu paraître dures mais moi je comprenais que sa majesté Hadès avait placé toute sa confiance en nous et c'était pour cela qu'il ne voulait pas que nous l'appelions à l'aide. - Hadès, mon maître, avant de te connaître je n'étais qu'un chien errant, un humain. En ce jour où le malheur s'est abattu sur mon frère et moi tu nous as tendus la main sans rien demander en retour, tu nous a montrés la voie du 9ème sens, tu as fait de nous des dieux et je suis fier de porter la marque de ton affection sur mon front. Alors je te le jure à toi le dieu suprême : " Je ne te décevrai pas !! " Mon hurlement à fait trembler les parois de la grotte, l'épée d'Aegir va s'abattre sur moi mais cette fois je ne vois pas des milliers d'épées, je n'en vois qu'une ! Je concentre toute mon énergie entre mes mains et referme mes paumes sur le tranchant de l'épée d'Aegir. Celui-ci s'arrête, stupéfait. - Co… Comment as-tu fait pour saisir le mouvement de mon attaque à travers les ténèbres du chaudron magique ? Comment as-tu fait ? C'est impossible !!! Je mets un genou à terre et m'appuie sur mon autre jambe pour me remettre debout. Je suis maintenant face à Aegir et son épée est à la verticale entre nous deux. - Sache Aegir que pour déjouer les ténèbres de ton chaudron magique il suffit de connaître un sens qui permet de combiner la maîtrise de l'esprit avec celle du corps, ce sens c'est le 9ème sens, le Big Will. - Le 9ème sens ? - Oui, les imposteurs comme toi qui se font passer pour des dieux ne savent pas de quoi il s'agit mais les vrais dieux ont senti au moins une fois dans leur vie ce qu'était le 9ème sens. - Oui mais si tu le maîtrisais tu aurais pu briser les ténèbres de mon chaudron bien avant. Dis-moi… oui dis-moi quelle est cette volonté qui t'a permis de le maîtriser totalement à ce moment ? Je veux savoir pourquoi tu te bats, quelle est cette cause à laquelle tu crois qui t'a fait repousser tes limites. Je rapprochai alors l'épée d'Aegir si près du visage de son propriétaire qu'il pouvait déjà en sentir la morsure sur sa peau. - Puisque tu vas mourir je peux te le révéler. Je me bats pour la gloire du maître que j'aime, je me bats pour la gloire du dieu suprême. Je me bats pour la Gloire d'Hadès !!! Ce disant je donnai un coup d'une extrême violence dans l'épée à double tranchant d'Aegir, celui-ci dans un réflexe désespéré parvint à la détourner de son front échappant ainsi à la mort. L'épée dérapa sur toute la largeur de sa joue et arrêta sa course dans son épaule. Aegir retira l'épée, il grimaçait de douleur mais dans ses yeux je lisais encore plus d'angoisse que de douleur. - Hadès… Ainsi le dieu des Enfers a décidé d'intervenir… mais pourquoi ? Les Vanes n'ont fait aucun signe d'hostilité à son égard, pourquoi ? - Sa majesté avait besoin d'une armée et sur les conseils d'Odin il a décidé de recruter les guerriers divins. - Les guerriers divins ? Mais alors… Hell… Le Niffheim ? - Oui Hell est plongée dans un profond sommeil. Aegir se ramassa sur lui-même, des larmes coulaient de ses yeux et mouillaient sa barbe. Quelle honte ! Une fois encore il était arrivé trop tard, il n'avait pas pu soutenir la cause des Vanes et Odin allait l'emporter. Mais maintenant il était trop tard pour revenir en arrière, il s'était engagé dans le mauvais camp et avait engagé une bataille inutile contre un dieu du sud dans une guerre qui était déjà perdue avant d'avoir commencé. Quelle tragédie ! Ainsi il s'était caché au plus profond des océans, caressant des rêves de gloire et de revanche pendant des siècles et tous ses espoirs étaient maintenant réduits à néant. Je sentis l'hésitation d'Aegir et comprit fort bien les sentiments contradictoires qui l'agitaient pour les avoir déjà vus à l'œuvre chez Hell. - Ecoute Aegir. Même si maintenant tu connais le nom de mon maître je suis prêt à t'épargner si tu consens à tenir ta langue. Aegir ne réagit pas. - Peut-être même qu'une fois qu'Hadès aura retrouvé sa place tu auras une place dans le nouveau monde que nous tentons de créer. Aegir se releva brutalement, ses yeux étaient maintenant secs mais ils étincelaient de rage. - Pour qui me prends-tu Hypnos dieu du sommeil ? Oui j'ai deviné ton identité ! Je sais que les Vanes n'ont plus une chance de l'emporter maintenant mais je ne renierai pas mes choix ! Je me suis engagé dans le camp de ma race cette fois ! Et même si aucun espoir ne subsiste je ne souhaite qu'une chose : avoir la mort d'un guerrier ! Je regarde Aegir avec étonnement, cet homme est plus noble que je le croyais. Pourtant je me demande ce qu'en dirait sa majesté Hadès. Il dirait sans doute qu'un homme qui cherche la mort pour elle-même ne récoltera jamais que la tristesse, une seconde de vie est toujours préférable à 100 ans de mort, dans la mort l'homme ne vit pas, il ne fait qu'exister. - Soit Aegir ! Tu veux te jeter dans la mort au mépris de la vie, sache que je comprends ton attitude même si je ne l'approuve pas car ce n'est pas en cherchant la mort que tu vaincras ton ennemi. Peut-être un jour comprendras-tu ton erreur. - Nous verrons bien. De toute façon ta victoire est rien moins que certaine Hypnos car ton neuvième sens ne te protégera pas éternellement des pouvoirs de mon chaudron. Il a raison, il faut absolument que je trouve un moyen de contrer son attaque. Sur un homme tel que lui qui a appris à lutter contre le sommeil que produit le chaudron l'Eternal Drowsiness ne me sera d'aucun secours. Mais j'ai d'autres ressources. J'intensifie mon cosmos au maximum, Aegir a pour l'instant l'avantage car il connaît la configuration du lieu dans lequel il se bat, je dois lui faire perdre cet avantage. Je joins mes deux mains en direction d'Aegir. - Par le poing des ténèbres qui déchire le ciel ! Twilight Torn Fist ! En un instant les vapeurs hallucinogènes que dégage le chaudron magique se sont évaporées tandis que tout autour l'espace n'est plus que ténèbres. Aegir prend un ton moqueur. - C'est donc ça ta technique : assombrir l'atmosphère ? - Regarde où tu te trouves. Aegir : Je regarde le sol. Quelle horreur ! Je ne le sens plus sous mes pieds ! Et les neuf piliers comme les étoiles de la Grande Ourse, je ne les vois plus ! - Que m'as-tu fait Hypnos ? - Le poing des ténèbres est une technique mise au point par sa majesté elle-même, elle consiste à neutraliser la technique passive de l'ennemi en brouillant sa perception et ses sens par les ténèbres. Dans cette position tu ne peux trouver l'équilibre et partant de là tu ne peux porter d'attaque car tu ne peux situer ton adversaire. Aegir pâlit, il tente désespérément de retrouver des repères physiques dans cette distorsion ténébreuse. - Ecoute Aegir, j'ai utilisé cette technique pour te donner une dernière chance. Tu ne peux plus me porter de coups car ta technique passive est anéantie, abandonne. Tu ne peux rivaliser avec une technique mise au point par Dieu lui-même. - Eh bien s'il le faut je me battrai avec Dieu lui-même mais tu ne me forceras pas à vivre avec le poids de la honte de n'avoir rien fait pour la gloire de ma race ! - Comme tu voudras mais ce n'est pas toi qui m'obligeras à prendre une vie. Adieu Aegir !Elision Breathe! Des ailes apparurent derrière mon dos, comme celles qui ornaient autrefois ma kamui, je m'envolai alors et de mes ailes s'échappa une substance envoûtante, celle des fleurs de pavot. C'est ainsi que j'endormais autrefois les hommes que Thanatos et moi devions venir chercher : par des fleurs de pavot, ainsi, avant de trouver la mort ils avaient un avant-goût du paradis d'où le nom de cette technique : Elision Breathe, le souffle d'Elision. Aegir tenta de me porter un coup de son épée d'écaille mais sans repère physique son attaque se perdit dans le néant. Il sentit alors le parfum enivrant de ces fleurs et tomba dans un profond sommeil. Je mis alors fin aux ténèbres qui nous entouraient et posai le corps d'Aegir sur son trône. Quel gâchis ! Encore une victime inutile d'une guerre perdue d'avance. " Adieu Aegir, adieu brave guerrier, tu m'as forcé à utiliser une technique de mon maître, peut-être serai-je puni pour cela. Comme tu le souhaitais la mort viendra te chercher mais pas tout de suite, jusque là dors bien sous le parfum de mes fleurs de pavot ". Bon et maintenant allons voir comment s'en sort Mime car j'ai déjà bien assez fait attendre sa majesté Hadès. Du sang s'écoulait toujours du front de Mime et même si cela affectait ses manières d'esthète sa technique ne semblait pas en pâtir. Le stringer requiem se poursuivait, la musique de Mime s'accélérait visiblement, ce n'était plus la douce sonate du début mais une marche agressive qui faisait penser à l'accompagnement d'un opéra de Wagner. Ran en face de son ennemi se tordait de douleur tandis que les cordes de la lyre enchantée se resserraient à chaque note un peu plus sur ses membres ses articulations, du sang s'écoulait de toutes les parties de son corps faisant prendre une teinte écarlate à sa robe bleue comme l'océan. Mime continuait tranquillement son requiem, ses doigts pinçaient délicatement les cordes de sa harpe et dans ses yeux ne se lisait aucune haine pour la personne qu'il était en train de tuer. - Le requiem touche à sa fin belle Ran, ne voulez-vous toujours pas revoir votre position ? Ran avait de plus en plus de mal à respirer : la pression que les cordes de la lyre exerçaient sur son cou était devenue insupportable et rendait difficile l'arrivée de l'oxygène à son cerveau. L'espace d'un instant elle fut tentée d'abandonner, elle n'était plus vraiment certaine qu'Aegir méritait qu'elle endure toutes ces souffrances. Elle ouvrit la bouche pour demander grâce mais à cet instant précis elle vit dans les yeux de son adversaire quelque chose qu'elle n'avait pas discerné auparavant : le remords. Oui le remords de faire souffrir quelqu'un, pourquoi Mime éprouvait-il des remords ? Il était un guerrier et elle une ennemie après tout alors pourquoi ? A moins que… En une seconde elle saisit la raison du trouble de Mime, oui elle tenait un atout maître qui allait lui permettre de l'emporter ! Mais pour l'instant elle devait faire croire à Mime qu'elle voulait se rendre. Ran n'eut certes pas à se forcer pour faire comprendre à son adversaire qu'elle demandait grâce, il lui suffit de tendre la main vers lui dans un geste implorant. Mime desserra aussitôt l'étreinte des cordes de sa lyre, un soulagement visible se lut dans ses yeux. - Ah je vois que vous devenez raisonnable. Ran reprit un peu son souffle avant de répondre. Ce fut toutefois d'une voix étranglée qu'elle articula : - Po… Pourquoi tant de … remords guerrier divin ? Pourquoi as-tu tant de mal à donner la mort à un ennemi, même si c'est une femme ? Mime recula, une lueur cruelle était apparue dans les yeux de Ran qu'elle fixait maintenant dans les siens. Ran ne reprenait plus son souffle et un sourire mauvais se posa sur ses lèvres. - Sans le savoir tu as commis une erreur qui te sera fatale ! Ecoute mon ultime chant : Sirena Heart Song ! Un son strident sortit de la bouche de Ran, Mime mit alors les mains devant ses oreilles, ce son était absolument insupportable ! Il sentait que ses tympans allaient exploser ainsi que son cerveau ! Dans un ultime effort il pinça une corde de sa lyre, les cordes se dirigèrent à nouveau vers Ran mais celle-ci n'esquissa pas le moindre geste pour se défendre. Il lança alors sa dernière note, le son de corde final, celle qui est censée déchiqueter l'adversaire. Ran s'arrêta de chanter une seconde, elle sourit alors. - Trop tard, j'ai déjà touché ton cœur ! A ce moment Mime n'avait qu'une envie : en finir avec ce chant ignoble mais au moment où sa dernière note allait atteindre Ran… La personne qui se trouvait devant lui n'était plus Ran mais une personne qu'il connaissait. C'était VOLKEL ! - Volkel ! Mime reconnut instantanément les traits familiers du visage de son père et dans un réflexe désespéré il agrippa la corde d'où était partie la dernière note et l'arracha de sa Lyre. Juste à temps ! Le son de corde final avait failli toucher Volkel ! Les cordes qui enserraient celui qui se tenait à la place de Ran une seconde plus tôt se distendirent d'un seul coup et retombèrent inertes au sol. Mime ne pouvait en croire ses yeux : ce regard dur, ces traits taillés à la serpe, ces cheveux longs et ce bandeau… Tout cela appartenait à Volkel et pourtant ce ne pouvait être lui. - Père ! Mais comment ? Je t'ai cherché en Enfer aussi longtemps que je l'aie pu et tu te tiens maintenant devant moi, bel et bien vivant. L'homme qui se tenait en face de Mime prit alors la parole, c'était la voix puissante de celui qui avait été le plus grand guerrier d'Asgard. - Mime, mon fils. Peu importe les mystères de ma résurrection, l'important est que nous soyons de nouveau réunis. Pour Mime le doute n'était plus permis : l'homme qui se tenait en face de lui était bien Volkel, son père qui l'avait élevé, celui qui avait essayé de lui faire croire en un noble idéal. Il ne comprenait pas comment il pouvait se tenir devant lui mais il était possible qu'en tuant Ran il ait fait revenir son père, ce genre de choses arrivait tous les jours dans le monde où il vivait. Il hésitait pourtant. - Mais je t'ai tué, n'as-tu aucun ressentiment envers moi pour cela ? - Oui tu as levé la main sur moi et c'était ton droit car j'ai tué tes véritables parents mais avec la mort tes péchés ont été absous et maintenant que nous voici réunis je veux te serrer dans mes bras. - Pa.. Papa. Mime était éperdu de bonheur, il se précipita dans les bras de son père. Enfin ils allaient être réunis, enfin il allait pouvoir faire la paix avec son passé, peu importait maintenant Hypnos ou ses compagnons puisqu'il avait retrouvé son père. A mesure qu'il approchait l'image de Volkel se faisait plus précise, Volkel ouvrait ses bras et il n'avait qu'une envie : se blottir dans leur tendre chaleur. Mais au moment où Mime allait atteindre son père il lui sembla distinguer à travers ses larmes de joie la silhouette de Ran, il sentit alors une douleur au ventre comme s'il avait été frappé avec une violence inouïe en ce point. Mime fit quelques pas en arrière, il était courbé et se tenait le ventre à deux mains mais par un effort de volonté il parvint à ne pas tomber. Il s'arrêta alors pour observer la blessure qu'il avait maintenant au ventre, le coup avait été porté avec une violence extrême, comment Volkel pouvait-il ? Celui-ci ne lui laissa pas le temps de la réflexion, il fit plusieurs pas vers lui et lui ouvrit de nouveau ses bras. - Qu'as-tu mon fils ? Pourquoi me repousses-tu après une si longue séparation ? Volkel n'était maintenant plus qu'à un mètre au plus de son fils et au moment de le toucher son visage se déforma horriblement, faisant penser à quelque monstre marin. Mime ne réagit pas et un nouveau coup lui fit cracher un filet de sang. - Il suffit Ran ! J'ai compris ton stratagème ! Tu as osé prendre l'apparence de mon père pour m'affronter. Mais je ne laisserai pas un tel crime impuni ! Reçois mes rayons de lumière ! Des doigts de Mime partirent plusieurs rayons de lumière qui en se croisant formèrent une sorte de mur de lumière. Volkel fut frappé à l'épaule par ces coups, il n'avait fait aucun geste pour esquiver. Du sang coulait maintenant de son épaule meurtrie, il la regarda et considéra froidement le sang qui s'en échappait. - Bien Mime ! S'il te faut une preuve que je suis bien Volkel frappe-moi autant que tu le souhaites, je ne me défendrai pas. Volkel étendit alors ses bras en position de croix. Mime hésitait, si Ran voulait le tuer pourquoi aurait-elle risqué d'être blessée ? Se pourrait-il que ? NON. Jamais son père ne l'aurait frappé… Et pourtant c'est ce qu'il faisait lors de chacun de leurs entraînements. Mime recula il hésitait à lancer une autre attaque. Volkel le fixait à nouveau dans les yeux. - Allons Mime, puisqu'il te faut une preuve vas-y, frappe-moi, je n'ai pas peur des coups que peut me porter mon fils car cette souffrance n'est rien comparée à celle que je ressens en voyant que tu ne me reconnais pas. Mime recula, il s'efforça d'effacer tout scrupule de son esprit, prenant une position d'attaque il se campa fermement sur ses pieds et envisagea son père comme s'il se fût agi d'un ennemi mortel. De nombreuses images passaient dans sa tête en ce moment : Il était un enfant, il avait froid mais son père le couvrait de sa chaleur apaisante tandis qu'il marchait dans les bois enneigés à la recherche d'un médecin. Il ressentait cette chaleur, la chaleur du corps de son père. Il se revoyait au moment où il lui avait porté un coup mortel : " Je te hais " Tels avaient été ses propres mots au moment de frapper son père, il l'avait transpercé. " Je t'en supplie pardonne-moi " Même après avoir reçu l'attaque de son fils Volkel implorait encore son pardon. Mime tomba à genoux : - Non ! Ce jour-là je suis devenu un assassin, j'ai tué mon père sans raison, sur une simple impulsion. Et aujourd'hui je devrais le frapper sous le coup d'une autre impulsion. NON je ne peux pas faire ça ! Pas à mon père ! Mime prit sa tête dans ses mains, ses larmes se répandirent sur le sol de la grotte sous-marine. A ce moment il sentit une douce pression contre son épaule, c'était Volkel. - Mime aujourd'hui encore j'implore ton pardon, à cause de moi tu es devenu un assassin, je t'en supplie pardonne-moi, le simple fait que tu sois triste à cause de moi m'est insupportable. - Pa… Papa. Tout doute s'effaça alors de l'esprit de Mime : cet homme ne pouvait être que son père. Il se blottit alors dans ses bras chaleureux. Volkel lui rendit son étreinte et Mime sentit la douce pression des bras de son père contre son dos. Mime n'avait jamais été aussi heureux de sa vie et il l'ignorait alors mais c'était aussi le cas de Volkel. Ils restèrent ainsi enlacés un moment mais subitement Volkel relâcha son étreinte. Des gouttes de sueur perlaient à son front, il semblait souffrir atrocement. - Mim… Mime… Eloigne-toi… Je t'en prie… éloigne-toi ! Mime fut très surpris de ce changement d'attitude. - Père que se passe t-il ? Volkel avait de plus en plus de mal à parler. - Ran… cette diablesse… la tuer… tu dois… il le faut. - Comment ?! Volkel se releva brusquement, son cosmos irradiait l'agressivité et dans ses yeux brillait une lueur sauvage. Une explosion d'énergie suivit, Mime fut projeté en arrière avec une telle violence qu'il eut l'impression que tout son corps se disloquait. Il releva alors les yeux, la personne qui se tenait devant lui n'était plus Volkel, c'était Ran. Celle-ci hurlait de colère contenue. - Vieillard stupide ! Ton fils et toi auriez été réunis pour l'éternité si tu m'avais laissé faire ! Mime était stupéfait. - Ran ! C'était donc toi. Ran eut un sourire mauvais. - Non tu te trompes : la personne qui t'a serré dans ses bras était bien ton père mais celle qui t'a blessé c'était bien moi. - Comment ? - Le Sirena Heart Song permet de toucher le cœur de l'ennemi en faisant revenir la personne qui lui est la plus chère, cet homme était donc bien Volkel mais cette technique permet aussi de frapper l'ennemi au moment où il s'y attend le moins. - C'est horrible ! Tu oses te moquer de l'amour ! - Au contraire si tu te laisses vaincre par moi tu retrouveras ton père au royaume des morts et vous serez réunis pour toujours. Par contre si tu me tues tu ne le reverras plus jamais ! Mime hésitait, il ne pouvait concevoir la vie sans son père mais en même temps celui-ci lui avait ordonné de tuer Ran. Que devait-il faire ? Ran ne lui laissa pas le temps de la réflexion. - Allons, je vais réunir le père et le fils pour l'éternité ! Mime sois déchiré par mon filet ! Des fils invisibles sortirent des doigts de Ran , ils se rassemblèrent pour former un filet dont les mailles étaient si serrées qu'elles auraient déchiré les nuages. Mime restait immobile comme un poteau, il avait décidé de mourir. Mais au moment où le filet allait se refermer sur lui il entendit la voix de son père. " Mime je t'en conjure tue Ran ! " - Mais si je fais ça nous ne nous reverrons plus. - Tu ne dois pas vivre avec des fantômes ! J'appartiens maintenant au passé ! Tue Ran tue-moi !! Mime ferma les yeux en pensant qu'au moment de mourir on voyait toute sa vie défiler en une seconde. Il se revoyait enfant, entouré de l'amour de ses véritables parents puis une autre chaleur s'imposa à lui, celle de son père adoptif. Bien qu'il eût toujours été bon pour lui il avait passé une partie de son enfance à appréhender leurs entraînements car ils étaient synonymes de violence, la chose qu'il détestait le plus au monde. Son père avait fait de lui un guerrier divin, il lui avait enseigné à combattre pour ce qu'il croyait juste mais un jour l'image qu'il se faisait de cet homme s'était teintée de sang. Il ne pouvait le nier : après l'avoir tué il s'était senti soulagé et jusqu'au jour où il avait rencontré Andromède et Phénix il n'avait plus ressenti de scrupules au combat. Et pourtant il avait été vaincu ! Pourquoi ? Parce qu'il ne croyait pas en un monde plus juste ? Non s'il avait été vaincu c'était parce qu'au moment de frapper son adversaire le fantôme de Volkel lui était apparu et il avait été incapable de frapper son ennemi sans hésitation. Et maintenant il allait mourir pour la même raison : parce qu'il n'arrivait pas à tuer les fantômes qui habitaient son esprit ! Non cela ne se pouvait ! Il ne pouvait mourir pour rejoindre un homme qui était déjà mort ! A ce moment Mime se ressaisit. Il envisagea son adversaire avec toute la haine dont il était capable mais à cette haine se mêlait aussi sa tristesse de devoir tuer Volkel. Il intensifia son cosmos et sa puissance n'avait jamais été aussi grande. - Prends-ça Ran ! Par les Rayons de Lumière ! Pardonne-moi père mais tu dois mourir ! Les rayons de lumière percèrent le filet de Ran comme du beurre, trop surprise pour réagir elle reçut tous les coups de Mime et fut littéralement transpercée par son attaque. Elle tomba en arrière et à cet instant elle reprit l'apparence de Volkel. Mime se précipita vers son père. - Papa ! Volkel ouvrit les yeux. - Non ne pleure pas Mime je t'en prie. Les guerriers divins sont les guerriers les plus redoutables d'Asgard, ils ne doivent pas pleurer. - Père pardonne-moi. - Tu as fait ce que tu devais. Mime tu es devenu le guerrier divin que j'espérais. Je… Je n'ai plus aucun regret. Je suis fier de toi mon fils. Volkel ferma alors les yeux, un sourire passa sur ses lèvres. - C'est agréable, agréable de mourir dans les bras de son fils. Mime sentit son corps se refroidir. - Père on venait juste de se retrouver ! Volkel reprit l'apparence de Ran la ravisseuse. Un bruit de pas. Un homme qui sort de l'ombre. - Seigneur Hypnos ! - Oui je sais Mime j'ai assisté à la dernière phase de ton combat. Mime se ramassa sur lui-même, il avait honte de ses larmes. - Je dois te féliciter Mime : tu as eu le courage de briser la fibre sentimentale qui t'empêchait de porter la main sur ton père. - Comment ? - Ne te méprends pas sur le sens de mes paroles. En tuant Volkel en dépit de tes sentiments tu as accompli un acte d'amour et ce faisant tu as gravé le cœur de ton père dans le tien. Mime, aujourd'hui tu as découvert la vraie tristesse, celle qui vient de la mort d'un parent et sans le savoir tu t'es encore un peu plus approché de l'ultime cosmos. - L'ultime cosmos ? - Si tu rencontres sa majesté tu comprendras le sens de mes paroles car lui aussi a le cœur teinté de larmes. Mais avant de rejoindre Asgard rends hommage à la mémoire de Ran car sans elle tu n'aurais pas pu revoir ton père. - C'est juste. Hypnos s'éloigna pendant que Mime rendait hommage à la mémoire de Ran. Celui-ci le rejoignit bientôt. Hypnos ne fit aucun geste pour le réconforter mais après avoir récupéré les corps des guerriers divins il lui adressa la parole. - Viens Mime il est temps de quitter ce lieu maudit pour rejoindre sa majesté Hadès. - Mais les sirènes et Aegir ? Hypnos ne se détourna pas. - S'ils se réveillaient maintenant leur douleur serait trop vive, je vais donc leur offrir le sommeil. La mer se referma sur le passage d'Hypnos et Mime portant sur leurs dos les guerriers divins mais avant de partir Hypnos joignit ses mains et murmura : " Eternal Drowsiness " Et alors que toute la mer plongeait dans le sommeil deux guerriers et leurs compagnons inanimés s'envolèrent pour Asgard. |