Chapitre 12 : Alter ego


Le panorama s'offrant à moi n'était pas un spectacle des plus réjouissants, bien au contraire : le sol aride s'étendait à perte de vue autour de moi, exempt de toute trace de vie. Ni végétation ni âme qui vive ne semblaient peupler ce lieu dont l'atmosphère brûlante pénétrait mes pores et mes poumons, m'étouffant à petit feu. Ce lieu ressemblait véritablement à l'enfer : de fins ruisseaux de lave suintaient des craquelures du sol, prenant leur source au sein même des torrents de magma qui s'écoulaient d'un volcan que j'apercevais au loin. Les émanations toxiques étaient telles qu'il m'était quasiment impossible de discerner la hauteur exacte du cratère. Le ciel, habituellement azur entaché de blancs nuages, semblait refléter l'infertilité du sol et des plaines rougeoyantes : une teinte pourpre, parsemée d'un noir obscur faisant naître une impression de malaise diffus. C'était comme si mon propre corps se trouvait écrasé entre cette terre inhospitalière et l'éther oppressant qui me menaçait… Mais où donc avais-je été envoyé par Rhéa ?

" Ton épreuve sera double, privilège que je vous accorde puisque le temps vous manque et que je devine la justesse de votre cause. Il est temps à présent de rattraper le passé, avant que ce dernier ne vous rattrape : que ce qu'ils ont vécu soit à présent votre expérience… "

Sur ses sibyllines paroles l'image de ses yeux s'estompa de l'horizon, me laissant seul avec moi-même, sur cette terre dévastée, étrangère, singulière, et inquiétante. Je ne savais pas du tout ce qui m'attendait, et en vérité les mots ne sauraient retranscrire la crainte enfouie en moi qui, peu à peu, gagnait de l'emprise sur mon être. Oh oui j'avais peur ! Une peur diffuse et insidieuse, me prenant à revers et me faisant ressentir de véritables frissons, malgré la chaleur ambiante…

Alors qu'en partant du Sanctuaire j'étais confiant et plein d'espoir, je me sentais à présent ridiculement insignifiant, conscient qu'au bout du compte j'avais beau eu m'entraîner avec l'élite de la chevalerie, en l'occurrence Aldébaran du Taureau, jamais je n'arriverai ne serait-ce qu'à la moitié de ce que Seiya ou ses frères étaient capables d'accomplir. J'avais la volonté, j'avais pu, à quelques occasions, entrapercevoir l'ultime cosmos, mais si rarement que j'étais incapable de maîtriser le fameux septième sens. Après tout je n'étais qu'un Chevalier fait de bronze… Sauf que maintenant l'enjeu n'était plus factice : nous étions réellement en guerre, face à des épreuves qui nous étaient imposées pour retrouver Athéna. Cela ajoutait tant à mes craintes : un échec, un seul, et cela signifierait sa fin.. J'avais tant à me faire pardonner ! Ma destinée était de briller, de faire en sorte que la constellation de la Grande Ourse, l'une des plus scintillantes de la voûte céleste, partage son éclat avec mon être, pour qu'enfin nous ne fassions plus qu'un elle et moi. Mais pour cela j'allais devoir me battre. La souffrance que j'avais endurée ces dernières années, ces deux derniers mois plus particulièrement, ne serait rien face à ce qui m'attendait. L'atmosphère environnant ne pouvait que me conforter dans cette idée.

Soudain, comme pour me sortir de toutes ces moroses pensées, un jet de lave gicla sur mon avant bras, heureusement protégé par mon armure. Un sourire se dessina inconsciemment sur mon visage.

- C'est pas gagné d'avance si je commence ma quête en broyant du noir ! dis-je à haute voix en envoyant valser une pierre du bout de mon pied.

Je continuais à avancer en direction du volcan, comme si quelque chose là-bas m'attirait, poussé en cela par mon instinct. Un craquement survint brusquement derrière moi, sec, net, comme si un animal avait marché sur une planche et l'avait brisée. Me retournant vivement je ne vis rien d'autre que cette étendue rougeoyante et désolée qu'offrait cette île monstrueuse, berceau de toutes les tares atmosphériques. La mer, au loin, laissait entendre les vagues s'écrasant violemment contre les récifs mortels pour quiconque tenterait une approche. C'était comme si ce bruit de craquelure n'avait jamais eu lieu… Non, impossible ! Je n'avais pourtant pas rêvé, pas dans mon état d'alerte ! J'avais la chair de poule et tous mes sens étaient aux aguets. Là !

Me baissant, je ne pus qu'éviter de justesse un rayon de cosmos qui passa à quelques millimètres de ma tempe, coup dont le but clairement avoué était de me plonger dans l'inconscience, la mort peut-être même… Pourtant j'avais beau regarder alentour, je ne distinguais strictement rien. Alors qu'à des mètres à la rondes ne se dressaient ni rocher ni végétation, pas même un fossé empli d'autre chose que de lave incandescente, je n'arrivais à discerner de visu aucune présence tangible. Qui pouvait donc être expert à ce point pour arborer un masque d'invisibilité parfaite en un lieu dénué de tout abri ? Un être infernal, à l'image de ces lieux sordides…

- Mon… montre toi, qui que tu sois !

Un coup d'une puissance prodigieuse me fut alors asséné au bas du dos, me projetant au sol et me faisant glisser sur plusieurs mètres, la tête enfoncée à même le sol brûlant. Heureusement que ma protection avait encaissé presque tout le choc sinon je ne sais pas si j'aurais eu la force de me relever. Debout à nouveau, je me dirigeai vers l'endroit d'où, me semblait-il, avait émané le coup. Mais toujours personne en vue… Comment allais-je pouvoir avancer, ou même espérer me battre avec mon adversaire, si celui-ci refusait de se montrer à moi ?! J'avais beau me concentrer, je ne parvenais à déceler une once de cosmos. La peur au ventre, je me mis alors à courir en direction du volcan, espérant que ces éclats soudain de cosmos qui avaient stoppé mon chemin ne fussent qu'éphémères et illusoires.

- Ahahahahah !

Ce rire, ce rire tonitruant et moqueur ! Je n'avais pas rêvé ! Décidément, quelqu'un se jouait de moi et il était temps que ce petit jeu cesse enfin.

- Qu'est-ce qui te fait tant rire ? Vas-tu enfin te montrer ou faut-il que je te démasque ?!
- Pff, vulgaire bronze, crois-tu vraiment être de taille face à moi ? Regarde seulement comme tu trembles !

Et il avait raison… Dans un effort surhumain je parvins à me calmer enfin… quand un coup d'une étonnante rapidité et d'une puissance phénoménale me souleva du sol. Instantanément une puissante douleur vrilla mes abdominaux. Quelques secondes passèrent avant que je ne retombe lourdement au sol, pour mon plus grand mal… Ventre à terre, crachant un peu de sang, je constatais que j'avais dû perdre mon casque durant l'assaut. Je réouvrais peu à peu les yeux, la vue troublée de par le sang s'écoulant de mon arcade. D'imposantes jambes se tenaient devant moi. Remontant alors mon regard le long de celles-ci je vis… Non ! Ce fut comme si un éclair passait à la vitesse de la lumière dans mes pensées embrumées. Cette stature, cette armure, ce rire, et cet arcane si destructeur. Impossible ! Tout avait cependant été fait pour que je devine, mais pas une fois l'idée ne m'avait traversé l'esprit.

Soudain ses deux mains jointes s'abattirent sur ma tête, me plongeant dans l'inconscience… Impossible ! J'avais déjà échoué. Ce fut comme si une montagne s'écroulait sur moi, m'enfonçant en terre et creusant ma propre tombe. Mes frères, Athéna !!

Et c'est ainsi que Geki, le Chevalier de la Grande Ourse, s'effondra au sol devant son ennemi hilare.

- Minable ! Et dire que tu portes une armure sacrée, c'est pathétique.

Sur ces derniers mots il le prit sur ses épaules et l'emmena en direction du cratère fumant.

*
* *

- Arg… Ma tête… Où suis-je…
- Geki ! Réveille-toi !
- Hein, qui…
- C'est moi Ban ! Réveille-toi bon sang. Tu as déjà assez dormi !
- He ho ça va, t'appelles ça dormir toi ? lui asséna sarcastiquement le Chevalier de la Grande Ourse, remuant les chaînes qui entravaient ses poignets et ses chevilles, le maintenant fermement lié au mur.
- Bon ça va, nous sommes tous deux logés à la même enseigne je te signale.

Geki se décida alors enfin à ouvrir les yeux.

- Mais… Par Athéna, qu'est-ce qui t'est arrivé ? C'est… C'est affreux. Réponds-moi ! Que s'est-il passé ?

Ban baissa le regard, honteux.

- Rien, ça n'est rien de grave je t'assure…
- Tu te fous de moi ? Tu as vu dans quel état tu es ?! Et cette blessure béante que tu portes en travers de la poitrine ?
- Il… il m'est arrivé un truc étrange…

*
* *

Quelques heures plus tôt

- Comptes-tu me dire ce que tu espères faire face à quelqu'un de ma trempe ?
- Me battre tout simplement !

Le jeune Chevalier du Lionnet se dressait de toute sa stature face à son adversaire, un homme à l'armure noire de jais. Ce dernier avait à peu près la même taille que Ban, la vingtaine passée. Une cicatrice profonde lui barrait la joue, et son regard… Dans ses yeux se lisait la sauvagerie, la haine même peut-être. La moindre des constatations étant que cet homme n'avait absolument rien de rassurant.

- Tu comptes te battre ? Pff ! Pathétique. Voyons si tes actes sont à la hauteur de tes paroles. Après tout, la vermine est connue pour être coriace !

Ban, tout de même impressionné par le charisme de son adversaire et son apparente confiance, s'efforçait de contenir en lui la crainte de ce premier affrontement. Décidant qu'il ne fallait pas s'attarder, il concentra son cosmos en lui et se projeta par le haut en direction de son adversaire.

- Goûte au Sursaut du Lionnet ! Lionnet Bomber !

Le Leo Minor Saint se détendit alors, jambes en avant, dans l'espoir de terrasser son vis-à-vis décidément trop sûr de lui. Ce dernier ne bougea pas d'un pouce. C'en était fait de lui, il était en plein dans sa trajectoire, il allait encaisser le coup dans toute sa puissance ! Quand brusquement Ban vit une aura d'un noir profond entourer son adversaire et constata, impuissant, l'inefficacité de sa technique.

Le temps semblait s'être suspendu. Le Lionnet était redescendu des cieux et demeurait immobilisé en équilibre, pieds en avant, contre la protection d'avant-bras du mystérieux chevalier. Dans la cosmoénergie de ce dernier s'agitaient des éclairs lumineux contrastant singulièrement avec la profondeur ténébreuse de sa teinte cosmique. Un sourire macabre éclairait le visage de l'inconnu.

- Tu as bien eu raison d'appeler cette technique sursaut, car elle n'est rien de plus qu'éphémère et dérisoire ! Ta puissance n'a vraiment pas de quoi m'inquiéter jeune présomptueux.. Tu me fais vraiment pitié !

Faisant un saut arrière pour se rétablir sur le sol, Ban regardait, incrédule, cet être à l'ego démesuré. Alors qu'il avait déchaîné toute sa puissance dans cette attaque, il n'avait infligé à son adversaire aucune blessure. Qu'il y survive, il pouvait encore le concevoir, mais s'en sortir indemne, c'était inconcevable ! Tout cela lui avait fait perdre l'assurance qu'il affichait à leur rencontre : son moral était très diminué et il se demandait comment il arriverait à vaincre un être dont la puissance dépassait largement la sienne. Et c'est en ce moment de doute qu'il repensa aux cours que lui avait prodigué Shura, lui disant que la force est en chaque être humain et qu'il suffisait de la puiser au plus profond de soi, d'exploser son cosmos à son paroxysme, dans l'espoir d'atteindre l'ultime cosmos.

- Ma puissance ?

Ainsi héla-t-il son ennemi :

- As-tu jamais ressenti la véritable énergie en toi ?

En cet instant Ban fit exploser sa force. Des vagues successives épousant la parfaite harmonie de son cosmos, orangé comme la teinte terreuse de cette île maléfique, se déroulaient délicatement à ses pieds. Lentement, son agresseur se dirigea alors vers lui.

- Laisse-moi rire ! Comment oses-tu douter du fait que la véritable puissance est mienne ? Tu blasphèmes et, dès lors, tu subiras cette force indéniable et impérieuse : celle du lion ! Le roi des animaux va montrer à son inférieur la différence entre ses pouvoirs et ceux du jeune lionnet trop sûr de lui.

Sur ces derniers mots Ban s'arrêta net. Ses yeux s'écarquillèrent et son cosmos pâlit : il sembla comme paralysé.

Q... quoi ? Le lion ? Non ! Comment ai-je fait pour ne pas le remarquer avant… Je n'ai aucune chance face à lui, lui qui contrôle la force. Et pourtant, cette cicatrice, tout porte à croire que… Impossible !

- Je te connais ! Maintenant je sais, tu es…
- Stop, n'en dis pas plus, je ne le supporterai pas ! Goûte à la morsure de Némée : Nemeus Bloody Grip !

Un imposant lion spectral aux yeux rouges menaçants et à la pelure noire d'ébène surgit alors du sombre cosmos de l'homme à la cicatrice. Gueule ouverte, crocs sanglants et griffes en avant, il se précipita à la vitesse de la lumière sur le novice Chevalier du Lionnet, déchiré par tant de puissance. Pas une seule pensée ne lui vint en tête, la peur seule dictait à son esprit. L'arcane destructeur du mystérieux guerrier ne lui laissa pas le temps d'imaginer quoi que ce soit, si ce n'était l'issue fatale de cet affrontement. Son corps retomba lourdement au sol, une trace profonde de griffure sur tout le torse, le liquide pourpre source de vie s'en échappant déjà. Pourtant son plastron l'avait efficacement protégé au niveau du cœur. Et même si son armure était maintenant quasiment brisée en cet endroit, Ban vivait toujours, inconscient toutefois.

Le mystérieux combattant enleva son casque et sourit, heureux de sa victoire. S'approchant du corps inanimé, il le saisit par le col et le souleva, de telle sorte que son visage soit à hauteur de celui de Ban.

- Tu te pensais capable de rivaliser avec moi, pourtant je t'avais prévenu. Tu es semblable à la vermine, Chevalier d'Athéna.

Sur ces quelques mots il lui cracha au visage et le projeta au sol, le casque du misérable Lionnet tombant de sa tête. Tournant le dos pour s'en aller, le vainqueur fit quelques pas quand, soudain, une brusque inspiration le fit revenir en arrière.

- Tout compte fait, je ne vais peut-être pas te laisser agoniser ici. Autant que je me délecte de ta souffrance ! Je pourrais même y contribuer encore… Hinhinhin !

En cet instant un éclat machiavélique se lisait dans son regard de fou. Il saisit Ban par les cheveux et le traîna au loin, en direction d'une grotte à flanc du volcan.

*
* *

- Voilà, maintenant tu sais tout mon ami.

Geki restait là, suspendu à ses chaînes, regardant son compagnon d'armes d'un air incrédule.

- Crois-tu que nous…
- Il le faut Geki, il le faut. Quelle que soit notre épreuve, il nous faudra irrémédiablement affronter à nouveau ces monstres.

L'Ursa Major Saint baissa alors la tête. Des larmes glissèrent le long de ses joues et allèrent s'écraser contre la terre rouge de la grotte. Il fixa alors Ban, les yeux emplis de tristesse.

- Crois-tu qu'elle en vaille la peine ?
- Tu mériterais que je t'exécute sur-le-champ pour tes paroles. C'est grâce à Athéna que nous sommes là ! Sans elle l'Humanité aurait déjà disparue depuis bien longtemps sous l'oppression d'autres divinités.
- Tu as raison… Mais quand je vois tes blessures, j'ai peur, pas pour moi, mais pour toi, pour les autres : peur que l'un d'entre nous ne revienne pas. Excuse-moi…
- Ne t'excuse pas. Que crois-tu ? Que je n'ai pas peur peut-être ? Oh si j'ai peur ! Depuis le début en fait. Et si je supporte mes blessures sans mot dire, c'est justement pour toi et les autres. Je ne peux pas mourir. Ma vie ne m'appartient plus. Elle ne m'a jamais appartenu en fait, et cela je n'en ai pris conscience que récemment…
- Que veux-tu dire ?
- N'as-tu pas encore compris que notre destin s'est vu scellé le jour où nous avons revêtu pour la première fois nos armures sacrées ? Seiya, Hyoga, Shiryu, tous sans exception ont enduré les mêmes souffrances que nous, plus encore même. Ils ont accepté leur destin bien avant nous et c'est probablement ça qui les a aidés à vaincre. Notre cause n'est pas personnelle, c'est pour ça que nous avions perdu lors du tournoi intergalactique : nous nous battions par égoïsme. En ce jour maudit d'Athéna nous nous battons pour un idéal altruiste, en ne pensant plus à nous, mais aux autres. Ne prends plus ça comme une faiblesse, là est notre force !

Geki fit un sourire à son frère, qui le lui rendit. Puis le silence de l'instant fut rompu.

- Clap ! Clap ! Clap ! Que de belles paroles, quel émouvant moment. Pour un peu moi aussi j'en pleurerai.

Puis son rire, horrible et sadique, transperçant les tympans et écœurant, éclata. Les deux Chevaliers enchaînés tournèrent la tête vers l'auteur de ce rire.

- Et tu trouves ça drôle ? Notre idéal saura nous guider et nous conduire vers la victoire ! lui asséna Ban d'une voix pleine de confiance, en un regard haineux.
- C'est amusant mais je me demande si en plus d'être faible tu ne serais pas aussi stupide. Regarde-toi pauvre crétin, tu es blessé et enchaîné, l'atmosphère de cette île t'affaiblit, et tu oses encore parler de victoire ! Dommage que tes jours soient comptés, une grande carrière de comique aurait pu t'attendre ! Hinhinhin
- Cesse tes moqueries et détache-moi, que je prenne ma revanche sur toi !!!
- Pour qui te prends-tu pour oser me donner ainsi des ordres ?!

Son regard venimeux empli de rage se dirigea, tout comme ses pas, vers le pauvre Saint de bronze qui reçut un magistral revers de gifle au visage. Malgré tout Ban ne baissait pas les yeux et continuait de défier l'auteur de ses profondes blessures.

- Et si je m'en prenais à lui, peut-être cela t'enlèverait un peu de ta superbe. Qu'en penses-tu ? menaça le geôlier en montrant Geki du doigt.
- Jamais ! Laisse-le en paix ! Ce n'est pas lui ton adversaire ! Il ne l'a jamais été !
- Qu'importe ! Toi, lui : pour moi vous êtes les mêmes : deux êtres qui ne vont pas tarder à succomber à mes tortures.
- Monstre !
- Je vois que tu ignores les plaisirs que procure une torture administrée des mains d'un expert. Hinhinhin ! Grâce à moi tu vas assister à ce spectacle unique. Tu pourras goûter à chacun des cris de ton ami. Tu verras à quel point s'amuser des douleurs d'autrui est jouissif. Douleur, cris, sang, tout ça n'est que pur délice pour celui qui sait les apprécier à leur juste valeur.
- Psychopathe !
- Tu apprendras à aimer ! Je te le garantis. Et quand son tour sera fini, le tien viendra. Ne dit-on pas que plus l'attente est longue plus le plaisir est grand ? Hinhin. Les visiteurs sont si peu nombreux sur l'Ile de la Reine Morte que j'en avais presque oublié toutes ces joies simples.
- Death Queen Island ? répétèrent de concert Ban et Geki.
- Où croyiez-vous que vous vous trouviez en atterrissant ici ? Il n'y a qu'un seul enfer sur Terre, et ce lieu, vous vous y trouvez. Je me fais d'ailleurs une joie d'être votre hôte !

Un sourire malsain éclaira alors son visage tandis qu'il s'approchait du Chevalier de la Grande Ourse.

- Bon, maintenant qu'on a bien rigolé les gars, il est temps de passer à l'action. Que le spectacle commence ! dit-il en faisant un clin d'œil à Ban.
- Je te jure que si tu touches à un seul de ses cheveux, tu le paieras, et de ta vie ! Non ! Nooooooooooooon !!

Les hurlements d'un homme, suivis des cris d'un ami, révolté…

Geki se tordait de douleur, les larmes aux yeux. Un doigt était enfoncé à hauteur de son appendice, et son propriétaire se faisait une joie de l'enfoncer, bien doucement, en le tournant légèrement à chaque millimètre gagné dans la chair. Puis il le retira, d'un coup sec.

- Qui es-tu, monstre, pour faire de telles choses ? Je pensais connaître ton identité, mais je me suis trompé ! Jamais celui auquel je pensais ne serait capable de ça.

Le guerrier se retourna alors furieusement, venant empoigner la tête de Ban par le menton.

- Qui ça lui ? Tu parles de ma copie ? De ce vulgaire Chevalier tellement peureux qu'il n'a jamais voulu venir m'affronter en personne ! Pff, si tu savais à quel point je le hais ! Sans même le connaître je le hais, pour être placé sous la même constellation que la mienne et me prendre ma lumière !
- Ta lumière ?! Quelle lumière ? Ton âme et ton cœur sont aussi noirs que l'armure qui est tienne ! Alors qu'Aiolia est noble et valeureux, tu n'es qu'un vulgaire assassin brutal et sanguinaire, Chevalier Noir du Lion !
- Ainsi tu savais ? Tu savais qui j'étais ?!
- Nos frères vous ont déjà affronté par le passé. Le Phœnix avait pourtant mis fin au règne des Chevaliers noirs, c'est pour ça que je ne voulais d'abord pas y croire.
- Mets-toi juste dans le crâne que l'Ile de la Reine Morte est immense : on ne compte pas les grottes et galeries souterraines qui la parsèment. Nombreuses sont les armures déchues à être dissimulées sur ses terres brûlantes, et la récente éruption en a fait ressurgir certaines qui étaient jusqu'alors cachées profondément sous des tonnes de magma. Il me faudrait penser à remercier cet Ikki si j'y pense un jour. Hinhinhin !
- Tu ne rirais pas si tu le croisais sur ton chemin sois en sûr.
- Pfff, que ferait cet Ikki contre moi, Nemos, Chevalier Noir du Lion ? Grâce à cette armure qui est mienne, je suis invincible, ce qui n'est pas votre cas, comme tu peux le constater sur ton ami.

En effet, un épais filet de sang s'écoulait de la plaie profonde que venait d'infliger Nemos au protégé de la Grande Ourse. La scène avait vraiment quelque chose d'irréel.

Une grotte taillée à flanc de volcan, une atmosphère suffocante, deux Chevaliers d'Athéna blessés enchaînés aux parois. Entre les deux, Nemos, Chevalier Noir du Lion, prêt à recommencer ses tortures sur le colosse qu'était Geki. Le contraste était saisissant : autant Geki était immense par la taille, autant sa douleur et la lueur dans ses yeux le faisaient ressembler à un jeune enfant impuissant face à la cruauté des adultes.

- Tu vas bientôt arrêter de chialer! hurla le bourreau à sa victime tout en lui envoyant un rayon de cosmos qui traversa sa cuisse, le faisant hurler de douleur.

Ban, ne supportant plus ce spectacle immonde, se concentra afin de sentir l'univers en lui, de ressentir le cosmos embraser son corps et d'enfin briser les chaînes qui le maintenaient impuissant, spectateur affligé des tortures infligées à son frère qu'il aimait tant.
Tout d'abord Nemos ne perçut rien, trop occupé dans son sadisme à lécher le sang qui s'écoulait de la blessure profonde infligée au Saint à l'armure bleue nuit. Soudain la paroi de la grotte explosa derrière lui, projetant des éclats de roche qui le firent aussitôt se retourner. Ce qu'il vit l'étonna au plus haut point : Ban était là, revêtu de son habit blanc et de sa Lionnet Cloth, flamboyant de tout son cosmos, son animal protecteur étant clairement visible en son aura.

- Ainsi chien, tu t'es libéré de tes entraves ! Tu ne préfères donc pas patiemment attendre la fin ? A moins que ce soit le fait que je m'occupe de ton ami plutôt que toi qui te dérange ?

Ban jeta un regard en direction de son compagnon. Geki semblait avoir sombré dans une totale apathie, étant retenu dans sa chute uniquement par ses chaînes, sans lesquelles il serait déjà été en train de gésir au sol.

- Tant qu'une étincelle de vie brûlera encore en moi, jamais plus tu ne toucheras à lui ! Tu m'entends ?!

Jamais auparavant le Chevalier du Lionnet n'avait éprouvé autant de haine envers quiconque. En aucun cas sa volonté d'anéantir un être n'avait été plus pure que celle de trancher le fil de vie qui maintenait Nemos sur cette Terre.

- Tu as osé lui faire du mal, faire couler son sang, sciemment ! Et tu y as même pris du plaisir ! Je te hais, je t'abhorre, tu es le mal et représentes absolument tout ce contre quoi Athéna et ses Chevaliers se battent. Je n'ose imaginer tous les maux de ceux qui ont souffert par ta faute. Pour mon ami, pour toutes ces âmes damnées par ta faute, pour tout ceux-là, je jure que les dernières gerbes de sang que tu verras couler au sol seront les tiennes.

En même temps qu'il énonçait ses paroles, son cosmos croissait d'une manière phénoménale pour un Chevalier de bronze. Tous ses sentiments, toutes ses émotions, ses frustrations passées, tout cela formait un maelström d'énergie détonante qui emplissait la caverne et commençait à donner des sueurs froides au Black Saint.

- Comment ? Comment est-ce possible ? Il y a quelques minutes encore tu n'étais qu'un Chevalier de basse extraction, à peine capable de rivaliser avec un garde noir. Et maintenant…
- Et maintenant le Lionnet montre sa rage et prend de l'ampleur ! Nous allons voir si ton horrible rire emplira encore ces lieux dans quelques instants !

La peur désormais se lisait clairement dans les yeux exorbités de Nemos. Néanmoins il ne s'avouait pas vaincu pour autant, loin de là. Son cosmos obscur strié d'éclairs prenait lui aussi de l'ampleur autour de son corps. Les deux guerriers se faisaient maintenant face. Dos au mur, au fond de la grotte, se trouvait un Chevalier de l'Espoir, représentant la lumière dans ce monde, derrière lequel transparaissait un félin au pelage orangé et à la crinière sombre, prêt à bondir. Face à lui, à l'entrée de la grotte, se tenait un Chevalier renégat, obscure force pervertissant ce monde, un majestueux lion noir aux yeux rouges, toutes griffes en avant, illustrant son aura ténébreuse. Leurs cosmoénergies se défiaient et l'atmosphère déjà si lourde et étouffante était chargée d'une quantité colossale d'énergie. Rien n'existait plus autour d'eux. La seule pensée qui animait encore leurs esprits était la totale annihilation de l'autre. Quand enfin le Chevalier Noir passa à l'attaque :

- Péris pour ton impertinence ! Nemeus Bloody Grip !

Ainsi le temps parut se suspendre. Tout se passa comme au ralenti. Ban courut alors en direction de son adversaire, le lion noir s'élançant vers lui, gueule béante. Le Petit Lion lança à son tour son arcane majeur :

- A présent voyons quel lion se fera dévorer le premier ! Lionnet Bomber !

Toutes griffes dehors, les deux illusions félines se fonçaient dessus à une vitesse optimale. Enfin la rencontre se fit, brutale, violente. Le lion noir arriva à hauteur du lion ocre et lui asséna un coup de griffes en direction de la jugulaire. Le lionnet tourna instinctivement la tête et attrapa dans sa mâchoire la puissante patte, avant de la lâcher et de reculer de quelques mètres en un majestueux saut arrière. Puis se rétablissant gracieusement, il fit exploser toute sa puissance dans ses pattes arrières et, d'une détente fulgurante, fonça vers son ennemi. Il demeurait gueule ouverte toutes griffes dehors pour enfin voir le sang du lion noir se répandre et maculer le sol. A ce moment là les jambes de Ban arrivèrent à hauteur du plastron de Nemos et, illuminées de cosmos orangé, transpercèrent la protection du Lion Noir pour atteindre son corps dans une gerbe de sang.

Le guerrier à la sombre aura se pencha alors en avant, posa main au sol et cracha un peu de sang. Il se releva, la main droite apposée à l'endroit où son plastron avait été détruit, et regarda Ban avec des yeux hallucinés. Ce dernier prit alors la parole :

- Je savais bien que, mis à part son apparence, ta protection n'a rien de semblable à celle du Lion Saint. En réalité ce n'est qu'un vulgaire ersatz que tu portes sur tes épaules. Je me demande même si ma propre armure de Bronze n'est pas dix fois plus résistante que la tienne.
- Pff, comment oses-tu comparer ma protection à la tienne ? Vois ce qui fait la différence entre toi et moi !

Concentrant son cosmos dans ses mains, à l'endroit même où son plastron avait volé en éclats, Ban assista incrédule à la reconstitution de l'armure.

- Ainsi donc constate que les armures d'Athéna ne sont pas les seules à détenir des pouvoirs. L'armure noire du Lion est virtuellement indestructible ! hinhinhin ! Elle se régénérera automatiquement à la moindre fissure.
- Tu mens ! Seule l'armure du Phœnix est capable de telles prouesses !
- Elle ne vaut rien à côté de la mienne ! Comment crois-tu que l'armure du Lion a pu survivre si longtemps dans les magmas brûlants de notre île ? Si ce n'est en développant des facultés d'adaptation hors normes.
- Peut-être, mais connais-tu seulement la différence qui sépare une Cloth sacrée d'une black Cloth ? Nos armures sont vivantes, alors que les vôtres ne sont que métal mort !
- Il faut croire que la mienne échappe à cette règle alors. C'est le sang que je fais couler qui nourrit mon armure et la fortifie, c'est lui qui nous rend invincibles.
- Foutaises ! Même si je dois y laisser la vie, c'est sur l'autel de la justice que je te sacrifierai, t'emportant avec moi !

Ban se jeta alors sur son adversaire, dans un échange de coups, de feintes, d'esquives et de blocages. Rien d'autres que des éclats de lumière ne transparaissaient aux yeux d'un homme non averti. Pourtant, en quelques secondes, des milliers de coups avaient été donnés. S'écartant instinctivement l'un de l'autre, ils s'observèrent à nouveau en silence. Quand le Lionnet Saint cracha du sang… L'essuyant d'un revers de main il constata, dépité, que son adversaire ne souffrait d'aucune blessure suite à cet assaut. Son armure le recouvrait presque intégralement et si tant est qu'il arrive à l'entamer partiellement, cette dernière se reconstituait invariablement.

Comment, comment puis-je faire pour mettre fin à ce combat ? Je frôle une vitesse proche de la lumière mais pourtant mes coups ne semblent pas être assez puissants pour véritablement détruire son armure. Et même là elle se reconstituerait… Je ne pourrai pas continuer comme cela longtemps, d'ici peu mes forces m'abandonneront et je serai alors à sa merci. Je dois rapidement trouver un moyen de le vaincre. De toute façon je n'ai pas le choix, je ne peux pas perdre, pour Athéna, pour Geki…

- Nemeus Bloody Grip !

Le Lionnet fut projeté à plusieurs mètres, happé par la force du Lion de Némée, par son étreinte sanglante et létale. Ses os craquèrent sous l'impact et son poignet se brisa lorsqu'il tenta, non sans mal, de se rétablir au sol. Il resta allongé ainsi, alors que Nemos s'approcha, lentement, pas à pas. Puis il rit devant le corps meurtri du Bronze Saint.

- Hinhinhin, je ne sais pas ce qui vous a amené sur cette île, mais vous auriez mieux fait de rester dans votre Sanctuaire toi et ton ami.

Dès lors roua-t-il le pauvre guerrier de coups de pieds, sans relâche, laissant Ban se tenir douloureusement le ventre. Le Black Saint s'apprêtait à l'achever, levant son pied à hauteur du visage, pour en finir une bonne fois pour toutes.

- Crève ! Yaaaaaah !

Un cosmos illumina soudain les lieux. Nemos était là, tentant d'abaisser son pied pour en finir enfin. Pourtant, il ne le pouvait pas. Ban, ensanglanté, aux frontières de la mort, concentrait sa force dans ses mains et bloquait le pied de son bourreau. Il fit brutalement exploser sa cosmoénergie et repoussa le Lion Noir, qui se réceptionna au sol quelques mètres plus loin.

- Tu es pire que la mauvaise herbe à ce que je vois, tu ne crèveras donc jamais ?! dit-il avec un rictus mauvais.
- Je te l'ai dit, je n'en ai pas le droit !

Le corps de Ban était ensanglanté, son armure en lambeaux, des bleus épars parsemaient son corps gravement meurtri, et nombre de ses os étaient brisés. A ses pieds, une large flaque écarlate s'agrandissait de plus en plus, signe qu'il n'en avait probablement plus pour longtemps. Pourtant le Saint d'Athéna ne ressentait plus la douleur ; ses yeux semblaient vides, une seule lueur y brillant encore : la volonté. Volonté de sauver Geki enchaîné des tortures de son bourreau. Volonté de lui laisser la voie libre pour venir à bout de leur épreuve. Volonté de remporter ce combat pour défendre enfin les valeurs véhiculées par Athéna, déesse de Justice.

Ecartant les bras, ancrant ses jambes bien solidement au sol, il semblait puiser ses forces au sein même de la terre. Pourtant c'était bien en lui qu'il invoquait toute la grandeur de son cosmos, faisant exploser toute la puissance qu'il était encore capable de requérir. Son corps était brisé, son armure en miettes, ses sens meurtris, mais son cosmos brillait, comme jamais encore il n'avait brillé, en totale harmonie avec sa constellation. Comme ils seraient fiers alors, comme ils seraient fiers ses frères face à qui il se sentait si insignifiant avant. En cet instant plus rien en lui ne rappelait celui qui s'était fait battre par Jabu au tournoi intergalactique. A présent il était le lion majestueux, et non plus le lionceau apeuré.

Nemos quant à lui n'avait pas attendu, il était déjà sur Ban à le ruer de coups, mais ce dernier continuait à se concentrer, faisant fi de la douleur, ignorant les coups qu'on lui administrait ! Puis d'un coup, sec et net, le jeune Saint enfonça son poing dans le ventre de son vis-à-vis, pénétrant sa protection et s'enfonçant dans la chair, jusqu'au sang. Le regard de Nemos changea alors du tout au tout, à la fois étonné et apeuré. Retirant son poing ensanglanté, le Lionnet administra un coup de pied latéral à hauteur de la hanche de son adversaire, ce qui eut pour effet de l'envoyer s'écraser contre le sol rugueux de cette île berceau de tant de morts déjà.

- Pourquoi ? Pourquoi tant de haine dans ta vie ?
- Parce que sur cette île c'est le seul moyen de survivre. Ici les hommes montrent leur vrai visage : celui de la cruauté et de la brutalité. Seuls les plus forts peuvent survivre : les faibles immanquablement meurent.
- Et tout le plaisir que tu y prends ?!
- Sache que les distraction ici sont inexistantes, il me faut bien m'amuser parfois !

Un sourire mauvais se dessina alors sur son visage, déformant la cicatrice gravée sur sa joue.

- Tu ne comprendras donc jamais la valeur des êtres humains et la chaleur des sentiments ! Je ne peux plus rien pour toi, je suis désolé…

Le Lion Black Saint se tenait au ventre, sa Cloth se reconstituant par petits morceaux, dans un enchevêtrement incroyable et hypnotisant. Malgré tout Ban n'y prêta attention, car il était au bord de l'inconscience. Son cosmos orangé brûlant tout autour de lui, il ressemblait à une vive torche se déplaçant à toute allure vers son adversaire. Quand ce dernier tenta de parer son coup, Ban cria juste :

- Adieu Nemos ! Par le sursaut du Lionnet !

Ban s'élança alors à une hauteur vertigineuse. Nemos se protégea de ce coup, tout comme auparavant. Mais Ban ne s'écrasa pas sur l'avant-bras de son opposant, bien au contraire. Il passa au-dessus du Lion Noir, tête en avant, et resserra ses jambes autour du cou de son adversaire, le faisant ainsi tomber dans sa chute, le retournant complètement au sol. L'aura noire, zébrée de striures, fut comme en proie à une impulsion soudaine quand, une ultime fois, Nemos déchaîna au contact même de son adversaire son terrifiant arcane.

- Nemeus Bloody Grip !

Et là le bruit, sec, net, morbide, le crac, mortelle brisure. Simultanément, deux attaques venaient de faire effet. Conjointement, deux cosmos venaient de disparaître, s'évaporant de concert, alors que si omniprésentes quelques secondes auparavant. Le Chevalier Noir gisait entre les jambes de Ban, la tête pendante sur le côté, les yeux vides et ouverts, la nuque visiblement brisée. Quant au Leo Minor Saint, de terribles griffures lui parsemaient le corps. De son armure ne restaient que des bribes de bronze. Tout en lui n'était que plaie ouverte. Il était en proie à d'horribles spasmes qui convulsaient son corps, enveloppe de souffrance qui ne demandait qu'à s'éteindre pour enfin trouver la sérénité.

- Ban ! Ban ! Non, mon frère…

Geki venait d'arriver et tenait son ami dans ses bras de colosse. Il ne retenait pas ses sanglots et passait sa main dans les cheveux du Petit Lion.

- Ban, je t'en prie, n'abandonne pas. Je… Je te promets que tu vivras, s'il te plait, ne nous laisse pas.
- Geki… A présent tu ne peux plus abandonner. Mon sacrifice ne doit pas être inutile. Je savais qu'il me faudrait mettre ma vie en jeu pour Athéna, car tel était mon destin.
- Tais-toi, tu ne mourras pas, je te ramènerai sauf vers nos frères. Tu vivras, TU VIVRAS TU M'ENTENDS ! BAAAAN !!!

Le Chevalier de la Grande Ourse frappait doucement son compagnon d'armes sur le torse, des larmes inondant son visage.

En ce triste jour le Petit Lion aura sorti ses crocs et, de lionceau, sera devenu majestueux lion. Une constellation dans le ciel du Nord brilla comme jamais auparavant, pour finalement s'éteindre dans une voûte noire d'encre, sous une pluie d'étoiles filantes, d'étoiles d'adieux…

*
* *

Près de la grotte, à flanc de volcan, une ombre étrange observait passivement la scène. La silhouette semblait immense, et les deux cornes acérées se dessinant au sol ne faisaient que rendre cet être encore plus menaçant.

- Tu l'auras payé de ta vie Nemos. Et même si au fond tu n'étais qu'un imbécile, on ne tue pas impunément un Chevalier Noir !

Un éclat rouge inquiétant passa alors dans ses yeux alors que son corps tout entier restait dissimulé dans l'ombre, tel un chasseur à l'affût d'une nouvelle proie…

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Cette fiction est copyright Elissa Eid et Frédéric Biedermann.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.