Chapitre 5 : Apocalypse... La fin d'un monde, et un recommencement...


Les Chevaliers désignés par le Destin.

Ces combattants d'élite sont des guerriers ultimes, échappant aux règles ordinaires du Destin. Ils ne combattent que lorsque le cours du destin lui même est en péril.

"Quand même les Chevaliers d'Or tomberont face aux Forces du Mal, alors le temps viendra où les Chevaliers de l'Argo, dirigés par le Chevalier du Serpent, rétabliront la Justice et l'ordre du Destin sur la Terre."

Telle était la prophétie perdue accompagnant ces quatre armures scellées par Zeus...

Valeureux non pas par leur force, mais par leur pouvoir unique, ces guerriers sont capables de créer un nouveau destin sous l'égide d'une force divine.

Mais sans la force divine de Zeus, d'Athéna ou de Poséïdon... La possibilité de recréer un nouvel avenir ne reste plus qu'une mince lueur d'espoir dans les Ténèbres...




(Chine...)

Le commencement d'un combat sans précédent.

Berserkers contre Spectres.

Arès contre Hadès.

Les immortels Spectres contre les mortels Berserkers.

La mort contre la guerre.

Deux concepts liés, l'un étant la conséquence de l'autre, et qui sera éternellement la conséquence de ce conflit ultime.

Une guerre qui dure depuis cinq ans et qui va aujourd'hui s'achever.

Une silhouette sombre, vêtue d'une armure non moins étincellante, mais attirante, en ce sens que quiconque la regarderait perdrait son âme dans le vide immense perçu dans cette protection divine, celle là même qu'on appelle Kamui, forme ultime du Surplis. C'est bien le divin Hadès qui se tient là, sa longue chevelure d'ébène volant au vent, son épée sombre plantée dans le sol, ses yeux noirs comme les ténèbres fixant la bataille d'un air sévère.

Un guerrier vêtu d'une armure presque aussi noire et vide que la sienne se tient à ses cotés. Son teint est si pâle qu'il semble être un mort-vivant incapable de penser et agir par lui-même, pourtant le cosmos semble présent en lui.

(Hadès) -"Alors Daniel... Te sens-tu prêt pour cette ultime bataille ? Je t'ai ramené de ta tombe pour ce dernier combat où tout va se jouer..."

Une part du Dieu des Enfers regarde une fraction de seconde le cadavre vivant qui porte l'armure noire du Renard, et se surprend à éprouver une certaine affection.

"Mon frère... Enfin nous voila réunis du même côté... Dans la mort éternelle... Celle qui résultera inévitablement de ce conflit..."

Son regard se durcit à nouveau, sa part divine tournée vers le combat reprenant le dessus. L'être qui se tient à ses côtés est incapable de répondre, ses cheveux blonds balayés par le vent, son regard vide, et son visage pale, comme exsangue n'exprime aucune émotion. La seconde qui suit, il bondit avec une agilité inhumaine, celle qu'il devait avoir acquise quand il était encore un être humain vivant.



(Au plus profond d'un bunker...)

Un ascenseur minuscule et transparent descend au milieu de ce qui semble être une double hélice.

Trois hommes s'y trouvent, l'un deux semble visiblement avoir autorité sur eux, car son uniforme est plus richement décoré.

Autour d'eux, le vide quasi absolu et étouffant, à peine illuminé par ce qui semble être un escalier de lumière le long des parois. Alors que l'ascenseur a enfin fini de descendre dans les profondeurs de la base secrète de celui qu'on appelle Arzan, celui dont le nom est synonyme d'apocalypse, s'avance dans l'obscurité, où seul le bruit des machines est perceptible, sans être assourdissant pour autant.

"Général... C'est la salle où..."

Tels sont les mots que prononcent les aides de camp d'Arzan, alors qu'ils sont face à une immense porte blindée. A son coté gauche, on voit un système de carte magnétique avec une inscription lumineuse en lettres de sang, comme pour amplifier l'utilité de cette installation.

"RAGE PRODUCTION PLANT OMEGA" Lisant l'inscription, et particulièrement le dernier mot, Arzan ne peut s'empêcher de réprimer une pensée ironique.

(Arzan) -"Il y a bien longtemps maintenant... La seconde usine que j'ai fait construire après que le Chevalier du Scorpion ait détruit la première, Alpha... Comme le commencement de tout... Celle-là, Omega... Le symbole de la fin... L'impact énergétique du conflit entre Hadès et moi aboutira certainement à la destruction totale de cette planète..."

Passant une carte magnétique dans la fente, un léger signal sonore confirme la validité de l'identification alors que l'inscription "OPEN" s'affiche sur le panneau d'affichage. Une seconde plus tard, un bruit sourd se fait entendre alors que la porte blindée s'ouvre lentement. Le mécanisme semble ne jamais avoir servi jusqu'ici tant le mouvement des immenses pans de métal blindé capables de resister même à une détonation atomique est lent.

(Arzan) -"Oui, le jour promis est enfin venu... Il est désormais temps... d'utiliser moi aussi mon Armure Démoniaque!"

Comme pour amplifier le terme, un bruit fracassant retentit alors que les immenses portes blindées achèvent de s'ouvrir en grand, telle la gueule d'un fauve. Regardant d'un oeil non initié les installations derrière l'immense barrière métallique désormais ouverte, les lieutenants ne peuvent s'empêcher de réprimer un sursaut de surprise face à ce qu'ils voyaient. Une mer de liquide rouge, scintillant d'une lueur irréelle, qui semblait presque venir du fluide lui meme. Sur ce qui semblait être un autel, en forme triangulaire, une urne rouge sang repose, illuminée de la même lumière, une épée à la lame de nuit plantée dans le sol devant elle, et dont suinte ce liquide rouge et scintillant. Arzan sourit, reconnaissant son Epée Démoniaque, celle là même qui l'a libérée et qui a transformé une simple Armure Noire en Armure Démoniaque, l'égale des Kamui, les Armures Divines.

-"Mais... Le projet 'BLOOD SAINT' n'a pas abouti! Les armures et les humains boostés au sérum 'RAGE' ont perdu leur santé mentale et il est toujours impossible de les contrôler! Nous devrions attendre que..."

Un geste. Arzan tend son bras gauche devant les lieutenants qui le précède, signe qu'il vaut mieux pour eux qu'ils se taisent et n'avancent pas davantage. Cet ordre muet est incontestable et les hommes de main le comprennent instantanément, l'image d'un autre lieutenant le crane perforé par le magnum d'Arzan leur revenant en mémoire tel un avertissement. Arzan s'avance dans les profondeurs de ce qui sert d'usine à son armée.

(Arzan) -"Tu crois que nous pouvons attendre... Mais tu ne réalises pas que de toutes les batailles celle-ci sera probablement la dernière. Même notre armée, la plus puissante que la Terre ait portée, ne peut rien contre ce qui nous attaque... Et il est très clair que meme si l'un de nous deux gagne, les pertes seront considérables..."
-"Hadès... C'est donc lui..."
(Arzan) -"Oui. Notre ultime adversaire s'est enfin décidé à passer à l'action pour tenter de faire enfin pencher la balance..."

-"C'est donc ça qui a motivé sa décision d'administrer à tous les soldats une dose de ce sérum... Il veut être sur d'avoir le plus possible de combattants capables de faire face... Mais que va-t-il lui arriver s'il endosse enfin cette armure ? Elle semble différente... Les scanners n'ont jamais rien pu en tirer... Si ce n'est prouver que cette... chose est encore plus solide que les armures classées sous le nom d'Armures d'Or... La seule caractéristique frappante est qu'à sa surface suinte ce liquide... qu'on a appelé sérum 'RAGE'... Le porteur de l'armure doit en recevoir une dose incroyable, qui dépasse certainement de très loin les doses déja présumées mortelles qui avaient été injectées aux prisonniers..."

Telles sont les pensées qui agitent l'esprit de l'homme qui vient de s'adresser à Arzan.

Arzan s'approche de l'urne rouge sombre, renvoyant un éclat sanglant. Un sourire se dessine sur les lèvres de celui qu'on appelle Général Arzan, ou Arès, alors que sa main s'approche de l'épée démoniaque et de la caisse métallique où deux épées entre croisées sont finement gravées.

Soudain, le contact. Le métal semble réagir et vibrer au contact de la main d'Arzan, comme s'il le reconnaissait. L'énergie part simultanément de l'arme et de l'homme en uniforme qui vient de la toucher, pour s'harmoniser, alors que le coffre s'ouvre enfin.

Révélant une statue majestueuse représentant visiblement un homme - homme ? - paré d'ailes de démon et dont le masque représente le visage hurlant d'un guerrier. Chaque gravure semble évoquer la violence d'une griffe, ou d'un coup d'épée, trahissant l'esprit de violence qu'incarne cette sculpture métallique à l'aspect divin. Tout cela constitue la vision qu'a l'aide de camp d'Arzan de l'Armure Démoniaque d'Arès.

(Arzan) -"Ma précieuse Armure Démoniaque... Capable d'égaler les Kamui! Enfin je vais te revêtir pour la seconde fois depuis ma réincarnation... Meme si Jared est mort et avec lui l'un des catalyseurs à l'Impact qui rénovera la Big Will, il va falloir faire avec ce qui existe maintenant..."

Une voix semble presque provenir de l'armure et l'accueillir. Arzan est repoussé et se met à léviter, enveloppé par l'aura venant de l'urne, tandis que la statue se décompose en diverses parties qui viennent chacune s'assembler sur le corps de celui qu'elle a reconnu comme son maître.

Alors que les différentes pièces finissent de s'assembler sur le corps de la réincarnation mortelle d'Arès, la déflagration d'énergie titanesque se fait ressentir dans un rayon immense.

Au sommet de la base, dans les locaux de surveillance, chaque indicateur a indiqué un bref pic avant de sombrer dans le mutisme le plus total, chaque sonde ayant été détruite par un stimuli excessivement puissant. Sur le lieu même de l'explosion d'énergie, plus rien ne reste intact. Les soldats qui accompagnaient celui qu'on appelle Arzan ont été réduits en cendres au contact de cette énergie pure, qui auréole toujours le porteur de l'armure, semblant prête à de nouveau exploser.

(Arès) -"Maintenant Hadès... Montre moi donc ce que tu sais faire, avec ce corps qui n'est pas le tien!"

Le regard d'Arès semble avoir changé, et dedans luit l'étincelle de la furie. D'une impulsion de son cosmos, les ailes de son armure se déploient alors qu'il lévite et se prépare à partir au combat.

Le dernier.



(A dix mille kilomètres de là... Ruines de Tokyo...)

Un homme au sol, vêtu d'une protection dorée en lambeaux, semblant représenter le Cheval Ailé de la mythologie.

L'épuisement se lit sur chaque trait de son visage, et pourtant, une étincelle de vie semble encore l'animer.

Soudain, le choc.

Son 6ème sens, la perception même du cosmos, vient d'être submergée par une sensation d'une violence inouïe.

-"Nngh...! Que... Qu'est-ce que c'est que cette énergie immense ?"

L'adolescent vient de retrouver ses esprits, et tente de se relever, sentant la douleur dans chacun de ses muscles. Cette sensation le rassure paradoxalement.

"Si je souffre... Cela signifie que mon corps peut encore ressentir la douleur et que je ne suis pas mort... Mais... Est-ce que Eaque m'a dit la vérité ? Est-ce que je suis vraiment... condamné à disparaître ?"

Seiya serra le poing, tentant d'intensifier son énergie. L'aura dorée l'enveloppa un bref instant, confirmant ce qu'il craignait, et lui redonnant une étincelle d'espoir.

-"Je n'en ai plus pour longtemps à ce rythme... Mais avant cela... Je dois vaincre Arès et Hadès!"



(Chine, un champ de bataille...)

Le conflit a pris des proportions incroyables, si bien que les guerriers de chaque camp opposent leur coups dans l'air à des vitesses défiant l'imagination humaine.

Un Berserker qui tranche la tête d'un Spectre, pour voir son corps se relever comme s'il n'était pas affecté, et riposter en détruisant l'armure du guerrier d'Arès.

-"Ces misérables Spectres sont pratiquement immortels... Il doit pourtant y avoir un moyen de les détruire!"

Un Spectre brulé vif par l'attaque d'un Djinn désormais privé de son armure, et incapable de se relever, son corps se dissolvant en cendres.

-"J'ai compris! Ces Spectres ne résistent pas aux flammes! Il faut concentrer nos énergies sur eux et les frapper de toutes nos forces... C'est le seul moyen!"

-"Que s'est-il passé ? Je ne sens plus les cosmos de Phobos et Deimos...!"


Voila les paroles qui sortent de la bouche de ceux qui dirigent une cohorte de Berserkers. Obéissant au conseil, à l'ordre, même, les Berserkers reculent, brisant leurs assauts, et se regroupent, intensifiant leurs énergies, laissant les Spectres dispersés sur le champ de bataille. D'abord surpris, ces derniers repassent à l'attaque sur leurs ennemis désormais sur la défensive

-"Continuez à concentrer vos énergies! Nous y sommes presques!"

Les premières lignes de l'armée d'Arès, constituées de soldats et d'anciens Chevaliers d'Athéna vêtus d'armures rouge sang et animés par la rage subissent la charge furieuse des Spectres. Un assaut d'une violence sans limites. Le choc se traduit par le bruit de métal déchirant la chair, et par plusieurs hurlement de douleur qui se finissent en gargouillis, puis par le dernier soupir.

En tête de ligne des guerrires d'Hadès, un jeune homme au teint pale et aux cheveux blonds fonce avec agilité sur chacun de ses adversaires, dérisoires en comparaison avec lui, les pulvérisant d'un simple revers de la main.

"MAINTENANT!"

Ce hurlement arrête les Spectres dans leur mouvement, comme s'il figeait le temps lui-même. Et ils réalisent.

Les Berserkers sont tous tendus à l'extrême, leurs cosmos sur le point d'exploser de leurs corps, en même temps que leur rage incontrôlable. Les soldats de première ligne sont tous morts pour permettre aux plus puissants de cumuler leurs force. Et c'est à l'instant où le signal retentit que l'attaque a lieu.

Un hurlement traduisant une rage sans limites, n'ayant pour autre égal que la puissance du coup qui vient de partir. Une colonne d'énergie flamboyante par des mains des Berserkers dans une gerbe de sang alors que leurs corps explosent sous la pression de l'énergie dans leurs corps. L'énergie est si rapide que les Spectres sont désintégrés avant même de pouvoir sentir l'impact de l'énergie sur leur peau. Sur le champ de bataille ne subsistent que quelques rares Berserkers et Spectres grièvement blessés.

"Le premier acte de l'affrontement final vient de prendre fin..."

Cette même pensée est partagée par trois personnes au même instant.

La première est l'être vêtu d'une armure baptisée Surplis, tenant une épée dans sa main droite, et dont la chevelure de jais flotte au vent. Hadès, le Dieu des Enfers.

La seconde est encore dans les entrailles de la Terre, et vient de revêtir son Armure Démoniaque, lui aussi prêt à combattre. Arès, le Dieu de la Guerre Destructrice et Incarnation du Démon.

La troisième, si un observateur humain pouvait l'apercevoir, tapie dans les ténèbres, serait représentée avec une armure semblant constituée de vide pur. Plus sombre, plus ténébreuse encore que le Surplis d'Hadès. Une divinité dont l'énergie semble rayonner de haine, de mort. Si les ténèbres ne masquaient pas ce qui peut être aperçu de son visage, on pourrait presque apercevoir un sourire cruel se dessiner dessus.

Soudain, la terre se met à trembler, alors que le sol s'ouvre, pour céder la place à une colonne d'énergie immense, engloutissant toute la forteresse d'Arzan, et les derniers combattants sur les lieux. Au milieu du maëlstrom d'énergie, une silhouette en armure rouge sang lévite majestueusement, les ailes de démon de son armure déployées.

(Arès) -"Et maintenant Hadès... A nous deux!"

Le fier Arès vient de prononcer ces mots avec un ton guerrier, ramenant d'un geste de la main droite serrée sur son épée sa cape derrière lui.

Hadès, au loin, sourit. Avançant dans le vide, pas à pas, il s'approche de son adversaire désigné depuis toujours et du combat final.



(Simultanément, aux quatre coins du monde...)

Un tremblement de terre sans précédent vient de se produire sur cette Terre de ténèbres, désormais privée de soleil, et plongée dans une nuit perpétuelle. C'est la surface entière de la planète qui a été secouée par l'impact énergétique provoqué par le réveil de la puissance d'Arès.

Cinq hommes s'arrêtent dans leur course pour percevoir de tous leurs sens l'horreur de ce qui vient de se produire.

(Seiya) -"Cette puissance! C'est le cosmos d'Arès qui vient d'exploser... Seigneur, quelle puissance! Il a du réduire en poussière toute la Chine avec une telle énergie!"

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(Shun) -"Mon Dieu... C'est comme si un pan de la Terre venait d'être réduit en cendres... Le... le massacre doit-il aller aussi loin ? Tout cela pour le conflit qui oppose deux Dieux ?!"

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(Shiryu) -"Arès et Hadès vont donc se battre jusqu'à la mort... C'est donc cela la vraie puissance d'un Dieu ?!"

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(Ikki) -"L'Apocalypse a commencé... Arès a déja dépassé le point de non-retour..."

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(Hyoga) -"La Terre commence déja à se fissurer de toutes parts... Quel cataclysme pire que l'Ultime Eclipse se prépare cette fois ?"

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Cinq hommes qui intensifient leurs énergies et leurs sens sur ce qui est désormais leur nouveau but.

Arrêter à tout prix le combat entre Arès et Hadès.

Cinq cosmos fusant à la vitesse de la lumière vers ce qui est désormais le lieu où se joue le sort de la Terre entière, plus encore que lors des précédents conflits.

Soudain, une voix retentit dans les esprits des cinq adolescents.

"Arrêtez!"

Simultanément, les cinq Chevaliers s'arrêtèrent, reconnaissant la voix familière qui venait de leur intimer cet ordre. Plus encore que la sensation d'écrasement que ressent chaque guerrier, ils sentent leurs corps se figer sous l'emprise d'une énergie tout aussi familière, alors que tout devient noir autour d'eux.

(Hyoga) -"Mais que...! Mon corps devient froid... Comme si... Oui... Son mouvement atomique vient de s'arrêter... Au delà même du Zéro absolu... Mais alors!"

Le Chevalier du Cygne est le premier à réaliser qui vient d'intervenir et de les arrêter.

Chacun des cinq guerriers vit dans son esprit l'image du majestueux Atropos de la Carène, sa longue chevelure blonde au vent, sa main droite tenant devant lui son sceptre, représentant le mat du navire Argo, et la quenouille.

(Seiya) -"Atropos! Pourquoi nous arrêtes-tu ?"

En réponse à cette question, la voix désincarnée du Chevalier de la Carène retentit dans leurs esprits.

(Atropos) -"Seiya... Te jeter dans la bataille dans ton état revient à un suicide pur et simple... Je ne dis pas qu'il ne faut pas agir, mais je te demande uniquement de rester calme et de mettre au point un plan d'action! Si nous fonçons tête baissée dans le combat engagé entre Arès et Hadès, il est probable que nous ne fassions qu'accélérer l'Apocalypse!"

Ce dernier mot, et la violence avec laquelle le Chevalier de la Carène venait de parler calma les ardeurs du Chevalier Pégase en un instant, tant le changement qu'il constatait chez l'homme qui était jadis un résistant condamné à se cacher de ses adversaires.

Soudain, alors que le cosmos d'Atropos s'intensifiait, les cinq Chevaliers aperçurent une lueur aveuglante. Réprimant la sensation de douleur passagère, chacun ouvrit les yeux, et la réalité revint à leurs yeux.

Le lieu avait changé, c'était la seule chose dont ils étaient sûrs, mais il leur était impossible de se situer précisément.

Un fil d'une blancheur immaculée, d'une pureté sans faille. Et autour de lui, tels les affluents d'un fleuve ou les branches d'un arbre, des milliers, non, des millions de fils plus petits s'en détachent. Contemplant ce que les Chevaliers de l'Argo leur montrent, ce que seuls quelques rares Dieux ont vu, les cinq Chevaliers Divins restent sans voix.

(Atropos) -"Ce lieu est ce qui est appelé dans la mythologie l'Atelier des Parques... C'est la trame du temps que vous voyez, le fil du destin. C'est une métaphore représentant le cours du temps, de même que le Sekishiki est la métaphore de la mort..."

(Shun) -"Alors c'est donc cela... La trame du destin..."

Un bruit partant de son poignet droit attire l'attention de Shun. Sa chaîne se met à bouger, et avec la rapidité de l'éclair, s'enroule d'elle même autour d'un affluent de destin, se lie à lui, alors que l'esprit de Shun aperçoit au fond de son coeur une image d'une réalité toute autre que celle qu'il connaît.

Un homme en armure de lumière se rue sur un combattant vêtu d'une armure rouge sang, parée d'ailes de démons. Une gerbe de lumière pure, aussi aveuglante que le soleil qui se trouve derrière le combattant, part de son poing, se divisant en une inifinité de sphères d'énergie, frappant, martelant, traversant le corps du démon jusqu'à n'en plus laisser une trace. La lumière se dissipe enfin, révélant la forme d'une armure ailée majestueuse...

Soudain, le retour en ce lieu onirique. La chaîne d'Andromède revient d'elle même s'enrouler autour du bras droit d'un Shun encore incapable de croire ce qu'il vient de voir.

(Shun) -"Cette sensation... Qu'est-ce que c'était... On aurait dit..."

(Atropos) -"Shun, ce que tu as entrevu est une autre possibilité... Un autre destin qui aurait pu exister... Mais sache une chose, s'il est plus facile de descendre le cours du temps sur un affluant, il est presque impossible de remonter à contre courant..."

Shiryu tiqua à cette remarque, son épreuve lui revenant en mémoire. "Telle la chute de Rozan... C'est une loi de la nature, mais elle peut être infléchie à force de volonté..."

(Hyoga) -"Mais vous avez pu geler le cours du temps, comme vous venez de le faire maintenant, n'est-ce pas ?"

Atropos se contenta d'émettre un léger rire. "Il l'a compris bien plus vite que les autres..."

(Atropos) -"En effet... En concentrant nos pouvoirs sur Clotho, il est possible de figer le temps passé et le temps futur... Mais..."

Clotho, moire du présent et Chevalier des Voiles fit un signe à son frère de sa main, avant de prendre la parole.

(Clotho) -"Hyoga, ne crois pas que ce soit aussi simple que cela... Le processus ne fonctionne que pour quelques instants. Ce qui veut dire que même si nous remontions le temps, le processus ne permettrait pas de remonter de plus de quelques secondes..."

Le plus jeune des trois Chevaliers prit la parole, complétant le discours de ses frères.

(Lachésis) -"Malheureusement... Les Chevaliers de l'Argo sont supposés être l'instrument utilisé par les Dieux pour restaurer le cours du destin... Ce... Cela..."

Pour la première fois, le jeune Chevalier hésite. La stupeur se lit sur tous les visages.

"Cela signifie que sans une puissance divine pour guider et amplifier notre pouvoir, nos efforts ne serviront à rien..."

La révélation tombe comme un coup de tonnerre, fracassant les derniers espoirs des champions d'Athéna.

(Ikki) -"Tu veux dire... que depuis les morts de Zeus, Poséidon et Athéna, tout espoir a disparu ?!"

(Lachesis) -"Oui... Poséïdon était parti à notre recherche dès qu'il a senti notre éveil... Et nous comptions sur lui pour canaliser le flux du temps... "

Désignant Seiya du doigt, Lachesis achève son discours.

"Mais il a préféré se sacrifier pour... que Seiya survive..."

Seiya revit avec douleur l'esprit de Poséïdon le tirer de sa torpeur, le ramener à la réalité, et lui rappeler sa vraie mission. Serrant son poing droit, réaffirmant, plus à lui même qu'à ceux qui l'entouraient, sa détermination à combattre jusqu'au bout, Seiya prit la parole.

(Seiya) -"Non..."

Ce simple mot suffit à tourner tous les regards vers celui qui vient de parler. Une seule émotion transparait sur chaque visage, l'étonnement. Chacun attend avec impatience ce que Seiya va dire, car des cinq combattants il est le plus affecté et le plus proche de la mort.

-"Ce n'était pas à Poséïdon que cette tâche devait revenir... Il me l'a lui même fait comprendre avant de disparaître... Il devait, plus que quiconque avoir conscience de ce rôle... Et pourtant il ne s'en estimait pas digne... C'est sur nous qu'il s'est reposé pour... sauver l'univers"

Lachesis comprend enfin. Il réalise ce qui a poussé Poséïdon à se rallier à la Justice d'Athéna. Cette volonté sans faille de combattre, alors même que leurs esprits sont brisés.

Atropos écoute attentivement les paroles de Seiya, et au fond de lui même comprend ce qu'il souhaite.

Utiliser leurs cinq puissances cumulées pour stabiliser le cours du temps et revenir à l'instant où il a dévié et s'est divisé.

Observant Seiya, il repense à ce qu'il a déja compris du destin du Chevalier Pégase, et laisse son cosmos le guider.

L'oeil de l'esprit, le 6ème sens, et son don de médium. Ces trois dénominations de l'intuition sont ce qui servent maintenant à Atropos pour comprendre le destin de Seiya.

Et ce qu'il voit le choque.

Le fil du destin de Seiya n'apparaît pas clairement. En place de la trame du destin caractérisant chaque individu, Atropos ne voit qu'une multitude de fils entre mêlés en une toile avec une perfection inégalée même par Athéna, Déesse des Arts.

(Atropos) -"Je ne m'étais donc pas trompé... Le fil de son destin est infini... totalement illimité... Seiya ne peut pas être un humain ordinaire... Cela signifie..."

La seule possibilité qu'Atropos entrevoit dépasse son entendement.

Rafermissant sa détermination également, Atropos répondit enfin à Seiya.

(Atropos) -"J'y ai pensé... Mais hélas... Afin de naviguer à contre courant sur le flux du temps suffisamment longtemps et ne pas disparaître dans les travers spatio-temporels, il faut une énergie incommensurable... un seul instant de faiblesse, et c'est la fin... Nombreux sont ceux qui se sont laissé piéger dans les méandres du temps."

(Seiya) -"Sans un Dieu... Il n'y a donc aucun espoir ? Il doit y avoir un moyen!"

(Atropos) -"Ne t'inquiète pas, Seiya... Grâce à toi j'ai pris conscience d'une chose capitale."

L'instant est solennel, alors que chacun sait que Atropos va énoncer une vérité universelle.

"Le destin n'est pas immuable. Il n'est que ce que tu souhaites qu'il soit."

"La trame de ton destin en est la preuve la plus absolue... Depuis quelques temps il est impossible de prédire l'avenir... Tout simplement parce qu'il n'est plus dicté à l'avance... Parce qu'il ne l'a jamais été! C'est pour cela que tu es encore vivant, parce que tu as décidé de combattre bien que tu aies tout perdu, et renoncé à ta propre vie, à ta propre âme, sans abandonner un instant."

(Lachésis) -"Atropos... Je crois qu'il existe néanmoins un moyen... Il n'y a pas une chance sur un milliard que cela aboutisse... Et nous pouvons très bien y laisser nos vies..."

(Atropos) -"Explique-toi."

(Lachésis) -"Arès et Hadès déploient en ce moment même une énergie incommensurable... Leurs forces respectives sont en équilibre, mais cet équilibre est fragile... D'autant qu'une force maléfique extérieure semble décidée à le rompre..."

(Shun) -"Mais c'est catastrophique! Si une telle décharge d'énergie divine est libérée..."

Shun n'éprouva même pas le besoin de finir sa phrase. Dans son regard, dans toute sa façon d'agir se lisait la volonté d'agir immédiatement, et meme plus que cela.

Ikki se tourna vers son frère, et crut lire dans son regard une chose qu'il n'aurait jamais cru apercevoir avant.

Le désir réel de combattre!

(Ikki) -"Shun... Enfin tu... Tu as enfin compris... Combattre pour la Justice, tuer au nom de la Justice... Il y a des personnes qui ne nous laissent pas le choix..."

(Atropos) -"Oui... Je vois où tu veux en venir, Lachésis... Utiliser l'impact énergétique provenant d'Arès et Hadès pour effectuer le déplacement temporel..."

(Clotho) -"C'est pratiquement suicidaire... Nous ne pourrons jamais canaliser une énergie capable de pulvériser la Terre entière!"

(Atropos) -"Clotho... C'est la meilleure chance qu'il nous reste! Et regarde ces hommes, ils ont survécu à ce monde de ténèbres et n'ont pas perdu de leur brillance! Je leur fais confiance... Leur pouvoir sera à même de contenir une telle énergie. Ils reviendront sur leur Terre sains et saufs..."

Tournant son regard vers Seiya, il acheva sa phrase.

(Atropos) -"Seiya, malgré ce que Eaque t'a dit, il te reste encore une chance... Et je sais que même si elle est infime, même si elle ne pèse pas plus lourd qu'un atome à l'échelle de l'univers, elle existe... Il est impossible de prédire ce qu'il adviendra de toi, et cela est une raison suffisante pour espérer."

(Atropos) -"Avec le Phénix... Le pire ennemi possible pour Arès... Ils y arriveront... L'immortalité du Phénix devrait être à même de canaliser cette énergie inhumaine... C'est pour rééquilibrer les forces dans l'univers que Arès et Phénix se sont réveillés simultanément... Le bien pour compenser le mal..."



(Champ de bataille en Chine...)

La scène qui se déroule dans ce qui reste des montagnes de Chine, jadis le refuge d'une forteresse militaire, aurait rendu fou un observateur humain qui d'aventure se serait égaré en ces lieux. Deux dieux fonçant l'un sur l'autre, armés chacun d'une épée, vêtus d'armures étincellantes et paradoxalement sombres.

Les coups s'entrechoquent à la vitesse de la lumière, si bien qu'un humain normal ne verrait qu'un mur de métal entre les deux Dieux.

Une seule émotion est trahie par leurs regards.

Une détermination sans faille. Car chacun des deux sait que la moindre perte de concentration signifie la défaite, et quelque chose de pire que la mort elle même.

"L'annihilation."

Le meme mot a traversé l'esprit des deux rivaux au même instant. Chacun se synchronise sur le mouvement de son adversaire, anticipant sa moindre parade, sa moindre attaque, si bien que aucun des deux ne prend l'avantage.

A chaque coup d'épée, une vague d'énergie fuse entre les deux combattants, se libérant dans l'air sans disparaître. Comme si chaque atome, chaque particule d'énergie flottant dans les airs tentait de s'opposer à l'adversaire par quelque moyen que ce soit.

Le terrible Arès semble plus que jamais sûr de lui, son attitude tellement différente de celle qu'il adopte d'habitude, faite de calme, de crauté froide et d'intelligence tactique.

Cette fois il ressemble véritablement à ses soldats, incarnant la rage pure, la furie destructrice, ainsi que la rage de vaincre. Comme si le fait d'avoir endossé cette armure, celle là même d'où le liquide maudit insufflant la rage coule, avait révélé ses instincts bestiaux. Brusquement, chacun des deux adversaires recule, ramenant son épée en arrière.

Les lames s'illuminent un bref instant de cosmoénergie. Noire est la lame d'Hadès, l'Epée qui a failli donner la mort au Chevalier Pégase. Aussi noire est celle d'Arès, mais sanglante. Le sang - sang ? - qui coule du métal tombe au sol, s'illuminant en harmonie avec l'aura d'Arès. Préparant un nouvel assaut, Arès et Hadès croisent une nouvelle fois le fer.

Le choc.

L'explosion d'énergie est d'une violence inouïe, aveuglant un bref instant les yeux physiques des deux Dieux. Lorsque la lumière se dissipe, chacun constate que le contrecoup les a expédiés à plusieurs centaines de mètres.

Arès se relève constatant quelques fissures naissantes sur son armure. Sentant un poids en moins dans sa main droite, il baisse le regard vers la main qui tenait son épée, et manque de s'étrangler de stupeur en constatant que la lame de son épée a été brisée.

"Mon Epée Démoniaque... Elle s'est brisée... Cela signifie que celle d'Hadès n'est pas dans un meilleur état... Mais quelque chose m'étonne... Phobos et Deimos... Où sont-ils ? Leurs cosmos ont disparu, or je les avais envoyés s'occuper du sort du Chevalier du Cygne..."

Se retournant, il aperçoit deux cadavres lacérés et couverts de marques noires. Regardant les visages des cadavres, il ne voit que des yeux révulsés et des traits tordus par la souffrance, et à peine reconnaissables, tant les visages sont maculés de sang. Cependant, Arès sait reconnaître n'importe lequel de ses hommes, à plus forte raison quand il s'agit de ses Généraux Démoniaques! Le fait le plus marquant est qu'ils n'ont pratiquement plus de métal couvrant leurs corps.

(Arès) -"QUI peut être assez puissant pour pulvériser une Armure Démoniaque de cette façon ? Même Hadès n'a pas la force de détruire aussi parfaitement les Armures Démoniaques... Et je l'aurais senti... Alors qui ?! Quelqu'un observerait notre combat ? Je ne sens pourtant aucune autre présence..."

Pourtant une silhouette pratiquement indiscernable, presque dissoute dans le ciel nocturne éternel tant son armure est noire, sourit, perchée sur ce qui reste d'une des montagnes, assistant au combat avec intérêt. Un seul détail a changé, sa main droite est désormais maculée de sang frais.

-"Allez, Arès... Laisse la rage t'envahir... Déclenche toute ta puissance contre Hadès! Déclenche l'Apocalypse!"

--

Le jeune homme en armure de nuit, étendu au sol, a perdu les ailes de son Surplis, qui arbore aussi quelques fissures. Il réalise que son épée a été brisée par le choc de la dernière attaque.

"Je vois que nous allons devoir enfin utiliser nos vrais pouvoirs... Le cosmos nous départagera..."

Au loin il aperçoit Arès qui vient de se relever. Croisant son regard, Hadès réalise que le second acte vient de s'achever.

"Il va enfin utiliser la folie furieuse... Cela faisait longtemps qu'il n'en avait plus usé... Mais s'il est capable de canaliser sa rage et ne pas perdre sa capacité de réflexion... Il deviendra un adversaire quasi invincible..."

(Arès) -"HADES! Lève toi et viens te battre! YAAAAAAH!!!"

Pour la première fois depuis des millénaires, Hadès entend Arès pousser son hurlement de rage, celui qui ferait trembler même les Berserkers! Et il réalise qu'aujourd'hui il est encore plus terrifiant qu'il ne l'était il y a 10 000 ans.

Arès fonce sur son adversaire, et pour la première fois, son regard s'injecte. La fureur pure embrase son corps et son cosmos, qui explose en une rafale de coups de poings enchaînés d'une façon quasi parfaite. Hadès tente de lever la main pour lever un mur d'énergie et bloquer les coups, mais la fureur d'Arès démultiplie sa vitesse, si bien qu'il reçoit l'enchaînement de coups sans pouvoir ne serait-ce que parer. Volant au sol, roué de coups par le Dieu de la Guerre, Hadès ne réalise même pas ce qui vient de lui arriver.

"Sa puissance physique est donc si élevée même sans son épée ?!"

Arrêtant sa chute en plein air par sa seul volonté, Hadès fait exploser son énergie, tandis que son cosmos se projette sur son ennemi en une onde de choc à la violence inouïe. Le choc est violent, mais insuffisant pour sonner ou même freiner un être de la trempe d'Arès.

Soudain, Hadès sent un fait peu ordinaire se produire. La fureur qu'il sentait dans le cosmos d'Arès semble diminuer. Et cette impression se confirme, alors que les traits du Dieu de la Guerre se détendent, à l'étonnement de son adversaire. Hadès, méfiant, sait qu'il ne doit pas baisser sa garde et lance un regard méfiant à son neuveu.

(Arès) -"Hadès... Tu crois vraiment pouvoir gagner de cette façon contre moi ?"

Les ailes de démon fixées sur l'armure du Dieu de la Guerre se déploient, faisant léviter le porteur de l'armure à plusieurs mètres. Flottant de le ciel d'apocalypse, sombre et sanglant, Arès continue son discours, sa silhouette projetant sur le sol l'ombre d'un démon, portant l'Apocalypse avec lui, sa voix de stentor retentissant dans l'espace comme celle de Dieu dictant un des commandements universels.

"Nous sommes des Dieux... Et en tant que tels, ce ne sont pas de misérables coups qui pourront nous affecter... Venons-en directement à nos attaques les plus puissantes!"

Hadès réagit enfin. Mesurant pleinement la portée des paroles d'Arès, un sourire se dessine sur son visage.

(Hadès) -"Tu me proposes un ultime combat... Intéressant! Les techniques que nous avions développées et qui ont été interdites par Zeus... Puisque mon frère n'est plus... Je n'ai plus de raison de me retenir... Mais j'ignorais que tu possédais toi aussi une technique de cet ordre..."

(Arès) -"Tu ignores bien des choses à mon sujet... Pourquoi crois-tu que nous nous soyions occupé de Zeus après avoir tué Athéna ? Il est le seul à savoir... Et il a emporté son secret dans le néant, ce vieux fou!"

(Hadès) -"Non... Tu ne parles tout de même pas de... Cette guerre qui a eu lieu il y a près de dix mille ans! La seule où..."

(Arès) -"Oui... Comment crois-tu que Athéna ait pu, seule, créer un sceau capable de me retenir dix mille ans ?"

La remarque était dite avec un ton où se mêlaient ironie et suffisance, et Hadès sentit la surprise s'emparer de lui alors qu'il réalisait enfin. Une anomalie qu'il n'avait jamais remarquée jusqu'alors, à une époque pourtant capitale, et si importante que seuls les Dieux avaient connaissance des évènements s'étant déroulés alors.

(Hadès) -"C'est vrai... Les scellés d'Athéna ne résistent généralement pas plus de 250 ans... Ou mille ans si elle décide de sacrifier un cycle de réincarnation comme elle l'a déja fait... Alors comment ?!"

"Ce conflit qui a sombré dans l'oubli... Et qui a été attribué à la première guerre sainte... Mais en un sens, c'est la vérité..."

Arès sourit à Hadès, lui lançant un regard assassin. Ce dernier se contentait d'écouter les paroles du Dieu de la Guerre, espérant enfin comprendre quel noir secret il pouvait cacher. Alors que l'aura d'Arès explosait, plus que jamais la protection d'Arès lui donnait l'aspect d'un démon échappé des Enfers. Son regard se durcit, alors que ses yeux s'illuminaient d'une lueur rouge irréelle.

"Car il s'agit de la première guerre livrée par Arès, incarnation de la force de Satan!"

Arès lacha cette phrase comme un hurlement, dans lequel se percevait clairement l'intonation propre à la folie furieuse. Ces mots résonnèrent dans l'espace sur plusieurs milliers de kilomètres, comme s'il affirmait son identité à l'humanité entière. Les quelques humains survivant sur Terre entendirent cette voix maudite avec un désespoir incommensurable, comme si elle sonnait enfin l'heure de l'Apocalypse. Hadès sentit son cosmos écrasé par l'aura guerrière de celui qui avait été son neveu, et qui aujourd'hui était devenu...

(Hadès) -"Sa... Satan ?!"

(Arès) -"Tu comprends donc pourquoi ma force égale la tienne désormais ? Arès, fils de Zeus, n'aurait jamais eu qu'un centième du pouvoir dont je dispose actuellement!"

(Hadès) -"Je vois..."

Intensifiant son énergie, l'aura d'Hadès, faite de ténèbres et de mort, s'étendit de la même façon que celle d'Arès autour de lui, jusqu'à englober la Terre entière. Reserrant son poing désormais privé de son arme divine, Hadès releva la tête, fixant Arès de son regard profond comme la mort, comme le puits menant au fin fond du Monde des Ténèbres.

"Cela explique bien des mystères qui ont entouré cette époque!"

Faisant exploser son énergie, le Surplis d'Hadès, la divine protection forgée jadis par Héphaïstos, se mit à luire d'une lueur irréelle.

Là où un fragment ou une partie de l'armure avait été détruite, de l'énergie semblait s'y substituer.

Franchissant le seuil qui sépare l'énergie de la matière, les particules d'énergie semblant combler les fissures et reconstituer les parties détruites, se solidifièrent et prirent forme, régénérant instantanément les ailes du Surplis incarnant l'ange de la mort.

Les plumes métalliques parant l'armure du Dieu de la mort se déployèrent avec un mouvement gracieux, tandis qu'il prenait son envol, rejoignant la hauteur de son adversaire.

(Hadès) -"Tu as désiré un ultime combat, Arès... Je vais te le donner!"

Le Dieu de la Guerre émit un léger rire face à cette remarque.

(Arès) -"Deux Dieux vont combattre pour la première fois avec toute leur vraie puissance... Tu ne sens pas l'excitation te gagner, Hadès ?"

Hadès répondit avec un sourire en coin, tandis que son immense aura semblait aspirer les ténèbres environnantes à lui. Levant le bras droit vers le ciel, une colonne d'énergie happa le Dieu des Enfers.

(Hadès) -"Tu vas enfin comprendre le vrai pouvoir de l'Ultime Eclipse... ETOILES MALEFIQUES, VENEZ A MOI!"

Répondant à l'appel de leur maître, par delà la mort, par delà leur désintégration totale, cent huit étoiles luisant d'une lueur mauve se levèrent du champ de bataille pour se regrouper autour d'Hadès, puis se masser en une orbe d'énergie pourpre d'une taille dépassant d'au moins vingt fois celle du Dieu des Enfers. Hadès tenait cette sphère d'énergie avec sa main droite, tandis que Arès était toujours aussi calme, mais de la quiétude d'une eau qui va bouillir, d'un orage qui va éclater.

De son coté, Arès intensifiait son énergie également, avec une violence inouïe, telle que le sol sous lui se fissurait, libérant des torrents de lave et réveillant les volcans endormis sur Terre.

(Arès) -"J'ai moi aussi quelques atouts en réserve, Hadès... Ne te crois pas immortel parce que tu es le Dieu de la Mort... Tu sais comme moi que même si l'un de nous deux survit, les dommages seront immenses, et l'un de nous deux sera annihilé!"

Arès était enveloppé d'une aura au moins aussi terrifiante que ne l'était la sphère d'énergie que Hadès brandissait. Le flot de lave bouillante partit du sol pour former plusieurs colonnes de liquide incandescent. Le dieu de la Guerre leva son bras droit, concentrant le sang de la terre dans sa main, augmentant la température et la pression jusqu'à le rendre aussi brillant qu'une supernova qui va exploser.

Soudain, un éclair illumina les regards des deux divinités, et tout bascula.

Hadès propulsa sa sphère d'énergie contre Arès.

Arès libéra le flot de lave incandescente sur Hadès.

Deux énergies divines s'opposèrent dans l'air un bref instant avant d'entrer en contact avec un fracas assourdissant. Le choc des deux attaques divines.

L'impact.

Le contact des deux énergies opposées libéra une lumière aveuglante.

A travers l'espace, à travers les dimensions, à travers toute sensation perceptible, même pour les mortels, le choc des titans résonna dans l'espace comme le glas de l'humanité, labourant la Terre, déclenchant des séïsmes dont l'intensité aurait fait palir Poséïdon l'Ebranleur du Sol.

-"Incroyable... Nos énergies sont de la même intensité... Mais alors à ce rythme là..."

Les deux Dieux partagent cette pensée, réalisant que leur ultime combat va les mener à la destruction de la Terre entière et à leur propre annihilation.

Le point de non-retour a été dépassé depuis longtemps, ainsi que le temps des regrets.

Alors tous deux jettent leurs ultimes forces dans le combat.

Brûlant de l'énergie du désespoir, Arès et Hadès opposent leurs forces équivalentes dans l'air, n'arrivant pas à faire avancer ou reculer le maëlstrom d'énergie qui se tient entre eux, et dont l'équilibre instable est en train de détruire la Terre.

(Arès) -"Cette présence que je ressens... Encore! C'est... NON!"

(Hadès) -"Mais qu'est-ce que...! Quelque chose est en train de... !!!"

La terreur qui vient de s'emparer des deux esprits est telle qu'ils n'osent même pas finir leurs pensées, face à ce qui est en train de se produire, réalisant avec horreur les conséquences du désaster à venir.

Le tourbillon d'énergie stagnant entre les deux Dieux est en train de perdre sa cohésion et d'échapper au contrôle des deux adversaires, et de se diriger vers le sol avec une vitesse incroyable. Ils réalisent que si l'énergie dégagée par leurs attaques atteint le centre de la Terre, tout ce pour quoi ils se sont battus jusqu'à aujourd'hui disparaîtra.

Mais il est déja trop tard pour agir...

Le tourbillon d'énergie est propulsé avec une force inouïe sur le sol, traversant la terre comme une balle traverse la chair humaine, avec un fracas plus assourdissant encore que les précédents combats. Perforant la terre, agravant encore les éruptions sur sa surface, le projectile d'énergie pure qui aurait suffi à raser un pays entier continue sa progression, guidé par une force que Hadès et Arès n'ont ressenti qu'à l'ultime instant.

Lors du contact violent - terme ô combien faible - avec le sol, le contre coup de l'impact est une colonne d'énergie pure, happant instantanément Hadès et Arès, qui ont le temps de voir fondre sur eux depuis le sol la conséquence de leur combat, et depuis le ciel une énergie sombre semblant aussi puissante et rapide. Arès est le seul à réaliser ce qui vient de se passer, et qui va provoquer la destruction de la Terre.

(Arès) -"En... Enfin il se manifeste... A l'instant où tout se finit... La vie de la Terre... de l'Univers... Le... dernier des... Princes..."

Pris entre deux feux, Arès et Hadès sont avalés par la lumière, dont la source ne semble pas se tarir. Au contraire, l'énergie dégagée par le choc augmente en intensité, désintégrant leurs protections en un instant. Au dessus de ce qui était le lieu du combat, une silhouette en armure de nuit sourit, sa main tendue vers le sol luisant encore de cosmos, alors que l'énergie monte jusqu'à elle, et l'absorbe également

"Enfin... Le temps de l'Apocalypse est venu... Et avec lui la destruction de cette planète maudite... Maintenant je vais enfin pouvoir... trouver le repos..."

Son visage est enfin révélé, ainsi qu'un sourire exprimant un sentiment qui serait totalement inadapté en pareille situation pour un humain normal, et qui susciterait l'horreur. La béatitude. L'accomplissement.

Puis le néant. Le guerrier en armure de néant vient de disparaître lui aussi, désintégré jusqu'à son âme par l'explosion de puissance. Au sol, trois êtres sont en train de lutter désespérément contre cette décharge d'énergie dont la puissance ne peut être décrite faute de termes assez forts.

"Chevaliers d'Athéna... Nous vous implorons... Luttez... jusqu'au bout... Revenez en votre temps... Sains et sauf... Car si... vous perdez aujourd'hui... Alors demain n'existera jamais... Et la même succession d'horreurs se reproduira..."

Chaque Chevalier de l'Argo Navis verse une larme avant d'être désintégré par l'énergie, réduit en poussières d'étoiles, et dispersé par le souffle de plus en plus destructeur. C'est d'abord la Chine, puis toute l'Asie qui sont réduites en cendres par l'explosion. Les mers déja gelées par l'Ultime Eclipse sont évaporées instantanément, puis c'est au tour de l'Amérique et de l'Europe d'être avalés par l'explosion titanesque déclenchée involontairement par Arès et Hadès.

Enfin la surface entière de la planète est absorbée dans un halo d'énergie pure, avant d'exploser... emportant avec elle ce qui reste de vie humaine...

Alors que la planète jadis appelée planète bleue s'effondre sur elle-même, à des milliers d'années-lumière de là les constellations formant l'Argo Navis brillent un bref instant avant de s'éteindre définitivement.

A l'échelle de l'univers, la Terre est pareille à n'importe quel astre dont la vie vient de s'arrêter, brillant une ultime seconde avant de s'éteindre...

A tout jamais...

ARES CHAPTER - MONDE ALTERNATIF
LE TRIOMPHE DES TENEBRES

Fin

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Cette fiction est copyright Stéphane Lapie.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.