Chapitre 5 : Le Réveil du Démon


Le ciel ayant prît en un instant la teinte d'un crépuscule orangé d'été, retrouva sa couleur d'avant, les armures d'or ayant regagné leur demeure millénaire. Le silence que provoqua leur retour semblât s'imposer durant un temps interminable. La confusion des sentiments était la seule chose qui pouvait venir à l'esprit en voyant le visage des chevaliers d'Athéna présents. Ce retour était une bonne ou une mauvaise nouvelle ? La seule présence de ces armures signifiait que la chevalerie avait retrouvé ses armes les plus puissantes… Mais ce n'était pas l'essentiel, qu'importe, maintenant, Marine comme les autres en étaient sûrs…Les chevaliers d'or avaient péri au pied du mur des lamentations… Ils en avaient la preuve maintenant. Ils avaient gardé un espoir mais cet instant les ramena de manière brutale à la réalité. Le camp d'Athéna était désormais orphelin de ses meilleurs défenseurs.

***

- Qu'allons nous faire maintenant ? se dit Marine en elle-même. Elle, qui avait gardé espoir, s'écroulât en un instant, les épaules rabattues, elle venait de prendre conscience qu'elle avait tout perdu, ses amis, sa famille, son disciple…Absolument tout. Elle qui avait toujours paru si forte devant toutes les épreuves. C'en était de trop, Marine avait accumulé toutes ces déceptions au cours des années et ce dernier choc était celui de trop. Elle prenait enfin conscience que sa vie n'était que chaos et rythmée que par les morts de ses compagnons.

Silène constatant la déception sur les visages des chevaliers présents- Mes amis, comme vous je suis affligé par la perte de ses vaillants chevaliers. Nous nous y étions préparés…Mais, je crois que l'on ne s'habitue jamais à la mort.

Seth regarda son ami avec surprise car il ne lui connaissait pas ce sentiment résigné, puis il comprît.

C'est à ce moment que les chevaliers de bronze firent leur apparition, essoufflés par la course qu'ils avaient dû entreprendre pour prévenir Marine que des prétendus chevaliers d'argent s'étaient présentés à eux.

- Je vois que l'on n'a pas besoin de te présenter ces imposteurs ! Annonça Jabu avec son habituelle arrogance.

Marine- Jabu, un jour, le ton que tu utilises te fera perdre la tête, une bonne fois pour toute !

Jabu demeura interloqué par la réponse de Marine pensant qu'elle prendrait son parti face à des inconnus se faisant passer pour des chevaliers d'Athéna..

Shina- Marine, va tu nous dire qui sont ces hommes ?

Marine présenta les chevaliers d'argent alors qu'ils se retournaient vers les chevaliers de bronze.

Déméter- Alors tu es Jabu. Tu dois être le chevalier de la licorne à ce que je peux en juger à ton armure.

Jabu- (très fier) C'est exact !

Déméter- Laisses moi te dire une bonne chose Jabu, puisque nous sommes du même camp. Cette arrogance chez un chevalier me répugne et elle te coûtera la vie un jour…Sois en certain… Tu ferais bien d'écouter les conseils de ton amie qui se nomme Marine.

Jabu indigné, était prêt à se mesurer au chevalier d'argent lorsque Silène s'interposa, le visage fermé, le regard froid. Le charisme qui émanait de cet homme le remît à sa place naturellement, calmement.

Silène- Comme tu l'as dit Déméter, nous sommes du même camps, alors calmez vous. Allons plutôt voir les armures d'or.

Tous se dirigèrent vers les maisons du zodiaque. Sans un mot. Jabu avait bien failli, une fois de plus, provoquer une altercation inutile où, de toute façon, il aurait mordu la poussière avant même de s'en rendre compte. Les premiers contacts s'étaient donc on ne peut plus mal déroulés. Jabu n'était d'ailleurs pas très fier de lui et regrettait son acte. Après quelques minutes de marche, tous se retrouvèrent au pied de la première maison, où les attendait Kiki.

Silène- Bonjour, je suis…

Kiki- Silène !

Les sourcils du chevalier de Cassiopée montèrent d'un étage.

Silène- Tu m'impressionnes. Comment connais-tu mon nom ?

Kiki- Je vous connais depuis très longtemps, votre identité ne fait aucun doute. Vous ressemblez exactement au valeureux chevalier dont me parlait régulièrement mon maître !

S'il ne l'avait pas remarqué jusqu'à cet instant, une brise légère vînt soulever délicatement les cheveux de Kiki et Silène constata avec surprise les deux points caractéristiques du peuple de Jamir.

Cyrus/Déméter/Seth- Incroyable !

Seth- Silène, je croyais que Mû était le dernier descendant de ce peuple…

Silène- Je le croyais aussi. Il faut croire que ce n'est pas…ou plus le cas. En tout cas, nous avons les uns et les autres beaucoup de choses à nous dire. Allons nous installer dans les appartements du Pope, nous serons plus à l'aise pour discuter. En disant cela, Silène conservait son air pensif et chaque phrase, chaque parole était énoncée lentement, les yeux dans le vide et un sourire nostalgique vissé aux lèvres.

Lui qui ouvrait la marche, ne fit que quelques pas avant de s'arrêter brusquement.

***

L'armure du bélier lui faisait face. Seule. L'aura qui en émanait était une douce complainte, celle d'avoir définitivement perdu son propriétaire. L'armure semblait pleurer. Silène la regarda comme pour la première fois, avec émotion, avec convoitise, même s'il ne l'avait jamais considéré comme sienne…Les poings serrés et les mâchoires fermées, Silène essayait tant bien que mal de dissimuler ses sentiments.

Seth- Vous autres, continuez. Allez à la chambre du Pope, nous vous rejoignons.

Après un regard bref, Déméter et Cyrus se dirigèrent vers la sortie suivi de près par tous les autres chevaliers présents et Kiki. Une fois qu'ils furent hors de la première maison, Seth se retourna vers son ami.

Seth-Je sais ce que tu penses mon ami. Mais nous avions une mission, et tu sais aussi bien que moi que les ordres du Grand Pope ne se discutent pas. Le vieux maître nous avait confié une tâche qui n'est pas contestable. Elle n'a peut-être rien apporté à cette bataille mais nous ne savons pas ce que nous réserve l'avenir, il faut être prêt. Il a voulu nous sauvegarder, lui seul savait pourquoi. Mais….Il n'y a pas que cela n'est-ce pas ? Pourquoi n'as-tu jamais voulu rien dévoiler ?

Après un long silence…

Silène- Disons…disons que j'ai cru jusqu'à aujourd'hui que ma condition de chevalier ne me permettait pas de m'étaler sur mes sentiments et que c'était une faiblesse de discuter de cela. J'ai cru que j'étais capable d'oublier, mais en fait, c'est impossible. Je ne peux pas oublier ces images qui me hantent depuis 13 ans. Cette soirée horrible. Tout s'est passé si vite.

Sion…

Et maintenant, Mû…Devons nous tout perdre, éternellement ? Que gagnons nous à mourir dans l'ombre de la reconnaissance des hommes ?

… J'ai toujours pensé que j'avais de la chance d'être un chevalier d'Athéna. Mais cela exige peut-être trop de sacrifices…Après tout, je ne suis peut-être pas fait pour être chevalier… J'en ai la puissance, certes, mais je n'en ai pas l'esprit. J'ai suivi l'entraînement de mon maître pendant des années…Et j'ai oublié l'essentiel…Etre un guerrier au service d'Athéna réclame un détachement total de ses propres sentiments. Et ça je ne peux pas le faire !

Seth- Silène, c'est faux et tu le sais très bien. Il n'est pas nécessaire d'être sanguinaire pour sauver la vie des hommes. Ecoutes, je te connais parfaitement, tu es sans doute le chevalier le plus sage et le plus méritant que je n'ai jamais rencontré. Tu n'as pas le droit de dire cela. Ces émotions ne font pas de toi un être faible, bien au contraire. J'estime que cela fait justement la qualité d'un chevalier d'Athéna.

Silène- J'aimerais te croire et pourtant, c'est cette qualité comme tu dis qui a causé la mort de mon maître. La dernière leçon qu'il m'ait apprise est celle qui à justement causé sa perte.

Seth- Et cela a-t-il fait de lui un incompétent ? Etait-ce un mauvais chevalier d'Athéna, était-il là par hasard ? Etait-il Grand Pope au détriment de quelqu'un de plus méritant que lui ? Je ne crois pas. A voir comme tu le respectes et comme tous ceux qui le connaissait le respectent, je pense que tu te trompes mon ami. Ton maître était sage, et bon, et il a décidé de sa fin… J'en suis persuadé…S'il a choisi de ne pas achever Saga, c'est qu'il l'avait décidé… Ce que tu as pris pour une hésitation, une faiblesse, ne l'était pas. Il est mort consciemment. Peux-tu croire encore aujourd'hui que Saga aurait pu le battre s'il ne l'avait pas décidé ? Peux-tu encore croire qu'il était plus faible que le chevalier des gémeaux ? Peux-tu encore croire qu'il s'est laissé surprendre parce que tu étais là ? Non ! Il savait ! Il savait que son heure avait sonné pour vous laisser la place. A toi et Mû. Et à Aioros. Il ne pouvait pas prévoir la suite. Rappelles-toi chaque chose à sa place et en son temps. C'est l'une des principales leçons de ton maître. On ne doit pas changer le destin. Tout est écrit.
Tu peux te maudire et estimer que tu n'es pas un bon chevalier…Mais je pense que, d'où il est, Sion est fier de toi et n'aurait pas pu rêver de deux meilleurs élèves comme vous l'étiez avec Mû. De plus, quelqu'un qui se remet en question comme tu le fais ne peut être considéré comme un être faible, mais au contraire, une personne sage et digne de revêtir les plus hautes fonctions et mériter la plus grande confiance. C'est à mon avis le plus beau compliment que l'on puisse faire à un homme et à un chevalier…

Là est l'essentiel. Si tu ne l'as pas compris…Effectivement…Tu n'es peut-être pas à ta place…
Je vais rejoindre les autres...Nous t'attendrons…

Silène, surpris par la leçon qu'il venait de prendre, sans rien dire, regarda Seth tourner les talons vers la sortie dans des pas lents, résonnants dans toute la pièce. Une fois Seth parti, il s'écroula, genoux au sol pour laisser évacuer toute sa colère et toute sa tristesse dans des sanglots longs. Il hurla et il pleura. Comme un enfant…

Chose qu'il n'avait jamais fait.

***

Un homme, apparemment seul, contemple la vaste plaine qui lui fait face et qui s'étend à perte de vue. Il veille sur sa seule richesse : un troupeau de chèvres maigres qui lui permet à lui et à son peuple de survivre tant bien que mal. En effet celui- ci vît dans la misère la plus totale mais ne se plaint jamais. Il mange rarement à sa fin, mais ne se plaint jamais. Il n'a pas d'endroit convenable pour dormir et élever ses enfants mais ne se plaint jamais. Pourtant meurtri d'une vie dont personne ne voudrait, et affamé, et assoiffé, il fait passer le sort de sa famille et de son peuple avant le sien. Il porte toute la misère de celui-ci sur ses épaules et ne doit pas flancher car, par son courage et sa bonté, il est respecté, admiré et apprécié par toutes les personnes qui le connaissent.

Les yeux perdus dans le vague, ce berger rêve d'une autre vie…

La misère qui caractérise sa vie n'a cependant pas d'incidence sur sa carrure. Il est étonnamment bâti, une musculature de guerrier plus que de berger. C'est son humilité qui à décidé de sa voie mais ses seules mains auraient pu arracher des arbres par dizaines si la situation l'exigeait. Il les regarda longtemps puis reprît ses rêves…

- N'en as-tu pas assez de cette vie ?

Une voix caverneuse le sortît brusquement de ses pensées. L'homme se leva rapidement et se retourna pour savoir qui s'était adressé à lui…Personne. Ce n'était pas pourtant dans ce paysage d'Afrique australe, désolé à des kilomètres à la ronde que quelqu'un aurait pu se cacher…Après quelques instants, il considéra donc qu'il avait rêvé. Le soleil pensa t-il. Il ne fait pas bon rester trop longtemps dessous se rappelait-il avec amusement.

-Hé bien tu ne veux pas me répondre ?

Toujours la même voix. Cette fois ci le doute n'était plus permis. Soleil ou pas, il avait bien entendu, et distinctement qui plus est, une voix s'adresser à lui. Celle-ci avait un côté effrayant en plus du fait qu'elle sortait de nulle part, elle était grave et résonnait d'un échos sans fin…L'homme était loin d'être rassuré.

-Qui…Qui est là ?

-Peu importe mon nom et peu m'importe le tien. Je peux t'offrir une vie nouvelle et c'est tout ce que tu dois savoir.

-Une vie nouvelle ?

-Je peux t'offrir le pouvoir, te sortir de ta vie misérable, et tout ce dont tu rêves, c'est le pouvoir, n'est-ce pas …Callisto ! Je te donnes l'occasion de te venger de ton destin minable, de prendre ta revanche sur cette vie pitoyable !

-Co…Comment m'avez-vous appelé ? Bien que ce nom n'était pas le sien, il ne lui était pas inconnu.

-C'est bien comme cela que tu te nommes.

-Mais non je…Petit à petit des images lui revenaient, floues dans un premier temps comme son regard soudain, puis de plus en plus nettes. Cadrées de rouge écarlate, ses images lui revenaient par flash monstrueux, des hommes, des femmes, vieillards et enfants pillés, déchiquetés, torturés et massacrés par un bras vengeur…Le sien !

- Ne refuses pas la vérité. L'heure est enfin venue de ta résurrection Callisto ! Tu pilleras, voleras et massacreras en mon nom. Lève toi et rejoins tes compagnons, apporte la terreur et le chaos dans ce monde…Je te donnes la chance de te venger. Prends la ! Fais résonner le glas de la race humaine et accomplis ce dont tu rêves depuis l'aube des temps.

L'homme qui s'était recroquevillé et qui se roulait par terre, hurlait à s'en crever les tympans, harcelé par ces visions horribles. Il s'arrêta brusquement et se releva lentement. Le regard sage et doux qu'il arborait avant avait disparu de son visage, comme s'il n'avait jamais existé…A sa place les yeux froids et les mâchoires serrées, regardant toujours au loin, un sourire étrange accroché à ses lèvres, il était prêt à exécuter la prophétie…Il enflamma son cosmos et en un instant , il disparût de ce paysage.

***

Comme chaque jour, le Gange est empli de miséricordieux venus expier leurs pêchés. Parmi eux, un homme frêle et osseux s'exécute dans un long processus qu'il répète quotidiennement. Il se lave en répétant des incantations anciennes, se purifiant et priant pour le salut de son peuple et de la race humaine.

-O Buddha, pardonne à ceux qui trahissent et pillent en ce monde. Permets à mon peuple de se nourrir à sa faim. Fais que ce monde vive dans la paix et dans la joie.

Regardant un ciel qui ne s'était pas assombri depuis plusieurs semaines, cet individu implorait son dieu de bien vouloir le baigner de sa pluie douce et tiède. Malgré ses incantations, cet homme, entouré par une misère ambiante totale, se lamentait chaque jour d'avantage de voir son peuple vivre ainsi, se lamentait encore plus du fait que l'homme vole, massacre pour survivre…Cet homme perdait la foi. Il avait perdu sa confiance en l'homme.

Pour un être comme lui, qui s'était dévoué toute sa vie pour un dieu qu'il n'avait jamais vu, c'était synonyme d'avoir tout perdu. Il n'avait pourtant pas le droit de flancher. Pour les hommes, les femmes de son village, il était le salut, un demi-dieu en quelque sorte. Il représentait un modèle de courage et d'abnégation. Sa foi en les hommes quelques soient leurs actes inspirait le respect à ses congénères.

Mais cette fois, c'était fini.

Ayant espéré un signe toute sa vie, son dévouement n'avait pas été récompensé. Il était arrivé au bout du chemin…

-Tu as raison. Cette race ne mérite pas de survivre. L'heure est arrivée où une nouvelle race doit prendre la relève.

Une voix hors du temps semblant sortir de nulle part et de partout à la fois, arrivait à ses oreilles et vrillait son cerveau. L'eau boueuse du Gange prît soudain une teinte tantôt dorée tantôt écarlate. Des vagues immobiles se formèrent, un tourbillon au milieu du fleuve semblât indiquer d'où provenait cette étrange et effrayante manifestation.

Enfin, il avait ce signe qu'il avait attendu toute sa vie. Ce n'était pourtant assurément pas le message auquel il s'était attendu… C'était même tout à fait à l'opposé de ce qu'il espérait et ce dont il avait imaginé son dieu.

La panique gagna rapidement hommes et femmes se baignant dans le fleuve et ils s'enfuirent tous en poussant des cris horribles, terrifiés d'être présent à une manifestation divine de cette nature.

-Je ne suis pas le dieu auquel tu t'attendais je suppose, mais je te fais une offre ou plutôt, une confidence, cette race que tu chéris tant continueras toujours à voler et à tuer, c'est dans sa nature. Elle ne peut s'en empêcher. Je te propose de poursuivre tes rêves, des rêves que tu as commencé il y a très longtemps. A cette époque tu nourrissais les mêmes espoirs qu'aujourd'hui, quelques dieux vous ont empêché, toi et trois autres guides d'accomplir ce rêve. L'heure est venue de prendre ta revanche…

-Mais qui êtes-vous, je ne comprends rien à ce que vous me dîtes. Je ne suis pas de ceux qui tuent.

-Oh si tu le feras ! Puisque c'est en toi !

-Non, vous vous trompez ! Je ne le ferez pas !

-Je vois…Cela ne sert à rien d'insister. Puisque tu ne me crois pas, regardes !

La lueur s'intensifia et l'onde créa des remous de plus en plus violent jusqu'à créer une vague boueuse gigantesque qui engloutît l'homme en un instant.

Se débattant pour ne pas sombrer, l'homme abandonna au bout d'une minute et glissa dans un état de semi conscience. Tout était noir " suis-je mort ? Je ne sens plus rien… Enfin je suis délivré. Le réveil fût plutôt brutal : des images lointaines lui vinrent petit à petit, le sang, le feu, le froid, les cris, la terreur qu'il inspirait à son passage, puis à chaque fois, une prière pour le salut de ses victimes. Dans une froideur calculatrice, il exécutait, massacrait sans la moindre hésitation. Il n'y prenait pas plaisir, mais c'était nécessaire, l'homme était trop imparfait pour subsister. Il fallait mettre fin à cette race…

-Tu comprends maintenant Siddhârta ! Qui tu es…et qui tu vas redevenir.

La vague se calma, les remous disparurent, l'onde et la lueur également. Seul un homme sortît de la boue, lentement.

Au loin, des témoins parlèrent d'une grande explosion succédant à des cris horribles, puis un calme que rien ne semblait pouvoir troubler…

***

La tempête était tout ce que l'on pouvait entendre en cet instant dans cette partie du globe bien connue des marins sous le nom de terre de feu, elle leur inspirait la plus extrême des terreurs.

Au bord d'une falaise, se tient un homme. Désespéré. Humilié. Cet homme a dédié la majeure partie de sa vie à l'art. La peinture pour être plus précis. Le jour qu'il avait espéré comme son jour de gloire a tourné au cauchemar et sonne le jour où il va se donner la mort.

Les gens se moquent de ses peintures, ils se montrent, les critiques qu'il avait espéré n'ont rien à voir avec celles qu'il a eu. Il aurait voulu qu'on le vénère, qu'on le porte en gloire, qu'on le montre dans la rue comme le plus grand des artistes, la gloire et le pouvoir. Mais il n'a eu rien de tout ça. Il maudit ce monde. Ce monde qu'il a découvert aujourd'hui et qui est derrière lui en ce moment même pour tenter de l'empêcher de sauter.

Il se retourne, sourît et lance " Je vous ai tout donné et vous que m'avez-vous donné ? Soyez maudits ! Je reviendrais pour détruire vos vies comme vous venez de détruire la mienne, il ne me reste plus rien, ma vie s'est échappée de mes yeux ! Je vais vous le faire payer !" et dans une hésitation brève, s'élance dans un saut inhumain et disparaît dans les énormes vagues n'imprimant comme dernier son que les cris effroyables des " personnes qui l'ont poussé dans le vide ".

Quelques instants s'écoulent avant que, dans une lumière éclairant tout le ciel, le sortant de son habituelle obscurité, plusieurs jets de lumières, comme des fantômes traversent et s'emparent des vies des curieux, s'écroulant tous, les uns après les autres. Ceux -ci ne peuvent alors pas voir qu'un homme marche dans le vide et les regardant avec dégoût, dit : " Je tiens toujours mes promesses ! Je vous avais promis la mort, c'est tout ce que vous méritiez, je jure d'asservir et décimer votre race inutile. Vous n'êtes que des animaux sans ambition, je vais vous montrer ce qu'est le pouvoir. Moi Faust, jure de sonner votre glas à tous ! "

Dans un rire diabolique sans fin, il disparût et la tempête reprît de plus belle…

***

Dans une prison délabrée en Turquie…

Les cheveux hirsutes, la barbe en désordre, un prisonnier regarde son avocat s'adresser à lui. Il lui signifie que son cas est sans espoir et qu'il va devoir partager sa cellule le reste de sa vie avec rats, cafards et autres êtres solitaires. Quelques instants plus tard, il se retrouve devant un tribunal improvisé, enfermé dans une cage, il écoute sa sentence. Le juge s'adresse à lui :

-La férocité et l'acharnement avec lequel vous avez ôté la vie à vos victimes est quelque chose que je n'avais encore jamais croisé dans ce tribunal. La manière que vous avez de décider du droit de vie ou de mort sur les hommes et les femmes n'a pas sa place dans le dictionnaire, comme vous n'avez pas votre place dans le monde libre. Vos actes ne sont pas dignes d'un homme, vous ne devriez même pas être jugé. Si il y a avait encore la torture d'instaurée à notre époque je me ferais le plaisir immense d'être votre bourreau. La mort serait trop douce et trop rapide pour vous…

Voyez avec quelle puissance vous inspirez le dégoût dans le regard de ceux qui vous croisent. Puisse Dieu vous pardonner vos actes, lui seul détient assez de compassion pour oublier vos agissements.

L'homme assez proche de l'analphabétisme interpelle le juge dans un grognement. Ayant rendu son jugement celui-ci avait déjà commencé à s'éloigner. Il se retourne et croise le regard d'un fou, les yeux convulsés, rougis par le désordre qui règne dans son esprit, on y lit seulement l'envie de voir couler le sang et voir dans les yeux de ses victimes, la vie s'écouler.

Le juge- effrayé, chuchotant pour lui-même- Cet homme se rend-il seulement compte de ce qu'il fait ? Ce n'est pas un homme ! C'est une bête ! Un prédateur ! Personne ne peut plus rien pour lui, il ne mérite même pas d'être sauvé. Il est nécessaire de l'envoyer dans un endroit coupé de tout contact avec l'homme, il est trop dangereux, il doit être oublié si seulement ceux qui ont entendu parler de lui et de ses actes le peuvent encore…

***

Un garde vient, apeuré donner à manger à un homme que sa réputation de bête sauvage à précédé. Ce garde ne connaît même pas cet endroit sombre et reculé de la prison, réservé aux plus grands criminels, la chaleur et l'humidité rendent ce lieu étouffant, le sentiment de mort qui y rôde le rend stressant à l'extrême…N'étant plus qu'à quelques pas de la cellule isolée, il ne peut constater qu'avec horreur que les barreaux ont été on ne sait comment modifié de leur forme originelle. Au pied de la cellule, dans une mare de sang, un homme gît, reconnaissable uniquement que par l'habit de geôlier qu'il porte, il semble avoir été piétiné par un troupeau de buffles…

Le garde- Mon dieu !!!

***

Entrant un par un, après avoir traversé les douze maisons, dans les appartements du Pope, les chevaliers découvrirent l'émerveillement total. Ce lieu semblait appartenir à une autre époque, tout n'était que luxe et contrastait avec le paysage désertique entourant le sanctuaire. Ceux -ci était bordé d'un bassin qui ouvraient sur une plaine couverte de fleurs. Les chevaliers étaient stupéfaits de découvrir qu'un tel lieu existait sur terre. Seul Silène, qui revînt après quelques minutes, avait connaissance de ce cadre idyllique. Cela faisait plus de 13 ans qu'il n'était pas revenu, et il lui semblait redécouvrir ce lieu. Toujours perdu dans ses pensées, son enfance lui revînt en mémoire par flashs lui couvrant le visage d'une expression nouvelle et attendrie.

Silène- Tout le monde étant installé, je crois que l'on peut se présenter et essayer, si c'est encore possible de se connaître et de rattraper le temps perdu.

Une fois les présentations faites, et un capharnaüm de discussions diverses, Shina prît la parole.

Shina- Silène, vas-tu enfin nous expliquer pourquoi des guerriers puissants comme vous étaient absents et ne sont pas revenus pendant toutes ces années ?

Jabu- Oui vous nous devez bien cela, nous avons perdus des amis dans cette guerre et elle se serait peut-être déroulée autrement si vous aviez eu le courage de vous montrer !

Déméter se retînt pour ne pas sauter à la gorge de Jabu.

Silène ayant tendu son bras pour signifier à Déméter de ne pas relever le défi- Tu as raison Jabu, cette guerre aurait peut-être été différente si nous avions été là. Mais rien n'est sûr. Les spectres sont des êtres puissants…

Seth- sur un ton aussi calme que son meilleur ami- Les ordres du Pope, et tu devrais le savoir en tant que chevalier, ne se discutent pas. Nous devons nous plier à sa volonté. Sachant qu'une guerre sainte était imminente, il nous a confié une mission…

Géki- Et peut-on savoir laquelle ?

Silène- Celle-ci !

Ayant levé le bras droit au ciel, une lumière blanche jaillit du doigt de Silène, après un instant de silence, la salle fût soudain empli d'un grondement lointain, se rapprochant progressivement, puis, les unes après les autres, des urnes sacrées apparurent devant les chevaliers. Devant elles des hommes et des femmes d'allures et d'âges différents faisaient désormais face aux chevaliers de bronze, Marine Kiki et Shina.

***

-Dans un lieu sombre éclairé que par quelques faibles bougies-

Un être enveloppé dans une tunique couvrant son corps, des pieds jusqu'à son visage, regarde longuement les quatre démons tapis dans la pénombre devant lui.

-Si je vous ai sorti de votre sommeil millénaire, c'est que nous avons tous ici, dans ce lieu aux entrailles de la terre, des projets communs. Des projets que nous souhaitons réaliser et que l'on nous a empêché de mener à bien il y a très longtemps mais je ne vous apprends rien. Je vous offre votre revanche, la domination du monde et l'aube de votre gloire.

Faust- Et qu'en est t-il de ceux qui nous ont enfermé ? Va-t-on encore voir nos ambitions censurées par ces dieux minables ?

-Je m'occupe de ces dieux, j'ai des alliés très puissants et moi-même, je n'ai rien à craindre d'eux.
Occupez vous de détruire cette race. Semez la discorde, apportez le chaos et le crépuscule de la race humaine. Le reste, j'en fais mon affaire. Les dieux seront ravis ou terrifiés à l'idée de me retrouver à nouveau parmi eux.

Une dernière chose, j'ai retrouvé quelque chose pour vous.

D'un geste de la main, l'ombre qui défiait les dieux fît apparaître les 4 armures légendaires puis disparût sans un bruit, se dirigeant vers l'olympe ou quelqu'un l'attendait avec impatience.

***

-Le sanctuaire-

A l'heure où Silène allait présenter les hommes et les femmes qui étaient apparus quelques instants auparavant. Le ciel aux abords du sanctuaire sortît les chevaliers d'Athéna de leur discussion. Dehors, les nuages accéléraient leur course, le vent se levait, le ciel prenait une teinte sombre et écarlate. Les chevaliers d'argent dont l'acuité était plus évoluée que quiconque présent au sanctuaire actuellement, se rapprochèrent silencieusement de la terrasse qui ouvrait sur l'extérieur.

Seth- vous aussi, vous avez senti ?

Silène- Oui, je l'ai senti…

Déméter- Vous croyez que…

Cyrus- J'ai du mal à croire qu'une telle puissance aussi négative existe. Apparemment, les ennuis ne font que commencer…Notre mission prend son sens aujourd'hui.

Silène- Nous devons nous tenir prêt, je pense que nous allons avoir à nous battre très prochainement…

Chapitre précédent - Retour au sommaire

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Bruno Leroutier.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.