Prélude (partie 1)


Ame


Une sensation... soudaine. Un choc. Oui... Un choc brutal vient d'interrompre mon long... sommeil. Je remet rapidement en éveil mes sens pour déterminer la nature et les raisons de ce choc: les cinq premiers, les sens "physiques", puis le sixième, l'instinct, le septième qui permet de faire exploser son cosmos, le huitième, également appelé Arayashiki, et enfin le neuvième qui englobe tous les autres, le Big Will que seuls les dieux possèdent. Car je suis l'âme d'une déesse: Héra, la Reine de l'Olympe.


Héra


J'analyse la sensation qui a provoquée mon réveil: c'est un cosmos... un cosmos puissant qui s'est éteint subitement.... un cosmos familier... Hadès... j'ai du mal à prononcer mentalement son nom tellement je suis surprise par ce que je viens de comprendre: Hadès mort ?!... Comment ?... Qui ? Qui est le responsable de cette mort ? Un autre Olympien ? Je sens un seul de leurs cosmos: celui d'Athéna. Et il est proche de l'endroit où il me semble avoir perçu celui d'Hadès s'éteindre.

Son cosmos vient d'une dimension lointaine... Elision ? Oui, certainement Elision. Le mieux est sans doute de me rendre sur place pour obtenir plus d'éléments.

Grâce à ma nature divine, je me déplace aisément à travers les dimensions et arrive rapidement jusqu'à Elision... qui commence à s'autodétuire. Hadès est donc bien mort. Je me souviens à présent qu'à de nombreuses reprises par le passé, Athéna et Hadès s'étaient déjà affrontés. Mais que cela aille jusqu'au trépas d'un dieu... Mais ?!... Quels sont ces puissants cosmos que je ressens à proximité d'Athéna ? Je m'approche prudemment, et j'aperçois Athéna que j'identifie immédiatement. A ses côtés se trouvent cinq personnes, quatre debout et une cinquième gisant au sol: des chevaliers bien sûr. Mais quels cosmos impressionnants pour de simples mortels ! Et leurs armures ont un tel éclat; on dirait qu'elles sont fortement liées à Athéna..... Non... des armures divines !! Non seulement la mort d'Hadès rompt l'Equilibre mais ces chevaliers ont reçu de leur déesse des armures divines ! C'est la seconde fois qu'un tel phénomène se produit, et c'est une fois de trop ! Athéna, tu viens de te condamner doublement !

Je dois absolument prévenir les Autres.

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Les Cinq Pics de Rozan, en Chine

Shiryu


Je m'approche près de la cascade, cette cascade dont le bruit du courant m'est si familier, si agréable. Cette cascade qui serait née, selon la légende, d'une pluie de poussière d'étoiles. La nature est si calme autour. La lumière du Soleil se réfléchit sur l'eau. Je m'approche encore de la cascade, je plonge ma main dans la chute...

Soudain...

Soudain, la cascade devient rouge, rouge comme le... mais c'est bien du sang ! C'est une cascade de sang ! Et le paysage autour est devenu si effroyable, la lumière solaire a disparue. Non ! je me souviens, c'est la Cascade de Sang des Enfers ! Pris d'effroi, je tente de dégager ma main de la cascade mais voilà qu'une main squelettique sort de la cascade, me saisit le poignet et m'entraîne dans ce flot de sang sans que je n'ai le temps de faire le moindre geste.

- "Noooon !! " Mes hurlements sont étouffés par un courant écarlate.

- "Noooon !! "

- "Shiryu ? Shiryu ! "

Je m'éveille complètement paniqué.

- "Shiryu, calme-toi. C'est fini." Une voix douce bien connue parvient à m'apaiser.

- "Shunrei ? ...Aah... Ce cauchemar...il était si..."

Ayant un soudain besoin d'air frais, je sors de la modeste bâtisse qui sert à Shunrei de maison. Il fait nuit, j'entend la cascade s'écouler tranquillement. Je lève la tête et j'aperçois un magnifique ciel étoilé. Ce n'est pas dans mes habitudes de faire des confidences, mais j'ai besoin de parler pour évacuer le stress de mon mauvais rêve:

- "Je ne penserais pas que ça serait si dur, Shunrei... Je n'imaginais pas à quel point... ce retour..."

Shunrei s'approche de moi et me murmure d'une voix réconfortante:

- "Je comprends ta douleur... je sais ce que tu ressens..."

Shunrei prend ma main dans la sienne et je la serre contre moi. Nous levons tous deux la tête vers le ciel et nos regards convergent vers un même endroit: la constellation de la Balance.


La Mer de l'Est, en Sibérie

Hyoga


Mon poing s'abat sur la glace puis je plonge dans le trou que je viens de créer. L'eau est froide mais je m'efforce de ne pas y penser: je nage aussi vite que je peux vers mon but. Voilà que je l'aperçois déja: le navire... Maman...Mon coeur se met à battre plus vite...

Soudain...

Soudain, je sens un tourbillon se former sous moi et avant que je n'ai eu le temps d'esquisser le moindre mouvement, me voilà projeté vers la surface. Je m'écrase de plein fouet sur un bloc de glace et à ma grande surprise, je me retrouve littéralement encastré dans la banquise. Mais voilà que je viens d'apercevoir, une chose qui me glace le sang: un cadavre, non, des cadavres, des milliers de cadavres sont eux aussi encastrés dans la banquise..... Mais ce n'est pas la banquise ! Non ! Je me souviens ! C'est le fleuve Cocyte ! La huitième Prison des Enfers !

- "Nooon !! " Je ne sens plus ma gorge, j'ai l'impression de ne plus pouvoir parler.

- "Nooon !! "

- "Hyoga ? Hyoga ! "

Je me réveille en sueur.

- "Tout va bien, ce n'était qu'un rêve. " Une voix chantante et peu familière essaie de me réconforter.

- "Hein ? Oh ! Tu es..." J'essaie de reprendre mon calme. "Tu veillais sur moi, Léda ? "

- "Yakoff s'était endormi, alors..."

Je sors de mon lit, j'ai besoin de bouger. Je jette un regard par la fenêtre. Je connais Léda depuis trop peu de temps et je ne suis pas très loquace généralement; je préfère garder mes états d'âme pour moi, mais j'ai trop besoin de parler après ce cauchemar si vrai que je finis par demander:

- "Tu fais partie des quelques nymphes que nous avons pu sauver lors de la destruction d'Elision, mais alors que tes "soeurs" ont préféré rester au Sanctuaire, tu as préféré me suivre en Sibérie. Pourquoi as-tu fait cela, Léda ? Cela ne t'éloigne-t-il pas plus de tes racines ? "

- "Ce que tu dis est vrai, Chevalier. Mais ce choix s'est imposé à moi comme étant le seul possible, je ne puis te dire pourquoi..... Ton oeil va mieux ? "

La question de Léda me surprend et je tâte alors machinalement le bandage sur mon oeil gauche pour m'apercevoir que je n'en ai plus ! Plus incroyable encore, mon oeil gauche est guéri !

- "Mais comment ?... " Je me retourne vers Léda.

- "Nous autres nymphes avons chacun un talent particulier en rapport avec la nature: en ce qui me concerne, j'ai le pouvoir de soigner les blessures légères ou localisées. Malheureusement, ce n'est pas de tes blessures physiques dont tu sembles souffrir le plus."

J'ai un moment le souffle coupé par la clairvoyance de cette nymphe. Puis je décide de lui répondre:

- "En effet, tu as raison. Tu peux certainement comprendre cela, toi qui a perdu nombre de tes soeurs récemment. Vois-tu, depuis le jour où j'ai décidé de devenir un chevalier, je n'ai cessé de perdre des êtres chers dans mon coeur: ma mère, mon maître, mon ami, et il y a peu un aîné, ami de mon maître, qui a perdu la vie en..."

Je ferme les yeux. Je revois l'immense explosion détruisant Giudecca. Flashback. Je revois cet instant comme si j'y étais, j'en sens toute l'importance, la tension...Je vois douze homme vêtus de parures d'or. Parmi eux, mon maître, Camus, et mon aîné, Milo. Suis-je destiné à voir tous mes proches, mes guides mourir sans pouvoir l'empêcher ?


Ile d'Andromède, dans l'Océan Indien, au large de la Somalie.

Shun


Shun.

Qui m'appelle ? Qui es-tu ?


Shun... La voix semble devenir plus proche, plus... attirante.Tu ne peux échapper à ton destin... au Destin... accepte-le... DONNE-MOI TON AME !

Non ! Nooonnn ! Je ne peux pas L'empêcher. J'ai l'impression que ma tête est broyée, que mon cerveau va exploser tant la douleur me dépasse, me... possède.

Nooonnn !

- "Shun ! Shun !!"

L'intonation autoritaire de la voix m'arrache des griffes de... mon cauchemar.

- "... June ?! C'est toi ? "

- "Oui."

- "Je... il faut que... je... sorte..." articule ma bouche sans que j'ai l'impression de prononcer ces mots. Je sors de la hutte en titubant, la tête lourde.

- "Shun..." June m'a suivi à distance. " Excuse-moi de t'avoir réveillé si... brusquement..." Silence. Puis: " Ton cauchemar, c'était encore..."

- "Oui. Celui où je ne suis plus moi-même..."


Ile de la Mort, dans l'Océan Pacifique Sud.

Ikki


Ikki, venge-moi... Cette voix. SA voix. Je ne l'oublierais jamais. La voix d'une personne que la vie regagne mais qui se sait déjà condamnée.

Devant mes yeux se trouve une croix en bois sur laquelle est gravé un nom, un nom également gravé au plus profond de mon coeur: Esméralda.

J'attache sur la croix un fil sur lequel j'ai glissé quelques perles noires et de petites sculptures d'ivoire. C'est tout ce qu'il me reste d'un collier. Un collier que l'on m'a confié comme on confie ce qu'il reste de son espérance. Un collier que quelqu'un a détruit.

Je me recueille silencieusement sur la tombe d'Esméralda. Mais je ne pense pas qu'à elle: son visage est dans mes pensées à côté de celui d'une jeune fille aux longs cheveux noirs et aux yeux tristes.

Fin de la première partie

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Cette fiction est copyright Hugo Duvergey.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.