Chapitre 5 : Le procès


Kiki

Voyons est-ce que j'ai tout ? La poussière d'étoiles, oui ; l'orichalque, oui ; mes outils, oui…

Bon il va falloir y aller.

Un regard à droite, un autre à gauche ; personne. Maître Mû m'a laissé seul. Seul face à ce bout de métal qui doit devenir une armure d'Or.

Quelqu'un pourrait-il me dire par quel bout suis-je censé le prendre ??? D'accord, ce n'est pas tout à fait vrai. Je sais à peu près ce que je dois faire. Alors, qu'est-ce que j'attends, me direz-vous ?

La réponse est simple : je suis mort de trouille.

Mais enfin mettez-vous à ma place ! C'est une énorme responsabilité pour un gosse de mon âge. D'ailleurs Dohko l'a dit : le Sanctuaire repose sur moi. Alors imaginez…

Je sais, je sais. J'ai beau n'avoir que neuf ans, j'ai déjà participé à trois guerres saintes. Si je n'avais pas été là, Seika serait morte et Shina se serait suicidée de désespoir. Cela veut-il dire pour autant que je suis prêt à construire une armure, d'Or de surcroît ? Si encore j'avais pu me faire la main sur une armure de Bronze. Mais non ! Dohko a été formel : ils ont un besoin urgent des armures d'Or. Comme si c'était si facile… Tenez ce marteau, par exemple : j'ai bien une idée vague de comment l'utiliser au début, mais après ? Et la pince, là ?

Attendez un instant…

Il me vient une idée. Et si la pince bloquait là tandis que le marteau…

Bon, je vous laisse, j'ai du travail.

***

Camus

Douze chevaliers d'Or. Non, treize, je ne m'y ferais jamais. Cinq chevaliers de Bronze - Seiya est là, Marine y a veillé - et deux chevaliers d'Argent. Dohko se lève. Il regarde chacun d'entre nous. Le feu qui brûle dans ses yeux ne sied pas tout à fait au chevalier de la Balance mais même moi, que l'on appelle le chevalier de Glace, j'ai du mal à conserver la maîtrise de mes sentiments.

- Chevaliers, et le ton glacial de sa voix me fit frémir, nous sommes réunis aujourd'hui pour débattre de la punition à infliger à Androgée, roi de Knossos et à son chef des gardes, Idoménée. Je tiens tout d'abord à vous rappeler que leur culpabilité ne fait aucun doute, attendu qu'ils ont reconnu leur forfait. Certes, le roi invoque un serment comme circonstance atténuante et il conviendra de statuer sur ce point. Pour l'heure, il nous faut conférer. Dans la pièce à côté se trouvent Seika et Shunrei, toutes deux présentes sur les lieux. Elles seront à votre disposition pour toutes questions que vous jugerez utiles de leur poser. J'attire votre attention sur l'importance de cette affaire. Il a été clairement établi que Minos avait profité de l'état de faiblesse des chevaliers de Bronze pour leur tendre un piège. Il est à craindre que d'autres fassent de même, s'ils en ont l'occasion. Il faut faire un exemple !
- Si je comprends bien ta position, Dohko, intervint doucement Shaka, tu prônes la peine capitale ?
- Je me suis laissé emporter. Mais telle est effectivement ma position.
- Je ne la partage pas, répliqua aussitôt Shaka. Certes, le crime accompli est grand et Miho ne méritait certainement pas une mort aussi affreuse. Mais selon moi, le seul fait pour les deux Crétois de vivre avec cette horreur sur la conscience est une punition largement suffisante.
- Je suis d'accord, fit Paolo. Pour moi qui ai fait tant de mal au Sanctuaire, je puis vous assurer que vivre avec mes péchés a été plus que douloureux et que j'aurais cent fois préféré la mort.

Aphrodite et Saga approuvèrent d'un signe de tête.

- De quelle manière sera prise la décision, demanda Aioros ?
- Nous sommes vingt chevaliers présents ici. Je pense que la décision devra être prise à une majorité de dix-sept chevaliers.

Personne ne pipa mot.

- Bien, reprit Dohko. Voici comment nous allons procéder. Chacun d'entre vous va s'exprimer sur la punition à infliger. Les chevaliers d'Argent vont parler en premier, puis les chevaliers d'Or et enfin les chevaliers de Bronze. Marine, tu veux commencer ?

Le chevalier de l'Aigle se leva. J'avais toujours du mal à voir le masque gris qui cachait son visage. Surtout depuis que Shina l'avait enlevé.

- J'ai eu de nombreuses discussions avec Shunrei et Seika, ainsi qu'avec certains chevaliers de Bronze. Il apparaît comme certain que les Crétois étaient effectivement liés par un serment à leur déesse. Maintenant, peut-on le considérer comme circonstance atténuante ? Les chevaliers d'Or ont barré la route à Seiya et ses compagnons sous couvert de fidélité à Athéna.

Plusieurs murmures se firent alors entendre. Chacun d'entre nous bougea sur sa chaise, mal à l'aise.

- Autre point, poursuivit Marine pas le moins du monde perturbée, je tiens à rappeler que ni Androgée ni Idoménée n'ont tué Miho. Le coup mortel a été porté par Minos. Se pose alors la question suivante : jugeons-nous les deux Crétois pour avoir combattu les envoyés du Sanctuaire ou parce que nous ne pouvons punir Minos de son crime ?
- Où veux-tu en venir, Marine, interrompit Dohko ?
- Je pense que les Crétois sont innocents du crime dont on les accuse.

Nouveaux murmures, plus virulents. Dohko, qui s'était rassis, serra les poings sur son fauteuil.

- Tu oublies qu'ils ont avoué, répliqua-t-il avec le reste de calme qui lui resta.
- Avoué quoi, cingla Marine ? Ils se sont soumis à la justice du Sanctuaire parce qu'ils se sentent coupables, pas parce qu'ils le sont ! Je suis navrée Dohko, mais tu te laisses aveugler par la mort de Miho. Miho que de plus tu ne connaissais même pas ! Qu'est-ce que cela aurait été si Shunrei avait péri à sa place ? Aurais-tu ordonné la mise à mort immédiate par lapidation ?

Le regard de Dohko flamboya. La scène avait quelque chose d'irréel. Voir le si calme chevalier de la Balance fulminer de la sorte était un spectacle proprement ahurissant. Qu'est-ce qui pouvait motiver chez lui une telle rage et un tel abandon de ses principes ?
Mon regard croisa celui de Shiriu. Le chevalier du Dragon sourit tristement et baissa la tête. Hyoga fit de même, suivi par Shun. Seul Ikki gardait la tête haute, mais je voyais qu'il se mordait les lèvres pour ne pas hurler.
Brusquement, je compris. Dohko était furieux, mais pas contre les Crétois. Pas vraiment. Je me levai et pris la parole.

- Je requiers une audience personnelle avec le Grand Pope.

Un brouhaha énorme s'ensuivit. Pourquoi diantre pouvais-je demander une audience à un tel moment ? Le regard de Dohko changea immédiatement, passant de la colère à la profonde stupéfaction. Il se redressa, plongea ses yeux marron dans les miens et me répondit.

- Soit. Nous reprendrons dans quinze minutes.

Dohko tourna les talons et se dirigea vers les appartements privés du Grand Pope. Je le suivis quelques secondes après. Lorsque je fermai la porte, les voix éclatèrent derrière moi. Dohko alla droit vers la fenêtre et regarda dehors, me tournant le dos.

- Je t'écoute.
- Arrête, Dohko. Tes grands airs ne marcheront pas avec moi. Je sais pourquoi cette histoire te tient tant à cœur.
- Ah.

Ce n'était même pas une question. Juste une syllabe lâchée, presque à regrets.

- Tu t'en veux parce que tu te sens responsable de la mort de Miho. Tu te figures qu'en tant que Grand Pope, les chevaliers de Bronze étaient sous ta responsabilité, tout comme leurs compagnes. Mais, Dohko, tu ne pouvais pas savoir. Personne ne pouvait prévoir que le roi Minos voulait se venger. La mort de Miho est une tragédie, une des nombreuses dans un passé récent. Mais aussi terrible soit-elle, tu ne peux blâmer les deux Crétois.
- Et pourquoi pas ? Ils se sont constitués prisonniers et nous avons toute latitude pour les châtier ! Si cela ne tenait qu'à moi, on les aurait déjà crucifiés !

L'explosion de Dohko fut violente. Il se retourna vers moi et pointa son index vers ma poitrine. Ses doigts tremblaient et des larmes perlaient sur le bord de ses paupières. Je m'approchai de lui et le pris doucement par les épaules. Dans mes bras, il se calma peu à peu. Les soubresauts s'espacèrent. Au bout de quelques minutes, il se dégagea et sécha ses larmes.

- Allons, fit-il, il nous faut les rejoindre. Le procès doit continuer.
- Ajourne pour aujourd'hui. Convoque le roi et son chef des gardes et parlez ensemble.
- Non, cela n'est pas possible. Je reporte à demain le procès, mais chaque chevalier doit faire part de son opinion. Je serai toutefois un juge bien plus calme et posé, je te le promets. Va les prévenir que nous reprendrons demain.

Je m'inclinai sans mot dire. Avant que j'ouvre la porte, j'entendis la voix de Dohko.

- Camus ?
- Oui ?
- Merci.

Lorsque je pénétrai à nouveau dans la grande salle, les discussions, vives, s'arrêtèrent net.

- Au nom du Grand Pope, le procès est suspendu jusqu'à demain 9h.

Dans un silence impressionnant, les chevaliers quittèrent la salle, chacun d'entre eux me jetant un regard interrogateur à la sortie, sans que je répondisse quoi que soit. Marine, qui sortit la dernière, dirigea son masque clair vers moi.

- Va-t-il mieux ?
- Grâce à toi et moi, oui, je pense. Tu es très forte, Marine.
- Moi ? Non. J'ai simplement ressenti la même chose que lui.

***

Calios

Avais-je eu raison ? J'avais décidé de notre retour au Sanctuaire, pensant que notre place était là et que, de toute façon, nous resterions toujours tous les trois ensemble. Certes, nous avions de nombreuses divergences d'opinions qui n'allaient pas en s'arrangeant, mais je n'aurais jamais cru que quelques jours à peine suffiraient à nous séparer. Oh bien sûr, cette séparation n'était pas flagrante, mais elle était suffisamment claire pour moi. Néa avait requis du chevalier de la Vierge qu'il complète son entraînement. Elle avait justifié cette requête en m'expliquant que cela permettrait peut-être à ce dernier de retrouver son cosmos. Je n'avais rien dit, mais intérieurement j'avais haussé les épaules : comme si elle ne savait pas qu'il avait récupéré ses pouvoirs. Etais-je amoureux de Néa pour que son mensonge me fasse aussi mal ? Peut-être. Mais il était sans doute trop tard pour penser à avoir cette sorte de relation avec elle. Néa me considérait, à tort ou à raison peu importait, comme son grand frère, une sorte de guide. Oui, peut-être avais-je laissé passer ma chance.

Jen avait adopté la même démarche que Néa, dans la mesure où il avait été demandé à un chevalier de l'aider à progresser. Mais il faut bien reconnaître que l'étonnement fut général lorsque Ikki, chevalier divin du Phénix, accepta sa requête. J'ai assisté à quelques-uns de leurs entraînements. J'ai du admettre que le chevalier Phénix ne plaisantait pas. Je ne suis pas certain que Jen ait autant travaillé et souffert avec son premier maître. Ikki le poussait sans cesse à dépasser ses limites, sans lui laisser le moindre répit. Un moment, Jen en a eu assez et s'est servi de ses pouvoirs pour détruire l'armure du Phénix. Soit il était très fatigué, soit il ne connaissait pas la légende ou alors il n'y croyait pas. Toujours est-il que lorsque l'armure s'est reformée sur les épaules de son maître, il a compris sa douleur. L'attaque que lui a lancé Ikki était d'une telle violence que je ne suis pas certain que j'aurais pu l'éviter. Jen la reçut de plein fouet et alla mordre la poussière. Lorsque Ikki prit la parole, sa voix était vibrante de colère.

- C'est toi qui es venu me chercher, chevalier de Cassiopée. Si mes entraînements ne te conviennent pas, tu n'as qu'à décamper.

Sans attendre la moindre réponse, Ikki tourna les talons et s'en fut. Le lendemain, Jen se trouvait dans les arènes, lorsque son maître arriva. Ce dernier lui jeta un coup d'œil et hocha la tête, sans mot dire. Et leurs exercices reprirent…

Et me voilà seul, ruminant mes pensées. Un bruit de pas, pourtant léger, me fit lever la tête. Shiriu. Je n'avais que très peu parlé avec celui qui m'avait succédé auprès de mon maître Dohko.

- Calios, commença-t-il, as-tu déjà vu Dohko en colère ?

Je fronçai les sourcils. Shiriu plaisantait-il ? Dohko en colère ? Autant demander si les pommiers avaient déjà donné des poires. J'allais répondre lorsque je surpris un curieux éclat dans son regard. Je compris immédiatement que le procès ne s'était pas bien passé et que mon maître y était pour quelque chose.

- Qu'est-il arrivé ?
- Je ne sais pas, répondit Shiriu au bout de quelques secondes. Je ne l'avais jamais vu comme ça : l'œil noir, le verbe haut et la voix d'une froideur inhumaine. Je n'arrive pas à comprendre.

Shiriu me raconta la matinée et l'altercation verbale entre Marine et le Grand Pope. Quand il parvint à la demande de Camus, j'eus un léger sourire. Il était évident que ce chevalier avait compris l'ire de mon maître. Moi pas en revanche, mais il me manquait plusieurs éléments. Je sentis que Shiriu avait besoin de penser à autre chose aussi je lui proposai de se mesurer à moi, au cours d'un entraînement. Son regard franc et loyal rencontra le mien. Au bout que quelques secondes, il accepta.
Il se débarrassa de sa veste chinoise et se mit en garde. Je sautai de mon rocher et me mit face à lui, surexcité. En fait, je brûlais de savoir lequel de nous deux était le meilleur disciple de Dohko. Certes, Shiriu était à présent un chevalier divin ; mais qui sait si, confronté aux mêmes épreuves que lui, mon cosmos ne se serait pas accru de la même façon ?

Sans attendre je lançai mon poing gauche en direction de sa tête. Il le para aisément, mais je le fis suivre par mon poing droit vers son estomac. Il l'évita au dernier moment par un bond en arrière ; il retomba gracieusement sur ses pieds, un large sourire aux lèvres.

- Joli enchaînement, fit-il. Mais il t'en faudra plus pour me mettre à terre.
- Mais j'y comptais bien, Shiriu. Sinon, tu ne serais pas le digne disciple de Dohko !

Mon pied droit décrit un arc de cercle en direction de son crâne. Il para avec ses deux bras en croix, de façon à capturer mon pied et m'obliger à tomber. Mais j'avais anticipé et me dégageai facilement de la même façon que lui, par un bon en arrière. Inutile de dire d'où nous tenions nos techniques ! Notre entraînement se poursuivit pendant plusieurs minutes, sans que l'un ou l'autre ne puisse prendre l'avantage. Je devais reconnaître qu'il était très fort, mais je ne voyais toujours pas en quoi il était supérieur à moi. C'est là que je commis ma première erreur. Ma garde se relâcha et il en profita pour m'assener une série de coups de poing dans l'abdomen. Lorsqu'il arrêta, j'avais essuyé une bonne dizaine de coups sans réagir. Et là, je ne sais ce qui se passa. Ma volonté, mon envie de lui prouver que je lui étais supérieur m'obscurcit le jugement au point que je lançai une attaque sur un homme sans armure. Mon cosmos brilla brièvement tandis que le mot sortit de ma bouche.

- Rafale.

Lorsque je porte mon armure, cet arcane consiste en un dédoublement de mes boucliers qui vont frapper mon adversaire. Quand je ne la porte pas, ce sont mes poings qui prennent le relais. Sans que Shiriu puisse réagir, ce furent un millier de coups qui jaillirent de mes mains. Alors que les premiers l'atteignaient, une ombre apparut à grande vitesse et emmena Shiriu hors de la trajectoire de mon attaque. Je ne reconnus pas celui qui était intervenu immédiatement, car il me tournait le dos. Il n'était pas très grand, les cheveux bruns, en bataille. Lorsqu'il se retourna, Shiriu évanoui dans ses bras, un frisson me parcourut. Les yeux noirs de colère et le poing droit serré, le chevalier Pégase me faisait face.

- Pour qui te prends-tu, me lâcha-t-il ? Réalises-tu que tu viens de lever la main sur mon frère ? Que tu viens de lancer une attaque sur un homme désarmé ? Veux-tu que je te montre ce que cela fait ?

Seiya leva son bras, tandis qu'une gigantesque aura bleutée venait l'entourer. J'avais réveillé la colère du chevalier Pégase. Que faire ? Je pouvais appeler mon armure pour qu'elle me protège, mais finalement n'avais-je pas ce que j'avais mérité ?

- Par les Météores…
- Attends Seiya.

Shiriu avait repris connaissance. Il posa doucement sa main sur celle de Seiya, en souriant doucement. Puis il vint vers moi, s'arrêtant à quelques centimètres de mon visage.

- Je comprends ce que tu as ressenti, Calios, car la même envie m'a traversé. Mais tu dois te contrôler. Tu es très puissant, mais il te manque encore la maîtrise de soi. Une fois le procès terminé, peut-être devrais-tu demander à notre maître de parfaire ton entraînement ?

Sans attendre de réponse, Shiriu tourna les talons. Avant de faire de même, Seiya me jeta un dernier regard noir.

- Si tu veux te battre, je suis ton homme. Mais ne t'avise jamais plus de toucher à un cheveu de ceux que j'aime. Jamais.

Que diable avais-je fait là ? Je me rendis alors compte que Shiriu m'était bien supérieur. Il était droit et juste, lui. J'avais encore des progrès à faire…

***

Shura

Le procès reprit. A notre profonde stupéfaction, le roi Androgée et son capitaine des gardes étaient présent dans la salle, assis sans la moindre entrave ou la moindre surveillance. Cela étant, je me souvins bien vite que Kanon était loin d'être aussi impuissant que nous et qu'en cas d'incident, il materait bien vite les deux Crétois.

Dohko prit la parole. Le Grand Pope paraissait apaisé. Je ne savais pas ce que Camus avait pu lui dire, mais en tout cas, cela avait porté.

- Bien. Marine, Shaka et Paolo se sont déjà prononcés pour l'acquittement des deux accusés. Je propose que nous poursuivions le tour des chevaliers afin de recueillir le reste des opinions. Toutefois, étant donné que nous avons déjà trois votes en faveur des accusés et que nous avions fixé la majorité pour une condamnation à dix-sept voix, la moindre opinion favorable aux Crétois arrêtera le procès. Shina, si tu veux bien commencer.

Le chevalier de l'Ophiucus se leva, la mine grave. Une profonde détermination pouvait se lire sur son visage. Avant de prendre la parole, elle jeta un rapide regard à Seiya.

- J'ai bien entendu les avis de Marine, Shaka et Paolo. Néanmoins, je considère que le forfait perpétré est trop important pour faire grâce. Nous parlons de la mort d'une jeune fille absolument innocente et sans moyen de se défendre. Certes Minos n'est plus ici pour répondre de ses actes, mais sa faute a rejailli sur son fils. En conséquence je vote la mort.
- Mû, fit Dohko ?
- J'approuve Shina, même s'il me répugne de ne pouvoir condamner Minos.
- Aldébaran ?
- La mort, furent les deux seuls mots qui sortirent de la bouche du chevalier du Taureau.
- Kanon ?
- La mort d'Androgée pourrait à la limite se justifier, puisqu'il est roi et que, comme l'a dit Shina, quelqu'un doit payer. Mais celle d'Idoménée m'apparaît totalement hors de propos ici. Depuis quand châtie-t-on le serviteur lorsque le maître est en vie ? Toutefois, je crois que le sang a assez coulé.

Kanon se tourna alors vers les cinq chevaliers de Bronze.

- Je suis navré, mais je ne peux demander la mort de ces deux hommes. Athéna m'a pardonné mes crimes, qui étaient mille fois plus grands que ceux des Crétois. Je dois à présent faire preuve à mon tour de mansuétude. Je demande l'acquittement du roi Androgée et de son capitaine des gardes Idoménée.
- Vous êtes libres, fit Dohko en regardant les accusés dans les yeux. Vous avez jusqu'à demain pour quitter le Sanctuaire d'Athéna. La séance est levée !

Les deux Crétois se levèrent, imités par les vingt chevaliers présents.

- Grand Pope, dit Androgée, je ne peux que vous renouveler mes sincères excuses pour les exactions commises par mon père. J'aurais préféré qu'elles n'aient jamais lieu, pas plus que la trahison d'Athéna il y a 3 500 ans. Disons que nous sommes plus ou moins quittes.

Avant que qui que soit ait réagi, Androgée et Idoménée avaient quitté la pièce. Plusieurs d'entre nous allaient s'élancer à leur poursuite afin de savoir de quoi ils parlaient, la voix grave d'Ikki s'éleva.

- Laissez-les partir.
- Mais, fit Aiolia, il faut savoir…
- Nous savons, trancha net Ikki.
- Mais alors ?
- Une autre fois, Aiolia. Une autre fois.

***



- Kiki ? Kiki, où es-tu ?

Par tous les Enfers, où est encore passé cet imbécile de Kiki ? Je lui assigne une tâche et voilà qu'il a mis les voiles ! S'il est dans sa chambre en train de roupiller, je vais te lui passer un sacré savon, moi… Tiens, non. Mais alors, où ?

Bon allez, on va déjà aller voir comment il s'en est sorti. J'espère qu'il a pu entrevoir comment faire, parce qu'il a du pain sur la planche. Mais… Quelle est donc cette lumière ?

Non…

Est-ce que par hasard…

Je me mets à courir. C'est impossible, il n'a pas pu…

Devant moi, resplendissante et plus belle que jamais, se tient l'armure d'Or du Bélier.

Et dans un coin, à même le sol, un petit garçon de neuf ans dort du sommeil du juste.

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.