Chapitre 4 : Les Flammes du Volcan


Ikki

Le soir, lorsque nous avions épuisés nos disciples, nous avions l'habitude de nous retrouver dans la maison de la Balance. Shun et moi n'avions guère trop de chemin à faire, pas plus que Seiya d'ailleurs. Le seul qui râlait était Hyoga, pour qui le trajet depuis l'avant-dernière maison était vraiment trop long. Shiriu, en parfait hôte, nous préparait d'excellent repas chinois, dont il avait appris les recettes de Shunrei. Il était d'ailleurs curieux que celle-ci ne se soit pas précipitée pour rejoindre l'homme qu'elle aimait. Elle était en effet toujours aux Cinq Pics. Durant ces dîners, nous évoquions nos combats passés, nos blessures et parfois nos adversaires. Seiya parlait toujours avec beaucoup de passion d'Aiolia, mon prédécesseur. Shiriu évoquait cependant rarement son maître, l'ancien chevalier de la Balance, pas plus que Hyoga n'évoquait Camus. Shun avait lui développé une solide amitié avec l'ancien Général Siren, devenu par décision d'Athéna le chevalier du Cancer, gardien de la 4ème maison. Quant à moi, je me taisais, comme je le fais d'ailleurs d'habitude. Mais je ne peux nier qu'il m'arrive souvent de penser à Shaka ou à Kanon, qui ont été mes adversaires les plus puissants.

Un soir, nous avons décidé d'étendre notre cercle. Marine, Seika, Shina et Siren se sont alors joints à nous. La sœur de Seiya ne s'intéressait guère aux affaires du Sanctuaire. Elle était particulièrement friande de toutes les histoires que nous pouvions raconter sur Seiya. Marine se faisait une joie de raconter les différents coups pendables que lui avait fait Seiya pendant ses années d'entraînement. Elle aussi avait laissé son masque, estimant comme Shina, que les femmes chevaliers n'avaient plus à se cacher. Lorsque Marine racontait, Seiya se faisait généralement tout petit et faisait mine de se cacher derrière Shiriu pour se protéger des sarcasmes qui ne manquaient pas d'arriver.
De leurs côtés, Shun et Siren se lançaient dans des discussions sans fin sur la misère humaine qui n'intéressait qu'eux. Shun ne semblait plus avoir besoin de moi, enfin. La fin du dîner approchait. C'est alors que Shiriu s'approcha de Siren.

- Siren, avant de nous en aller, pourrais-tu nous jouer quelques notes de ta flûte ? Seuls Shun et Ikki l'ont entendu et Shun ne cesse de la vanter.
- Et il a raison, même s'ils ne sont pas les seuls à l'avoir entendu.
- Seiya ? Mais quand l'aurais-tu…

Mon frère se tourna vers Siren en souriant. Ce dernier semblait quelque peu gêné, mais fit signe à Seiya de parler.

- Siren est intervenu lors de mon combat avec Siegfried. Il a essayé de me tuer avec sa flûte !
- Seiya, commença Siren, je suis…
- Il n'y a pas de problèmes, Siren. Nous sommes dans le même camp maintenant. Alors, ce concert, ça vient ?

Siren se saisit alors de sa flûte et commença à jouer. C'était une musique irréelle. Je n'avais jamais rien entendu d'aussi beau, mis à part peut-être les sons que produisaient la harpe de Mime. Mime, quel grand combattant ! Ce combat avec le Guerrier Divin m'avait laissé exsangue. J'avais été obligé d'augmenter mon cosmos à un point incroyable pour l'emporter. Mais finalement, nous l'avons emporté tous deux. Ce cheminement de pensée m'amena à me demander ce qu'il était advenu du nouveau Guerrier Divin de Zeta, Bud d'Alcor. Il était parti enterrer son frère juste avant que nous n'affrontions Siegfried et nous ne l'avons plus jamais revu. J'en étais là dans mes réflexions quand un garde parut dans la maison de la Balance.

Shiriu

L'arrivée du garde m'étonna beaucoup. Il était tard et il ne me semblait pas qu'un danger imminent menace le Sanctuaire.

- Veuillez me pardonner, nobles chevaliers d'Or, fit-il en s'inclinant, mais la déesse Athéna réclame la présence dans la grande salle d'audience des chevaliers du Sagittaire et du Capricorne.
- Est-il arrivé quelque chose, interrogea Seiya ?
- Je ne sais, puissant chevalier. Athéna m'a juste ordonné de vous convoquer.
- Bien allons-y, nous te suivons, intervint Shina.

Son regard croisa celui de Seiya. Nous savions tous qu'elle l'aimait, elle l'avait suffisamment montré. Seul Seiya feignait de l'ignorer. Je trouvais l'attitude de mon frère plutôt lâche sur ce coup-là. Mais à sa décharge, il lui était difficile de répondre favorablement aux sentiments de Shina, car son cœur penchait irrémédiablement vers Athéna, ou plutôt vers Saori Kido. Seiya et Shina nous firent un petit sourire et suivirent le garde. Je jetai un œil interrogateur vers Ikki et Shun. Le premier me répondit d'un haussement d'épaules, typique du personnage. Le second leva les mains en signe d'ignorance.

- Bien, je pense que nous allons nous retirer, fit soudain Marine. Merci beaucoup de ton hospitalité, Shiriu.
- Oui, il faudra faire ça plus souvent, renchérit Seika.
- Avec plaisir, répondis-je. Reposez-vous bien.

Marine, Seika et Hyoga partirent vers le haut du Sanctuaire tandis que Siren, Shun et Ikki s'en allèrent vers le bas. Je débarrassai rapidement, puis allai me coucher. Toutefois, au bout de plusieurs minutes, je dus me rendre à l'évidence, je ne parviendrai pas à m'endormir. Je me levai et enfilai rapidement un pantalon. Je me dirigeai vers la pièce où étaient rangées mes deux armures, celle de la Balance et celle du Dragon. J'ouvris la porte et me plongeai dans leur contemplation. L'armure de la Balance était belle certes, et elle me rappelait mon défunt maître.
Mais celle du Dragon, dans son apparence divine dégageait une puissance qui me surprenait à chaque fois. Je résistai au plaisir de la revêtir - après tout quel intérêt ? -, et me préparai à refermer la porte, quand je ressentis un puissant cosmos derrière moi.

- Moi aussi, elle me manque, fit une voix grave derrière moi.
- Ikki ? Que fais-tu avec ton armure, et celle du Phénix de surcroît ? tu sais bien qu'Athéna nous a demandé de ne pas les porter au Sanctuaire. Nous sommes juste des chevaliers d'Or.
- Je suis venu te demander un service, Shiriu.
- Lequel ?
- L'entraînement que je prodigue à Géki m'a amené à réfléchir sur pas mal de points. A part moi, vous avez tous développé une seconde attaque, plus puissante que votre technique d'origine. Seiya a ainsi la Comète de Pégase, dont la puissance est sans commune mesure avec les Météores ; Hyoga a appris de son maître l'Exécution de l'Aurore et Shun commence à maîtriser la Tornade Nébulaire. Toi-même, Shiriu, tu as parfait la Colère du Dragon en copiant la technique de ton maître, les Cent Dragons de Rozan. Je pense que le Vol du Phénix est une attaque qui n'est pas assez puissante.
- Et en quoi veux-tu que je t'aide ?
- Voilà, j'ai développé un autre technique, que je dois expérimenter pour voir si elle est efficace.
- Pourquoi avec moi ?
- A cause de ton bouclier, Shiriu ! Si mon attaque n'est pas assez puissante, tu n'auras aucun mal à l'éviter et si elle l'est suffisamment, ton bouclier devrait en absorber la majeure partie. Alors qu'en dis-tu ?
- C'est d'accord. Tu veux que l'on se retrouve demain ?
- Non, maintenant. Tu l'as dit toi-même, Athéna refuse que nous portions nos armures divines. Je te propose de faire ça dans ma maison, comme ça nous n'abîmerons pas ta belle décoration…

Je ne relevai pas le sarcasme et appelai l'armure du Dragon. Je fis signe à Ikki et nous nous dirigeâmes vers la demeure du Lion. Nous contournâmes la maison de Shun et parvînmes dans la grande salle de la 5ème maison. Je me mis en garde.

- Vas-y, Ikki, je t'attends. Frappe, ne retiens pas ton coup.

Ikki se mit à son tour en garde et commença à concentrer son cosmos. Je ne l'avais jamais affronté. Seul Hyoga et Seiya l'avaient fait. Je me rappelle d'ailleurs que Seiya n'avait pu le vaincre qu'avec l'aide de nos armures. Son cosmos se mit à augmenter dangereusement et je me dis que mon bouclier n'allait peut-être pas suffire !

- Par les Flammes du Volcan !

Je n'ai même pas vu l'attaque arriver. Avant que j'ai eu le temps de lever mon bouclier, j'ai senti une chaleur étouffante m'envahir et mon corps s'élever pour aller s'écraser contre un mur.
Quand je repris connaissance, j'étais dans un lit qui n'était pas le mien. A mes côtés, Ikki veillait, se rongeant visiblement les sang.

- Shiriu, tu es réveillé, dieu merci ! Comment te sens-tu ?
- Un peu secoué, mais ça ira, j'en ai vu d'autres !
- Je suis navré, je ne pensais pas que…
- Ne t'en fais pas. En tout cas, je peux te dire que ton attaque est au point !

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.