Chapitre 2 : Retour aux sources…


Grèce, village de Zagros, à 30 km au NW d'Athènes.

Mélétos avançait depuis une demi-heure sur le chemin, poussant devant lui son troupeau de chèvres qu'il menait paître dans la montagne. En cette fin du mois de mai, il faisait déjà chaud. La matinée était fraîche mais bientôt, Mélétos le savait, elle laisserait la place à la cha-leur méditerranéenne. Malgré la fraîcheur, des gouttes de sueur coulaient déjà sur son front, mais elles n'étaient dues qu'à l'effort. Il s'essuya d'un revers de bras et continua d'avancer en surveillant ses chèvres et appelant son chien Argos qui veillait à ce qu'elles restent sur le chemin.
Le pâturage était encore à un quart d'heure de marche. Si toutefois on pouvait parler de pâturage, se dit Mélétos, car ce n'était rien qu'une étendue d'herbe maigre et rase, à moitié desséchée par le soleil torride de la Grèce, et où poussaient ça et là quelques oliviers rachiti-ques. Les chèvres y resteraient durant le reste de la journée sous la surveillance d'Argos pen-dant que Mélétos redescendrait à Zagros, son village, car sa femme Hestia était enceinte de neuf mois et arrivait bientôt à terme. La sage-femme du village restait auprès d'elle autant qu'elle le pouvait pour être prête à intervenir et aussi pour l'aider un peu car son ventre gra-vide la gênait.
Tout à ses pensées, Mélétos manqua trébucher sur une pierre mais se rattrapa à temps et poursuivit sa route ; ce n'était surtout pas le moment de tomber et de se blesser ! Cela ne l'aurait pas arrangé et l'aurait probablement rendu impotent pendant un certain temps. Hestia n'avait pas besoin d'un mari handicapé. Cependant l'air s'était réchauffé de façon sensible, et les gouttes de sueur sur le front de Mélétos se firent un peu plus abondantes. Il se reposerait quelques minutes au pâturage et il repartirait pour le village dès qu'il aurait récupéré, il ne pouvait pas se permettre de laisser Hestia seule alors que le moment approchait pour elle. Elle n'était pas exactement seule, rectifia-t-il in extremis, puisque la sage-femme Hédora la veil-lait. Mais Hestia avait besoin de le sentir auprès d'elle au moment crucial, et Mélétos ne pou-vait y manquer.
Enfin le pâturage apparut à ses yeux à un détour du chemin. Il s'avança vers la clôture et l'ouvrit pour laisser passage aux chèvres qui s'engouffrèrent aussitôt dans le passage et se répandirent dans la pâture. Mélétos se dirigea vers un des maigres oliviers et s'assit à son pied pour récupérer son souffle et boire un coup à son outre avant de repartir. La chaleur naissante le rendait indolent et il ferma les yeux inconsciemment. Il ne fallait surtout pas qu'il s'endorme sinon il ne pourrait pas repartir à temps, mais la chaleur le berçait et il s'endormit doucement…

- Mélétos ! Le cri le réveilla en sursaut. Combien de temps avait-il bien pu dormir ? Il se frotta les yeux et les ouvrit pour voir un garçon d'une quinzaine d'années débouler en courant dans le pâturage. Le garçon était en nage et avait le souffle court.
- Mélétos !
- Oui ? répondit l'intéressé. Qu'est-ce qui se passe ?
- C'est ta femme, Mélétos ! Elle…
- Hestia ! Que lui est-il arrivé ?
- Le moment est arrivé ! parvint à dire le garçon entre deux halètements. Elle va accou-cher d'une minute à l'autre !
- Tu as couru ? Combien de temps as-tu mis pour venir ici ?
- Une… une demi-heure environ, Mélétos ! on m'a envoyé te chercher dès… dès que les contractions ont commencé !

Une demi-heure ! Le cœur de Mélétos se mit à battre la chamade. Arriverait-il à temps au village ?

- Reste ici, dit-il au garçon, comment s'appelait-il déjà ? Ah oui ! Jason, le fils d'Alexandre et Pénélope. Reste ici Jason, dit Mélétos, et surveille mes chèvres ! Moi je re-tourne au village !

Sur ce il reprit son bâton qu'il avait posé par terre en s'asseyant et se mit à courir en di-rection du village. Il franchit la clôture en coup de vent et commença à dévaler le sentier. L'imminence de l'accouchement avait décuplé ses forces, ses pieds semblaient effleurer le sol, comme s'il avait chaussé les sandales ailées du dieu Hermès lui-même. Son cœur lui mar-telant la poitrine, il bondissait sur le sentier au risque de tomber et de se casser la figure sur les pierres qui le jonchaient. Mais il n'en fut rien. Un dieu semblait guider ses pas tandis qu'il se sentait voler au-dessus du sol, tel un athlète des jeux Olympiques s'envolant vers la vic-toire. Il fallait qu'il arrive à temps ! Hestia ! Hestia ! Il sentait presque sa douleur. Il voyait presque sa main aux muscles crispés par la douleur chercher désespérément la sienne, mal-heureusement absente !

Ce fut ainsi qu'il déboula à l'entrée du village, presque étonné d'être encore debout et de ne pas s'être effondré par terre une seule fois. Le village de Zagros ne comptait qu'une cin-quantaine d'habitants au total, et Mélétos les vit tous massés devant sa maison. Il se fraya un passage au travers de la foule devant la porte et entra en catastrophe dans sa maison. Elle ne comportait que deux pièces, avec une table en bois bancale et deux chaises de même au centre de la première. Dans la deuxième pièce, séparée de la première par une cloison de pierre et une porte, leur lit sur lequel Hestia était en ce moment allongée, en nage et les mains crispées sur la couverture de tissu grossier en laine de chèvre. Elle avait les jambes écartées, entre les-quelles Hédora surveillait l'apparition de la tête du bébé.
Mélétos se précipita vers le lit près duquel il s'agenouilla et prit la main droite de Hestia dans les siennes en l'embrassant. Une nouvelle contraction la fit grimacer et ses mains se crispèrent de douleur.

- Hestia ! Je suis là ! dit Mélétos.

Elle répondit par une pression de la main qui se fit douloureuse sous le coup d'une autre contraction.

- Respire profondément Hestia, dit Hédora, ça y est presque !

Les contractions se rapprochèrent encore, et durant les quelques minutes qui suivirent, les mains de la future mère étaient presque constamment crispées. Enfin Hédora vit apparaître une tête qui se mit à sortir tout doucement ; quand la tête du bébé fut complètement sortie, la sage-femme la prit dans ses mains et tira dessus avec douceur. Une minute plus tard, le nou-veau-né était entièrement sorti et poussa son premier cri.

- C'est un garçon, dit Hédora. Un très beau garçon.

Hestia poussa un soupir de soulagement, mais ses lèvres se tordirent presque aussitôt en un rictus douloureux car les contractions continuaient de plus belle. Hédora enveloppa le bébé dans un linge et le déposa sur une petite table à côté du lit. Entendant le cri étouffé de la jeune femme, elle se retourna vers elle et aperçu une nouvelle tête poindre vers le dehors.

- Hoho ! dit-elle. Notre petit ange n'était pas seul ! Mélétos la regarda, étonné. Des ju-meaux ! reprit la sage-femme quelques minutes plus tard. Ce sont des jumeaux ! Et elle prit dans ses bras un second nouveau-né qui criait. Il était légèrement plus petit que son frère, mais les traits de leur visage étaient identiques. C'est un garçon aussi, dit Hédora. Comment allez-vous les appeler ? demanda-t-elle aux parents.

Les deux intéressés discutèrent un petit moment avant de tomber d'accord.

- L'aîné s'appellera Saga, dit Mélétos.
- Un beau nom, renchérit Hédora. Et son frère ?
- Canon, reprit le père.

Sept ans plus tard.

Mélétos se réveilla. Il ouvrit péniblement les yeux, et quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'il faisait encore nuit noire ! Qu'est-ce qui avait bien pu le réveiller ? Il se redres-sa et jeta un œil à côté de lui. Hestia dormait toujours profondément, et elle se retourna dans son sommeil quand son mouvement fit bouger le matelas de paille. Il essaya de se rendormir mais en vain. Dans l'enclos voisin, les chèvres se mirent soudain à bêler, et Mélétos se leva. Ayant enfilé ses vêtements à la hâte, il se dirigea vers l'étable mais les chèvres ne se cal-maient pas, elles criaient de terreur. Même son chien Argos, attaché dans sa niche, tirait sur sa chaîne à s'étrangler et glapissait de terreur. Peu à peu tout le village fut debout, ou presque, pour découvrir que tous leurs animaux tremblaient de peur.
Dans la maison de Mélétos, Saga et Canon s'étaient aussi réveillés, mais Hestia dormait toujours. Mélétos pénétra dans l'enclos, mais au moment où il ouvrit la clôture, les chèvres s'égaillèrent et se dispersèrent dans la nature.

- Qu'est-ce qui se passe, père ? dit Saga.
- Je n'en sais rien, dit-il. Les chèvres n'arrêtaient pas de bêler ; elles se sont enfuies quand j'ai ouvert l'enclos ! Quel désastre ! Il va falloir battre la campagne pendant des jours pour les retrouver !
- Pourquoi s'en préoccuper autant ? dit Canon d'un air qui ne manquait pas de mépris. Ce ne sont que des chèvres après tout ! Et puis elles reviendront bien toutes seules !

Saga eut du mal à croire que son frère pouvait se montrer aussi insensible. Ces chèvres représentaient tout pour leur père, puisqu'elles étaient leur seule subsistance. Mélétos décida de passer l'éponge sur les paroles de son fils cadet, paroles qu'il attribuait à la jeunesse de ce dernier.

- Retournez vous coucher les garçons, dit-il. Demain vous m'aiderez à les rattraper.
- Bien père, dit Saga.

Canon allait répliquer quand soudain il sentit le sol se dérober sous ses pieds et il s'affala lourdement, aussitôt suivi par son frère, son père, et tous ceux des habitants du village qui se tenaient debout. Le phénomène cessa aussi brusquement qu'il avait commencé, les laissant tous abasourdis.

- Qu'est-ce qui se passe ? entendit Mélétos.
- Je ne sais pas mais ça ne me plait pas du tout ! fut-il répondu.

Tous se relevèrent avec précaution en époussetant leurs vêtements et les conversations repartirent de plus belle. Ceux que les cris des animaux n'avaient pas réveillés l'étaient cette fois tout à fait et sortaient à leur tour des maisons pour venir aux nouvelles. Tout angoissée, Hestia vint se jeter dans les bras de son mari qui la réconforta de son mieux. Pendant les quel-ques minutes qui suivirent on n'entendit plus que les conversations frénétiques entre les villa-geois. Mélétos y mit un terme en leur conseillant de retourner dormir - ils ne pouvaient quand même pas se lancer en pleine nuit à la poursuite des animaux enfuis ni continuer à parler jus-qu'à l'aube.
Ils se dirigèrent donc vers leurs maisons respectives quand soudain une secousse ébranla le sol et fit trembler les maisons ; quelques tuiles se fracassèrent en tombant des toits. Les habitants de Zagros se figèrent sur place, comprenant enfin ce qui arrivait et que ce n'était qu'un début.

- Un tremblement de terre ! fit une voix angoissée. Nous allons tous y passer !

Le chef du village tenta d'intervenir pour éviter la panique.

- Du calme ! nous ne devons surtout pas nous affoler !

Mais au même moment une nouvelle secousse survint, plus forte que la précédente, et la nature se déchaîna. Les murs des maisons s'écroulaient et ensevelissaient ceux qui s'y étaient réfugiés, croyant ainsi échapper à la fureur du séisme. Mélétos se précipita vers ses fils et les projeta d'une poussée vigoureuse à l'intérieur de leur maison en leur criant de se réfugier sous la table. La violence de la secousse était telle qu'il fut déséquilibré et s'étala au pied d'un mur de sa maison. Mais avant qu'il n'ait eut le temps de se relever complètement, un paquet de tuiles lui tomba sur la nuque, lui brisant le cou. Hestia se précipita vers lui et s'agenouilla à ses côtés, ignorant la voix de Saga qui lui criait de venir les rejoindre.
Lui et Canon restaient sous la table, pétrifiés devant le spectacle. Ils virent impuissants un mur entier s'effondrer sur leur mère et l'ensevelir complètement cependant que le séisme re-doublait de violence, faisant s'effondrer les dernières maisons du village, la leur y compris.

Brusquement le séisme cessa, laissant place à un spectacle de désolation sur lequel pla-nait un silence de mort, tellement lourd qu'il en était presque palpable. Saga et Canon étaient couverts de poussière et toussaient à s'arracher la gorge. Le cauchemar semblait enfin terminé mais ils n'osaient pas encore bouger, et n'arrivaient pas à détacher leurs yeux du tas de dé-combres sous lequel reposaient leurs parents. Au bout d'un court moment, Saga sortit à quatre pattes puis se releva et s'approcha du tas de débris. Il comprit qu'il était inutile de tenter quoi que ce soit. Leurs parents étaient morts, irrémédiablement. Et alors qu'il prenait conscience de cette terrible vérité, ses yeux s'embuèrent et des larmes coururent sur ses joues empoussié-rées. Il tomba à genoux devant le monticule et laissa éclater sa douleur.

- Non… Non… Nooooooon !

Canon vint le rejoindre en boitillant, car il s'était tordu la cheville quand leur père les avait sauvés en les poussant dans la maison. Il posa la main sur l'épaule de son frère dont il partageait la douleur sans être toutefois aussi expansif que lui.

- Saga… nous ne pouvons rien faire. Viens…

Mais l'interpellé ne bougeait pas, il restait pétrifié devant les décombres. Canon n'insista pas, et alla s'allonger quelques mètres plus loin car sa cheville le faisait souffrir et il s'endormit au bout de quelques minutes.

Quand Canon se réveilla, le soleil était levé et il aperçut Saga allongé près des débris du mur qui avait enseveli Mélétos et Hestia, sa poitrine se soulevait régulièrement - il dormait. Canon se leva et sa cheville le fit grimacer. Il s'avança prudemment dans les ruines du village, espérant y découvrir quelque rescapé, mais il dut se rendre à l'évidence : lui et Saga étaient les seuls survivants du séisme. Il sentit le désespoir le gagner…

- Canon… l'interpellé se retourna, Saga se tenait devant lui. Je m'excuse pour hier soir… Je…
- Saga… Je me moque de tes excuses ! On est vivants et c'est ça qui compte !
- Oui… Mais qu'est-ce qu'on va faire maintenant ? On n'a nulle part où aller.
- Je ne sais pas. Je…

Canon se figea… Il venait d'entendre un bruit… Oui ! c'était le flouc-flouc d'un hélicop-tère ! Et il venait dans leur direction ! Les deux frères réagirent aussitôt et se mirent à courir dans la direction du bruit. Canon faillit trébucher à cause de sa cheville endolorie mais Saga le retint à temps et le soutint. Ils étaient maintenant en vue de l'hélicoptère et se mirent à gesti-culer pour attirer l'attention du pilote. Celui-ci dut les apercevoir car aussitôt il obliqua dans leur direction et se posa à côté d'eux dans un tourbillon de poussière.

Six mois plus tard.

L'Orphelinat du Zodiaque était construit à la périphérie d'Athènes. Un visiteur qui s'y se-rait rendu aurait d'abord été frappé par sa taille, car les bâtiments ne couvraient pas une très grande superficie. Ensuite il aurait remarqué la grille qui s'ouvrait dans le mur d'enceinte en briques ocre ; cette grille en fer forgé montrait une scène singulière : on y voyait représentée par les tiges de métal noir une silhouette féminine coiffée d'un casque et portant un bouclier en train d'adouber de sa lance un homme agenouillé devant elle et portant ce qui ressemblait à une armure. De plus l'homme tenait dans sa main un casque étrange à l'arrière duquel se fixait une longue queue annelée terminée par un aiguillon recourbé… Un amateur averti aurait probablement reconnu dans la silhouette féminine Athéna, fille de Zeus Olympien, Déesse de la Guerre et de la Sagesse.
Ensuite notre visiteur imaginaire se serait avancé vers les bâtiments, construits des mê-mes briques que celles du mur, en traversant une cour relativement petite couverte d'herbes folles et plantée de quelques arbres. En pénétrant le bâtiment principal le visiteur se serait ensuite trouvé face à un moine vêtu de la robe sombre des moines orthodoxes qui lui aurait expliqué que, même si cet orphelinat était petit et n'accueillait que peu d'enfants, il était très ancien puisque construit en 1230 par un ancien guerrier nommé Alexandre de Milo.
Le moine aurait peut-être ensuite ajouté que ce guerrier était un Chevalier d'Or de la déesse Athéna sous le signe du Scorpion. Le visiteur imaginaire n'aurait pas manqué d'être franchement étonné et pas loin de prendre le moine pour un fou ou un menteur, mais ce ne fut pas le cas de celui qui se présenta ce matin-là à la porte de l'orphelinat, bien qu'il y mît les pieds pour la première fois. Car ainsi qu'il l'expliqua au père Théodore, directeur de l'établissement, il était un Chevalier d'Argent, Jonas de la constellation du Toucan, et le Grand Pope l'avait chargé de recruter un futur Chevalier d'Or…

Saga et Canon se trouvaient depuis six mois à l'Orphelinat du Zodiaque auquel on les avait confiés. Le souvenir de la catastrophe qui les avait rendus orphelins était encore doulou-reusement présent dans leur esprit, mais ils savaient que la vie devait suivre son cours et qu'ils ne devaient plus laisser ce souvenir obscurcir leurs pensées. Saga se tenait appuyé contre un arbre de la cour et se remémorait la scène de leur sauvetage, quand l'hélicoptère blanc frappé d'une croix rouge sur chaque côté s'était posé devant eux dans un tourbillon de poussière. Deux hommes en blouse blanche étaient sortis de l'appareil, le pilote restant à l'intérieur. Les deux hommes leur avaient alors demandé ce qui leur était arrivé et Canon les avait mis au courant.
Pendant ce temps les deux hommes ne cessaient de les regarder avec une étrange insis-tance, puis l'un d'eux avait dit :

- Ils en ont un.

L'autre avait alors demandé :

- Tu en es sûr ?
- Oui.

Saga et Canon étaient restés interloqués, se demandant ce que pouvait bien pouvoir dire cette phrase sibylline " Ils en ont un "… Saga restait persuadé que l'homme avait parlé de lui et de son frère. Mais que pouvaient-ils bien avoir de spécial ? On les avait ensuite fait monter dans l'hélicoptère qui s'était envolé en direction d'Athènes pour les déposer à l'hôpital. Ils y étaient restés en observation pendant quelques jours au bout desquels on les confia à cet or-phelinat.
Au fil du temps Saga s'était remis du choc causé par la mort de ses parents mais Canon, qui avait paru moins affecté que lui au premier abord, s'était peu à peu renfermé sur lui-même, se tenant à l'écart de tout les autres enfants, son frère y compris. Ce dernier avait fini par s'en inquiéter et quand il lui avait posé la question, Canon ne lui avait répondu que par un silence obstiné. Cela durait encore actuellement et Saga désespérait que son frère ne sorte un jour de sa coquille.
En y repensant, Saga trouvait de plus en plus étrange la phrase prononcée par l'infirmier devant eux : " Il en ont un ". Ainsi lui et Canon en avaient " un ". Mais de quoi s'agissait-il ? Que pouvait bien être ce " un " mystérieux qu'ils étaient censés posséder ? Même l'orphelinat où on les avait conduits était bizarre. Saga ne comprenait pas qu'il accueille aussi peu d'enfants. Cela avait-il un rapport avec les paroles de l'infirmier ?
Il fut tiré de ses réflexions par un bruit de freins. Un taxi venait de stopper devant la grille de l'orphelinat et un homme en descendit, qui se dirigea vers le bâtiment principal. Saga le suivit des yeux et remarqua chez l'homme un port altier et un peu arrogant, comme si ce der-nier se croyait supérieur aux autres, et un sourire légèrement méprisant. Mais il fut bien éton-né quand le visiteur s'arrêta brusquement en plein milieu de la cour et tourna la tête dans sa direction, le fixant d'un regard pénétrant. Au bout d'une minute se tourna vers Canon qui ru-minait ses pensées adossé au mur et ne sembla même pas remarquer l'examen dont il était l'objet.
Brusquement l'homme reprit sa marche, laissant Saga à son étonnement et pénétra dans le grand bâtiment. Il en ressortit dix minutes plus tard accompagné du père Théodore, qui di-rigeait l'orphelinat. Ce dernier, laissant son visiteur l'attendre près de la porte, s'avança vers Saga et lui dit :

- Prépare tes affaires Saga ; ton frère et toi avez été choisis.
- Choisis ? Pour quoi faire ?
- Tu le sauras bientôt, lui répondit le père Théodore. Va prévenir Canon.

Il se tourna d'abord en direction du visiteur qui attendait, impassible, et le fixa du regard.

- Oui, c'est lui qui vous a choisis. Il vous expliquera plus tard. Va maintenant.

Saga alla prévenir son frère qui réagit lentement, comme si chaque mouvement lui coû-tait, mais se leva et le suivit dans le dortoir pour emballer leur affaires, ce qui ne prit pas long-temps car ils n'avaient rien pu sauver de la catastrophe et l'orphelinat ne leur achetait que le strict nécessaire pour vivre. Leur sac sur l'épaule, ils rejoignirent l'homme dans la cour.

- Quel est votre nom ? leur demanda celui-ci.
- Je m'appelle Saga et mon frère Canon. Qui êtes-vous ?
- Je suis Jonas du Toucan, suivez-moi.

Mais Saga ne s'estima pas satisfait de cette demi réponse.

- Non. Pas tant que vous ne m'aurez pas dit ce que vous êtes.

L'homme parut d'abord surpris, mais il se reprit bien vite et esquissa un sourire.

- Qui êtes-vous ? insista Saga en accentuant chaque mot.
- Très bien. Je suis un Chevalier d'Argent de la Déesse Athéna, je suis Jonas de la cons-tellation du Toucan.
- Un chevalier d'Athéna ? Saga fronça le sourcil.
- Oui. Suivez-moi maintenant. La suite serait trop longue à expliquer - il montra du doigt la grille - et le taxi nous attend !

Avant que Saga ait pu l'interpeller, Jonas tourna les talons et se mit à marcher vers le taxi. Saga resta figé un moment puis suivit l'homme, Canon sur ses talons.

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Cette fiction est copyright Eric Souty.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.