Chapitre 2 : Albérich XIIIème du nom


Après avoir acquis la maîtrise de la colère du dragon, je gagnai une grande confiance en moi, qui ne cessa de croître avec les semaines. Pourtant, je ne pouvais cesser de penser qu'il m'avait fallu plus de trois longues années pour parvenir à la maîtrise de cette attaque, qui n'était selon mon maître Anatol que le rudiment même du pouvoir du dragon. Combien diable allais-je encore mettre de temps pour parvenir à la connaissance totale de ce pouvoir ? Il est vrai que les apprentissages les plus pénibles étaient maintenant derrière moi, car j'avais découvert le fabuleux pouvoir de la cosmo-énergie qui sommeillait en moi. Maintenant que je savais utiliser cette énergie, il ne me restait plus qu'à apprendre à l'intensifier et pourquoi pas à développer de nouvelles attaques. Maître Anatol m'avait parlé de l'existence d'autres attaques basées sur le pouvoir du dragon qu'il connaissait et qu'il avait utilisées dans sa jeunesse, mais ne m'avait jamais révélé leur nom et leurs caractéristiques, car il estimait que c'était à moi et à moi seul de parvenir à leur connaissance ultime.

Maître Anatol…je crois que je lui serai toujours infiniment reconnaissant de tout ce qu'il m'a appris. Quels que soient les combats et les ennemis qui m'attendent à l'avenir, je saurai certainement tirer le meilleur profit de son enseignement plein de sagesse. J'aurais pu avoir bien des occasions de me révolter durant ces années passées pour ce que j'ai enduré de son plein gré car il était dur et me laissait souvent seul et livré à moi-même dans une nature hostile et face à des éléments violents, mais c'était pour la bonne cause. Il savait qu'un chevalier digne de ce nom devait faire face à n'importe quelle situation et à n'importe quel ennemi. La nature était souvent mon ennemie mais je devais être capable d'en faire mon alliée malgré tout.

Avec Yoko, je passais mon temps à m'entraîner et son contact me permettait de m'améliorer de jour en jour. Nous étions toutefois bien seuls et pensions souvent avec impatience au jour où nous pourrions affronter d'autres adversaires, tout comme nous redoutions ce moment. Mais au moins serions-nous fixés sur ce que nous valions. Je croyais que Yoko et mon maître Anatol resteraient ma seule et unique compagnie durant ces quatre années, mais ce ne fut pas tout à fait le cas. Il n'y a pas très longtemps en fait, le hasard m'a fait rencontrer un homme qui désirait m'affronter en combat singulier. J'ai été pour le moins surpris de sa requête, mais ses intentions étaient pacifiques. Il venait d'une lointaine contrée de l'Ouest par-delà les monts Oural et les plaines de glace de Sibérie, qui se nommait Asgard. Il effectuait une quête initiatique à travers le monde et cherchait à rencontrer les meilleurs guerriers de toutes les contrées pour apprendre d'eux de nouvelles techniques de combat. De je ne sais quelle manière, il avait entendu parler des chevaliers d'Athéna et de leurs fabuleux pouvoirs, et de la réputation de mon maître Anatol. Il s'était donc rendu auprès de lui, et maître Anatol avait refusé de l'affronter, préférant me laisser cet honneur. Maître Anatol n'avait rien ajouté d'autre mais je comprenais bien son intention. Il savait que j'apprendrais auprès de cet adversaire providentiel plus que je n'avais jamais appris en m'entraînant seul depuis toutes ces années, et que c'était l'occasion rêvée de voir si ma technique de combat était ou non arrivée à maturité. Quoiqu'un peu intrigué et impressionné par cet homme qui arrivait de si loin pour m'affronter, moi, Doko de Rozan, je fus honoré par sa requête et acceptai de l'affronter pacifiquement. J'eus beau lui dire avec insistance que je n'étais qu'un apprenti chevalier et qu'il y avait sans doute bien meilleur guerrier que moi ailleurs qu'à Rozan, il ne voulut rien entendre et insista à son tour pour mener ce combat.

Son nom était Albérich de Mégrez, XIIIème du nom.

- Doko de Rozan, je suis honoré que tu aies accepté de m'affronter et de me montrer ta technique de combat. Par le dieu et seigneur d'Asgard Odin, je te promets, à mon tour, de t'être source d'enseignement par le pouvoir que je vais déployer devant toi. Je te laisse le privilège d'attaquer le premier.
- Très bien, Albérich de Mégrez. Prépares-toi à subir mon attaque, une technique que j'ai développée depuis près de quatre années jusqu'à la parfaire. Par la colère du dragon !

Albérich ne bougea pas d'un millimètre et sembla fixer avec un calme déconcertant le dragon qui s'abattait sur lui. Alors que je crus qu'il n'avait pas réalisé que, malgré mon statut d'apprenti, je maîtrisais déjà une attaque dévastatrice et qu'il allait être englouti par la force du dragon, je le vis comme disparaître dans la grande cascade de Rozan qui se trouvait juste derrière l'endroit où nous nous affrontions. Je pensais alors qu'il avait été emporté par le courant de la cascade, mais je le vis réapparaître devant moi, comme par enchantement, et sans nulle égratignure. Je n'en revenais pas. Qui était cet homme ?

- Ta technique est véritablement très au point, jeune guerrier, je te félicite. Mais, comme tu peux le constater, j'ai pu l'éviter facilement.
- Mais comment as-tu donc fait ? Cette attaque est capable de détruire l'un des monts de pierre qui nous entourent !
- C'est exact, elle est très puissante, et tu es très fort. Mais tu manques singulièrement de concentration. Tu es impressionné par moi et tu n'es pas parvenu à me toucher car tu avais peur de me tuer. Tu sais que ce combat est pacifique et tu refuses d'utiliser tout le pouvoir dont tu es capable. C'est une erreur qui peut te coûter cher à l'avenir.
- Je ne peux le croire ; si tu dis que je suis très fort, alors toi aussi tu es extraordinairement rapide pour avoir pu d'un regard analyser mon attaque et comprendre comment l'esquiver !
- Ta technique a toutefois encore quelques défauts, même si tu te débrouilles très bien. L'endroit où nous nous trouvons est hostile, entouré de montagnes escarpées, de forêts de bambous solides et de torrents puissants. Tu crains d'être projeté toi-même dans cette cascade par la déflagration de ton attaque dont tu ne maîtrises pas encore très bien l'intensité. Autrement dit, tu as peur. Et tu dois faire abstraction de cette peur, t'en libérer.

Il avait raison. Bien que je le trouvais un peu vaniteux et trop sûr de lui, je devais admettre que j'avais effectivement un sentiment de crainte des conséquences qui me poussait à ne pas user de tout mon pouvoir. Mais, dans ce cas, réussirais-je au moins une fois à le pousser à son maximum ?

- A mon tour, Doko, de te montrer quelle est ma technique. Regarde bien. J'appelle à moi les esprits de la nature !

Ce que je vis me parut irréel. Les cannes de bambous se mirent à se tordre et à se plier dans ma direction, comme si elles voulaient m'étreindre. Je fus aspiré par des bras de bambous et de lianes qui me ligotaient, tandis que l'eau même de la cascade commençait à ralentir son débit et…à jaillir vers moi. Oui, Albérich avait vraiment déchaîné les esprits de la nature qui nous entourait, et leur faisait faire ce qu'il voulait. Il m'avait désigné à eux comme leur ennemi, et j'étais attaqué de part en part. Je ne me souviens plus de ce qui se passa exactement tellement le choc fut violent. J'avais dû perdre connaissance quelques instants et, quand je les rouvris, je me trouvais à terre, une grosse plaie sur mon front me faisant horriblement mal.

- Eh bien, jeune guerrier, veux-tu que nous arrêtions là le combat ?
- Il n'en est pas question, Albérich de Mégrez ! Je ne peux déclarer forfait. Tu es très fort, il est vrai, parce que tu as sans doute une grande expérience du combat qui me fait défaut. Mais tu me donnes l'occasion aujourd'hui de mener mon premier véritable combat, et je suis décidé à me battre contre toi jusqu'à ce que l'un de nous ne soit plus en état de se battre. En garde, Albérich !
- Doko, tu as été blessé par mon attaque, et je te conseille de…
- Par la colère du dragon ! !

Je ne voulus rien entendre et attaquai de plus belle. J'avais appris durant mon entraînement que l'entêtement était un gros défaut, mais que cela pouvait également être une source de force incommensurable. Ne pas accepter la défaite et toujours se relever, combattre jusqu'à la mort pour la cause que l'on défend. Même si ici le combat était purement initiatique, il allait de soi que je passais malgré tout là un test déterminant pour ma future vie de chevalier d'Athéna. Savoir si j'étais capable de supporter la souffrance que m'infligeaient les coups que je recevais, et de me relever pour tenter de vaincre. Et ignorer la notion même de renoncement, de défaite.

L'attaque que j'avais lancée cette fois sur Albérich XIIIème du nom fut plus puissante et plus précise que la première, sans doute du fait de la rage de vaincre qui l'animait. Albérich tenta de contrer l'attaque comme la première fois, et il croisa les bras, certain du résultat. Seulement, mon attaque fut cette fois si violente qu'elle le fit reculer de plusieurs mètres en glissant sur le sol, alors qu'il tentait de se maintenir sur ses pieds. Il ne put continuer à tenir dans cette position très longtemps, et il finit par être projeté du sol et s'écraser à terre un peu plus loin. J'avais réussi ! J'avais touché mon adversaire !

- Félicitations, Doko de Rozan. Tu es le premier homme, en dehors de ma propre famille, à m'avoir atteint de cette manière. Et, comme tu le vois, tu m'as moi aussi blessé au front. Mais c'est ta colère qui t'a permis d'amplifier ta force, et non l'intensification de ta cosmo-énergie. A l'avenir, tu ne tireras pas grand chose de cette colère si tu ne parviens pas à la canaliser et à en faire une force constructive. La véritable force est celle du cosmos ; tu dois faire le vide dans ta tête et dans tes pensées, et ne pas confondre haine de l'adversaire et volonté de vaincre.
- Je te trouve bien sûr de toi, Albérich XIIIème du nom ! lui dis-je alors, un peu agacé par ses leçons de morale. Comment peux-tu avoir une telle expérience du combat, comme tu l'affirmes, alors que tu as quasiment le même âge que moi ?
- Sache, Doko, que je suis moi aussi un chevalier détenteur d'une armure.
- Comment ? Mais c'est impossible ! Tu ne sers pas la déesse Athéna !
- Oui, c'est exact. Je sers le Dieu tout-puissant Odin, seigneur d'Asgard, la contrée d'où je viens aux confins du royaume de Norvège. Le seigneur Odin est servi par son représentant sur terre qui est le Grand Prêtre d'Asgard, au même titre qu'Athéna est servie par le Grand Pope au Sanctuaire d'Athènes. Et ce Grand Prêtre est entouré par sept guerriers divins possédant chacun une armure qui leur donnent une force incommensurable. Ces armures ne peuvent être portées que lorsque le mal menace l'équilibre d'Asgard. Ce fut le cas lors d'une invasion du royaume de Norvège il y a peu.
- Tu veux donc dire que tu es l'un de ces sept guerriers divins ?
- Oui, en effet. J'aurais pu venir jusqu'ici vêtu de cette armure, mais, pour t'affronter pacifiquement, cela n'était pas nécessaire. Désormais elle sommeille, tout comme les six autres, jusqu'au jour où le mal nous obligera à la revêtir à nouveau.

Cela voulait-il dire qu'il aurait été encore plus fort vêtu de cette armure ? Je ne pouvais le croire. Ce n'est pas l'armure qui fait la force d'un chevalier, mais l'intensité à laquelle il pousse sa cosmo-énergie. C'étaient pourtant les paroles mêmes qu'Albérich venait de prononcer il y a quelques instants.

- Eh bien, Doko ! Veux-tu que nous poursuivions le combat, malgré tout ? Veux-tu une fois encore subir la puissance de mon attaque ?
- Je n'abandonnerai pas, Albérich XIIIème du nom, je te l'ai dit ! Et je viendrai à bout de toi, je me le jure à moi-même !
- Très bien, comme tu voudras ! Que les esprits de la nature se déchaînent contre toi !

La nature se remit à danser, comme tout à l'heure. Et, une fois encore, tentant de me défendre, je subissais l'attaque des lianes et des cannes de bambous qui m'enserraient de leur étreinte et m'immobilisaient. L'eau de la cascade se mit elle aussi à onduler et des jets d'eau d'une puissance inouïe vinrent me fouetter violemment. Albérich ne bougeait que les bras, sans remuer le reste du corps, et il semblait donner des ordres à la nature, qui lui obéissait toujours au doigt et à l'œil. D'où lui venait un tel pouvoir ? Cependant l'étau des branches se resserrait contre mon corps, et la pression devenait intenable. Albérich voulait-il me tuer ? Je sentais mes os craquer sous les branches, et mes muscles se tendre à se rompre. Je me débattais dans tous les sens, mais en vain. Mes veines éclataient et du sang coulait partout le long de mon corps. J'allais être littéralement broyé si je ne tentais rien.

Je décidai alors d'intensifier ma cosmo-énergie et de faire exploser cet étau de branches et de lianes. C'était la seule solution. Je fermai les yeux et me concentrai sur la force qui était à l'intérieur de moi. J'appelais la force du dragon dans le ciel, lui sommant de venir à mon aide. Je sentis alors mon cosmos croître et sa chaleur irradier les branches qui m'entouraient, commençant à les brûler. Mais allais-je survivre à l'explosion que j'allais provoquer ?

- Arrête, Doko ! Fit Albérich, en bas, qui voyait ce que je tentais. Tu n'y parviendras pas ; de toutes manières, j'allais desserrer l'étau !
- Tu ne desserreras rien du tout, Albérich ! Aaaaahhhh ! ! ! !

Les branches et les lianes explosèrent sous l'effet de la chaleur dégagée par mon cosmos, et je fus libéré de leur étreinte. Je pensais être tiré d'affaire, et je récupérai à terre quelques instants, mais, lorsque je rouvris les yeux, je vis les cannes et les lianes se précipiter à nouveau vers moi, et recommencer leur étreinte comme la première fois. Cela n'avait-il donc pas de fin ? Avec une telle attaque, Albérich XIIIème du nom était-il donc invincible ? L'étau fut aussi violent que le premier mais, du fait de mes blessures, il me fit encore plus mal et, la douleur devenant insoutenable, je me mis à hurler violemment. Ces hurlements alertèrent Albérich, qui lâcha l'étreinte et rappela au repos les éléments qu'il avait déchaînés contre moi. Allongé à terre, j'étais très mal en point. Si je subissais encore une fois cette attaque, j'y laissais la vie à coup sûr.

- Je t'avais dit de ne pas te débattre et de ne pas essayer de te défendre, Doko. J'aurais lâché mon étau avant qu'il ne soit trop tard, de toutes manières. Tu viens de te faire plus de mal que je n'avais l'intention de t'en faire, et tu es maintenant dans un bien piteux état. Tant pis pour toi, il semble que tu ne sois plus en état de te battre.

" Ne pas te débattre et ne pas essayer de te défendre… "
" Ne pas te débattre et ne pas essayer de te défendre… "


Ces paroles résonnaient dans ma tête, tandis que je sombrais peu à peu dans l'inconscience. Quelle attaque incroyable ! Albérich XIIIème du nom semblait en mesure d'abattre n'importe quel ennemi avec un tel pouvoir. Toute ma volonté et ma rage de vaincre n'avaient pas permis d'endiguer la force des éléments de la nature. L'homme contre la nature…un tel combat est inégal. Maître Anatol m'avait enseigné que l'on ne pouvait vaincre la nature, mais qu'il était par contre possible de l'apprivoiser et s'en faire une alliée.

Mais, alors…
Mais oui !
" Ne pas te débattre et ne pas essayer de te défendre… "
Albérich m'avait lui-même donné la clé pour parvenir à le vaincre !

- Très bien, Doko, fit Albérich en me voyant me relever en usant des dernières forces qui me restaient. Tu as l'air d'avoir reconnu ta défaite. Je te félicite, tu es l'un des meilleurs guerriers que j'aie affronté au cours de mes voyages à travers le monde.
- Je n'ai pas perdu, Albérich, et, malgré mon état, je pense être enfin en mesure de contrer ton attaque !
- Que dis-tu ? Tu es fou !
- Vas-y, Albérich ! Encore une fois, déclenche les esprits de la nature contre moi ! Je suis prêt !
- Tu n'y penses pas ! Tu vas mourir ! Et je n'ai aucunement l'intention de te tuer.
- Fais ce que je te dis, et tant pis si j'y laisse la vie !

Albérich XIIIème du nom eut un long moment d'hésitation, sachant qu'encaisser une nouvelle fois son attaque me serait fatal. Puis il se décida.

- Tant pis, Doko de Rozan, tu l'as décidé toi-même ! Que les esprits de la nature se déchaînent contre toi !

Cette fois, je ne bougeai pas d'un millimètre, ne fis pas brûler mon cosmos et n'essayai même pas de me défendre alors que les cannes de bambous et les lianes se précipitaient sur moi. Et ce que je prévoyais se produisit : les branches s'arrêtèrent dans leur course à quelques centimètre à peine de moi, ne pouvant atteindre leur cible. Car j'étais en harmonie avec la nature. Pourquoi m'avait-elle touché à deux reprises auparavant ? Parce que, comme l'avait dit Albérich lui-même, je m'étais débattu, j'avais essayé de me défendre, autrement dit, j'avais manifesté un cosmos hostile et agressif envers la nature, qui n'avait plus qu'à me frapper par des coups à la mesure de cette hostilité. Désormais, en me concentrant et faisant le vide à l'intérieur de moi, j'avais évacué tout sentiment d'agressivité et de défense, et la nature ne pouvait plus m'attaquer, car je n'étais plus son ennemi.

- C'est impossible ! ! S'exclama Albérich, ne parvenait à croire ce qu'il voyait. Pour la première fois, la nature ne lui obéissait plus.
- Esprits de la nature, reprit-il désespéramment, frappez votre ennemi !
- Tu as perdu, Albérich ! Par la colère du dragon !

Albérich, surpris par cette contre-attaque, encaissa la colère du dragon de plein fouet et fut emporté dans les airs. Il alla s'écraser contre la montagne la plus proche, et retomba lourdement sur le sol.

J'avais remporté mon premier combat.
J'avais vaincu Albérich de Mégrez, XIIIème du nom.

***

Quelques semaines se sont écoulées depuis ma rencontre avec le samouraï Aritaki. Après que je lui eus raconté mon histoire, il a décidé de s'installer quelques temps à Rozan avant de se décider ou non à retourner dans l'Empire du Soleil-Levant. Il passe une partie de son temps aux travaux agricoles dans les rizières de Rozan et ces deux bras en plus ne sont vraiment pas de trop. Il a l'air de s'être enthousiasmé par l'histoire des chevaliers d'Athéna et ne cesse de me répéter que s'il retourne chez lui, ça ne sera pas avant de m'avoir vu devenir chevalier. Il veut voir à quoi ressemble cette armure du Dragon ! Il faut dire que je ne le sais même pas moi-même. Je sue sang et eau depuis près de quatre ans pour cette chose qui est censée m'attendre, moi ou Yoko, et dont je ne connais même pas l'apparence !

Mais je sens que mon entraînement touche à sa fin. Depuis que je suis parvenu à maîtriser la colère du dragon et que j'ai affronté et vaincu Albérich XIIIème du nom, j'ai réussi, en augmentant mon cosmos en intensité, à créer une nouvelle attaque, que j'ai baptisée " les 100 dragons de Rozan ", car, décuplée en intensité, cette attaque fait appel non plus à un seul, mais à une multitude de dragons. Yoko, de son côté, a réussi à maîtriser la première attaque et a développé de son côté une attaque inédite non pas basée sur la puissance du dragon mais…sur celle du tigre ! Anatol, tout comme moi, a été étonné, de voir Yoko utiliser cette technique durant un combat, qu'il préparait dans le secret depuis des mois, et qu'il a baptisée " Les griffes du tigre ". Je dois avouer qu'il n'est plus très loin de mon niveau, même si j'avais eu la prétention, au début, de penser que ma force était supérieure à la sienne. Ainsi, nous parvenons au terme de notre entraînement. Anatol nous a annoncé, il y a plusieurs jours qu'il n'avait plus rien à nous apprendre, à Yoko et à moi, et que nous étions désormais ses égaux. Ses égaux ! Je ne pouvais le croire. Lui qui avait mené un terrible combat voilà deux siècles, qui faisait donc partie de l'élite de ces chevaliers d'Athéna ! Mais je n'ai encore jamais affronté un adversaire à mon niveau jusqu'ici, hormis Yoko et Albérich, bien sûr. Peut-être a t-il raison, après tout, peut-être ai-je vraiment élevé ma cosmo-énergie à un très haut niveau, et suis-je devenu très fort. Les ennemis qui m'attendent à l'avenir me le diront tôt ou tard…

- Doko et Yoko, le moment est enfin venu.

Ainsi parlait le vieux Anatol, qui avait réuni ses deux apprentis guerriers devant la grande cascade de Rozan.

- Depuis maintenant quatre ans, sans relâche, vous vous êtes entraînés afin de devenir des chevaliers d'Athéna. Vous vous êtes amicalement affrontés à de nombreuses reprises au cours de tout ce temps, et vous allez aujourd'hui vous affronter une dernière fois. Le but, cette fois-ci, ne sera plus d'améliorer vos techniques, que vous avez élevées maintenant à un point de quasi - perfection, mais bel et bien de conquérir l'armure de bronze du Dragon, qui reviendra au plus valeureux d'entre vous deux. C'est un combat sans merci, où tous les coups sont permis, dussiez-vous y laisser la vie.
- Comment, maître Anatol ? S'exclama Doko avec une pointe d'horreur non dissimulée. C'est un combat à mort que nous devrions nous livrer ? A quoi donc auraient servi toutes ces années d'entraînement si l'un d'entre nous y laissait la vie ?
- Je comprend ce que vous ressentez, mes fils. Mais n'oubliez pas ce que vous avez appris : les dieux et les étoiles du ciel veillent sur vos destinées. Si votre destinée est de devenir des chevaliers d'Athéna, vous ne perdrez pas la vie. C'est à vous de prouver que l'armure qui est en jeu vous revient de droit et que vous méritez de la revêtir. Si vous parvenez à prouver cela, la déesse Athéna saura vous reconnaître parmi ses chevaliers protecteurs. Si vous n'y parvenez pas et que vous y laissez la vie, je n'ai ni le droit ni le devoir d'intervenir pour l'empêcher car cela aura été la volonté d'Athéna. J'espère que vous me comprendrez et que vous ne m'en voudrez pas.
- Très bien ,maître Anatol, nous avons compris.
- Oui, tout ce que nous avons fait jusqu'à aujourd'hui n'était qu'un long entraînement initiatique. C'est notre premier véritable combat que nous allons disputer aujourd'hui.

Les deux amis se regardèrent pendant un long moment, les yeux dans les yeux, sans bouger, témoignant dans leur regard d'un respect mutuel pour celui qui allait être leur adversaire. Dans un silence de quasi recueillement, un seul bruit se faisait entendre, celui de la grande cascade de Rozan, dont le torrent leur berçait les oreilles d'un chant agréable. Le vieux Anatol, assis sur un promontoire un peu plus haut, regardait Yoko et Doko sans aucune réaction de sa part et attendant, impassible, que l'un des deux se décide à attaquer.

- En garde, Yoko ! Par la colère du dragon !

Le dragon apparut et se dirigea sur Yoko qui ne bougea pas et décida d'encaisser l'attaque de front. Il croisa les bras et poussa un cri long et expansif alors qu'une explosion se produisait. Yoko fut malgré lui projeté à plusieurs mètres. Il n'avait pas réussi à contenir l'attaque. Doko se demanda s'il avait déjà gagné mais il vit très vite Yoko se relever en prenant appui sur ses mains, de nombreuses égratignures visibles sur son visage.

- Eh bien, Doko ! Ton attaque est fulgurante, et je comprend que, avec, tu sois parvenu à tuer deux samouraï d'un coup il y a quelques semaines. Mais tu n'y as pas mis toute ta force, n'est-ce pas ?

C'était la vérité. Doko avait peur de blesser mortellement celui qui, quatre années durant, avait été son ami et qui, aujourd'hui, était devenu son adversaire pour le meilleur comme pour le pire ; pour cette raison il ne pouvait se résoudre à déployer la totalité de sa force.

- Ca n'est pas bien Doko, et tu le sais. Tu ne pourras pas obtenir la victoire si tu ne fais pas abstraction de tes sentiments. La personne que tu as en face de toi est ton adversaire, et rien d'autre. Voyons, à ton tour, si pourras esquiver mon attaque ! Par la colère du dragon !

Cette fois, l'attaque portée fut plus puissante que celle de Doko. Yoko avait déployé toute sa puissance et était parvenu à mettre en pratique ce que Anatol lui avait enseigné depuis quatre ans : l'abstraction de tout sentiment durant un combat, quel que soit l'adversaire que l'on a face à soi. Aussi son attaque pouvait atteindre sa puissance maximale, contrairement à Doko. Ce dernier se releva très vite de l'attaque, mais visiblement diminué.

- Je vois que tu as réussi sur le point où j'ai échoué, Yoko. Mais, comme toi, j'ai acquis une endurance qui me permet d'encaisser cette attaque. Je la connais maintenant par cœur et, comme nous l'a enseigné maître Anatol, une attaque ne marche qu'une fois sur le même chevalier.
- Je n'en suis pas si sûr, Doko.
- Qu'est-ce que tu dis ? Je…Ahhh ! ! !

Un filet de sang coula du front de Doko, qui s'écroula à nouveau à terre. Il subissait le contrecoup de l'attaque de Yoko, et dut se rendre à l'évidence. Il s'était surestimé par un excès de confiance, et dut reconnaître que sa technique n'était pas au point, tant du point de vue de l'attaque que de la défense. Il se croyait supérieur à son ami depuis le début mais c'était lui qui lui donnait aujourd'hui une cinglante leçon de défaite. Comment allait-il trouver la parade idéale ? L'armure de bronze du Dragon, cette armure qu'il convoitait tant depuis des années, semblait s'éloigner de lui. Bien sûr, il pouvait aussi devenir le chevalier du Tigre, mais cela ne le consolerait pas. Il sentait depuis le début qu'il était appelé à devenir le chevalier du Dragon, que sa destinée en était toute tracée. Il sentait les étoiles de la constellation l'appeler lorsqu'il les contemplait à la nuit tombée, et le dragon ne faire plus qu'un avec lui lorsqu'il déclenchait son attaque. Il n'y avait pas de doute, il DEVAIT devenir chevalier du Dragon. Mais Yoko venait de lui prouver à l'instant que sa technique était supérieure à la sienne et ne contenait pas ses défauts, car lui avait fait le vide dans son esprit.

- Voyons, Doko…Tu as déjà été confronté à cette situation il y a peu de temps ;aurais-tu déjà oublié ?

C'était Anatol qui venait de parler ainsi. Assis paisiblement au bord de la grande cascade de Rozan, il regardait le combat entre ses deux apprentis en en attendant patiemment l'issue. Et Doko comprenait qu'il parlait d'Albérich XIIIème du nom. N'avait-il pas affronté exactement le même problème face à lui ? La mansuétude, la peur de tuer son adversaire, qui paralyse et empêche de donner la pleine mesure de son pouvoir. Doko, face à Yoko comme face à Albérich, avait faibli, avait suivi ses sentiments, qui lui interdisaient d'utiliser le maximum de sa force. Comment était-il assez stupide pour commettre une nouvelle fois la même erreur ? Une erreur qui allait lui coûter cher : la victoire. Ce qui fait la force d'un homme et lui permet de progresser, ce sont ses erreurs, ses échecs. Oui, les erreurs sont faites pour n'être commises qu'une fois.

- Eh bien, maître Anatol ! S'écria Yoko, voyant Doko à terre depuis un moment. Il semble que Doko ne soit plus en état de se battre. Par conséquent,…
- Par conséquent le combat continue, Yoko, fit un Doko affaibli mais qui se relevait avec une mine cette fois décidée. Quelques gouttes de sang coulaient de son visage et tombaient à terre en un petit floc évanescent.

Yoko était satisfait de voir son ami se relever pour poursuivre le combat, même s'il avait eu l'audace de croire un instant la victoire lui être acquise. La faiblesse et la mansuétude dont Doko venait de faire preuve l'avaient déçu ; il croyait son compagnon plus endurci et plus aguerri que ce qu'il venait de voir. Il espérait que Doko allait se ressaisir.

- Yoko, je te remercie d'avoir souligné ma faiblesse face à toi, j'ai été ridicule. Il est temps, tu as raison, que je déploie la totalité de ma force, quelles qu'en soient les conséquences. Regarde bien, Yoko !

Doko croisa les bras, ferma les yeux et se concentra. La terre se mit à trembler, comme lorsqu'il avait utilisé sa technique pour la toute première fois. Le vent tourbillonna autour de lui et fit dresser ses cheveux sur sa tête. La grande cascade de Rozan, toute proche, sembla s'agiter et son courant se perturber. Lorsque le dragon réapparut dans son aura, Doko ouvrit soudain les yeux, le regard vers Yoko, et se mit à pousser un hurlement.

- PAR LA COLERE DU DRAGON ! ! !
- Par les griffes du Tigre !

Yoko avait choisi de riposter à l'attaque de Doko en lui envoyant simultanément sa deuxième attaque, cette technique qu'il avait développé individuellement depuis des mois. C'était une tactique comme une autre, et Doko ne pouvait pas le lui reprocher. Sans doute sentait-il que, cette fois, Doko utiliserait la totalité de sa puissance et qu'il ne pourrait parer son attaque à mains nues sans attaquer à son tour. Effectivement, l'intensité de l'attaque de Doko n'avait cette fois aucune commune mesure avec la précédente. Une sorte de boule de lumière sembla jaillir du poing de Doko et se précipiter sur Yoko. De son côté, Yoko avait déployé un pouvoir inédit. Doko avait déjà eu l'occasion d'observer cette nouvelle attaque de son ami, mais ce dernier avait eu, depuis, l'occasion de la perfectionner à un point qu'il n'aurait pas osé imaginer. Un tigre gigantesque apparut dans l'aura du cosmos de Yoko et sembla bondir vers son adversaire, les crocs en évidence dans sa gueule ouverte et les griffes acérées en avant. Doko ne voyait pas comment il allait pouvoir parer cette attaque à laquelle, cette fois, il n'était pas familier. Mais les adversaires avaient cette fois envoyé tous deux leur attaque en même temps. Une onde de choc se forma et les deux coups portés se heurtèrent violemment dans un fracas gigantesque. Une explosion retentit, suffisamment importante pour former un épais nuage de fumée et projeter Doko et Yoko loin en arrière chacun de leur côté. Yoko alla s'écraser contre un pan de montagne quelques mètres plus loin ; quant à Doko, il disparut dans la grande cascade, avalé par le courant.

Anatol, sur son promontoire, ne réagissait pas plus qu'il ne laissait trahir d'émotion, comme certain de l'issue du combat. La fumée dégagée par le choc de l'explosion était parvenue jusqu'à lui mais ne l'avait pas perturbé le moins du monde. Il avait en champ de mire Yoko, inanimé et retombé à terre après s'être violemment heurté contre la pierre de la montagne. Mais de Doko, point. Avait-il été happé par le courant de la grande cascade de Rozan et tué sur le coup ? Il y eut un long silence de plomb qui sembla durer des minutes, puis on put entendre un faible gémissement de Yoko qui pliait les doigts de ses mains et tentait de se relever avec peine. Il semblait se réveiller d'un long sommeil. Encore à terre, il releva la tête vers l'endroit où Doko se trouvait avant l'attaque et, ne le voyant plus, il comprit qu'il avait été emporté dans la cascade. Recouvert de plaies, Yoko réunit toutes ses forces pour se relever et, se maintenant sur ses pieds avec beaucoup de difficulté, il s'adressa alors à Anatol.

- Maître ! Que s'est-il passé ? Pourquoi Doko a t-il disparu ?
- Yoko, vous venez tous les deux d'encaisser vos propres attaques que vous avez tenté d'envoyer simultanément.
- Comment ? Mais comment cela a t-il été possible ?
- Dans la tradition chinoise, Yoko, le dragon et le tigre sont deux animaux parmi les plus sacrés, ce sont aussi les deux bêtes les plus puissantes, répondit le vieux Anatol. Par ton entraînement et ta persévérance, tu as acquis le pouvoir d'attaque du tigre légendaire de la mythologie, alors que Doko a fait appel au pouvoir du dragon. Que se passe t-il alors lorsque le tigre et le dragon sont confrontés l'un à l'autre, Yoko ?
- Ni l'un ni l'autre ne peuvent gagner, et ils subissent tous les deux leur propre attaque, qui leur est renvoyée, répondit Yoko tel un élève récitant sa leçon.
- Absolument, et c'est ce qui vient malheureusement de se produire…
- Mais alors, est-ce que Doko est…
- Oh non, loin de là, regarde de plus près la cascade, Yoko…

Yoko regarda le bas de la cascade et vit effectivement l'eau s'agiter comme si elle bouillonnait. Il n'en croyait pas ses yeux. L'agitation de l'eau produisait une sorte de tourbillon qui devenait de plus en plus intense, et émettait un grondement lourd et inquiétant. Soudain, le sol se mit à trembler, la terre entière trembla. Le mouvement de l'eau se poursuivait en bas de la cascade et une lumière blanche apparut à l'intérieur. Puis c'est le courant de la cascade tout entier qui fut perturbé. Yoko vit alors une chose quasi surnaturelle. Le courant se mit à ralentir de plus en plus, comme si l'eau cessait de s'écoulait et les millions de gouttes se figeaient sur place. Puis, dans un grondement qui s'intensifia en un vacarme épouvantable, toute l'eau de la cascade se mit à remonter et à jaillir vers le haut. Une silhouette jaillit de l'eau à son tour et sauta jusqu'à l'endroit où elle se trouvait il y a peu de temps. Doko s'était dégagé de l'eau en remontant le courant de la cascade. Yoko le regarda fixement, hébété.

- Doko, c'est merveilleux ! Tu es vivant ! Tu…
- Yoko ! ! !

Yoko venait de perdre connaissance et de s'écrouler une nouvelle fois à terre. C'était le contrecoup de sa propre attaque qu'il avait subi quelques minutes plus tôt, et qui ne faisait effet que maintenant. Doko se précipita.

- Yoko !Yoko ! !
- Tu as gagné, Doko…je m'incline…l'armure du Dragon est à toi.

Ainsi se termina le combat pour l'armure du Dragon, que Doko venait de remporter. Anatol, qui n'avait pas bougé depuis le début, se leva, et vint vers ses deux apprentis, tous deux épuisés par leur combat. C'est avec un sourire chaleureux qu'il arriva auprès d'eux.

- Félicitations, Doko, je suis fier et honoré de te reconnaître comme mon successeur. Tu viens de réussir ce que personne depuis moi-même n'était jamais parvenu à faire : remonter le courant de la grande cascade de Rozan !

Doko ne sut que répondre. Epuisé par la débauche d'énergie qu'il avait déployée pour remonter la cascade, il était au bord de l'évanouissement. Il avait peine à réaliser ce qu'il venait de gagner.

- Yoko, continua Anatol, n'a pas démérité dans ce combat, d'ailleurs il possédait depuis plus longtemps que toi quelque chose qui est essentiel pour gagner tout combat, qui est l'abstraction de tout sentiment face à son adversaire. Son niveau de technique est quasiment égal au tien, et il ne lui a manqué qu'un peu de chance pour vaincre. Les dieux t'ont choisi et, comme tu peux le constater, aucun de vous deux n'a laissé la vie dans ce combat…

***

Jambières !
Ceinture !
Plastron !
Bras !
Epaulettes !
Casque !

Doko venait de revêtir ce pour quoi il s'était battu depuis quatre ans, l'objet de toutes ses espérances aujourd'hui récompensées : l'armure de bronze du Dragon. L'éclat de l'armure lors de son apparition l'avait ébloui et, lorsqu'il rouvrit les yeux, ce qu'il vit était au-delà de tout ce qu'il avait imaginé. Cette armure scintillait d'un vert d'émeraude et semblait faire corps avec lui ; il ne sentait aucun poids, au contraire, il sentait l'armure vibrer et lui donner une impression de force extraordinaire, bien plus que ce qu'il avait senti jusque là lors de ses combats à mains nues. Désormais, il était un chevalier d'Athéna! Anatol, auprès de lui, venait de faire émerger cette armure du fond de la cascade où elle se trouvait.

- Maître Anatol, qu'est-ce que ce bouclier sur mon bras droit qui resplendit d'une lumière éclatante ? Il paraît indestructible.
- En effet, Doko, il l'est. Il s'agit de la protection la plus puissante parmi les 88 armures des chevaliers d'Athéna, qui peut te protéger de nombreuses attaques ; c'est le bouclier du dragon. Même les armures d'or ne possèdent pas une telle protection.
- Comment ? Même les armures d'or ? Je ne suis tout de même pas devenu invincible !
- Non, loin de là, mon fils. L'armure du Dragon te donne une puissante protection contre les attaques de tes adversaires, mais tu es toujours un homme mortel fait de chair et de sang. N'oublie jamais que ton compagnon, Yoko, a échoué de peu contre toi dans le combat pour l'armure. Tu as été avantagé sur lui grâce au combat que tu as mené contre Albérich XIIIème du nom, qui t'as permis de trouver comment vaincre les éléments de la nature et repousser le courant de la grande cascade de Rozan. Yoko, lui, n'avait encore rencontré aucun autre adversaire que toi, et il a simplement été désavantagé par son manque d'expérience. A l'avenir, tu dois le considérer comme ton égal car il mérite autant que toi le titre de chevalier d'Athéna, même si c'est une autre armure qu'il portera.
- Vous avez raison, maître Anatol. Indirectement, c'est à cet Albérich XIIIème du nom, et à l'enseignement que j'ai tiré de mon combat contre lui, que je dois ma victoire. Dites-moi, maître, où est passé Yoko, que j'aille le retrouver et le féliciter pour son combat ?
- Il m'a dit qu'il allait prendre un bain dans la rivière en amont de la cascade, pour se délasser du combat mené. Tu devrais le trouver facilement. Va, Doko.

C'est ainsi que Doko fila, toujours vêtu de son armure du Dragon, vers la rivière où devait se trouver Yoko.
Il bouillonnait d'envie de féliciter son ami tout autant que d'étrenner son nouveau bien, même si les chevaliers, en principe, ne devaient utiliser leurs armures que pour combattre. Il parvint très vite à la rivière en cascade et aperçut, au loin, Yoko, de dos, nu dans la rivière. Lorsqu'il s'approcha, en voyant de près Yoko, il découvrit quelque chose qui lui fit pousser un cri d'effroi.

- Par tous les dieux ! ! !

Yoko n'était pas un homme.

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.