Chapitre 21 : La Sanction divine


Les yeux encore éblouis par l'intense halo de lumière qui les avaient enveloppés dans le Temple d'Apollon en plein effondrement, Athéna et ses chevaliers reprirent peu à peu leurs esprits et se retrouvèrent dans un nouveau Temple, qu'ils n'eurent pas de mal à identifier comme étant la première des douze maisons du Sanctuaire, le Temple du Bélier. Sion, le chevalier d'or, se tenait devant eux, prêt à les accueillir, comme s'il attendait leur venue. Il ne faisait aucun doute que le chevalier du Bélier était à l'origine de leur téléportation en ce lieu.

Sion : Je suis honoré et ravi de vous revoir parmi nous, au Sanctuaire, Athéna. Et tout autant ravi de voir que vous avez remporté la bataille. J'avoue qu'il n'a pas été facile à nous, chevaliers d'or, de résister à la chaleur qui s'était emparée de la Terre depuis hier, mais je n'ai jamais douté de l'issue du combat. Athéna, soyez, de nouveau, la bienvenue dans ce Sanctuaire qui est le vôtre.
Athéna : Je te remercie, Sion…est-ce donc toi qui est à l'origine de notre arrivée soudaine en ce lieu ? Comment t'y es-tu pris ?
Sion : Par mes pouvoirs de télékinésie, je peux, en me concentrant, faire sortir mon esprit de mon corps et le déplacer où je le souhaite. C'est ainsi que, faute de pouvoir quitter ma maison, j'ai pu suivre une grande partie de la bataille que vous avez menée, et notamment votre affrontement avec Apollon. Après que vous ayez enfermé à nouveau notre ennemi dans l'Urne Sacrée, le Temple d'Apollon a commencé à s'effondrer et sa destruction imminente vous menaçait. J'ai donc décidé d'utiliser la totalité de mon cosmos pour vous transporter, tous, depuis Delphes jusque dans ma demeure. Il est vrai que c'est la première fois que je tente une telle chose ; je peux d'ordinaire déplacer des objets, comme je l'ai fait pour l'armure de bronze du Tigre, mais je n'avais encore jamais utilisé mon pouvoir pour déplacer des personnes. J'ai pris un risque, celui de ne pas pouvoir vous ramener à bon port, mais il m'a semblé bon de le faire.
Athéna : Tu as notre gratitude pour cette action, chevalier du Bélier. Au moment où tu nous a téléportés, un pan entier du plafond était en train de s'écrouler sur nous, et nous n'aurions sans doute pas pu l'éviter.
Yoko : Mais c'est incroyable, Sion…tu es parvenu à maîtriser à la perfection tes pouvoirs de télékinésie, et tu es donc devenu désormais, à part entière, l'égal d'un chevalier d'or ! Toi, Sion du Lotus !
Athéna : C'est exact, Yoko a raison. Tu as succédé à ton maître Jason il y a pourtant très peu de temps, et tu as très vite dépassé le niveau d'un simple chevalier d'argent pour devenir l'égal des onze autres chevaliers d'or qui protègent ces douze maisons. Je n'ai jamais douté de ta marge de progression et de tes dispositions naturelles, mais je suis admirative devant des progrès aussi rapides et prodigieux. Tu mérites bien l'armure que tu portes aujourd'hui.

C'est ainsi qu'eurent lieu les retrouvailles entre Athéna et ses chevaliers, son Sanctuaire, au terme du terrible combat qui venait d'être remporté contre le Dieu Apollon, et où plusieurs d'entre eux avaient laissé la vie. L'heure était maintenant au bilan.

Athéna : Cette bataille a été terrible… Sur les sept chevaliers engagés dans le combat, deux seuls ont survécu et se trouvent à nos côtés, Doko et Adam. Yoko est de retour parmi nous, et, surtout, nous avons pu compter sur l'aide de Janus, le chevalier des Gém…Janus ! ! Mais ! ! ! Où est-il ? ?

Athéna et ses chevaliers survivants de la bataille de Delphes avaient été téléportés ça et là dans la pièce centrale du Temple du Bélier, en divers endroits. Doko et Adam, blessés, étaient assis à terre, contre deux piliers, tandis que Yoko, la plus valide de tous, se tenait debout, aux côtés d'Athéna. Mais de Janus, nulle part.

Yoko : Janus ! ! Pourquoi ! ! Pourquoi n'est-il pas ici, à nos côtés ? ?

Yoko tomba à terre, à genoux, en prenant appui sur ses bras, et regarda son reflet dans l'éclat des dalles de marbre du sol de la Maison du Bélier. Elle ne put contenir quelques larmes d'émotion à la pensée de celui dont elle avait fait, dans le plus grand secret, son bien-aimé. Il avait disparu, sans doute était-il mort.

Sion : J'ai peur de comprendre…je viens de vous dire que la télékinésie, à l'échelle humaine, est quelque chose de dangereux et de risqué, et que c'était la première fois que je tentais une telle expérience. J'ai peur de n'avoir réussi qu'en partie…
Doko : Tu veux dire que… ! !
Sion : Oui, hélas, j'en ai bien peur…je ne suis parvenu à transporter jusqu'ici qu'une partie d'entre vous…Janus a dû rester bloqué là-bas, dans le Temple d'Apollon, et ne pas pouvoir bénéficier du transfert…
Yoko : Mais un gigantesque bloc de pierre s'est effondré sur nous au moment où tu nous a téléportés ! Il n'a donc pas pu l'éviter !
Sion : Je crois…je crois qu'il faut nous rendre à l'évidence…nous ne le reverrons sans doute plus…pardonnez-moi, mes compagnons, mes amis…pardonnez-moi, Athéna…je…j'ai failli à mon devoir…

C'était la consternation dans le petit groupe. Cette bataille se terminait tragiquement, et rajoutait au sentiment de lassitude et de tristesse générale, à la pensée de toutes les personnes qui avaient déjà laissé la vie dans le combat. Le bilan, décidément, devenait bien lourd. Yoko ne put s'empêcher de regarder le chevalier du Bélier avec une pointe de haine qu'elle ne pouvait contrôler, à l'idée que ce chevalier était responsable de la tragique disparition de son bien-aimé. Mais, d'un autre côté, ne lui devaient-ils pas tous la vie ? Sans lui, ils auraient sans doute tous péri dans l'effondrement du Temple d'Apollon.

Athéna : Une mort est toujours une terrible épreuve, mais notre destin veut que nous risquions nos vies, à chaque instant, pour protéger la Terre du mal qui le menace, et moi la première. Nous devons accepter la disparition de Janus, tout comme celle des autres chevaliers…rappelez-vous que c'est grâce à lui, en grande partie, qu'Apollon a pu être vaincu. A présent, il est temps de nous reposer, je crois que nous l'avons bien tous mérité.

Et Athéna eut un regard attentif pour Doko et Adam, qui se trouvaient toujours assis contre des piliers du Temple, blessés et épuisés, et qui n'avaient pas la force de se relever.

Athéna : Doko, Adam, vous avez été particulièrement éprouvés par les combats que vous avez menés, et vous devez être soignés. Il en va de même pour toi, Yoko. Même si ton armure du Tigre t'a permis de retrouver des forces dans la bataille, tu as été blessée lors de tes affrontements face à Doko et Adam, lorsque tu étais sous l'emprise d'Apollon. Je vais dépêcher au Sanctuaire les meilleurs médecins de toute l'Attique, et veiller à votre prompt rétablissement. Je convoquerai bientôt une assemblée générale dans la Chambre du Grand Pope. En attendant, prenez tous bien soin de vous.

Et Athéna retourna dans ses appartements personnels, au sommet des Douze Maisons, tandis que Sion prenait en charge les trois rescapés de la bataille de Delphes. Le soleil avait retrouvé depuis peu sa taille normale, et la température avait considérablement diminué jusqu'à se rapprocher, à nouveau, des normales saisonnières. Le réchauffement climatique sans précédent, provoqué par Apollon, ne semblait déjà plus qu'un lointain souvenir, même si ses séquelles étaient palpables, un peu partout à la surface de la Terre. Nombre de personnes vulnérables avaient péri de sécheresse et d'étouffement un peu partout dans le monde, et les chevaliers d'or eux-mêmes se remettaient d'une sensation douloureuse de malaise et d'assèchement. Quantités d'eau s'étaient évaporées et il fallait espérer que la pluie revienne au plus vite.
Athéna avait fait envoyer des gardes du Sanctuaire chercher à Athènes même, ainsi qu'au port du Pirée, les médecins les plus renommés, et ceux-ci s'occupaient activement de Doko, Adam et Yoko, qui dormaient maintenant d'un profond sommeil récupérateur, qu'ils avaient bien mérité. La bataille avait duré une après-midi, une nuit entière et une matinée, et la fatigue avait laissé des traces sur les organismes. Athéna attendit donc trois jours après le retour de Delphes pour organiser l'assemblée générale qu'elle avait décrétée dans la Chambre du Grand Pope. Y étaient présents Doko, Adam et Yoko, le corps couvert de nombreuses bandelettes et se tenant par les épaules pour ne pas tomber, ainsi qu'Archinoald, le chevalier d'or de la Balance, à qui Athéna avait demandé de venir. Siddartha de la Vierge, quant à lui, continuait, pour l'instant, d'assurer ses fonctions de Grand Pope par intérim, et assistait lui aussi à la réunion. C'est lui qui introduisit les différents chevaliers.

Siddartha : Athéna, maintenant que toutes les personnes que vous appelées sont ici présentes, nous pouvons commencer la réunion.
Athéna : Chevaliers, l'heure est maintenant au bilan du combat que nous avons livré à Delphes, contre Apollon. Je tiens tout d'abord à vous remercier tous les trois, Doko, Adam et Yoko, pour le courage et la foi sans faille dont vous avez fait preuve durant la bataille. Je reconnais avoir fait trop vite confiance à Artémis, et être tombée stupidement dans le piège qu'elle m'avait tendue. A cause de cela, le Grand Pope, Ivan, y a laissé la vie…Mais le véritable responsable de sa mort, tout comme de la résurrection d'Apollon et de toute cette bataille, est ce Moebius, guerrier chinois qui avait assassiné Baruch il y a quatre ans et s'était fait passer pour lui pendant tout ce temps, afin d'accomplir une vengeance personnelle. C'est en fait cet homme qui a été notre véritable ennemi, et Doko est heureusement parvenu à temps à le démasquer et à le vaincre. Il nous a tous manipulés, tout comme il a manipulé Apollon pour en faire l'instrument de sa propre vengeance. Par sa faute, beaucoup de sang a coulé inutilement et de valeureux chevaliers sont morts, tout comme le Grand Pope. Apollon a poussé le cynisme jusqu'à nous renvoyer sa dépouille dans ce Temple, par télékinésie, mais Siddartha a pris soin de lui offrir la sépulture qu'il méritait, en bonne place dans le cimetière du Sanctuaire, parmi les tombes des chevaliers d'or des Guerres Saintes passées.
Siddartha : Malheureusement, le fait est que le Grand Pope est mort, et que le Sanctuaire se trouve désormais sans chef temporel et spirituel. J'ai assuré jusqu'ici l'intérim, comme le Grand Pope me l'avait demandé avant de se rendre à Delphes, mais je crois que mes fonctions arrivent à leur terme. Athéna, je ne veux en aucun cas usurper cette fonction, et je pense qu'il est préférable que vous élisiez, vous-même, le successeur d'Ivan des Gémeaux.
Athéna : Tu as raison, Siddartha. Tu es l'un des plus sages, parmi les douze chevaliers d'or de ce Sanctuaire, et celui qu'on dit le plus proche de Dieu, c'était donc à toi qu'il incombait de remplir la tâche de Grand Pope, tant que la situation l'exigeait. Mais il a toujours été préférable de laisser cette fonction à des chevaliers d'expérience, lorsque nous en avons parmi nous. Ivan était l'ancien chevalier d'or des Gémeaux, qui avait survécu à la grande Guerre Sainte de l'an de grâce 1556. Or, il se trouve que d'autres chevaliers ont également survécu, à l'époque, et que certains sont encore parmi nous aujourd'hui, grâce au don du Misopéthaménos que je leur avais octroyée, lors de mon incarnation antérieure. Et l'un d'eux est présent dans cette salle, en ce moment.

Tous les regards se tournèrent vers Archinoald.

Athéna : Archinoald, tu es le plus expérimenté de tous les chevaliers du Sanctuaire, tu as eu à mener nombre de combats, au cours de ta longue existence, et tu es à ce titre le plus à même de remplir, dès aujourd'hui, les fonctions de Grand Pope.
Archinoald : Je suis honoré de cette désignation, déesse Athéna…mais pourquoi ne pas avoir demandé plutôt au chevalier d'or du Verseau ? Il est issu, comme moi, de la précédente génération de chevaliers.
Athéna : Tu connais pourtant la réponse à cette question, il me semble…
Archinoald : Comment ? ?
Athéna : Ton armure d'or de la Balance ne te l'a t-elle pas donnée, le jour de la bataille ?
Archinoald : Vous voulez dire que… !
Athéna : Tu m'as parfaitement compris. Tu m'avais toi-même expliqué, durant l'Epreuve, que Doko du Dragon, lorsqu'il avait atteint ta demeure, avait été désigné par l'armure de la Balance elle-même, comme étant ton successeur. Ensuite, lorsque Doko a fait face à Apollon, sans que tu n'aies rien fait pour cela, l'armure s'est elle-même détachée de ton corps, spontanément, pour aller aider Doko à Delphes, alors que son armure du Dragon venait d'être brisée. Je pense que tu as compris ce que cela signifie. Et toi, Doko, également.
Doko : Mais…je suis pourtant le chevalier de bronze du Dragon…durant mon entraînement, mon maître, Anatol, l'ancien détenteur de cette armure, m'avait expliqué qu'une constellation protégeait un seul et même chevalier durant toute son existence. Comment, dans ce cas, pourrais-je devenir le nouveau chevalier d'or de la Balance ?
Archinoald : Je crois savoir que l'armure d'or de la Balance occupe une place à part parmi les douze armures des chevaliers d'or. Elle est portée par le chevalier qu'elle a reconnu et désigné d'elle-même comme étant le plus juste et le plus sage parmi les 88 chevaliers d'Athéna, car elle est dotée de 12 armes surpuissantes, qui ne doivent être utilisées que lorsque la gravité de la situation l'exige. Autrement dit, ne pouvant être portée par n'importe qui, cette armure choisit elle-même le chevalier qui doit la revêtir, sans que celui-ci ne soit désigné par un maître ou un quelconque entraînement. Elle échoit donc toujours à un chevalier qui possède déjà une armure, et se trouve sous la protection d'une constellation. Aussi, Doko, tout en devenant le nouveau chevalier d'or de la Balance, tu seras toujours sous la protection de la constellation du Dragon. D'autant plus que tu es né, comme moi, sous le signe zodiacal de la Balance, et que le Dragon, de son côté, est l'un des douze signes du zodiaque de l'Orient…tu seras donc protégé par deux signes zodiacaux à la fois. La Balance, pour l'Occident, et le Dragon, pour l'Orient.
Doko : Alors…ce tigre qui est apparu sur mon dos, face à Artémis…et le Dragon qui m'unit à Yoko…je commence à comprendre…l'armure m'a elle-même choisie…
Athéna : elle t'a choisie pour ta justice et ton équité, Doko. Désormais, tu es le nouveau chevalier d'or de la Balance. Quant à toi, Archinoald, tu dois succéder à Ivan des Gémeaux dans la fonction de Grand Pope.
Archinoald (s'agenouillant) : Athéna, j'en suis honoré. Je jure d'accomplir la nouvelle tâche qui m'attend de mon mieux, toujours dans le souci de servir le bien à vos côtés et de faire régner l'ordre et la cohésion au sein de ce Sanctuaire.
Doko : Je suis également honoré de succéder à Archinoald, nouveau Grand Pope, à cette armure d'or de la Balance. Malheureusement, l'armure de bronze du Dragon a été pulvérisée face à Apollon, et les fragments qu'il en reste ont dû être ensevelis sous les décombres du Temple d'Apollon…cette armure est perdue, à jamais…
Adam : Il en est de même pour l'armure d'argent de l'Horloge, qui n'a pas résisté aux attaques divines d'Apollon, et qui est restée dans les ruines du Temple, également…sauf que, à l'inverse de Doko, je n'ai pas une armure d'or pour la remplacer…
Athéna : C'est une situation embarrassante, à laquelle il nous faut réfléchir. Qu'en penses-tu, Archinoald ?
Archinoald : Adam est né sous le signe des Gémeaux…peut-être peut-il devenir, tout comme Doko, un nouveau chevalier d'or…
- Pfff…pour que cela se produise, il faudrait d'abord que l'ancien chevalier d'or soit mort…
Athéna : Qui a parlé ?

Une aura apparut au fond de la Salle du Trône du Grand Pope. Un homme venait d'apparaître, illuminé par son puissant cosmos. Athéna, Archinoald et les autres n'en crurent pas leurs yeux.

Tous : JANUS ! ! !

Tous se précipitèrent pour accueillir à bras ouverts Janus, le chevalier d'or des Gémeaux, qui venait, par on ne savait quel miracle, d'entrer dans la chambre Sacrée, après deux jours de disparition où on l'avait cru mort. Des larmes coulaient sur les joues de Yoko à travers son masque, qu'elle portait à nouveau.

Athéna : Janus…ainsi tu as survécu…je ne sais comment, mais je te félicite, chevalier. Grâce à toi, nous avons pu vaincre Apollon.
Janus : Athéna…je tiens à vous présenter mes excuses. J'ai désobéi à vos ordres et me suis absenté du Sanctuaire pour me rendre à Delphes.
Siddartha : C'est de moi que vient cette désobéissance, Athéna. Les chevaliers d'or n'ont pas le droit de quitter le Sanctuaire et de s'absenter de leur maison, en temps de guerre, comme vous nous l'aviez si souvent rappelé autrefois…mais je savais que le Grand Pope Ivan courrait à une mort certaine en se rendant auprès d'Apollon, et que la seule personne capable d'affronter Apollon est le chevalier d'or des Gémeaux…c'est pourquoi j'ai pris la décision de désobéir aux ordres et d'envoyer Janus à Delphes.
Athéna : Tu te doutes bien que je peux que t'en féliciter, Siddartha. Tu as fait ce que ta grande sagesse te dictait, afin d'aider Doko et les autres à combattre. Sans Janus, Apollon n'aurait sans doute pas pu être battu. Mais, à présent, laissons la parole à Janus. Explique-moi, chevalier des Gémeaux, la raison de ta disparition durant ces deux derniers jours !
Janus : Je connaissais la technique de télékinésie du chevalier du Bélier, Athéna. Lorsqu'un halo de lumière nous a enveloppés, dans la Salle du Trône d'Apollon, j'ai compris que le chevalier d'or du Bélier nous venait en aide pour nous permettre d'échapper à la destruction du Temple et de rentrer au Sanctuaire instantanément. J'ai alors décidé, de mon plein gré, de rester à Delphes, car nous y avions oublié quelque chose.
Athéna : Comment ? ? Mais…que portes-tu sur ton dos ? ?

Janus portait sur son dos quatre caisses métalliques superposées, et solidement attachées deux par deux par des lanières. Il les posa sur le sol, et les autres purent aisément distinguer des urnes d'armures.

Janus : Lorsque vous avez tous disparu dans le halo de lumière crée par Sion du Bélier, j'ai pu éviter, juste à temps, l'énorme bloc de pierre qui s'est effondré sur nous, grâce à mon Explosion Galactique. J'étais dès lors tout seul dans le Temple d'Apollon qui menaçait de s'effondrer d'une seconde à l'autre, et j'avais une dernière mission à accomplir : retrouver plusieurs armures égarées dans le Sanctuaire de Delphes…et un autre objet…
Doko : Mais…ces armures…
Adam : Ce sont donc les nôtres ! Les armures de bronze du Dragon et d'argent de l'Horloge !
Doko : Et pas seulement…il y en a deux autres également…

Janus ouvrit les quatre urnes et l'on put voit autant de tas de débris de couleur, qui ne brillaient plus guère, et qu'il était impossible de décrire comme étant des armures de chevaliers. C'étaient pourtant bien les restes des protections de Doko et d'Adam, entre autres, brisées par leurs différents combats.

Janus : Les deux premières armures sont les vôtres…celles du Dragon et de l'Horloge. J'en ai retrouvé les restes dans les décombres du Temple d'Apollon. Mais, avant de partir, je me suis également lancé à la recherche des dépouilles des chevaliers morts pendant la bataille, pour leur offrir une sépulture…Neil, le chevalier du Lynx, gisait à terre, son armure brisée près de lui. De même, Tom, le chevalier d'argent du Lézard, a perdu la vie dans les montagnes d'Anatolie, face à l'un des Phébus, et j'ai pu retrouver sa présence grâce aux indications que m'ont donné des villageois qui affirmaient l'avoir vu. J'ai donc pu les enterrer tous deux et récupérer les restes de leurs armures pour les ramener ici. Malheureusement, le chevalier du Corbeau, Arcanan, s'est désintégré dans le ciel en emportant l'un des Phébus ; quant à Polydecte de Céphée et Khalid de la Licorne, ils sont tous les deux morts déchiquetés lors d'éboulements de pierres et leurs corps, tout comme leurs armures, étaient éparpillés en lambeaux. Je n'ai rien pu faire pour eux. Je suis sincèrement désolé…
Doko : Mais à quoi bon…toutes ces armures sont en miettes…elle ne nous serviront plus jamais à rien !
Adam : Pourquoi as-tu tellement tenu à récupérer les restes de ces armures, Janus ? Elles sont mortes et ne pourront plus jamais servir.
Janus : Vous avez raison, ces armures sont effectivement mortes. Mais vous vous trompez quand vous dites qu'elles ne serviront plus. Il existe un moyen de les régénérer et de leur redonner vie. Une personne, dans ce Sanctuaire, en est capable…
Athéna : J'ai compris…c'est encore lui…décidément, ses pouvoirs sont étonnants…cet homme sait tout faire !
Doko : Tu veux donc encore parler…de Sion du Bélier, Janus ?
Janus : Absolument. Sion, tout comme feu son maître Jason, est l'un des descendants des Atlantes, ce peuple disparu en même temps que son île, à la suite d'une éruption volcanique. C'est eux qui, il y a bien longtemps, ont fabriqué les premières armures, et leur savoir s'est transmis au fil des siècles, des millénaires…Sion ne le sait pas encore, mais il est capable de réparer les armures, de leur redonner vie. A une condition, toutefois.
Adam : Laquelle ?
Janus : Que vous versiez votre sang ! ! Les armures sont des entités vivantes, et elles ont besoin de sang pour reprendre vie !
Doko : Très bien, j'accepte. Même si c'est l'armure de la Balance qui recouvrira désormais mes épaules, il faut que l'armure du Dragon soit restaurée, pour les combats à venir.
Adam : J'accepte également.
Janus : Pour les armures du Lézard et du Lynx ; il nous faut deux autres personnes valides et volontaires. En tant que rescapé de la bataille, je me dois d'en faire partie. Je donnerai donc mon sang pour l'armure du Lézard.
Yoko : Quant à moi, je donnerai mon sang pour l'armure du Lynx.
Doko : Tu es une femme, Yoko ! Tu es moins robuste que nous tous, et verser autant de sang, pour une femme, pourrait être risqué.
Yoko : J'ai été manipulée par Apollon et me suis opposée à vous tous, Doko…c'est la moindre des choses pour moi de faire ce sacrifice ; je dois laver l'affront que j'ai commis.
Athéna : Elle a raison, Doko. Lorsque cette réunion sera terminée, vous vous rendrez tous dans la maison du Bélier, et vous demanderez à Sion de réparer ces quatre armures.

Athéna s'adressa à présent à Janus.

Athéna : Janus, maintenant que tu es de retour, il nous faut dresser un bilan de nos effectifs. 79 chevaliers de bronze, d'argent et d'or avaient rallié le Sanctuaire avant que Jason du Bélier ne soit assassiné par Moebius. Avec ce dernier, ainsi que les cinq chevaliers qui ont laissé la vie dans la Bataille de Delphes - les chevaliers du Corbeau, du Lynx, du Lézard, de la Licorne et de Céphée -, ce chiffre passe donc à 73. Archinoald quittant, quant à lui, les fonctions de chevalier de la Balance, cela fait 72. Toutefois, le retour des armures du Lézard et du Lynx nous laissent deux nouvelles perspectives.

Archinoald, le vieux et sobre chevalier de la Balance, prit alors la parole.

Archinoald : Athéna, le chevalier du Lynx, Neil, était l'un de mes élèves, tout comme Adam de l'Horloge. Je suis certain qu'il existe, quelque part dans le monde, un guerrier aux qualités suffisamment grandes pour devenir le nouveau porteur de l'armure de bronze du Lynx. Si vous me le permettez, je m'engage à former ce nouveau chevalier au plus vite, pour renforcer notre armée.
Siddartha : Quant à moi, je connais très bien le chevalier d'or du Cancer, Ménélas, qui était le maître de Tom du Lézard. Je sais qu'il avait coutume d'organiser des tournois au terme desquels il décernait les armures à ses apprentis. Seuls une poignée de ces apprentis sont devenus porteurs d'une armure. Il y a certainement, parmi les apprentis restant, quelqu'un d'assez puissant pour prétendre endosser à nouveau l'armure d'argent du Lézard.
Athéna : Dans ce cas, tu iras demander au chevalier du Cancer de prendre en charge ce nouvel apprenti, Siddartha. Mais, quant à toi, Archinoald, ton nouveau statut de Grand Pope, ajouté au risque imminent d'un nouveau conflit, implique que tu t'investisses totalement dans cette fonction. Nous confierons donc la formation du nouveau chevalier de bronze du Lynx à un autre chevalier d'or. Le chevalier du Lion, Samson, me semble le plus indiqué pour cela.

Le visage d'Athéna était assez tendu. La déesse avait pris une tournure plus austère, comme si quelque chose la retenait d'exprimer de la gaieté en pareille situation.

Athéna : Avec ces deux nouvelles recrues, nous aurons alors à nouveau 74 chevaliers parmi nous…un effectif conséquent pour les terribles combats qui nous attendent… Je dois vous préciser quelque chose de très important, à vous tous, chevaliers, mais vous devez sans doute le savoir depuis le début.
Apollon n'était pas notre véritable ennemi…

Cette déclaration fit froid dans le dos à Doko et aux autres. Tout le monde en était plus ou moins conscient ; la résurrection d'Apollon avait été provoquée artificiellement, et ce n'était pas pour le combattre qu'Athéna et les autres avaient repris vie à cette époque. Non, c'était pour combattre un autre Dieu, dont la force et l'armée étaient sans commune mesure avec ce qu'ils avaient rencontré à Delphes. Le véritable ennemi d'Athéna. Celui qu'elle combattait sans cesse, depuis les temps immémoriaux ! !

Athéna :…Aussi, comme vous vous en doutez tous, la véritable bataille n'est pas encore commencée, et nous devons garder toutes nos forces pour affronter cet Ennemi, car beaucoup y laisserons, hélas, certainement la vie, comme ce fut la cas par le passé, à de nombreuses reprises. J'ignore totalement à quel moment il se manifestera, ni de quelle manière, et nous devons nous tenir constamment sur nos gardes, à partir de maintenant.

Athéna regarda maintenant à nouveau Janus.

Athéna : Janus, lorsque tu as présenté les caisses des quatre armures, tu as parlé d'un autre objet que tu avais récupéré. Peux-tu nous en dire plus à ce sujet ?
Janus : Bien sûr, déesse Athéna ; cet objet vous concerne au plus haut point, le voici…

Et Janus brandit dans ses deux mains un récipient argenté et fermé d'un couvercle, sur lequel on pouvait voir un sceau en parchemin. L'Urne Sacrée ! !

Janus : C'est l'Urne Sacrée, où nous avons enfermé Apollon, et où il sommeille à nouveau…lorsque le Temple d'Apollon s'est effondré, j'ai pensé qu'il ne fallait pas laisser un tel objet sans surveillance, dans un tas de ruines. Connaissant la ferveur des savants et lettrés de notre époque pour les ruines de notre Antiquité, j'ai préféré prendre l'Urne avec moi pour la ramener ici, et éviter qu'elle ne tombe entre des mains trop curieuses. Avec cet objet ainsi que les armures que j'ai pu récupérer, je crois que ma mission est désormais accomplie.
Athéna : Tu as bien fait de ramener cette Urne au Sanctuaire ; personne ne pourra jamais s'en emparer de cette manière. J'ai une idée de l'endroit où nous pourrions la déposer…pour l'instant, pose-la juste devant moi.

Janus s'exécuta sans demander à Athéna où elle comptait ranger l'Urne d'Apollon, et elle continua son discours, qui semblait cette fois prendre fin.

Athéna : Bien, cette réunion touche bientôt à sa fin. Toutefois, avant que vous ne partiez tous, j'ai quelque chose d'assez désagréable à vous annoncer. Ou plutôt, à deux d'entre vous en particulier. Ce que je vais vous dire m'est assez pénible, mais il s'agit de la volonté des dieux de l'Olympe, et je ne peux m'y opposer.

Les regards se tournèrent inévitablement vers Yoko et Janus, dont tout le monde connaissait à présent le secret.

Athéna : Yoko, tu as enfreint les lois du Sanctuaire par ta conduite envers Janus ; il en est de même pour toi, chevalier des Gémeaux.

Yoko eut un regard désolé, qui trahissait son sentiment de culpabilité. Elle aurait aimé pouvoir se défendre, mais ne pouvait couper la parole à Athéna, et se résout à l'écouter, passivement, annoncer ce qui allait être une sanction à son égard.

Athéna : Durant l'Epreuve, Yoko est parvenue jusqu'à ta demeure, Janus, et tu as fait tomber son masque par inadvertance. Vous êtes tous deux censés savoir ce qu'il advient dans ce cas. Une femme chevalier n'a que deux possibilités, aimer celui qui l'a vue sans son masque, ou le haïr…
Janus : Athéna ! Qu'avons-nous donc fait de mal ? Je me permets de vous poser la question…
Athéna : Cette loi est certes dure, mais dites-vous bien que le monde de la chevalerie est un monde qui ne connaît pas la pitié et où, depuis toujours, les hommes ont dominé et régné en maîtres. Il est très rare pour une femme de devenir chevalier, car cela demande de très grandes qualités physiques. Aussi, lorsque cela arrive, la femme chevalier doit s'engager à renoncer à sa féminité, par le port symbolique de ce masque. Et, par le passé, à chaque fois qu'une femme chevalier a perdu son masque devant un homme, elle a toujours opté pour la seconde solution. Celle de haïr le chevalier qui en était la cause. C'est la première fois, il me semble, qu'une femme chevalier se prend d'amour pour celui qui l'a vue dans sa féminité…
Yoko : Y…y a t-il quelque chose de mal à cela, déesse Athéna ?
Athéna : Je pense qu'une femme chevalier a le droit d'aimer celui qui a fait tomber son masque. Mais je n'admets pas que cet amour soit autrement que platonique…

Tout le monde regarda alors Janus et Yoko avec une pointe d'embarras difficile à dissimuler. Leur relation était mise à jour de la manière la plus brutale qui soit. Yoko essaya, malgré tout, de se défendre.

Yoko : Vous voulez dire, Athéna, que vous…nous accusez de… ? ?
Athéna : Je ne vous accuse pas puisque cela est la vérité ! Et je peux l'affirmer sans peur de me tromper car tu portes désormais l'enfant de Janus !
Janus : COMMENT ? ? ? ?

Le mot venait de tomber comme un coup de hache sur la tête d'un condamné.

Athéna : Hier, je me suis rendue sur le Mont Etoilé pour y consulter l'oracle des dieux, qui me transmet les informations venant des dieux de l'Olympe, et les appliquer dans le Sanctuaire. Et j'ai ainsi appris que tu allais enfanter un enfant de Janus. Comme je le disais, vous avez consommé la relation qui était née entre vous, et vous avez commis une faute, car, en devenant chevaliers, vous aviez juré de vouer toute votre existence à la défense du Sanctuaire et à la lutte contre le mal. Et ce statut vous interdit d'entretenir une relation, et encore moins de fonder une famille. C'est pourquoi je me dois, malheureusement, de sanctionner cette faute. Pour cela, je te propose, Yoko, deux alternatives.
Yoko : Je…je vous écoute, toute puissante déesse…
Athéna : La première alternative est d'avorter de cet enfant que tu portes, et de renoncer à ta relation avec Janus. Tu reprendras alors dès à présent ta place dans la chevalerie du Sanctuaire, et cet événement sera oublié. Ou alors…
Janus : Ou alors ?
Athéna : Ou alors, tu décides de garder ton enfant et de le mettre au monde. Mais, dans ce cas, tu dois renoncer à ton statut même de chevalier, et redevenir femme. Autrement dit, c'est l'exil. Et tu sais également que l'opinion du peuple n'admet pas, à notre époque, qu'une femme puisse enfanter sans être mariée. Janus doit donc t'épouser sur-le-champ et reconnaître sa paternité de l'enfant que tu vas enfanter. Dans ces conditions, il ne peut rester davantage chevalier d'or des Gémeaux.
Voici donc les deux alternatives qui s'offrent à toi, Yoko. L'avortement, ou l'exil. Tu es libre de décider.

Yoko plongea alors son regard vers les dalles du sol, méditant longuement. Toute sa vie semblait défiler dans sa tête, et passer en revue, de manière obsédante, les deux alternatives qui s'offraient à elle. Renoncer à Janus, et rester chevalier d'Athéna, ou l'inverse, et donner naissance à un enfant. Cette décision était pour elle terrible de conséquences. Elle était libre de choisir. Elle revit alors, en l'espace de quelques instants, toute sa vie passée défiler sous ses yeux, son enfance troublée par son tyran de père, sa haine envers le genre masculin, puis son renoncement à son statut de femme, pour celui de chevalier ; sa rencontre avec Doko, à la cour de l'Empereur de Chine, et son entraînement à Rozan, sous la férule du vieux Anatol…Etait-ce ce qu'elle avait toujours voulu ? Il lui semblait que son identité même de femme la rattrapait. C'est alors qu'elle se décida. Elle se releva et regarda Athéna, alors que Doko, Adam, Janus, Archinoald et Siddartha, dans la pièce, guettaient sa réaction. Elle porta sa main à son visage et ôta à nouveau son masque, dévoilant à tous son visage dont les yeux étaient embués de larmes, ne laissant plus aucun doute sur ses intentions.

Yoko : Pardonnez-moi, mes compagnons…pardonnez-moi, Athéna…à partir de cet instant, je ne suis plus le chevalier de bronze du Tigre. Je suis la mère de l'enfant de Janus !

Un vent de consternation traversa toute la salle. Doko lui-même, compagnon d'entraînement de Yoko, en avait le souffle coupé, et regardait cette dernière avec des yeux écarquillés.

Athéna : Tu es libre de ton choix, Yoko, et n'a pas à te justifier. Même s'il est dommage pour le Sanctuaire de perdre deux de nos meilleurs chevaliers avec toi et Janus. Telle est notre loi et tu as toi-même choisi de ton avenir ou non parmi nous.

La réunion toucha alors à sa fin. Siddartha repartit dans la sixième maison du Sanctuaire, reprit ses fonctions de chevalier d'or de la Vierge, tandis que Archinoald, comme convenu, prenait celles de Grand Pope. Il revêtit le masque et le casque qu'Ivan avait porté jusqu'au bout, et remit l'armure d'or de la Balance à Doko, qu'elle accepta aussitôt comme étant son nouveau porteur. Doko prit possession de la septième maison du Sanctuaire qui était désormais sa demeure.

Sion du Bélier, pendant ce temps, avait été attaché à la réparation des armures du Dragon, de l'Horloge, du Lynx et du Lézard, ce qui fut fait en quelques heures, après que Doko et Adam soient venus verser leur sang, comme convenu, tout comme Yoko et Janus, qui consentirent à cet ultime sacrifice avant de quitter le Sanctuaire. Une fois reconstituées et totalement régénérées, les quatre armures brillaient comme jamais, sans pourtant avoir changé de forme. Adam était à nouveau chevalier d'argent de l'Horloge. Quant à Doko, à qui Sion avait remis son armure de bronze du Dragon, il décida de renvoyer cette armure, dont il n'avait désormais plus besoin, d'où elle venait, à Rozan. Pour cela, il fallait dépêcher un homme pour se rendre en Chine très rapidement. Alors que tout le monde s'attendait à voir Athéna désigner un chevalier à cette tâche, la déesse porta son choix sur l'un des soldats de la garde personnelle du Grand Pope qui lui donnait le plus de satisfaction depuis quelque temps, un dénommé Phaéton XIVème du nom. Il faisait partie d'une illustre famille de soldats réputés pour vouer leur existence à la protection du Sanctuaire depuis de nombreuses générations. Il accomplit sa nouvelle mission dans les plus brefs délais, si bien que, à son retour, Athéna le nomma chef de cette garde personnelle, en lieu et place du défunt Baruch à qui on avait jadis confié ce grade. Outre des déplacements diplomatiques à travers le monde et diverses tâches d'assistance majeure à l'intérieur même du Sanctuaire, Phaéton avait dans l'immédiat de nouvelles tâches à accomplir. Tout auréolé de sa nouvelle fonction, il fut en effet très vite attaché à sa première mission d'envergure, celle de recruter les deux nouveaux porteurs des armures vacantes du Lézard et du Lynx. Il se rendit d'abord auprès du chevalier d'or du Cancer, Ménélas, pour l'exhorter à former un nouvel apprenti. A sa grande surprise, le chevalier du Cancer refusa, se disant pris d'étranges maux de tête depuis quelques semaines, dont il ne connaissait pas la cause, mais qui l'empêchaient, pour le moment, de se consacrer pleinement à la formation de nouveaux apprentis. Toutefois, il désigna un groupe de huit jeunes hommes qui lui paraissaient indiqués pour cette formation, et décida de les confier à un autre chevalier d'or. Sion, le chevalier d'or du Bélier, quelques semaines à peine après avoir succédé à son maître Jason, se vit alors devenir maître d'apprentis à son tour.

Puis Phaéton se mit à parcourir le monde à la recherche d'un nouveau chevalier pour l'armure du Lynx, mais également pour l'armure d'or des Gémeaux. L'armure d'or était désormais vacante suite au départ de Janus, qui, tout comme Yoko, en s'exilant du Sanctuaire, avait renoncé à son armure, malgré lui. Lorsque Yoko ôta son armure du Tigre, celle-ci s'envola d'elle-même et s'en alla sommeiller dans la grande cascade de Rozan, rejoignant ainsi l'armure du Dragon dont elle était inséparable, et reposer à nouveau pour plusieurs siècles, pour de futures générations de chevaliers. Les armures avaient ainsi décidé, d'elles-mêmes, de ne pas être portées à nouveau dans l'immédiat. Mais l'armure d'or des Gémeaux, elle, laissait un trou béant dans les Douze Maisons, qu'il fallait combler au plus vite. Recruter un nouveau chevalier d'or n'était pas une mince affaire, et Phaéton fit tout son possible pour rechercher le meilleur guerrier qui soit de par le monde.

On perdit toute trace de Janus et Yoko, quelques jours à peine après leur départ du Sanctuaire. On savait seulement qu'ils s'étaient mariés rapidement, dans la tradition orthodoxe de la Grèce, et qu'ils avaient pris route vers la Macédoine, afin de s'y établir, d'y trouver un travail et d'y fonder leur famille. Au Sanctuaire, chacun s'efforça de les oublier et de ne pas les regretter, même si Doko était particulièrement affecté par le départ de celle aux côtés de qui il avait grandi.

Athéna avait, quant à elle, également une mission à accomplir, celle de se débarrasser de l'Urne Sacrée où sommeillait son demi-frère Apollon. Dans le plus grand secret, sans que personne, pas même Archinoald, n'en soit informé, elle alla cacher cette Urne dans une grande tour au pied des douze maisons, qui servait d'horloge pyrique au Sanctuaire, en temps de guerre. Elle entra dans cette tour et déposa l'Urne près du cadran sur lequel douze emplacements étaient marqués au-dessus des douze signes du zodiaque gravés dans la pierre. Ainsi, personne ne se douterait jamais de la présence d'une Urne Sacrée en cet endroit, et Apollon pourrait rester enfermé, à jamais.

C'est ainsi que le Sanctuaire d'Athéna pansa ses plaies de la bataille contre le Dieu Apollon, et que plus de soixante-dix chevaliers, qui avaient prêté serment et juré fidélité à Athéna, se remirent à protéger le Sanctuaire dans l'attente du jour où le véritable Ennemi d'Athéna reviendrait à la vie. Et où ils périraient, sans doute, presque tous, dans la plus terrible bataille que le Sanctuaire ait jamais eu à livrer.

-FIN-



Voilà, ainsi se termine cette fic ; j'espère que vous avez apprécié ! Il y aura bientôt une deuxième fic, la suite de celle-ci, qui racontera, bien sûr, la Guerre Sainte contre Hadès. Dans laquelle seront résolues certaines questions laissées en suspens dans cette fic : le nouveau chevalier des Gémeaux, les mystérieux maux de tête du chevalier du Cancer, etc.
Fabrice et moi-même sommes ouverts à vos commentaires ; surtout, n'hésitez pas à nous envoyer des mails pour nous donner votre avis, même si vous n'avez pas aimé !

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Cette fiction est copyright Christophe Becquet et Fabrice Willot.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.