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Siegfried et Io avaient du laisser Orphée. La mission qui leur avait été confiée ne pouvait souffrir aucun retard. Toutefois, les deux nouveaux chevaliers d'Athéna devaient admettre que la vie du chevalier de la Vierge leur était devenue précieuse, tout comme celle de la déesse qu'ils étaient à présent chargés de protéger. Ils marchèrent pendant plusieurs minutes en silence, puis Io prit la parole. - Siegfried, puis-je te poser une question ? - Laquelle, répondit le chevalier du Lion sans s'arrêter ? - Cela ne te fait-il pas bizarre de revêtir une armure d'Or et par-là même d'être devenu un chevalier d'Athéna ? - Bien sûr que cela me fait bizarre, quelle question ! - Ce que je voulais savoir c'est si tu étais vraiment prêt à donner ta vie pour sauver Athéna, comme tu l'offris autrefois pour Asgard ? Siegfried s'arrêta alors et plongea ses grands yeux gris dans ceux d'Io. - Ce n'est pas comme cela qu'il faut voir les choses, Io. Nous ne sommes pas là pour sauver Athéna, mais pour empêcher la plus grande catastrophe que le monde ait jamais connu. Il se trouve que cette mission nous a été confiée par Athéna, protectrice de la Terre je te le rappelle, et que de ce fait, nous devons combattre sous sa bannière. - Oui, mais tu as porté une armure des Glaces et moi les Ecailles de Poséidon. N'as-tu aucun mal à te glisser dans une armure d'Or ? - Mais c'est évident ! J'ai vécu toute ma vie dans le but de revêtir la légendaire armure d'Alpha. Bien sûr que j'ai l'impression de trahir Odin en portant cette protection. - Mais alors… - Laisse-moi te poser une question, Io. A ton avis, pourquoi Shun t'a-t-il ressuscité ? - Je ne cesse de me poser la question figures-toi ! - Je vais te le dire. J'ai affronté tous les chevaliers du Zodiaque et Shun m'est apparu comme le plus pur d'entre eux. S'il t'a choisi, c'est qu'il a vu en toi cette pureté qui était nécessaire pour l'accomplissement de notre tâche. Shiriu, qui m'a sauvé, et tous les autres ont donné leurs vies pour que nous puissions effectuer un travail qu'ils se trouvaient dans l'incapacité de faire eux-mêmes. Je n'ai pas besoin de te rappeler qu'ils ont sauvé la Terre à plusieurs reprises. Ils nous ont fait confiance, et je ne me sens pas la capacité, ni même la volonté de trahir cette marque d'estime. Souviens-toi de cela Io, chevalier d'Or du Cancer, lorsque tu combattras. Souviens du grand chevalier Andromède qui t'a choisi pour sauver le monde à sa place. Des larmes coulaient à présent du visage de l'ex-général. Il était certain qu'il n'avait pas envisagé les choses sous l'aspect que Siegfried venait de lui présenter. L'espace d'une fugitive seconde, le visage de Shun apparut devant ses yeux embués. Une fois encore, le visage plein de confiance et de bonté du chevalier Andromède le frappa droit au cœur. - Shun, fit-il tout bas, je te demande pardon d'avoir douté. Je te promets de sacrifier ma vie pour m'acquitter de la dette que j'ai à présent envers toi. Siegfried s'approcha de lui et lui posa la main sur l'épaule. - Nous sommes à présent véritablement des frères d'armes, Io du Cancer. Nous nous sommes rangés volontairement sous la bannière d'Athéna que nous avons juré de servir jusqu'à la mort. - Je te remercie Siegfried, du fond du cœur. Reprenons notre route à présent. - Ah ça, je ne crois pas ! Devant les deux chevaliers d'Or se tenait un homme d'environ 1m80. Il devait avoir un peu plus d'une vingtaine d'années et des cheveux blonds. - Qui es-tu, interrogea Siegfried ? - Je me nomme Valentine de la Harpie de l'Etoile Céleste de la Lamentation. - Poursuis ton chemin Siegfried, fit Io en se mettant en garde, je me charge de lui ! - Il en est hors de question ! Je vais m'occuper de vous deux en même temps ! - C'est ce qu'on va voir. Eagle Scratch ! Un aigle apparut alors du ciel et se dirigea tout droit vers Valentine. Le temps que mit le Spectre à parer le coup fut suffisant pour permettre à Siegfried de poursuivre sa route. Orphée gratta quelques cordes de sa lyre. Les colonnes s'arrêtèrent un instant, avant de repartir vers Myu. Celui-ci leva son bras droit et les détruisit. - Bien je vois que mon petit tour de passe-passe ne marchera pas sur toi. Très bien, je vais donc t'envoyer autre chose. - Si c'est du même acabit que tes tours de psychokinésie, je te préviens tout de suite que tu n'as aucune chance de me toucher. A mon tour de te montrer ce que je sais faire. Stringer Nocturn ! Orphée prit sa lyre et se mit à jouer. Les notes s'égrenèrent sur un rythme d'abord lent, puis plus rapide. Et plus la musique allait vite, plus les rayons qui partaient de sa lyre étaient puissants et violents. Myu évita les premiers avec beaucoup de facilité. Pensant, à tort, que l'étendue des pouvoirs de son adversaire s'arrêtait là, il baissa sa garde. La fin de la symphonie jouée par le chevalier de la Vierge le prit totalement au dépourvu et l'envoya valser à plusieurs dizaines de mètres. Toutefois, il se releva bien vite et sans dommages apparents. - Soit, chevalier d'Athéna, je le reconnais, je t'ai sous-estimé. Il semble que tu ne sois pas aussi faible que je le pensais. - Il est un peu tard pour te rendre compte de ton erreur. Je vais te tuer. - Si tu peux augmenter la vitesse de ton attaque, c'est possible en effet. Malheureusement pour toi, je ne vais pas te laisser le temps de le faire. Subis le Fairy Thronging ! Une nuée de papillons jaillit alors du bras de Myu pour se précipiter vers Orphée. Deux hommes se faisaient face, en position de combat. Ils ne se quittaient pas des yeux ; un seul moment de déconcentration pouvait se révéler fatal. On ne pouvait aucun signe de nervosité chez les deux assaillants. Leurs visages étaient parfaitement sereins ; seule, peut-être, un léger tressaillement de la main droite pouvait traduire un début d'anxiété chez l'un des deux hommes. Près d'eux, on entendait le bruit régulier d'un animal mastiquant. Cerbère paraissait se moquer de l'issue du combat et s'en était retourné à son repas. Mime ne bougeait pas d'un poil. Pharaon se saisit soudain de sa lyre et se mit à jouer. - Balance of Curse ! Une mélodie sombre se fit alors entendre. - Chevalier du Poisson, tu as perdu le combat. Mon attaque a pour but d'obliger ton cœur à sortir de ton corps pour aller se loger sur la balance divine. Si ton âme est plus lourde que la plume de Maât, celle-ci sera déchiquetée par les feux de l'enfer. - Qui… Qui est Maât, interrogea Mime en se tordant de douleur ? - La déesse de la Justice. Allez, sors, cœur de Mime, viens te poser sur la balance. L'armure du Poisson commença à se fissurer. Mime ressentait une pression incroyable venant de l'intérieur de son corps. Il fallait qu'il fasse quelque chose, sinon il allait succomber… Il concentra le peu d'énergie qu'il lui restait, et se mit à jouer. Sa musique, très faible dans un premier temps, se fit de plus en plus forte. Peu à peu, elle repoussa la mélodie de Pharaon. Dans le même temps, Mime, qui s'était agenouillé sous la douleur, reprenait des forces et s'était relevé. Les deux adversaires se faisaient à nouveau face ; leurs mélodies se neutralisaient en un point d'énergie situé à mi-distance d'eux. Puis l'aura blanche de Mime commença à s'accroître. Tout d'abord imperceptiblement, puis de plus en plus. C'est à ce moment que Pharaon se demanda pour la première fois s'il ne rêvait pas. Devant lui se tenaient non pas un, mais deux Mimes ! ! ! Puis trois ; puis quatre ! ! ! Au bout de quelques secondes, il y avait des dizaines de Mimes autour de lui. Devant, derrière, sur sa droite, sa gauche, partout ! ! ! - Mais par l'Enfer, qu'est-ce que ça veut dire ? M'as-tu jeté une illusion, chevalier ? - Non, répondirent les dizaines de Mimes. Mais il est temps que tu découvres la puissance des chevaliers d'Athéna ! Subis les Rayons de Lumière ! Chaque Mime leva alors son bras droit ou gauche selon l'endroit où il était situé en direction de son adversaire. Puis l'un d'entre eux se mit à briller intensément. Tous les Mimes lui répondirent de la même sorte et vinrent se fondre en lui. Les rayons d'énergie partirent à ce moment-là. Une première salve que Pharaon parvint à grand-peine à éviter. Puis une autre, plus rapide, que le Spectre tenta de parer. Puis une troisième, encore plus rapide, qui l'atteignit de plein fouet. Le gardien de la deuxième maison resta allongé sur le sol pendant plusieurs minutes. Nombre de chevaliers auraient pensé qu'il était mort, mais Mime se méfiait. Il sentait instinctivement que son adversaire était encore en vie. De fait, Pharaon finit par se relever. Toutefois son état n'était guère brillant. Les Rayons de Mime l'avaient touché en de multiples endroits. Son surplis était fendu sur sa majeure partie ; quant à son casque, il avait été tout simplement pulvérisé. Seule la harpe se trouvait globalement intacte. C'était d'ailleurs cela qui inquiétait le chevalier du Poisson. Le Spectre possédait toujours son arme. - Chevalier, tu es très fort. Le coup que tu m'as porté me sera fatal. Alors, quitte à mourir, autant que tu m'accompagnes. Je vais donc employer toute ma cosmo-énergie pour t'emmener avec moi. J'appelle l'Ultime Mélodie Noire ! - Que te frappent à nouveau les Rayons de Lumière ! Isaak avait couru tout le long depuis qu'il avait laissé Mime affronter le gardien de la deuxième prison. Il entendit alors une énorme explosion sur le lieu du combat. Il eut beau se concentrer, il ne parvint à distinguer le cosmos du chevalier du Poisson. Il secoua doucement la tête et poursuivit sa route. A peine âgé de 14 ans, Isaak était le plus jeune des chevaliers revenus dans le passé. Il avait le même âge que Hyoga. Enfin le même âge qu'avait le chevalier du Cygne lors de son passage aux Enfers. Isaak ne pouvait penser à son ancien compagnon d'entraînement sans sentir une boule se nouer dans sa gorge. Il avait causé la perte d'un œil à un être qu'il chérissait par-dessus tout et qui se battait pour une cause juste. Aujourd'hui, c'était à lui, Isaak, de reprendre le flambeau de cette cause qu'il avait décidé d'épouser. Il lui fallait être ce qu'il n'avait pas été, c'est à dire un chevalier d'Athéna. L'armure qu'il portait en était un gage. Il devait se montrer digne de la confiance qui lui avait été accordée, comme il devait enfin être à la hauteur des espoirs que Camus avait jadis mis en lui. L'armure du Verseau que Camus et Hyoga avaient porté avant lui était devenu la sienne ; il leur ferait honneur. Il n'échouerait pas et garderait toujours en mémoire ces deux formidables chevaliers : Son maître Camus, le plus droit des guerriers d'Athéna, chevalier du Verseau et gardien de la onzième maison. Son ami Hyoga, l'un des cinq plus puissants chevaliers de tous les temps, chevalier divin du Cygne. Il parvint enfin à une étendue d'eau. Comme lors de leur arrivée sur le Styx, il était impossible d'en apercevoir l'autre berge. Il semblait n'y avoir personne aux alentours ; juste un radeau et une rame pour le manœuvrer. Mais où était donc le passage ? Isaak allait monter sur le radeau quand une voix s'éleva. - Un instant, chevalier. Qui t'a permis de prendre mon radeau ? Isaak se retourna pour tomber face à face avec un homme d'environ 1m90. Il était brun et avait les cheveux courts, mis à part une large mèche qui lui retombait sur le visage. Un feu intérieur brillait dans ses yeux sombres et il était aisé de savoir lequel c'était : l'appétit du sang. Toutefois, ce qui surprit le plus Isaak, était que son adversaire ne portait aucune protection. Il portait un pantalon noir, un t-shirt blanc et une paire de tennis. - Tu comptes m'affronter à mains nues ? - Non, chevalier d'Athéna. Mais le fait est que mon étoile vient à peine de réveiller en moi. Il m'a fallu un peu de temps pour parvenir jusqu'ici. Mais, sois sans crainte, je vais revêtir mon armure. L'homme lui tourna le dos et se dirigea vers une des collines qui surplombaient la baie. Isaak se demanda brièvement s'il devait attaquer, profitant de la faiblesse de son adversaire, mais quelque chose le retint ; comme si l'armure du Verseau s'était soudain mise à peser plusieurs tonnes, empêchant tout mouvement. L'homme lança alors son poing contre la roche et y fit un trou béant. Isaak s'approcha et vit à l'intérieur une armure. L'homme la toucha et quelques instants plus tard, elle était venue le recouvrir. - Chevalier d'Athéna, apprends que je me nomme Phlégyas du Lycaon de l'Etoile Céleste de la Punition et que ce lieu sera ta dernière demeure. - Ca, c'est ce que tu crois ! En garde, Spectre ! Moi, Isaak, chevalier d'Or du signe du Verseau, je te défie ! - Tu n'as aucune chance. Les idéaux que tu défends sont mauvais. - Pardon ? - Pandore m'a tout expliqué. Les chevaliers d'Athéna sont venus aux Enfers pour détruire notre Majesté Hadès, dans le but de permettre à leur déesse de prendre le contrôle du monde. Mais nous ne vous laisserons pas faire. Nous, les Spectres de Sa Majesté, nous défendons la justice, et nous vous vaincrons, serviteurs du mal ! - C'est une plaisanterie, j'espère ! Athéna ne veut pas prendre le contrôle du monde ! C'est au contraire Hadès qui veut provoquer l'Ultime Eclipse pour détruire toute vie sur terre ! - C'est assez bien trouvé, chevalier d'Athéna, répliqua Phlégyas avec un sourire ironique. Malheureusement pour toi, je sais que tu mens. En garde, à présent. Je n'ai que trop perdu de temps avec toi. - Je suis d'accord ! Reçois l'Aurore Boréale ! Une seconde silhouette se matérialisa à côté de la première, dans la maison du Bélier. Interloqué, l'homme se demanda qui cela pouvait-il bien être. Lorsque le cosmos eut définitivement forme humaine, il ne put retenir un cri. - Vous ici ? Mais par quel miracle ? ? ? C'est impossible ! - Nous discuterons de cela plus tard, si tu le veux bien. Tu désires aller aider tes compagnons ? Je puis exaucer ton vœu. - Mais je n'en ai pas le droit ! Athéna me l'a interdit ! Et puis, il y a le problème… - Je sais. Mais je peux t'aider à surmonter ces problèmes. Mais cela va nous prendre un peu de temps. Alors si tu veux vraiment aller les aider, il va falloir que tu te décides très vite. L'homme réfléchit. La proposition était tentante, c'était certain. Surtout si l'on considérait de qui elle émanait ! - J'accepte, répondit-il simplement. |