Chapitre 9 : La première armure d'Or


Laramil ouvrit les yeux. Il mit plusieurs secondes avant de réaliser où il était. Il n'était pas dans sa chambre du palais, celui-ci ayant été détruit. Il se trouvait dans une tente. Peu à peu, la mémoire lui revint. Il avait été grièvement blessé au cours du combat qui l'avait opposé au général de Poséidon. Et les autres ? Etaient-ils encore vivants ? Il sortit assez prestement du lit, quelque peu étonné tout de même de ne plus ressentir aucune douleur. Il s'habilla comme à son habitude, à la diable et sans prêter la moindre attention à ce qu'il enfilait - ce qui lui avait valu nombre de remarques de la part de son frère et son père - et sortit. Il se promena pendant plusieurs minutes, à l'intérieur du camp. Il constata que tout le monde semblait dans l'expectative. Nombre de soldats avaient préparé leurs maigres bagages; c'est alors qu'il entendit une voix familière, une voix qu'il n'aurait jamais cru entendre à nouveau. Il s'approcha de la tente d'où provenait cette voix et passa la tête dans l'entrebâillement.

- Non, non et encore non, tonna Antar ! Pour la centième fois, Tolivar, je te dis que nous ne lèverons pas le campement.
- Mais Père, il nous faut fuir; les sbires de Poséidon peuvent revenir d'un instant à l'autre! Il faut nous mettre à l'abri!
- Est-ce ainsi qu'un chevalier d'Athéna envisage la lutte ? Par la retraite ? Je te croyais plus courageux, Tolivar…
- Le courage n'est pas le suicide, explosa Tolivar ! Nous nous sommes mis à quatre pour vaincre un de ces malades, et nous avons failli mourir! Toutes les armures, sauf la mienne mais je ne sais pas par quelle magie, sont en miettes et Laramil est dans le coma ! Nous sommes loin d'être aussi puissants que les généraux de Poséidon. Il nous faut du temps pour mieux nous préparer. C'est pour cela qu'il nous est impératif de nous retirer afin d'apprendre à mieux maîtriser nos pouvoirs.

Le jeune chevalier Pégase était stupéfait. Jamais il n'avait vu son frère aîné perdre son sang-froid de la sorte. Antar était lui-même surpris, même si le petit sourire qu'il arborait donnait à penser qu'il n'était pas mécontent de la réaction de son fils. Il réfléchit quelques instants avant de répondre.

- Tes arguments sont valables, mon fils, et je reconnais que ce que tu préconises est peut-être la solution la plus sage; néanmoins, pour l'instant, je juge préférable de rester ici.
- Tu es le roi, répondit Tolivar en s'inclinant, nous suivrons ta volonté.
- Bien dit, s'exclama Antar en ébouriffant les cheveux de son fils. Viens, à présent, allons voir comment mon enfant terrible se porte.
- Plutôt pas mal, Père; mais je suis ravi de voir que tu es toi aussi sur pied et que tu n'as rien perdu de ta voix suave…
- Laramil, firent ensemble le roi et son héritier !

Laramil se jeta dans les bras de son père et le serra très fort. Antar lui rendit son geste, un peu plus maladroitement. Sans doute Laramil ne correspondait pas en ce moment à l'image du jeune et vaillant chevalier Pégase. Mais après tout ce n'était qu'un gamin de 13 ans…

Ils quittèrent la tente et se dirigèrent vers le quartier des Forgerons. Ils passèrent devant Sauron qui parachevait une nouvelle création. Un peu plus loin, Arathorn mettait la dernière main à la réparation de son armure du Capricorne. Il sembla à Laramil et à Tolivar qu'elle était différente de la première version; plus complète était le premier mot qui venait à l'esprit de Laramil. Un peu plus loin, l'armure de Pégase brillait de tous ses feux. Une nouvelle fois, il sembla au jeune homme que sa protection avait changé. Alcyar posa sa main sur l'épaule du jeune homme.

- Vas-y, souffla-t-il, tu en meurs d'envie. Appelle-là…

Laramil se concentra et son aura bleue apparut autour de lui. L'armure se mit à briller en réponse et se disloqua en de multiples pièces pour aller recouvrir le corps du jeune homme.

***

Lon avait galopé pendant plusieurs jours. Originaire des plaines lointaines de Mongolie, il avait le teint hâlé de ces hommes qui ont vécu toute leur vie sous un soleil de plomb. De longs cheveux noirs lui retombaient en cascade sur ses épaules et masquaient ses yeux bleus, du moins l'un d'entre eux. Il pouvait avoir une quinzaine d'années et devait mesurer environ 1m75. Il était très musclé et ses biceps saillaient de sa tunique. Son travail était de capturer les chevaux sauvages, un travail que son père effectuait avant lui et son grand-père avant lui. La vie de Lon était très bien orchestrée. D'ici à deux mois, il devait épouser sa cousine et transmettre à son futur fils l'art du lasso. Pourtant, depuis plusieurs jours, il ressentait comme un mystérieux appel. D'abord, il avait tenté de l'ignorer, mais bientôt cela était devenu insupportable. Il avait donc profité de la fin de la saison pour mettre le cap vers l'Ouest, vers cet endroit dont l'appel se faisait de plus en plus grandissant au fur et à mesure qu'il avançait.

Il arriva bientôt dans un pays que l'on nommait Grèce. Dès qu'il fut en vue d'Athènes, il comprit que son destin se trouvait en haut de la colline qui surplombait la ville. Il y retrouva d'autres personnes, sans doute appelés de la même manière que lui. Il compta six silhouettes. Un peu plus loin, se tenait une jeune femme; Lon n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi beau. Il en tomba amoureux instantanément et su qu'il donnerait sa vie pour elle.

- Te voilà enfin, Lon, fit la jeune femme. Voilà près de deux jours que nous t'attendons.
- Je… Je suis désolé, bredouilla-t-il, je ne le savais pas.
- Allons, ce n'est pas très grave, mais nous n'avons pas de temps à perdre.
- Et si vous nous expliquiez ce que nous faisons ici, interrogea un des adolescents qui se trouvait derrière lui ?

Lon se retourna et eut du mal à retenir un cri de surprise. Celui qui venait de parler avait la même couleur de cheveux que le soleil; il n'avait jamais vu cela.

- Je vais te répondre, Kadiya. Vous n'êtes pas sans savoir que plusieurs évènements graves se sont produits ces derniers temps.

Comme les autres, Lon hocha la tête. La plupart du peuple des plaines avait été exterminé sans que l'on sache qui avait bien pu faire cela. Il écouta la jeune femme leur parler de Poséidon, de Généraux et pour finir de chevaliers sans marquer plus de surprise que cela. Il avait toujours su qu'il était différent des autres. Il allait donc devoir se battre pour cette jeune femme qui semblait être la réincarnation d'Athéna.

- Lon ? Lon, tu m'écoutes ?
- Pardonnez-moi, déesse.
- Bien. Es-tu prêt ?
- A quoi ?
- Lon, m'as-tu écouté ?
- Oui… Peut-être pas tout.
- Ferme tes yeux et concentre-toi. Tu as une grande force intérieure. Cherche-là et trouve-là.

Lon ferma ses yeux. Instinctivement, il savait de quoi la déesse parlait. A de nombreuses reprises par le passé il avait réussi des exploits qu'il était incapable d'expliquer. Il chercha au fond de lui et sentit soudain une puissante énergie monter en lui. Il crut qu'il allait imploser lorsqu'il entendit la voix d'Athéna lui dire.

- Ne t'inquiète pas, laisse-là sortir.

Il se détendit et ouvrit les yeux. Il constata que les six autres personnes le regardaient d'un air ébahi. Un gigantesque halo de lumière l'entourait.

- Tu as fait exploser ton cosmos, Lon. Je savais que tu t'en souviendrais.

Cosmos, répéta mentalement Lon en fronçant les sourcils ? Pourquoi ce mot lui semblait-il si familier ? Et de quoi devait-il se souvenir ? C'est alors que des images se firent plus claires dans son esprit: il avait autrefois escorté Athéna lors de la querelle qui l'avait opposé à Poséidon pour la possession de la Terre. C'était lui qui avait suggéré à la déesse de faire pousser l'olivier. Pour le remercier, elle lui avait montré comment maîtriser son cosmos.

- Lon, le temps nous est compté. Je compte sur toi pour enseigner le plus rapidement possible ce que tu sais à ces jeunes gens. Je vais faire en sorte que vos armures vous parviennent le plus rapidement possible.

Après ces paroles, une aura dorée entoura la jeune femme qui disparut. Lon se retourna alors pour voir ses élèves.

- C'est quoi le cosmos, fit l'un d'entre eux ?

Lon soupira intérieurement; la partie était loin d'être gagnée…

***

Les deux Généraux de Poséidon pénétrèrent dans le camp. A leur vue, nombre de soldats, pourtant courageux, ne purent s'empêcher de frémir. On avait vu les ravages que l'un d'entre eux pouvait causer, alors deux… Sans prêter la moindre attention à ceux qui se détournaient de leur passage, ils parvinrent au quartier des Forgerons, là où ils avaient ressenti le cosmos de Laramil exploser. Le jeune chevalier Pégase avait d'ailleurs toujours son armure; il ne dit pas un mot en voyant ces nouveaux adversaires. Tolivar prit le bras de son père et alla le placer sous la protection de Sauron et de Jaelrina. Puis, à son tour, il concentra sa cosmo-énergie pour appeler l'armure du Dragon. Quelques secondes plus tard, la neige se mit à tomber: Janeel fit son apparition. Enfin, Arathorn sortit de bois, en tenue de combat. Quatre chevaliers inexpérimentés face à deux puissants guerriers. Ils avaient déjà éprouvé un mal fou à en vaincre un et Laramil avait failli y laisser sa vie…

Les deux Généraux avaient assisté, impassibles, à l'arrivée de leurs adversaires, si tant est que des vers de terre pareils puissent être considérés comme tel. Sans mot dire, Harchissa fit tournoyer sa lance dans l'air et attaqua. Transpercée en plein ventre, Janeel s'écroula.

- Les femmes n'ont pas leur place ici; elles ne savent pas se battre.
- Qui es-tu pour oser proférer de telles choses?
- Mon nom est Harchissa, Général de Chrysaor.
- Quant à moi, apprenez que je me nomme Lyath de Scylla ! Nous avons été chargés par Sa Majesté Poséidon de mettre un terme à vos pathétiques existences.
- Ca c'est ce que tu crois ! Tu vas regretter ton geste !

L'aura bleue qui entourait Laramil était impressionnante, les deux généraux durent en convaincre. Ils reconnurent rapidement le cosmos du chevalier blanc qui avait porté à la victoire les troupes de Mycènes lors de la bataille qui les avait opposés aux Marinas. Indiscutablement, l'adolescent avait progressé; avec un peu de temps il aurait pu faire un excellent guerrier. Malheureusement pour lui, il n'avait plus de temps. A moins que…

Lyath s'approcha de Laramil, ses mains dans son dos, manifestant son intention de ne pas attaquer.

- Jeune coq, j'ai une proposition à te faire. Si tu acceptes de jurer fidélité à Poséidon, nous t'épargnerons et tu pourras participer au règne du Dieu des Océans. Qu'en dis-tu ?
- Lyath, tu as perdu la raison ma parole ! Comment peux-tu proposer une telle chose ???
- Ce garçon a un incroyable potentiel. Guidé, il pourrait devenir un général très puissant. Alors, ajouta-t-il en se tournant vers Laramil ?
- Je vais te répondre: va en Enfer ! A moi Pégase !

Au moment où Laramil allait lancer son attaque, une violente déflagration se fit entendre. Arathorn, Janeel, Tolivar et Laramil se regardèrent, incrédules. Pourtant l'explication était évidente: quelqu'un venait de faire exploser son cosmos. Mais qui ? Qui parmi eux détenait une telle puissance ?

***

Dans un lieu inconnu des hommes, au plus profond d'un volcan

- Maître ! Maître! Vous avez senti ?
- Oui, en effet.
- On aurait dit… Un Dieu ???

Ainsi tu as réussi, Athéna, songea en lui-même Héphaïstos. Tu es parvenue à insuffler à tes armures la parcelle d'énergie qui provient de ton aura de déesse, c'est à dire du soleil. Je te plains, Poséidon, car la victoire qui te tendait les bras risque bien de t'échapper. Bravo Athéna, ajouta le dieu des Forgerons en battant silencieusement des mains. Je n'aurais pas misé une obole sur la victoire de tes chevaliers, mais il semble que je me sois trompé…

***

Lyath regarda Harchissa, incrédule.

- Tu l'as senti ?
- Evidemment.
- A qui appartient ce cosmos ? Mis à part Sa Majesté Poséidon, je n'en ai jamais vu d'aussi puissant. Serait-ce un Dieu ?
- Non, simplement un homme, répondit une voix sarcastique. Mais un homme qui va vous tailler en pièces !
- Sauron, firent en même temps Laramil, Tolivar, Janeel et Arathorn !

De fait, le Forgeron du Nord venait de faire son apparition sur le champ de bataille. Il portait une armure semblable à celle des Généraux. Du moins en apparence, car Laramil sentit aisément que la puissance que cette armure - d'Or ? - était d'une incroyable puissance. Le chevalier Pégase regarda attentivement Sauron et fut surpris par l'incroyable intensité de son regard.
On eut dit un fauve qui venait d'être lâché et qui allait bondir sur ses adversaires pour les déchiqueter. Oui, c'était tout à fait cela, Sauron était… un Lion !!!

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad et Romain Baudry.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.