Chapitre 17 : Gémeaux contre Dragon des Mers : Un combat à mort !


Arathorn leva la tête. Sauron interrompit momentanément sa course. Les yeux de Laramil s'ouvrirent démesurément et Myrtès reprit connaissance. Tyry, adossée contre un mur les bras croisés et les yeux clos, ne bougea pas mais son air indiquait clairement ses sentiments. Poséidon lui-même arqua un sourcil d'interrogation en direction de son fils ; ce dernier lui répondit par un haussement d'épaules.

Le cri d'Erèbe résonna longtemps dans les couloirs du Temple du Dieu des Océans.

- Nyx, souffla doucement Arathorn.

La mort du chevalier des Gémeaux porta un coup terrible aux chevaliers d'Athéna présents en Atlantis. Nyx était la première victime parmi les défenseurs de la déesse de la guerre. Ils s'en étaient toujours sortis jusqu'à présent ; au prix de nombreuses blessures certes, Janeel pouvait en témoigner, mais ils n'avaient eu à déplorer aucune perte dans leur camp. Cyniquement, Sauron se dit qu'après tout, la mort d'un chevalier, fut-il d'Or et une femme de surcroît, contre la vie de cinq Généraux des Mers, était encore un ratio acceptable.

Le chevalier du Lion se morigéna immédiatement. Si ce genre de pensées pouvait être admissible pour le chasseur solitaire qu'il fut à une époque, elle était totalement déplacée pour le chevalier d'Athéna qu'il avait accepté d'être. Car il avait accepté sa charge ; personne, pas même Athéna n'avait songé à lui imposer quoique ce soit. Et soit dit en passant, c'était là quelque chose d'extrêmement surprenant. Sauron avait toujours vécu en marge des hommes. Il avait certes suivi l'enseignement du peuple de Mû pendant de longues années, mais à peine son titre de Forgeron du Nord acquis, il avait plié bagage. Plus rien ne le retenait dans son village. Au moment de partir, son regard avait croisé celui d'Alcyar ; le Forgeron de l'Est était déjà un artisan accompli et puissant. Sans doute le seul qui puisse rivaliser avec lui. Leur rivalité avait pris corps bien quelques années auparavant, lorsqu'ils tentaient tous deux d'accéder au titre de Forgeron de l'Est.


Le Village du Couchant, 10 ans plus tôt

Ils étaient de niveau égal en tous points. Le Conseil des Forgerons - réduit à ce moment-là à trois personnes - ne parvenaient pas à choisir parmi les deux postulants ; ils décidèrent donc, pour la première fois dans toute l'histoire du peuple de Mû, d'une ultime épreuve. Sauron et Alcyar seraient enfermés, l'un après l'autre, dans un enclos avec un ours. Ils avaient toute latitude pour en sortir, mais ils avaient interdiction de se servir de leurs pouvoirs pour tuer l'animal.
Sauron passa en premier ; il était déjà très solidement bâti et bien plus grand que la moyenne des habitants du village.
Sa force était d'ailleurs déjà légendaire… Sans perdre de temps, voulant marquer sa supériorité par rapport à son concurrent, il se précipita sur l'ours et d'un épaulé-jeté souple, il l'assomma.

L'assaut avait été bref et Sauron sortit de l'enclos sous les vivats du village, venu en nombre assister à cette épreuve inédite. Certes, il avait été légèrement blessé par une griffe, mais c'était sans conséquences. Des hommes se chargèrent de réveiller l'ours et sortirent prestement de l'enclos, laissant Alcyar s'y glisser. L'animal était de fort méchante humeur. Son œil était rouge, et il écumait. Alcyar ne fit pas un geste, se contentant de fermer les yeux. L'ours, qui allait s'élancer, eut un instant d'hésitation.

L'homme qui se tenait en face n'avait rien de commun avec tous ceux qu'il avait affronté et particulièrement le dernier. L'ours se calma progressivement. Une aura douce et chaleureuse entourait le corps d'Alcyar. L'animal retomba sur ses deux pattes et se dirigea lentement vers ce dernier. Arrivé à moins d'un mètre, il s'arrêta, semblant attendre quelque chose. Alcyar, les yeux toujours clos, s'avança et toucha l'ours. Doucement, il commença à le caresser et à lui parler, comme on ferait à un ami qui a de la peine. Au bout de quelques secondes, l'ours s'était couché et dormait paisiblement. Alcyar quitta l'enclos dans le plus grand silence. Il vint alors s'incliner devant le Conseil. Il commençait à faire demi-tour, lorsqu'une voix s'éleva, neutre :

- Alcyar.

Il leva un sourcil interrogateur. Le Forgeron du Sud, vénérable parmi les vénérables, avait parlé.

- Tu as montré aujourd'hui beaucoup de sang-froid et de maturité. Tu as su éviter un combat inutile et tu t'es fait comprendre d'un animal, ce qui a toujours la marque d'un esprit puissant. Nous sommes fiers de t'accueillir dès à présent parmi la confrérie des Forgerons. Sois le bienvenu, Forgeron de l'Est.

Les vivats explosèrent à nouveau, tandis que le nouveau Forgeron s'inclinait et recevait l'amulette qui marquait son nouveau rang dans la communauté. Alcyar fut porté en triomphe par les villageois. Plus loin, anonymement, Sauron serrait les poings. Il contenait difficilement la rage qui était en train de parcourir ses veines. Comment ? Comment Alcyar avait-il pu lui être préféré ?

- Tu n'es pas loin de lui, c'est certain.
- Alors, que m'a-t-il manqué, maître ?

Sauron se retourna et se trouva face à face avec celui qui lui avait tout enseigné, le Forgeron du Nord.

- La sagesse, Sauron, la sagesse. Alcyar possède une meilleure maîtrise de ses émotions que toi. Il a très vite senti que l'ours n'avait pas besoin d'être frappé, mais qu'il avait au contraire un profond désir d'être apprivoisé. Tant que tu ne parviendras pas t'ouvrir au monde qui t'entoure et à cesser de compter uniquement sur ta propre force, tu ne pourras pas devenir Forgeron.

Sauron n'oublia jamais ce conseil. Sous ses dehors rudes qu'il conserva, il entreprit de s'ouvrir à des sentiments qui lui étaient inconnus, tels que l'amitié, le devoir ou la gentillesse. Il trouva même en lui la force d'aller trouver Alcyar afin de lui demander conseil. D'abord interloqué, celui-ci accepta bien vite d'aider son ancien rival. Finalement, un an après, le vieux Forgeron du Nord, doyen de la communauté, rejoignit les Cieux. Le Conseil ne fit passer aucune épreuve à Sauron. L'aura qui irradiait autour de lui était un gage suffisant de ses capacités.

Mais il n'était pas resté. Son amulette à peine passée autour de son cou, il prit son baluchon, prêt depuis bien longtemps, et partit. Au moment où il allait entrer dans la forêt, il se retourna. Alcyar se tenait, là, les yeux légèrement humides. Pendant plusieurs secondes, Sauron chercha quoi dire. Puis il renonça. Son habituel sourire sarcastique vint se poser sur ses lèvres et il s'en fut. Son destin l'appelait ailleurs, pensait-il alors.

Quelle ironie ! Tous ces détours, ces nuits passées seul, dans le froid et la tempête des rudes contrées du nord, l'avaient finalement ramené à Alcyar, son rival et ami de toujours. A présent, ils étaient dans le même camp et Sauron réalisa tout à coup que s'il pouvait sacrifier son existence pour sauver celle d'Alcyar, il le ferait volontiers. Le chevalier du Lion venait de découvrir le concept d'amitié.

***

Myrtès se releva lentement, se massant la nuque. A quelques pas de lui, Laramil tentait de se faire tout petit. Il savait très bien que la puissance de son camarade était sans commune mesure avec la sienne et que si le chevalier de la Vierge le voulait, il se retrouvait en morceaux éparpillés aux quatre coins de la Grèce. De fait, l'air sérieux qu'avait Myrtès en s'approchant n'était guère rassurant. Lorsqu'il leva son bras, Laramil ferma les yeux, instinctivement. Pourtant le chevalier Pégase n'était pas un couard, loin de là… Lorsqu'il rouvrit les yeux, Myrtès avait posé sa main sur son épaule, un large sourire aux lèvres.

- Tu es jeune, Laramil, mais tu as raison de suivre ton instinct. Et ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire payer le sommeil forcé que tu m'as octroyé. Ou alors, je le ferai après la bataille, je ne sais pas encore. Allez, ajouta-t-il plus sérieusement, il nous faut reprendre notre route.
- Tu as senti ce qui était arrivé, interrogea Laramil après plusieurs minutes de silence ?
- Bien sûr, mais j'ai senti aussi le cosmos de son adversaire. Nyx n'avait aucune chance. Le guerrier qui l'a tué est très puissant.
- Je la vengerai, fit Laramil en serrant ses poings.
- Garde la tête froide, jeune chevalier. Cela te permettra de conserver la maîtrise de tes émotions. Face à ce genre d'adversaires, c'est nécessaire, si tu ne veux pas connaître le sort de Nyx.

Laramil hocha la tête en signe d'assentiment. Néanmoins, Myrtès sentait que son compagnon n'avait pas les idées en place.

- Que t'arrive-t-il, Laramil ?
- J'ai vraiment cru que c'était ma mère. J'aurais tellement voulu…
- Où qu'elle soit, tu peux être certain qu'elle est fière de toi et…

Myrtès s'interrompit. il avait senti qu'il avait perdu l'attention de Laramil. De fait, celui-ci, au bout de quelques secondes d'immobilité, hurla en se mettant à courir :

- Tolivar !

Le chevalier du Dragon respirait encore, mais faiblement. La blessure qu'il avait au ventre était profonde et le sang s'écoulait librement. Fort heureusement, il avait été blessé peu de temps auparavant et tout était encore possible pour lui. Myrtès stoppa l'hémorragie ; il arracha ensuite sa cape et fit un garrot.

- Nous ne pouvons pas faire grand-chose de plus, Laramil. Ton frère est hors de danger, mais je ne sais pas s'il pourra combattre à nouveau. Cela dépendra de sa volonté.
- J'ai confiance en lui. Viens Myrtès, allons chercher l'orichalque.

Le chevalier de la Vierge se retourna vers Laramil, la bouche ouverte de stupéfaction. L'incrédulité se lisait aisément sur son visage, comme si le chevalier Pégase venait de proférer une incroyable énormité.

- Quoi, fit Laramil l'air inquiet ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
- Tu n'as pas senti, demanda Myrtès doucement ?
- Senti quoi ?

Myrtès comprit. Laramil avait beau avoir un cosmos très développé, il n'avait aucune maîtrise du 7ème sens, ou alors une maîtrise infime. Il n'avait donc que très peu de perceptions extrasensorielles. Il ne pouvait donc pas avoir senti…

- Nyx, bien qu'elle ait perdu son combat et la vie, a tout de même accompli sa mission.
- Tu veux dire ?
- Oui, Nyx, par un moyen que j'ignore, a réussi à transporter l'orichalque hors du Sanctuaire de Poséidon.
- Mais alors, nous avons réussi ! Nous pouvons rentrer ! Alcyar et les autres vont nous fabriquer d'autres armures et nous attendrons les Généraux des Mers de pied ferme…

Laramil s'interrompit de lui-même. Il avait compris ce que le visage de Myrtès lui disait. Il n'était plus temps de reculer. Cinq des Généraux avaient péri sous les coups des chevaliers d'Athéna. Deux seulement défendaient encore le dieu des Océans. Deux. Deux Généraux contre huit chevaliers dont cinq d'Or. Malgré l'avantage qu'ils pourraient tirer de leur plus grande expérience du combat, les guerriers de Poséidon n'étaient plus en position de force.

Laramil se mit à courir vers le cœur du temple. Myrtès, un large sourire sur les lèvres, le suivit quelques secondes plus tard.

***

Erèbe avait repris connaissance depuis plusieurs minutes déjà. Mais il était totalement incapable d'ouvrir les yeux. La réalité était trop insupportable. Nyx était morte. Morte. Morte… Certes leurs relations n'avaient pas toujours été excellentes mais elle était sa sœur, qui plus est sa sœur jumelle. Ayant perdu leurs parents très tôt, ils n'avaient pu compter que l'un sur l'autre. Et maintenant… Non ! Il n'était pas seul ! Nyx lui avait transmis son esprit, ses sentiments, ses attaques, ses observations ; tout ce qui la définissait en tant qu'être humain. Erèbe ouvrit les yeux. Agenouillée à ses côtés, Janeel lui tendit pour l'aider à se relever. Le visage dépourvu d'expression, Erèbe accepta. Lorsqu'il fut debout, un curieux sourire apparut. Janeel put cacher sa surprise sous son masque. Le sourire était une réplique exacte de celui de Nyx.

Puis le sourire disparut tandis que le chevalier des Gémeaux fermait les yeux et concentrait son cosmos. Une aura flamboyante vint alors l'entourer.

- Que fais-tu, ne put s'empêcher d'interroger Janeel ?
- Je cherche mon adversaire.

Puis les lèvres d'Erèbe se retroussèrent, laissant la place à ses dents blanches qui luisaient d'un éclat singulier dans la semi-pénombre.

- A nous deux, Dragon des Mers…

Sans un mot, il se mit à courir. Janeel hésita sur la conduite à adopter. Devait-elle le suivre ? Elle sentait confusément qu'Erèbe devait mener ce combat seul. Mais en avait-il le pouvoir ? Sa sœur avait succombé ; pourrait-il faire le vide dans son esprit pour vaincre ? Ou alors comptait-il sur sa haine pour lui être une fidèle alliée ? Janeel resta immobile pendant plusieurs secondes avant de se mettre en route.

Dans la direction opposée à celle d'Erèbe.
Vengeance, criait le cœur d'Erèbe. Le monde avait cessé d'exister autour du chevalier d'Or. Le temple de Poséidon, Athéna, l'orichalque, ses compagnons, plus rien n'avait d'importance. Seul comptait le Général de Poséidon. Erèbe ne l'avait jamais vu et pourtant il connaissait tous les contours de son Ecaille, de son visage…

Il savait donc que le Général était une femme. Mais cela ne l'arrêtait pas. Homme, femme, aucune importance. Le Général des Mers avait tué sa sœur et il allait payer pour son crime.

Dans son chagrin, Erèbe oubliait que la mort de Nyx n'était qu'un fait de guerre et non un crime prémédité. Mais tout sens commun l'avait depuis longtemps quitté. Sa course l'amena finalement là où il voulait aller. Il avait laissé son septième sens le guider. Il avait pour ainsi dire couru les yeux fermés. Il s'arrêta enfin, devant une porte. Il leva son poing et le lança sur la porte. Celle-ci ne résista pas au choc et s'éparpilla en plusieurs dizaines de milliers de particules. Erèbe pénétra dans la salle, le pas assuré. Devant lui se tenait Tyry, les yeux clos, adossée contre un mur. Sans les ouvrir, elle dit.

- Je suis Tyry, le Dragon des Mers, au service de Sa Majesté Poséidon.
- Je suis le chevalier d'Or du signe des Gémeaux.
- Tu es qui ?

Les yeux de Tyry s'ouvrirent démesurément et elle manqua tomber de stupéfaction. L'espace d'un court instant, Tyry crut faire face à un fantôme. L'adversaire qui lui faisait face avait la même taille, la même carrure, le même sourire narquois que Nyx. Pourtant, cette dernière était morte, elle en était certaine. D'ailleurs son cadavre était là-bas, dans le coin de…

- J'ai compris. L'Etoile des Gémeaux est double, tu es donc le frère jumeau de Nyx.
- C'est exact. Mon nom est Erèbe et je vais être ton bourreau.
- Ah ? Voyons si tu seras plus coriace que ta sœur. Sea Dragon's Breath !

Erèbe ne bougea même pas. L'attaque lui passa littéralement au travers.

- Comment as-tu fait ? Tu n'avais jamais vu cette technique !
- C'est à la fois vrai et faux. Ma sœur, en mourant, m'a transmis toutes, je dis bien toutes, ses connaissances. En conséquence, ton attaque, bien que je ne l'ai jamais subi, n'a aucun secret pour moi.
- Tu mens ! Sea Dragon's Breath !

Cette fois, Erèbe plaça son bras droit devant lui, comme s'il voulait absorber l'énergie de Tyry. Puis, au bout de quelques secondes, il le déplaça légèrement inversant de la sorte le flux d'énergie. Tyry fut frappée par sa propre attaque sans pouvoir esquisser le moindre mouvement. Elle percuta violemment le mur qui se trouvait derrière elle.
Elle se releva pourtant bien vite, époussetant rapidement la poussière qui s'était posée sur sa protection.

- Bravo, Erèbe, bravo. Tu ne m'as pas menti. Mais je ne suis pas vaincue pour autant. Je possède d'autres techniques.
- Je ne te laisserai pas le temps de les utiliser. Meurs, Galaxian Explosion !

Erèbe croisa ses bras devant lui et les boules d'énergie en jaillirent à une vitesse incroyable. Il avait passé bien plus de temps que sa sœur à perfectionner cette arcane ce qui faisait que sa puissance était sans commune mesure avec l'attaque qu'avait subi Tyry quelques minutes auparavant. Pour la deuxième fois, elle se retrouva au sol. Son Ecaille lui avait certes permis d'encaisser le choc, mais celui-ci avait été plus que rude. Sa protection commençait à se fissurer en de multiples endroits. Toutefois, cette faiblesse n'inquiéta pas Tyry outre mesure. Le laps de temps qui s'était écoulé entre les deux combats qu'elle avait du livrer face aux deux Gémeaux n'était pas suffisant pour permettre une régénération totale. Il fallait faire vite. Elle ne pouvait pas se permettre de succomber à son tour, laissant la défense du Temple au seul Denby. Il lui fallait vaincre Erèbe rapidement avant de se lancer à la chasse des autres chevaliers d'Athéna.

Le Général de Poséidon se releva et se remit en garde. Lentement, elle leva les yeux vers son adversaire. Instinctivement, elle recula ; ce qu'elle voyait dans le regard d'Erèbe n'était tout simplement pas humain. Le chevalier des Gémeaux semblait totalement rempli d'une haine sourde qui pourrait se révéler dévastatrice. Tout à coup, une idée traversa l'esprit de Tyry. Il lui fallait à tout prix tirer parti de la furie d'Erèbe ; plus elle parviendrait à l'énerver, plus elle accroîtrait ses chances de remporter le combat. En un éclair, elle partit à l'opposé de son adversaire. Celui-ci marqua un temps d'hésitation devant la conduite de Tyry, puis la suivit. Cette dernière lui fit visiter le Temple de Poséidon en long, en large et en travers à la vitesse de la lumière à plusieurs reprises. A chaque passage, elle ralentissait quelques fractions de seconde avant de repartir de plus belle. Erèbe perdait au fur et à mesure le peu de sang-froid qu'il lui restait. Il tenta à plusieurs vaines reprises de frapper Tyry de ses boules d'énergies, mais il lui manquait à chaque fois la précision nécessaire.

Quand Tyry estima qu'elle avait suffisamment énervé Erèbe, elle arrêta brusquement sa course et se retourna. Le chevalier des Gémeaux n'eut pas le temps de stopper sa course. En un éclair, il comprit la stratégie de Tyry et vit qu'il avait perdu le combat. Il n'avait absolument pas le temps de parer ou d'éviter le coup qui allait lui être asséné. Il fallait frapper une ultime fois, espérant tuer son adversaire en même temps qu'il allait mourir. Tyry concentra son énergie dans ses mains en faisant brûler son cosmos à son maximum, puis la relâcha.

- Galaxian Explosion !
- Flying Sea Dragon !

Le coup percuta Erèbe de plein fouet, provoquant le saut de son casque. Il retomba sur le marbre froid du temple en un bruit sourd. Le sang commença à s'écouler au bout de quelques secondes en une flaque longue et ininterrompue…

Tyry reprit son souffle. La dernière attaque d'Erèbe avait été bien moins puissante que les précédentes, mais elle l'avait quand même touché. Sa protection était totalement détruite au niveau de sa hanche droite.
Tyry posa sa main dessus et la retira quelques instants plus tard, pleine du même liquide pourpre qui s'écoulait à présent du corps d'Erèbe. la jeune femme regarda quelques instants la vie s'échapper du corps de son jeune adversaire. Incontestablement, il était puissant. Mais tout comme sa sœur, il lui manquait l'expérience du combat. Il s'était laissé aveugler par ses émotions et n'avait pas su mettre de côté la mort de sa sœur pour se mesurer à elle. Toutefois, comme pour Nyx, elle n'éprouvait aucune joie d'avoir tué son adversaire. Pire, même elle sentait son cœur assailli de questions : devait-elle vraiment tuer ces jeunes gens qui avaient la vie devant eux ? Son propre destin de Général de Poséidon était tracé depuis longtemps, mais le leur…

Tyry se surprit à vouloir, l'espace d'un instant, arrêter l'hémorragie d'Erèbe. Puis elle secoua lentement sa tête et se retourna, ses cheveux volant dans l'air. Puis, plus décidée, elle arracha un morceau de son vêtement et en fit un garrot. Là, le sang s'était arrêté de couler.

- Erèbe, non !

Tyry ne bougea pas. Un nouveau chevalier d'Athéna venait de pénétrer dans la pièce. Un ? Non deux d'ailleurs. Le second possédant une cosmo-énergie incroyablement puissante. Tyry se tint prête à encaisser un éventuel coup de ce chevalier mais à sa grand surprise, c'est le premier qui attaqua.

- Par les Météores de Pégase !

***

Arathorn pestait depuis plusieurs minutes : il n'arrivait pas à trouver son chemin. Il avait la détestable impression de tourner en rond. Tout à coup, son septième sens recouvra toutes ses facultés et il put enfin s'orienter correctement. Il courut encore pendant quelques minutes avant de se retrouver face à une nouvelle porte en or massif.

- Arathorn !

Le chevalier du Capricorne se retourna immédiatement, comme piqué par un insecte. Le masque blanc et inexpressif du chevalier du Cygne lui faisait face.

- Tu as survécu, dit-elle, avec dans sa voix ce qui pouvait s'apparenter à une certaine émotion.
- Oui, il m'a sous-estimé. Et toi ?
- Moi, répondit Janeel avec un rire sans joie. Je n'ai pas trouvé de Général. J'ai retrouvé Erèbe, mais je l'ai laissé partir pour affronter seul celui qui a tué sa sœur.

Arathorn hocha la tête. C'était sans doute la meilleure chose à faire. Erèbe devait régler cette histoire seul.

- Bon, on entre, fit Janeel ?
- Après vous, princesse, répondit d'un ton faussement cérémonieux Arathorn.

Ils pénétrèrent ensemble dans la salle. Tout de suite, ils sentirent la cosmo-énergie de leur adversaire. Puissante. Très puissante. Trop ?

Une voix s'éleva. Ni agressive, ni moqueuse mais mélodieuse. Comme si celui qui parlait n'avait aucune intention de les attaquer.

- Je vous souhaite la bienvenue, chevaliers d'Athéna, même si je ne suis pas certain que vous trouviez le bonheur en ces lieux.
- Qui es-tu, interrogea Janeel d'une voix dure ?
- Je suis Denby de la Sirène Maléfique, Général des Mers et fils de l'Empereur Poséidon.
- Alors, fils de Poséidon, je serai ton adversaire. Que les Cristaux du Cygne te transpercent !

***

Sauron quitta la galerie principale dans laquelle il se trouvait et bifurqua. Il n'y avait pas de doutes à avoir. Alcyar l'appelait. Mais à en juger par la faiblesse de son cosmos, le chevalier du Bélier devait être bien mal en point. Il fallait le trouver.

Et vite !

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Cette fiction est copyright Emmanuel Axelrad et Romain Baudry.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.