Introduction : Fantômes


Hyoga :

Vesper me regardait de haut, me montrant son mépris.

"Alors, Hyoga c'est vraiment tout ce que tu sais faire ?"

Comment avait-il pu éviter l'Exécution de l'Aurore ? Je l'avais déclenchée si près de lui. Je savais que la distance était le point faible de cette attaque, aussi je l'avais corrigé. Mais il s'en était sorti sans dommage.

"Je vais te révéler mon secret. Tu ne m'as même pas touché. J'ai évité toute ton attaque. Si je ne l'avais pas fait, tu m'aurais tué. C'était impressionnant."

"Mais comment as-tu pu... ?"

"Déplacement instantané. Je n'ai même pas besoin de penser. Je n'utilise même pas mon cosmos. Je suis ici, et déjà ailleurs."
"De la téléportation."
"C'est grossier. Non, je te parle d'autre chose. Tu ne comprends pas encore. Je vais simplifier. Je suis partout et nulle part à la fois. L'Omniprésence."

J'eus un frisson. Ce qu'il disait signifiait qu'il avait franchi les barrières physiques, que son esprit était si puissant que le monde matériel était subordonné à sa volonté. Il ne pouvait pas aller partout. Il ETAIT partout. Un adversaire insaisissable, plus rapide que le plus rapide des guerriers. Il pouvait frapper où il voulait, et rien ne pouvait l'empêcher.

"Mais... même les dieux ne peuvent..."

"Les dieux... Les dieux sont puissants, mais non spécialisés. Ils possèdent un grand pouvoir, peuvent faire de multiples choses, déclencher des volcans, des éclipses, ressusciter les morts, diriger leur cosmos où ils le veulent. Ils ont un pouvoir quasi absolu. Ils sont énergie. Je ne prétends pas leur être supérieur. Mais j'ai développé une chose qu'ils ne peuvent faire, car j'y ai consacré tous mes efforts. Je me suis spécialisé, et dans mon domaine, je suis imbattable."

J'avais en face de moi le seul être dans l'univers possédant le don d'Omniprésence. Même les dieux ne pouvaient le toucher.

Mais je ne m'avouais pas vaincu. "Diamond Dust !" Je lançais tout mon cosmos en avant.

"Ca ne sert à rien. Il me suffit de me trouver derrière toi."

Je me retournais, continuant mon attaque.

"Toujours derrière toi."

Il me frappa dans le dos, l'onde de choc se répercutant dans toute ma colonne vertébrale. Je tombais au sol. Il pouvait m'attaquer sous n'importe quel angle. J'eus une idée.

"Tu as perdu. Tes coups ne sont pas très puissants. Et je sais comment t'empêcher de me frapper." Il parut surpris.

J'intensifiais mon cosmos, mais ne le concentrais pas en un point. Je le diffusais autour de moi, réfrigérant l'air, abaissant la température de toute la pièce. -100, -150, -200 degrés. Vesper réalisa soudain.

"C'est ça ? Tu veux geler toute la pièce et m'emprisonner dans les glaces avec toi ? Mais je peux aussi me trouver dans une autre salle."
"Fais-le. Ca ne me dérange pas. Mais cela me laissera le chemin libre pour rejoindre Athéna. Si tu veux m'en empêcher, tu ne peux t'éloigner."

L'air devint visqueux, j'avais du mal à respirer. L'humidité ambiante avait disparue, toute l'eau déjà transformée en glace, et l'azote commençait à se liquéfier.

"C'est impossible ! Tu ne pourras pas maintenir ton cosmos très longtemps !" Vesper comprenait la portée du piège. Il fit un geste pour m'attaquer.
"Quoi ?" Je venais de former un mur de glace entre lui et moi.

"Avec la température actuelle, je peux créer instantanément de la glace. C'est une simple modification des atomes."
"Tu vas voir !" Vesper apparut soudain à mon contact, se matérialisant tout près, et me porta un coup. Sa main s'arrêta à quelques millimètres de mon corps.

"Mais..." Il ne pouvait me toucher.

"Ma température est si basse que mon corps est entouré de vide. Une mince zone où rien ne subsiste. Je suis obligé de maintenir ma propre pression interne, pour ne pas exploser. Mais ce vide me protège. Tu peux être partout, mais pas là où il n'y a rien."

Vesper recula, pris de panique.

"C'est impossible ! Impossible ! Je suis l'Omniprésent !"

"Ton don se retourne contre toi. Tu aurais du développer d'autres compétences ! Si tu avais un peu lu la théorie d'Einstein, tu saurais que rien n'est absolu, tout est relatif, même ton pouvoir ! Subis donc le froid extrême des chevaliers des neiges !"

J'intensifiais le froid autour de lui, faisant chuter la température à la limite du zéro absolu. Mais il disparut et réapparut ailleurs. L'oxygène commençait à nous manquer à tous deux.

"Tu ne tiendras pas, Hyoga !"

Je ne répondis pas, économisant mes forces. Mes poumons étaient à bout. Je pensais à mes plongées en apnée, quand j'allais voir ma mère. Tenir, encore un peu.

Il avait dépassé les frontières physiques. Mais la physique était un domaine où beaucoup encore était à apprendre. J'en savais suffisamment pour comprendre ce que je devais faire pour l'atteindre, où qu'il soit.

J'intensifiais le froid dans toute la pièce, puis d'un seul coup, modifiais l'activité atomique. L'air ondula, devenant complètement liquide, puis je le réactivais, le vaporisant, avant de le liquéfier à nouveau. Les atomes cassèrent, libérant l'énergie. Le choc thermique fut immense.

L'explosion se répercuta dans tout le palais.



Shun :

Je sais. Je comprends comment il se bat. C'est vraiment un adversaire extraordinaire. Bien plus puissant que mon frère.

"J'ai compris ta technique, Ezékiel. Tu influences mes sens, n'est-ce pas ? C'est une illusion de mon esprit. Je te sens à gauche mais tu es à droite. Même ma vue est faussée par ton pouvoir. C'est bien cela ?"
"Tu es doué, Shun. Mais je t'avais un peu aidé, c'est vrai. Et maintenant, que vas-tu faire ?"

Je savais ce que je devais faire. Laisser la chaîne libre, la laisser trouver l'ennemi seule.

"Je t'attends, Ezékiel, tu ne m'auras pas."

Ezékiel disparut. Je savais que ce n'était qu'une illusion induite dans mon cerveau. Il se déplaçait sans doute à grande vitesse, et allait frapper. Je sentis une présence à gauche. Je lâchais ma chaîne, ne prêtant pas attention à la présence.

Le coup vint d'une autre direction. Je ne pouvais me protéger, car ma chaîne ne pouvait être partout et j'étais incapable de lui indiquer par quel coté j'étais menacé. Je subis donc le coup, tout en lançant ma propre attaque.

"Thunder Wave !" La chaîne fondit l'air, cherchant celui qui m'attaquait, mais retomba au sol.

Ezékiel n'avait pas bougé. Il se tenait toujours au centre de la pièce, et ne montrait aucune agressivité. La chaîne ne pouvait l'attaquer. Mais à l'instant, qui m'avait frappé ?

"Ah ah ah ! Ton expression est à mourir de rire. Tu n'as pas encore compris. Je m'amuse bien avec toi, Andromède."
"Encore une illusion ? Mais la douleur..."
"Illusion. Je peux tout induire en toi, Shun. Ton esprit est modelable à volonté. Je peux te faire ressentir la douleur ou le plaisir, la haine, la peur, te faire croire que tu es vieux, que tu es blessé, que tu es mort, même."

Il jouait avec mon mental. Mais pourtant il ne m'avait pas attaqué, n'avait pas envoyé ce rayon qui avait fait fléchir Ikki. A quoi lui avait servi cette arme contre mon frère ? Il aurait pu tout aussi bien le maîtriser par le pouvoir qu'il utilisait contre moi. A moins que ce pouvoir ne soit limité ?

C'était cela. Mon frère avait un esprit puissant, et aurait repoussé ces sensations factices. Ezékiel avait été obligé d'utiliser une attaque plus voyante mais plus puissante.

Je devais le forcer à l'utiliser. La chaîne réagirait alors, et je pourrais contre-attaquer. Mais pour cela, je devais d'abord bloquer mes pensées, désarmer sa première attaque.

Junon. Elle allait me servir de guide. Je me redressais, pris une profonde inspiration, et vidais mon esprit. Puis je me concentrais sur Junon, chaque détail de son visage, de ses mains. Je laissais de coté toute autre pensée que Junon. Je ressentis de l'aversion pour elle, de la haine même, mais je gardais mes pensées concentrées. Ezékiel paraissait surpris. Il disparut devant moi, mais je m'en moquais. Junon. Ezékiel réapparut, au même endroit. Sa tentative pour me déstabiliser avait échoué. Il semblait furieux maintenant. Une douleur au coté droit. Junon. La douleur disparut. Il ne m'atteignait plus.

"Cela suffit Andromède. Tu veux me résister, mais je vais écraser ta volonté. As-tu déjà subi l'Illusion du Phénix ? Cette ridicule attaque n'est rien comparée à la mienne. Adieu Andromède, je vais déchirer ton âme."

Il tendit le doigt vers moi, une lueur dans les yeux. La chaîne commençait à réagir.

"Soul Crusher !" Le rayon m'atteignit, car je n'essayais même pas de l'éviter. C'était nécessaire. Le rayon brisa mon casque en perçant mon front, et une goutte de sang coula devant mes yeux mais je ne la vis pas. J'étais déjà prisonnier de son attaque.

Peur. Haine. Joie. Désespoir. Des dizaines d'émotions m'assaillirent simultanément. Des larmes coulaient de mes yeux tandis que la tristesse m'envahissait. La terreur me fit trembler. Je tombais à genoux, pris de fatigue. Dans le même temps, je tressaillais, tandis que le plaisir envahissait mon corps, laissant la place l'instant suivant à un dégoût profond. Je sentais mon âme tiraillée par des sentiments contraires prête à disparaître, comme si ces émotions, tirant mon âme dans toutes les directions, allaient l'écarteler.

La Chaîne me sauva. Il ne fallut qu'un instant à la Chaîne pour réagir et contre-attaquer, mais la technique d'Ezékiel avait agi immédiatement sur mon cerveau. La chaîne bondit, et Ezékiel n'évita qu'au dernier instant qu'elle ne le transperce. Cela suffit à stopper net sa concentration et son attaque. Je m'effondrais, avec un mal de crâne comme je n'en avais jamais connu, mais vivant.

Ezékiel était admiratif.

"Jolie contre attaque. Mais supporteras-tu la deuxième manche ?"

J'en doutais.



Hilda relâcha le pouvoir, mais rien ne se produisit. Elle resta un instant surprise, puis s'effondra, son énergie disparue.

"Hilda !" Marin la soutint, la retenant de justesse.
"Pourquoi ? Les éclairs... auraient dû les pulvériser..."
"Les éclairs ?" Un ange riait. "Des éclairs ? Dans le Palais de Zeus ??" Tous les anges se mirent à rirent à gorge déployée, se moquant de la prêtresse.

Hilda réalisa son erreur. Thor ne pouvait rien ici, et Balmung non plus. Personne ne pouvait utiliser la puissance de la foudre dans la demeure du Dieu de la Foudre et du Tonnerre, Zeus. Elle avait épuisé toute son énergie pour rien.

L'ange s'approcha, continuant de rire. "Fatale erreur, prêtresse. Laissez-moi faire, je vais vous achever en douceur."

Marin laissa Hilda, qui glissa au sol, pour s'interposer. "Ne la touche pas."

Hilda pleurait. Elle avait gâché la seule chance pour eux de s'en sortir. Elle aurait dû réfléchir, son cosmos aurait pu servir à autre chose. Quelle frustration !! Hilda perdit conscience.

L'ange attaqua, mais Marin riposta, à la vitesse de la lumière. Elle l'atteignit au coeur, transperçant l'armure, et les chairs. L'ange s'écroula, surpris.

"Chevaliers ! Ne perdez pas courage !" Marin devait désormais diriger les opérations.

Le combat dura encore longtemps avant que Marin ne réalise qu'il ne restait plus qu'elle de valide. En face, quatre anges étaient encore debout. Elle ne pourrait contenir leur assaut cette fois, d'autant que son bras gauche était cassé. Mais elle se battrait avec l'énergie du désespoir. Pour Seiya.

"Maintenant, ma belle, tu vas mourir." L'ange fit un pas, menaçant.
"Ca j'en doute." La voix de stentor venait de derrière elle.

Marin se retourna, et vit que les renforts étaient arrivés. Poséidon en personne, accompagne de Sorento et Thetis, revêtus de leurs armures, se tenaient à l'entrée.

"Pour vaincre des chevaliers d'argent, vous êtes très forts. Mais pourrez vous vaincre le Dieu des Océans ?" Poséidon sourit à l'adresse de Marin.



Ikki :

Je pus me relever, péniblement, tandis que Shiryu augmentait son cosmos, se préparant à s'élever dans les airs avec son ennemi, pour se consumer avec lui.

"Shiryu, attends !" Je ne m'attendais pas à réagir comme cela. Shiryu ne devait pas mourir.
"Non, pas question. Tu n'es plus en état de le battre, et ceci est la seule technique qui marchera contre lui. Je dois le faire."
"Lâche-moi, Dragon !" Michael se débattait, mais sans pouvoir se libérer.
"Shiryu, laisse-moi faire." Je regardais Shiryu dans les yeux. "Si quelqu'un doit se sacrifier... Pense à Shunrei."

Ca m'allait mal de jouer sur les sentiments. Mais je devais tout faire pour arrêter Shiryu. C'était illogique, nous devions vaincre cet ange, mais je me refusais à voir périr mon ami.

"J'ai dit adieu à Shunrei. Je suis prêt à mourir."

"Pas comme ça. Seiya ne l'aurait pas accepté."

A cet instant, une explosion retentit. Je ressentis le cosmos de Hyoga qui brûlait plus fort puis s'éteignit. Son cosmos disparut totalement.

Shiryu et moi furent si surpris que nous ne pûmes rien dire. Michael profita de l'inattention de Shiryu et déploya violemment ses ailes, gênant Shiryu, puis se libéra d'un coup de coude, projetant Shiryu à terre, et l'immobilisa en posant son pied sur sa poitrine.

"Voila un de vos amis qui disparaît." Il fronça les sourcils. On ne ressentait plus non plus l'énergie de Vesper. Michael parut furieux.

"Je vais en finir avec vous ! Et tout de suite !" Mais soudain il se calma. Ses changements d'humeur étaient encore plus brusques que les miens.

"Seiya... Tu dis que Pégase n'aurait pas voulu la mort du Dragon. C'est à lui qu'il faudrait le demander, non ?"
"Comment ? Seiya est en vie ?"

Le cosmos de Michael s'intensifia, vibra, comme un appel. Soudain un nouveau cosmos apparut. Le nouvel arrivant était encore dans l'ombre mais j'avais déjà reconnu son énergie. Il s'approcha, révélant le visage de Seiya, notre ami, notre frère. Il était en vie !

Mais je réalisais soudain qu'il ne portait pas l'armure de Pégase mais une armure semblable à celle de Michael.

"Je vais refaire les présentations. Voici Pégase, le quatrième Archange. Pégase, voici tes ennemis."

Seiya eut un sourire inhumain en nous regardant.



"Zeus !"

Zeus releva la tête. Quelqu'un dérangeait son divin ennui. C'était Athéna. Son cosmos emplissait la pièce. Elle était toujours dans sa cellule, mais sa présence était ici. Elle voulait lui parler.

"Zeus, pourquoi utiliser Seiya ?"

La forme d'Athéna se matérialisa devant lui. C'était juste la manifestation de son esprit, une image translucide.

"Pourquoi Seiya ? c'est cruel..." Des larmes coulaient sur ses joues, et l'image devant Zeus pleurait aussi.
"Seiya est puissant. Il fera un bon Archange. Après tout, tu as toi-même ôté mes derniers espoirs de récupérer Lucifer. Je revendique Seiya en compensation."
"Cela t'amuse donc, Zeus, de m'ôter ceux qui sont chers ? Tu m'as déjà pris Michael."
"C'était aussi un guerrier puissant. Quand il a atteint le stade supérieur d'existence, tu n'étais pas en mesure de lui offrir ce dont il avait alors besoin. Tu n'étais pas encore assez puissante. Je pouvais le lui donner."
"Mais désormais, je suis assez forte pour les maintenir. Ne me prends pas Seiya. Pas lui. Tu sais quels sont mes sentiments pour lui."
"Comme étaient tes sentiments envers Michael. Mais tu l'as laissé partir."
"Il le fallait ! Comment aurait-il pu vivre sans moi ? Je ne pouvais me résoudre à le voir disparaître. Tu étais le seul qui pouvait le faire vivre."
"Et tu penses qu'il en sera différemment de Seiya ? Tu as créé cinq divinités d'un coup, Athéna. Tu ne pourras pas les maintenir si longtemps seule."
"Je tiendrai. Mon pouvoir est suffisant maintenant. Tu le sais. Et c'est aussi pour cela que tu m'as fait enlever. Je dispose aujourd'hui de plus de divinités que toi. Tu as peur que je prenne ta place. Hadès n'est qu'un prétexte."

"Tu as peut-être raison. Je te propose donc un accord : je garde Seiya et nous serons à égalité. Quatre chacun. Qu'en dis-tu ?"
"Non ! Je ne peux accepter ! Je ne peux choisir de te laisser un de mes chevaliers ! Ce ne sont pas des objets que l'on s'échange. Ce sont... mes amis."
"Tu dis ami, mais quand tu penses à Seiya, tu penses 'amant'. Tu le désires, n'est-ce pas ? Mais il ne t'a jamais donne une preuve d'amour. Et tu voudrais t'accoupler avec lui ?"
"Tu es vulgaire. Tu ne connais donc aucun sentiment ? Oui, j'aime Seiya. Et quand bien même il ne m'aimerait pas, je ne veux pas le perdre. J'ai déjà perdu Michael, qui est devenu un de tes jouets."

"Un jouet utile. Athéna, réfléchis. Tu sais que les divinités mineures nous sont attachées à jamais. Qu'elles ne peuvent vivre hors de notre zone d'influence. Elles se dissolvent, ne laissant que leur énergie, lorsque nos vies s'éteignent. Cela ne m'affecte pas, de par mon corps immortel, mais toi, si. Tu as déjà perdu Nike ainsi. Il ne te reste plus que ce sceptre où ses pouvoirs subsistent. Tu veux encore que cinq de tes chevaliers se dissolvent lorsque tu mourras ? Qu'ils deviennent les âmes de leurs armures, ou celles des Maisons ? Tu dis pouvoir les soutenir même au delà de la mort, mais en es-tu sure ?"

"Oui..." La voix de Saori était faible.
"De toutes façons, Seiya est mien désormais. Ezékiel a nettoyé son esprit et son âme des souvenirs qui te concernaient. Et il a découvert quelque chose. Je le savais évidemment, mais j'ai été ravi de le retrouver."
"Tu parles de Pégase ?"
"Tu savais donc. Oui, Seiya est la réincarnation de mon fils Pégase. Celui qui a affronté Hadès il y a si longtemps. Celui que les humains ont représenté sous la forme d'un cheval ailé. Et Ezékiel me l'a rendu. Il a effacé Seiya et a donné son corps à l'âme de Pégase. Mon fils est de retour."

L'image d'Athéna se brouilla, tandis que la volonté de la déesse fléchissait. Seiya était en vie, mais ce n'était plus lui. C'était Pégase, le Héros Mythologique, le fils de Zeus .Jamais elle ne retrouverait l'homme qu'elle aimait.



Michael :

Voir le visage décomposé de Ikki et Shiryu était certes un spectacle distrayant. Jamais ils n'auraient pu penser un instant à ce que Seiya, leur ami, puisse les trahir. Comme je ne suis pas cruel, je leur racontais la vérité.

"Cet homme n'est pas Seiya. C'est bien son corps, son cosmos, mais pas son esprit. Seiya a disparu, et seul subsiste celui qui vivait en lui : Pégase, le fils de Zeus."
"Tu dis que c'est Pégase ? Mais Seiya est Pégase !" Shiryu ne comprenait pas. Pégase prit la parole.

"Seiya était ma réincarnation, mais je n'étais qu'une part de lui, une part endormie. Sa force, c'était moi. Il était un humain, un simple humain, habité par une force divine. Je suis Pégase, le fils de Zeus. Je suis un demi-dieu. Et enfin débarrassé de l'esprit humain, je renais dans ce corps."

"Seiya, c'est une illusion n'est ce pas ? Comme pour Aiolia, ou..."
"Non, je ne suis pas sous contrôle. Personne ne me dirige. J'obéis volontiers à mon père et à Michael, et je suis ravi de le rejoindre parmi les Archanges."
"Seiya, tu ne nous reconnais pas ? Nous avons combattu ensemble, nous sommes tes amis. Nous sommes tes frères."
"Seiya était votre frère. Son enveloppe charnelle provient du même géniteur que vous. Mais mon esprit est celui du fils de Zeus. Quelle loyauté me demandez-vous de suivre, celle de la chair ou celle de l'esprit ?"

Je suivais avec amusement la conversation. Ils ne voulaient pas comprendre. Ils refusaient la réalité. Mais il n'était plus temps pour le bavardage.

"Pégase, nous avons mieux à faire que de discuter. Vesper m'inquiète, son cosmos a diminué. Nous devons en finir avec cette guerre. D'autant que Zeus aura besoin de nous." "Je sais. Poséidon est arrivé. Les Dieux vont se battre. Sauf..."
"Sauf... ?"
"Sauf si nous tuons Poséidon avant. Tu sais qu'il ne fait que posséder le corps de Julian Solo. Il n'est pas aussi puissant qu'il le serait s'il était vraiment incarné. La possession ne permet pas un contrôle total. A nous deux nous pouvons en venir à bout. Je pourrais même le vaincre seul."

Je tiquais. Pégase était plus arrogant qu'il ne devrait. Quelque chose clochait.
"Tu oublies quelque chose. Ces deux-là." Je désignais Shiryu et Ikki, qui tenaient à peine debout.
"Je m'en charge. Va trouver Vesper. Quand j'en aurais fini avec eux, j'achèverais Shun. Ezékiel a l'air d'avoir du mal à en finir."
"Soit." Je m'apprêtais à partir, mais m'arrêtais. Un pressentiment.

Je me retournais, les yeux grands ouverts.

"Shun ?? Comment te souviens-tu de son nom ? Je ne te l'ai jamais dit !"

Pégase sourit. "Zut, j'ai gaffé."

Pégase avait dit ces derniers mots en japonais.



Seiya :

Il m'avait fallu longtemps pour revenir. Mais j'y étais aidé par quelqu'un. Lorsque Ezékiel avait pénétré dans les Enfers pour me ramener en Olympe, j'étais réellement mort. Au sens où le commun des mortel l'entend. Mais la vie est un flux, et elle peut revenir, et repartir. Zeus me rendit la vie.

Je n'étais alors qu'un pantin. Ezékiel nettoya mon cerveau, comme il disait, de tous mes souvenirs. Il fit disparaître Seiya et mit Pégase en place. Il croyait, comme tous, que Seiya était, comme Julian pour Poséidon, un esprit humain nécessaire pour maintenir le corps en vie, et qui gênait le Pégase qui m'habitait.

Il se trompait. J'ai toujours été Pégase.

Cette force intérieure qui m'a toujours poussé au combat au delà de mes limites, c'était Pégase. Je n'en étais pas conscient, bien sûr, mais Pégase non plus ne savait pas qu'il existait.

Ezékiel mis Pégase au devant de la scène. Il lui dit que désormais il était incarné, qu'il était un Archange. Pégase comprit. Il comprit qu'il était devenu un jouet, un instrument entre les mains de Michael, le chef des Archanges. Et qu'il devait découvrir en quoi il était utile.

Pégase se mit à fouiller. Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre compte que sa mémoire manquait. Bien sûr il se souvenait des temps mythologiques, mais pas de l'époque récente. Il chercha plus avant, explorant son âme. C'était une chose complexe que de fouiller sa propre existence. Il trouva une présence. Le corps qu'il occupait n'était pas le sien. Il sentait la présence d'un autre géniteur que Zeus. Donc il occupait quelqu'un. Qui était-il ?

Pégase était un héros, un être d'exception. Il ne se découragea pas et me trouva, presque deux ans après sa résurrection, cache dans un recoin de son esprit. Ezékiel était brouillon ou alors il m'avait laissé là pour que ce corps puisse vivre. De toutes façons, je n'étais pas dangereux pour Pégase. J'étais incapable de reprendre ma place seul.

Pégase me vit, et m'examina. J'étais lui. Nous étions le même être. Il était en moi depuis toujours, et m'avait fait. Et ma vie s'était inscrite dans la sienne. Il n'était plus le demi-dieu qu'il avait été. Il était l'âme vide de Pégase, débarrassé de sentiments, de souvenirs humains, de ce qui faisait auparavant sa force. Pégase ne supporta pas que l'on se moque ainsi de lui.

Pégase me remonta à la surface. Je repris conscience. Nous étions deux dans le même corps, et nous avons discuté. Peu. Nous savions tous les deux ce que nous étions, ce qu'il fallait faire.

"Pégase, que se passera-t-il, pour toi ? Je veux dire, ton âme ??"
"Quelle âme, Seiya ? Nous partageons la même. Nous ne sommes pas deux êtres différents habitant la même enveloppe. Nous sommes deux aspects du même être. Tu est l'humain, je suis le divin. Sans toi, je ne suis qu'une machine. Sans moi, tu n'est qu'un mortel."
"C'est notre association qui a toujours vaincu nos ennemis. Mais désormais, tu n'es plus une partie cachée de moi."
"Non, c'est la notre force. Révélé, je te rends plus fort. Et tu me rends plus fort. C'est ce que nous avons toujours voulu."
"Evidemment."

Nous avons de nouveau fusionné.

"Je suis Seiya, le fils de Mitsumasa Kido. J'ai combattu des hommes et des dieux, revêtu d'une armure. Je suis Pégase, le demi-dieu. J'ai toujours vécu dans l'âme des héros. Aujourd'hui je suis éveillé. Je suis à nouveau un héros."

Je pouvais partir en guerre et aider mes amis.

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Cette fiction est copyright Patrick Huart.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.