Chapitre 5 : Intrus


Six heures, matin du 22 juin. Salle des moniteurs, quartiers généraux.

- Pause ! Vous ne remarquez rien de totalement aberrant ?
- Non, Général.
- Repassez en mode lecture et accélérez jusqu'au départ des Bimms à présent. Stopper ici. Vous ne voyez toujours pas ?

L'agent fit signe que non, n'osant même plus répondre de vive voix, se rendant coupable par-là même d'un manquement de plus à ses devoirs les plus élémentaires.

- Cela fait deux jours que vous êtes censés étudiez le moindre grain de poussière enregistré à ces moments capitaux et vous n'avez pas même noté… " pointa Ackbar avant de s'arrêter, retenant la colère qu'il sentait monter crescendo en lui depuis les quelques minutes qu'il était là.
- Noté quoi Général ? risqua l'autre.
- Six sont montés à bord, seuls cinq en sont partis ! Comment avez-vous pu laisser passer cela si vous avez travaillé aussi sérieusement que vous le prétendez ? explosa son supérieur.

L'agent de sécurité déglutit, repoussa la partie de Sabacc plus profond sur la planche rétractable et rétractée du clavier commandant les écrans. L'autre agent pouffa une seconde, puis toussa, embarrassé, comme Ackbar le remit à sa place d'un simple regard.

- A notre arrivée sur Coruscant, vous irez donc inscrire " Elioth Green " et " Mathéos Ari " sur la liste des chômeurs. Je reverrai peut-être la sanction si votre zèle compense cet égarement dés maintenant.
- Entendu Général. Contactons tous les services de sécurité qu'un individu non identifié se trouve à bord. Alerte de niveau deux.
- Trois ! rectifia Ackbar. Oublieriez-vous que le Victory transporte l'essentiel des membres du Conseil de la Nouvelle République ? Cet intrus peut être Bimm ou manipulateur de Bimms ce qui se serait autrement plus inquiétant. Mentionnez-le dans votre appel. Je veux un rapport détaillé de la situation et des avancées des recherches toutes les demi-heures. Etablissez un canal prioritaire pour toutes les transmissions de sécurité, auquel je veux avoir un accès permanent. Informez tous les officiels à bord. Renforcez les contrôles d'identité. Prévenez le conseil Jedi, réveillez-en les membres s'il le faut. Chargez tous les préposés aux relations publiques d'informer les civils à bord, à une heure plus décente, qu'ils évitent que cela ne dégénère en un mouvement de panique. Discipline et efficacité.

Habitué aux situations de crise, les ordres d'Ackbar avaient fusés. Fermes et posés.

- Oui, mon Général.

Les doigts de Green bouleversèrent les pions de la partie de Sabacc tandis qu'ils s'affairaient sur le clavier. A ses côtés, Ari faisait de même. Dans tous les postes de sécurité, une sirène fit écho sur-le-champ. En quelques minutes, tous les services se trouvèrent en effervescence. Un émissaire fut détaché auprès de chaque officiel et de chacun des sept conseillers Jedis.

Dans l'ombre, comme de juste…

Enfin un peu d'animation, ils en auront mis un temps. Cheveux qui tenaient tout du buisson de ronces, chevalière au doigt, Icarion ne dormait décidément pas beaucoup ces temps.

Huit heures. Cordon de sécurité. Quartiers médicaux.

- Les droïds ne sont pas autorisés plus avant, indiqua le garde après avoir vérifié ses empreintes et l'avoir soumis à un détecteur thermique.
- Maître Luke… commença d'objecter C-3PO
- Attendez-moi là. J'en aurais pour moins d'une demi-heure.

Déçu, R2-D2 n'en eut pas moins un pépiement d'acquiescement. Luke franchit le cordon, percevant de loin C-3PO, en quête d'un siège, qui débitait comme à son habitude un flot de paroles à son petit suivant. Devant le sas de la chambre, il s'arrêta. C'est pas vrai…

- Déclinez identité, exigea le boîtier de ferraille
- Ces messieurs se sont déjà chargés de ces détails, soupira Luke à haute voix.
- Déclinez identité, reprit la machine, imperturbable.
- Luke Skywalker, confia-t-il alors en détachant les syllabes pour permettre l'identification vocale d'après les bases de données du Victory.
- Accès autorisé.

Cela s'ouvrait.

- Salut la compa…
- N'entre pas ! Fermeture du sas ! commanda une voix précipitamment.

Luke recula vivement comme le pan de la cloison métallique retombait presque sur lui.

- J'ai connu des accueils plus chaleureux. Un problème, Han ? demanda Luke qui avait reconnu et la silhouette entraperçue et la voix entendue.
- Jaina prend son petit déjeuner.
- Oh Leia allaite… Jaina. Joli nom du reste.
- Je trouve aussi. Puis il ajouta mi-figue, mi-raisin. Mais n'essaye pas de m'amadouer ; tu attendras dehors le temps qu'il faudra.

Appuyé contre la porte, Luke partit d'un rire sonore : C'est ma sœur, je te le rappelle…

- C'est ma femme ! rétorqua Han
- C'est fini ! annonça la principale intéressée.
- Ah ! Ouvre.
- C'est bien parce que tu es l'oncle…

Han entra une combinaison qu'il plut à Luke de décomposer rien que par le bruit des touches pressées. 13 08 24 000. Leur anniversaire de mariage.

- Tu as changé le protocole de sécurité ? ne put-il s'empêcher de demander à Han, en lui serrant la main.
- Oh, rien de bien méchant, dit ce dernier, évasif et sans s'étonner plus que cela de la question, seulement j'aime maîtriser mon environnement.

Petite tape sur l'épaule de Luke style je n'ai pas changé je suis toujours le rebelle que tu as aimé…

- Il l'a démonté, a vérifié chacun des composants, et l'a remonté à sa guise, précisa Leia, encore penchée sur le berceau.

Luke leva les yeux vers elle. Resplendissante, le mot s'imposa à son esprit. Il le lui servit en place et lieu de bonjour. Et lorsqu'elle sourit en retour, il fit apparaître promptement une rose de sa manche ! Comme il n'avait pas pu saisir le mouvement de Luke, trop rapide, Han recula avec un petit hoquet de surprise.

- Je ne savais pas que la magie comptait parmi les qualifications Jedis.
- Il a bougé trop vite pour toi, assura Leia, rien de plus.

Luke s'assombrit. Secrètement, il aurait préféré que sa sœur ne puisse percevoir le geste non plus. Certes il avait appris à sa sœur à augmenter sa vitesse mais, pour l'avoir entraîner, il savait qu'elle n'avait jamais discerné sa vitesse d'exécution, à lui. Du moins jusqu'à hier encore. Et ce que cela signifiait ne plaisait pas à notre ami…

- Elle est splendide, merci Luke. Cela n'a pas du être évident de passer cela au contrôle à l'entrée, continuait Leia.
- Effectivement, ces gaillards ne doivent pas avoir entendu parler botanique très souvent. C'est la première fleur du rosier que m'a donné Lando.
- Exotique, conclut Han après avoir considérer l'étrange branche. Lando est tellement soucieux de sa cité de Cristal qu'il s'investit même paysagiste. Ca me sidère et dire qu'il t'a contaminé… puis se saisissant de la fleur : je suppose qu'il lui faut de l'eau.

Il porta de suite un doigt à sa bouche :

- La prochaine fois, prévenez pour les épines.

Toujours pestant, il disparut dans la salle d'eau. Luke eut tout le loisir de fixer Leia.

- Tu t'es coupé les cheveux. Cela cache la couleur de tes yeux, pour qui n'est pas observateur.
- Han n'a pas cherché plus loin ce qu'il trouvait changé, le regard franc entre les courtes mèches qui retombait sur son visage désormais.

Elle confirmait donc ce qu'il avait craint. Luke ne ressentait nulle émanation de la Force au départ de Leia néanmoins. Cela le troublait, vraiment. En parlant cheveux. Il remua la tête pour déranger une mèche qui lui bouchait presque la vue, et lui sourit. Tu restes ma sœur.

- Puis-je…
- Bien sûr, viens les voir, je t'en prie.

Elle l'invita à s'approcher du berceau.

- Alors félicite-nous !

De retour, Han n'avait pu contenir sa joie. Ils dormaient, s'agrippant la main mutuellement. Et le malaise de Luke allait croissant comme il percevait plus encore la Force qui irradiait, brute et indomptée, des bébés, quand bien même ils étaient inconscients. Il choisit de ne rien en laisser paraître.

- On dirait les angelots des systèmes éducatifs, les reproductions trois dimensions des anciennes basiliques terrestres rit Luke en passant un bras autour de la taille de sa sœur. Adorable ce que nous vous avez pondu là.
- Tu me connais, plaisanta Han en bombant le torse. Mais permets-moi de couper court à ton joli petit discours et dis-moi plutôt pourquoi tout le monde s'agite depuis ce matin.
- Je pensais qu'on vous avait prévenu depuis près de deux heures ! s'exclama Luke on ne peut plus surpris.
- Il y a bien eu ce bonhomme ce matin, mais je n'étais pas encore d'attaque ; je crois bien l'avoir renvoyé. C'est vrai qu'après coup, j'ai regretté de m'être laissé emporter quand j'ai vu toute la clique de gardes qui s'installait dans le fond.
- Tu n'es pas allé leur demander de quoi il retournait ?
- Ben, écoute les infirmières m'ont gentiment offert de dormir ici et de faire comme chez moi. Alors non, je ne suis pas sorti. Et puis je me disais bien que tu passerais…
- On jouerait les flemmards ?

Il jeta un coup d'œil au système de com-link, prés de l'entrée. Il n'y avait plus qu'un trou béant à l'endroit où il aurait du être en place. Un ramassis de fils traînait au sol. Pas très malin Han, personne n'a pu vous prévenir. Il reprit :

- Avoue plutôt que tu as eu peur qu'un certain général ne réclame ta femme dés la naissance des jumeaux, sans lui donner le temps de récupérer.
- Aussi oui.
- Alors tu viens de laisser entrer le loup dans la bergerie. Il dénoua son bras de la taille de sa sœur puis poursuivit, partageant ces regards entre les deux : Quelqu'un a profité de la confusion lors de la visite des Bimms pour s'introduire à bord. Ackbar redoute une opération contre le gouvernement de la Nouvelle République. De fait, le conseil des Jedis nous fait tous deux mander, Leia. M'est d'avis qu'il s'agit d'assurer la sécurité des Jumeaux.
- Quelle heure ? demanda juste Leia.
- Pour dix heures. Il faut que j'y aille, Odul m'attend. Il vous transmet pleins de pensées pour les heureux événements.
- Et Chewie ? s'inquiéta Han, sourcil dûment froncé.
- Dans vos appartements, au calme, ne te fais pas te souci pour lui.
- Il n'a jamais supporté les…

Han n'acheva pas sa phrase, ce n'était pas nécessaire.

Dés les premiers temps de l'Empire, Kashyyyk, berceau des Wookies, avait été envahie. Et son peuple réduit en esclavage. Les forces de police impériale pour dissuader toute rébellion, avait usé la population à coup de maintes et maintes exercices inutiles. Leur jeu préféré restait le recensement, à des heures incongrues. Dans ces coups de temps-là, chaque Wookie en venait invariablement à énoncer ses nom, filiation et matricule une trentaine de fois en l'espace d'une demie nuit.

Luke leva deux doigts, mettant fin à l'embarras :

- Et j'allais presque oublier que Winter est revenue. Les gardes n'autorisant qu'une visite à la fois, elle s'est empressée de me laisser passer, bien qu'étant arrivée la première sur les lieux, disant qu'elle repasserait.
- Mais je lui avais donné congé jusqu'à…
- Oh, tu ne la persuaderas pas de prolonger son congé. Connaissant tes obligations, devoirs et j'en passe, elle tient sûrement à s'occuper des jumeaux ou à te décharger d'une tâche à l'occasion.

La discussion s'acheva, en trois sourires entendus. Winter lui avait toujours été dévouée.

Donc, les jumeaux confiés à Winter, sous le charme et toute à son bonheur d'avoir retrouvé sa Leia après quinze jours de congé bon gré mal gré, nos trois amis se retrouvèrent à l'entrée des quartiers Jedis. Après un énième contrôle s'entend. Une impressionnante colonnade s'étendait devant eux. Dans le fond, rendu petit à cause de la distance, se tenait un homme, adossé à un des piliers de style pré-calamarien, qui visiblement les attendait. Il se redressa en effet à leur approche.

- Leia Organa Solo, Jedi Knight Luke Skywalker, veuillez entrer je vous prie enjoint-il une fois qu'ils furent arrivés à sa hauteur.

Et sa main effleurant le détecteur que l'architecte par souci esthétique sans nul doute avait caché derrière le pilier déclencha le mécanisme d'ouverture. Ce fut un battant manuel qui se détacha de la paroi. Et la structure du lieu en gagnait en éléments hétéroclites car c'était un mécanisme fort ancien. Luke s'empressa de trouver le terme technique : une porte. Comme dans certaines tavernes de Tatooine, la planète des sables aux deux soleils où il avait passé prés de vingt ans de sa vie. Après avoir laissé passer Leia, il s'engagea à son tour dans la pièce, confiant. L'homme s'apprêtait à les suivre, quand un mouvement de Han lui fit tourner vivement la tête dans sa direction. Han suspendit son pas, le pied quelques secondes en l'air puis le posa au sol, provocant comme il venait d'avancer en direction de la porte.

- Je regrette ceci ne vous concerne nullement.
- Première nouvelle : c'est de ma famille dont il s'agit. Vous ne devez ni ne pouvez me mettre à l'écart.
- Non seulement je le peux mais je le ferais. Vous n'y assisterez pas…. Devrais-je en venir aux mains, ajouta-il après un petit temps, le regard torve.
- Je demande à voir, tiens, souffla Han, avec une moquerie insolente des plus évidentes.
- Si telle était ma volonté, vous n'auriez même pas le temps de me voir à l'œuvre. Mais je me plais à vous croire raisonnable. D'une décision prise dans la colère ne peut découler nulle sagesse d'action. Aussi, oui, j'ose espérer que vous ne me pousserez pas à une telle extrémité.
- Et bien ! Etes-vous toujours si sûr de vous…
- Ceros est mon nom. Et j'ai mis plus d'hommes à terre en me cachant ces dix dernières années que vous n'en avez croisé dans toute votre vie délurée de contrebandier, sachez-le.
- Vous ne voulez pas que j'entende toutes vos vilenies en confession tant que vous y êtes, Ceros, appuya-t-il le sourire froid.
- Je n'ai vraiment que faire de vos sarcasmes.
- Et moi de vos vantardises. Avec vos seuls poings, vous ne me condamneriez pas l'accès bien longtemps. Sans la Force, tu n'es rien mon gars.
- Il est vrai que vous souffririez du déséquilibre que son utilisation engendrerait. Mais soyez sans crainte : je ne m'en sers pas à des fins personnelles. Et je ne l'appelle que contre des adversaires dignes de ce nom. Par principe, piqua l'autre.
- Je ne vous permets pas, cingla Han tout en faisant un nouveau pas en avant.
- Toutes ces réflexions découlent d'une situation hautement hypothétique, très cher. (et l'ironie des termes n'échappa pas à Han) Mais considérez par contre comme certain que je ne bougerai pas d'un iota. Et vous n'entrerez donc pas, assura-t-il une main à l'encontre de Han.

Puis Ceros se détourna, mais avant qu'il ne disparaisse à son tour dans la pièce attenante, Han lui saisit fermement le bras, l'obligeant une fois de plus à se retourner.

- De qui êtes-vous l'homme de main ? Je suis leur père, son époux, son ami. On me tient pourtant à l'écart et vous servez cette absurdité ?
- Mon bras, sens propre, dit-il en se dégageant, comme au sens figuré, est mien. Il sert ce que je crois juste. Et je n'en rends de compte à personne. En l'occurrence, il m'apparaît que ce que nous avons à dire ne vous est pas destiné. Allez donc retrouver vos enfants. Et laisse-moi rejoindre mes frères à la fin.

Ils s'affrontèrent du regard un instant puis sans baisser le sien le moins du monde, Han recula de quelques pas pour finir par lui tourner le dos. Ceros entra. Mais ce qu'il avait vu dansé un bref - si bref ! - instant dans les yeux de Han n'était pas sans l'indisposer.

Et malheureusement, Ceros n'avait jamais été du genre à faire des rêves éveillés.

Chaque fois que cet homme se laisse aller à la colère, il se rapproche de l'inéluctable. En vérité, j'ai lu une rage folle dans ses yeux et cela ne me dit rien qui vaille.

Il était entré. Et face à lui, sur une estrade brillante d'obsidienne, douze sièges imposants. Il alla prendre sa place sur le troisième. Le dos droit, l'air assuré, le brun Ceros se releva en même temps que les six autres Conseillers. Au moins deux des trois personnes en contrebas durent s'avouer impressionnées quand les mots retentirent dans la salle.

- Princesse Leia Organa Solo, Jedi Knight Luke Skywalker, Padawan Odul d'Endor, au nom de mes frères, je vous salue, lança Jude Thaddée. Cela étant fait, permettez que j'entre dans le vif du sujet.

Bruissement d'étoffes au cœur de la salle froide et austère. Laissant Jude Thaddée dominer la salle de toute sa hauteur, un mètre quatre-vingt cinq pour le moins, les six autres se rassirent d'un même mouvement.

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Cette fiction est copyright Millereux Marie-Line.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.