Chapitre 4 : Retour sur terre


Sanctuaire, Grèce

Shaina houspillait sans pitié ses disciples, en partie pour les entraîner et en partie pour ne plus penser aux dangers que Kanon était certainement en train de braver. Elle enrageait à l'idée de rester au Sanctuaire à ne rien faire, même si elle savait qu'elle devait rester pour protéger Athéna.
Néanmoins, elle ne pouvait s'empêcher de penser avec amertume qu'elle n'était pas vraiment de taille a protéger efficacement Athéna. Elle ne se faisait pas d'illusions sur sa puissance, et elle savait très bien qu'elle était très loin d'égaler un chevalier d'Or. Le chevalier d'Ophiucus se sentait horriblement et ridiculement inutile...
Et elle se déchargeait de tout cela sur ses apprentis. Ce n'était sans doute pas très juste, mais après tout le but de l'entraînement était de repousser leurs limites ; donc plus il était dur, mieux c'était.

-Allons, du nerf ! s'écria-t-elle, frappant avec rudesse l'une des ses élèves qui ne faisait pas ses exercices assez vite. Il ne fallait pas qu'ils se croient en vacance, non plus !

Même si Shaina ne pouvait s'empêcher de penser que vu le temps qu'il leur restait avant qu'Arès se décide à lancer son offensive, ça n'était pas ces apprentis qui leur seraient d'un très grand secours. Ils seraient juste bons a se faire massacrer a la première escarmouche. C'était moche, mais c'était la guerre.
S'arrachant brusquement a ses pensées en percevant un cosmos familier s'approcher, elle se retourna vivement et s'agenouilla. Athéna, qui venait d'arriver, pouffa.

-Voyons, Shaina, pas tant de cérémonie ! En fait, avoua la déesse avec un sourire amusé et gêné tout à la fois, je m'ennuyais toute seule dans la salle du Pope, et je me suis dit que ça ne te gênerait pas que je vienne te tenir compagnie.
-Certainement, répondit respectueusement Shaina.
-Mais je t'en prie, continue sans faire attention a moi.

Shaina hocha la tête et se tourna vers ses apprentis, qui avaient profité de sa discussion avec Athéna pour relâcher quelque peu leurs efforts.

-Mais qu'est-ce que c'est que ce travail ? Bougez vous un peu ! C'est pas comme ça que vous deviendrez chevaliers !

En fait, songea-t-elle avec amertume, ils avaient plus de chances de mourir sous la dureté de l'entraînement que de gagner une armure et s'en aller glorieusement combattre les forces du mal...
La phrase cinglante de Shaina fit son effet, et aussitôt les apprentis se remirent à leurs exercices, malgré leur épuisement. Ils avaient trop peur de Shaina pour oser contester ses ordres.
La jeune femme ne cherchait pas à être aimée de ses apprentis, elle cherchait à en faire des chevaliers, de vrais chevaliers capables de se battre pour Athéna, et pas des lavettes qui se feraient dégommer au premier assaut. Et elle ferait tout ce qui était nécessaire pour arriver à ce but. Peu importait qu'ils la détestent ou qu'ils la maudissent, du moment qu'ils faisaient ce qui était nécessaire pour leur propre survie…
La mort de Cassios avait été une leçon certaine pour Shaina. Elle se souvenait très exactement des paroles prononcées par Seiya durant le combat qui l'avait opposé au disciple de Shaina pour gagner l'armure de Pégase.

" Tu n'as acquis que superficiellement la force des chevaliers. As-tu déjà senti l'univers en toi ? "

Longtemps après le combat qui avait coûté une oreille, son honneur et l'armure de Bronze a Cassios, Shaina avait été hantée par ces propos. Ils n'étaient que trop vrais…
Oui, Cassios avait une très grande force physique. Et cela avait abusé Shaina. Elle avait cru que Cassios comprenait le sens profond du Cosmos en le voyant faire des choses qu'un humain normal n'aurait pas du pouvoir faire. Comme elle s'était fourvoyée…
Cassios n'avait durant tout ce temps fait que augmenter sa force physique. Il n'avait jamais enflammé l'étincelle de Cosmos cachée au plus profond de son cœur. Et cela lui avait coûté la vie, en sus de l'armure de Pégase. Cela, Shaina aurait du le voir. Un tel aveuglement était indigne d'un chevalier d'Argent…
Sans doute était-il inutile de se faire des reproches, songea Shaina. Car même si la défaite de Cassios était de sa faute, que se serait-il passé si il avait remporté l'armure de Pégase et tué Seiya ?
Athéna serait morte. Poséidon et Hadès se seraient entre-déchirés pour la possession de la terre… Et les humains pour qui tant de Chevaliers sacrés étaient tombés auraient tous péri.
Si Seiya était destiné a gagner l'armure de Pégase, rien n'aurait pu l'en empêcher. Peut-être même pas un chevalier d'Or. Mais malgré tout, au fond d'elle-même, Shaina savait qu'elle avait été coupable de négligence envers Cassios. Et cela ne se reproduirait plus. Plus jamais.

-Allons, du nerf ! cingla-t-elle.

L'entraînement continua donc sans interruption sous le chaud soleil de Grèce durant toute l'heure suivante.

-Allons, faites un peu mieux que ça si vous voulez...

Mais soudain, Shaina s'interrompit et se figea. Elle sentait quelque chose, une présence puissante...
Un instant, elle caressa l'espoir que ce soit Kanon... mais elle fut vite détrompée. C'était une.... non, cinq présences inconnues.
Elle n'eut pas besoin de réfléchir pour savoir quoi faire. Elle se tourna vers ses disciples.

-Retournez a vos baraquement et n'en bougez sous aucun prétexte, lança-t-elle d'un ton sec et sans réplique.

Trop heureux d'avoir une occasion de se reposer, les apprentis se hâtèrent de disparaître avant qu'elle ne change d'avis.
A ce moment, Marine arriva en courant et s'arrêta, essoufflée, a coté de Shaina et Athéna.

-Vous avez senti ? demanda-t-elle d'une voix inquiète.

Shaina hocha la tête ; il était inutile de parler, toutes trois avaient senti la même chose.

-Restez derrière nous, Athéna, dit Shaina.


Ile sacrée, entrée du Sanctuaire

Cinq hommes se tenaient a l'entrée du Sanctuaire, d'ou ils pouvaient déjà apercevoir la première maison. Leurs auras, indéniablement puissantes, étaient perceptibles de loin. L'un d'eux prit la parole, d'une voix métallique avec quelques inflexions ironiques.

-Quand même, c'est pas pratique cette barrière protectrice, s'exclama Loki. On ne peut même pas se teleporter directement sur l'île sacrée !
-Raison de plus pour ne pas perdre de temps, répliqua un autre homme, celui que Ganymède avait nommé chef de l'expédition.

Loki fronça les sourcils ; il avait horreur de se faire donner des ordres par un subalterne. Mais il savait se contrôler et réfléchir ; Ganymède avait donné le commandement à cet imbécile d'Aléos du Mépris, il obéirait donc.

-Allons-y, fit il en souriant légèrement a l'idée de trancher la tête d'Athéna. Ou mieux encore, de regarder un des chevaliers d'Athéna s'en charger pour lui.

Les cinq hommes, Loki et Aléos en tête, s'avancèrent vers la première Maison. Mais alors qu'ils n'étaient plus qu'a quelques centaines de mètre, un groupe de gardes surgit.

-Plus un pas ! s'écria le premier. Vous vous trouvez sur les terres sacrées du Sanc...

Il n'eut jamais l'occasion de finir sa phrase. Un instant plus tard, lui et tous les autres étaient par terre, baignant dans leur propre sang. Ils n'avaient même pas vu ce qui les avait tués...

-Bon, maintenant que la vermine est éliminée on peut y aller, commenta Aléos. Je sens la présence d'Athéna par là-bas.


Sur l'aire d'entraînement.

-Ils arrivent, fit Shaina calmement malgré son appréhension.

Elle sentait clairement la puissance que dégageaient les cinq hommes. L'un d'eux en particulier dégageait une aura d'une force supérieure aux autres.

-Effectivement, répondit une voix inconnue, " ils " arrivent.

Shaina releva la tête en sursautant ; ils étaient déjà la ! Ils étaient donc plus rapides qu'elle ne l'avait pensé de prime abord.

-Athéna, dit l'un d'eux, nous avons été envoyés ici pour vous trancher la tête !

Athéna s'avança fièrement, et abaissa son regard sur l'inconnu.

-Et qui donc t'envoie me tuer ?
-Le seigneur Gan...

Il fut interrompu par l'un de ses hommes, le plus puissant des cinq.

-Imbécile ! Au lieu de réciter toute la chaîne de commandement occupe-toi plutôt d'aller droit au but !

Aléos grinça des dents, mais il ne pouvait pas se permettre de s'aliéner Loki. Aussi il se contenta de répondre d'une voix acide.

-Bah, de toute façon elles vont bientôt mourir.
-Te voilà bien sur de toi, intervint Marine avant que Loki n'ait le temps de répondre. Tu crois peut-être que nous allons nous laisser faire ?
-Ca ne changerait rien, répliqua Aléos avec une moue méprisante.

Loki s'avança d'un pas décidé.

-Je serais votre adversaire, déclara-t-il. J'ai envie de me défouler un peu, et les adversaires à ma hauteur ne sont pas très courants.
-Alors je serait celle qui te vaincra, fit Shaina en s'avançant.
-Soit, acquiesça le guerrier. Je suis Loki, Ephebe de la Jalousie, ajouta-t-il en exécutant une légère courbette. Qui es-tu, chevalier ?
-Shaina de l'Ophiucus. Par les Griffes du Tonnerre !

Shaina se jeta sur Loki a mach 15, elle s'était bien améliorée depuis quelques temps. Mais Loki évita son attaque sans la moindre difficulté apparente. Il rit de l'air étonné de Shaina.

-Voyons, que croyais-tu ? Qu'une attaque à mach 15 pouvait m'atteindre, moi qui maîtrise le Septiéme Sens ? Non, il faudra faire mieux que ça si tu veux vraiment me vaincre. Allons, réessaye si tu veux.

Shaina tremblait de rage sous les sarcasmes de son adversaire, elle était furieuse.

-Par les crochets du Cobra !

Une attaque rapide et parfaitement exécutée. Que Loki para sans le moindre mal. Il arbora un sourire carnassier face à la jeune femme.

-Bon, c'est très amusant mais je ne vais pas m'éterniser.

Loki se concentra, tout en se tenant prêt à parer toute attaque que Shaina tenterait de lancer contre lui, mais elle était plutôt occupée à se demander ce qu'il allait faire. Il commença à fouiller son passé, cherchant l'élément nécessaire a la réussite de son attaque.
Il n'eut pas à chercher bien loin, ce qu'il cherchait était visible comme une armure d'Or portée par un garde. Un sourire sardonique flotta sur ses lèvres tandis qu'il lançait son offensive.

-Emprise mentale !

Shaina ne vit même pas le mouvement de l'Ephebe. Stupéfaite, elle se retourna ; il était derrière elle...
Mais elle ne sentait rien ! Que lui avait donc fait son attaque ? Il était exclu d'espérer qu'il l'avait ratée, évidemment. Ou alors était-ce du bluff ?
Mais soudain, Shaina se tendit alors qu'une réaction étrange s'enchaînait dans son cerveau.
De son coté, Loki observait avec intérêt la réaction de la jeune femme.
Ses pupilles s'étrécirent, alors que les muscles de son visage se contractaient. Une expression de haine incommensurable apparut sur ses traits, et elle devint comme folle. Son poing se serra convulsivement tandis qu'elle se tournait vers la déesse qu'elle avait juré de protéger. Athéna...

-Shai…Shaina ? demanda cette dernière, déroutée. Qu'y a-t-il, que t'a-t'il fait ?
-ATHENA ! hurla Shaina avec haine.

Elle était folle de rage, ça se voyait.

-ATHENA ! SOIS MAUDITE !

Saori recula, stupéfaite par le comportement de son chevalier. Qu'est-ce qui lui prenait ?

-SALOOOOOOOOOOOOPE ! PETASSE !

Shaina enchaînait insulte sur insulte, elle ne se contrôlait plus.

-TU M'AS VOLE MON SEIYA !

Quoi ? alors la, celle-la c'était la meilleure, elle avait fait quoi ? C'était Seiya qui avait décidé de l'aimer, c'était pas comme si elle l'avait obligé !

-JE TE HAIS !

Mais bon sang, qu'est-ce que ce Loki avait fait a Shaina ?
Loki. L'Ephebe de la Jalousie...
Soudain tout s'éclaira dans l'esprit d'Athéna. Alors c'était ça son attaque...
Hors d'elle, Shaina se jeta sur Athéna sans lui laisser l'opportunité de réfléchir davantage.


Château d'Hadès, Allemagne

Mu émergeait lentement des limbes ou il avait cru errer a jamais. Peu a peu, les sensations revenaient à son corps engourdi et il prenait conscience de l'endroit ou il se trouvait.
Le sol sous son corps était dur et froid. Lentement, le chevalier du Bélier se décida a ouvrir les yeux. Il du les refermer aussitôt, la lumière étant trop forte et trop soudaine. Il attendit quelques instants que ses yeux s'habituent a la lumière ambiante, et enfin pu contempler l'endroit ou il se trouvait.
Ce qu'il vit en premier ne lui indiqua rien de spécial ; des murs de pierre, un ciel bleu et sans nuage, malgré un temps relativement frais. Mais petit a petit il en vint a reconnaître les lieux ; le château d'Hadès. Donc, il se trouvait sur terre...
Mu se redressa lentement. Avec un certain étonnement, il regarda ses mains, puis son corps. Il n'avait aucune blessure, pas même des cicatrices. Comment était-ce possible ?
En admettant qu'il ait survécu à l'explosion du mur des Lamentations, ce qui était impossible, comment se faisait-il qu'il se retrouve sur terre, sans aucune blessure apparente ?
Non, vraiment, il y avait bien trop de mystères dans tout cela. Le chevalier du Bélier regarda encore une fois autour de lui, et cette fois, il vit un homme brun, qui souriait légèrement. Mu le reconnut aussitôt ; Rhadamanthe...

-Eh bien, dit le Spectre sur son habituel ton ironique, je vois que tu es réveillé. Ce n'est pas trop tôt.

Rhadamanthe regarda avec amusement le regard ébahi que lui jetait le chevalier du Bélier. Mu ne savait pas trop quoi dire. Cela devenait franchement extraordinaire ; il était vivant alors qu'il aurait du être mort, il se retrouvait sur terre alors qu'il aurait du être aux Enfers, ou du moins dans ce qui en restait, et Rhadamanthe le regardait en souriant alors qu'il aurait logiquement du être mort.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? s'enquit Mu. Je me souviens avoir détruit le mur des lamentations avec les onze autres chevaliers d'Or, mais rien d'autre.

Rhadamanthe sourit encore plus.

-Je vous donnerait a tous les douze une explication, dès que tous auront repris conscience. Je ne tiens pas a me répéter douze fois.

Mu acquiesça et se tourna vers ses frères d'Or pour voir ce qu'il pouvait faire pour eux.


Sanctuaire

Shaina se déchaînait sur Athéna, sa force avait étonnement augmenté, comme si la colère qu'elle déchaînait lui apportait de nouvelles forces. Mais Athéna, bien que surprise par ce comportement blasphématoire était quand même une déesse ; elle n 'aimait pas utiliser ses pouvoirs, mais aucun chevalier n'était de taille a lui tenir tête.
Néanmoins, elle ne voulait pas faire de mal a Shaina qui s'était tant de fois sacrifiée pour sauver Seiya, aussi se contentait-elle d'éviter les coups. Toutefois, cela ne pouvait pas continuer ainsi trop longtemps.
Soudain, Marine, reprenant ses esprits, s'avança d'un bond et se plaça entre Shaina et Athéna. Elle ne pouvait pas permettre que Shaina fasse ne serait-ce que lever la main sur Athéna ; aucun chevalier ne pouvait permettre cela d'un autre chevalier, si proches soient-ils.

-Par le Météore !

Mais Shaina l'évita sans peine ; sa puissance avait beaucoup augmenté. Désemparée, Marine se mit en garde, mais Shaina l'ignora. Seule lui importait Athéna, cette salope qui avait joué avec le cœur de Seiya, qui le lui avait pris…
Loki observait la scène avec un grand sourire. Non qu'il crut que Shaina puisse vraiment tuer Athéna, mais la scène avait un petit quelque chose de comique.
L'Ephebe sentait la confusion des sentiments d'Athéna, la haine et la rage émanant de Shaina, et la peur et l'incompréhension de Marine, qui, a force de se placer devant Athéna, avait commencé un sérieux combat avec le chevalier d'Ophiucus. Il aurait pu arrêter tout ça la en intervenant et en tranchant la tête d'Athéna, mais il décida de jouir du spectacle un peu plus longtemps. Après tout il n'avait pas l'occasion de s'amuser tous les jours, il méritait bien ce petit moment de détente…
Mais soudain, interrompant le combat, un cri retentit, un cri de jeune fille. Seules Marine et Shaina continuèrent à se battre, car l'effet de l'attaque de Loki ne s'était pas dissipé.

-Arrêtez ! Arrêtez, je vous en prie ! Mais qu'est-ce qui se passe ?

Une adolescente aux longs cheveux roux courait vers eux, et elle s'arrêta, à bout de souffle, à coté d'Athéna. Son visage découvert montrait qu'elle n'était pas chevalier, et du reste elle ne dégageait aucun cosmos particulier.

-Seika ! s'exclama Athéna. Ne reste pas la !

Mais loin de l'écouter, la jeune fille fit face aux assaillants. Toutefois, il n'y avait nulle provocation dans son attitude, seulement de l'incompréhension.

-Attendez ! Vous ne pouvez pas lui faire de mal ! La déesse Athéna protége la terre !

Aléos la regarda avec autant de mépris qu'il pouvait, donc... beaucoup.

-Dégage, fillette, grogna-t-il. Tu n'es même pas chevalier !

Mais Seika ne bougeait pas, désorientée. Elle avait été élevée dans l'amour de toutes choses, après sa fugue de l'orphelinat. Elle ne comprenait pas tous ces gens, qui voulaient toujours détruire la terre. C'était tellement plus agréable, de vivre en profitant de la beauté alentours, avec les petites joies et déceptions qui faisaient le quotidien de la plupart des humains... Pourquoi désirer plus ?

-Tu m'énerves ! s'exclama Aléos. Allez, disparais ! Cosmic Wave !

Son attaque fila a une vitesse impressionnante vers la sœur de Seiya, impuissante a se protéger. Elle allait mourir, avant même de retrouver son cher frére...
Toutefois, le coup ne l'atteignit jamais, car Loki s'interposa d'un bond, la protégeant de son cosmos. Elle le regarda, étonnée.

-Pourquoi...

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus, le choc de l'attaque d'Aléos fut tel qu'elle s'évanouit. Loki, qui avait mis un genou a terre sous la puissance de l'attaque lancée a bout portant, se redressa, la jeune fille dans ses bras. Aléos écumait de rage.

-Loki ! Je suis ton supérieur ! Comment oses-tu protéger cette fille ? Une alliée de nos ennemis, en plus ! C'est le seigneur Ganymède qui va être content, tiens ! Et comptes sur moi pour lui en parler, espèce de traître !

Loki le foudroya du regard, et la température baissa de quelques degrés.

-Elle est inoffensive. Je n'ai pas l'habitude de massacrer inutilement des innocents, Aléos. Tu diras ce que tu voudras au seigneur Ganymède, mais tu ne toucheras pas à cette fille.

L'Ephebe du Mépris bouillait de rage, mais il savait ne rien pouvoir faire. Loki était plus puissant que lui. En fait, c'était surtout pour ça qu'Aléos avait demandé a l'avoir avec lui pour cette mission ; pour pouvoir l'avoir, rien qu'une fois, sous ses ordres et l'humilier un bon coup...

-On en reparlera, Loki, gronda-t-il en essayant de sauver les derniers lambeaux de sa dignité. Bon, ça suffit, on va pas attendre le déluge, on est ici pour tuer Athéna je vous le rappelle !

Il se jeta dans la mêlée, décidé a ramener une tête affublée d'une masse de cheveux violets au seigneur Ganymède. Après ça il monterait certainement en grade, et il ferait ravaler tous ses sarcasmes à ce crétin de Loki, tiens !
Il leva le bras, bien près à porter un coup violent qui séparerait du reste du corps cette tête haie par sa majesté Héra.

-Tu vas mourir, Athéna ! hurla-t-il, porté par son ambition et sa loyauté envers l'épouse de Zeus.

Sa voix était pleine d'une exultation sauvage. Il se jeta en avant et porta plusieurs coups.
Athéna avait beau être une déesse, son cosmos par sa nature même n'était pas offensif. Elle avait peur de détruire en partie la planète si elle laissait apparaître toute sa puissance en une seule attaque. Cela n'aurait pas seulement été horrible, cela aurait aussi été une trahison envers les centaines de générations de chevaliers morts pour protéger la planète, tous ces chevaliers à qui elle interdisait d'utiliser l'Athéna Exclamation…
Aussi préféra-t-elle se laisser frapper plutôt que de contre-attaquer. Et Aléos s'en donna a cœur joie, aidé par ses hommes (moins Loki), qui s'étaient joints à lui. Shaina était occupée a envoyer baffe sur baffe à Marine et ne faisait pas attention a eux, Loki avait haussé les épaules et s'était assis a l'écart, rien ne pouvait l'empêcher de goûter son triomphe…
Regardant la scène, confortablement installé, l'Ephebe de la Jalousie laissait faire les sous-fifres, peu enclin à se battre contre une femme seule, même si elle était une déesse, et qui de surcroît ne se défendait pas. Contrairement à Aléos, il n'avait pas perdu son sens de l'honneur.

Etant le seul à ne pas participer au combat, il fut aussi le premier à percevoir cette énergie lointaine. D'abord, il n'y prêta pas attention. Mais, comme elle se faisait de plus en plus présente, il fronça les sourcils et étendit ses perceptions.
Ce qu'il ressentit lui laissa une impression de malaise. Le cosmos qui approchait était trop puissant. Il ressemblait davantage a celui d'un chevalier d'Or qu'a autre chose, mais il y avait un petit quelque chose en plus, une sorte d'anomalie. Une aura divine entourait le nouveau venu. C'était… déconcertant.
Restant sur ses gardes, Loki attendit. Et, à vrai dire, il n'eut pas à attendre longtemps…
Au moment où Aléos levait le bras pour enfin assener le coup de grâce, il retira sa main avec un cri de douleur, de surprise et de rage.

-Mais qu'est-ce que… s'exclama-t-il.

Des plumes orangées étaient profondément plantées dans sa main, et un filet de sang commença à couler sur le sol. Pas très loin, une lueur d'un rouge feu se mit à briller. Puis apparut dedans une forme sombre qui contrastait avec la couleur éclatante de ce cosmos. Enfin, l'aura de feu s'éteignit et tous les personnages présents purent voir l'homme qui venait d'arriver. Pour certain d'entre eux, son visage était familier…

-Quel courage, lâcha-t-il avec mépris. A quatre sur une femme qui ne se défend même pas ! J'en reste béat d'admiration…
-Qui es-tu ? hurla Aléos, frustré de voir Athéna lui échapper, et outragé des sarcasmes de cet homme.

L'inconnu sourit.

-Je suis Ikki, chevalier Divin du Phénix. Et toi, tu ne vivras pas assez longtemps pour te présenter. Phénix, donne la mort !

Sur ses derniers mots, Ikki avait augmenté sa puissance et lancé son attaque.
Objectivement parlant, Aléos n'avait pas la moindre chance. Si il avait possédé davantage de matière grise dans sa boite crânienne décidément trop légère, il se serait enfuit et aurait peut-être réussi à sauver sa peau, songea Loki. Et même si Aléos avait choisi de faire ça, Loki lui aurait accordé une chance sur dix milliards d'en sortir vivant. En étant généreux.
Mais Aléos était trop fier ou trop stupide pour fuir, et il fit face avec les trois autres. Ils se prirent l'attaque d'Ikki de plein fouet…
Lorsque la poussière fut un peu retombée, il ne restait plus la moindre trace d'Ephebe prés d'Athéna. Pas même des cendres. Parmi les assaillants, seul Loki était encore en vie.
Phénix se tourna vers lui.

-A ton tour, fit-il. A moins que tu ne veuille supplier ma clémence ?

Un mince sourire se dessina sur les lèvres de l'Ephebe. Depuis le temps qu'il attendait ça… Enfin, un combat a sa hauteur… Enfin, un adversaire digne de ce nom…
Dans le combat qui s'amorçait, Loki ne pouvait pas perdre. Si il gagnait, Héra serait heureuse, et le seigneur Ganymède serait satisfait. Et si il était vaincu, il aurait la joie de perdre de la vie dans un magnifique combat.

-Je suis prêt à me battre, Phénix. Et tu t'apercevras que je ne suis pas aussi facile a vaincre que ces quatre imbéciles.
-Parfait, acquiesça le Phénix, j'ai bien besoin d'un peu d'exercice.
-Moi aussi. Alors essaie de parer ça ! Emprise Mentale.

Le ton de l'Ephebe n'avait pas changé, on eut dit qu'il avait parlé du temps qu'il faisait en Grèce et non pas qu'il venait de lancer une attaque mortelle…
Ikki se figea ; il fronça les sourcils, l'esprit confus. Qu'est-ce qu'il devait faire, déjà ? Il ne réussissait plus à s'en souvenir… Et que faisait-il ici, d'abord ? Qu'est-ce que c'était que ce bordel ?
Le Phénix ne comprenait plus rien. Il y avait un truc bizarre…Etrangement, il commençait a se mettre en colère contre Athéna. Après tout, ça commençait à bien faire ! Ikki en avait marre de la sauver, tout ça pour des prunes. Elle jouait les sauveuses de la terre, mais sans elles les cinq chevaliers de Bronze s'en seraient quand même mieux tirés. Il fallait toujours la sauver, toujours se battre tout ça parce que madame n'aimait pas la violence et ne voulait pas se salir les mains… Eh bien maintenant il y en avait marre. Qu'elle se débrouille toute seule, tiens, ça lui ferait les pieds.
Satisfait, Loki souriait. Ses attaques étaient toujours aussi efficaces… Il aurait quand même cru avoir plus de difficultés avec un chevalier Divin, mais il n'allait pas se plaindre !
Mais soudainement, Ikki sursauta. Mais qu'est-ce qu'il pensait ?! Il n'allait pas laisser Saori seule avec cet inconnu.

-Beau coup, admira-t-il en connaisseur. A qui ai-je l'honneur ?
-Loki, Ephebe de la jalousie, répondit ce dernier en s'inclinant légèrement avec courtoisie. Enchanté.
-Tout le plaisir est pour moi.
-Je t'en prie.
-Merci bien.
-De rien.
-OUI BON C'EST PAS BIENTOT FINI VOS MANIERES MONDAINES ??!! JE VOUS RAPPELLE QU'ON EST CENSES SE BATTRE LA !!!!! s'exclama Shaina, en perdant patience ; l'influence qu'exerçait Loki avait pris fin au moment ou il avait lancé son offensive sur Ikki, probablement parce qu'il voulait garder toute sa concentration. Et s'être ainsi fait humilier mettait Shaina de mauvaise humeur. De très mauvaise humeur.

Loki lui adressa un sourire charmeur.

-Voyons, nous ne sommes pas pressés, susurra-t-il.
-On n'est jamais pressé d'aller en enfer, railla Shaina.
-N'aie crainte, rétorqua Loki sans perdre son sourire, les enfers je connais. Tu ne peux pas en dire autant, il me semble, alors ne parle pas avec légèreté de ce que tu ne connais pas. Allons, en garde, Phénix ! PAR L'ONDE SONIQUE !

Une déflagration surpuissante retentit aussitôt, faisant valser la plupart des personnes présentes. Shaina et Marine furent emportées comme des fétus de paille ; Athéna parvint a se protéger a temps, mais Ikki, même si il ne tomba pas, fut projeté a plusieurs mètres. Sonné, le chevalier leva un regard un peu vitreux vers Loki ; ce dernier bougea les lèvres mais Ikki n'entendit rien. Tout, autour de lui, semblait étouffé et lointain.
Le Phénix sentit un liquide chaud couler le long de ses joues ; passant les doigts sur son visage, il les en retira couverts de sang.
Mes tympans ont du lâcher sous l'impact, songea le chevalier. Tant pis, j'ai vaincu Shaka sans l'aide de mes cinq sens, je viendrais bien a bout de cet éphebe sans mon ouïe. Mon cosmos n'en sera que plus intense.
Il se redressa, et, sans perdre de temps, lança son offensive.

-PHENIX, DONNE LA MORT !

Le résultat fut plutôt décevant, du moins du point de vue d'Ikki ; Loki fut projeté en arrière de plusieurs mètres, et du mettre un genou en terre sous l'impact. Il semblait sonné par la puissance du chevalier Divin, mais il était encore en vie, et en possession de ses moyens. C'était assez impressionnant, Ikki sentait en lui un adversaire a sa hauteur, mais il était quand même un chevalier Divin, il frôlait le neuvième Sens même si il ne le maîtrisait pas encore et qu'il n'avait pas tout à fait récupéré de son séjour en Elision. Objectivement parlant, Loki était presque sur d'échouer. Toutefois, le Phénix avait trop souvent accompli des miracles pour sous-estimer son adversaire.

-Impressionnant, lâcha-t-il, et il s'entendit presque.

Ses tympans commençaient a revenir peu a peu a un état plus satisfaisant.
Loki ne répondit pas, il avait le souffle court et il se redressa avec quelques difficultés. Les deux adversaires se considérèrent quelques secondes en chiens de faïence, puis Loki intensifia son Cosmos. Ikki fit de même, et leurs fantastiques aura illuminèrent les lieux du combat. Leur attaque fut envoyée simultanément par les deux guerriers.

-PAR LES AILES DU PHENIX !
-DEATH WINGS !

D'une rapidité terrifiante, le Phenix parvint à esquiver à demi l'attaque et a paré l'autre moitié. Loki n'eut pas cette chance ; l'attaque d'Ikki l'atteignit de plein fouet, et il fut envoyé dix mètres plus loin. Il ne se releva pas.
Ikki, qui était quand même tombé à genoux, se releva et s'avança vers son adversaire. Ce dernier était étendu, à moitié assommé, en piètre état. Du sang coulait au coin de ses lèvres, sa protection était fendillée et on pouvait voir du sang tacher ses vêtements. Ikki leva les mains, prêt a lui porter le coup de grâce. Cet homme, malgré son courage et ses indéniables talents de guerriers, était un adversaire d'Athéna, et par conséquent il devait mourir.
Loki frémit et ouvrit les yeux ; il lutta pour se relever. Ikki le regarda, reconnaissant dans sa détermination la même qui l'avait animé, lui et ses frères, la détermination du guerrier qui se bat pour une cause qu'il croit juste.
Néanmoins, il n'avait aucune chance.
La montée en puissance des cinq chevaliers Divins avait été graduelle ; après s'être affronté entre eux, durant le tournoi galactique, ils avaient combattu des chevaliers d'Argent, puis des chevaliers d'Or. Ensuite, ils avaient du faire face à des généraux, des guerriers Divins, des Spectres, puis des demi-dieux. Si ils avaient combattu directement Hypnos et Thanatos, ils auraient été tué dés le premier coup. Et c'était ce qui attendait Loki, malgré tout son courage et sa détermination. Il avait voulu tuer Athéna, Ikki n'hésiterait pas à lui porter un coup fatal.
Toutes ces choses, l'Ephebe les avait comprises en même temps que le Phénix, et pourtant, tout espoir perdu, il continuait a lutter. Pour la troisième fois seulement dans sa vie, Ikki regretta de devoir accomplir son devoir. La première fois, ça avait été quand il avait du tuer Mime, et la deuxième lorsqu'il avait cru avoir a exécuter Shun...

-Non ! Attendez !

Le chevalier Divin se figea, stupéfait. Qui osait l'interrompre ?

La jeune fille qui s'élançait vers lui n'avait rien de particulier ; elle était simplement vêtue, avait de longs cheveux roux qui lui retombaient sur les épaules, et son visage était doux et avenant, sans être d'une beauté extraordinaire. Mais quelque chose, dans son attitude, son grand regard brun rappelait quelque chose à Ikki.

-Seika ! s'exclama Marine. Recules-toi, voyons !
-Seika ! s'exclama le chevalier Divin. Tu es la sœur de Seiya ?
-Je... oui, répondit l'adolescente, sans comprendre pourquoi cela causait tant d'émotion à ce chevalier qu'elle ne connaissait pas et n'avait même jamais vu. N'étant au Sanctuaire que depuis peu de temps, personne n'avait songé à lui parler des demi-frères de Seiya - et, par conséquent, les siens aussi.
-Mais, reprit Ikki, sans comprendre, pourquoi veux-tu que je l'épargne ? Il aurait tué Athéna.
-Mais, dit doucement Seika, malgré les signes frénétiques de Loki qui essayait de la faire taire, il m'a sauvé la vie.

L'Ephebe secoua la tête d'un air accablé. Ikki lui lança un regard surpris.

-Comment ça ?
-L'autre, celui que vous avez... tué... alors qu'il s'attaquait a Athéna, il a essayé de me faire du mal, mais lui il m'a protégée, il lui a interdit de s'attaquer à moi. Je vous en prie, supplia-t-elle, ne lui faites pas de mal !
-Ca suffit, coupa Loki. Ce que je fais ne regarde que moi. Phénix, je suis prêt à me battre. Ne regarde pas... Seika.

Le Phénix hésita. Il ne voyait plus en Loki un simple ennemi anonyme ; il avait assez d'honneur pour sauver une innocente, assez de sensibilité pour lui intimer de ne pas le regarder mourir. Il devenait de plus en plus difficile de le tuer.
Finalement il eut un léger rire et abaissa son bras.

-Je ne te tuerai pas. Ne considère pas cela comme un déshonneur, Ephebe. La prochaine fois que nous nous affronterons, tu n'auras à attendre aucune pitié de ma part. Mais une vie en vaut une autre, nous sommes quitte.

Loki redressa la tête, autant qu'il en était capable dans son état.

-La prochaine fois, Phénix, la victoire ne sera pas tienne si facilement. Nous nous reverrons, comptes sur moi.

Il se détourna, après avoir salué Athéna (c'était quand même une déesse) et s'apprêta a partir. Mais Seika s'écria :

-Attendez !

Elle s'avança vers lui et lui murmura quelque chose qu'Ikki ne comprit pas. L'Ephebe sourit, caressa la joue de la jeune fille et lui murmura quelques mots avant de partir pour de bon. Athéna secoua la tête en souriant, elle devinait plus de choses qu'elle n'en voyait...
Ikki se tourna vers Athéna.

-Vous allez bien ?
-Oui, grâce a toi... Ikki, comment se fait-il que tu sois en vie ? Les autres... ils sont vivants, eux aussi ?

Le regard d'Ikki s'assombrit, et il détourna la tête.

-Je n'en sais rien. Je suis revenu déjà plusieurs fois de l'enfer... Mais j'ignore ce qui leur est arrivé. Je...

Mais Ikki fut interrompu par une sorte de vibration, qui s'intensifia en crescendo avant de disparaître, et un homme qu'il ne connaissait pas apparut, entouré de plusieurs urnes. Ikki les considéra, ébahi.

-Mais... ce sont...
-Les armures d'Or, annonça l'inconnu.
-Mais... balbutia Ikki, pris au dépourvu. Qui es-tu ?
-Hum, j'ai oublié de me présenter...Myrtilos de la Pince Céleste, au service d'Hephaistos. Comme convenu, je rapporte les armures d'Or, en parfait état, en fait elles sont même plus puissantes.
-Comme convenu ? répéta Ikki, tout a fait largué.

Mais Athéna s'avança, elle souriait.

-Je te remercie, Myrtilos. Kanon m'a parlé de toi.
-Kanon ? ! ! s'exclama Ikki. Il est en vie ?
-Je t'expliquerai, promit Athéna.
-Excusez moi, fit Myrtilos, je ne peux pas rester. Avec votre permission...
-Oui, bien sur, répondit gentiment la déesse. Transmet mes amitiés à ton maître, et dis lui que je lui suis très reconnaissante et que je n'oublierai pas ses bienfaits.
-Je n'y manquerait pas, répondit gracieusement Myrtilos, et il se téléporta. Ikki regarda fixement l'endroit qu'il occupait la seconde d'avant, un peu dépassé par tout ce qui se passait. Il était revenu à la vie peu de temps auparavant, c'était déconcertant. Tant de choses semblaient s'étre passées durant son absence...
-Donc, Kanon est vivant ?
-Ce qui me surprend, c'est que toi tu le sois, Phénix, lâcha une voix juste derrière lui.

Tous se retournèrent ; Kanon était la, bien vivant et apparemment en bonne santé. La seule à ne pas être surprise était Athéna, elle avait senti son cosmos revenir des Enfers, mais l'arrivée de Myrtilos avait distrait les autres, qui ne s'étaient rendus compte de rien.

-Vous allez bien ? demanda le Grand Pope avec sollicitude.
-Oui, je te remercie, grâce à Ikki.

Les deux chevaliers se firent face, et Ikki sourit.

-Je suis heureux de te voir, Kanon.

Ce dernier soupira discrètement de soulagement, ça commençait plutôt bien.

-Nous verrons ça plus tard, dit Athéna, anxieuse, quels sont les résultats de ta mission, Grand pope ?

En utilisant le titre de chevalier elle faisait comprendre à tout le monde qu'elle souhaitait parler sérieusement avant de se permettre des retrouvailles.

-C'est un succès mitigé, répondit Kanon. Perséphone ne vous apprécie guère, mais j'ai pu la convaincre de ressusciter les chevaliers d'Or.
-C'est parfait ! s'exclama Athéna, joyeuse. Grâce au Misopethamenos, je pourrait les faire revenir a la vie définitivement !
-Par contre, il n'y avait aucune trace des chevaliers Divins aux Enfers, lâcha Kanon, lugubre.
Pour le coup, la déesse perdit son sourire. Si les chevaliers Divins n'étaient pas aux Enfers, cela ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose ; ils avaient définitivement disparus, leur âme n'était plus, la où ils avaient été il n'y avait plus que le néant...


Château d'Hadès, Allemagne

Les douze chevaliers d'Or, l'élite des Saints d'Athéna, étaient assis à coté de l'un de leur plus farouches ennemis. Rhadamanthe du Wyvern, le juge des Enfers, souriait, ravi de son petit effet.

-Bien, fit Saga. Je crois parler au nom de tous en te demandant des explications, Rhadamanthe.
-Je ne comprends pas en particulier une chose, dit Shaka. Comment se fait-il que les perles de mon chapelet aient toutes changé de couleur, alors qu'il restait un Spectre vivant, en l'occurrence toi ?
-Il y a une explication a ceci comme a tout le reste, dit tranquillement Rhadamanthe qui faisait patienter les Saints avec un plaisir sadique. Laissez moi parler, et vous allez comprendre... Sans doute savez-vous que Gemini s'était sacrifié pour essayer de me tuer. Toutefois, il a compris que c'était un sacrifice inutile, qu'il ne parviendrait pas a m'emmener avec lui dans la mort, et il nous a projeté dans une autre dimension.
-Ah... murmura Shaka, qui venait de comprendre.
-Précisément, fit Rhadamanthe. Etant dans une autre dimension, je n'étais plus soumis aux lois de ce monde, et la perle qui me représentait sur le chapelet a viré au noir. Mais si tu avais gardé ton chapelet, chevalier de la Vierge, tu aurais vu la perle redevenir blanche quand nous sommes revenus dans ce monde.
-Donc, Kanon est vivant ? demanda Saga, osant a peine y croire.
-La dernière fois que je l'ai vu, il allait bien, rétorqua le Spectre en haussant les épaules. Quand à dire si c'est toujours le cas... Enfin, donc nous sommes arrivé dans le palais du Grand Pope, ça m'a permis de visiter un peu d'ailleurs... Et je suis parti. Malheureusement, je suis arrivé trop tard pour changer le cours de la bataille...
-Tout est une question de point de vue, marmonna Milo.
-... et je suis resté au service de sa majesté Perséphone, acheva Rhadamanthe, dédaignant l'interruption.
-Mais comment se fait-il que nous soyons vivants ? questionna Mu.
-Vous le devez à Kanon. Il est descendu aux Enfers pour demander audience a sa Majesté, et il a obtenu d'elle qu'elle vous ressuscite pour une durée de douze heure.
-Douze heures ? ! s'exclama Saga, qui n'avait pas pensé à ça. Alors, nous devons retourner au Sanctuaire le plus vite possible !
-Vous faites ce que vous voulez, répondit Rhadamanthe en haussant les épaules. Moi, je vous laisse, j'ai à faire.
-Nous nous reverrons peut-étre bientôt, fit Saga qui songeait aux quelques heures qui leur restait.

Rhadamanthe eut un vague geste de la main et disparut.
Les chevaliers d'Or s'entre-regardèrent.

-Bon, on ferait bien de retourner tout de suite au Sanctuaire, commença Mu, et...

Mais Milo l'interrompit.

-Une minute ! Dites-moi, là-bas, ce ne serait pas...

Les douze chevaliers se tournèrent dans la direction qu'il indiquait, et ouvrirent de grands yeux ; les cinq chevaliers de Bronze étaient étendus sur le sol, tous en piètre état. Non loin de la, Kiki faisait la sieste, adossé à un gros bloc de pierre.

-Bah, laissons les la, fit Saga, Kiki les ramènera. Allez, on y va !

Ils furent au Sanctuaire en un tour de main, grâce aux capacités psychokinétiques combinées de Saga, Mu et Shaka ; en fait, ils atterrirent juste devant la première des Douze maisons. Athéna et quelques chevaliers étaient tous non loin de la, occupés a discuter avec animation ; ils tournèrent la tête en percevant l'immense énergie des Douze Gardiens.
Pendant une seconde, personne ne bougea ; puis les chevaliers, s'avancèrent et s'agenouillèrent devant Athéna, solennels. Saga releva la tête et annonça :

-Déesse Athéna, nous sommes de retour, prêts à vous servir.
-Relevez vous, dit Athéna qui pleurait ouvertement de joie.

Elle avait cru ne jamais les revoir, elle avait eu si peur sans eux... Ses chevaliers, fidèles au delà de la mort, elle les aimait profondément. La déesse, oubliant son statut, les étreignit tous. Marine couvrait Aiolia de baisers, Shaina souriait sous son masque, même Seika était contente, ses parents adoptifs lui avaient parlé des chevaliers d'Athéna et les lui avaient décrit comme des héros. Avec eux, elle se sentait en sécurité.
Puis le silence se fit ; Saga et Kanon se faisaient face, de parfaits reflets, bien que l'un portât une armure d'Or et l'autre, de vieux vêtements déchirés. Leur visage de marbre ne laissait rien deviner de leurs sentiments ; tout le monde attendit en silence, et personne ne savait vraiment si ils allaient se pardonner mutuellement ou si ils allaient s'entre-tuer...
Saga sourit, et ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, se donnant une étreinte fraternelle. Cela ne dura que quelques secondes, le temps qu'ils reprennent contenance, et chacun détourna discrètement les yeux.
Enfin, lorsque tous eurent goûté la joie des retrouvailles, le calme se fit ; il était temps de passer a des choses plus sérieuses.

-Athéna, je me demandais... risqua Mu. Pour les armures...
-Il n'y a aucun problème, répondit Athéna, qui se sentait les épaules moins lourdes, elles ont été réparées par le Seigneur Hephaistos. J'ai demandé aux chevaliers d'Argent de les mettre dans vos Maisons respectives.

Saga regarda gravement son frère.

-Kanon, je... je pense que tu es le digne porteur de l'armure des Gémeaux.

Le Grand Pope savait ce qu'il coûtait a Saga de renoncer ainsi a l'armure, a son statut de chevalier, et il lui sourit chaleureusement.

-Saga, nous sommes tous deux chevaliers des Gémeaux, si Athéna le veut, répondit-il. Va donc voir dans le Troisième Temple.

Saga le regarda un moment, ébahi, puis s'élança vers les escaliers. Il revint deux minutes plus tard, un grand sourire se voyait sur son visage, et l'armure des Gémeaux étincelait de mille feux.

-Mon frère, je ne sais pas comment tu as fait, mais c'est le plus beau cadeau que j'ai jamais reçu ! s'exclama-t-il.

Ils se souriaient, maintenant plus personne n'aurait su dire qui était Kanon et qui était Saga.
D'un geste, Athéna réclama le silence, et tous se tournèrent vers elle.

-Il n'y a pas de temps a perdre, chevaliers. Peut-être savez vous que vous n'avez été ressuscités que pour douze heures ?

Les Saints s'entre-regardèrent, les paroles de Rhadamanthe résonnaient encore sinistrement a leurs oreilles.

-Mais je peux vous ressusciter entièrement, grâce au misopethamenos. Je vais donc vous confier ce secret gardé des Dieux...

Athéna leur faisait là un magnifique cadeau, les chevaliers s'en rendaient compte. Ils ne pouvaient la remercier par des mots, mais ils lui prouveraient lors des batailles qui s'ensuivraient...

-Regroupez vous autour de moi, commanda Athéna, il ne faut pas perdre de temps.

Ils formèrent un cercle autour d'elle, tout comme leurs constellation se trouvaient tout autour du soleil, et leur cosmos s'enflamma d'un seul coup, les nimbant d'une lueur dorée qui faisait presque de l'ombre au soleil.
Ils restèrent ainsi peut-être cinq minutes, puis, doucement, leur cosmos s'éteignit, et ils se séparèrent.
Kanon ressentait maintenant un sentiment de plénitude qu'il percevait en lui pour la première fois. Il avait fait ce qu'il devait faire...
Si il avait du mourir maintenant, il n'aurait éprouvé aucun regret.


Sanctuaire, Grèce, la nuit suivante

La nuit était tombée sur le Sanctuaire, les étoiles brillaient plus que jamais dans le ciel, et tout le monde était heureux malgré leurs craintes pour l'avenir. Jabu et les autres avaient été ramenés par Kiki, ils étaient a l'infirmerie, quand à l'apprenti de Mu il s'était trouvé un coin ou dormir dans la maison du Bélier. Certains chevaliers en avaient rejoint d'autre, en fonction de leurs amitiés. Ainsi, Aioros était tranquillement assis sur le parvis de son Temple lorsqu'il entendit des bruits de pas. Il reconnut immédiatement la personne qui venait vers lui, la dernière qu'il avait vue avant de mourir...
Shura s'avança d'un air hésitant, il redoutait la réaction de son meilleur ami.

-Assieds-toi, dit Aioros après un moment de silence.
-Merci, fit le Capricorne en s'exécutant.

Un lourd silence retomba entre eux, ils avaient des choses a se dire mais ne savaient pas trop par où commencer.

-Aioros, je voulais te dire... commença Shura, hésitant.

Aioros ne l'interrompit pas, il était prêt à l'écouter.

-Il faut que tu saches... je... je m'excuse de t'avoir tué.

Que ces mots étaient risibles, songea Shura avec amertume. " Oh, excuse moi, je t'ai tué, sans rancune ? " Non, c'était ridicule...
Il s'attendait presque à se faire massacrer sur place par le Gardien du Neuvième Temple.

-Shura... commença Aioros. Tu croyais servir Athéna, en t'attaquant a moi, et c'est très important à mes yeux. J'ai vu que tu était capable de tout pour notre déesse, et ça c'est bien. Mais... J'aurais préféré que tu aies, ne serais-ce qu'un peu de regret de devoir me tuer... Même si c'était ton devoir...
-Aioros, je...
-Ecoute-moi ! coupa le jeune homme.

Il regarda Shura dans les yeux.

-Durant les treize dernières années, tu n'es pas le seul à avoir fait des choses que tu regrettes maintenant. Le passé est passé... je pense que tu as changé, maintenant, et je sais que je peux te faire confiance. C'est la seule chose qui compte à mes yeux.

Shura le regarda, puis l'étreignit.

-Merci, Aioros...

Dans la quatrième Maison, Masque de Mort regardait fixement les murs de son Temple. Il était dans cette position depuis des heures. Ces murs nus étaient purs, maintenant. Lui ne l'était pas.
Il fallait quand même admettre qu'il se sentait mieux maintenant que durant les treize dernières années. Mais ce qu'il avait fait le taraudait. Ce n'était pas clairement des remords, mais le sentiment d'avoir mal agis le poursuivais sans cesse.

-Alors ?

Le chevalier du Cancer leva la tête, et se composa un sourire ironique en reconnaissant le visiteur.

-Mmmh... Aphrodite ! Tu viens admirer la nouvelle déco ?
-En fait non, je venais te voir...
-Tu m'as vu. Qu'est-ce que tu veux ?

Le chevalier des Poissons s'adossa a une colonne et sourit au Cancer.

-Je veux te parler de ce que tu ressens...
-Rien de spécial, rétorqua Masque de Mort en haussant les épaules.
-Allons, allons, je suis sur que tu ressens quelque chose.
-Je suis content d'être encore en vie ? essaya Masque de Mort d'un ton pas très convaincu, espérant se débarrasser bientôt de ce gêneur beaucoup trop perspicace.
Aphrodite secoua la tête, il était en train de comprendre que jamais le chevalier du Cancer n'avouerai avoir des remords ou même des regrets. Il décida d'essayer la provocation.
-Dis moi, ça fait quoi de se retrouver dans la peau de tes victimes ?

Le Cancer le foudroya du regard, si les regards pouvaient tuer Aphrodite ne serait déjà plus qu'un petit tas de cendres.

-Tu as apprécié de retrouver Athéna, Aphrodite ? demanda-t-il avec un sourire sadique.

Mais la réponse du chevalier le surprit.

-Oui, j'ai été content de pouvoir faire la paix avec mon passé.
-Tant mieux pour toi...
-Alors, dis-moi, tu es prêt a servir Athéna maintenant ? Parce que jusqu'à maintenant, ça a pas été brillant.

Cette fois-ci le chevalier du Cancer se remit debout d'un bond, furieux.

-Tu essayes de me provoquer, Aphrodite ?
-Non, de te faire avouer la vérité ! Dis-le ! Avoue que tu regrettes tes actes passés !
-Je ne regrette rien du tout ! cracha Masque de Mort.
-Moi, je crois que si, et je ne te laisserai pas tant que tu ne me l'auras pas dit, rétorqua tranquillement le chevalier des Poissons.
-Lâche-moi !
-Tu rêves.
-Ca suffit, Aphrodite, gronda-t-il sourdement. Je n'ai pas envie de parler.

Le chevalier des Poissons hésita sur la tactique à adopter, et il eut brusquement une idée. Il s'approcha de Masque de mort et lui posa une main sur l'épaule. Le Cancer sursauta comme si il l'avait mordu.

-S'il te plait... dis le moi.

Le Cancer se dégagea et sortit sur le parvis de son temple. Aphrodite le rejoignit, et un silence s'instaura entre eux. Enfin, Masque de Mort commença à parler.

-J'ai tué par haine... je ne regrette pas à proprement parler ce que j'ai fait. Je n'éprouve aucune compassion pour les humains. Absolument aucune... Mais, pour Athéna, je me battrai désormais. Et je pense qu'elle n'approuve pas ce que j'ai fait...
-Masque de Mort...
-Ce nom reflète ce que je suis. Chaque fois que je l'entends, ça me fait mal...
-Pourquoi ne pas reprendre ton vrai nom ?

Le chevalier du Cancer secoua la tête avec un rire amer.

-Ce serais trop facile... Le Masque de Mort ne tombera dans l'oubli que le jour ou j'aurais expié totalement mes crimes... Autant dire jamais... Le seul juge en sera Athéna.
-Je suis sur que tu y parviendras...

Le Cancer se tourna vers Aphrodite avec un sourire sadique.

-A mon tour maintenant. Pourquoi continues-tu à te faire appeler Aphrodite ?

Le chevalier des Poissons rit, ce qui était plutôt rare chez lui.

-Parce que c'est mon nom. J'en ai peut-être reçu un autre a ma naissance, mais je ne le connais pas et je ne le connaîtrai jamais. Je n'avais pas de nom, j'en ai donc choisi un qui me plaisait et me définissait parfaitement. Pourquoi devrais-je avoir honte de ma beauté ? J'en suis fier, et mon nom le prouve.

Plus loin, dans le premier Temple, Mu, profitait de la brise du soir. Il n'aurait jamais cru pouvoir en profiter a nouveau lorsqu'il avait décidé de suivre Athéna en enfer... Comme quoi tout était possible.
Toutefois, la quiétude de la nuit fut interrompue par une arrivée inopinée. Mu sentit leurs cosmos avant même qu'ils posent le pied sur l'île sacrée. Mais il fallait admettre que leur puissance était phénoménale.
Enfin il les vit arriver, ils étaient cinq en tout ; un homme boiteux et laid arrivait en tête, suivi par quatre inconnus enveloppés dans des manteaux sombres. Cette vision rappela de mauvais souvenir au chevalier du Bélier, mais il reconnut au premier coup d'œil le divin Héphaïstos et s'agenouilla pour le saluer comme il se devait.

-Divin Héphaïstos, votre venue ici est un honneur pour toute la chevalerie.

Le Dieu éclata de rire, il avait l'air de très bonne humeur.

-Tu es le chevalier du Bélier, c'est ça ? Je demande audience au Grand Pope, Kanon des Gémeaux, et à Athéna.
-Certainement, répondit Mu d'un ton affable.

Athéna lui avait laissé des ordres particuliers en ce qui concernait Hephaistos, et il lui fit signe de le suivre. Ils traversèrent ainsi les douze temples, et entrèrent solennellement dans le palais du Pope. Athéna avait été prévenue longtemps à l'avance, et elle attendait, assise sur son trône, Kanon à ses cotés, vêtu de l'armure des Gémeaux. Elle se leva à l'approche de son frère.

-Héphaïstos, je suis heureuse que tu sois venu. Je peux ainsi te donner en personne mes remerciements. Tu as fait un travail magnifique sur ces armures !
-Oh, je t'en prie, Athéna, ce fut un plaisir de faire un peu enrager Héra ! Mais en fait, je ne venais pas pour ça... J'ai un cadeau, pour toi.

Il fit signe aux quatre hommes qui l'accompagnaient de s'avancer. L'un d'eux laissa tomber le manteau qui l'enveloppait, et Athéna poussa un cri.

-SEIYA ! ! !

Tous les Saints restèrent figés de surprise en voyant le chevalier pégase, qui leur avait tant manqué. Seika, qui était jusqu'à ce moment assise dans un coin de la salle, se leva d'un bond et se jeta dans ses bras.

-Seiya, mon frère ! Je te retrouve enfin !

Elle pleurait tant que ses paroles étaient à moitié inintelligibles. Le premier moment de surprise passé, Seiya la serra très fort dans ses bras, des larmes coulaient de ses yeux.

-Seika...

Athéna embrassa son frère.

-Héphaïstos, je te dois énormément... Mais, dis-moi, comment...
-Je vais t'expliquer...

Héphaïstos se lança dans son récit, tout le monde était suspendu à ses lèvres.
Le Dieu avait reçu l'ordre de tuer les chevaliers Divins. N'ayant aucune raison de désobéir, il avait fait amener les cinq chevaliers, encore vêtus de leur armure, devant lui et s'était préparé à leur donner le coup de grâce. Mais au dernier moment, l'armure de Pégase avait brillé d'un éclat particulier, et Héphaïstos avait stoppé son geste, regardant de plus prés les armure que portaient Seiya et ses demi-frères.
En se rendant compte qu'il s'agissait de l'armure de Pégase, qu'il avait forgée lui-même, et qu'elle n'était censée être qu'une ridicule armure de Bronze, il l'avait regardée de plus prés, et n'en avait pas cru ses yeux. Comment imaginer qu'une vulgaire armure de Bronze puisse atteindre une telle perfection, même après avoir reçu du sang divin ? C'était stupéfiant... Et Seiya n'était pas le seul, le Cygne, le Dragon et Andromède avaient également réussis à créer par leur courage et leur volonté des armures presque aussi puissantes que des kamui.
Des hommes ayant réussis à créer de pareilles armures ne pouvaient, ne devaient pas mourir comme ça, un aussi beau travail méritait récompense. Héphaïstos avait attendu le réveil de Seiya et ses amis, il leur avait même demandé si ils voulaient entrer à son service. Mais ils étaient avant tout des serviteurs d'Athéna et avaient refusé, au grand regret du Dieu, qui s'en doutait quand même un peu. Mais il n'avait pu se résoudre à les tuer, et avait décidé de leur laisser la vie sauve. Après tout, il ne devait rien à Héra, l'idée de l'embêter lui plaisait même assez.

-Mon frère, dit doucement Athéna, je suis ta débitrice, je n'oublierai pas ce geste.

Héphaïstos haussa les épaules.

-Je n'ai pas fait ça pour que tu me doives quelque chose, j'ai fait ce que j'estimai juste.
-Je le sais, et ton geste n'en a que plus de valeur.

Héphaïstos sourit, apparemment embêter Héra le mettait d'excellente humeur.

-Je vais repartir, ma sœur, je dois retourner à ma forge. Mes voeux t'accompagnent, je crois qu'Héra n'est pas très contente du cours qu'ont pris les événements !

Athéna rendit son sourire à son frère, en ce moment elle avait confiance, elle ne craignait plus rien. Seiya était de retour...
Héphaïstos était a peine parti que la porte du palais s'ouvrait à la volée, une jeune fille blonde et masquée entra en coup de vent.

-Shun ! hurla-t-elle, des larmes coulant sous son masque lorsqu'elle le vit. Je te croyais mort, mais quand j'ai senti... Oh, Shun...
-Ne crains rien, June, dit-il doucement, je suis la, je suis la...

Sous le coup de l'émotion, June avait oublié de saluer Athéna, mais celle-ci ne s'en rendit même pas compte, elle était dans les bras de Seiya...


Olympe, Temple d'Héra

-C'est INADMISSIBLE !

La voix d'Héra devait s'entendre jusque sur terre tellement elle hurlait fort. Elle tournait en rond comme un fauve en cage, ses poings serrés tremblaient de rage. Elle attrapa un vase et le jeta par terre, ou il se brisa en mille morceaux, mais c'était loin d'être assez pour calmer ses nerfs. Elle fit volte face et se trouva face a l'un de ses serviteurs, elle était tellement furieuse qu'elle le tua d'un coup sans même réfléchir. Elle se tourna vers Ganymède, elle tenait encore a la main la dague qu'elle utilisait pour découper ses fruits.

-COMMENT OSES-TU ME DIRE QUE TES HOMMES ONT ECHOUE ? ? ?

Elle leva sa dague et l'envoya sur Ganymède ; l'arme se planta dans son épaule, et un filet de sang coula, tachant ses vêtements.

-TIENS TU N'AS QU'AS LA LAISSER LA, CA T'APPRENDRAS A PRENDRE DES INITIATIVES ET A ECHOUER EN PLUS ! ! !

Elle sortit en coup de vent, complètement hors d'elle. Ganymède ne bougea pas, toujours agenouillé, il se demandait ce qui allait se passer maintenant. Il savait a quel point Héra pouvait se mettre en colère, parfois... Mais ce n'était qu'une facette de son caractère.
Il n'eut pas le temps de réfléchir davantage, car la déesse revenait. Elle semblait un peu calmée, bien que toujours en colère.

-Ganymède, tu n'es qu'un pauvre con, soupira-t-elle sur un ton de plaisanterie en lui retirant le couteau qui était toujours planté dans son épaule. Puis elle passa les doigts sur la plaie et utilisa son cosmos pour le soigner. Elle lui sourit, sa colère presque envolée, et elle lui caressa la joue du bout des doigts. Ganymède ne dit rien, mais il soupira intérieurement en la voyant, si charmante... elle était parfois si différente de ce qu'elle montrait à tout le monde... Une jeune femme effrayée, mais sensible, solitaire mais douce quand elle le voulait, cruelle parfois mais si vulnérable...

Héra se releva brusquement et se remit à tourner en rond, Ganymède comprit que la crise de nerfs n'était pas finie. Elle semblait vraiment en colère, mais elle se contrôlait a peu près - ce qui ne l'empêcha pas de détruire l'une des colonnes de son temple d'un coup de poing pour se calmer un peu.

-Prend ça, fit-elle en tendant a Ganymède une lettre cachetée, et amène la discrètement a Arès.

Le guerrier prit la lettre.

-Je ne serai pas long, promit-il.


Chez Arès

-Alors, que désire ma chère mère ? demanda le Dieu de la guerre, considérant un Ganymède agenouillé devant lui.
-Elle vous fait porter cette lettre.
-Donne.

Le dieu attrapa le parchemin et décacheta rapidement le courrier. Il congédia Ganymède d'un geste.

-Fais venir les quatre Généraux, toi, ordonna-t-il a un serviteur qui attendait son bon vouloir.

L'homme disparut, et cinq minutes plus tard Deimos, Phobos, Eris et Enyo étaient agenouillés face à leur maître. Arès tournait en rond, occupé a réfléchir.

-Ecoutez ça, ordonna-t-il. Héra m'a envoyé un courrier me disant que cette garce d'Athéna a récupéré ses chevaliers d'Or, et que en plus Héphaïstos a réparé leurs armures. Quel con, celui-la ! Elle suggère aussi que je verse mon sang sur les armures de mon armée, qu'en pensez vous ?

Les quatre généraux s'entre regardèrent, indécis.

-Pour ma part, je pense que c'est une bonne idée, avança Deimos. Cela nous donnerait l'avantage sur Athéna.
-Oui, mais ça pourrait affaiblir sa Majesté avant les combats, argua Phobos.
-Non, Deimos a raison, intervint Enyo. La chevalerie d'Athéna, malgré la présence de ses chevaliers d'Or, est tellement diminuée qu'elle ne se risquera pas à lancer le combat. Nous aurons tout le temps nécessaire pour nous préparer.
-Je suis d'accord, ajouta Eris.
-Hum hum, marmonna Arès. Je vais y réfléchir...

Les quatre généraux saluèrent et quittèrent la salle, laissant leur maître plongé dans ses réflexions...

Chapitre précédent - Retour au sommaire - Chapitre suivant

www.saintseiya.com
Cette fiction est copyright Steph Bréant.
Les personnages de Saint Seiya sont copyright Masami Kurumada.